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Les âmes jumelles - Tome 4: Les facéties du destin
Les âmes jumelles - Tome 4: Les facéties du destin
Les âmes jumelles - Tome 4: Les facéties du destin
Livre électronique675 pages7 heuresLes âmes jumelles

Les âmes jumelles - Tome 4: Les facéties du destin

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À propos de ce livre électronique

Né dans une ferme d'élevage, Kit en est subitement retiré par un trio improbable, qui l'emmène vivre dans une meute de loups. En quelques heures, tout son monde bascule sur son axe. Il découvre qu'un loup vit en lui, chose pas facile à accepter. Mais le pire est qu'il est destiné à s'accoupler pour la vie avec un homme. Chose impensable pour lui.
Jusqu'à sa rencontre avec Abraham. Le petit ours le charme par sa fragilité et son côté androgyne. Un intense instinct de protection se déclenche envers lui, et lui permet non seulement d'envisager une relation avec un autre homme, mais également de s'y plonger à cœur perdu.
Cependant, il sait que le petit ours n'est pas celui qui lui est destiné. Il redoute déjà le moment où il va devoir se soumettre à l'autre. Et surtout, devoir quitter celui qu'il considère comme sa seule moitié.
Visiblement, le Destin lui en veut !


À PROPOS DE L'AUTEURE

Cathy Antier, née en 1980 en Normandie, seule avec ses 3 enfants, Cathy s'évade grâce à l'écriture.

LangueFrançais
ÉditeurPLn
Date de sortie14 févr. 2023
ISBN9782493845887
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    Aperçu du livre

    Les âmes jumelles - Tome 4 - Cathy Antier

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    PROLOGUE

    J’enroule mes bras autour de mon buste, frissonnant dans l’air humide et glacial qui me percute. Mes yeux furètent tout autour de moi, et je me demande ce que je peux bien faire là. Pourquoi papa m’a-t-il amené dans cette maison ? Et surtout, pourquoi m’a-t-il fait mettre en sous-vêtement dans cette cave froide ?

    Comme le reste du clan, j’ignorais totalement où se trouvait la maison de Jéby. En tant que Bêta du chef de meute, il est celui chez qui irait se cacher papa, si jamais, il devait y avoir un problème dans le clan. Alors, je me demande pourquoi il m’y a emmené. Et surtout, pourquoi il ne m’a pas bandé les yeux ? Parce qu'en tant que fils cadet, ce n'est pas à moi de découvrir une telle chose. Ça aurait dû être Lloyd. Il est celui qui va reprendre la direction de la meute d'ici quelques années.

    Un violent frisson me dégringole l’échine, et je me frotte les bras, regardant tout autour de moi pour vérifier qu’ils n’ont pas oublié une couverture. Je suis vraiment en train de me les peler. Mes tétons sont sortis et mon service trois-pièces est quasiment inexistant.

    Je sursaute brusquement alors que la porte s’ouvre, et je ricane bêtement en voyant mon père entrer dans la pièce. C’est étrange ce qu'une simple atmosphère lugubre peut faire à un cerveau. Je sais que je ne risque rien. C’est papa qui m’a emmené ici. Il est mon seul parent restant. Il ne me ferait jamais le moindre mal.

    Mon cœur se serre douloureusement alors que l’image de maman passe furtivement dans ma tête. Cela fait tellement longtemps qu’elle nous a quittés, que son visage est presque totalement effacé de ma mémoire. Incroyable comme une seule personne peut vous manquer. Il faut dire aussi, je ne devais avoir qu’une petite dizaine d’années lorsqu’elle est partie.

    Je ne me souviens pas très bien de ce jour-là. Je sais juste que je les ai entendus s’engueuler une fois de plus tous les deux avant que maman ne parte de la maison en claquant bruyamment la porte, pour soi-disant se calmer. Ça leur arrivait de plus en plus souvent à tous les deux. Je crois bien que ma naissance n’était pas du tout prévue, et alors que maman l’a prise avec le sourire, papa en était nettement moins heureux.

    Il faut dire aussi qu’avec Lloyd, il avait déjà tout ce qu’il lui fallait. Mon frère est une force de la nature. Il est ce que l’on appelle un Alpha né. Dès qu’il est sorti du ventre de maman, tout le monde a reconnu en lui leur futur chef.

    En revanche, je ne sais pas trop ce que je suis. Lloyd m’assure que je peux encore évoluer et devenir peut-être son Bêta, ou un de ses Deltas. Quoi qu’il en soit, j’ai beau avoir passé ma première transformation sans difficulté, papa n’était pas fier de mon ours.

    C’est vrai que je suis ridicule sous cette forme, mais c’est pareil sous ma forme humaine. Je ne dépasse pas le mètre soixante-dix, alors que tous mes compatriotes avoisinent les deux mètres. Même les femelles sont plus grandes que moi.

    Mais ce qui me pose le plus de problèmes, c’est tout de même l’attirance que je ressens pour les autres mâles. Il suffit que je pose les yeux sur Jasper pour que mon membre se dresse brutalement. Je ne sais pas pourquoi une telle chose m’arrive, et j’essaye de la combattre de toutes mes forces, mais il n’y a rien à faire.

