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Address: Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme (MMSH)
5 rue du Château de l'Horloge
BP 647
13094 Aix-en-Provence
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Archeological reports
La fouille du site de Taxo-l’Orangeraie (commune d’Argelès-sur-Mer) s’est déroulée entre le 26 décembre 2012 et le 26 avril 2013.
Historique de Taxo-d’Avall et objectifs de la fouille :
Taxo-d’Avall est mentionné comme villare dans les sources écrites dès 855, puis comme villa en 981. Ces mentions laissent supposer l’existence d’un ou plusieurs habitats autour de l’église dédiée à saint Martin. L’actuel édifice roman est situé au centre de l’actuel hameau fortifié de Taxo-d’Avall qui devient le siège d’une vicomté éponyme au tournant du XIe siècle. Le premier membre attesté de la lignée vicomtale est Guillaume Adalbert (1013-1052) auquel succède son fils Udalagar. Le titre vicomtal est porté par les seigneurs de Taxo jusqu’au début du XIIIe siècle, bien que sa perte paraisse effective dès la seconde moitié du XIIe siècle. Après être passé entre les mains des familles de Puig puis d’Oms, le territoire entre dans les domaines royaux au début du XVIIIe siècle.
La fouille de Taxo-l’Orangeraie devait apporter de nouvelles données pouvant être associées aux informations acquises lors de l’opération menée en 2011-2012 sur le site de Taxo – Les Gavarettes sous la direction de Carole Puig (ACTER). Les deux sites sont en effet mitoyens, ceux-ci étant uniquement séparés par une route communale menant au hameau de Taxo-d’Avall. Des structures de l’époque chasséenne, du chalcolithique, de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer, une petite nécropole de l’Antiquité tardive, mais surtout une vaste aire d’ensilage de plus de 2000 structures du haut Moyen Âge et du Moyen Âge central avaient été mises au jour durant cette opération.
En raison des données historiques et archéologiques disponibles, de nombreux objectifs ont été édictés dans le cahier de charges de la fouille de l’Orangeraie afin de mieux cerner l’occupation aux abords du village de Taxo-d’Avall et d’appréhender son développement. Une cohérence scientifique avec le chantier de Taxo-les Gavarettes a pu être assurée grâce à la participation des mêmes intervenants. Les études spécialisées réalisées (céramologie, géomorphologie, carpologie, anthracologie et analyses des éléments de construction en terre), inclues au rapport final d’opération, sont venues apporter des éléments essentiels à la compréhension du site. Durant l’opération, la découverte d’un cimetière paroissial non détecté lors du diagnostic sur l’emprise du projet d’aménagement a amené la rédaction d’un relevé de décision, daté de 26 février 2013 et signé par le Conservateur régional de l’Archéologie, qui est venu fixer de nouveaux objectifs liés à cet espace. Une étude anthropologique a par conséquent été effectuée, l’examen des sépultures mises au jour ayant été réalisés par deux anthropologues présents durant l’opération. Les structures fouillées ont généralement livré des éléments de faune en faible densité, les lots les plus importants provenant des niveaux supérieurs interprétés comme des niveaux de terre à jardin des périodes modernes et contemporaines. En raison de ces observations et de l’intérêt porté à l’étude des ossements humains découverts, l’étude archéozoologique n’a été réalisée pour le présent rapport.
Résultats obtenus :
Plus de 500 faits archéologiques, qui renvoient à des fonctions et à des chronologies distinctes, ont été détectés sur le site de l’Orangeraie. Ils sont fréquemment recouverts par des apports alluviaux et perturbés par des creusements naturels. Les différentes séquences d’incision et d’alluvionnement observées révèlent une dynamique complexe placée entre la fin de l’Antiquité et le Moyen-Âge central.
Une occupation protohistorique modeste
Les structures les plus anciennes – limitées à deux fosses – sont datées de la période protohistorique. L’une d’elle a livré du mobilier céramique caractéristique qui la rattache au Bronze final III B. Cette fosse paraît isolée, mais sa présence doit être reliée aux découvertes antérieures effectuées autour du site et sur le territoire communal. Si aucune occupation antique n’est attestée sur le site, du mobilier résiduel – parfois réutilisé – a été rencontré dans les niveaux postérieurs (amphore, fusaïole en sigillée, peson taillé dans une tegula…).
