NO'l'E SUR l..ES CAllDlJELIS fi'LA 1tl!flErl
lUIGRATEUllS EN FRANCE
par ChrisLian ERARD
Les mouvements migratoires du Sizerin flammé apparLiennent
au Lype invasion. En effet, l'imporLance des effectifs rencontrés en
hiver en France varie d'une année sur l'autre. Ainsi, en automne
196!1 de nombreux ornithologues et surtout bagueurs constatèren L
un amux de ces oiseaux en des régions où leur présence ne s'avère
pas du Lout régulière. Nous avons regroupé ces données ; ce sont
elles que nous présentons en leur opposant les renseignements
puisés dans la litLéraLure ou que quelques collègues onL bien voulu
nous fournir. Que Lous les collaborateurs de ceLLe enquête dont les
noms figurent dans les pages qui suivenL, Lrouvent ici l'expression
de nolre vive gratitude. Nous Lenons également à remercier le
G. J. O. dont la centrale a généreusement accepté de nous Lransmettre les renseignements que lui adressaient ses correspondants
régionaux.
Qu'en est-il de Carduelis flarnrnea en France ? La reproduction
de la race cabaret est connue dans les Alpes. Ces populations sont
considérées comme sédentaires ou plutôt erratiques, des Lranshumances donL l'amplitude reste à préciser onL lieu chaque année,
les oiseaux descendent dans les vallées eL irrégulièrement atteignent
les plaines (cf. GÉilOUDE'l' 1957 el ScHIFFERLI in GLUTZ VON BLOTZHEIM 1962). Aucune migration véritable n 'a encore éLé mise en
évidence.
Ailleurs en France, des Sizerins flammés originaires des îles britanniques (cabaret pour certains auteurs, disruptis pour d'autresou des contrées sep LenLrionales (f Lammea) se montren L régulièremenl pour les premiers et à des intervalles de Lemps plus ou moins
longs pour les seconds essentiellemenL dans le Nord de la .France,
plus rarement ailleurs (MA Y Au n 1936 eL 1953). Telles sont les
grandes lignes du statut de l'espèce en France. Voyons donc où
CARDUELIS FLAM~1EA MlGI\ATEUHS
EN Ff\AJ\'.Clè
103
mène la confrontation des observations et captures cfîectuécs en
1964/65 avec celles des publicalions que nous avons pu consulter.
NoRn-OuEsT.
La plupart des données concernant cette zone intéressent l' invasion de l'hiver 64/65. A insi, une Q fut capturée le 10.12.64 au
bord de la Vilaine près de Cesson, dans une bande de Tarins par
LOARER qui avait déjà noté und lors de l'hiver 1960/61. D'autre
part, M. BROSSELL'l en a observé un sujet le 22 mars 1965 dans les
marais de Rennes (Ille-et-Vilaine) . Rappelons que l'extrême onest
avait déjà reçu la visite de Si:1,erins, des captures ayant été réalisées
en Morbihan les 1.XI.61, 18.IV.62 et 25.X.63 (Ailes et Natures
1961 : 17, 1963 : 15, 1964: 25). Enfin, dernièrement, un groupe
d'une dizaine fut repéré le 13 novembre 1965 en Forèt de Befîou,
Côtes-du-Nord (G. ÜL1v11rn) .
Dans l'Orne, au Mage, MOREAU en a capturé un le 29 décembre
1964, époq ue à laquelle il en voyait des groupes de 10-15 individus,
il en nota encore 4 au même endroit, dans des Pins eL Bouleaux, le
12 avril 1965. Il est bon de se remémorer que dans ce département
l'abbé LETACQ (1899) Lenait Linaria rufescens (= C. f. cabaret)
pour assez commun, surtout pendant les hivers rigoureux, arrivan L
vers novembre et repartant au printemps . Il n'inscrivait Linaria
borealis ( = C. f. fiammea) qu'au rang des visileurs possibles,
fondant son opinion sur le faiL qu'il avait été signalé en ScineMar it ime, en Calvados et dans la Manche .
En 1938, G. OuvrnR écrivait du Sizerin flammé nordique qu'i l
était rare en Haute Normandie, seul le Cabaret pouva it, s'observer
presque régulièrement en janvier-février en Forêt de Brotonne.
11 n'en va plus ainsi de nos jours, néanmoins OuvrnR en nota
6-8 le 26 décembre 1964 en Forêt de Bord (Eure) et 9 le 23 février
1965 à Bec-Thomas dans le même département, se nourrissant de
petites graines au sol. Egalement dans l'Eure, à Francheville, 5-6
furent repérés le 29 novembre 1964 (Mme JACQUEMARn-BnossE).
NORD.
PERDRY (1926) avait pris une ô le 28 juillet 192!1 à Amiens
(Somme), cette date peut correspondre à un migrateur hâtif :
en 1964 un cabaret fut capturé le 24 juillet en prov ince de Liège
(RUELLE, (ide RAPPE in litt. 17 .5.65). Le 17 juillet 1965 à Stellaplage (Pas-de-Calais), 1\1. Dt BEHXAHDO crut entendre les cris de
10Li
ALAUDA ,
XXXIV.
-
2,
'19(-i(i
- - - - - -- - - - - - -
Sizerins passanL assez haut, le 2!1 il réussit à en capLurer un,
confirmant ainsi son impression du dimanche précédent. Par la
suiLe, il n'en consLata qu'en octobre et novembre.
