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Cartes & Géomatique CARTOGRAPHIER L’AFRIQUE Construction, transmission et circulation des savoirs géographiques du Moyen Âge au XIXe siècle N°210 D é c e m b r e 2 0 11 Cartes & Géomatique N°210 Décembre 2011 Revue du Comité Français de Cartographie Association scientifique placée sous le régime de la loi de 1901 Numéro d’identification de l’INSEE 972-75. 105-1055 C du 1er janvier 1961 Prix : 13! Directeur de la publication : M. PELLETIER Publicité et relations publiques : C. MAUNY Comité de lecture : M. PELLETIER C. SOUCHON F. LECORDIX Pour tous renseignements, écrire au Secrétariat Siège Social 73 avenue de Paris 94165 Saint-Mandé Téléphone et fax : 01 43 74 70 93 mél : lecfc@lecfc.fr web : www. lecfc.fr Compte chèques postaux : 15 886 02 x Paris © 2011, Comité Français de Cartographie ISSN 1634 - 3522 SOMMAIRE ! Introduction par Robin SEIGNOBOS et Vincent HIRIBARREN ! L’Afrique dans les mappemondes circulaires arabes médiévales . . . . . . . . . . . .19 Typologie d’une représentation par Jean-Charles DUCÈNE ! L’Afrique entre cartographes et cosmographes Imaginaire et représentation d’IbÁÇyà œÃ½Ç̨Ç„ØÂØÇʻÅ­ØÄǵ­Ã²ÂŁÄǽÅÄ . . . . . . . . . . . . . . .37 collections de la BnF par Anna CAIOZZO ! Le livre et la carte Représentations de l’Afrique par Bakr! (XIe siècle) et Idr!s! (XIIe siècle) . . . . . . . . . . .53 par Emmanuelle TIXIER DU MESNIL ! Les rivages africains de l’Océan Indien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63 Cartographies occidentales du XIVe au XVIe siècle par Emmanuelle VAGNON ! La Nubie entre Nil et Niger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79 Hydrographie et articulation des sources dans la cartographie de l’Afrique intérieure au XVIe siècle par Robin SEIGNOBOS ! La carte a-t-elle horreur du vide ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .97 Réexaminer les enjeux du tournant épistémologique du XVIIIe siècle à la lumière de la cartographie occidentale de l’Égypte par Lucile HAGUET ! Cartographier Bourbon aux XVIIe-XIXe siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .109 Voyage cartographique dans l’une des quatre principales îles des mers de l’Afrique, Bourbon Lontan par Christian GERMANAZ ! La carte de l’Afrique en dix feuilles de H. Habenicht, publiée à Gotha en 1885 . . . . . . . .121 par Wulf BODENSTEIN ! Jules Hansen (1849-1931) : dessinateur-géographe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .139 L’exploration de l’Afrique mise en cartes par Olivier LOISEAUX ! Cartographie missionnaire et savoirs vernaculaires au Lesotho au XIXe siècle . . . . . . . . . .151 par Wendy N’GUIA KAHMA ! Robert Moffat, Jr. and his “Map of South Eastern Africa, 1848-51” . . . . . . . . . .165 Cartography in a time of uncertainty by Norman ETHERINGTON ! Le pays des Mossi en carte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .177 Vade-mecum pour une histoire de la rencontre coloniale en terre voltaïque par Benoît BEUCHER ! La cartographie du roi Njoya (royaume bamoun, ouest Cameroun) . . . . . . . . . .187 Représenter / traduire son espace-monde par Alexandra LOUMPET-GALITZINE Remerciements Les contributions rassemblées dans ce numéro spécial de la revue du Comité français de cartographie sont issues d’un colloque qui s’est tenu les 2 et 3 décembre 2010 à l’auditorium de l’INHA et à la Bibliothèque nationale de France (site Richelieu). Cette rencontre a constitué l’aboutissement d’un projet né des intérêts convergents de Vincent Hiribarren (Université de Leeds), Camille Lefebvre (CNRS-CEMAf) et Robin Seignobos (Paris-I-CEMAf), trois jeunes chercheurs en histoire de l’Afrique dont les travaux accordent une place importante à la question des savoirs géographiques et cartographiques. Lorsque nous avons décidé de mettre en place un colloque sur l’histoire de la cartographie de l’Afrique nous avons immédiatement reçu le soutien du Centre d’Étude des Mondes Africains (CEMAf, UMR 8171), du département des Cartes et plans de la BnF, dirigé alors par Hélène Richard, et de la commission histoire du CFC, présidée par Isabelle Laboulais. Il a alors été décidé d’inscrire ce projet dans le cadre des rencontres annuelles du CFC, lequel nous a également ouvert les pages de sa revue pour la publication des Actes. Qu’il nous soit donc permis de remercier ici les personnes et les institutions qui nous ont soutenus et accompagnés dans l’élaboration et la réalisation de ce projet et tout particulièrement la commission histoire du CFC et son président