BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU
NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
(IXe-Ier SIÈCLES AVANT J.-C.)
Bernard DEDET
Dans le Sud de la France protohistorique, en l'absence de sources écrites comme
de documents figurés, les enfants ne peuvent être perçus qu'au travers des pratiques
funéraires. Cependant celles-ci sont particulièrement éloquentes car, variant en fonction de l'âge au décès, elles marquent différents stades dans l'agrégation des individus
à la société, de la naissance, et même de la phase de gestation, à l'adolescence. Sera
abordée ici la tranche d'âge des moins d'un an, qui correspond en fait à deux étapes
de ce processus, la naissance biologique et la naissance sociale.
La documentation a deux origines, les tombes des nécropoles des communautés
humaines, mais aussi les sépultures situées dans l'habitat lui-même. Et en ce domaine
sont significatifs aussi bien les présences que les absences ou encore les déficits de
représentation par rapport aux modèles théoriques que fournissent les sociétés préjennériennes. Le cadre retenu est celui de la majeure partie du Sud de la France, de la
partie orientale du bassin de la Garonne à l'ouest, jusqu'aux Alpes méridionales à l'est,
pour une période couvrant le dernier millénaire avant J.-C., soit le Bronze final IIIb, le
premier et le second Ages du Fer. Les données disponibles concernent pour l'essentiel
la culture indigène de ce vaste ensemble géographique, mais, pour le second âge du
Fer, la colonie grecque de Marseille offre, en cette matière, un autre modèle dont il
convient, par comparaison, de tenir compte (Figure 1).
Historique des recherches
C'est de l'habitat que sont venues les premières informations. Des inhumations de
très jeunes enfants sont signalées, sans être décrites cependant, dès 1955 au Cayla
de Mailhac par O. et J. Taffanel (Louis, Taffanel 1955: 94 et 123). Il en va de même
quelques années plus tard dans les fouilles conduites par H. Prades à Lattes, mais dans
ce cas les os récupérés font l'objet d'une étude anthropologique (Arnal et alii, 1974:
291-292). Un pas décisif sera franchi au milieu des années 1970 avec l'émergence
d'une «anthropologie de terrain» appliquée à la Protohistoire du Sud de la France
sous l'impulsion d'H. Duday. Ainsi ce chercheur applique-t-il sa méthode d'étude des
squelettes in situ dans nos chantiers de fouille de Vié-Cioutat en 1975 et de Gailhan
entre 1982 et 1988 (Duday, Dedet 1985; Dedet et alii, 1991). Dès lors une meilleure
attention portée par les archéologues à ces restes a permis de multiplier rapidement
le nombre de découvertes, fouillées par H. Duday ou des archéologues formés à son
école (notamment V. Fabre pour les sites du Marduel, de Montlaurès et de Lattes).
En plus des squelettes découverts en place dans les fouilles des villages protohistoriques, il convenait de prendre en compte aussi les os épars, en position remaniée,
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Figure 1.- Tombes de nouveau-nés et de nourrissons protohistoriques du Sud de la France. Tombes en
nécropoles: R: Ruscino (Perpignan, Pyrénées-Orientales) ; C: Las Peyros (Couffoulens, Aude) ; M: Le Moulin
(Mailhac, Aude) ; G: Gourjade (Castres, Tarn) ; LC: Le Causse (Labruguière,Tarn) ; SJ: Saint Julien (Pézenas,
Hérault) ; AP: Le Peyrou (Agde, Hérault) ; VF: tumulus Viols 7 (Viols-Le-Fort, Hérault) ; P: tumulus de Pomeyrol
(Quézac, Lozère) ; MA: Marseille Sainte-Barbe (Bouches du Rhône). Tombes en habitats: 1: Ruscino (Perpignan,
Pyrénées-Orientales) ; 2: Le Port (Salses, Pyrénées-Orientales) ; 3: Pech Maho (Sigean, Aude) ; 4: Montlaurès
(Narbonne, Aude) ; 5: Le Cayla (Mailhac, Aude) ; 6: Ensérune (Nissan-lèz-Ensérune, Hérault) ; 7: La Monédière
(Bessan, Hérault) ; 8: La Ramasse (Clermont-L'Hérault, Hérault) ; 9: Puech de Mus (Sainte-Eulalie-de-Cernon,
Aveyron) ; 10: Roc de l'Aigle (Nant, Aveyron) ; 11: Les Gardies (Pignan, Hérault) ; 12: Lattara (Lattes, Hérault) ;
13: Plan de la Tour (Gailhan, Gard) ; 14: La Jouffe (Montmirat, Gard) ; 15: Plan de Lavol (Boucoiran-et-Nozières,
Gard) ; 16: Vié-Cioutat (Mons, Gard) ; 17: La Liquière (Calvisson, Gard) ; 18: Les Castels (Nages, Gard) ; 19:
Roque de Viou (Saint-Dionisy, Gard) ; 20: Mauressip (Saint-Côme-et-Maruéjols, Gard) ; 21: Castelvielh (SainteAnastasie, Gard) ; 22: Le Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard, Gard) ; 23: Mas Saint Jean, (Bellegarde, Gard) ; 24:
Nemausus (Nimes, Gard) ; 25: Ambrussum (Villetelle, Hérault) ? ; 26: Saint-Blaise (Saint-Mitre-Les-Remparts,
B.du R.) ; 27: Roquepertuse (Velaux, B. du R.) ; 28: Entremont (Aix-en-Provence, B. du R.) ; 29: Baou de Saint
Marcel (Marseille, B. du R.) ; 30: L'Ermitage (Alès, Gard) ; 32: Bourbousson (Crest, Drôme) ; 33: Sainte Colombe
(Orpierre, Hautes-Alpes) (les tirets délimitent l'aire où les os d'animaux des fouilles d'habitats ont fait l'objet d'un
tri systématique).
de ces très jeunes morts, vestiges de sépultures que la poursuite de l'occupation des
mêmes lieux avait pu bouleverser ou presque complètement détruire. A cet effet, nous
avons effectué en 2002 le tri systématique de la totalité des restes osseux présumés
d'animaux découverts dans les fouilles pratiquées entre les années 1960 et 2000 sur les
habitats protohistoriques du Languedoc oriental et dans son arrière-pays de la bordure
montagneuse du Massif central (Dedet 2008): cela permet de mesurer l'ampleur du
fait culturel du dépôt du très jeune enfant dans l'habitat, à l'échelle de l'ensemble d'une
vaste région et du millénaire de la Protohistoire.
Parallèlement à ces travaux dans les habitats, la multiplication des recherches sur
les nécropoles, incluant, depuis le milieu des années 1970, l'étude des restes osseux
humains, permet d'inventorier les enfants déposés dans ces sites et de les classer par
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âge au décès. Actuellement, dans le cadre géographique et chronologique retenu,
le corpus sur lequel on peut se fonder est fort d'environ 3000 sujets répartis dans de
nombreux ensembles funéraires1, dont 313 enfants de moins de quinze ans, 1271
adultes ou adolescents, et environ 1400 individus d'âge non précisé mais de plus de
six mois. Enfin, pour mesurer la présence relative de chaque classe d'âge, depuis une
dizaine d'années sont appliquées à la Protohistoire les méthodes de la démographie
historique adaptées par P. Sellier (Sellier 1996). Cela permet de comparer les distributions des défunts de ces nécropoles à celles que l'on connaît pour des périodes plus
récentes, établies selon une espérance de vie à la naissance déterminée (Ledermann
1969), de mesurer leur normalité ou au contraire des anomalies, et notamment la
sous-représentation de certaines classes d'âge. Et actuellement un travail d'ensemble
portant sur tous les enfants protohistoriques du Sud de la France que l'on peut
appréhender par les tombes des nécropoles comme des habitats est en cours de publication (Dedet 2008).
Nouveau-nés et nourrissons dans les
nécropoles et les habitats indigènes:
des répartitions très différentes
La grande rareté des nouveau-nés et
des nourrissons dans les nécropoles
Dans le monde indigène du Sud de la France huit ou neuf tombes de pleine nature
abritent des enfants décédés en période périnatale, et à peine plus, douze ou treize
sépultures, des nourrissons de un à douze mois. Les premières se rencontrent au
Moulin de Mailhac2 et à Las Peyros (Aude), à Gourjade (Tarn), au Peyrou d'Agde et à
Viols-le-Fort (Hérault) et à Quézac (Lozère), et les seconds dans les mêmes nécropoles,
Le Moulin, Las Peyros, Viols-le-Fort, Gourjade, et dans d'autres, Ruscino (Pyrénées-
1- En plus des nécropoles qui ont accueilli des tombes de nouveau-né ou de nourrisson et dont on trouvera les
références dans le § Annexe., il s'agit des nécropoles d'Arihouat (Haute-Garonne), du Camp d'Alba (Tarn-etGaronne), du Camp de l'Eglise-Sud (Lot), de la Maladrerie et du Martinet (Tarn), de la Gabache et du Grand
Bassin II (Aude), du Gabelas et de Mourrel-Ferrat (Hérault), des tumulus des Garrigues du Languedoc oriental
en plus de Viols le Fort (diverses communes de l'Hérault et du Gard), des tumulus des Grands Causses en plus de
Pomeyrol (diverses communes de la Lozère, de l'Aveyron et du Gard), des tumulus de Peyraube, de Malausette
et de Pontel (Gard) et des Barracs (Aveyron), des tombes de Vestric (Gard), de Gallière (Hérault) et de Gros Ped
(Var), des tumulus de Ventavon et de Champ Crose (Hautes-Alpes) et des sépultures isolées de La Roussillone
à Nimes (Gard), de Saint-Antoine à Castelnau-de-Guers, de Font de la Vie à Saint-Bauzille-de-Montmel et de
Saint-Martin de Colombs à Fabrègues (Hérault) et de la Rouverette à Saint-Restitut (Drôme) (pour les références
bibliographiques de ces ensembles où ne figurent pas ces très jeunes morts, on pourra se reporter à Dedet,
sous presse).
2- La référence bibliographique de chaque nécropole ou tombe citée dans le texte est indiquée infra § Annexe.
Pour les défunts déposés dans les habitats, nous avons repris la numérotation utilisée dans Dedet, sous presse;
pour eux, la lettre T = tombe observée en place et la lettre S = sujet attesté par des restes osseux en position
remaniée.
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Orientales), Le Causse (Tarn), Saint Julien de Pézenas et Ambrussum (Hérault) (cf. infra
§ Annexe Nouveau-nés dans les nécropoles et Nourrissons dans les nécropoles). S'agissant
presque toujours de tombes à incinération (sauf Viols 7 et Pomeyrol), toute précision
concernant l'âge intra-utérin des nouveau-nés est impossible. En revanche, il apparaît
que la plupart des nourrissons ont au moins 6 mois d'existence.
Ces très jeunes morts font totalement défaut dans d'autres nécropoles de la région
considérée, qui ont fait l'objet d'analyses ostéologiques: Arihouat (Haute-Garonne;
VIIe-début VIe s. av. J.-C.; Müller 1985), Le Camp d'Alba (Tarn-et-Garonne; Bronze
final IIIb-début premier âge du Fer; Janin et alii, 1997), Le Camp de l'Eglise-Sud (Lot;
transition Bronze-Fer; Pons et alii, 2001), La Maladrerie (Tarn; transition Bronze-Fer;
Müller, Lautier 1995), Le Martinet (Tarn; fin VIIIe-début VIe s. av. J.-C.; Giraud et alii,
2003), La Gabache (Aude; transition Bronze-Fer et début premier âge du Fer; Passelac
et alii, 2002), Le Grand Bassin II (Aude; deuxième quart VIe-début Ve s. av. J.-C.; Janin
et alii, 2002), Mourrel-Ferrat (Hérault; fin IVe s. av. J.-C.; Janin et alii, 2000), Ventavon
(Hautes-Alpes; début premier âge du Fer; Mahieu, Boisseau 2000) et Champ Crose
(Hautes-Alpes; début premier âge du Fer; Billy 1998). Et ils ne concernent pas, non
plus, les quelques tombes isolées découvertes dans cette aire géographique3.
Les quotients de mortalité calculés pour cette classe d'âge des moins d'un an sont
compris entre 0 et 81 ‰ selon les nécropoles. Ce sont là des taux beaucoup trop
faibles pour les espérances de vie à la naissance de 25 ans ou de 30 ans qui sont communément admises pour les sociétés préjennériennes (respectivement, taux de 320 et
270 ‰) (Figure 2).