    Je crois que mon corps n’a pas reçu le mémo lui indiquant que je dois être attiré par une femelle !

    Je reviens à l’instant présent lorsque mon père se met à tourner autour de moi, m’entraînant dans ses mouvements, me faisant faire une ronde. Et c’est en revenant à mon point de départ que je me rends compte qu’il n’est pas seul. Son Bêta est là, mais d’autres hommes également. Et la peur commence à enfler dans mon ventre.

    Pourquoi tous ces hommes sont-ils présents ? Surtout alors que je suis à moitié nu ?

    — Mes amis, merci d’avoir répondu à mon appel !

    Les hommes réunis autour de nous baissent lentement la tête en signe de soumission à leur Alpha, et mon ventre se noue encore plus. Tout au fond, un des hommes n’a pas totalement baissé sa tête. Il a gardé son regard braqué sur moi. Et la lueur que je vois briller dans le marron de ses yeux me donne la nausée.

    — Je sais que certains d’entre vous ont des envies qui vont à l’encontre de nos mœurs, et je les condamne totalement.

    Les yeux de papa se rivent aux miens, et je frissonne encore plus. À nouveau, j’y vois quelque chose qui envoie des frissons dans tout mon corps, et me donne juste envie de prendre mes jambes à mon cou. Les paroles qu’il vient de prononcer s’enfoncent en moi comme une lame chauffée à blanc.

    Il finit par se tourner vers ses hommes, et chacun d’entre eux se redresse lentement. Leurs yeux passent de mon père à moi, et les larmes montent en moi. Je crains de comprendre ce qu’il se passe. J’ai peur de deviner la raison qui a poussé mon père à m’emmener dans cette cave pourrie, en compagnie de ses hommes. Je ne veux même pas l’envisager.

    — Je ne suis pas totalement fermé, et je préfère savoir avec qui vous dépassez les bornes, plutôt que cela sorte des limites du clan.

    Les regards posés sur moi deviennent soudain concupiscents, et tout mon corps se met à trembler de peur. Je crois que je ne peux plus faire l’autruche. Il faut que je me rende à l’évidence : mon père me déteste.

    — Alors, pour cette fois-ci, je vais établir une liste, récompensant les plus valeureux d’entre vous. Pour les prochaines fois, je vous laisserai vous débrouiller tout seul.

    Les sourires égrillards qui déforment le visage de quelques-uns me contractent durement l’estomac. Je suis à deux doigts de vomir à leurs pieds.

    Mon père se met à faire les cent pas devant la ligne érigée par ses hommes, les regardant l’un après l’autre, souriant à certains, regardant les autres de haut. Et durant tout ce temps, je reste planté comme un con, en plein milieu de cette cave froide et humide, à attendre qu’ils abusent de moi.

    Je ferme les yeux et sens les larmes couler sur mes joues en comprenant que mon père va une fois de plus me pourrir la vie. J’ai l’impression qu’il ne sait faire que ça depuis ma naissance. Il a poussé maman hors de la maison, ce qui a entraîné sa chute de la falaise et son décès. Il pousse mon frère à passer le moins de temps possible avec moi, sans doute pour ne pas être contaminé par mes « mauvaises habitudes ». Et maintenant, il va me voler ma première fois avec un homme.

    Je ne pensais pas que ça se ferait un jour, étant donné que c’est interdit. Mais je crois bien qu’une partie de moi espérait avoir cette chance un jour. Et pourquoi pas avec Jasper ?

    — Aujourd’hui, je vous montre le produit, mais vous pourrez profiter de la vue. J’ai décidé de l’offrir à l’homme sans qui je ne pourrais pas diriger cette meute.

    Le sourire de Jébédiah s’agrandit à s’en décrocher la mâchoire alors que mon estomac chute dans le fond de mon ventre et que les larmes coulent le long de mes joues. Sur tous les hommes alignés devant moi, je crois que c’est le pire choix que mon père aurait pu faire.

    Jébédiah est le Bêta de papa, et de ce fait a quasiment le même âge que lui, ce qui fait qu’il doit avoisiner les cent cinquante ans. Et je dirais qu’il s’est un peu laissé aller ces dernières années, parce que son corps ne fait pas du tout envie. Entre son ventre proéminent qui lui tombe quasiment sur les genoux, ses pectoraux énormes, qui ressemblent plus à des seins qu’autre chose et ses cuisses monstrueuses qui ont du mal à le porter, j’ai juste envie de l’envoyer paître. Je ne veux pas qu’il s’approche de moi. Je ne veux pas qu’il me touche.

    Un peu plus loin dans la ligne, il y a Jérémy. Il vient tout juste d’être admis comme Delta après le décès de John. Il est plus proche de mon âge, et nettement plus agréable à regarder. Pourquoi n’est-ce pas à lui que papa m’a donné ?

    Parce qu’il ne l’a pas encore mérité !

    Je suis à deux doigts de perdre connaissance. Je ne veux pas assister à ce qui va suivre. Mais dans le même temps, je veux savoir ce qu’on va faire de moi.

    Papa se tourne vers moi et le sourire méchant qu’il arbore à ce moment-là me retourne de l’intérieur. Ma vie va changer ce soir. Je ne l’avais pas vraiment compris jusque-là, mais je serai différent en me couchant dans mon lit.