actuel, Jean-Marc Besse, ainsi que le Département des cartes et plans de la BnF qui nous a accordé sa confiance et nous a accueilli en ces lieux prestigieux. Notre reconnaissance va naturellement à son directeur, Jean-Yves Sarazin, qui nous a également donné la chance de découvrir les richesses du Département des cartes et plans lors de la visite qui a clos le colloque. Nous sommes aussi redevables à Catherine Hofmann qui nous a accompagnés à chaque étape de la préparation de cette manifestation depuis ses balbutiements jusqu’à sa conclusion. Nous devons également beaucoup au laboratoire CEMAf et à son directeur Pierre Boilley qui nous a appuyés et nous a accordé son aide, aussi bien sur les plans financier que scientifique. Nous exprimons enfin toute notre gratitude au Centre national de la recherche scientifique et au Conseil régional d’Île-de-France pour leur soutien financier sans lequel cette rencontre n’aurait pu se tenir dans d’aussi bonnes conditions. Nous adressons nos plus vifs remerciements aux membres du comité scientifique qui nous ont fait profiter de leur expertise dans l’évaluation et la sélection des contributions : Jean-Marc Besse, Hélène Blais, Bertrand Hirsch, Catherine Hofmann, Jean-Yves Sarazin et Isabelle Surun. Comment ne pas mentionner enfin Lucile Haguet, Cécile Souchon et Emmanuelle Vagnon pour leurs conseils et leur aide précieuse dans les relectures finales et la préparation du présent volume. Mais nous sommes redevables avant tout aux chercheurs qui nous ont fait l’honneur de partager leur savoir durant ces deux journées, de même qu’aux présidents de séance, Jean-Marc Besse, Patrick Gautier Dalché, Hélène Blais et Isabelle Surun, qui ont su les encadrer et orienter les discussions, sans oublier bien sûr le public qui a contribué lui-aussi à faire de ces journées un moment d’échange et de convivialité. Vincent Hiribarren Robin Seignobos CFC (N°210- Décembre 2011) 9 10 CFC (N°210- Décembre 2011) INTRODUCTION par Robin Seignobos (Paris) et Vincent Hiribarren (Leeds) Je vole avec la rapidité de l’ouragan tantôt au plus haut des airs, tantôt à cent pieds du sol, et la carte africaine se déroule sous mes yeux dans le plus grand atlas du monde ! Jules Verne, Cinq semaines en ballon Le rêve de Fergusson et de ses compagnons s’est-il réalisé ? On serait tenté de le croire avec le développement de la photographie aérienne et des images satellitales qui permettent aujourd’hui d’observer à loisir la terre depuis le ciel. Il s’est même banalisé avec le logiciel Google Earth qui offre à chacun la possibilité d’embrasser en un regard synoptique l’Afrique et le reste du monde. Mais suffit-t-il de prendre de la hauteur pour voir se dérouler la carte de l’Afrique sous ses yeux comme l’imaginait le concepteur du Victoria ? Sans doute percevront-ils mieux qu’au ras du sol le tracé des fleuves, le découpage des côtes, les variations du relief et des paysages, mais ils n’apprendront rien des sociétés habitant ces espaces qu’ils n’auront fait que survoler. Même lorsqu’elle s’approche comme ici de la carte à l’échelle du 1:1 dont s’amusait Borges (Borges, 1974), une carte, aussi mimétique soit-elle, n’offrira toujours qu’une vision partielle du réel : une « carte n’est pas le territoire » (Korzybski, 1933), elle n’est qu’un moyen, un outil, une « prothèse cognitive » (Jacob, 1992). L’histoire de la cartographie de l’Afrique ne saurait donc se réduire à celle d’un dévoilement progressif semblable à celui qu’imaginait Jules Verne. Si ce constat nous paraît aujourd’hui relever de l’évidence, il n’est pas toujours allé de soi. L’histoire des savoirs géographiques s’est longtemps réduite en effet au récit d’un inexorable progrès scientifique conduisant nécessairement vers une image toujours plus exacte et précise du monde. Or, les réflexions menées dans les dernières décennies sur l’objet cartographique invitent désormais à ne plus interroger la carte uniquement à l’aune de son degré de correspondance à une insaisissable réalité spatiale. Si l’on retient la définition proposée par Christian Jacob, la carte n’est rien d’autre que la « matérialisation et la construction d’une image de l’espace ». Elle relève par conséquent de choix, de conventions et d’usages, propres à la culture et à l’époque à laquelle elle appartient (Jacob, 1992). Déterminer si la carte est vraie ou fausse n’a donc pas de réelle valeur heuristique. Ce qui importe est de savoir si une carte est adaptée aux fonctions qui lui ont été assignées et si elle est considérée comme exacte