Le passage régulier est connu de longue date dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme quoique pour le
dernier surtouL, des renseignements récen Ls soient fort souhaitables. A la fin du siècle dernier, MARCO'f'l'E (1860) donnait le
Linaria rufescens ( = C. f. cabaret) régulier en automne et a11
printemps, en plus ou moins Lrès grosses bandes selon les années ;
par contre il metLaiL l'accent sur le passage de loin en loin à l'automne et pendanL les grands froids du linaria borealis ( = C. f.
flarnmea). Il mentionnait également un Linaria canescens (désignanL ici C. hornemanni) pris au fileL près Abbeville figurant dans
la collection BAtLLO:'< : ceLLe donnée fut reprise par DEGLAND et
GERBE (1867). Signalons une citation récente : trois Sizerins ont
été observés au début de décembre 1965 on région de Fort-Mahon,
Somme (BAYENS).
Nous avons, grâce aux collaboraLeurs du C. H.. M. M. O., recueilli
des précisions sur le statuL d11 Sizerin flammé dans le déparLement
du Nord et les régions limitrophes du Pas-de-Calais.
Aux environs de Bousbecque (au N. de Lille et à l'E. d'Armentières) l'espèce n'osL q11e d'apparition sporadique entre le 20 septembre et le débuL de novembre. Les oiseaux viennent essentiellemonl du Nord-Ouest, se dirigeant au Sud-Est, ce qui plaide en faveur
d'11n apport britannique. Néanmoins un af!lux par l'Est a lieu
plus ou moins régulièremen L les années à Sizerins, ce qui va dans
le sens des appariLions épisodiques de la race nordic1ue (DELATTRE
DELvAEL, DESREUMAUX et DESCAMPSl. D'une manière générale,
selon les mêmes informateurs, l'espèce ne semble pas régulière
hors d'une zone comprise enLre les côtes de la mer du Nord èL de la
Manche et le prolongemenL français d'une ligne joignan L OsLende à
Armentières. Ainsi à Lezennes, près de Lille, VILAIN tient cet oiseau
pour assez rare dans la seconde quinzaine d'octobre et CAPRON
ne le connaît pas du Douaisis. Par contre, à l'ouest de cotte ligne
allanL d'Armentières à l'ouesL du Douaisis (Steenwerck, Aubers,
Marquillies, Banvin eL Douvrin), le passage a lieu régulièrement
de la seconde quinzaine de septembre (parfois plus tard selon les
années) à fin novembre (BONNl~r., CHOMBART, ÛELECOUR, DETA LLEN AERE, FLO UQ VET). L'hivernage n'est que rarement consLalé :
l'espèce apparaît Lrès mobile dans ses quartiers d'hiver. Au prin-
CARDlJELIS FLAMMEA
MIGRATEURS EN FHANCE
105
Lemps, le passage des Sizerins s'avère neLLemenL moins apparenL :
en région de Douvrin, DELECOUR en vit du 15 au 26 avril 1961 et
1 le 2 mai 1964 volant au NW.
L'abondance des Sizerins fut consLaLée en 1964 principalemenL à
Dauvin, à Marquillies et à Aubers (Nord). Les bagueurs opéranL
dans ces localités réalisèrenL des captures plus nombreuses que les
années précédentes surtout à partir de la première décade d'octobre
(à Marquillies le 22 septembre; le bagueur, M. FLOUQUET, signale
d'ailleurs à titre comparatif qu'en 1963 il marqua 5 ç;? ç;? ad. entre
le 10.X et le 7 .XI et en 1964, 2 dd ad., 3 QQ ad. et 16 imm. du
22 . IX au 14. X). A Audinghen, région du Cap Gris-Nez, un sujet
fut observé le 1er novembre et un autre le 9 (GouLLIART). L'espèce était encore présente début décembre en certains endroits
(Bauvin par exemple). L'orientation constatée oscillait toujours
vers le Sud-Est. La compagnie de Tarins Carduelis spinus nous a été
souvent rapportée, les oiseaux fréquentant les arbres et les rares
bouleaux rencontrés ; toutefois ce ne serait pas une association
durable et étroite. Des observations eurent lieu dans des terres en
friche, ainsi près du Cap Gris-Nez un sujet fut noté se poser sur une
inflorescence de Séneçon (Senecio sp.), vraisemblablement pour
se nourrir.
NORD-EST.
Les Sizerins paraissent régul ièremenL hiverner, avec des effectifs
évidemment variables d'une année sur l'autre, dans les forêts
ardennaises, plus précisément dans les formations de Bou leaux qui
demeurent somme toute, dans ces régions, leur bioLope de prédilection. Ainsi, nous en avons observé beaucoup en décembre 1960 et
en 1961, de janvier à la mi-mars puis àla mi-octobre. Un sujet collecté
apparLenaiL à la race cabaret. Le 6 octobre 1964, 2 d' d' et 1 Q onL
été capturés à Fumay dans un biotope broussailleux (à dominance
Prunus) à proximité d'une plantation assez importante d'Epicéas
(NÉNü:'{). En région de Sedan, une bande d'une trentaine fut constatée avec une dizaine de Tarins le 28 septembre dans une haie
vive bordant un étang, lequel n'était séparé de la forêt (Chênes et
Hêtres) que par un terrain pauvre parsemé de genévriers (FLAVIO:'{).
Dans l'Aisne, l'espèce ne fait figure que d'hôLe de transit: dans le
Vermandois, ell e migre régulièrement en plus ou moins grande
quantité en octobre et mars (BouTIKOT, 1956). TROUCHE (1936)
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ALAUDA,
XXXIV.
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2, 1966
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en vit une petite troupe dans des Prunelliers le 17 avril 1935 en
Tardenois et nous en notâmes près Pontavers le 20 novembre 1960.