    L’Alpha se décale légèrement, se mettant en retrait, et son Bêta se précipite sur moi, comme s’il n’attendait que ce geste pour se lancer. Je ne peux retenir le haut-le-cœur qui me prend lorsqu’il pose ses mains sur moi. La bile remonte le long de ma trachée en une vague brûlante, allant s’écraser au sol aux pieds du Bêta.

    Papa tend la main et m’assène une gifle comme il ne m’en a encore jamais donné et les larmes coulent encore plus violemment sur mes joues. La douleur irradie sur toute ma peau, et j’ai juste envie de me replier en position fœtale pour qu’on arrête de me regarder de la sorte.

    Ses doigts s’enroulent autour de mon cou et il colle son nez au mien, la rage brûlant dans le fond de ses yeux. À cet instant, je découvre que mon père peut être moche. Je n’avais jamais vu ce côté laid de sa personnalité. Et ça ne me manquait pas.

    — Tu aimes te prendre des queues, Abraham ? Je t’en offre sur un plateau d’argent. Profite des cadeaux que je t’offre au lieu de faire ta mijaurée. Tu as enfin l’occasion d’aider ta meute. Saisis ta chance !

    Il me repousse brutalement me faisant tomber sur le béton gelé et je me recroqueville sur moi-même, pleurant la perte de mon innocence. Ce n’est pas encore fait, mais il vaut mieux que j’en fasse mon deuil maintenant. Dans quelques minutes, ce sera trop tard.

    Jébédiah se jette sur moi, tirant sur mes bras et mes jambes pour m’étendre totalement au sol et je me bats durant quelques minutes, avant qu’il ne m’assène une violente claque qui me laisse ébaubi assez de temps pour qu’il me retire le dernier vêtement que mon père m’avait laissé.

    Mon esprit s’évade soudain, et je me retrouve enfermé dans ma propre tête. Mon petit ours me regarde avec des yeux tristes et m’ouvre ses pattes. Je cours m’y blottir, laissant ma douleur et mon mal être en dehors de cet endroit.

    Après plusieurs minutes, ou peut-être des heures, le petit ours ouvre ses pattes et je me libère de sa poigne pour m’asseoir devant lui, le regardant droit dans les yeux. Une étrange lueur apparaît sur ses mains et je m’émerveille de ce qu’il peut faire. Il s’amuse à dessiner des figures avec les traits lumineux, et c’est absolument magnifique. Je tape des mains, heureux comme un gamin face à un spectacle de magie.

    Je sens que je vais souvent venir me réfugier ici durant les prochaines années. J’ignore combien de temps papa compte se servir de moi de cette façon, mais mon animal et moi risquons de devenir les meilleurs amis du monde.

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    Chapitre 1

    Vincent

    Mes yeux farfouillent partout autour de moi, faisant attention au moindre mouvement suspect. Après la bombe que vient de lâcher Ryan, j’ai peur que notre couple dirigeant ne se fasse agresser. Je peux d’ailleurs voir quelques regards haineux se diriger vers Nathan alors qu’il s’appuie totalement sur son homme.

    Mon ventre se contracte durement en les voyant tous les deux, mais plus encore lorsque mon Alpha pose un regard si tendre et protecteur sur son compagnon. Je réalise alors que je suis jaloux, mais je ne sais pas vraiment pourquoi.

    C’est vrai que durant des semaines, j’ai passé tout mon temps libre avec Nathan, l’entraînant, faisant en sorte qu’il ne soit pas une charge pour Ryan. Je me suis ouvert à lui comme je ne l’ai jamais fait avec personne d’autre.

    Malgré tout, je sais que je ne suis pas amoureux de lui. Il est mon ami, ça, c’est certain, mais ce n’est pas un sentiment aussi puissant que l’amour qu’il y a entre nous. J’aurais plutôt tendance à le considérer comme un autre de mes frères.

    Alors, si je ne suis pas jaloux de Ryan, pourquoi ce sentiment est-il en train de flamber dans mon ventre ?

    Je comprends rapidement que c’est juste leur relation que j’envie. Tout le monde autour de moi semble trouver son Âme Jumelle plus rapidement que l’éclair, et je reste seul dans mon coin. Comme toujours.

    Je laisse un soupir las m’échapper avant de me mettre à la suite de la délégation pour entrer dans la maison de l’Alpha. Les réunions qui ont précédé ce rassemblement m’ont épuisé, mais je ne laisserai pas un peu de fatigue m’empêcher de faire mon travail.

    De toute façon, maintenant que Nathan n’est plus capable de s’entraîner, je vais avoir davantage de temps libre. Je vais pouvoir rattraper les heures de sommeil qui me manquent.

    Une main se pose soudain sur mon bras, et je me tends d’un coup. Je me tourne vers la personne, énervé qu’on me retienne de cette façon. Je déteste qu’on m’arrête ainsi.

    Mon énervement ne fait que grimper davantage en voyant la petite chose fragile de mon frère. Encore un qui a obtenu un cadeau inestimable. Et, bien que Gabriel en ait pris soin dès le départ, on ne peut pas vraiment en dire autant de son autre compagnon.