Des témoins d’une installation à la période wisigothique
L’étude des vestiges repérés a permis de mettre en évidence l’existence de deux occupations médiévales distinctes. La première est caractérisée par la présence d’au moins une aire d’ensilage, d’une fosse de travail et d’une structure de combustion. Deux datations radiocarbones réalisées sur les niveaux d’utilisation repérés datent ces vestiges de la seconde moitié du VIe siècle ou de la première moitié du VIIe siècle. Leur présence suggère l’existence d’une ou deux unités domestiques de la période wisigothique dans la partie nord-ouest du site. D’autres faits repérés dans la partie nord-est pourraient également être liés à cette occupation, notamment trois puits de grandes dimensions dont la chronologie n’est pas assurée.
Une occupation bien établie entre le IXe et le XIIe siècle
Les structures médiévales identifiées sont ensuite rattachées aux IXe-XIe siècles, voire au XIIe siècle. Les vestiges liés à cette occupation sont diversifiés : fossés, silos, solins, trous de poteau, structure de combustion, fosse dépotoir et puits/puisards ont ainsi été mis en évidence. Les fossés orientés nord/sud témoignent d’une volonté de drainer les eaux avant l’installation de 11 solins faits de galets. Ces derniers correspondent vraisemblablement à 5 unités distinctes réparties dans la partie nord du site. Les solins de galets du site de l’Orangeraie sont liés à une occupation du IXe siècle, voire du début du Xe siècle d’après les résultats de deux datations radiocarbones et de l’étude céramologique. La découverte de plus d’une centaine de fragments de torchis dans les structures rattachées à cette chronologie permet de restituer en partie l’élévation de ces aménagements. L’hypothèse d’une élévation en terre et pans de bois, reposant sur une sablière basse, peut être envisagée alors que la présence d’un niveau de démolition chargé en tuiles canal suggère leur emploi pour la couverture d’au moins un des bâtiments reconnus. Les silos, repérés en nombre autour de vestiges bâtis, ne sont pas tous directement associés à ces solins. Les données stratigraphiques attestent en effet plusieurs phases d’installation, certains silos ayant d’ailleurs été repérés sous les aménagements bâtis.
La découverte d’une fosse-dépotoir chargée en déchets métallurgiques (scories, culots, battitures et parois scorifiées) témoigne de l’existence d’une forge d’élaboration sur le site dans le courant du Xe siècle ou au début du XIe siècle. Les installations liées à cette forge n’ont laissé que des témoins diffus difficilement exploitables. Les déchets recueillis révèlent toutefois une activité de post-réduction qui soulève de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne l’activité exercée (production, réparation d’objets…). L’occupation du site est ensuite marquée par la présence des structures diverses (silos, puits…), en particulier une fosse atypique de plan quadrangulaire aux angles arrondis dotée d’un canal et d’un dispositif d’évacuation bâti en galets. La fonction de cette structure n’est pas assurée (bassin lié à une activité artisanale ou partie excavé d’un bâtiment), mais sa présence témoigne d’une continuité d’occupation jusqu’au XIe ou XIIe siècle. Passée cette période, le site de l’Orangeraie est mis en culture, ce qui pourrait indiquer un transfert des habitats à l’intérieur du village fortifié. Des apports alluviaux, datés du XIIe siècle et/ou de la première moitié du XIIIe siècle, marquent cette transition.
Une transformation du site et l’implantation d’un cimetière paroissial à la fin du Moyen Âge
Dans la partie nord du site, un enclos quadrangulaire délimité par 4 murs de 0,50 m de large, au centre duquel a été repéré un bassin bâti en briques et en galets, pourrait correspondre à un jardin d’agrément du XIVe siècle. Le fossé défensif du village de Taxo-d’Avall, de 14,70 m de large et de plus de 1,75 m de profondeur, commence à être comblé à cette période d’après les observations stratigraphiques réalisées dans un sondage profond implanté au pied du rempart.
La fouille a également permis de mettre au jour un cimetière paroissial du bas Moyen Âge en dehors des remparts dans la partie sud-est du site. Si 197 sépultures ont été repérées durant l’opération, le nombre d’individus inhumés dans cette aire funéraire est estimé à près d’un millier. Des éléments maçonnés, identifiés comme des signalisations de surface, ont été observés à l’intérieur de l’espace sépulcral délimité au XIVe siècle par la construction d’un mur de clôture doté d’un porche. L’étude anthropologique réalisée fournit des informations primordiales sur les rites d’inhumation et sur la population enterrée dans ce cimetière. Les 5 datations radiocarbones effectuées sur des sujets fouillés datent ces inhumations entre la fin du XIIIe siècle et le début du XVe siècle. Abandonné dans le courant du XVe ou XVIe siècle, l’espace sépulcral sera ensuite mis en culture durant la période moderne.