En 1964, une dizaine d'individus séjournèrent à Soissons du ter au
5 novembre. Un sujet (présumé boréal) fut capturé le 7 décembre à
Saint-Quentin eL 4 autres (dont 3 99 ) les 28, 29.Xll . 64 et 9 et
18. 1T. 65. Deux Sizerins fr équentaient encore un marais boisé à
Chivres le 27 mars 1965 (NosAL, BouTINOT, CARON, GrnoLA). Près
de Saint-Quentin, un passage régulier fut décelé du 15 octobre au
début de novembre 1965, les oiseaux étaient visibles Lous les jours
(BOUTlNOT).
Plus au Sud, dans la Marne, l'espèce n'est que de passage occasionnel. En son temps, GUILLOT (1870) la tenait pour très rare
pendant les hivers rigoureux alors q ueLEs cu Y ER (1885 ), dans les forêts
de S. E. du département et celles, limitrophes, de la région de SaintDizier (Meuse), la connaissait commune tant aux périodes de migration qu'en hiver. Plus récemment, nous-mêmes en vîmes près de
Châlons-sur-:vtarne en novembre 1959 et en région de Reims à plusieurs reprises entre le 28 octobre et le 17 novembre 1960.
En Haute-Marne, FRIONNET (1913) citait le passage irrégulier de
l'espèce du début d'octobre à décembre el de la mi-février à la
mi-avril : il se basaiL sur les données de LESCUYER , ROGER et les
siennes. Qu'en es t-il de nos jours ?
En Lorraine, o'HAMONVJLLE (1895) mentionnait quatre Sizerins:
le Linaria rufescens ( = C. /. cabaret) de passage presque régulier,
sans être jamais commun, arrivant en novembre pour passer l'hiver
quand celui-ci n'est point trop dur et reparlant en mars ; le Linaria
borealis ( = C. /. flammea) rare et irrégulier en novembre, tantôt
en peLiLs groupes, tantôt en bandes considérables ; le Linaria H olbolli ( = C. f. holboellii) vu en novembre 'L852 chez des oiseleurs
de Saint-Mihiel (Meuse) el le Linaria canescens GouLD qui aurait
certainement éLé cap Luré en Lorraine selon M. MATJI rEu qui fut
professeur d'Histoire Naturelle à l'Ecole forestière de Nancy, un
spécimen existerait dans la collection de cet établissement. 11 serait
intéressant de savoir ce qu'il est devenu. S'est-il agi d'un C. hornemanni ou d'un C. /. flammea car HARTERT (1910) a fait remarquer
que Linaria canescens GouLD désignait ce dernier et non pas le premier comme beaucoup d'auteurs l'ont cru. Dans la région de Metz,
QuÉPAT (1899) en disant que Fringilla rufescens (= C. f. cabaret)
ne vient pas tous les ans mais n'apparaît que de loin en loin vers fin
novembre, ayant été vu en janvier 1880, s'oppose à HoLANDRE
CARDUELIS FLAMMEA MIGRATEURS EN FRANCE
107
(1836) qui donne cette race chaque automne en petit nombre. Les
deux auLeurs s'accordent sur Fringilla linaria (= C. f. fiammea) eL
nous précisenL les apparitions hivernales : 1825/26 (du 19. Xl. 25
au 10. l. 26), 1835/36, 1870/71, 1879/80 et 1890/91. Récemment,
VIELLIARD eL nous-mêmes en avons vu de petits groupes en plusieurs endroits dans les formaLions de Bouleaux dans les forêts des
côtes de Meuse au Sud de Verdun, en \i'Voëvre et en Moselle en
novembre et décembre 1963. Enfin, le 31 ocLobre 1964, L. HAYO a
6 femelles (vraisemblablement toutes immatures) à la Petite-Rosselle près de la frontière sarroise. D'autre part, en région de
Saint-Avold, A. HERMAL en viL un en automne 1962 eL un à fin
novembre 1964.
Plus vers l'Est, en Alsace, l'espèce semble inconnue. Nous l'avons
observée une fois dans les Vosges : 1 cf et 2 le 19 février 1960
en région de Saint-Dié. Rappelons qu'en son temps, GÉHARDTN
(1806) qui habitait MirecourL, écrivait que le Sizerin était connu
dans le département des Vosges sous le nom de « Linotte de Bourgogne ».
En CôLe-d'Or, MARCHANT (1869) inscrivait
<<
Pass. régul., C.
»
(= chaque année , printemps et automne, commun) au paragraphe
traitant du Fringilla linaria , par conLre il considérait le F. borealis
comme rare et accidentel : un « passage considérable » se produisit
en novembre 1847 quand« on en apportait chaque jour des liasses
au marché)) (1). En Saône-et-Loire, 1 cf et 2 9 9 ont éLé capLurés
au vois inage de la Saône le 30. T.1895 (BLA Ne fide MAY AUD, 1941).
Nous ne connaissons pas d'observaLions récentes de Sizerins dans
ces départements. Dans le Doubs, 1 cf et 1 Q onL éLé pris au fileL
à Rougemont le 2 novembre 196'i (Troglodyte, 1965 : 37 et GurCHO:\' in litt.).
CENTRE- 10RD.
Cette zone s'appuie sur le Nord-Ouest, le Nord et le Nord-EsL.
D 'une manière générale, les Sizerins flammés n'y sont pas réguliers. Ainsi, dans l'Oise, ÜUSTALET (1903) cita un Linaria borealis
capLuré à fin février 1903 dans une bande de 100 à 150 fréquenLanL
des petits bois en bordure des marais entre Cinqueux et Sacy-leGrand. En 19611, l'invasion commença dès septembre : les membres
(1) Un sujcl clans la colleclion CouTUJUEH, à Billy, :N. :\I.