    — Que fais-tu Chaton ?

    Je détourne le regard pour le poser sur le vampire et ma colère grimpe en flèche. Durant des jours, il a rejeté cet homme parce qu’il ne le pensait pas assez bien pour lui, et maintenant qu’il a obtenu ce qu’il voulait de lui, il lui donne des petits noms et le papouille à tout bout de champ.

    Il m’écœure !

    Je regarde à nouveau l’Oméga face à moi et fronce les sourcils en le voyant regarder ses hommes alternativement, avant de se mordiller la lèvre, puis de me regarder. Il ne semble pas savoir ce qu’il doit faire.

    — Vincent ne doit pas rentrer. Ça pourrait mal tourner.

    Je fronce les sourcils ne comprenant rien à ce qu’il raconte et entame un mouvement pour me dégager, lorsque je vois soudain une drôle de lueur dans le regard de mon frère. Elle me tétanise sur place, parce que j’ai l’intime conviction que ce qui les retient va changer toute ma vie.

    Gabriel m’agrippe par le bras à son tour et avant que je n’aie vraiment pu comprendre ce qu’il se passait, je me retrouve assis dans leur cuisine, regardant l’Oméga faire tout un foin pour préparer un peu de café.

    Après ce qu’il me semble avoir duré des heures, Basile finit par s’asseoir en face de moi, son vampire derrière lui, et mon frère à ses côtés. Et je vois parfaitement le moment où il se sent enfin complet. Tout son visage se détend brutalement et il ose enfin me regarder droit dans les yeux.

    Je comprends subitement pourquoi mon frère est tellement accro à cet homme. Si on y regarde bien, Basile est un beau mec. Ce n’est pas mon style au départ, mais il aurait pu finir dans mon lit pour une petite séance chaude sans problème. Je suis sûr qu’il est capable de rendre un homme heureux. Enfin, mon frère ne semble pas s’en plaindre.

    — Ce que j’ai à te dire est une bonne nouvelle, mais qui risque d’entraîner des problèmes.

    Un tsunami déferle dans mon corps, et je me crispe brusquement. Mon auto-préservation se met en marche et je m’adosse à ma chaise, croisant les bras devant moi, fusillant le petit Oméga du regard.

    Ma vie a toujours été un combat de tous les jours. Avant même notre naissance, nous étions condamnés à nous battre. Notre mère n’était pas prête à prendre soin de trois enfants, d’autant plus qu’ils étaient des loups-garous.

    Une simple humaine n’aurait jamais dû pouvoir mettre au monde des métamorphes. C’est une abomination pour notre espèce. Théoriquement, seules des Âmes Jumelles peuvent avoir des enfants, et dans le cas où les deux protagonistes ne sont pas de la même espèce, l’un d’eux se transforme pour prendre la forme de son Âme Jumelle.

    Notre mère n’a jamais été l’Âme Jumelle de notre père, puisqu’elle n’est jamais devenue une louve. Elle est toujours restée humaine. Elle n’aurait jamais donc dû tomber enceinte.

    Autre étrangeté nous concernant mes frères et moi, c’est qu’une grossesse métamorphe a déjà un mal fou à aller à terme, alors qu’il y ait eu plus d’un bébé était extraordinaire. Mais que ces enfants arrivent au monde en parfaite santé était inimaginable. C’est bien pour ça que notre père ne nous a pas crus lorsque nous sommes arrivés dans sa meute après notre première transformation.

    Il nous a regardés l’un après l’autre d’un œil dédaigneux, avant de se transformer brutalement. Gabe, Rafe et moi avons reculé pour ne pas subir ses foudres, malgré tout, il nous a forcés à prendre notre forme animale en usant de son pouvoir d’Alpha.

    La transformation a été douloureuse et a fait ressortir les Deltas qui étaient en nous. Nous n’aurions jamais dû savoir aussi tôt quelle était notre place dans la meute, mais le fait de nous forcer à nous transformer a accéléré le processus.

    Plusieurs lieutenants de notre père en ont pris ombrage. Avoir trois gamins à peine pubères plus forts qu’eux leur était resté en travers de la gorge.

    Quoi qu’il en soit, nous avions dû nous battre contre notre propre père afin de lui prouver qu’il était bien à l’origine de notre vie. Cependant, cela n’avait pas atténué son envie de nous détruire.

    Une légende urbaine dit qu’un loup sait lorsqu’il est arrivé dans la meute qui est la sienne. Nous n’avons jamais ressenti cette sensation dans celle de notre père. À aucun moment, je ne me suis dit que j’étais enfin chez moi. Encore moins lorsque j’ai vu mon géniteur violer cet homme pour le punir d’avoir osé le défier.

    Pour lui, la meilleure façon de prouver qu’il était le plus fort était d’asseoir sa supériorité en tout. Et abuser violemment d’un corps non consentant devant toute la meute était sa manière favorite de le montrer.

    Quoi qu’il en soit, j’ai rapidement compris que j’avais plutôt intérêt à me taire quant à mes petites préférences si je ne voulais pas périr sous les coups de mon père.

    Je dois reconnaître que j’ai été un peu étonné que mes deux frères aient les mêmes désirs que moi. Il y avait très peu de probabilités pour que nous soyons tous les trois attirés par les hommes.

