Dijon

Écrire l'histoire matérielle du Décret Chaptal (14 fructidor an IX) et du Décret du 15 février 1811 qui le complète, à la suite desquels près de 900 peintures en tout ont été envoyées dans 18 villes de la Première République, puis de l’Empire napoléonien.

Comment les œuvres ont été choisies puis attribuées à chaque ville ? Selon quels critères ? Comment l’administration du Musée central des Arts (puis celle de Dominique Vivant Denon) a mis en place l’organisation nécessaire au suivi de ces envois, à la préparation des œuvres à leur restauration, et à la comptabilité liée à cette organisation ? Et y a-t-il un lien avec le décret de 1811 qui lui ressemble ?

Enfin, ces premiers envois, quel était leur statut ? Dons ou dépôts d’œuvres d'art ? Que peut-on en conclure sur les relations entre l’Etat (l’administration du Louvre et le ministère de l’Intérieur) et les villes des départements au début du XIXème siècle ?
Il semblerait que les liens mises en place alors ont marqué, et marquent encore, la politique culturelle et la vie des musées en France.

A venir en annexe :
- Tableau complet des œuvres envoyées à chacune des 18 villes concernées, avec leur cartel technique, les interventions de restauration réalisées à l’occasion de leur envoi, les éventuels changements de format, leur localisation actuelle, et autres éléments particuliers.
(Inventaire dressé à partir de documents conservés dans les fonds des Archives des Musées Nationaux et des Archives Nationales, complétés par une recherche dans les centres d’archives départementaux et municipaux d’un grand nombre de villes concernées).

- Éléments de statistiques tirées de ces données, analysés dans le corps du texte.

https://infine-editions.fr/publications/la-maison-changenet/
http://editions.louvre.fr/fr/les-ouvrages/catalogues-dexposition/artistes/la-maison-changenet.html

À la manière d’une véritable enquête menée entre Avignon, Marseille et Dijon, cet ouvrage fait revivre l’univers foisonnant de quelques-uns des plus grands peintres actifs vers 1500 en France. Cette effervescence artistique a pour point de départ Avignon et un atelier, celui de Jean Changenet, peintre favori de l’élite locale. Bientôt sa boutique devient un creuset européen où se rencontrent des artistes venus d’Espagne, d’Italie ou des anciens Pays-Bas.

Elliot Adam, doctorant en histoire de l’art à Sorbonne Université (Centre André Chastel), et Sophie Caron, conservatrice au département des Peintures du musée du Louvre, se livrent à une exploration minutieuse pour reconstituer la trajectoire des membres de cette fascinante famille de peintres et ainsi mieux comprendre les œuvres parvenues jusqu’à nous. Peintures sur bois et sur toile, manuscrits enluminés, peintures murales et vitraux ; autant de chefs-d’œuvre méconnus et encore mystérieux se révèlent ici au lecteur pour la première fois.

SOMMAIRE :
Avant-propos

AVIGNON, rue de la Miraillerie
- L’atelier de Jean Changenet (1484-1495) [SC]
- Jean Changenet. Sur la piste de ses œuvres [SC]
- Jean Grassi de Piémont, voisin puis locataire de la maison Changenet (1485-1502) [EA]
- Juan de Nalda : compagnon espagnol de Jean Changenet [SC]

MARSEILLE, dans l’atelier de Bernardino Simondi et Josse Lieferinxe
- Une nouvelle œuvre-clé. L’Assomption et le Saint Yves à son revers [SC]
- Le retable de la Vie de la Vierge : hypothèse de restitution [EA]
- L’atelier marseillais : des personnalités aux contours indécis [SC]
- Le retable de saint Sébastien : hypothèse de restitution [EA]
- Josse Lieferinxe, peintre à Marseille [EA]
- Pendant ce temps, rue de la Miraillerie… Nicolas Dipre [SC]

DIJON, rue de la Verrerie
Une maison à Dijon : Jean I et Pierre Changenet, le Maître des Prélats bourguignons [EA]
Le Calvaire du Parlement de Dijon : Josse Lieferinxe et l’héritage des Changenet [EA]
De Bourgogne en Provence, et retour ? [SC]

Répertoire documentaire [EA]