108
ALAUDA,
XXXIV.
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-
2, 1966
de la jeune équipe ornithologique de Clermont que dirige le
Dr DERAMOl'iD en observèrent 2 le 6 septembre au Nord de la forêt de
Hez près Etony, puis 1 cJ le 15 septembre près Breuil-le-Sec, 1 cJ le
4 octobre à Agnetz et enfin plusieurs furenL signalés à Clermont le
8 mars 1965. Toujours dans la même région, à Hondainville par
Mouy, Y EATMAN prit a u fil el 6 Q Q et 4 cJcJ les 30, 31 octobre et
1er novembre 1964 (il n'en resLait plus dix jours plus tard) dans un
Lerrain marécageux où croît une végétation basse (2-3 m) de jeunes
Peupliers et d'arbustes variés (Noisetiers, Aulnes, Epines diverses).
Non loin de là vers l'Est (près des lieux où furent signalés les Sizerins d'OusTALET), l'Abbé BEAURAT:-1 en captura Lrois adultes à
Pont-Sainte-Niaxcnce les 10 décembre 1964 ( Q ), 28 janvier (Q ) et
23 février (1965 (cJ). Tls apparurent encore en ces régions à l'auLomne 1965. Ainsi, L. YEATMAN en prenait 6 le 1er novembre, 9 le
3 et encore 2 le 11 à Hondainville, tandis qu'à Agnetz, 10 furent
repérés le 13 novembre et une quinzaine le lendemain avec des
Tarins, se tenant dans de jeunes Peupliers dans un Lerrain marécageux en bordure de rivière (J. DATIN).
En Seine-et-Marne, JARRY constata la présence de l'espèce en
région de Lizy-sur-Ourcq au l ord-Est de Meaux: en octobre le 12
(10-15 volent vers le SW) , le 14 (2 cJcJ et 1 Q imm. capturés), le
16 (1 sur Artemisia sp.), le 26 décembre 1964 (7 également sur des
Armoises), les 11 et 24 janvier 1965 (1
8) et 1 le 18 mars. Le
21 février, N1coLAu-Gu1LLACMET en nota un mâle sur des Eupatoires (Eupatorium cannabinum) à Annet-sur-Marne à l'Ouest de
Meaux. Nous mettrons l'accenL sur une intéressante donnée antérieure: entre le 16 avril eL le ter mai 1964, GAUDICHON en captura
51 à l'abreuvoir près Fontainebleau, les oiseaux avaient disparu
au 8 mai.
En Seine-et-Oise un individu fut observé à Saclay le 11 novembre
1964, Rappelons qu'un sujeL fuL noté là le 18 janvier1960 (KÉRAUTRET) ; cetLe donnée demeurait la plus récente depuis l'indication
de GUICHARD (fJi()a fJoce) de petites bandes en décembre 1941-janvier 1942 en Forêt de Saint-Germain. A Meudon-la- Forêt, 2 furent
repérés le 15 novembre 1964 eL 3 revus par la sui Le noLamment le 22,
deux mâles immatures y furent pris au filet le 28 ( FoURl'iIER, MANACH , NrcoLAU). L'espèce fut également remarquée le 28 novembre
pour une dizaine d'individus en Forêt de Rambouillet à la Hauteville dans les Aulnes et Saules bordant une petite marc (HEU). Les
plus forts contingcnLs consLaLés en région parisienne sLaLionnèrenL
+
CAHDUELIS FLAMMEA MIGRATEURS EN FHANCE
109
dans une friche au bord d'un étang marécageux à proximité d'un
bois touffu à Louveciennes. Des Sizerins demeurèrent en permanence depuis le 13 décembre (1re cap Lure) jusqu'au 31 mars (dernière
capture) : 15 à 20 le plus souvent, 35 le 17 janvier. Une certaine
fidélité au lieu fut mise en évidence pour quelques sujets : par
exemple un sujet marqué le 13 décembre fut contrôlé le 29 et un
auLre du 28 fut recapturé le 17 janvier. D'autre part, l'observateur
A. J . LorsEA u, a retrouvé à Louveciennes des Sizerins bagués par
lui quelques jours auparavant à ceL endro it mais qu'il avait re lâchés
à Marnes- la-Coquette à 5 km de là, ce qui laisseraiL supposer que ce
gagnage était le seul convenant aux Sizerins dans la région. 54 captures onL été effectuées pour 60 % de mâles et, apparemment, un
peu plus d'immatures que d'adulLes.
En 1965/66, quelques sujets furent encore remarqués en Seineet-Oise : une bande d'une vingtaine fut identifié le 22 novembre
à Grosrouvre, elle y était encore le 28 (Mme GARRY), 3 furenL observés le 19 décembre à l'étang de Saint-Quentin (Dr MAlUCH) eL
5 à Beauregard à fin décembre-début janvier (G. J. 0.). Un mâle se
tenait le 16 janvier à Yîeudon (G. J. 0.).
Dans l'agglomération parisienne où EsTIOT (1929) ne citait
qu'une observation à Vitry de 9 sujets le 3 . 2.1907 épluchant des
chatons de Bouleau et une capture en banlieue en décembre 1879,
6 se tenaient en décembre 1964 dans des Bouleaux au Bois de
Boulogne (GurcH ARD ), encore un en février.