    Alors après avoir passé quelques années dans la meute de notre père, prenant du muscle et de la confiance en nous, nous sommes partis pour parcourir les différents districts. Nous ne savions pas où nous allions, nous savions juste que nous devions partir avant que les choses ne dégénèrent.

    Nous avons intégré différentes meutes durant des années, avant de tomber sur celle dont Ryan venait à peine de reprendre la tête. Nous avons tout de suite été acceptés malgré nos préférences et le tout nouvel Alpha nous a même proposé une place au sein de ses lieutenants.

    Et c’est là que j’ai senti pour la première fois de ma vie que j’étais enfin arrivé là où je devais être. Je sais que la meute de la Lune Rousse est ma meute. J’y suis à ma place.

    — Comme tu le sais, j’ai des pouvoirs un peu particuliers.

    Je reviens à l’instant présent et hoche lentement la tête à l’intention de mon beau-frère. J’ai encore parfois du mal à me dire que cet homme est le compagnon de Gabriel. Que mon frère a la chance d’avoir un homme tel que lui dans sa vie.

    Basile m’explique alors rapidement l’étendue de ses aptitudes, et je dois avouer que c’est assez exceptionnel. Savoir que tout ce pouvoir est contenu dans ce tout petit corps est impressionnant.

    Avant que Nathan ne développe ses capacités de guérisseur, nous ignorions tous que les Omégas développaient des traits particuliers lorsqu’ils étaient associés à leur Âme Jumelle. Mais avec l’arrivée des Anciens, nous avons appris que les Omégas sont des êtres exceptionnels qu’il faut chérir.

    — Ensuite, je me suis demandé s’il était possible de découvrir les deux parties d’une Âme Jumelle. Et j’ai découvert que oui.

    Je me fige sur ma chaise à ces mots. J’ai peur de comprendre ce qu’il tente de me dire. Je ne veux pas que l’espoir qui est en train de naître en moi éclore et qu’en réalité, je ne sois en train de me faire des illusions. Basile ne peut pas savoir qui m’est destiné.

    — J’ai déjà vu la couleur de ton aura précédemment, Vincent. Il n’y a pas si longtemps que ça d’ailleurs.

    Mon cœur tambourine à tout rompre dans ma poitrine. Je ne veux toujours pas y croire. Je ne veux pas souffrir si jamais Basile se trompe.

    — Tu veux dire que tu as rencontré mon Âme Jumelle ? Tu sais qui il est ?

    Ma poitrine me fait un mal de chien, et je dois me retenir de sauter par-dessus la table pour aller le secouer et lui sortir les mots de la bouche. J’ai besoin qu’il me dise de qui il s’agit. Mais l’Oméga baisse soudain la tête. Je vois parfaitement le mal-être s’afficher sur son visage, et mon ventre se serre.

    Je le savais. C’était trop beau pour être vrai. Ma vie n’est qu’une succession de merde, pourquoi cela aurait-il changé à l’âge adulte ?

    Lorsqu’il me confirme qu’il sait qui est mon Âme Jumelle, je ne retiens pas la joie qui explose en moi. Le Destin a donc pensé à moi. Il ne m’a pas oublié dans son grand plan. Il a bien prévu un homme pour moi.

    — Assis-toi, Vince. La suite ne va pas forcément te plaire.

    Je fronce les sourcils, ma joie retombant d’un seul coup en voyant la mine concentrée de mon frère. Je retrouve ma place à table et écoute religieusement l’Âme Jumelle de mon frère me relater qui est celui qui m’est destiné, et ce qu’il ressent pour les hommes en général, et donc pour moi.

    Il m’explique où ils ont trouvé celui qui m’est destiné. Sa façon de réagir en les voyant se câliner ou s’embrasser. Et l’horreur qui s’est peinte sur ses traits en découvrant qu’il allait devoir se jumeler avec un homme. Qu’il allait devoir donner son corps pour le plaisir d’un autre homme.

    — Il n’aura malheureusement pas le choix. Une fois que nous serons face à face, le Destin fera son office.

    Je vois mon frère grimacer durement, tout comme son Oméga et mon ventre se tord de peur. Ils semblent savoir quelque chose que j’ignore. Encore !

    Basile lève les yeux sur moi et je vois dans le fond de ses grands yeux verts qu’effectivement, ma vie est en train de partir en cacahuètes.

    — Dans ce cas-là, pas vraiment. Les anciens nous ont appris que les loups avaient une « maturité sexuelle », qui bloquait le processus des Âmes Jumelles.

    J’ai la sensation qu’un roc vient de sombrer dans mon estomac. De ce que je comprends, l’Oméga que le Destin m’a attribué n’a pas encore atteint sa maturité sexuelle, sinon Basile n’aurait pas spécifié cet aspect. Bien que j’ignore totalement ce que peut être cette maturité sexuelle. Encore une fois, l’Oméga de mon frère me fait un cours sur les relations entre les loups, et je dois reconnaître que ça m’énerve légèrement.

    Il vient tout juste de devenir un loup-garou, et il est celui qui me dit comment fonctionne notre espèce ? Cela fait des années que je vis avec un animal à l’intérieur de moi, et c’est lui qui m’explique comment gérer un autre loup.