Par rapport à l'ensemble des nécropoles prises en compte, soit une population de
l'ordre de 2700 sujets âgés de plus d'un an, ces quelques sépultures ne représentent
qu'une infime proportion, environ 0,3 % pour les nouveau-nés et 0,4 % pour les
nourrissons. Vu l'importance de la base documentaire et la mortalité attendue pour
cette classe d'âge –dans un tel régime démographique, il meurt environ 25 % des
enfants à la naissance ou dans la première année d'existence– ces tombes ne peuvent
représenter bien évidemment que des cas exceptionnels. Il est donc clair que la très
grande majorité des cadavres des nouveau-nés et des nourrissons de la première année
est écartée du cimetière villageois et qu'elle est déposée ailleurs.
Cependant ces sépultures, qui ne suivent pas la règle, se répartissent tout à fait
régulièrement dans l'espace comme dans le temps, du Bronze final IIIb au milieu du IIIe
s. av. J.-C. En effet, on rencontre les nouveau-nés aussi bien dans le Tarn (Gourjade),
que le piémont de la Montagne noire (Mailhac), la moyenne vallée de l'Aude (Las
Peyros), la basse vallée de l'Hérault (Le Peyrou), les Garrigues du Languedoc oriental
(Viols) ou les Grands Causses (Pomeyrol). Et les nourrissons, quant à eux, sont attestés
également dans le Tarn (Le Causse), le piémont de la Montagne noire (Mailhac), la
moyenne vallée de l'Aude (Las Peyros) et la basse vallée de l'Hérault (Saint-Julien), mais
aussi le Roussillon (Ruscino) ou la région littorale du Languedoc oriental (Ambrussum).
Qu'il s'agisse des uns ou des autres, presque toutes les régions à l'ouest du Rhône sont
concernées, tandis que les contrées dépourvues de telles sépultures, et en particulier
3- Voir note 1.
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Figure 2.– Représentation des défunts de moins d'un an dans les nécropoles protohistoriques du sud de la
France. Colonne 1: nécropoles ou phase de nécropole et datations ; colonnes 2 et 3: répartition des effectifs ;
colonne 3: quotients de mortalité (en ‰). Pour comparaison, tables-types de Ledermann pour une espérance
de vie à la naissance de 25 ans, 30 ans et 35 ans (Ledermann 1969: 86 à 88).
la Provence, sont celles qui n'ont fourni jusqu'à maintenant, que très peu de données
ostéologiques. Et la quasi absence de ces défunts après le début du Ve s. av. J.-C., sauf
à Ambrussum, tient sans doute au fait que très peu de tombes du second âge du Fer
ont à ce jour été découvertes et étudiées dans le monde indigène du Sud de la France.
Ces exceptions ne sont donc pas le fait d'une communauté villageoise particulière, à
un moment donné; au contraire, leur raison d'être peut exister n'importe où, du moins
à l'ouest du Rhône, et n'importe quand.
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Un grand nombre de nouveau-nés
dans les habitats
Actuellement 139 nouveau-nés sont dénombrés dans les habitats indigènes du
Sud de la France (cf. infra § Anexe Nouveau-nés dans les habitats). Pour 46 d'entre eux
il s'agit de tombes en place. Les 93 individus restant ne sont attestés que par des os
épars, mais nul doute cependant que ces vestiges proviennent de semblables sépultures, bouleversées par la poursuite de l'occupation des lieux et des activités domestiques, ou par…la fouille elle-même. Et la quantité de ces derniers pourrait être aisément
augmentée en étendant à d'autres régions le tri systématique des os prélevés au titre
de la faune que nous avons opéré pour le Languedoc oriental et les Grands Causses.
Ces défunts sont morts à la naissance ou très peu de temps après. Pour la plupart,
les trois quarts d'entre eux, ce sont des enfants à terme (10 mois lunaires). Et parmi
le quart restant, les sujets les plus nombreux sont les prématurés proches du terme,
ceux des huitième et neuvième mois lunaires, tandis que les fœtus de moins de six
mois lunaires sont exceptionnels. Ces derniers ne sont attestés que dans la tombe 11
de Lattes: deux fœtus de quatre ou cinq mois lunaires déposés dans la même urne,
sépulture au demeurant très particulière pour la région, par son caractère double et la
présence d'un réceptacle céramique, et par sa date très tardive, le troisième quart du
Ier s. av. J.-C., à la lisière de la Protohistoire et du monde gallo-romain. Cette courbe
des âges au décès des prématurés et mort-nés reflète en fait les données naturelles
et ne marque pas de sélection particulière qui affecterait davantage une période de
la gestation qu'une autre. La quasi-absence de fœtus de moins de six mois s'explique
par une raison biologique: une fois passés les trois premiers mois de grossesse durant
lesquels le risque de fausse couche embryonnaire est important, les naissances de
fœtus entre quatre à six mois lunaires sont rares; par contre le risque de naissance
prématurée augmente fortement à partir de ce sixième mois et s'accroît ensuite à
mesure que se rapproche le terme normal.
Ces défunts se répartissent diversement entre le début du premier âge du Fer et
la fin du Ier s. av. J.-C. Leur rareté au premier âge du Fer, comparée à leur abondance
au deuxième, ne saurait être significative, car elle correspond en fait à la différence
d'extension des surfaces fouillées pour ces deux périodes. La question reste posée
pour le Bronze final IIIb: on ignore à quelle phase du site se rapportent les deux sujets
de Roque de Viou, Bronze final IIIb ou IVe s. av. J.-C. En tous cas, cette coutume est
ancienne dans la région, puisqu'elle est déjà signalée dans des habitats du Néolithique
final et du Campaniforme (Mahieu 1984-1985). Et si elle n'est pas attestée à l'Age du
Bronze antérieurement au Bronze final IIIb, cela est peut-être dû à la rareté des fouilles
et à l'absence de tri des os de “faune” découverts dans cette optique.
Cette distribution paraît homogène sur le territoire pris en compte, même s'il
est impossible, pour l'heure, de déceler des différences quantitatives sur le plan
géographique. En tous cas, Roussillon, Languedoc occidental, Languedoc oriental,
Grands Causses, Provence occidentale et Préalpes du Sud sont concernés, au moins
à un moment ou à un autre. Il est évident que le développement de la recherche
en ce domaine est pour beaucoup dans la forte densité de ces ensevelissements en
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Languedoc; quant au manque dans les régions situées à l'ouest du Cayla de Mailhac,
il est peut-être imputable à la rareté des recherches sur l'habitat protohistorique dans
ce secteur.
On l'a vu précédemment, fœtus, prématurés et mort-nés ne figurent pas, sauf
exceptions, dans les nécropoles et, en dehors d'habitats, aucun autre lieu n'a fourni de
restes de tels défunts. Pour autant l'ensevelissement de ceux-ci dans la sphère domestique constitue-t-il alors le mode normal et exclusif de leur sépulture ?
On peut tenter de répondre à cette interrogation en cherchant à estimer si, quantitativement, les dépôts retrouvés en habitat peuvent constituer la réponse aux très
fortes mortinatalité et mortalité néonatale précoce de ce type de société. Pour cela,
il faudrait pouvoir établir, pour chaque agglomération et par tranche chronologique,
le rapport entre le nombre de nouveau-nés déposés et celui des unités domestiques.
Pour des raisons diverses, liées à l'exiguïté des fouilles, et/ou, souvent, à la méconnaissance de ce fait culturel dans les problématiques de recherches sur le terrain, très
peu de sites permettent d'aborder la question. Parmi ceux-ci on retiendra cependant
particulièrement celui de Gailhan, dans les basses Garrigues du Languedoc oriental
(Dedet et alii, 1991).
De dimensions modestes, 5000 m2 de superficie, ceinturé par un mur, l'oppidum
du Plan de la Tour à Gailhan présente une succession de trois horizons architecturaux
entre le début de Ve et le milieu du IVe s. av. J.-C. Mettons à part le premier de ces trois
villages, couvrant les trois premiers quarts du Ve s. av. J.-C., atteint seulement sur des
surfaces très restreintes, où l'absence de découverte de tout reste d'enfant n'est pas
significative et peut être imputée seulement à l'état des recherches.
Le deuxième village, du dernier quart du Ve s. av. J.-C., fouillé sur environ 700 m2,
a livré dix sujets. Cinq unités domestiques s'y rapportant ont été mises au jour et les
dépôts de morts périnatals les affectent pratiquement toutes, avec des variations de
un à six (Figure 3, A):
- cour domestique 6-7 (unité domestique incomplète): un dépôt;
- lieu non couvert 17/23-2 (unité domestique incomplète): deux dépôts;
- unité domestique 21-18: un dépôt;
- cour domestique 22 (unité domestique incomplète): six dépôts.
Le sous-sol de l'unité domestique n°1 n'ayant pas été fouillé, on se gardera de conclure à une absence d'ensevelissement de mort périnatal dans ce secteur.
D'après leurs dimensions d'ensemble, 40 à 60 m2 de superficie, les aménagements
et l'organisation des exemples les mieux connus (1 et 21-18), ces unités domestiques
correspondent chacune à un groupe restreint d'habitants, de l'ordre de six à huit personnes, sans doute une famille nucléaire comprenant le père, la mère et les enfants
non adultes. Ici, cinq familles et dix périnatals: nous aurions donc en moyenne deux
enterrements de périnatals par famille, sur une durée de l'ordre du quart de siècle, soit
une génération. Une telle proportion est tout à fait en conformité avec une mortalité
de type préjennérien: un couple et six à huit enfants, dont deux meurent à la naissance
ou peu après et sont enterrés dans la maison, deux ou trois autres décèdent encore
avant la fin de leur dixième année et sont déposés en un autre lieu, et deux ou trois
autres survivent jusqu'à l'âge adulte et donc de la procréation.
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Figure 3.- Répartition des tombes de périnatals sur l'oppidum du Plan de la Tourà Gailhan, Gard) (fouilles 19761988). A : le village du dernier quart du Ve s. av. J.-C.; B : le village de la première moitié du IVe s. av. J.-C.
La structure du village de la première moitié du IVe s. av. J.-C., exploré également
sur une surface de 700 m2, est beaucoup moins bien connue du fait des conditions
de gisement. Cependant, les douze ou treize sujets périnatals qui s'y rapportent se
répartissent à peu près équitablement sur l'ensemble du secteur fouillé, indice probable d'une situation semblable à celle de la phase précédente (Figure 3, B). Et cela
est d'autant plus vraisemblable que la superficie de l'agglomération est d'une stabilité
remarquable entre les deuxième et troisième phases, reflet d'une démographie également stable et donc d'une population fermée et stationnaire.
On aurait donc ainsi à Gailhan la réponse systématique à un fait banal pour
l'époque, celui d'une très forte mortalité aux environs de la naissance, et on peut faire
l'économie de l'hypothèse de défunts de cet âge déposés ailleurs. Mais ce modèle est-il
applicable sur d'autres habitats dans la région ?
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Au Puech de Mus, dans le Sud du Massif central, sur le causse du Larzac, les constructions sur poteaux porteurs rendent l'analyse moins précise; toutefois, le secteur de
280 m2 fouillé entre 1995 et 2000 a livré dix sujets, soit un dépôt pour 28 m2, densité
étonnamment proche de celle relevée à Gailhan (23 individus sur 700 m2, un pour 30
m2), pour un laps de temps grossièrement équivalent, milieu et seconde moitié du Ve
s. av. J.-C. (Dedet et alii, 2001) Cela ne révèle-t-il pas une coutume aussi systématique
qu'à Gailhan, le Puech de Mus présentant des unités domestiques de mêmes dimensions que celles de l'agglomération gardoise ?
Pour Lattes, les données actuellement connues sont partielles et ne concernent que
certaines phases de certains îlots d'habitations. Cependant, dans plusieurs maisons,
la fréquence des dépôts se rapproche fort de celle qui est remarquée à Gailhan et au
Puech de Mus: dans l'îlot 1B, entre 375 et 350 av. J.-C., soit pour une durée d'une
génération, les deux pièces 17 et 19 de la maison 103 ont livré les restes de trois individus (Figure 8, B); vers 350, dans la maison 107 contiguë, comportant aussi deux salles,
on a relevé ceux d'un sujet; dans l'îlot 27B, entre 400 et 350, soit deux générations, ce
sont cinq défunts qui ont été placés dans la maison 106 (Fabre, Gardeisen 1999); dans
la seconde moitié du IIIe s. av. J.-C., trois sujets sont déposés dans les pièces 6 et 7 de
l'îlot 1; plus tard, entre 125 et 50 av. J.-C., trois enfants sont ensevelis dans la salle 8 de
l'îlot 4-nord et, entre 75 av. J.-C. et le changement d'ère, trois autres dans la salle 9 du
même îlot (Fabre 1990), sans que l'on sache cependant si ces deux salles font partie
de la même unité domestique.