Aucune donnée ne nous est parvenue d'Eure-et-Loir où l'espèce
n'est qu'accidentelle : LABlTTE en avait vu une dizaine le 5 mars
1932 aux environs de Dreux. Il en va de même dans la Sarthe où,
dep uis LAMOUREUX (1911) qui mentionnait quelques Sizerins en
octobre 1910 et la capture de 2 dcJ de la race f/,ammea les 13 et
16 novembre de la même année, et COTTEREAU (1919) qui donnait
le cabaret comme Lrès rare en hiver, parlant de deux captures à
Saint-Gervais-de-Vic en 1890, l'espèce n'a pas été signalée dans les
temps récents. La situation apparait identique dans l'Yonne où
RABÉ (1886) soulignait que si le cabaret peuL êLre assez commun en
hiver, le fait ne se produit pas tous le.s ans, la race boréale étant
considérée comme rare. Rappelons que dans la collection MARMOTTAN existent 4 cJcJ et 1 Q ad cabaret du 28 janvier 1878 à
Maligny (Yonne). De même, dans le Loir-et-Cher, il ne semble pas
y avoir eu de renseignements postérieurs à ceux de REBOUSSIN qui
en vit 6 en février et 2 Q Q le 10 septembre 1038 à Sargé. Cet auteur
110
ALA U DA,
XXXIV.
-
2,
·J 966
cite un individu en mars 1893 à la Ferté-Saint-Aubin et dit qu'il en
a été vu en novembre sans préciser l'année.
En Orléanais, le Marquis de Tn.1STAN n'avait rencontré l'espècr
qu'une seule fois à fin novembre. Plus récemment, un sujeL fut capturé et un autre observé à début décembre 1961 puis un troisième
le 5 mars 1962 entre Orléans et Saint-Pryvé Saint-Mesmin, LoireL
(LARIGAUDERTE). L'invasion de 1964 y fut très nettement caracLérisée par la présence de gros contingents. A Saint-Pryvé SaintMesmin près d'Orléans, une 9 est constatée le 19 octobre. Les 20
et 21, des groupes de 3 ou 4 jusqu'à 20-30 font leur apparition et
sont régulièrement remarqués par la suite j usq u' aux environs du
12 décembre date à laquelle les eITectifs diminuent. A partir de là,
les observations s'espacent et concernent des individus réunis par
deux ou trois ; les deux derniers sont notés le 7 mars. 18 captures
au filet concernaient 14 9 9 et 4 cJcJ (LARJGA UDJrnrn). Les plus
fortes concentrations furent enregistrées à Montargis par .T. P.
PEREIRA à partir du 12 janvier 196S peu de temps après son installation dans cette localité : environ deux cents Sizerins fréquentaient assidûment pour se nourrir une vaste zone d'anciens jardins
nivelée pour la construction d'immeubles, la majeure partie du
terrain étant envahie par des herbes desséchées pour la plupart
montées en graines. Non loin de là s'étale un grand plan d'eau
artificiel. Vers le 28 janvier, l'effectif avait chu de moitié. Début
mars, PEREIRA découvrait un second emplacement fréquenté par
les Sizerins, 5 km au Sud du premier, des contrôles montrèrent
qu'une partie au moins des oiseaux v,"'lnaient du premier lieu de
stationnement exploité en vue du baguage. 11 marqua ainsi jusqu'à
fin mars 161 sujets, adultes et immatures apparemment à peu près
dans les mêmes proportions mais pour deux fois plus de mâles
que de femelles.
Enfin, dans l'Indre, MoTTEAU, a noté la présence des Sizerins à
Tournon Saint-Martin du 14 décembre 1964 au 14 février 1965 dans
une friche: maximum d'une trentaine de la mi-janvier au 7 février.
MARTIN cile le Caharel commun de passage en hiver presque
chaque année en Brenne.
Sun-OuEsT.
Plus à l'ouest de la zone précédente, l'espèce n'est que de passage
rare et exceptionnel : plusieurs fois en Anjou (par ex. 28 mars à
Angers) selon l\11LLET, Noirmoutiers (Musée de Bayonne), Fougeré
CARDUELIS
FLA~IMJL~ MIGRATE!JHS EN
FHANCE
1.11
(Vendée) : 28.3.1892 selon DAvY, Charente Maritime (BoN:'iiE'l'
DE P.uLURETS, 1927). Un net passage aurait éLé remarqué à fin
novembre 1889 en Gironde par GRANGER, d'auL l'CS auteurs tels
DARRACQ, DUBALEK eL SAUNDERS ont signalé accidentellement des
Sizerins cabarets en hjver dans le Sud-Ouest (cf. MAY AUD, 1941).
Seules données dans le Sud-Ouest pour l'invasion de 1964/65:
1 cJ et 2 Çl Çl ad. ont été capturés les 23, 25 février et 3 mars 1965
à Saint-Geours-de-Marenne dans les Landes (LA LANNE).
CENTRE -SUD.
L'appariLion de l'espèce en celte reg10n s'avère exceptionnelle.
Ainsi D'ABADTE (1922) écrit sur le cabaret : « Précigou le cite de
passage régulier en HauLe-Vienne à la même époque que Je Tarin.
Je n'ai rencontré qu'une fois une bande de 6 individus en mars 1908
dans les all ées du parc de Chercorat donl 1 cJ et 1Çl sont dans mes
collections)). En 1930, il s'en tient à ces deux seules capLures . De
son côté, VILLATE DES PRUGNES (1911) donne le boréal très rare et
le cabaret parfois en automne et hiver dans le Puy-de-Dôme ; en
1912 il reprend ses écrits sur le cabaret el les applique à l'arrondissement de Montluçon (Allier). Dans l'Aveyron, D 1,LMAS (1911) sans
toutefois donner de dates précises mcntionnaiL le cabaret comme
très rare et de passage en automne el en hiver, to11jours en petit,
nombre.
