L’Église du château de Rarogne

S. Providoli • M. Portmann • W. Ruppen •

B. Duvillard • C. Kuonen Ackermann •

M.-C. Schöpfer • M. Walter

L’Église du château de Rarogne

Canton du Valais

L’église du château dans le contexte historique de la paroisse de Rarogne

Le château fort

L’ancienne cure

L’église Saint-Romain du château de Rarogne

Histoire

Description

Les peintures murales

Le mobilier et l’aménagement

Les peintures murales du Jugement Dernier

Le Jugement Dernier de la fenêtre nord-est

Le Jugement Dernier sur le mur nord

Comparaisons et appréciation

Les cloches et le carillon

Rainer Maria Rilke et sa tombe

L’église rupestre Saint-Michel et la nouvelle cure

Annexes

L’église du château dans le contexte historique de la paroisse de Rarogne

FIG. 1 Vue sud du village de Rarogne, situé sur la rive droite du Rhône.

L’ancienne grande paroisse de Rarogne avait pour centre le village de Saint-Germain, où s’élevait déjà une église au 8e ou au 9e siècle, qui doit son nom au saint évêque Germain d’Auxerre, à qui était dédié le sanctuaire. L’ancienne église Saint-Romain «auf dem Biel» est mentionnée dès 1285, puis en 1299 sous son vocable peu courant, celui du saint martyr Romain de Césarée ; la première attestation du cimetière remonte à 1309. Malgré l’absence de témoignages archéologiques positifs, les sources écrites laissent penser qu’au 14e siècle au plus tard, cette église était devenue le centre de la grande paroisse dont le territoire comprenait les quatre quartiers communaux de Rarogne-Saint-Germain, Ausserberg, Bürchen et Unterbäch. La localité gagna ainsi en importance, non seulement comme résidence seigneuriale, nœud de communication, centre économique et lieu d’art et de culture, mais aussi comme centre de la vie religieuse. L’église Saint-Romain a été ensevelie par les graviers du torrent du Bietsch, probablement lors des crues de 1495. Seul le clocher roman a subsisté, témoin de l’ampleur de la catastrophe jusqu’à son effondrement au printemps 1938. Le 17 août 1505, l’évêque de Sion et futur cardinal Matthieu Schiner (1465-1522) ordonna la reconstruction de l’église paroissiale de Rarogne et trancha le litige entre les quartiers communaux à propos de l’emplacement du nouvel édifice. La population fut consultée et l’évêque se rendit sur place, après quoi la décision fut prise de transformer en église l’ancien logis seigneurial du château fort (FIG. 1).

La construction fut confiée au maître d’œuvre Ulrich Ruffiner (v. 1480-1549/1556), du Prismell (Piémont), établi à Rarogne. Elle dura de 1512 à 1518 et s’effectua avec la participation des paroissiens astreints à la corvée. Cette imposante église contient de nombreux éléments caractéristiques du style de Ruffiner. Elle est le premier ouvrage attesté du maître d’œuvre le plus connu du gothique tardif en Valais. Hans Rinischer († 1530) est l’un des auteurs des superbes peintures qui rehaussent cette église. Bien que la construction de la nouvelle église Saint-Michel en 1974 ait ramené la vie paroissiale dans la plaine, l’ancien sanctuaire reste un emblème pittoresque du village de Rarogne, qu’il domine de sa fière silhouette.

Marie-Claude Schöpfer

Le château fort

Le château fort est bâti sur une colline rocheuse qui se termine à l’ouest par une falaise faisant face au village (FIG. 2). Le chemin de Rarogne à Saint-Germain est établi dans la cuvette naturelle au nord de la colline. D’importants travaux de restauration en 1970-1972 ont donné l’occasion à Werner Stöckli, archéologue, de mener des investigations sur la colline fortifiée.

Sur cette colline culminant à 702 m, déjà habitée au Néolithique, a été construit, au 11e siècle semble-t-il, un mur d’enceinte qui servait peut-être de refuge pour la population (FIG. 3a). La tour d’habitation, qui existe toujours, a été bâtie au 12e siècle sur le point