au regard des critères de validation en cours au moment de sa réalisation. L’histoire des cartes relève donc davantage d’une histoire de la culture que d’une histoire des progrès techniques et scientifiques. Ainsi, les études de fond dédiées aux cartes « anciennes » ne peuvent-elles plus aujourd’hui se dispenser d’interroger leur processus de production. Cela implique de reconstituer le contexte socio-politique et culturel qui les ont vu naître, d’étudier les acteurs et les lieux de cette production, de mettre en évidence les sources et les méthodes mobilisées, les techniques et les outils employés. Cela suppose aussi que l’on remonte la chaîne des opérations nécessaires à leur fabrication depuis le rassemblement des informations – dont la nature et les modalités de collecte peuvent être extrêmement diverses – jusqu’à la réalisation de l’objet carte qui nécessite elle même un nombre considérable d’étapes différentes. Cette attention plus soutenue accordée dans l’historiographie moderne à l’élaboration – à la fois intellectuelle et matérielle – des cartes s’accompagne, en aval, d’un intérêt renouvelé pour les usages et les modes de lecture de ces documents si particuliers situés à l’intersection de l’image et du texte. À une époque où prévalait encore une approche antiquaire de la cartographie ancienne, John Brian Harley invitait à considérer la carte comme un « discours », suivant en cela les leçons du linguistic turn (Harley, 1988, 1989). On lui doit notamment d’avoir attiré l’attention des spécialistes sur les enjeux idéologiques qui sous-tendent la création cartographique. Si l’on aperçoit aujourd’hui les limites des théories « postmodernes », force est de reconnaître qu’une carte s’adresse nécessairement à un certain public : elle est bien en cela un outil de médiation. Analyser une carte revient donc naturellement à une question de sémiologie graphique, une réflexion déjà largement entamée par Jacques Bertin et, pour les cartes anciennes, par François de Dainville (Bertin, 1967 ; Dainville, 1964). Il faut néanmoins nous garder d’appliquer aux documents anciens nos propres grilles de lecture, aussi sophistiquées soient-elles, CFC (N°210- Décembre 2011) 11 pour s’efforcer au contraire de reconstituer l’« outillage mental » des lecteurs contemporains de la carte. À ce titre il convient d’examiner tous les aspects de sa réception : comment était-elle diffusée, dans quels lieux a-t-elle été éventuellement exposée, comment a-t-elle été lue, comprise et utilisée, a-t-elle été critiquée ou admirée, l’at-on copiée ou imitée ? Si l’historiographie de ces dernières décennies a pris ses distances avec l’approche positiviste et téléologique qui a longtemps prévalu en histoire de la cartographie, les travaux spécifiquement consacrés à l’Afrique tenant compte des renouvellements méthodologiques récents demeurent rares et dispersés. Les ouvrages traitant de la cartographie de l’Afrique ont longtemps pris la forme de catalogues ou de recueils de documents, à commencer par la somme de Yousouf Kamal qui n’a pas été remplacée à ce jour (Kamal, 19261951). À cet égard, il convient aussi de mentionner le catalogue constitué par R.V. Tooley (Tooley, 1969), l’ouvrage de carto-bibliographie de I. Norwhich (1983 / 1997), ainsi que l’inventaire dressé par John McIlwaine (McIlwaine, 1997). Plus près de nous, Richard L. Betz a fait paraître un autre recueil à vocation carto-bibliographique consacré aux cartes imprimées représentant l’Afrique entre 1500 et 1700 (Betz, 2008). Conçus en règle générale par et pour des collectionneurs, ces travaux n’en ont pas moins rendu d’immenses services à la recherche académique. Celle-ci a bénéficié en outre de la multiplication ces dernières années des corpus de cartes en ligne parmi lesquels se distingue le site Afriterra, spécifiquement dédié à l’Afrique (www.afriterra.org). Toutefois, si l’inventaire des ressources et l’accès aux documents ont indéniablement progressé, les tentatives de synthèse restent encore trop rares. Aujourd’hui encore aucun ouvrage de référence ne s’impose en la matière. Jeffrey Stone a certes publié en 1995, une « Brève histoire de la cartographie de l’Afrique » mais elle traite surtout de l’Afrique du sud-est aux XIXe-XXe siècles (Stone, 1995). Il est également à noter que l’Afrique s’est vu consacrer un chapitre de la fondamentale History of cartography, mais uniquement dans le volume dédié aux cartographies « indigènes » (Bassett, 1998)1. Généralement dispersées dans des publications plus généralistes (Bassett, 