Cependant de telles densités ne sont pas constatées sur tous les habitats de la
région concernés, loin de là. Certes il est impossible d'interpréter le nombre de sujets
repérés lorsqu'il s'agit de gisements explorés sur des surfaces exiguës ou lorsque les
problématiques des fouilles n'incluaient pas cette question, et même si le tri des os
recueillis au titre de la faune a été effectué a posteriori. Mais sur des sites où les fouilles
ont intégré ce sujet, l'absence paraît significative. Ainsi à Lattes on la remarque dans les
îlots 3 et 20, pourtant étudiés selon les mêmes méthodes que les quartiers qui ont livré
de telles tombes (Fabre 1990; Fabre, Gardeisen 1999: 269-270). Au Puech de Mus,
aucun reste de nouveau-né ne peut être attribué à la phase récente de l'habitat, celle
du IVe s. av. J.-C. A cela il faut ajouter les agglomérations qui n'ont pas fourni pareils
vestiges d'ensevelissements, bien qu'elles aient été largement fouillées, et où, pour
certaines, les os de “faune” ont fait l'objet d'un tri.
Ce déficit sur certains sites, cette absence sur d'autres montrent que, dans le Sud
de la France protohistorique, le sort du cadavre du nouveau-né varie d'un village à un
autre. Dans certains d'entre eux, notamment ceux où la problématique a pu être prise
en compte dès la fouille, le nombre d'ensevelissements découverts dans les maisons
et leurs cours attenantes peut très bien correspondre à la très forte mortalité de cette
classe d'âge dans ce type de société, et pour ces cas il n'est pas nécessaire d'envisager
d'autres réponses. Sur d'autres sites, la répartition des trouvailles paraît dépendre beaucoup de la prise en compte de la question, et on ne peut déduire de la rareté relative
des restes observés que le dépôt en habitat n'était pas exclusif. Mais ailleurs il semble
que cette pratique n'est pas la seule et qu'elle doive coexister avec un rejet à l'extérieur
du village et hors du cimetière, ou bien même qu'elle n'a pas cours du tout et que le
dépôt hors de l'agglomération des vivants est la règle sans que toutefois ces jeunes
morts aient accès au cimetière.
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Figure 4.- Classement des nouveau-nés et des nourrissons provenant des habitats de l'ensemble du Sud de la
France, en fonction de l'âge au décès.
Trop peu de nourrissons dans les habitats
Seulement douze nourrissons âgés d'un à douze mois sont pour le moment connus
dans les habitats (cf. infra § Annexe Nourrissons dans les habitats). Rapportons ces sujets
aux 139 morts en phase périnatale attestés dans la sphère domestique du même cadre
géographique et chronologique: la proportion est donc de l'ordre de 10 % (Figure 4).
Or, dans ce type de société, la mortalité entre un et douze mois est aussi importante
qu'à la naissance et dans le premier mois de la vie. Si les uns et les autres étaient déposés dans les mêmes lieux, on devrait avoir autant de nourrissons que de nouveau-nés.
Il est donc clair que les nourrissons déposés en habitat sont des exceptions, et que,
vu leur faible nombre dans les cimetières, la très grande majorité des défunts de cette
classe d'âge doit être mise ailleurs, dans d'autres lieux que nous ne connaissons pas.
Mais là encore ces cas exceptionnels ne sont pas le fait d'une communauté particulière. Au contraire, ils sont très bien répartis dans l'espace et le temps considérés, et
cette dispersion est tout à fait semblable à celle des périnatals: des environs de 600 av.
er
J.-C. à la seconde moitié du I s. av. J.-C., du Roussillon (Ruscino) au causse du Larzac
(Puech de Mus), au littoral méditerranéen (Lattes), à la plaine bas-languedocienne (Le
Marduel), aux Garrigues (Gailhan), aux Cévennes (Ermitage d'Alès) et jusque dans la
moyenne vallée du Rhône (Bourbousson).
Les pratiques funéraires pour nouveau-nés et
nourrissons dans les nécropoles indigènes
Le traitement du corps et le mode de dépôt
Dans les nécropoles du monde indigène on ne constate pas de secteur réservé aux
rares nouveau-nés et nourrissons qui y sont déposés; au contraire, ceux-ci se mélangent aux autres morts. Et par ailleurs leurs cadavres sont traités de la même manière
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
152
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
que ceux de leurs aînés, enfants plus âgés ou adultes. Dans les régions où l'incinération
est exclusive4, soit les contrées situées à l'ouest du fleuve Hérault pour le premier âge
du Fer, et l'ensemble de la région prise en compte pour le second âge du Fer, ils sont
également incinérés (Ruscino, Gourjade, Le Causse, Le Moulin de Mailhac, Le Peyrou
d'Agde, Las Peyros de Couffoulens, Saint-Julien de Pézenas, Ambrussum). Là, par contre, où l'inhumation règne en maître, et notamment en Languedoc oriental et dans les
Grands Causses aux VIIIe, VIIe et début VIe s. av. J.-C., ils ne sont pas brûlés (tumulus de
Viols 7 et de Pomeyrol). Pour autant, nouveau-nés et nourrissons font toutefois l'objet
de pratiques spécifiques aux uns et aux autres, différentes de celles des défunts plus
âgés.
Aucun des nouveau-nés ne bénéficie d'une sépulture individuelle. Tous sont
accueillis dans la tombe d'un autre trépassé, presque toujours un adulte, à l'exception
de Viols 7 où le nouveau-né côtoie seulement un nourrisson, tandis qu'au Peyrou 185,
en plus de l'adulte, figure aussi un enfant entre 1 et 6 ans.
Par ailleurs, lorsque le mobilier qui accompagne cet adulte est connoté sexuellement5 –ce qui, pour les incinérations, constitue la seule approche possible de la
connaissance du sexe des adultes– il semble désigner une femme (Le Moulin 253 et
285, Gourjade 3, Peyrou 10 et 185). Dans les autres cas, où la symbolique sexuelle est
absente, du moins n'apparaissent pas des objets présumés masculins (Le Moulin 74,
Las Peyros 3). Dans tous ces cas, il semblerait donc que l'on ait affaire à la tombe d'une
mère et de son enfant, décédés en fin de grossesse ou à l'accouchement.
Le mode de dépôt des restes des nourrissons, dans les cimetières villageois, marque une distance plus grande par rapport aux adultes que les nouveau-nés. D'abord,
plus de la moitié d'entre eux bénéficient d'une tombe individuelle, sept sur les treize
inventoriés (Las Peyros 23 et 56, Ruscino 4, Gourjade 246, Le Causse 49, 78, 301).
Ce n'est qu'une petite moitié, six individus, qui partage la tombe d'un ou deux autres
défunts, soit un adulte (Le Moulin 146, Le Causse 737, Ambrussum 7), soit un adulte
et un enfant de 1–6 ans (Saint Julien 98, Le Causse 572), soit un nouveau-né (Viols 7).
Ensuite, pour ces derniers, dans les nécropoles où l'on place les restes osseux dans un
ossuaire, désormais le partage de ce réceptacle n'est plus la règle. Certes, on le rencontre à Saint Julien 98 et au Causse 572. Cependant au Causse 737 les deux défunts
possèdent chacun leur ossuaire propre, et d'ailleurs bien distinct: une grande urne
pour l'adulte et une petite coupe pour le nourrisson, et au Moulin 146 les restes du
nourrisson sont déposés en tas, hors de l'ossuaire de l'adulte (Figure 5).
Le matériel accompagnant le défunt
Plusieurs nourrissons bénéficiant d'une sépulture individuelle sont dépourvus de
tout objet d'équipement ou d'offrande (Gourjade 246, Le Causse 49 et 78). D'autres
au contraire, plus nombreux, sont accompagnés d'un petit mobilier bien particulier.
Ce ne sont pas des vases à offrande, ni des quartiers de viande, ni des objets métalli-
4- Pour un tableau d'ensemble de la répartition des inhumations et des incinérations et de ses variations sur les
plans géographique et chronologique à l'échelle du tiers Sud de la France, voir Dedet 2004a.
5- Sur cette question de la symbolique sexuelle de certains objets, voir Dedet sous presse, dossier 2.
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
153
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
Figure 5.- Exemples de tombes de nouveau-nés et de nourrissons en nécropoles. Le Moulin à Mailhac, Aude:
tombe 285, un nouveau-né et un adulte dans le même ossuaire, Bronze final IIIb ; tombe 253, restes d'un
nouveau-né entre la dalle de fermeture de l'ossuaire d'un adulte et celle qui ferme le loculus de la tombe,
Bronze final IIIb (d'après Taffanel, Janin 1998). Le Causse à Labruguière, Tarn: tombe 301, nourrisson de 6 à
12 mois dans une tombe individuelle, transition Bronze-Fer ; tombe 737, nourrisson de 7 à 12 mois dans une
tombe partagée avec un adulte, avec ossuaires individuels, VIIe s. av. J.-C. (d'après Giraud et alii, dir. 2003). Les
ossuaires et les objets mobiliers sont figurés au 1/4; les plans des tombes sont orientés nord vers le haut de la
page.
ques de grande dimension qui sont déposés dans la tombe, mais de petits objets, une
fusaïole (Le Causse 301, Viols 7) ou bien de petits anneaux ou des perles en bronze,
en fer ou en ambre (Ruscino 4, Le Causse 301, Las Peyros 23). Perles et anneaux ont
dû faire partie de colliers ou d'objets portés en sautoir, comme le montre le nourrisson
inhumé dans l'habitat de Ruscino (Ruscino 5209), et sans doute ces colliers ont-ils un
but prophylactique; nous y reviendrons ci-dessous à propos des nourrissons enterrés
dans les maisons. Seul le petit mort de Las Peyros 56, mais c'est là une exception, possède un accompagnement plus abondant et diversifié: deux fibules, des armilles, une
pince à épiler et des tessons de poterie.
Ces deux comportements, accompagnement ou non d'objets, pourraient en fait
correspondre à deux âges différents parmi les nourrissons. En effet ceux qui sont équipés d'un simple anneau, d'un collier ou de quelque autre petite pièce ont toujours six
mois ou plus (Las Peyros 23 et 26, Ruscino 4, Viols 7 et Le Causse 301). Cet âge correspond-il à un seuil à partir duquel on pourrait munir le défunt de ces petits objets ?
La documentation disponible ne permet pas d'être affirmatif: on ne connaît pas l'âge
précis des deux nourrissons du Causse 49 et 78, dépourvus de tout objet; auraient-ils
moins de six mois ? Au demeurant, une distinction par l'âge vers six mois ne serait pas
complètement systématique puisque le bébé d'environ douze mois de Gourjade 246
n'est, lui, accompagné d'aucun mobilier.
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
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BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
Pour les périnatals des nécropoles, qui partagent toujours la sépulture d'un autre
mort, on ne peut être assuré d'une attribution, ou non, d'un quelconque mobilier.
Cependant, l'absence de toute pièce spécifique et la tendance observée chez les
nourrissons les plus jeunes, semblent indiquer que les nouveau-nés, eux non plus, ne
bénéficient pas d'un dépôt d'objets en propre.
Le tableau qui ressort de ces quelques nouveau-nés et nourrissons déposés dans
les nécropoles est, en définitive, contrasté. Certains des usages relevés sont semblables
à ceux qui s'appliquent aux adultes; c'est le cas de l'incinération du corps et du dépôt
dans un vase ossuaire, dans la région où la pratique incinératoire est la règle pour les
autres morts. Mais par d'autres traits, ces tombes se mettent plus ou moins nettement
à part: les nouveau-nés partageant la tombe d'un adulte très probablement féminin,
sans doute la mère; les nourrissons se rattachant à des comportements minoritaires
dans ces nécropoles, comme le caractère double de la tombe ou l'absence de mobilier,
ou ayant des usages propres comme la taille réduite de l'ossuaire. En même temps, les
sépultures de nourrissons se distinguent de celles des nouveau-nés, soit par des dépôts
individuels plus fréquents, soit, pour les tombes multiples, par un ossuaire propre,
soit encore par l'accompagnement de quelque objet et notamment, pour les plus de
six mois, un pendentif servant d'amulette, autant de traits qui reflètent une situation
intermédiaire.