Bibliographie

Cette étude réalisée en deuxième année de master d'histoire contemporaine s'attache à démontrer comment le free jazz à Dijon transforma les pratiques des amateurs, musiciens et acteurs du réseau jazzistique dijonnais. La new thing facilita l'arrivée d'une nouvelle génération d'amateurs de jazz par la distillation de ses ingrédients musicaux au sein des groupes de rock progressif ou du jazz-rock lors du mélange musical généralisé des années soixante-dix et quatre-vingt. Il s'attache à mettre en lumière les dispositifs et les moyens d'accéder à son écoute, et comment ceux-ci tendent à la différencier de l'écoute des anciens amateurs. Il se concentre à retracer la pré-structuration des organismes qui produisent le free jazz - festival, association - dans une démarche militante et passionnée. Il montre comment les amateurs prennent en charge le discours jazzistique par les supports qu'ils maîtrisent, de l'édification autonome de leur culture jazzistique à la restitution de la musique par la photo ou l'écriture d'un compte-rendu. Enfin, ce travail illustre comment le free jazz préfigure l'accès à la patrimonialisation du jazz et aux premières mesures des pouvoirs publics qui dessinent le schéma hexagonal du jazz d'aujourd'hui.

Le LiDAR, en créant des modèles numériques de terrain (MNT) précis sur de grandes surfaces, pourrait être une réponse aux problématiques géoarchéologiques et un outil inévitable pour l’archéogéographie. L’utilisation archéogéographique de la microtopographie est un pas en avant vers une redéfinition de la discipline. Le but n’est pas de nier la qualité des travaux archéogéographiques précédents, mais de donner un nouveau souffle à cette discipline en étudiant nos paysages sans les filtres actuels. Le LiDAR nous fournit un outil pour voir et comprendre l’occupation humaine rurale ancienne et les pratiques culturales. La découverte de plusieurs kilomètres carrés de cultures en « champs bombés » nous donne un aperçu ce que nous avons encore à comprendre de l’archéologie agraire. Les données LiDAR peuvent compléter un hiatus historique et géographique, et nous donner des réponses sur la construction des paysages actuels.

LiDAR technology, by the creation of extensive and accurate digital terrain models (DTM), might be a response to geoarchaeological problems and an unavoidable tool for archaeogeography. The use of microtopography with an archaeogeographic approach is a first step toward a redefinition of the discipline. The purpose is not to deny the validity of the previous archaeogeographic works, but to give a new breath to this discipline by studying landscapes without any of the actual filters. LiDAR technology provides us a tool to see and understand ancient human country occupation and agricultural activities. The discovery several square kilometers of ridge and furrow field system gives us a glimpse on what we still have to figure out about agrarian archaeology. LiDAR data can complete an historical and geographic hiatus, and give answers about how actual landscapes built up.

This article uses a salient case study (flailing women in ninth-century Dijon) to make two related arguments about the unusual nature of crowds in early medieval western Europe:

    (1) When gatherings involving marginal social groups (non-elites, women) threatened elite power in eighth- and ninth-century Europe, they did so not by directly confronting elite authority (e.g. mobs attacking bishops), but indirectly, in what anthropologists have called a “slantwise” fashion: by gathering in the wrong way, place, or time (e.g. crowds neglecting their parish church in favour of new relics, depriving church leaders of income through tithes). This is because early medieval governance, lacking strong institutions, relied on predictable, face-to-face gatherings for social order and resource extraction.

    (2) Because the crowd in early medieval discourse normally evoked hierarchy and order (Roman words for “riots” now referred to “assemblies” of monks and angels), elite polemics against “slantwise” crowds were also indirect. Like crowd critics later in European history, early medieval elites condemned dangerous crowds using gendered language. But unlike modern theorists who gendered the crowd itself as essentially female, ninth-century ecclesiastical writers used tropes of female (and rustic) manipulability to paint otherwise permissible behaviours (collective worship, almsgiving, penance) as illegitimate.

The article thus questions a widely-held view that the crowd disappeared in the early medieval West, compared both to earlier and later periods of European history and to the contemporary Byzantine and Islamic worlds. That view depends on historiographical assumptions about what counts as a crowd. Early medieval crowds, both as a subject of discourse and a group of practices, were indeed unusual, but they were no less socially central.