1994; Etherington, 2004 etc.), les études de fond consacrées à la cartographie de l’Afrique sont souvent partielles et peinent à se constituer en champ autonome, y compris au sein des études africaines. Des tentatives pour faire converger les recherches ont certes eu lieu à l’occasion de précédents colloques (Stone 1994 ; Liebenberg, 2003) mais elles n’ont, semble-t-il, pas suffi à donner une impulsion sensible aux investigations dans le domaine. Un véritable renouvellement semble néanmoins se dessiner ces dernières années à la faveur du développement de l’histoire des sciences en contexte impérial et colonial (Etherington, 2007 ; Singaravélou, 2008 ; Blais, H., Deprest, F., Singaravélou P. éds., 2011 avec bibliographie). En replaçant au cœur du propos la construction des savoirs géographiques et leur circulation, et en les analysant dans le cadre des situations et des pratiques de terrain, ce courant offre de nouvelles perspectives qui ont déjà porté leurs fruits dans le champ de la cartographie africaine (Surun, 2004 ; Lefebvre, Surun, 2008 ; Lefebvre, 2009 ; Lefebvre, 2010). Quant aux périodes plus anciennes, l’insuffisance et l’éclatement des travaux sont encore plus flagrants. La seule étude consistante parue ces dernières années est celle de Francesc Relaño qui s’intéresse à la transformation des représentations de l’Afrique entre la fin du Moyen Âge et la Renaissance (Relaño, 2002). Si l’ouvrage a eu le mérite de rouvrir le dossier, le postulat de départ d’une mutation épistémologique radicale entre le Moyen Âge et la Renaissance pose problème, dans la mesure où l’on tend justement aujourd’hui à en relativiser l’impact (Gautier Dalché, 2009). Dans ce domaine les modèles seraient plutôt à chercher du côté des travaux de Bertrand Hirsch – pourtant plus anciens – qui traitent spécifiquement de la cartographie de l’Éthiopie (1986-87 ; 1987 ; 1990a ; 1990b). De manière générale, l’histoire de la cartographie de l’Afrique durant les périodes médiévale et moderne reste un domaine ouvert qu’il conviendrait de revisiter en tenant compte des évolutions historiographiques récentes (Gautier Dalché, 1990 et 2009 ; Besse, 2003). Pour autant, le présent numéro n’a pas pour ambition de combler ces lacunes historiographiques, encore moins de dresser un panorama exhaustif de la cartographie du continent. Il s’agit, plus modestement, de cerner à travers une série d’études de cas les enjeux et les modalités de la mise en cartes des territoires africains à différentes époques et dans divers contextes. C’est pourquoi nous avons tenu, en définissant les contours de cette rencontre, à maintenir une grande ouverture, tant au niveau de la chronologie que des cultures envisagées, de façon à jeter des ponts entre des domaines de recherches qui ne communiquent que trop rarement. Dans un contexte historiographique qui invite au « décloisonnement », nous avons donc choisi 1 Il faut toutefois concéder que la collection n’a pas vocation à traiter les espaces cartographiés mais plutôt les cultures productrices de cartes. 12 CFC (N°210- Décembre 2011) de ne pas nous limiter à la seule Europe en intégrant également les productions d’autres aires culturelles. Comment ignorer en effet que certaines interrogations relatives à la géographie africaine se retrouvent des deux côtés de la Méditerranée ? C’est le cas notamment de la question lancinante des sources du Nil qui stimule la réflexion et l’imagination des géographes depuis l’Antiquité et continue de hanter la littérature et la cartographie du Moyen Âge, aussi bien en Occident qu’en Orient. Mais au-delà de la mise en évidence d’éventuelles convergences, la prise en compte de différentes aires culturelles permet aussi d’approfondir la question de la circulation des savoirs et des transferts de connaissance. Il s’agira notamment d’évaluer la part des savoirs autochtones dans la mise en cartes des territoires africains, en particulier au XIXe siècle durant lequel les rencontres entre Européens et Africains se multiplient dans le contexte de l’exploration puis de la colonisation du continent. une parenthèse entre la science gréco-romaine et sa redécouverte à la Renaissance. Les travaux de Patrick Gautier Dalché ont bien montré qu’un tel jugement n’a plus lieu d’être et n’a guère d’intérêt du reste dans la perspective d’une histoire culturelle des représentations de l’espace (Gautier Dalché, 1990 ; 2009). Pour ne retenir que le cas de l’Afrique, force est de constater qu’elle n’a jamais cessé de susciter des interrogations de