Les pratiques funéraires pour les nouveau-nés
et les nourrissons des habitats indigènes
Un cadavre jamais brûlé
Lorsqu'il est placé dans l'habitat, le cadavre du nouveau-né, prématuré ou à terme,
comme celui du nourrisson, n'est jamais brûlé. Cette règle s'applique durant l'ensemble
des deux âges du Fer (et peut-être dès le Bronze final III b si telle est la datation des
sujets de Roque de Viou), et se note dans toutes les régions documentées, Roussillon,
Languedoc occidental et oriental, Grands Causses, Provence occidentale et Alpes du
Sud. Elle est d'autant plus remarquable que, dans le Sud de la France, pour les autres
morts déposés dans les tombes de pleine nature, le traitement du corps varie selon
la période et la contrée, et que le rapport entre défunts incinérés ou non, loin d'être
stable, est en constante évolution au profit de l'incinération durant le dernier millénaire
avant notre ère (Dedet 2004a).
Au premier âge du Fer, les nouveau-nés inhumés dans les habitats du Roussillon et
du Languedoc occidental, à Ruscino, au Port de Salses, à Montlaurès, à La Monédière
comme au Cayla de Mailhac, se placent dans un contexte où l'incinération est exclusive pour les défunts accueillis dans les nécropoles villageoises, adultes et enfants, y
compris les très rares nouveau-nés. L'opposition ici est totale. En Languedoc oriental, si
le nouveau-né inhumé au Mas-Saint-Jean au VIIIe ou au VIIe s. av. J.-C. est en adéquation avec le rite en vigueur alors très majoritairement dans les tumulus de la région,
il n'en va pas de même un peu plus tard, au VIe s., de ceux qui sont ensevelis à La
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NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
Figure 6.- Exemples de tombes de nouveau-nés en habitats. Tombes A1 et A4 du Plan de la Tour à Gailhan,
Gard: nouveau-nés à terme déposés dans une fosse, respectivement première moitié du IVe et dernier quart du
Ve s. av. J.-C. (relevé et cliché H. Duday). Tombe 4 du Marduel à Saint-Bonnet-du-Gard: nouveau-né à terme,
déposé dans une fosse, fin du IVe s. av. J.-C. (cliché M. Py et relevé H. Duday). Tombe 4 de Lattes, Hérault:
prématuré de 6 mois lunaires déposé dans une urne; second quart du Ier s. av. J.-C. (relevé V. Fabre). Tombe 8
de Lattes: nouveau-né à terme, déposé dans une adobe de mur, première moitié du IVe s. av. J.-C. (cliché J.-C.
Roux).
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
156
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
Liquière puisque, alors, l'incinération est devenue exclusive pour les morts des tombes
des nécropoles. La différence est encore plus nette pour le second âge du Fer, durant
lequel l'usage de la crémation est absolu pour les tombes des nécropoles, dans tout le
Sud de la France à l'exception du cœur des Alpes méridionales. Le fait qu'aucun des
fœtus, nouveau-nés et nourrissons déposés en habitat ne soit alors brûlé constitue
donc une norme, partout bien différente du traitement des autres morts. Et norme
immuable aussi puisque aucune évolution n'a lieu entre les tout débuts et l'extrême fin
de l'âge du Fer, à l'inverse de ce qui se produit sur ce plan pour les défunts plus âgés
placés dans les cimetières.
Des tombes individuelles
Sur les 46 sépultures de nouveau-nés observées en place dans les habitats, une
seule, Lattes 11, est une tombe double. Mais celle-ci est bien particulière car, outre sa
date tardive, le troisième quart du Ier s. av. J.-C., elle regroupe les deux fœtus les moins
âgés de tout le corpus (4 ou 5 mois lunaires), sans doute en fait des jumeaux. La normalité ici c'est donc bien le caractère individuel de l'ensevelissement du nouveau-né
en habitat, et cela est en total contraste avec les nécropoles où ce défunt accompagne
toujours un adulte (Figure 6). Et en ce domaine, le même usage concerne nouveaunés et nourrissons: toutes les tombes de nourrissons en place dans les habitats, sept en
tout, sont également individuelles (Ruscino 5209, Puech de Mus 5, Gailhan A6, Lattes
22, L'Ermitage 1, Sainte-Colombe 1, Bourbousson 1) (Figure 7).
Des ensevelissements en fosse
Avant la fin du Ier s. av. J.-C., ces très jeunes morts gisent tous en dépôt primaire
dans une petite fosse creusée juste aux dimensions du corps. C'est une règle qui ressort
de la fouille de tous les squelettes trouvés en connexion anatomique. Et de ce fait, le
caractère remanié ou lacunaire des autres découvertes doit être imputé à des perturbations postérieures au dépôt, la poursuite des activités domestiques, plutôt qu'à la
pratique du dépôt secondaire après décharnement préalable.
Des positions variées, moins codifiées
que pour les adultes inhumés
Déterminée pour vingt-sept nouveau-nés et cinq nourrissons, la posture du corps
est variable. Cependant les positions couchées sur le dos ou sur le côté gauche dominent largement, et sont aussi fréquentes les unes que les autres: dix nouveau-nés
et deux nourrissons sur le dos, dix autres nouveau-nés et un nourrisson sur le côté
gauche. Les autres positions sont moins répandues: trois nouveau-nés couchés sur le
ventre, deux nouveau-nés et deux nourrissons sur le côté droit, et deux nouveau-nés
en position intermédiaire, côté droit/dos ou côté droit/ventre. Les sites les mieux documentés, Gailhan, Lattes ou Puech de Mus, ne montrent aucune préférence locale particulière en ce domaine. Cette distribution de la position générale du cadavre diffère
sensiblement de celle des morts plus âgés quand ils sont placés en dépôt primaire non
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NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
Figure 7.- Exemples de tombes de nourrissons en habitats. Tombe A6 du Plan de la Tour à Gailhan, Gard:
nourrisson âgé de 1 à 3 mois, déposé dans une fosse, dernier quart du Ve s. av. J.-C. (relevé H. Duday). Tombe
5209 de Ruscino à Perpignan, Pyrénées-Orientales: nourrisson âgé de 6 mois ou plus, déposé dans une fosse,
avec un pendentif placé au cou, composé d'anneaux en bronze, de perles en ambre ou en corail et d'une crache
de cerf (n° 1 à 3), premier quart du VIe s. av. J.-C. (d'après Marichal, Rébé 2003; relevé V. Fabre). Localisation de
la tombe 5209 de Ruscino dans l'habitation 1 (d'après Marichal, Rébé 2003).
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
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BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
brûlé: la position couchée le dos est très largement majoritaire dans les tumulus des
Alpes du sud, des Garrigues ou des Grands Causses (par exemple, pour cette dernière
contrée, 71 % des 51 individus dont la posture est connue; Dedet 2001: 273).
De petits corps non emmaillotés
La disposition des membres de ces cadavres de nouveau-nés et de nourrissons est
révélatrice d'un fait culturel important. Les membres inférieurs sont, sauf exception,
fléchis ou repliés, les genoux serrés et ramenés en avant du ventre lorsque le flexion de
la cuisse est forte, ou au contraire très écartés. Les membres supérieurs peuvent être
allongés le long du corps, à peine fléchis, mais, dans de nombreux cas, ils sont repliés
au niveau des coudes et ceux-ci s'écartent alors du corps, tandis que les mains viennent
au contact du tronc ou de la tête. Parfois, encore, ils sont étendus en abduction ou
au-dessus de la tête. Et également très signifiante est l'absence de symétrie des deux
membres supérieurs, chacun d'eux pouvant admettre une posture très différente.
Pareille asymétrie se rencontre également parfois pour les membres inférieurs. Tout
cela révèle que ces corps n'étaient pas serrés dans une enveloppe contraignante, et,
en particulier, n'étaient pas emmaillotés avant d'être mis en terre. Or les médecins de
l'Antiquité gréco-romaine ont souligné à maintes reprises l'importance d'un emmaillotement très serré dès la naissance et pour plusieurs semaines, membres supérieurs
plaqués le long du corps, membres inférieurs en extension et joints; et en Gaule
romaine, nombreuses sont les représentations figurées de bébés emmaillotés comme
des momies (Coulon 2003: 152). Cette pratique est censée prévenir les déformations
corporelles, et en particulier celles des membres considérés comme beaucoup trop
fragiles et malléables, mais surtout elle “contribue à humaniser le nouveau-né en le
faisant passer de la position fœtale à la station verticale” (Dasen 2003a:150). Enterrer
le mort-né ou le bébé protohistorique nu et les membres plus ou moins en position
fœtale ou écartés pourrait donc signifier qu'il n'était pas considéré comme “humain”.
Les fosses
Rares sont les fosses dont le plan est connu de manière satisfaisante. Pour les
nouveau-nés, Ruscino 1, Puech de Mus 1, Mas Saint Jean, Gailhan A4, Marduel 4,
les longueurs sont comprises entre 45 et 65 cm et les largeurs entre 20 à 50 cm. Les
dimensions des fosses des nourrissons sont semblables: 40 sur 25 cm pour Gailhan A6,
âgé de un à trois mois, et 66 sur 36 cm pour celui de Ruscino 5209, âgé d'au moins 6
mois. Dans ce dernier cas, le plan est grossièrement anthropomorphe, plus large pour
le haut du corps que vers les membres inférieurs (Figure 7).
La profondeur du creusement est également très difficile à apprécier car il est rare
que l'on connaisse le niveau d'ouverture. Dans quatre cas cependant elle a pu être
évaluée: 12 cm au Mas Saint Jean, 14 cm à Gailhan A4 et 38 cm au Marduel 4, pour
des nouveau-nés; 25 cm à Ruscino 5209 pour un nourrisson. Et celle du Mas Saint Jean
est sûre puisque le sommet du comblement est recouvert par une dalle. La plupart
du temps, le creusement est effectué à travers les couches de sédimentation humaine
préexistantes. Il peut atteindre le substrat rocheux, comme pour la tombe 1 du Puech
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
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NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
de Mus où une dépression naturelle du socle calcaire a été mise à profit et son fond a
peut-être été régularisé.
Le comblement de cette structure se fait juste après le dépôt du cadavre, la position des différentes pièces osseuses indiquant, en effet, presque toujours une décomposition en espace colmaté. Ce remplissage est opéré avec le même sédiment que
celui qui a fait l'objet du creusement. Le corps est placé directement dans la fosse, sans
l'intermédiaire d'un quelconque coffre ou cercueil, mais sans que l'on puisse toutefois
écarter l'hypothèse de la présence d'un sac ou d'un linceul. La tombe Ruscino 5209
marque toutefois une exception en ce domaine: le corps du nourrisson s'est en effet
décomposé dans un espace vide; il devait se trouver dans une enveloppe en matière
organique, écorce, bois ou fourrure, qui a laissé des traces brunes dans le sédiment
entourant le squelette.
A côté de ces dépôts primaires, la présence d'un os isolé incorporé à la terre
d'une adobe d'un mur du second quart du IVe s. av. J.-C. de Lattes pose un problème
d'interprétation (Lattes sujet 14). Il s'agit d'un fémur de 77 mm de long, se rapportant
à un nouveau-né à terme. Cette présence marque-t-elle un tel dépôt secondaire ou
bien une adjonction sans intention à caractère funéraire ou rituel ? La seconde hypothèse paraît la plus probable, car la terre servant à confectionner les adobes inclut
normalement des cailloux, des galets, des tessons, des morceaux d'os, des charbons de
bois. Certes de tels éléments dépassent rarement 2 mm, cependant d'après les analyses granulométriques effectuées sur douze échantillons de briques crues de Lattes, on
peut en rencontrer jusqu'à 5,1 % de taille supérieure (de Chazelles 1996: 259).
En définitive, du début du premier âge du Fer à la première moitié du I er s.
av. J.-C., il existe dans le sud-est de la France une habitude ou un modèle culturel
d'ensevelissement du nouveau-né en habitat, qui intéresse d'ailleurs aussi bien les
enfants à terme que les prématurés ou les fœtus sans distinction aucune, et éventuellement certains nourrissons. Certes la formule souffre une certaine latitude quant à la
position générale du corps ou de détails des membres, ou encore l'orientation de la
tombe sans que cela soit lié à l'âge au décès, mais l'inhumation directe dans une fosse
apparaît comme une règle stricte. Cette dernière s'atténue cependant dans la seconde
moitié du Ier s. av. J.-C.
Des dépôts en urne dans la seconde moitié du Ier s. av. J.-C.