    Le monde marche sur la tête !

    —  Eh bien ! Visiblement, jusqu’à dix-huit ans, le loup n'a pas atteint sa maturité sexuelle. D’après Tyler et Gidéon, cela veut dire que le Destin n’est pas encore maître de leurs décisions. En d'autres termes, tu seras impacté par ce lien qui existe entre vous, mais pas lui. Pour Kit, tu ne seras qu'un loup parmi tant d'autres.

    — Kit ? Est-ce ainsi qu'il se prénomme ?

    Mon cœur bat à cent mille dans ma poitrine alors que cette histoire commence à devenir réelle. Cet homme a à présent un nom, et je me le repasse dans la tête, encore et encore, me délectant des sonorités.

    Je ne fais pas vraiment attention aux deux hommes en face de moi, m’imaginant déjà à quoi peut ressembler Kit. Pour une raison étrange, j’ai du mal à me le représenter. Peut-être parce que son aspect physique n’a pas vraiment d’importance pour moi. La seule chose réellement importante, c’est que notre relation ressemble à celle de mon Alpha, ou celle de mon frère. Je veux ce que ces deux hommes ont réussi à obtenir.

    — En réalité, il s'appelle Christopher, mais il préfère qu'on l'appelle Kit. Il a seize ans, et est un peu effronté.

    — Beaucoup tu veux dire !

    Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, et je relève la tête vers mon frère, pour le trouver grimaçant. Si Gabriel le trouve effronté, ce gamin doit être un sacré phénomène. Et vu le visage de Basile, je pense que je suis encore loin de la vérité.

    Forcément ! Le Destin ne pouvait pas me donner un homme avec lequel ce serait facile. Il va falloir que je me batte encore pour obtenir ce que je veux. Rien que le fait qu’il n’utilise pas le prénom qui lui a été attribué à la naissance en dit long sur lui.

    C’est pourtant un prénom magnifique. En tout cas, je le préfère grandement à Kit. Plus classe, et plus sensuel sur ma langue.

    — Kit n'est pas facile, c'est vrai, mais il a grandi différemment de toi, Vincent. Tu vas devoir te montrer patient avec lui.

    Je plonge dans le regard de l’Oméga, fouillant ses grands yeux verts, et vois à quel point, il est désolé pour moi. Je sais que Basile ne m’apprécie pas plus que ça, et qu’il fait avec moi parce que je suis le frère de son Âme Jumelle. J’ai le sentiment que personne ne m’apprécie vraiment.

    Gabriel m’a déjà dit que si je me montrais plus ouvert, ce genre de chose n’arriverait pas. Mais c’est plus fort que moi. J’ai passé des années à me protéger, à me cacher afin qu’on ne découvre pas mon secret. Je ne sais pas comment m’ouvrir aujourd’hui.

    Je hoche lentement la tête, montrant à l’homme en face de moi que j’ai compris ce qu’il tente de me dire, et décide de reformuler pour être bien sûr.

    — Si je comprends le sous-entendu, je dois éviter de me précipiter sur lui, ne pas lui révéler ce qu'il représente pour moi, et me rapprocher le plus possible de lui pour qu'il devienne mon ami, avant de pouvoir espérer plus. C'est bien ça ? J'ai tout compris ?

    Basile hoche la tête à son tour, et une douleur immense enfle dans mon ventre alors que je réalise que je vais galérer. J’en viens à me demander si ça en vaut vraiment la peine. Dois-je réellement attendre patiemment que ce gamin comprenne qui je suis pour lui ? Ou dois-je passer mon chemin et tenter de trouver quelqu’un qui m’aimera vraiment ?

    Je finis ma tasse de café avant de me lever sans dire un mot de plus, sortant de cette maison avant de totalement perdre ma dignité devant mon frère et son homme. Je parcours les quelques mètres qui me séparent de mon chez-moi, et y pénètre d’une démarche ferme.

    Je me rends directement dans la cuisine, mais au lieu du café que m’a servi Basile, je me rue directement sur la bouteille de whisky qui m’attend sous l’évier. J’en avale une grande gorgée, laissant l’alcool se frayer un chemin le long de mon œsophage, avant d’atterrir dans mon estomac et de se mêler au café.

    Je secoue doucement la tête en grimaçant avant d’en reprendre une goulée, et encore une autre. J’ai besoin de ne plus penser durant quelques heures. De faire le vide total dans ma tête.

    Je me rends dans le salon et me laisse tomber sur le canapé, gardant ma bouteille à la main. Pourquoi mon histoire est-elle aussi difficile ? pourquoi ne pouvait-elle pas être aussi facile que celles des autres ?

    La bouteille est à mi-chemin de ma bouche lorsque je fronce les sourcils. Je me remémore les rencontres des autres hommes, et me rends compte qu’en réalité, rien n’a été facile. Loin de là !

    Ryan a tout d’abord dû accepter le fait que malgré sa préférence sexuelle, le Destin lui avait bel et bien attribué une Âme Jumelle. Puis, il a dû se battre contre une bande de fous furieux qui voulaient lui voler son homme, avant de pouvoir enfin le récupérer.