divers ordres. Des débats existent au Moyen Âge, sur sa limite orientale – était-ce le Nil ou la mer Rouge ? –, sur son extension au sud dans la zone torride, réputée inhabitable, sur les raisons de la coloration de l’épiderme de ses habitants ou bien encore au sujet de sa possible circumnavigation. Cet intérêt discret mais continu en Occident se retrouve, à plus forte raison, dans le monde musulman, qui dominait le nord du continent et continuait d’entretenir des liens diplomatiques et commerciaux avec ses parties plus méridionales. La chronologie longue retenue ici correspond à une même volonté d’ouverture et vise à favoriser les rapprochements entre des périodes que l’on distingue parfois de façon trop tranchée. Est-il pertinent, par exemple, d’opposer systématiquement une cartographie médiévale prétendument livresque et symbolique à une cartographie moderne qui serait, quant à elle, fondée sur l’expérience et le relevé ? N’a-t-on pas plutôt intérêt à examiner au cas par cas selon quelles modalités s’articulent ces différents registres ? Nous tenions cependant à ne pas trop nous étendre sur la cartographie du XXe siècle. De nouveaux enjeux font en effet leur apparition pendant les périodes coloniale et post-coloniale et ont déjà donné lieu à plusieurs travaux dans le cadre des études sur la production des savoirs en contexte colonial, évoquées ci-dessus. Aussi, plutôt que d’arrimer la constitution des savoirs géographiques au XIXe siècle au moment colonial, nous avons préféré l’inscrire dans une temporalité plus longue de façon à rappeler, si besoin en était, que l’Afrique n’a pas seulement été mise en cartes dans le cadre d’un projet de domination. 1.1 L’Afrique au prisme de l’islam : un espace aux marges de l’œcoumène ? 1 Connaissance et images de l’Afrique du Moyen Âge aux Lumières La première partie de ce recueil est précisément consacrée aux périodes médiévale et moderne et met en lumière la place de l’Afrique dans les processus de construction cartographique de l’image du monde. En prenant pour point de départ le Moyen Âge plutôt que l’Antiquité, nous souhaitions rappeler l’importance de cette période longtemps considérée, au mieux comme une phase intermédiaire dans l’évolution des savoirs sur l’espace, au pire comme Un premier ensemble de contributions est précisément dédié à la place de l’Afrique dans la culture de l’islam médiéval. Jean-Charles Ducène propose d’examiner les représentations de l’Afrique dans le cadre d’une typologie des mappemondes circulaires arabes. L’étude de leur évolution et de leur diffusion laisse entrevoir, au-delà du maintien à travers les siècles de certains caractères communs, une remarquable diversité des modèles, depuis les cartes où domine l’influence ptoléméenne, jusqu’aux mappemondes schématiques les plus géométriques, en passant par des formules qui accordent la primauté à la représentation des mers. C’est cette même diversité que l’on retrouve dans le panorama dressé par Anna Caiozzo et Annie Vernay-Nouri à partir des collections orientales de la Bibliothèque nationale de France. Les deux auteurs y examinent la place de l’Afrique et des Africains dans l’imaginaire géographique et cosmographique des savants et enlumineurs de l’islam à travers un échantillon significatif de cartes et d’images prélevées sur une période qui s’étend jusqu’à l’époque ottomane. Ces deux contributions sont prolongées par les réflexions d’Emmanuelle Tixier du Mesnil qui aborde l’Afrique à travers le problème de l’articulation entre texte et cartes chez deux auteurs andalous, al-Bakrī et al-Idrīsī. Elle fait remarquer les différences d’approche entre les deux géographes. Le premier privilégie en effet la description textuelle, seule à même de rendre compte du potentiel que représentent les espaces maghrébins dans la perspective d’une régénération de l’islam. À l’inverse, pour Idrīsī, qui compose CFC (N°210- Décembre 2011) 13 son œuvre en Sicile, c’est la carte qui procure le principe d’organisation de l’ouvrage car elle offre l’illusion d’une mise en ordre neutre et équitable des espaces à un moment où l’islam ne peut plus être considéré comme le seul critère d’organisation du monde. Même si l’Afrique apparaît le plus souvent chez les géographes et cartographes de lislam médiéval comme un espace aux confins de l’habitable et de l’humain, elle ne se limite pas au réservoir de merveilles à laquelle on la réduit parfois. Sa connaissance s’articule à des réflexions plus amples relatives à l’extension de l’islam, aux limites de l’œcoumène ou à la diversité de la Création. Cette dimension se trouve d’ailleurs au fondement des articles formant le second versant de cette première partie. La cartographie de l’Afrique y est envisagée à travers les hypothèses et les questionnements qu’elle a suscités dans l’Occident médiéval et moderne. 