En effet, à Lattes uniquement, à partir du milieu du dernier siècle avant notre ère
apparaît un autre mode de dépôt du cadavre. Pour trois des quatre tombes de cette
époque connues sur ce site, une urne sert de réceptacle accueillant le corps, celui d'un
nouveau-né à terme (tombe 3), d'un prématuré de 6 mois lunaires (tombe 4; Figure 6)
et ceux, groupés, des deux fœtus de la tombe 11. Cet usage, on le voit, concerne
toutes les classes d'âge de ces très jeunes morts. Au moins pour les tombes 3 et 11 ce
récipient est lui-même placé dans une fosse, et cette dernière, ainsi que le vase, ont
été rapidement comblés de sédiment. Cette coutume d'utiliser une urne pour abriter
le corps du nouveau-né, bien connue dans la colonie grecque de Marseille (cf. infra §
Le cas de Marseille grecque, des pratiques étrangères) et dans la péninsule ibérique, n'est
pas attestée ailleurs pour le moment dans le monde indigène du Sud de la France, ni
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
160
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
même à une autre période dans l'agglomération lattoise. Elle apparaît comme une
pratique tardive et marginale, et d'ailleurs, à Lattes à cette même époque, elle ne remplace pas totalement le dépôt du corps directement en fosse, comme en témoigne la
tombe 2 qui reproduit le schéma traditionnel.
Un cas exceptionnel de dépôt effectué dans un mur
En marge de ces sépultures placées sous le sol de la maison ou de ses abords figure
une exception. A Lattes, dans la première moitié du IVe s. av. J.-C., un nouveau-né à
terme est inhumé dans une adobe de l'élévation d'un mur de refend séparant deux
salles d'une maison de l'îlot 1B (tombe 8; Figures 6 et 8, A) (Fabre, Gardeisen 1999:
260-262). Ce dépôt peut relancer le débat sur d'éventuels rites destinés à assurer la
protection de la maison, mais, hormis sa situation, il ne diffère pas des autres ensevelissements de périnatals en habitat. Son caractère exceptionnel tend à en réduire la
portée, d'autant que la fouille n'a pas permis de définir si le corps a été déposé pendant
la fabrication de cette adobe ou introduit dans une cavité creusée ultérieurement. Une
question reste cependant posée: de tels dépôts dans l'élévation ou la fondation des
murs des maisons n'apparaîtraient-ils pas plus nombreux si ces structures bâties étaient
systématiquement démontées ?
Absence de tout matériel accompagnant les nouveau-nés
On n'équipe le défunt nouveau-né d'aucun ustensile nécessaire dans la vie, ni
d'aucune pièce d'habillement ou de parure, à l'inverse des morts plus âgés des nécropoles; pas de reste d'offrande non plus. Ce manque de tout accompagnement ne
relève pas seulement d'un rituel affaibli ou inexistant pour un mort jugé sans importance. Il revêt surtout une signification bien particulière qu'éclaire le comparatisme
ethnologique ou historique. En effet dans de très nombreuses sociétés traditionnelles,
comme aussi en Grèce ancienne et chez les autres Indo-européens, les objets personnels du mort placés dans sa tombe symbolisent ce qu'était l'individu avant son décès,
ils en soulignent ou en reflètent sa personnalité, ils expriment le rapport du défunt
avec la société des vivants. Mieux, chez beaucoup de peuples, les objets qui ont été
le plus en relation avec le trépassé durant la vie font partie de son individualité, ils
sont une partie de lui-même, que L. Lévy Brulh nomme les “appartenances” du mort
(1927: 318-323). Et après la libération de leur double, ils sont censés servir au double
du défunt dans l'au-delà. Il est donc inutile d'en pourvoir des nouveau-nés, qui n'ont
pas eu le temps de développer leur individualité aux yeux de l'entourage, et qui n'en
ont pas besoin dans l'autre monde.
Pas d'objet d'accompagnement, sauf
pour le nourrisson le plus âgé
Ce manque concerne aussi les nourrissons les plus jeunes. Six des sept nourrissons
découverts en place dans les habitats (Sainte Colombe 1, Bourbousson 1, Puech de
Mus 5, l'Ermitage 1, Gailhan A6 et Lattes T22) sont âgés de quelques semaines à trois
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
161
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
mois, et aucun de ces cadavres n'est accompagné d'objet. Le seul bébé qui ne suit pas
cette règle, Ruscino 5209, est mort à six mois au moins; il porte un collier en sautoir
comprenant cinq anneaux en bronze auxquels sont accrochées trois perles en ambre,
une perle en corail et une crache de cerf (Figure 7, B, 1-3). Le rapprochement avec
les nourrissons des nécropoles s'impose: certes, dans ces dernières, on ne connaît
pas sûrement de nourrisson d'un à trois mois en tombe individuelle, mais en tous
cas presque tous ceux de plus de six mois sont munis de quelques menues pièces et
notamment des perles en ambre et/ou de petits anneaux (Ruscino 4, Le Causse 301,
Las Peyros 23). Ce seuil de six mois à partir duquel on peut doter le jeune défunt d'un
petit objet, pressenti pour les individus placés dans les nécropoles, paraît trouver ici
confirmation.
Un objet spécifique, le collier
Au demeurant, c'est un objet bien spécifique, ce collier attribué à presque tous ces
bébés de plus de six mois, et dont ne sont munis ni les nouveau-nés ni les enfants plus
grands. Petits anneaux ou perles en bronze, en fer, en ambre ou en corail, crache de
cerf, autant de matières dans lesquelles l'Antiquité classique attribue une valeur protectrice. Pline l'Ancien le reconnaît pour l'ambre: “attaché aux jeunes enfants en manière
d'amulette, il (l'ambre) est bénéfique” (H.N. XXXVII, 51). Le corail, en plus d'emplois
proprement médicinaux (Magdelaine 2000), est censé préserver du mauvais œil et
de tout danger (Pottier in Daremberg et alii,1877-1919: 1504), et Pline évoque la
protection magique qui lui est assignée pour la petite enfance: “des rameaux de corail
mis en amulette au cou des enfants passent pour être des préservatifs” (H.N. XXXII, 11).
Quant au cerf, les Anciens lui confèrent une longévité hors du commun et une résistance particulière aux maladies. Toujours selon Pline, “cet animal n'est pas sensible aux
fièvres et même il les guérit” (H.N. VIII, 119). Enfin, les objets métalliques, de manière
générale, ont aussi la réputation d'écarter les esprits malfaisants, notamment par le son
qu'ils produisent (Dasen 2003b: 174). Ce n'est donc pas une simple parure que l'on
attribue à ces nourrissons; il apparaît plutôt une volonté de protection, renforcée dans
plusieurs cas par l'utilisation de plusieurs matières, d'une certaine façon “multirisques”.
Mais hormis ce collier, on ne confie, presque toujours, rien d'autre pour l'au-delà à ces
bébés.
L'association d'une sépulture de nouveau-né ou de nourrisson avec un dépôt
animalier est tout à fait exceptionnelle dans le Sud de la France. Le seul cas attesté, la
tombe 4 de Lattes, est par ailleurs bien particulier, aussi, puisque le corps, celui d'un
prématuré de 6 mois lunaires, est contenu dans une urne, et qu'il date du second quart
du Ier s. av. J.-C. (Fabre 1990: 397-400). Ce vase réceptacle jouxte une seconde urne
qui enferme deux pattes d'oiseaux différents et une monnaie de Marseille en bronze
et qui surmonte le squelette d'un chiot mort-né. Deux autres sépultures lattoises se
trouvent à proximité d'un chiot, la tombe 9 datée de la première moitié du IVer s. av.
J.-C., ou de deux chiots, la tombe 24 du premier quart du Ier s. av. J.-C. Mais dans ces
deux cas la relation tombe-dépôt animalier ne peut être établie avec quelque certitude: il n'y a pas de réel lien topographique puisque les chiots sont à 0,3 et 0,4 m des
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
162
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
tombes, et ailleurs à Lattes, de tels dépôts de jeunes chiens ou d'autres animaux éloignés des tombes de nouveau-nés humains sont relativement nombreux.
Une répartition dispersée dans
l'espace domestique
Aucune des agglomérations concernées par ces ensevelissements ne possède de
bâtiment ou d'aire où auraient été regroupés ces jeunes défunts. Au contraire, partout
où les fouilles ont eu quelque ampleur, à Nages, à Lattes, à Gailhan, au Puech de Mus
ou encore au Marduel, c'est une grande dispersion de ces dépôts que l'on remarque.
Cependant cet éparpillement obéit à une règle: il marque toujours un lien très étroit
avec la sphère domestique.
En effet, sur tous ces sites, comme sur les autres où des portions de voirie ont été
dégagées, aucune tombe n'a été découverte dans une rue ou un espace de circulation
public ou communautaire. C'est particulièrement net à Lattes ou au Marduel. Au Puech
de Mus, le seul secteur où manquent ces sépultures est justement un espace rectiligne
allongé de 4 m de large, séparant deux groupes de bâtiments et permettant d'accéder
au rempart. A Nages, la plupart des restes de tombes démantelées proviennent également de l'intérieur des maisons; les os d'individus découverts dans les dépotoirs situés
contre le rempart à l'extérieur ou dans un caniveau, sont en position secondaire et ont
toutes chances de provenir de salles d'habitation comme l'indique le reste du matériel
composant ces accumulations (Dedet, sous presse). En fait, partout, c'est bien en association physique avec la maison que se placent ces tombes. Mais, par rapport à celle-ci,
la localisation varie évidemment en fonction des principes d'organisation propres à
chaque agglomération.
A Lattes, où les cours domestiques sont très rares, du IVe au Ier s. av. J.-C. les ensevelissements se font presque toujours à l'intérieur d'une salle, soit indifféremment celle
consacrée à la réserve des nourritures et à la préparation des repas, soit celle dédiée
au repos (Figure 8, B). Un seul des vingt-quatre sujets lattois (Lattes S16) est attesté
dans une cour. A La Ramasse au IVe s. (UD 3) et au Marduel au IIe s. av. J.-C. (maison
122), autres agglomérations à trame urbaine très resserrée, c'est à l'intérieur de la salle
unique et polyvalente de la maison que se font les enterrements.
A Gailhan, l'organisation des deux villages successifs, dans le dernier quart du Ve
et la première moitié du IVe s. av. J.-C., est beaucoup plus aérée. Chaque unité domestique comprend un bâtiment d'une ou deux salles et une cour clôturée. Ces cours
font partie intégrante des maisons et, avec foyers culinaires, fosses, aires de travail et
de séchage, structures de conservation et zones de rejets, elles servent tout autant de
lieu de vie que les cellules couvertes. Inhumer les très jeunes enfants dans les cours
c'est donc rester au cœur des espaces domestiques, et c'est dans ces lieux qu'ont été
retrouvées la plupart des tombes (A1et B1 dans la cour 15A; A2 dans la cour 17; A3,
A4, A5 et B4 dans la cour 22; B5 dans la cour 24-1). Cependant, la partie couverte de
la maison peut aussi être concernée, ainsi la salle d'habitation polyvalente de l'unité
domestique 21-18 (tombe B3) (Figure 3).
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
163
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
Figure 8.- Exemples de localisation de tombes de nouveau-nés et de nourrissons en habitats. A: Plan de la Tour
à Gailhan, Gard, cour domestique 22, tombes en fosses, dernier quart du Ve s. av. J.-C. (d'après Dedet, sous
presse). B: Lattes, Hérault, maison 103 (tombe 7 en fosse, tombe 8 et un reste du sujet 14 dans des adobes de
murs), première moitié du IVe s. av. J.-C. (d'après Fabre, Gardeisen 1999). C: Montlaurès, à Narbonne, Aude,
quartier de la source (fouilles 1989-1993) ; tombes 1, 2, 3 et 5, début du Ve s. av. J.-C. ; tombe 3, IIIe s. av. J.-C.
(d'après de Chazelles 1997).
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
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BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
Le quartier de la source à Montlaurès présente, pour le début du Ve s. av. J.-C.,
un schéma semblable à celui de Gailhan: les tombes 1, 2 et 3 se placent dans la cour
domestique de la maison 1, tandis que la tombe 5 se trouve à l'intérieur du bâtiment
7 dont la fonction n'a pas été élucidée (Figure 8, C).
Au Puech de Mus au milieu du Ve s. av. J.-C., malgré la difficulté à lire les plans des
constructions sur poteaux porteurs, les situations sont variées. Trois sépultures sont
installées à l'intérieur de bâtiments interprétés comme des habitations: T 7 dans le
bâtiment 2, T 8 dans le 5 et T 13 dans le 11. Contre la paroi septentrionale de cette
maison 11, mais à l'extérieur dans un étroit espace longeant le rempart et qui a pu
servir de cour, figurent également deux autres dépôts, les tombes 12 et 14. Le bâtiment 6 est pourvu, à l'extérieur, de deux autres sépultures, T4 et T6, contre ses parois
nord et sud. Ce petit édifice rectangulaire est interprété comme un grenier, mais une
habitation (bâtiment 10) n'est qu'à deux mètres au sud de la tombe 6 et l'espace entre
les deux constructions, limité vers l'est par un alignement de trous de poteaux, a pu
jouer le rôle de cour domestique. Cependant au Puech de Mus on rencontre aussi une
autre situation bien particulière: trois sépultures, T 1, T 2 et T 3 sont en périphérie
d'un hangar (bâtiment 3) qui a servi de forge, sans que l'on sache toutefois si celle-ci
fonctionnait ou était désaffectée au moment où ces dépôts ont été effectués (Dedet et
alii, 2001; Dedet, sous presse).