This article uses a salient case study (flailing women in ninth-century Dijon) to make two related arguments about the unusual nature of crowds in early medieval western Europe:

    (1) When gatherings involving marginal social groups (non-elites, women) threatened elite power in eighth- and ninth-century Europe, they did so not by directly confronting elite authority (e.g. mobs attacking bishops), but indirectly, in what anthropologists have called a “slantwise” fashion: by gathering in the wrong way, place, or time (e.g. crowds neglecting their parish church in favour of new relics, depriving church leaders of income through tithes). This is because early medieval governance, lacking strong institutions, relied on predictable, face-to-face gatherings for social order and resource extraction.

    (2) Because the crowd in early medieval discourse normally evoked hierarchy and order (Roman words for “riots” now referred to “assemblies” of monks and angels), elite polemics against “slantwise” crowds were also indirect. Like crowd critics later in European history, early medieval elites condemned dangerous crowds using gendered language. But unlike modern theorists who gendered the crowd itself as essentially female, ninth-century ecclesiastical writers used tropes of female (and rustic) manipulability to paint otherwise permissible behaviours (collective worship, almsgiving, penance) as illegitimate.

The article thus questions a widely-held view that the crowd disappeared in the early medieval West, compared both to earlier and later periods of European history and to the contemporary Byzantine and Islamic worlds. That view depends on historiographical assumptions about what counts as a crowd. Early medieval crowds, both as a subject of discourse and a group of practices, were indeed unusual, but they were no less socially central.

In 2008, scholar Susie Nash persuasively identified a historiated portrait of Duke Philip the Bold of Burgundy (b. 1342-d. 1404) in the guise of the prophet Jeremiah in sculptor Claus Sluter's Well of Moses (1395-1404), a work commissioned by the Valois duke, the nearest peer to the king of France. Upon closer inspection, however, his is not the only portrait surrounding the monument. This paper will outline who is represented, the iconography and significance of their inclusion, and how the Well of Moses functions as both a religious and dynastic monument to the powerful descendants of the Valois line. Furthermore, the complex interplay between the Well, concepts of chivalry, the failed Burgundian Crusade to Nicopolis in 1396 and religious fervor surrounding the Passion will be considered, as the Champmol compound had a specific purpose as a dynastic monument to be administered by Carthusian monks in perpetuity. Ultimately, the sculpture program is in part an outgrowth of fourteenth-century transalpine influence (art, literature and culture) in the sculpture of Sluter (b. 1340's-d. 1405/06): a complex combination of late-Gothic courtly and religious culture as famously described by scholar Johan Huizinga. The paper also traces the potential flow of ideas stemming from the Italians, including the impetus of the well concept, brought North by the courts and trade. Short Description: This paper outlines the complex interplay between concepts of chivalry, the failed 1396 Burgundian Crusade, and religious fervor in Claus Sluter's Well of Moses (1395-1404). Novelly, six powerful members of the Valois line are represented therein. The monument's iconography, emotional and political significance, and transalpine inspirations will be considered.

L’actualité suscitée autour du Maître des prélats bourguignons invite à formuler quelques remarques. D’une part, le caractère inégal de sa production enluminée semble avoir découragé toute tentative de déterminer la chronologie de sa production ou de distinguer les quelques collaborateurs qui ont fréquemment œuvré à ses côtés. L’ensemble est généralement daté entre 1480 et 1500 sans que l’on ne sache trop ce qui précède quoi et ce qui est de la main du maître ou ne l’est pas. D’autre part, la tentative savoureuse d’Eberhard König de faire du Maître des prélats bourguignons un artiste fasciné par l'art des enlumineurs de la vallée de la Loire met en lumière un problème hérité de la formation du corpus en 1975 : le déterminisme d’un peintre français, dont l’émergence à Dijon serait en fait permise par le rattachement du duché de Bourgogne à la couronne de France en 1477. En conséquence, j'essaierai de montrer qu’il est possible de préciser la chronologie de son œuvre et en particulier de son œuvre de jeunesse, mais aussi d’élargir le spectre de sa culture artistique vers la Bourgogne du milieu du siècle et l'art des anciens Pays-Bas. Sans recourir davantage à la diffusion du motif de la victoire des anges qui ne vaut pas pièce d'identité, la proposition formulée en 1975 par Nicole Reynaud d’identifier l’artiste à Pierre Changenet, reçu maître peintre à Dijon en 1478 et mort entre 1502 et 1507, suscite l'adhésion par l’adéquation de ses dates d’activité et la polyvalence de son métier. Elle peut également être confortée par la comparaison de la culture artistique du peintre avec celle de son frère supposé, Jean Changenet dit le Bourguignon, tenu pour être le meilleur peintre d'Avignon où il est documenté de 1484 à sa mort en 1495.