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Archaeological reports
La fouille du site de Taxo-l’Orangeraie (commune d’Argelès-sur-Mer) s’est déroulée entre le 26 décembre 2012 et le 26 avril 2013.
Historique de Taxo-d’Avall et objectifs de la fouille :
Taxo-d’Avall est mentionné comme villare dans les sources écrites dès 855, puis comme villa en 981. Ces mentions laissent supposer l’existence d’un ou plusieurs habitats autour de l’église dédiée à saint Martin. L’actuel édifice roman est situé au centre de l’actuel hameau fortifié de Taxo-d’Avall qui devient le siège d’une vicomté éponyme au tournant du XIe siècle. Le premier membre attesté de la lignée vicomtale est Guillaume Adalbert (1013-1052) auquel succède son fils Udalagar. Le titre vicomtal est porté par les seigneurs de Taxo jusqu’au début du XIIIe siècle, bien que sa perte paraisse effective dès la seconde moitié du XIIe siècle. Après être passé entre les mains des familles de Puig puis d’Oms, le territoire entre dans les domaines royaux au début du XVIIIe siècle.
La fouille de Taxo-l’Orangeraie devait apporter de nouvelles données pouvant être associées aux informations acquises lors de l’opération menée en 2011-2012 sur le site de Taxo – Les Gavarettes sous la direction de Carole Puig (ACTER). Les deux sites sont en effet mitoyens, ceux-ci étant uniquement séparés par une route communale menant au hameau de Taxo-d’Avall. Des structures de l’époque chasséenne, du chalcolithique, de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer, une petite nécropole de l’Antiquité tardive, mais surtout une vaste aire d’ensilage de plus de 2000 structures du haut Moyen Âge et du Moyen Âge central avaient été mises au jour durant cette opération.
En raison des données historiques et archéologiques disponibles, de nombreux objectifs ont été édictés dans le cahier de charges de la fouille de l’Orangeraie afin de mieux cerner l’occupation aux abords du village de Taxo-d’Avall et d’appréhender son développement. Une cohérence scientifique avec le chantier de Taxo-les Gavarettes a pu être assurée grâce à la participation des mêmes intervenants. Les études spécialisées réalisées (céramologie, géomorphologie, carpologie, anthracologie et analyses des éléments de construction en terre), inclues au rapport final d’opération, sont venues apporter des éléments essentiels à la compréhension du site. Durant l’opération, la découverte d’un cimetière paroissial non détecté lors du diagnostic sur l’emprise du projet d’aménagement a amené la rédaction d’un relevé de décision, daté de 26 février 2013 et signé par le Conservateur régional de l’Archéologie, qui est venu fixer de nouveaux objectifs liés à cet espace. Une étude anthropologique a par conséquent été effectuée, l’examen des sépultures mises au jour ayant été réalisés par deux anthropologues présents durant l’opération. Les structures fouillées ont généralement livré des éléments de faune en faible densité, les lots les plus importants provenant des niveaux supérieurs interprétés comme des niveaux de terre à jardin des périodes modernes et contemporaines. En raison de ces observations et de l’intérêt porté à l’étude des ossements humains découverts, l’étude archéozoologique n’a été réalisée pour le présent rapport.
Résultats obtenus :
Plus de 500 faits archéologiques, qui renvoient à des fonctions et à des chronologies distinctes, ont été détectés sur le site de l’Orangeraie. Ils sont fréquemment recouverts par des apports alluviaux et perturbés par des creusements naturels. Les différentes séquences d’incision et d’alluvionnement observées révèlent une dynamique complexe placée entre la fin de l’Antiquité et le Moyen-Âge central.
Une occupation protohistorique modeste
Les structures les plus anciennes – limitées à deux fosses – sont datées de la période protohistorique. L’une d’elle a livré du mobilier céramique caractéristique qui la rattache au Bronze final III B. Cette fosse paraît isolée, mais sa présence doit être reliée aux découvertes antérieures effectuées autour du site et sur le territoire communal. Si aucune occupation antique n’est attestée sur le site, du mobilier résiduel – parfois réutilisé – a été rencontré dans les niveaux postérieurs (amphore, fusaïole en sigillée, peson taillé dans une tegula…).