1.2 L’Afrique vue d’Occident : hypothèses et questionnements Emmanuelle Vagnon se penche sur la représentation de l’océan Indien et de ses rivages africains entre le XIVe et le XVIe siècle. L’auteur invite à cette occasion à reconsidérer la double rupture épistémologique qu’auraient constituée la « redécouverte » de la Géographie de Ptolémée au XVe siècle et les navigations portugaises, au siècle suivant. Elle met en évidence l’ancienneté des réflexions sur la forme et les limites de l’Afrique et sur la possibilité de son contournement. Il apparaît que la Géographie et les Grandes Découvertes n’ont ni aboli ni remplacé les savoirs antérieurs mais ont introduit de nouveaux éléments de réponse à des questions déjà anciennes. D’autres problèmes ont cependant surgi, comme celui de la fermeture de l’océan Indien proposée par Ptolémée, qui vient contredire l’hypothèse alors dominante d’une Afrique circumnavigable. Les solutions cartographiques à ces contradictions supposent la confrontation de savoirs hétérogènes donnant lieu à des choix et à des synthèses qui diffèrent d’un cartographe à l’autre, ce dont témoigne la diversité des productions cartographiques à la Renaissance. Robin Seignobos poursuit cette enquête sur l’articulation des sources dans les cartes de la Renaissance ; à la différence près que ce ne sont plus les contours de l’Afrique qui sont ici en jeu mais la représentation de l’intérieur du continent. Par sa position à la frontière de l’Afrique nilotique et sahélienne, le cas de la Nubie offre l’occasion d’étudier les stratégies mises en œuvre par les cartographes du XVIe siècle pour résoudre les problèmes posés par le tracé des grands bassins hydrographiques africains. Même si Ptolémée constitue encore une référence en la matière, il n’est plus jugé 14 pleinement satisfaisant et doit être confronté à d’autres sources. La tradition des cartes marines, qui plonge ses racines au Moyen Âge, bénéficie à cet égard d’une légitimité équivalente aux cartes ptoléméennes et qui ne se limite pas, comme on pourrait le croire, aux tracés côtiers. Parallèlement ou conjointement, les schémas issus de la Géographie sont critiqués et complétés à l’aune d’autorités textuelles, qu’il s’agisse d’un récit moderne, comme la Description de l’Afrique de JeanLéon l’Africain, ou d’auteurs anciens tel Pline ou Solin. Restant dans les pays du Nil, Lucile Haguet met en évidence la participation du lecteur au processus d’élaboration des cartes à travers une sélection de cartes de l’Égypte d’époque moderne. Le rôle du lecteur s’y révèle, en creux, derrière les informations implicites laissées à son intention par les cartographes, bien conscients que le lecteur averti serait capable d’en comprendre la signification. L’auteur propose d’examiner cet aspect à travers la notion de « blanc cartographique » dont on a coutume d’attribuer l’invention au siècle des Lumières. Il s’avère que la dialectique entre « vide » et « plein » ne se résume pas à l’opposition entre le connu et l’inconnu et revêt à l’époque moderne une pluralité de sens entre lesquels le lecteur doit pouvoir se repérer. Or, les significations du « blanc » évoluent au XVIIIe siècle, ce qui implique une nouvelle éducation du regard par les géographes, désormais contraints de justifier leurs choix dans des textes explicatifs. Se focalisant sur un espace plus restreint, celui de Bourbon, Christian Germanaz examine les étapes successives de la mise en carte de l’île entre le XVIIe et le XIXe siècle. Chacune de ces strates est abordée à travers l’étude d’un document paradigmatique dont l’auteur analyse les modalités d’élaboration en fonction des difficultés pratiques et matérielles rencontrées mais aussi des enjeux intellectuels et stratégiques du moment. Si la précision croissante des relevés semblent bien aboutir à la constitution d’une carte de Bourbon plus conforme aux réalités géographiques, ce processus relève d’une histoire longue et complexe faite de choix et de compromis. 