Professeur honoraire à lʼUniversité de Bourgogne, où se déroula toute sa carrière de 1963 à 1991, Pierre Lévêque suscita par sa rigueur et son sens de la pédagogie lʼadmiration de plusieurs générations dʼétudiants. Lʼhistoriographie nationale retient essentiellement sa grande thèse sur la Bourgogne du premier XIXe siècle (Une société provinciale, la Bourgogne sous la Monarchie de Juillet et Une société provinciale, la Bourgogne au milieu du XIXe siècle, Paris, Editions de lʼEcole des Hautes études en sciences sociales-Touzot, 1983) et sa trilogie sur les forces politiques en France (Armand Colin, 1992-1997). Pierre Lévêque a également publié de nombreuses contributions qui concernent lʼhistoire de la Bourgogne dans des revues et actes de colloques. Il faut saluer les Editions universitaires de Dijon qui proposent un recueil de quelques trente textes, dont quatre initialement publiés dans les Annales de Bourogne. Lʼhistoire que pratique Pierre Lévêque témoigne parfaitement des infléchissements qui marquent lʼhistoire régionale à partir des années soixante.

A painting stored up at the Magnin Museum in Dijon, attributed to Francesco Monti by Virginia Comoletti, is here related to a drawing preserved at the Civic Museums of Reggio Emilia. The preparatory drawing, with minimal variations, can therefore be attributed to Francesco Monti.

Les hospices d’enfants trouvés, après l’éclipse révolutionnaire, connaissent un renouveau au début du XIXe siècle. Au même moment, on commence à vacciner contre la variole selon le procédé de Jenner, de bras-à-bras. Les enfants de l’assistance deviennent des « porte-vaccin » tout désignés pour l’administration qui y voit le moyen de compenser le coût de leur entretien tout en faisant preuve de philanthropie. L’article examine le destin de l’hospice de Dijon à partir des archives professionnelles de son directeur entre 1809 et 1847, le Dr Bounder.

Władysław Biały (Władysław the White, died in 1388), was the last prince of the Kuyavian Piast dynasty. At the beginning of his career it was believed that he would become the successor of king Kazimierz Wielki (Casimir III the Great). After  king’s death, Władysław tried to take the crown twice, albeit unsuccessfully. He spent the last years of his life in Saint-Bénigne monastery in Dijon, where he was buried.
The article examines the iconography and history of the tomb of Władysław Biały. The inscriptions, attire, heraldic programme, spatial context and references to the tombs of the French elites clearly indicate prince’s royal ambition and confirm that the tomb was built straight after Władysław’s death. The second part of the paper presents the history of prince’s memoria, which became one of the attractions of the monastery. The monks cultivated his memory and proudly presented his tomb to visitors. Finally, the presence of Władysław’s monument in 19th century Polish historical literature, popular press, poetry and paintings is analyzed. In that time, the tomb played a certain role as a notional memento in maintaining national identity and in the fight for independence.

Présentation orale dans le cadre des Journées Régionales de l'Archéologie, organisées par le SRA de Bougogne à Dijon. Le sujet concerne les vestiges archéologiques mis au jour lors de la fouille préventive tenue en 2018 rue des Argentières, sous la responsabilité de B.M'Barek. Composées de vestiges immobiliers fossoyés (TP, fosses) ou surfaciques (foyer) et de vestiges mobiliers (céramique, haches polies, meule), plusieurs occupations se sont succédées au pied de la colline de Montmuzard, entre le milieu du 4è et le milieu du 3è millénaire, offrant ici les premiers indices de cette période sur le territoire dijonnais.