Des témoins d’une installation à la période wisigothique
L’étude des vestiges repérés a permis de mettre en évidence l’existence de deux occupations médiévales distinctes. La première est caractérisée par la présence d’au moins une aire d’ensilage, d’une fosse de travail et d’une structure de combustion. Deux datations radiocarbones réalisées sur les niveaux d’utilisation repérés datent ces vestiges de la seconde moitié du VIe siècle ou de la première moitié du VIIe siècle. Leur présence suggère l’existence d’une ou deux unités domestiques de la période wisigothique dans la partie nord-ouest du site. D’autres faits repérés dans la partie nord-est pourraient également être liés à cette occupation, notamment trois puits de grandes dimensions dont la chronologie n’est pas assurée.
Une occupation bien établie entre le IXe et le XIIe siècle
Les structures médiévales identifiées sont ensuite rattachées aux IXe-XIe siècles, voire au XIIe siècle. Les vestiges liés à cette occupation sont diversifiés : fossés, silos, solins, trous de poteau, structure de combustion, fosse dépotoir et puits/puisards ont ainsi été mis en évidence. Les fossés orientés nord/sud témoignent d’une volonté de drainer les eaux avant l’installation de 11 solins faits de galets. Ces derniers correspondent vraisemblablement à 5 unités distinctes réparties dans la partie nord du site. Les solins de galets du site de l’Orangeraie sont liés à une occupation du IXe siècle, voire du début du Xe siècle d’après les résultats de deux datations radiocarbones et de l’étude céramologique. La découverte de plus d’une centaine de fragments de torchis dans les structures rattachées à cette chronologie permet de restituer en partie l’élévation de ces aménagements. L’hypothèse d’une élévation en terre et pans de bois, reposant sur une sablière basse, peut être envisagée alors que la présence d’un niveau de démolition chargé en tuiles canal suggère leur emploi pour la couverture d’au moins un des bâtiments reconnus. Les silos, repérés en nombre autour de vestiges bâtis, ne sont pas tous directement associés à ces solins. Les données stratigraphiques attestent en effet plusieurs phases d’installation, certains silos ayant d’ailleurs été repérés sous les aménagements bâtis.
La découverte d’une fosse-dépotoir chargée en déchets métallurgiques (scories, culots, battitures et parois scorifiées) témoigne de l’existence d’une forge d’élaboration sur le site dans le courant du Xe siècle ou au début du XIe siècle. Les installations liées à cette forge n’ont laissé que des témoins diffus difficilement exploitables. Les déchets recueillis révèlent toutefois une activité de post-réduction qui soulève de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne l’activité exercée (production, réparation d’objets…). L’occupation du site est ensuite marquée par la présence des structures diverses (silos, puits…), en particulier une fosse atypique de plan quadrangulaire aux angles arrondis dotée d’un canal et d’un dispositif d’évacuation bâti en galets. La fonction de cette structure n’est pas assurée (bassin lié à une activité artisanale ou partie excavé d’un bâtiment), mais sa présence témoigne d’une continuité d’occupation jusqu’au XIe ou XIIe siècle. Passée cette période, le site de l’Orangeraie est mis en culture, ce qui pourrait indiquer un transfert des habitats à l’intérieur du village fortifié. Des apports alluviaux, datés du XIIe siècle et/ou de la première moitié du XIIIe siècle, marquent cette transition.
Une transformation du site et l’implantation d’un cimetière paroissial à la fin du Moyen Âge
Dans la partie nord du site, un enclos quadrangulaire délimité par 4 murs de 0,50 m de large, au centre duquel a été repéré un bassin bâti en briques et en galets, pourrait correspondre à un jardin d’agrément du XIVe siècle. Le fossé défensif du village de Taxo-d’Avall, de 14,70 m de large et de plus de 1,75 m de profondeur, commence à être comblé à cette période d’après les observations stratigraphiques réalisées dans un sondage profond implanté au pied du rempart.
La fouille a également permis de mettre au jour un cimetière paroissial du bas Moyen Âge en dehors des remparts dans la partie sud-est du site. Si 197 sépultures ont été repérées durant l’opération, le nombre d’individus inhumés dans cette aire funéraire est estimé à près d’un millier. Des éléments maçonnés, identifiés comme des signalisations de surface, ont été observés à l’intérieur de l’espace sépulcral délimité au XIVe siècle par la construction d’un mur de clôture doté d’un porche. L’étude anthropologique réalisée fournit des informations primordiales sur les rites d’inhumation et sur la population enterrée dans ce cimetière. Les 5 datations radiocarbones effectuées sur des sujets fouillés datent ces inhumations entre la fin du XIIIe siècle et le début du XVe siècle. Abandonné dans le courant du XVe ou XVIe siècle, l’espace sépulcral sera ensuite mis en culture durant la période moderne.