Papers by Isabelle SURUN
D’où viennent les continents ?
Loin de reposer sur des faits de nature, le découpage du monde en ... more D’où viennent les continents ?
Loin de reposer sur des faits de nature, le découpage du monde en continents est le résultat d’une construction pluriséculaire. Il s’agit aussi d’une invention européenne aujourd’hui contestée pour son ethnocentrisme.
Dans cette perspective, les auteurs de ce volume proposent de retracer l’émergence des découpages des continents, de mettre au jour les implicites épistémologiques qui les sous-tendent, et de s’interroger sur leur actualité.
Les relations entre souveraineté et droit international ont fait l'objet de grands récits antagon... more Les relations entre souveraineté et droit international ont fait l'objet de grands récits antagonistes qui peinent à rendre compte de la pratique d'une diplomatie du contact impérial mettant aux prises les puissances européennes et des entités politiques autochtones. La version la plus commune de ces récits décrit une naissance européenne de la notion de souveraineté, dans sa forme territoriale, au moment des traités de Westphalie en 1648, puis une diffusion au reste du monde, par un transfert de souveraineté aux États nouvellement indépendants au moment des décolonisations 1 . La période coloniale est placée hors-champ, et les appropriations coloniales de territoires ne sont pas considérées comme des aliénations de souveraineté, au motif que la notion n'aurait pas existé hors d'Europe. Une version postcoloniale, présentée par l'historien du droit international Antony Anghie, affirme au contraire une genèse coloniale du droit international et de la doctrine de la souveraineté, nées conjointement des problèmes posés dès le XVI e siècle par la « confrontation coloniale », obligeant les juristes à imaginer des solutions pour ne pas reconnaître aux sociétés non-européennes une personnalité légale reposant sur la « souveraineté » qu'ils attribuaient dans le même temps aux États européens 2 .
L'exploration de l'Afrique au XIX e siècle : une histoire pré-coloniale au regard des postcolonia... more L'exploration de l'Afrique au XIX e siècle : une histoire pré-coloniale au regard des postcolonial studies Au moment où le champ de l'histoire de la colonisation se trouve revivifié par une demande sociale à forte composante mémorielle et connaît une recomposition liée à une réception ambivalente en France des postcolonial studies anglo-saxonnes 1 , l'histoire des explorations ne semble pas constituer un objet d'étude privilégié. Elle continue cependant à alimenter une importante production éditoriale, souvent destinée à un large public, en partie héritière d'une tradition apologétique qui voit dans le voyage d'exploration la réalisation d'un exploit, en partie mue par le ressort d'un désir d'exotisme bien partagé, qui se cristallise en un intérêt spécifique pour les premières rencontres entre des individus européens et des peuples d'Afrique, d'Asie ou d'Océanie 2 . Elle est également mise en scène par des expositions à visée plus réflexive, qui présentent les matériaux produits par l'exploration en établissant une distance historique entre le regard du visiteur et celui du voyageur, recourant parfois à l'ironie du second degré 3 . Cependant, quel que soit le mode de présentation adopté, ces productions éditoriales ou scénographiques n'échappent pas au registre d'une fascination redondante pour les espaces et les peuples découverts -celle que l'on attribue au voyageur, souvent décrite en des termes qui renvoient à la passion, et celle du lecteur ou du spectateur d'aujourd'hui, qui se double d'une nostalgie pour le monde disparu dont le 1. Voir Emmanuelle SIBEUD, « Post-colonial et Colonial Studies : enjeux et débats », dans Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 51, n° 4 bis, 2004, pp. 87-95. 2. Pour l'Afrique, voir par exemple Fous du désert. Les premiers explorateurs du Sahara, 1849-1887, Paris, Éditions Phébus, 1991, 270 p. ; Jean de LA GUÉRIVIÈRE, Exploration de l'Afrique noire, Paris, Éditions du Chêne, 2002 ; France DUCLOS et Olivier LOISEAUX, L'Afrique au coeur, Paris, Éditions du Seuil/Bibliothèque nationale de France, 2005, 189 p. Le premier ouvrage consiste en une réédition d'extraits des récits de voyage d'Heinrich BARTH, d'Henri DUVEYRIER et de Camille DOULS parus dans Le Tour du Monde, sans mention précise de l'origine des documents, le second vise à présenter sous forme de beau livre les gravures accompagnant les éditions originales des récits de voyage, difficilement accessibles aujourd'hui, tandis que le troisième, réalisé par deux conservateurs du département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France, présente des carnets et croquis manuscrits d'explorateurs tirés des collections de la Société de Géographie de Paris. Cet ouvrage se distingue par le statut de source qu'il accorde aux documents et par l'attention qu'il attache à leurs conditions d'élaboration, mais partage avec les premiers un même regard porté sur les explorateurs. 3. Exposition Kannibals et Vahinés, imagerie des mers du sud, Paris, Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie, 24 octobre 2001-18 février 2002. Revue d'histoire du XIX e siècle, n° 32, 2006/1, pp. 21-39
L'analyse de deux cartes produites en Afrique par des Africains à la demande d'explorateurs europ... more L'analyse de deux cartes produites en Afrique par des Africains à la demande d'explorateurs européens au début du XIX e siècle permet de mettre au jour les interactions qui président à la production de ces documents, et le caractère hybride des représentations élaborées par les cartes et les textes qui les accompagnent. On y voit se superposer l'intérêt des Européens pour le réseau hydrographique et les voies commerciales, l'exigence de maîtrise, par un chef d'État africain, de l'image qu'il donne de son territoire, une géographie savante présente chez les élites musulmanes africaines, qui inscrit l'Afrique de l'Ouest dans un cadre en partie hérité des géographes arabes, une géographie des itinéraires qui relève du savoir pratique des commerçants africains… La combinaison de traditions géographiques hétérogènes rend problématique la réception de ces cartes par une géographie savante européenne qui aspire à combler le blanc des cartes en inscrivant les savoirs issus de l'exploration dans un cadre universel.