Au Cayla de Mailhac, même si on ne connaît pas le détail de chaque tombe, ni
l'âge précis de chaque jeune défunt, un premier décompte fourni par V. Fabre (1990,
p. 408-409) montre que c'est ici l'intérieur des salles d'habitation qui est privilégié:
deux cas dans le secteur 13, six dans le secteur 17, deux dans le secteur 22, deux dans
le secteur 27, cinq dans le secteur 33 et deux dans le secteur 40. Une cour domestique
cependant, dans le secteur 22, reçoit aussi deux tombes, et un cas est signalé hors
d'une salle, sans autre précision (secteur 17). L'association à la maison ressort également de sites dont la fouille est plus limitée: à l'intérieur de l'édifice pour la tombe
1 du Baou de Saint Marcel, à l'extérieur mais tout près d'elle pour la tombe 1 de La
Monédière, dans les deux cas au VIe s. av. J.-C. On peut encore déduire une localisation
dans une habitation pour la découverte des restes épars des deux sujets de La Liquière
et de celui du Roc de l'Aigle.
Des cas de groupements familiaux de
tombes sur une surface réduite
Même si la tombe isolée est bien attestée, le dépôt de plusieurs jeunes défunts,
deux ou davantage, dans la même maison, voire la même cellule architecturale, est
une pratique courante dans tous ces habitats. Au dernier quart du Ve s. la cour 22 de
Gailhan rassemble cinq sépultures de mort-nés auxquelles s'ajoute une de nourrisson.
Au IVe s. deux individus voisinent par exemple dans l'UD 3 de La Ramasse ou dans la
salle 11 du Marduel. La maison de l'îlot 4-nord de Lattes abrite quatre individus dans
ses deux salles durant la première moitié du Ier s. av. J.-C. (tombe 4 et sujet 19 dans
la salle 8 et tombes 3 et 5 dans la salle 9), et en reçoit un cinquième quelques années
plus tard (sujet 20 dans la salle 9). Et au Puech de Mus le regroupement peut se faire
aussi en périphérie d'édifices, deux sujets autour du bâtiment 6 ou trois autour des
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165
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
bâtiments 3 et 11. Même cellule architecturale et souvent même laps de temps, et
nombre limité de sujets, de un à trois ou quatre, jamais plus: tout indique que l'on est
en présence de groupements familiaux.
Parfois le rassemblement de plusieurs tombes contemporaines se fait sur une surface très réduite. Ainsi, dans la cour 22 de Gailhan, les deux nouveau-nés A3 et A4 sont
à 1,5 m de distance l'un de l'autre, et un nourrisson (A6) à moins de 0,7 m du dernier
(Figure 8, A). A Montlaurès, ce sont trois sépultures de nouveau-nés qui sont installées
à moins d'un mètre de distance les unes des autres dans la cour-terrasse de la salle 1
(Figure 8, C). Pour ces deux cours on peut déduire que les dépôts ont été signalés en
surface ou qu'ils ont été effectués dans des intervalles de temps suffisamment courts,
comme le sont des décès successifs de frères ou de sœurs, pour que le souvenir de
l'emplacement se soit maintenu de l'un à l'autre. Et cela pose la question de la signalisation ou de la protection de ces tombes.
Les ensevelissements sont-ils signalés ou protégés en surface ?
Les témoignages directs de signalisation ou de protection sont exceptionnels. On
relève quelques cas de recouvrement de la tombe par des éléments pierreux: un bloc
de dolomie de dimensions nettement supérieures à celles du solin voisin est disposé
sur le corps de la tombe 4 du Puech de Mus; le comblement des fosses des tombes 4
du Marduel et du Mas Saint Jean est surmonté par des dalles qui émergent à la surface
du sol d'habitat à partir duquel la sépulture a été creusée. Parfois aussi on a noté la
présence d'une pierre dressée en position verticale au bord même de la fosse, sans que
l'on soit certain toutefois d'une association volontaire, ni que ces éléments aient joué
le rôle de stèles rudimentaires: c'est le cas des tombes 1 et 2 du Puech de Mus et A3
de Gailhan; et pour la première de ces sépultures il n'est pas inintéressant de noter que
la pierre en question est un calcaire étranger au site. Il en va de même de la tombe
9 de Lattes, installée contre une grosse pierre rectangulaire. Ailleurs on ne dispose
d'aucun indice direct, mais il est vrai que de tels dispositifs sont fragiles et ont toutes
chances d'être endommagés ou de disparaître lors de la poursuite de l'occupation et
de l'utilisation des unités domestiques.
A côté de ces vestiges matériels, existent aussi des témoignages indirects. Une
protection effective, même si ce n'est pas la raison première, apparaît parfois, comme
à la Ramasse où les deux dépôts de l'unité domestique 3 ont été découverts dans
les banquettes courant tout autour de la salle d'habitation. Au Cayla de Mailhac, à
la Monédière, à Montlaurès, à la Ramasse, au Puech de Mus, à Lattes ou encore au
Marduel la localisation d'un certain nombre de ces ensevelissements près des murs
ou des parois, parfois même tout contre la base de ceux-ci, ou dans des angles, a pu
avoir le même effet. Mais, bien sûr, les tombes qui ont été découvertes en place tout
près des murs n'étaient pas les seules dans ces unités domestiques, comme l'attestent
amplement les os de nouveau-nés rencontrés épars; et la périphérie d'une cellule est
sans doute plus protégée des remaniements consécutifs à l'occupation humaine.
Au chapitre du témoignage indirect, on peut noter aussi qu'on n'a jamais observé
de recoupement d'une tombe par une autre. Au contraire, dans les cas de groupements très rapprochés comme ceux de la cour 22 de Gailhan ou de la cour terrasse de
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166
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
la salle 1 de Montlaurès les creusements sont effectués à une distance suffisante pour
ne pas empiéter l'un sur l'autre, ce qui suppose une signalisation, même discrète, dans
l'intervalle de temps pendant lequel le lieu a servi à cet usage funéraire.
Toutefois, la plupart des individus recensés dans le cadre géographique fixé ne
sont attestés que par des restes épars, en position remaniée. Il est donc clair que
beaucoup de ces tombes de nouveau-nés en habitat ont été détruites par la poursuite
des activités domestiques après leur établissement, creusement de trous de poteaux,
de fosses, ou bien par des réaménagements plus importants. Et le groupement de la
cour 22 de Gailhan illustre parfaitement ce processus: des trois tombes, A3, A4 et A6,
installées à proximité les unes des autres dans le dernier quart du Ve s. av. J.-C., l'une
d'elle, A3, a été recoupée par le creusement d'une fosse durant la première moitié du
siècle suivant. Au vu de la fréquence des telles destructions, il semblerait donc que le
plus souvent la tombe du nouveau-né n'ait bénéficié, au mieux, que d'une protection
ou d'une signalisation très éphémère, et que son souvenir s'estompe très rapidement.
Il apparaît que, dans ces pratiques, l'acte important c'est celui du dépôt lui-même; sa
conservation, passé un temps relativement court, semble importer peu.
Les mêmes lieux d'ensevelissement pour les
nourrissons que pour les périnatals
Les mêmes localisations que pour les morts périnatals prévalent pour les nourrissons
au sein de l'espace villageois: l'intérieur de l'habitation pour Ruscino 5209, Lattes S 23
et Bourbousson; la cour domestique, pour les trois sujets de Gailhan, sans doute aussi
pour Puech de Mus 5; les abords immédiats de l'unité domestique pour Puech de
Mus 10 et l'Ermitage d'Alès. Surtout, sur les sites les plus documentés en la matière, à
Gailhan et au Puech de Mus, on remarque que ce sont les mêmes locaux qui servent
aux uns et aux autres. A Gailhan le squelette remanié du nourrisson B2 se trouve aux
abords du bâtiment 23 tout comme le nouveau-né A2; les restes épars du nourrisson
C4 sont dans le bâtiment 15 qui abrite aussi le nouveau-né A1; dans la partie centrale
de la cour 22, la tombe du nourrisson A6 n'est qu'à 70 cm de celle du nouveau-né
A4 et à 2,5 m de celle du nouveau-né A3. Au Puech de Mus, l'espace non couvert où
prend place le nourrisson 5 accueille également, à seulement deux mètres de distance,
la tombe du nouveau-né 6; et dans l'espace de circulation où est enterré le nourrisson
10, à deux mètres de distance, figure la tombe du nouveau-né 4.
Toutes ces coutumes concernant la mort des très jeunes enfants forment un
modèle culturel commun à l'ensemble du Sud de la France protohistorique. Sa spécificité apparaît d'autant mieux que, dans cette région, les usages qui commencent à être
connus dans la Marseille grecque sont fort différents en ce domaine.
Le cas de Marseille grecque,
des pratiques étrangères
Les maisons de la colonie grecque de Marseille et leurs abords paraissent dépourvus de tout ensevelissement de nouveau-né ou de nourrisson. Certes, des aggloméra-
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NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
tions indigènes sont dans le même cas, mais la fouille récente des tombes de la phase
de la nécropole marseillaise de Sainte Barbe qui s'étend de l'extrême fin du Ve au milieu
IIe s. av. J.-C. apporte des données paléodémographiques fort instructives à ce sujet
(Moliner et alii, 2003: 82-84 et 237). Sur un total de 87 défunts d'âge au décès déterminé, figurent vingt-trois périnatals (tombes 19, 36, 52, 54, 104, 106, 109, 112, 115
(2 sujets), 118, 119, 120, 122 (2 sujets), 133, 230, 233, 254, 286, 288, 319 et 545)
et deux nourrissons de trois à neuf mois (tombes 105 et 305). Pour l'ensemble de la
classe des 0–1 an, le quotient de mortalité s'établit à 287,4 ‰, ce qui correspond à
une espérance de vie à la naissance comprise entre 25 et 30 ans (Figure 2). On est là
dans une proportion normale pour une société préjennérienne. On peut donc considérer que dans la colonie grecque de Marseille, du moins pour la population utilisant
la nécropole de Sainte-Barbe l'enfant de moins d'un an est déposé dans une sépulture
régulière, au sein du cimetière du groupe, et sans doute pas dans les maisons. C'est là
une coutume complètement étrangère au Sud de la France, et, au demeurant, ce n'est
pas la seule que montre cette nécropole.
Alors qu'au second âge du Fer l'incinération est exclusive dans les nécropoles du
Sud de la France, sauf dans les Alpes méridionales, tous les périnatals et les nourrissons
de Marseille-Sainte Barbe sont inhumés, à l'instar des autres enfants de moins de dix
ans et d'une majorité de grands enfants, d'adolescents et d'adultes. La colonie grecque
marque sa différence par un usage préférentiel de l'inhumation, mais aussi envers ces
très jeunes morts, jamais incinérés alors qu'une part, mineure toutefois, des morts de
plus de dix ans est ici brûlée.
Une autre spécificité réside dans la pratique grecque de placer les cadavres des très
jeunes enfants dans un vase, l'enchytrismos. Elle affecte la plupart des nouveau-nés:
treize d'entre eux sont déposés dans une amphore (tombes 52, 54, 104, 106, 112,
119, 120, 122 (2 sujets, chacun dans une amphore), 286, 288, 319 et 545) (Figure 9,
B et D); un autre prend place dans une hydrie parée d'un corymbe à la mode grecque,
une couronne mortuaire dont il reste un élément floral en terre cuite (tombe 254)
(Figure 9, E); et deux prématurés, sans doute des jumeaux, chacun dans une œnochœ, partagent la tombe 115. Un autre sujet, est placé dans un cercueil (tombe 230).
Cependant, le dépôt du cadavre en pleine terre concerne les deux nourrissons (tombes
105 et 305), et il est aussi attesté pour quelques nouveau-nés (tombes 19, 36, 109,
118, 133 et 233) (Figure 9, A).
Le nombre de tombes où le très jeune défunt est muni d'objets ou d'offrandes, et
la nature de ceux-ci marquent encore d'autres distinctions avec le reste du Sud de la
France. Un tel dépôt concerne environ le tiers des périnatals et les deux nourrissons
présents dans cette nécropole. Les valves de coquillages, surtout des coquilles saintjacques, accompagnent les deux nourrissons (tombes 105 et 305) ainsi que quatre des
nouveau-nés (tombes 19, 106, 118 et 545), et ne sont guère attribuées à des adultes,
contrairement à ce qui se passe dans les nécropoles du monde indigène environnant.
