La présente contribution se propose d’étudier la figure de l’interprète dans le contexte des échanges et des circulations d'une rive à l'autre de la Méditerranée au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Pour ce faire, nous avons choisi de...
moreLa présente contribution se propose d’étudier la figure de l’interprète dans le contexte des échanges et des circulations d'une rive à l'autre de la Méditerranée au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Pour ce faire, nous avons choisi de reconstruire la carrière d'un interprète de « langues orientales » actif à Marseille dans le premier tiers du XIXe siecle : issue d'une famille tabarquine et ancien interprète des concessions française d'Afrique du Nord, Alexis Gierra officie aussi bien auprès des « Egyptiens » réfugies dans la cité phocéenne, qu’auprès des marchands « orientaux » (principalement Grecs, Turcs et Arabes) fréquentant le Vieux-Port. Parallèlement, il s'implique activement dans l’accès de ces derniers à la franc-maçonnerie marseillaise, et nourrit pour lui-même l'ambition de se voir offrir le poste – alors inexistant – de consul de Tunis à Marseille. A travers cette étude de cas, nous souhaitons à la fois reconstituer la trajectoire individuelle d’un passeur culturel, et replacer la question des langues au centre de la problématique de l’interculturalité. A la croisée des chemins entre microanalyse du social et histoire connectée du monde méditerranéen, cette étude tente ainsi de resituer les usages des « langues du commerce » dans la perspective des acteurs historiques et de leurs pratiques sociales et linguistiques.