La période hivernale 1964c/65 amena des représentants de cette
espèce dans le :Massif Central. G. l\1A:-1srnR pense avoir observé
un isolé à Gannat (Allier) dans la seconde quinzaine de novembre.
En région de Clermont-Ferrand (Puy-de- Dôme), un sujet fut
noté en j anvier et un autre ( Çl ad.) capturé le 21 février 1965
BAYEUL, FAURIE). En Corrèze, un spécimen fuL bagué le 3 mars à
Meyssac (BEZANGER et MtQUEL). Par contre, dans l'Aveyron, si
quelques individus furenL notés à Millau en vallée du Tarn à partir
du 23 janvier, un apport de plusieurs centa ines fut apparent vers
le 10 mars jusqu'à la fin du mois sur un terrain vague. Les mâles
adultes semb lèrent, constamment être en minorité (ca 10 %) (MERVEILLEUX DU VIGNAUX).
RiGGION MÉDITERRANÉENNE
Les données anciennes présentent toutes le Sizerin boréal corn me
exceptionnel dans le Midi. eL le cabaret irréguljer. Par exemple,
CRESPON (1840) ciLe cc dernier en novembre et décembre avec une
112
ALAUDA, XXXIV.
-
2, 1966
----------
périodicité de 3-4 ans correspondant à celle dont parle BAILLY
(1854) pour les oiseaux alpins. L' HrnmTTE (1914, 1916) de son côLé,
menbonn'l l'apparition irrégulière et en petit nombre de cabarets :
1903, ChâLeau de GomberL (B. du Rh.) , 1910 les Lêques (Var) et
1913 Mazargues (B.-du-Rh.). Deux spécimens, une Q imm. sans date
et une 9 ad du 10 . XI. l913, figurent dans la coll ection RAPINE
au Muséum provenant respectivement des deux dernières localiLés
nommées par L'HERMITTE (1). ÎNGRAM (1926) faiL état de l'existence
au Musée de F lorence de deux flammea collectés à Nice (Ç> 1863, d
7.1.1878) eL déclare avoir obLenu cabaret en novembre dans le Var.
En 1964/65, l'espèce fut notée dans l' Hérault : 1 le 31 décembre
près Béziers (POMARÈD r,;) et dans les Pyrénées-Orientales : une
capture le 30 décembre, 1 le 16 avril et 3 le 21 à Ille-sm-Têt (MARSAL).
Sun-EsT :
Cette dernière zone englobe les départements visités ou susceptibles de l'être par des Sizerins appartenant aux populaLions nichant
régulièremen Ldans la chaîne alpine dont les déplacements demeurent
malheureusement encore inconnus (cf. antea). Le Sizerin boréal n'y
est que très rare (LAVAUDEN, BAILLY). Toutefois, comme nous le
verrons plus loin à propos d'une reprise dans le Rhône, un apport
de sujets venus du Nord de la France eut réellemenL lieu. Aussi,
lorsque R. PRICAM nous écrit avoir observé le 21 novembre 1964
trois sujeLs différents des Sizerins auxquels il est accoutumé dans
le Bas-Chablais savoyard, peut-être a-L-il raison bien qu'une distinction des populations soit impossible de visu.
Dans les Dombes (Ain), 3 individus furenL notés le 6 mars 1965
à Chalamont et d'autres en hiver (64/65) à 1\1arlieux selon un renseignement local (G. O. L .).
Il apparaît donc qu'au siècle dernier des apports étrangers s'observaient régulièrement en hiver dans les forêts du Nord eL du NordEst de la France. De nos jours, seul l'exLrême Nord du pays semble
(l} l!ITEllMITTE {19'16) sµécdlc n'avo ir jamais vu le Sizerin boréal en
Provence. La citation de Polydore Roux est la seule pour cette province.
J Au BE HT {1855) dou Lait de sa vaJidi té; les Richesses ornithologiques ... {1859)
l'ont admise comme probable.
-;-.;. M.
113
CARDUELIS l'LAMMEA MIGRATEURS EN FHANCE
ainsi recevoir chaque année la visite de Sizerins pour la pluparL
certainement originairas de Grande-BreLagne. Les contingents
venus d'Europe septentrionale ou des Iles britanniques n'aLLe ignent
les régions situées plus au Sud qu'à des intervalles de temps très
espacés, lors d'invasions comme ce fut le cas en 1964. L'exacte
amplitude de tels mouvements s'avère difficilement appréciable
car dans le Sud de la France, la présence de Sizerins peut signifier
nne migration partie des Alpes.
Néanmoins, si tant est que les données recueillies soient bien
représentatives du phénomène, l'automne 1964 fut caracLérisé par
une arrivée de Sizerins flammés dès septembre pour des isolés eL des
petits gro up es dans le Nord, les Ardennes et l'Oise. En octobre, les
contingents gross irent et se remarq uèren t alors en Seine-eL-Marne
et Loiret tandis que quelques-uns apparaissaient en Lorraine. En
novembre et décembre, ils se répandaienL d' une part, vers l'Eure
et l'Orne et d'autre part, vers le Massif Central qu'ils aLteign irent en
janvier. Des sujets se montraienL en décembre dans les Pyrénées
Orientales, malheureusement, nous ne pouvons absolumenL pas
affirmer qu'il ne s'agissaiL pas d'oiseaux venus des Alpes quoiqu'en
automne 1964, aucune « évasion » des Sizerins n'aiL éLé constatée
en ces régions. Pendant l'hiver, les Lroupes semblent avoir vagabondé à la recherche d'emplacements de nourri Lure adéquats comme
ceux de Seine-et-Oise, du Loiret et ceux de fin d'hiver dans l'Aveyron. Les départs se sont étalés entre la fin février et la fin mars
et même le début avril : dates limites le 12 dans l'Orne et le 21 dans
les Pyrénées-Orientales (sujets alpins ou migraLeurs étrangers
ayanL gagné la Péninsule ibérique ?).