Une olpé ou une œnochœ est placée auprès des deux prématurés de la tombe 115
et du périnatal de la tombe 36. Enfin, la couronne mortuaire du nouveau-né de la
tombe 254, de même que le guttus de celui la tombe 118 (Figure 9, C), qui a peutêtre servi de biberon, ne trouvent pas d'équivalent ailleurs dans le Sud de la France
protohistorique.
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
168
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
Figure 9.- Exemples de tombes de nouveau-nés de la nécropole de Sainte-Barbe à Marseille (IVe – début IIe s.
av. J.-C.). A: tombe 233, corps en pleine terre. B: tombe 104, corps dans une amphore massaliète. C: tombe
118, guttus en pâte claire massaliète. D: tombe double 122 ; en bas, deux corps de nouveau-nés, chacun dans
une amphore massaliète, voisinant avec le crâne d'un défunt appartenant à une sépulture antérieure ; en haut,
recouvrement de tessons d'amphores et de blocs de pierres. E: tombe 254 ; a: hydrie en pâte claire massaliète,
réceptacle du corps ; b: corymbe en terre cuite appartenant à une couronne funéraire (d'après Moliner et alii,
2003).
Conclusion
Le nouveau-né qui a accès à la nécropole villageoise accompagne très probablement le cadavre de sa mère morte en couches. Bien évidemment, en regard de
l'ensemble du corpus disponible, ces quelques sépultures ne rendent pas compte de
la fréquence du trépas de la femme pendant la grossesse et l'accouchement dans les
sociétés préjennériennes. Par exemple, selon un dépouillement des registres d'une
paroisse de Montpellier et de six paroisses rurales voisines pour la période 1660-1715,
un accouchement pour 80 baptêmes est mortel, soit, compte tenu du fait que tous les
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
169
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
mort-nés ne sont pas baptisés, un indice de mortalité maternelle supérieur à 12,5 pour
1000; mais, si l'on considère qu'une femme accouche sept ou huit fois d'un enfant
vivant ou mort, cela signifie qu'une femme sur dix environ meurt en mettant un enfant
au monde (Gélis et alii, 1978: 94-95). Bien plus souvent, les deux cadavres doivent
donc être séparés, comme l'attestent les nombreux nouveau-nés enterrés dans les maisons. Et ce fait n'est sans doute pas anodin, si l'on en croit l'exemple de la Rome royale:
selon une loi dont le souvenir est conservé par Ulpius Marcellus, juriste de la fin du IIe
s., il est défendu d'inhumer la femme décédée en accouchant avant que son bébé ne
lui ait été ôté (Jobbé-Duval 1924: 30-34). L'esprit de cette loi s'éclaire par comparaison
ethnologique: par exemple en Birmanie, il s'agit de délivrer la femme enceinte d'un
fardeau qui l'eût empêché d'atteindre l'au-delà.
Les pratiques funéraires concernant la plupart des nouveau-nés connus et sont
extrêmement dépouillées et spécifiques par rapport à celles des autres morts. Cela fait
encore penser à la Rome archaïque où le roi Numa Pompilius (715-674 av. J.-C.), organisant le temps du deuil selon la diversité des âges des trépassés, “ne voulut point que
l'on portât aucunement le deuil pour la mort d'un enfant qui serait décédé au-dessous de
l'âge de trois ans” (Plutarque, Vie de Numa, XX). Ce traitement dans le monde indigène
du Sud de la France est à la mesure de l'idée, fort répandue dans les sociétés anciennes
ou traditionnelles, que la mort à la naissance est jugée «mauvaise», par opposition à
la «bonne mort», celle qui affecte l'individu ayant accompli sa vie de manière satisfaisante. En outre, il révèle qu'il s'agit d'êtres bien à part. L'ensevelissement dans la
maison, cantonné au domaine privé, là même où a lieu normalement l'accouchement,
marque qu'ils ne sont pas encore admis dans la société villageoise. La position fœtale
trahissant l'absence d'emmaillotement paraît indiquer des êtres hors de l'humanité,
encore sauvages en quelque sorte. Leur existence n'est pas encore importante, aucune
amulette ne protège ces individus d'un quelconque mauvais sort. Ces morts n'ont
pas d'individualité, il n'est donc pas nécessaire d'accompagner leur cadavre d'objets
dont les doubles leur seraient utiles dans l'au-delà. La pratique funéraire qui leur est
consacrée est donc réduite au minimum, et la sépulture dans la maison peut avoir une
existence éphémère et être détruite par la poursuite des activités domestiques. Sans
doute a-t-on affaire à des êtres qui n'ont pas tout à fait quitté le monde des morts, dont
ils viennent, et qui ne sont pas encore véritablement dans celui des vivants. Plutarque
(env. 50-120 ap. J.-C.), en apprenant la mort très prématurée de sa fille, rappelle qu'à
“ces enfants morts en bas âge, on n'offre pas de libations, et à leur égard, on ne pratique pas les autres rites qu'il est naturel d'observer pour les autres morts, car ces enfants
ne tiennent en aucune façon à la terre ni aux choses de la terre” (Oeuvres morales, 45,
Consolation à sa femme, 2, 8, 10).
La sphère domestique apparaît donc comme un lieu bien adapté à ces très jeunes
morts sans importance. Cette pratique a pu être censée favoriser la venue au monde
d'autres enfants dans la maison; le comparatisme historique et ethnologique en montre maints exemples. Mais en tous cas, rien n'indique ici que ces ensevelissements
puissent signaler un quelconque rituel de protection de la maisonnée.
Les usages appliqués aux nourrissons de la première année, marquent une rupture.
Bien sûr, il faut mettre à part les quelques individus, au demeurant presque tous très
jeunes, d'un à trois mois, qui restent dans l'habitat; ils sont traités selon des prati-
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
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BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
ques tout à fait semblables à celles des nouveau-nés et doivent être considérés de la
même manière. Mais ce sont là des exceptions. Pour presque tous les nourrissons de
moins d'un an, puisqu'ils sont exclus de la maison, il s'agit, d'une certaine manière,
d'un début de socialisation même si on ignore le lieu et les modalités de dépôt de
l'immense majorité d'entre eux, et même si ce n'est qu'une petite minorité qui a accès
au cimetière, lieu socialisé par excellence. En tous cas cette minorité-là qui a droit à la
nécropole du village a, semble-t-il, atteint ou dépassé le cap des six mois d'existence.
Elle bénéficie d'actions semblables à celles qui concernent les adultes et les adolescents: leur cadavre est traité de même manière, leurs restes, lorsqu'ils sont brûlés, sont
généralement accueillis dans un ossuaire propre, et souvent dans une tombe personnelle. On cherche aussi à protéger ces nourrissons par des amulettes. Vers six mois, il
y aurait donc un début d'existence humaine qu'il faut garantir contre les dangers du
monde, et il n'est pas inutile que cette défense s'exerce après la mort. L'absence presque générale de mobilier d'accompagnement montre cependant que ces êtres n'ont
pas encore d'individualité. Et lorsqu'ils sont pourvus d'autre chose que d'une amulette,
ces objets les rattachent au monde des femmes, comme pour les enfants de la classe
d'âge suivante. Il s'agit bien désormais d'êtres humains pour lesquels a débuté le processus de socialisation, même si ce sont des «mauvais morts» qui n'ont généralement
pas droit à une sépulture dans le cimetière de la communauté. Et les progrès de cette
reconnaissance et de cette agrégation sociale se marqueront ensuite dans les coutumes funéraires selon les différents stades de la croissance des enfants.
Annexe: Inventaire des tombes
Nouveau-nés dans les nécropoles
Aude
- Las Peyros (Couffoulens):
tombe 3 (560 - 540/520 av. J.-C.): un périnatal et un adulte (Solier et alii, 1976: 6
et 91-92).
- Le Moulin, (Mailhac):
tombe 74 (transition Bronze-Fer): un périnatal (Taffanel, Janin 1998: 69);
tombe 253 (Bronze final IIIb): un périnatal et un adulte (Ibid.: 196-197);
tombe 285 (Bronze final IIIb): un périnatal et un adulte ou adolescent (Ibid.: 196197).
Bouches du Rhône
- Sainte-Barbe (Marseille) (400-150 av. J.-C.):
tombes 19, 36, 52, 54, 104, 106, 109, 112, 115 (2 sujets), 118, 119, 120, 122 (2
sujets), 133, 230, 233, 254, 286, 288, 319 et 545 (Moliner et alii, 2003).
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
171
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
Hérault
- Le Peyrou (Agde) (milieu VIIe s. av. J.-C.):
tombe 10: un périnatal et un adulte (Nickels et alii, 1989: 31-35, et 461-464);
tombe 185: un périnatal, un enfant entre 1 et 6 ans et un adulte (Ibid.: 261-267
et 461-464).
-Viols-le-Fort (VIIIe - VIIe s. av. J.-C.):
tumulus Viols 7: un périnatal et un nourrisson vers 1 an (Dedet 1992: 371).
Lozère
- Quézac (fin VIIe - première moitié VIe s. av. J.-C.):
tumulus de Pomeyrol: un fœtus de 8,5 mois lunaires et un adulte (Dedet 2001:
74-78).
Tarn
- Gourjade (Castres):
tombe 3 (Bronze final IIIb): un périnatal et un adulte ou adolescent (Giraud et alii,
2003: 146).
Nourrissons dans les nécropoles
Aude
- Las Peyros (Couffoulens):
tombe 23 (560-540/520 av. J.-C.): un nourrisson de 6 à 12 mois (Solier et alii,
1976: 28-29 et 96).
tombe 56 (520-480 av. J.-C.): un nourrisson de 6 à 12 mois (Passelac et alii, 1981:
12 et 57 et tab. 2).
- Le Moulin (Mailhac):
tombe M146 (Bronze final IIIb): un nourrisson de moins de 2 mois et un adulte
(Taffanel, Janin 1998: 125-126).
Bouches du Rhône
- Sainte-Barbe (Marseille) (400-150 av. J.-C.):
tombe 105: un nourrisson de 3 à 9 mois;
tombe 305: un nourrisson de 3 à 9 mois (Moliner et alii, 2003).
Hérault
- Saint-Julien (Pézenas):
tombe 98 (fin du VIIe-début du VIe s. av. J.-C.): un nourrisson de quelques mois, un
jeune enfant et un adulte (à paraître; détermination T. Janin);
-Viols-le-Fort (VIIIe-VIIe s. av. J.-C.):
tumulus Viols 7: un périnatal et un nourrisson vers 1 an (Dedet 1992: 371).
- Ambrussum (Villetelle).
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
172
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
tombe 7 (250-200 av. J.-C.): un nourrisson vers 1 an et un adulte (Fiches dir. 1989:
32, fosse B).
Pyrénées-Orientales
- Ruscino (Perpignan):
tombe 4 (Bronze final IIIb): un nourrisson de 6 mois ou moins (Marichal, Rébé dir.
2003: 141-142).
Tarn
- Gourjade (Castres):
tombe 246 (transition Bronze-Fer): un nourrisson vers 12 mois (Giraud et alii, dir.,
2003, vol. 1: 185; vol. 2: 193).
- Le Causse (Labruguière):
tombe 49 (transition Bronze-Fer): un nourrisson (Ibid., vol. 2: 19);
tombe 78 (transition Bronze-Fer): un nourrisson (Ibid., vol. 2: 23);
tombe 301 (transition Bronze-Fer): un nourrisson de 6 à 12 mois (Ibid., vol. 2: 52);
tombe 572 (625-575 av. J.-C.): un nourrisson de 9 à 12 mois, un enfant plus de 4
à 5 ans et peut-être un troisième sujet, non étudié (Ibid., vol. 2: 96).
tombe 737 (VIIe s. av. J.-C.): un nourrisson de 7 à 12 mois et un adulte (Ibid., vol.
2: 132-133).
Nouveau-nés dans les habitats
Aude
- Le Cayla (Mailhac):
Plusieurs sépultures à inhumation d'enfants morts en phase périnatale, éparpillées
dans divers secteurs: 9 pour la seconde moitié du VIe s., 12 pour les Ve ou le IVe s., 1
pour le IIIe s. et 13 à 15 pour le Ier s. av. J.-C. ou les deux premiers siècles ap. J.-C. Leur
étude en cours signale un prématuré de 7,5 mois lunaires et sept nouveau-nés à terme
(Fabre 1990: 408-409).