    Quant à Gabriel, rien n’a été facile dans son histoire avec ses hommes. Tout n’est d’ailleurs pas encore totalement réglé. Il n’a toujours pas retrouvé sa forme de loup depuis que l’humain est revenu. Mais leur histoire avait mal commencé. Ils ont failli perdre Andrew avant même que leur histoire ne puisse commencer.

    J’ai le sentiment que le Destin nous met à l’épreuve afin de vérifier que nous méritons bien notre Âme Jumelle, et que si nous échouons, nous ne connaîtrons jamais le bonheur.

    Je me redresse et pose brutalement la bouteille de whisky sur la table basse, avant de me prendre la tête entre les mains. Il faut que je réfléchisse à ce que je dois faire maintenant.

    Je me connais. Je sais que si je me retrouve face à mon Âme Jumelle, je ne pourrais pas faire autrement que de la revendiquer et de faire de lui mon homme. Bien qu’il ne le veuille absolument pas. Et dans ce cas, je me le mets tout de suite à dos, sans espoir d’obtenir son affection, et encore moins son amour.

    Mais je ne peux pas rester enfermé chez moi durant des semaines avant que ce gosse accepte ce que le Destin a prévu pour lui.

    La solution m’apparaît si nettement qu’elle me fait mal au cœur. Je dois le quitter. Je dois partir pour nous laisser une chance.

    C’est le pas lourd et le cœur en miettes que je monte dans ma chambre et prépare un sac de voyage. Je ne prends pas grand-chose, parce que j’ignore totalement où je vais aller, mais au moins de quoi m’habiller.

    Je m’arrête brusquement alors que mes yeux se posent sur une photo de mes frères et moi juste avant que nous ne quittions la meute de notre père. Nous étions tous les trois si jeunes et si insouciants, ignorants de ce qu’était réellement la vie.

    Je laisse une larme couler le long de ma joue, l’essuyant rapidement, avant de glisser le cadre dans mon sac. Je vais avoir besoin de mes frères à mes côtés durant ces quelques semaines. Et même s’ils ne seront pas réellement avec moi, j’aurais au moins cette photo pour me rappeler qu’ils ne sont jamais loin.

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    Chapitre 2

    Abraham

    Je regarde toute cette testostérone bouillir autour de moi, et je me lèche les babines. Jamais, je n’aurais cru que cette réunion informelle serait aussi intéressante. Je voulais juste m’incruster auprès de mon frère après son jumelage avec un autre homme.

    Rien que cette information est absolument ahurissante ! Le grand, géant, viril, et musclé Lloyd Heyes, jumelé à un autre homme. Enfin, deux autres de toute évidence !

    Quoi qu’il en soit, j’ai encore du mal à m’en remettre !

    On m’a seriné durant des années que je n’étais pas normal à aimer d’autres hommes, que j’étais une erreur de la nature et que je n’aurais jamais dû venir au monde. Et encore moins vivre. Lorsque c’est votre propre père qui vous dit ça, vous avez tendance à le croire.

    Mais je dois bien avouer que je commence à me poser des questions sur l’omniscience de mon père. Il a beau être un Alpha, il ne peut pas tout savoir. Pour preuve, les deux Anciens que nous avons rencontrés ne savent pas tout non plus.

    Quoi qu’il en soit, j’en viens à me demander si effectivement, j’aurais dû mourir à la naissance. Papa me l’a dit et répété plus d’une fois. Il voulait me noyer, à peine sorti du ventre de ma mère, mais maman l’en a empêché. Selon elle, le Destin ne m’aurait pas laissé vivre, si je n’avais pas un rôle à jouer dans cette vie.

    Je soupire doucement en repensant à maman. Je crois qu’elle est la seule à m’avoir réellement montré de l’amour durant toutes ces années. Je sais que mon frère tient à moi, mais il ne me l’a jamais dit, et encore moins montré. Je ne suis que son petit frère qui ne cessait de courir dans ses pattes et sur lequel il devait veiller malgré lui.

    Je crois sincèrement que Lloyd aurait de loin préféré être fils unique, que de devoir me supporter aussi longtemps.

    Encore plus lorsque mon ours s’est réveillé à mon adolescence, et qu’il s’est révélé être aussi ridicule. Encore aujourd’hui, j’ai honte de devoir me transformer lors des soirs de pleine lune avec le reste du clan. Même les femelles sont plus imposantes que moi.

    Aujourd’hui, je sais pourquoi, mais jusqu’à maintenant, je n’étais qu’un résidu d’ours, comme disait mon père.

    Mes yeux se posent alors sur mon tout nouveau beau-frère, et un sourire se dessine lentement sur mes lèvres en le voyant regarder si souvent la porte d’entrée. Je m’approche donc d’eux et regarde mon frère avec un petit sourire.

    — Je pense que ton Oméga a besoin de prendre un peu l’air. Vous allez l’étouffer tous les deux.

    Et sans même attendre une réponse de leur part, je glisse mon bras sous le sien et l’entraîne hors de cette maison. Je lève le nez au ciel, m’émerveillant de ce que je découvre tout autour de moi.