Les mémoires des historiens sont désormais un genre à part entière, théorisé par Pierre Nora (Essais d'ego-histoire, 1987) ; participent de l'exercice académique dans le cadre de l'Habilitation à diriger des recherches, et constituent même un objet de recherche dans le cadre de l'ANR « Histinéraires. La Fabrique de l'histoire telle qu'elle se raconte ». La démarche de Pierre Lévêque est légèrement différente, et relève davantage du récit de vie classique, véritable autobiographie, réalisée à la demande de ses enfants, et rédigée à partir de 2008. Ses « souvenirs » sont précis, confortés par le recours à une documentation personnelle. Ce récit est organisée en deux tomes ; l'un consacré à sa jeunesse et à sa formation, l'autre à sa carrière universitaire et à son engagement politique. La langue est classique, au service d'un récit linéaire qui se lit agréablement. Fils d'instituteurs, résidant à Izeure, petit village près de Genlis en Côte-d'Or, puis à Talent, dans la banlieue de Dijon, la trajectoire de Pierre Lévêque, née en 1927, est presque entièrement inscrite dans ce territoire. Il suit ses études au Lycée Carnot de Dijon jusqu'au baccalauréat en 1944 ; enseigne comme professeur d'histoire-géographie dans cet établissement de 1957 à 1963, après un bref passage de quatre années au lycée Bartholdi de Colmar ; avant de mener une carrière universitaire à l'université de Bourgogne de 1963 à 1991. La Bourgogne, celle du premier XIXe siècle, est aussi au coeur de sa thèse d'Etat, d'inspiration labroussienne, soutenue en Sorbonne en 1977, et éditée en deux volumes en 1983 : Une société provinciale. La Bourgogne sous la monarchie de Juillet et Une société en crise. La Bourgogne au milieu du XIXe siècle, 1846-1852. Cette traversée du siècle dernier est riche de renseignements pour l'historien de la Bourgogne. Nous retiendrons essentiellement deux aspects. En premier lieu, ses « souvenirs » sont fortement emprunts du monde de l'enseignement ; celui des instituteurs à travers ses parents ; celui de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur. Pierre Lévêque restitue avec finesse, et souvent avec empathie, la vie au Lycée Carnot, comme lycéen pendant la Seconde guerre mondiale puis comme enseignant dans les années 1950 ; puis à l'Université de Dijon. Il dresse dans ce cadre les portraits de quelques-uns de ses collègues, notamment le doyen Robert Folz qu'il admire. De nombreuses annotations permettent de saisir la vie universitaire dans une ville de province ; et tranchent avec une histoire encore trop souvent uniquement perçue par le prisme parisien. Pierre Lévêque accorde une grande place à l'encadrement des étudiants ; les prépare aux concours du second degré ; souci pédagogique que l'on retrouve dans son manuel sur l'Histoire des forces politiques en France, de la Révolution à nos jours, publié chez Armand Colin en trois volumes (1992, 1994 et 1997) ; ouvrage qui s'est imposé auprès des apprentis historiens. Occasion aussi de vérifier combien l'Université que décrit Pierre Lévêque appartient déjà au passé. La dernière décennie du siècle est marquée à la fois par un important renouvellement générationnel et une organisation de la recherche davantage collective, sous l'impulsion notamment de Benoît Garnot et de Serge Wolikow. Ces deux volumes sont également fortement marqués par le rapport de Pierre Lévêque à la vie politique. Issue d'une famille laïque et républicaine, proche de la SFIO, l'auteur est fortement imprégné par le socialisme démocratique, même s'il adhère en 1952, comme toute une génération d'étudiants en histoire, au PCF ; parti qu'il quitte en 1961. Membre de la gauche non conformiste, lecteur de L'Observateur, Pierre Lévêque contribue ensuite à l'organisation de ses courants en Côte d'Or au sein de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, et ne rejoint le parti socialiste qu'à partir du Congrès d'Epinay en 1971. Il se reconnaît dans la stratégie d'union de la gauche portée par François Mitterrand. Homme de gauche convaincu, il demeure partisan d'une sociale-démocratie, sensible à l'écologie, attentive à rendre la société plus juste, et à combattre les effets dévastateurs du libéralisme. En annexe du second volume, Pierre Lévêque a ajouté une précieuse monographie sur l'histoire du socialisme en Côte-d'Or. Enfin, ceux qui connaissent Pierre Lévêque auront plaisir à retrouver à la lecture de ses deux volumes sa rigueur, sa précision, et surtout son humanisme. Philippe Poirrier_