2 La mise en cartes de l’Afrique au XIXe siècle : construction et confrontation des savoirs La seconde partie de ce numéro rassemble les contributions traitant spécifiquement de la cartographie du XIXe siècle. En effet, si nous tenions à étudier les processus à l’œuvre dans la cartographie du continent sur le temps long, il nous a néanmoins paru nécessaire de distinguer le XIXe siècle de la période CFC (N°210- Décembre 2011) qui l’a précédé. Ce choix n’a pas cependant pour objectif de souligner une quelconque rupture épistémologique qui distinguerait radicalement la cartographie du XIXe siècle, scientifique et objective, des périodes plus anciennes où règneraient l’imagination et la subjectivité. Malgré les multiples évolutions techniques et intellectuelles dont ce siècle a bénéficié, la cartographie relève souvent, à ces époques, de formes plus ou moins élaborées de « bricolages savants », a fortiori lorsqu’il s’agit de l’Afrique pour laquelle on dispose généralement de matériaux partiels et disparates. L’étude méticuleuse de Thomas J. Bassett et Philip W. Porter sur les légendaires « montagnes de Kong » ont par ailleurs montré que la cartographie du XIXe siècle a créé et entretenu ses propres « mythes » géographiques (Bassett, Porter, 1991). 2.1 Matérialiser l’espace : de l’atelier du cartographe aux presses de l’imprimeur La véritable raison de cette césure tient davantage à l’intérêt spécifique dont l’Afrique fait désormais l’objet en Europe et à l’intensification subséquente de la production cartographique qui lui est consacrée. Pour autant, les évolutions qu’a connues ce siècle ne sont pas seulement d’ordre quantitatif : elles s’accompagnent aussi d’une réorientation du regard puisque ce sont moins les côtes qui retiennent alors l’attention des cartographes que l’intérieur du continent, encore largement inexploré. En outre, les activités cartographiques sont désormais soutenues par des institutions savantes qui s’efforcent de promouvoir les explorations et d’en diffuser les résultats. Le cartographe professionnel occupe dès lors une position centrale dans la chaîne de transmission des savoirs sur l’Afrique depuis la collecte des données sur le terrain jusqu’à leur publication. Cet aspect est approfondi dans les deux contributions de Wulf Bodenstein et Olivier Loiseaux. Elles portent sur les productions de deux cartographes relativement méconnus qui se trouvent pourtant au cœur de la mise en cartes de l’Afrique dans les dernières décennies du XIXe siècle. Qu’il soit commandité par l’Institut géographique Justus Perthes de Gotha, comme Hermann Habenicht, ou, par la Société de géographie de Paris, comme Jules Hansen, chacun doit parvenir à rendre visibles, lisibles et intelligibles les espaces africains nouvellement parcourus en tenant compte des informations géographiques les plus à jour. C’est là, entre l’atelier du cartographe et les presses de l’imprimeur, que les matériaux disparates confiés par les voyageurs – carnets de route, croquis, relevés topographiques etc. – sont triés, critiqués puis assemblés en un tout cohérent prêt à être diffusé et scruté par la communauté savante. Toutefois, ce travail de compilation et d’harmonisation ne doit pas faire oublier le caractère fondamentalement composite de ces cartes et la multiplicité des acteurs intervenus en amont de sa matérialisation. L’histoire de la production des connaissances sur l’Afrique ne se résume pas aux activités de géographes de cabinet travaillant dans les grandes villes européennes. Elle fait intervenir d’autres acteurs en prise plus directe avec les réalités du terrain : les explorateurs bien sûr, mais aussi leurs interlocuteurs locaux dont la contribution tend souvent à s’effacer au cours du processus de mise en cartes. Il s’agit alors de mettre au jour, derrière l’apparente homogénéité de l’image cartographique, la confrontation et l’imbrication de savoirs relevant des cultures européenne et autochtone. Cet aspect est examiné dans un second sous-ensemble et vient rappeler que la connaissance européenne des territoires africains est, au même titre que l’Amérique du Nord étudiée par Malcolm Lewis, le fruit d’une « rencontre cartographique » (Lewis, 1998). 