Journal of Historical Geography, 2011
Through the study of projects conceived to shape colonial space, this article aims to reconsider ... more Through the study of projects conceived to shape colonial space, this article aims to reconsider the motives and means of French colonial expansion in West Africa in the 1880s and 1890s. The Plan Faidherbe, designed by the Governor of Senegal in the 1860s, outlined a plan for eastward development, including a road and rail link between the Senegal and the Niger Rivers (and beyond, between Algeria and Sudan). The implementation of these routes of penetration called for a number of military-led topographic missions. The study of these missions and of the maps that were produced at the time reveal how such projects and their implementation were mediated by both cartographic and field practices. The case of Captain Henry Brosselard (1855e93), General Faidherbe's son-in-law, is an interesting example because of the diversity of the missions he led and the extent of territory which he traversed and mapped. This case also shows how, in the course of a career, an officer could assume several different functions and come to conceive the process of building colonial territory from different perspectives. This paper questions a common view of the military as having a purely strategic vision of space as a field of conquest, a view which reserves a more development-oriented outlook for civil administrators and the business community. Indeed, Brosselard's varied career somewhat blurs the conventional divide between civilians and soldiers, requiring us to reconsider accepted ways of categorising colonial actors.
Distribution électronique Cairn.info pour Nouveau Monde éditions.
“Espace projeté, espace parcouru. Le terrain des explorateurs en Afrique, 1790-1860”, in Jean-Marc Besse, Hélène Blais et Isabelle Surun (dir.), Naissances de la géographie moderne. Lieux, pratiques et formation des savoirs de l'espace en France, 1760-1860, Lyon, ENS Éditions, 2010, p. 111-128.
Distribution électronique Cairn.info pour Publications de la Sorbonne. © Publications de la Sorbo... more Distribution électronique Cairn.info pour Publications de la Sorbonne. © Publications de la Sorbonne. Tous droits réservés pour tous pays.
Le terrain de l'exploration reconsidéré: les explorateurs européens en Afrique au xixe siècle ISA... more Le terrain de l'exploration reconsidéré: les explorateurs européens en Afrique au xixe siècle ISABELLE SURUN Cette contribution trouve son origine dans une insatisfaction devant les différentes lectures que font de l'exploration les travaux d'histoire sociale des sciences qui s'inscrivent dans le cadre d'un courant appelé « Science(s) et Empire(s) » et revendiquant lui-même son appartenance au champ des post-colonial studies. Elle prendra par conséquent un tour plus historiographique et théorique, voire programmatique, qu'empirique, et on y trouvera moins une présentation complète des explorateurs européens en Afrique, qu'une réflexion sur le statut historiographique, et peut-être épistémologique, de l'exploration.
L Espace Geographique, Apr 1, 2002
Dans Space and Place, Yi-Fu Tuan (1979) consacre un chapitre aux espaces et lieux mythiques, dans... more Dans Space and Place, Yi-Fu Tuan (1979) consacre un chapitre aux espaces et lieux mythiques, dans lequel il propose plusieurs approches de la dimension mythique de la relation des hommes à l'espace : il évoque d'abord le cas d'espaces qui n'existent pas dans la ...
Thesis Chapters by Isabelle SURUN
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Loin de reposer sur des faits de nature, le découpage du monde en continents est le résultat d’une construction pluriséculaire. Il s’agit aussi d’une invention européenne aujourd’hui contestée pour son ethnocentrisme.
Dans cette perspective, les auteurs de ce volume proposent de retracer l’émergence des découpages des continents, de mettre au jour les implicites épistémologiques qui les sous-tendent, et de s’interroger sur leur actualité.
Thesis Chapters by Isabelle SURUN
Loin de reposer sur des faits de nature, le découpage du monde en continents est le résultat d’une construction pluriséculaire. Il s’agit aussi d’une invention européenne aujourd’hui contestée pour son ethnocentrisme.
Dans cette perspective, les auteurs de ce volume proposent de retracer l’émergence des découpages des continents, de mettre au jour les implicites épistémologiques qui les sous-tendent, et de s’interroger sur leur actualité.
Institut d’Études politiques de Paris
2012
Institut d'Études politiques de Paris
2012