L’étude revient sur l’identification du Calvaire du Louvre dans la Chambre dorée du Parlement de Dijon, décrit et reproduit dans la harangue du procureur Hugues Picardet en 1618. La fondation de l’édifice en 1511 a conduit à rejeter son attribution convaincante à Josse Lieferinxe, mort en 1508. Ce tableau magistral, qui devait entretenir l’humilité de magistrats et justiciables, pourrait cependant avoir été peint pour la maison du Singe, où siégeait le Parlement avant l’achèvement de la Chambre dorée en 1522. Le président Philibert de La Ferté (1492-1504), client de Pierre Changenet, serait à l’initiative de cette commande exécutée à Marseille, où ses motifs sont cités en 1515. Par ses modèles, Lieferinxe revendique ici l’héritage de son beau-père Jean Changenet, ce maître d’Avignon qui était aussi connu comme un grand peintre en sa ville de Dijon.

L’identification des œuvres de Jean II Changenet invite à revenir sur l’activité de sa famille de peintres à Dijon, connue sur trois générations de 1449 à 1536. L’identification de son frère aîné Pierre avec le Maître des Prélats bourguignons trouve confirmation dans la polyvalence, la chronologie et la culture artistique de celui qui domine la production enluminée en Bourgogne à la fin du XVe siècle. Si Jean se spécialise à Avignon dans la production de grands retables pour la Provence et la Bourgogne, son frère privilégie une activité complémentaire de peintre d’enluminures et d’enlumineur de petits tableaux. Les deux frères montrent cependant un même intérêt précoce pour la nouvelle peinture du milieu de Hugo van der Goes, que corrobore leur activité documentée au décor des noces de Charles le Téméraire et Margaret d’York à Bruges en 1468.

Profondément inscrite dans la longue durée, la question des épidémies a dès longtemps attiré l’attention des historiens (Delaurenti et Le Roux, 2020), qui ont tracé le cadre de son élaboration chronologique et archéozoologique depuis l’Antiquité (Audoin-Rouzeau, 2003). En ce sens, l’époque moderne tient une place de choix, depuis le récit de survivance de la peste qui devient un genre littéraire codifié à la Renaissance (Hobart, 2020) après les ravages de la Peste Noire, jusque, dans le cas français, au dernier grand épisode de peste à Marseille en 1720-1721, qui suscita une grande frayeur (Chaunu, 1973 ; Saupin, 2021). Au centre de cette histoire entre les sociétés et les épidémies se place pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), important conflit européen aux répercussions mondiales (Wilson, 2009), un épisode de peste particulièrement violent : cet épisode touche tout le continent européen au fur et à mesure de la progression des armées dans les années 1620-1630. Si la littérature sur certains points techniques a été profuse, comme la question de l’introduction de la peste en 1629 dans le couloir rhodanien par des balles de chameau apportées par des commerçants en relation avec des troupes armées, il demeure un point aveugle dans cette riche historiographie : celui des mesures de gestion prises pour contrôler la crise épidémique, pour paraphraser et adopter un vocabulaire contemporain qui n’est pas anachronique. Ce sont ces mesures qui seront étudiées ici, à partir d’un cas concret, celui de la province de Bourgogne (Bon, 1912) entre 1628 et 1636, et notamment de la ville de Dijon, siège du parlement et deuxième cour souveraine de l’ancien royaume de France. Dans un territoire suffisamment vaste pour être étudié à une échelle pertinente (entre le local et le national), ce cas est documenté par les archives, en large part inédites, du parlement de Dijon et des États de Bourgogne à cette époque, sous la forme de délibérations, d’arrêts, de correspondances et de mémoires, selon les papiers conservés notamment aux Archives départementales de la Côte-d’Or. Dans cette perspective, cette communication entend poser trois problèmes. D’abord, la question de l’anticipation : quelles sont les mesures prises avant l’arrivée de la peste, notamment le transfert de certaines institutions de villes moyennes à de petites villes ? Ensuite, la question de la circulation de l’information : comment et par qui l’arrivée de la peste et des premiers cas sont-elles annoncées en ville et gérées dans la province ? Enfin, la question de la durée des mesures, dont certaines sont pluri-annuelles et répondent à un temps relativement long de crise. Ce cas concret sera comparé aux autres modalités de gestion, notamment en Champagne et dans le Lyonnais (Guiart, 1929), ainsi que dans le nord de la péninsule italienne. En effet, on dispose de points de comparaison étoffés, par exemple avec les villes de Bologne et de Modène, sujettes à une forte épidémie de peste dans les années 1628-1631 (Biagini, 2017). Au-delà de la lecture traditionnelle, par les contemporains du XVIIe siècle qui pensaient la peste comme un châtiment de la Providence, et sans préjuger du résultat complet, il se dégagera de cette communication un essai d’interprétation de l’impact de cette crise épidémique, à savoir la gestion par des organisations coutumières mais solides, face à des épidémies récurrentes