    Le village des loups n’est pas totalement différent du nôtre, mais c’est une nouveauté complète pour moi. Papa ne m’a jamais laissé sortir de notre territoire jusqu’à ce jour, et si je suis là aujourd’hui, c’est bien parce que mon frère y est également.

    Ces derniers temps, je remarque que papa semble se méfier comme de l’eau qui dort de Lloyd. Je me demande s’il ne craint pas que mon frère tente de prendre sa place à la tête du clan, plus rapidement que ce qu’il pensait.

    Même si, à mon avis, c’est un peu mal barré maintenant que tout le monde sait qu’il est accouplé à deux hommes ! Connaissant la mentalité de mon clan, je pense que Lloyd ne sera jamais notre Alpha. Pourtant, il serait bien meilleur que papa. J’en mettrais ma main à couper.

    On passe soudain près d’une porte, d’où s’échappe une odeur alléchante. Je m’arrête brusquement, me tourne vers le fronton, et crie d’excitation en me rendant compte qu’il s’agit d’un restaurant. Mon estomac gargouille brutalement, me rappelant que je n’ai pas mangé grand-chose ce matin. Il y a certains matins plus compliqués que d’autres. Et aujourd’hui, c’était un jour compliqué.

    Nous n’avons pas une telle chose chez nous. Aucun ours n’est assez doué en cuisine ou en sociabilisation pour ouvrir une telle échoppe. Mais de ce que je sens, les loups le sont.

    J’examine attentivement le menu accroché à côté de la porte d’entrée, me léchant les babines en voyant les plats proposés. Tout ça a l’air réellement délicieux. Je me tourne vers Calvin avec un grand sourire aux lèvres.

    — Tu crois qu’on pourrait venir manger ici ? Ça a l’air super bon !

    Calvin me fait un petit sourire, et juste à ce moment-là, un homme lui ressemblant comme deux gouttes d’eau sort du restaurant. Il nous regarde durant quelques secondes avant de se ruer vers la maison que l’on vient de quitter, en grommelant dans la barbe qu’il n’a pas.

    J’ai du mal à croire à ce que je viens de voir. Pourquoi cet homme avait-il un ventre aussi énorme ? On aurait presque pu confondre avec un ventre de femme enceinte. Il doit être hermaphrodite, ce n’est pas possible autrement. D’où un homme pourrait-il porter la vie ?

    J’ai à peine le temps de m’en remettre, qu’un autre homme sort soudain du restaurant. Je me fige tandis que mes yeux se posent sur lui. Comme un réflexe, je baisse la tête, ramenant mes cheveux devant mon visage pour qu’il ne puisse pas me voir. En tout cas, pas le vrai moi.

    Mon ventre se contracte durement en voyant Calvin ouvrir grand les bras pour serrer l’autre homme contre lui, puis il se tourne vers moi, son sourire toujours accroché à ses lèvres. Il fronce soudain les sourcils, et je baisse davantage la tête, n’osant pas regarder l’homme magnifique derrière lui.

    Il est plus grand que nous, dans le mètre quatre-vingt-cinq peut-être, si je ne me trompe pas, avec un corps tout en muscles. Je me demande comment mon frère peut accepter que son Âme Jumelle passe du temps avec un homme tel que lui.

    Parce que, il est bandant putain ! Un simple coup d’œil à la dérobée, et mon membre est déjà levé et dur dans mon pantalon.

    De courts cheveux noirs, avec seulement une mèche plus longue sur le dessus qui lui tombe parfois dans les yeux et qu’il remet en arrière d’un mouvement souple de la main. Des yeux tout aussi noirs, qui brillent intensément et qui reflètent l’intelligence qui le caractérise. Quant à son corps, il est réellement tout en muscles, et j’aime ce genre d’homme.

    D’un certain côté, il me fait un peu penser à Jasper. Un peu plus petit, et peut-être également plus fin, mais en tout cas, il est très appétissant.

    Je vois alors un certain intérêt s’allumer dans ses prunelles noires, et je me sens rougir. Si je continue de baisser la tête ainsi, je ne pourrais plus du tout les regarder, et je pourrais me la rentrer dans le torse.

    — Je m’appelle Kit ! Et toi ?

    Je regarde la main qu’il me tend, et jette un rapide coup d’œil à mon beau-frère pour savoir ce que je dois faire, mais le visage de Calvin ne me révèle strictement rien. Je glisse donc ma petite main dans sa grande paluche, et serre lentement sa main.

    Un courant électrique me fait sursauter au moment où nos peaux se touchent et je relève brusquement la tête pour planter mon regard dans le sien. Je vois une sorte de lueur passer rapidement dans le noir de ses prunelles, et je me demande à quoi c’est dû, avant que ça ne disparaisse et que son sourire éblouissant me fasse tout oublier.

    Il y a comme un flux étrange qui circule entre nous et je me rapproche inconsciemment de lui, gardant mes yeux braqués dans les siens. Il a un doux parfum de sucre qui m’enivre totalement et j’esquisse un tout petit sourire.

    Calvin commence à vouloir discuter, mais nous sommes entièrement focalisés l’un sur l’autre. C’est la toute première fois qu’un homme me regarde avec cet air émerveillé sur le visage. Jusqu’à ce jour, je n’ai toujours vu que de la concupiscence et de

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