2.2 Rencontres cartographiques : savoirs locaux et européens Cette problématique est au cœur des contributions de Wendy N’Guia Kahma et Norman Etherington qui l’abordent à travers la cartographie missionnaire en Afrique australe. La première révèle l’interpénétration des savoirs vernaculaires et européens dans le processus de cartographie du Lesotho par les membres de la Société des missions évangéliques de Paris. L’intimité acquise avec le territoire et ses habitants au cours de séjours nécessairement prolongés favorise cette imprégnation qui transparaît dans les cartes dressées par les missionnaires en marge de leurs activités d’évangélisation. Cette familiarité avec la langue et la culture des Sotho conduit les missionnaires-cartographes à prendre parti pour le peuple qui les a accueillis en valorisant notamment la toponymie vernaculaire au détriment des dénominations coloniales. C’est d’ailleurs l’un des aspects auxquels s’intéresse Norman Etherington dans son étude de la carte de l’Afrique du Sud-Est dressée par Robert Moffat Jr. En effet, ce document est non seulement révélateur des profonds changements politiques, sociaux et linguistiques à l’œuvre dans la région en ce milieu de XIXe siècle mais il témoigne aussi d’un certain nombre de partis pris. La carte met ainsi en exergue la souveraineté des chefs locaux tout en minimisant la présence boer, ce qui se traduit, là encore, au niveau de la toponymie, par une attention particulière accordée aux appellations locales. Cette première cartographie fut pourtant ignorée par la suite mais elle constitue aujourd’hui un précieux témoignage CFC (N°210- Décembre 2011) 15 sur l’organisation et le peuplement de cette partie de l’Afrique australe avant que l’empire britannique ne décide d’abandonner la souveraineté de la rivière Orange aux colons boers. Les enjeux de pouvoir qui structurent la confrontation entre savoirs indigènes et européens se retrouvent à plus forte raison dans le contexte colonial. Étudiant la cartographie du pays mossi (Burkina Faso) à la fin du XIXe siècle, Benoît Beucher met en évidence la complexité des dynamiques politiques locales et les difficultés consécutives qu’ont éprouvées les Européens dans la mise en cartes du territoire. Les explorateurs et colonisateurs restaient en effet dépendants des informations fournies par des pouvoirs locaux désireux de faire valoir leur souveraineté au détriment de leurs rivaux. Lorsque l’administration militaire française s’installe au Moogo, elle s’efforce alors de fixer sur le papier un espace politique en constante reconfiguration. La fluidité des relations de pouvoir qui structuraient le territoire moose tend alors à se figer, s’effaçant derrière une conception centralisatrice et homogène du territoire. Si la domination coloniale a pu conduire à l’imposition d’un cadre de référence spatial matérialisé sous la forme de la carte de style européen, elle n’a pas pour autant oblitéré les formes indigènes d’appréhension du territoire. Il est rare cependant que celle-ci s’exprime sous forme cartographique. À cet égard, les cartes réalisées par le roi bamoun Njoya au début du XXe siècle constituent un témoignage aussi précieux qu’emblématique de cartographie endogène. Produites dans le cadre de la colonie allemande puis française du Cameroun, elles s’inscrivent dans un véritable programme d’invention d’une culture lettrée, et intègrent notamment l’écriture mise au point quelques années auparavant par Njoya lui-même. Même si l’entreprise cartographique est ici stimulée par l’influence des modèles européens, Alexandra Loumpet-Galitzine démontre qu’il s’agit bel et bien d’une tentative de traduction cartographique de l’« espace-monde » bamoun. Entre les représentations du territoire bamoun par le roi Njoya et celles de l’œcoumène ptoléméen sur les mappemondes arabes, on mesure la variété des échelles, des époques et des cultures qui seront abordées au fil de cet itinéraire. Pour autant, si l’ordre des contributions ici rassemblées respecte la chronologie, il ne s’agit aucunement de démontrer la continuité d’une histoire qui n’a rien de linéaire. En mobilisant un vaste éventail d’approches et en multipliant les points de vue, cet ensemble n’a d’autre but que de souligner la diversité et la complexité des situations et des processus présidant à la mise en cartes de l’Afrique et des territoires qui la composent. La carte de l’Afrique ne s’offre pas, en effet, au regard de celui qui la contemple depuis la nacelle d’un ballon : elle se construit, sur le terrain, dans l’atelier du cartographe et dans l’esprit de ceux qui savent la lire. Bibliographie Bassett T.J., 1994, « Cartography and Empire Building in Nineteenth-Century West Africa », Geographical Review, 84, p. 316-35. Bassett, T.J., 1998, « Indigenous Mapmaking in Intertropical Africa », The History of Cartography. Volume 2, Book 3 : Cartography in the Traditional African, American, Arctic, Australian, and Pacific Societies, D. Woodward et M.G. Lewis, ed., Chicago, University of Chicago Press, p. 24-48. 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