- Montlaurès (Narbonne):
tombe 1: un prématuré de 9 à 9,5 mois lunaires (début du Ve s. av. J.-C.);
tombe 2:un prématuré de 8,5 à 9 mois lunaires (début du Ve s. av. J.-C.);
tombe 3: un nouveau-né à terme (début du Ve s. av. J.-C.);
tombe 4: un nouveau-né à terme (IIIe s. av. J.-C.);
tombe 5: un nouveau-né à terme (début du Ve s. av. J.-C.) (Fabre in de Chazelles
1992; de Chazelles 1997: 37-38).
- Pech Maho (Sigean):
tombe 1 (IVe - IIIe s. av. J.-C.): un «nouveau-né» (non étudié) (Solier 1975).
Aveyron
- Le Roc de l'Aigle (Nant) (500-450 av. J.-C.):
sujet 1: un nouveau-né à terme (Dedet, sous presse).
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
173
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
- Puech de Mus (Sainte-Eulalie-de-Cernon) (450-400 av. J.-C):
tombe 1: un nouveau-né à terme (Dedet et alii, 2001);
tombe 2: un nouveau-né à terme (Ibid.);
tombe 3: un prématuré de 8,5 mois lunaires (Ibid.);
tombe 4: un nouveau-né à terme (Ibid.);
tombe 6: un nouveau-né à terme (Ibid.);
tombe 7: un nouveau-né à terme (Ibid.);
sujet 8: un nouveau-né à terme (Ibid.);
sujet 9: un prématuré de 9 mois lunaires (Ibid.);
sujet 11: un nouveau-né à terme (Dedet 2004b)
tombe 12: un prématuré de 6,5 à 7 mois lunaires (Ibid.);
tombe 13: un nouveau-né à terme (Ibid.);
tombe 14: un nouveau-né à terme (Ibid.);
sujet 15: un nouveau-né à terme (Ibid.).
Bouches-du-Rhône
- Entremont (Aix-en-Provence):
Des “inhumations” de très jeunes enfants (décédés en phase périnatale ?) seulement signalées (Arcelin 2000: 97).
- Baou de Saint Marcel (Marseille):
tombe 1 (550-500 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Gantès, Rayssiguier 1980:
72; Arnaud 1980)
- Saint Blaise (Saint-Mitre-les-Remparts):
L'inhumation d'un “nouveau-né” de la fin du VIIe ou du début du VIe s. av. J.-C.
seulement signalée (Bouloumié 1984: 95).
- Roquepertuse (Velaux):
Des “inhumations” de très jeunes enfants (décédés en phase périnatale ?) seulement signalées (Arcelin 2000: 97).
Gard
- Mas Saint Jean (Bellegarde) (vers 750-650 av. J.-C.):
tombe 1: un nouveau-né à terme ou légèrement prématuré (Dedet, sous presse).
- Plan de Lavol (Boucoiran-et-Nozières)
tombe 1(500-450 av. J.-C): un nouveau-né à terme (Dedet, sous presse).
- La Liquière (Calvisson):
sujet 1 (575-500 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 2 (575-500 av. J.-C.): un prématuré d'environ 8,5 mois lunaires (Dedet, sous
presse).
- Gailhan-Plan de la Tour (Gailhan):
tombe A1 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe A2 (425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe A3 (425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe A4(425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe A5 (425-400 av. J.-C.): un prématuré de 9.5 à 10 mois lunaires;
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
174
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
tombe B1 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe B4 (425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe B5 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C1 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C2 (425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C3 (400-350 av. J.-C.): un prématuré de 7.5 à 8 mois lunaires;
sujet C5 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C6 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C7 (400-350 av. J.-C.): un prématuré de 6 à 7 mois lunaires;
sujet C8 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C9 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C10 (400-350. av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C11 (425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet C12 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Dedet et alii, 1991).
- Vié-Cioutat (Mons):
sujet 1 (400-350 av. J.-C.): un prématuré de 8,5 à 9 mois lunaires;
sujet 2 (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
tombe 3 (début du Ier s. av. J.-C.) : un nouveau-né à terme (Dedet, sous presse).
- La Jouffe (Montmirat):
sujet 1 (Ve s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Dedet, sous presse).
- Nages-Les Castels (Nages-et-Solorgues):
sujet 1 (250-200 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 2 (175-150 J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 3 (175-150 av. J.-C.): un prématuré de 8 mois lunaires;
sujet 4 (175-150 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 5 (100-75 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 6 (150-100 av. J.-C.): un prématuré de 9 à 9,5 mois lunaires;
sujet 7 (75-25 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 8 (75-25 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 9 (75-25 av. J.-C.): un prématuré de 9 à 9,5 mois lunaires;
sujet 10 (175-150 av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 11 (175-150 av. J.-C.): un prématuré de 9 à 9,5 mois lunaires (Dedet, sous
presse).
- Nimes:
tombe 1 (Maison de santé protestante) (100-50 av. J.-C. ): un périnatal (Fabre in
Piskorz 1995);
sujet 2 (collège de la Révolution) (fin du IIIe s.-troisième quart du Ier s. av. J.-C.): un
prématuré de 9,5 à 10 mois lunaires (Dedet, sous presse).
-Le Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard):
tombe 1 (début du IIe s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Py et alii, 1986: 19 et
71-75);
tombe 2 (début du IVe s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre 1990: 405,
squelette 2);
tombe 3 (début du IVe s. av. J.-C.): un «périnatal» (Fabre 1990: 405, squelette 3);
tombe 4 (fin du IVe s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Py et alii, 1989: 139 et
187-189).
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
175
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
- Mauressip (Saint-Côme-et-Maruéjols):
sujet 1 (IVe - Ier s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Dedet, sous presse).
- Roque de Viou (Saint-Dionisy):
sujet 1 (Bronze final IIIb ou 350-250 av. J.-C.): un prématuré de 9 à 9,5 mois lunaires;
sujet 2 (350-250 av. J.-C.): nouveau-né à terme (Dedet, sous presse).
- Castelvielh (Sainte-Anastasie):
sujet 1 (fin du VIe - début du IVe s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme;
sujet 2 (IVe - première moitié du Ier s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Dedet sous
presse).
Hérault
- La Monédière (Bessan):
tombe 1 (600-550 av. J.-C.): un nouveau-né, seulement signalé (Nickels 1989: 53,
54 et 57).
- La Ramasse (Clermont-l'Hérault):
tombe 1 (début du IVe s. av. J.-C.): un périnatal, seulement signalé (CAG. 34/1,
1998: 181);
tombe 2 (début du IVe s. av. J.-C.): un périnatal, seulement signalé (Ibid.);
- Lattara (Lattes):
tombe 1 (sondage 1 du Groupe Archéologique Painlevé) (IVe s. ou IIIe s. av. J.-C.):
un nouveau-né à terme (Arnal et alii, 1974: 31, 37 et 291);
tombe 2 (sondage 26 du Groupe Archéologique Painlevé) (deuxième moitié du Ier
s. av. J.-C.): un prématuré de 7 à 7,5 mois lunaires (Prades 1984; Fabre 1990: 403);
tombe 3 (DP240) (dernier quart du Ier s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre
1990: 395-400);
tombe 4 (us 4231, DP241) (75-50 av. J.-C.): un prématuré de 6 mois lunaires
(Fabre 1990: 397-400);
tombe 5 (us 4197) (100-50 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre 1990: 396);
tombe 6 (us27112) (425-400 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 271-272);
tombe 7 (SP1171) (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 258-260);
tombe 8 (SP1210) (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 260-262);
tombe 9 (SP27213) (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 274-277);
tombe 10 (SP774) (milieu du IVe s. av. J.-C.): un prématuré de 9,5 à 10 mois lunaires (Fabre, Gardeisen 1999: 263-264);
tombe 11 (îlot 35, fouille 1996) (50-25 av. J.-C.): deux fœtus de 4 ou 5 mois lunaires (Fabre, Gardeisen 1999: 280 et 282, note 42);
tombe 12 (SP 34184) (fin du IIe-trois premiers quarts du Ier s. av. J.-C.): un “périnatal” (Garcia, Vallet 2002: 24-26);
tombe 24 (DP 30080) (100-75 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Py 2004: 79,
82, 89 et 90);
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
176
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
sujet 13 (us 27330) (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 272);
sujet 14 (us 1847) (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 262);
sujet 15 (us 50099) (400-350 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre, Gardeisen
1999: 269);
sujet 16 (us 27169) (vers 350 av. J.-C.): un prématuré de 6 à 7 mois lunaires (Fabre,
Gardeisen 1999: 277);
sujet 17 (us 1169-1165-1145) (275-250 av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre
1990: 394-395);
sujet 18 (us 1012 ) (IIIe s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre 1990: 393);
sujet 19 (us 4239) (100-50 av. J.-C.): un prématuré de 8 ou 9 mois lunaires (Fabre
1990: 396-397);
sujet 20 (us 4210) (50-25 av. J.-C.): un prématuré 9,5 mois lunaires (Fabre 1990:
396);
sujet 21 (us 4150) (Ier s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Fabre 1990: 397).
- Ensérune (Nissan-lès-Ensérune)
A l'occasion des découvertes de Mailhac, L. Sigal a signalé à O. et J. Taffanel
l'existence de plusieurs trouvailles similaires d'inhumations de très jeunes enfants dans
des maisons d'Ensérune (renseignement O. et J. Taffanel).
- Les Gardies (Pignan)
sujet 1 (Ve s. av. J.-C.): un nouveau-né à terme (Dedet sous presse).
- Ambrussum (Villetelle):
sujet 1 (fin du IIIe s. av. J.-C.-Ier s. ap. J.-C.): un prématuré de 7 à 7,5 mois lunaires
(Dedet, sous presse).
Pyrénées-Orientales
- Ruscino (Perpignan):
tombe 1 (sondage RUS.I 19.80) (525-500 av. J.-C.): un nouveau-né à terme
(Marichal, Rébé dir. 2003: 64-65).
- Le Port (Salses-le-Château):
tombe 1 (475-400 av. J.-C.): un périnatal signalé (information A. Pezin).
Nourrissons dans les habitats
Hautes Alpes
- Sainte Colombe (Orpierre):
tombe 1 (550-500 av. J.-C.): un nourrisson de 1 à 3 mois (Courtois 1975: 21, 24 et
28; à compléter par Dedet, sous presse).
Aveyron
- Puech de Mus (Sainte-Eulalie-de-Cernon):
SIAP SERVEI D’INVESTIGACIONS ARQUEOLÒGIQUES I PREHISTÒRIQUES
177
NASCITURUS: INFANS, PUERULUS. VOBIS MATER TERRA. LA MUERTE EN LA INFANCIA
tombe 5 (450-400 av. J.-C.): un nourrisson d'environ 1 mois (Dedet et alii, 2001:
141-143);
sujet 10 (450-400 av. J.-C.): un nourrisson d'environ 3 mois (Dedet et alii, 2001:
147-148).
Drôme
- Bourbousson (Crest):
tombe 1 (500-450 av. J.-C.): un nourrisson de moins de 3 mois (Treffort 2000:
225).
Gard
- Ermitage (Alès):
tombe 1 (vers 100-50 av. J.-C.): un nourrisson de 1 à 3 mois (Dedet, sous presse).
- Gailhan-Plan de la Tour (Gailhan)
tombe A6 (425-400 av. J.-C.): un nourrisson de 1 à 3 mois (Dedet et alii, 1991: 77
et 91-93);
tombe B2 (425-400 av. J.-C.): un nourrisson de quelques jours à 3 mois (Dedet et
alii, 1991: 70-71);
sujet C4 (400-350 av. J.-C.) .): un nourrisson de 6 mois environ (Dedet et alii, 1991:
65).
- Le Marduel (Saint-Bonnet-du-Gard):
sujet 5 (début du IIe s. av. J.-C.): un nourrisson de quelques jours à 3 mois (Py et
alii, 1986: 71-73).
Hérault
- Lattara (Lattes):
tombe 22 (sondage 2 du Groupe Archéologique Painlevé) (IVe s. ou IIIe s. av. J.-C.):
un nourrisson de 1 à 3 mois (Arnal et alii, 1974: 46-48 et 291-292);
sujet 23 (us 1236-1244) (225-200 av. J.-C.): un nourrisson de quelques jours à 3
mois (Fabre 1990: 394).
Pyrénées-Orientales
- Ruscino (Perpignan):
tombe 5209 (vers 600-575 av. J.-C.): un nourrisson de 6 mois ou plus (Fabre dans
Marichal, Rébé dir. 2003: 159-164).
SÈRIE DE PREHISTÒRIA I ARQUEOLOGIA
178
BERNARD DEDET: LA MORT DU NOUVEAU-NÉ ET DU NOURRISSON DANS LE SUD DE LA
FRANCE PROTOHISTORIQUE
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