Les gagnages exploités ont pour la plupart consisté en friches
pourvues de pla n Les à graines mûres (Artemisia, Rupatorium ... ) et
d'un abreuvoir à proximité. Ainsi ont-ils souvent été observés en
compagnie d'espèces comme Passer montanus, Fringilla cœlebs
et montifrin gilla, C. chloris ... Les Bouleaux et les Aulnes n'apparaissent pas aussi fréquentés qu'on aurait pu le croire, peut-être
parce qu'ils ne forment guère chez nous de grands massifs purs
susceptibles de retenir ces oiseaux:. Néanmoins, le biotope hivernal cité ci-dessus mériLe l'attention de ceux qui surveill enL leur
région sur le plan orniLhologiq ue car sa connaissance leur permettra peuL-être de ne pas passer à côté d'une espèce qu'ils auraienL
manquée tant elle est discrète et surtout échappe aisément à celui
qui ne connaît pas ses cris.
AL.\UDA
3
ALAUDA,
---------
XXX LV.
-
2, 1966
D'où venaient ces Sizerins ? S'agissait-il d'oiseaux originaires
des pays nordiques ou des Iles britanniques ? Les premiers appartiennent à la race flammea L. du Nord de l'Eurasie et de l'Am érique du Nord: en Europe, elle habite la Laponie, le Sud de la Norvège, les montagnes suédoises, le Nord de la Finlande et la Russie
et, occasionnellement, la Pologne, la Prusse orientale et le Danemark. VAUHIE (1959) considère Holboellii BREHM synonyme de la
précédente. D'ailleurs des doutes avaient été antérieurement formulés sur la validité d'une t elle reconnaissance raciale (KINNEAR et
al. 1948). L'étude des Sizerins norvégiens avait amené PAYN (1947)
à utiliser l'appellation C. homemanni pallescens (HoMEYER). Plus
récemment, HARR1s, 10RMA:'-i et Mc Cou (196S) ont constaté à
l'analyse dos mensurations et de la coloration que les populations
du Nord de la Norvège (237 spécimens étudiés) ne pouvaient pas
être clairement définies, elles apparaissent comme un mélange de
C. f. (lammea, C. f. holboellii et C. hornemanni exilipes, ce qui va
dans le sens de l'opinion de certains systématiciens de considérer
(lammea et hornemanni comme une soule espèce. En 1906, ScHMlEDEKNECHT décrivit Carduelis linaria britannica des lles britanniques rencontré en hiver dans le Sud de l'Angleterre, la Belgique et
la France. En 1953, :V(EINEHTZHAGEN à la suite de la comparaison
d'une série de Sizerins d'Ecosse, du Sud del' Angleterre et de l'Ouest
de l'Irlande à trois suj cts de Blois (qu'il croit être des cabaret
typiques!) conclut à la ressemblance des spécimens français, anglais
et écossais et propose de séparer ceux d'Irlande sons l'appellation
britannica ScHMlEDEKNECHT. La même année, sans préciser quel
fut exactement son matériel de référence, CLA:"lCE Y nomme les
Sizerins britanniques C. f. disruptis, C. /. britannica Sc11MrnDEKNECHT étant préoccupé par C. carduelis britannica HARTERT.
Il caractérise disruptis par une coloration plus sombre que celle
de cabaret pour une taille identique. La variabilité des teintes étant
assez forte chez les Sizerins, nous préférons suivre V AUHIE qui considère les populations britanniques comme appartenant à la sousespèce cabaret P. L. S. MÜLLER.
Pour faire pendant aux données françaises, mentionnons qu'en
Belgique, l'invasion de 1964 fut perceptible fin septembre dans la
vallée de la Dyle (Brabant), en octobre, l'espèce fut abondante
(régions de Bruxelles et de Liège) puis diminua en novembre (dernière observation à Liège le 15) et seuls quelques petits groupes
demeurèrent en hiver fréquentant les Bouleaux (10 le 14.2.65 près
CARDUELIS FLAMMEA MIGRATECRS EN FRANCE
115
Bruxelles). Les cabaret dominaient nettement les fiammea
environ 90 % et 10 % (Centrale ornithologique Aves, RAPPE in litt.).
Nous avons group é les mensurations alaires relevées par divers
bagucurs (Oise, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Loiret, Indre)
utilisant tous la même méthode. Nous avons, à tiLre comparatif,
faiL figurer sur les hisLogrammes réalisés, les marges de variation
des longueurs alaires données par W1THERBY et al. pour les races
cabaret et fiammea. Toutefois il importe de préciser que les dimensions du Handbook concernent des sujets en peau donc, comme
l'ont montré HOFFMANN (Alauda, 1957) pour Tringa glareola et
BLONDEL (Ois. Fr., 1965) sur les Sylviidés méditerranéens, il faut
en réalité les augmenter. Ceci ressorL d'ailleurs de l'histogramme
effectué à partir des mensurations de 67 Sizerins pris en 1964 et 56 en
1963 au col de la Golèze, Hte-Sa voie par les membres du G. 0. L. et
du C. E. O. B. (Bordereaux de baguages déposés au C. R. M. M. O.).