Programme des journées d'études Art et Politique. Autour d'André Claudot organisées à Dijon (Nef, 1 place du théâtre) et Paris (Auditorium du Campus de Saint-Denis les 16-17 et 20 septembre 2021, dans le cadre de l'exposition André Claudot. La couleur et le siècle, 25 juin au 20 septembre 2021 au Musée des Beaux-arts de Dijon.
Catalogue de l'exposition publiée aux éditions in fine.

Une fouille réalisée par l'Inrap en 2019 a mis au jour les vestiges d'un atelier de maintenance des "tacots". Ces "tacots" - de leur vrai nom "tramways départementaux" - sillonnaient la Côte-d'Or au début du XXe siècle. Cette fouille a également permis de rappeler l'évolution très rapide de ce quartier de Dijon.

Un peuple de statues. La célébration sculptée des grands hommes, XIXe-XXe siècles.

Conférence de Jacqueline Lalouette, le mercredi 2 octobre 2019.
Université de Bourgogne, Campus de Montmuzard, Amphithéâtre de la MSH, 14h-17h, entrée libre.
Conférence proposée par la MSH de Dijon en partenariat avec le Master Histoire.
Séance animée par Philippe Poirrier.


Dès l’aube du XIXe siècle, l’exemplarité attachée aux « grands hommes » et la volonté de populariser leur image furent à l’origine d’une entreprise de statuaire publique qui s’amplifia et se diversifia avec le temps. Au fil des décennies, un nombre croissant d’effigies représentant tout d’abord des rois et des guerriers, auxquels s’ajoutèrent hommes politiques, écrivains, savants, artistes, saints, etc., conquirent l’espace public de la métropole et des colonies. Parmi ces « grands hommes » figurent une petite minorité de « grandes femmes », Jeanne d’Arc étant toutefois le personnage le plus statufié. Les bouleversements politiques du XIXe siècle provoquèrent quelques destructions et retraits de statues. Mais celles-ci furent surtout victimes de la refonte ordonnée par Vichy dans le cadre de la « mobilisation des métaux non ferreux ». Soumises pour le meilleur (les honneurs) et le pire (les contestations, les outrages et les mutilations) à l’action des hommes, les statues le sont aussi au vieillissement et à la pollution unies pour les dégrader. Durant les années 1960-1970, ne correspondant plus aux critères esthétiques dominants, les hommages publics figuratifs semblaient destinés à disparaître, mais ils retrouvèrent un nouveau souffle dès les années 1990 et 2000.

Jacqueline Lalouette est professeur émérite de l'Université de Lille 3 et membre senior honoraire de l'Institut universitaire de France. Elle a notamment publié : La libre pensée en France, 1848 - 1940 (Albin Michel 1997); La République anticléricale, XIXe – XXe siècles (Seuil 2002) ; La France de la Belle Epoque : dictionnaire de curiosités (éditions Tallandier, 2013) et Un peuple de statues. La célébration sculptée des grands hommes. France, 1801-2018 (Mare & Martin, 2018). Elle a également édité, avec Christophe Charle : Maurice Agulhon. Aux carrefours de l'histoire vagabonde (Publications de la Sorbonne, 2017).