Nous avons distingué plusieurs catégories de mensuraLions afin de
réduire les sources d'erreur (cf. figure) : il est à craindre que des
reconnaissances erronées des sexes eL des âges aient eu lieu, la plu part sinon la totalité des bagueurs ayant réalisé de grands nombres
de capLures n'éLant pas des familiers de cette espèce dont les critères d'âge et de sexe à cette époque ne sont pas toujours bien
définis. Compte tenu de ces remarques, les mensurations noLées
s' intègrent bien dans le cadre de celles de la race cabaret. Les
Sizerins observés en 1964/65 provenaient donc des Iles britanniques où une exo de fut notée en octobre dans le Sud de l'Angleterre. Nous croyons que s'il y cuL un apport de (lammea, il fuL
mm1me.
Les renseignements obtenus par le baguage con flrmenL ceLLe
origine. Avant l'année 1964, 3 reprises mettaient en évidence l'apport britannique (*) :
London J 22091
ad. 23. 9 . 61
\'
15.10.61
London
27594 irnm. 10.11.57
\'
15.11.57
London 61407 é!; ad . 20. 8 . 59 pr ès
( ) 15 .11. 59
Newmiller Dam : 53° 39 ' N / 1° 30 ' ',V (Yorkshire).
Armentières: 50° 41' N/2° 53' E (Nord) .
Dungencss : 50° 55 ' N/0° 59' E (Kcnl).
Armenlières (Nord).
The ChevioL : c 55° 30' N/2° 1'1' W (Norlhumberland).
Labastide !'Evêque : 44° 50' N/2° 50' E (Aveyron).
(*) Rappelons qu'en hiver 1959/60 une série de caplures de Carduelis flammea
cabaret eut lieu en péninsule ibérique: Caslillc, Catalogue et Baléares. A celle
époque fut retrouvé un oiseau ang lais dans l'Aveyron alors qu 'aucune migralion
caractérisée n'élait mise en évidence clans les Alpes (.\'os Oiseaux, 1060: 330).
116
4-0
.J5
30
25
20
15
/0
5
ALAUDA, XXXIV. -
A
55
50
45
4/J
35
30
2, 1966
C.F.F.
C
C.F.C.
25
2/J
15
10
5
Dislribution des longueurs alaires des Carduelis /lammea capturés en France en
1964/65 lors de l'invasion.
A: Ensemble desôô (ad. + imm.)
D : Ensemble des ô ô ad.
B : Ensemble des <j2<j2 (ad. + imm.)
E : Ensemble des <j2<j2 ad.
F : Ensemble des aclultes
C : Ensemble des sujcls caplmés
G : Ensemble de sujets alpins (voir Lexte)
Nous avons figuré les marges de variation des longueurs alaires de Carduelis
(lammea (lammea (C. F. F.) el de C. /. cabaret (C. F. C.) données par \YJTHERBY
el al. (1940).
En abscisse : longueurs d'aile en mm.
En ordonnée : nombre d'individus.
En 1964/65, 4 autres ont confirmé ceLLe provenance des migrateurs
London
AN 41140
12. 9.64 Yosforth: 55° 02' N/1° 37' W (Northumberland).
( ) 0.12.64 Méru : 49° 14' N/2° 08 ' E (Oise).
London
AN 58452 ô imm.27. 8.64 Ibidem
X
2. 3.65 Chisseaux: 47° 21' N/1° 06 ' W (Indre-et-Loire)·
London AH 52201 <j2 ad. 25. 4. 64 ArcoLL Hall : 55° 04' N/1° 37' W (Northumberland).
X ca 8. 3.65 Saint-Didier-sur-Aubcnas44°36'N/4°25 ' E(Ardèche).
Paris
356781
<j2 ad. 14. 1. 65 Tournon-Saint-::VIartin : 46° 44' N/00 57 ' E (Indre).
x (24.5.65) Midlem, Selkirk 55° 33' N/2° 50' W (Ecosse).
CARDüELIS FLAMMEA .\llGHATE
RS EN FRANCE
117
Ces reprises nous donnent un aperçu de l'avancée des Sizerins
anglais à l'intérieur de noLre pays. Nous pouvons leur en adjoindre
une autre soulignant également, comme celle en Ardèche, une présence de Sizerin anglais en des régions où on pourrait conclure à des
oiseaux venus des Alpes :
Paris
226501
imm.
8 .10. 64 :Marquillies : 50° ::l2' "t-s/2° 52' E (Nord).
X 28. 3.65 Thizy (Rhône) 500 km SSE.
Si beaucoup de Sizerins onL, à leur arrivée en France, poursuivi
leur cheminement vers le Sud-Est, certains ont pérégriné dans
d'autres directions tel celui mis en cause ci-dessous :
Paris
398177
3 27. 9. 64 Marquillies : 50° 32 ' N/2° 52 ' E (Nord).
V
2 .10. 64
Lambermont : 50° :~6 ' N/5° 52' E (Liège) Belgique
Ces données nous montrent qu'il n'esl peut-être pas improbable
du tout qu'au cours de Lelles invasions des contacts aient lieu enlre
les populations britanniques et alpines. 11 serait alors intéressant de
sa voir si des éléments des premières demeurent par la suite avec
les secondes.
Enfin, la reprise lors du passage postnuptial (31 octobre 1965)
en Belgique à Oosteeklo (Flandre orientale) d'un sujet bagué comme
Çl adulte le 13 janvier précédent à Montargis (Loiret) met en cause
un individu revenu passer l'hiver sur le continent.
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