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La pédagogie dans tous ses états

2005, L'Expansion Management Review

LA PÉDAGOGIE DANS TOUS SES ÉTATS Alain Fayolle, Emile-Michel Hernandez, Patrick Sénicourt L'Express - Roularta | « L'Expansion Management Review » 2005/1 N° 116 | pages 28 à 33 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2005-1-page-28.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) !Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Alain Fayolle et al., « La pédagogie dans tous ses états », L'Expansion Management Review 2005/1 (N° 116), p. 28-33. DOI 10.3917/emr.116.0028 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour L'Express - Roularta. © L'Express - Roularta. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta ISSN 1254-3179 Préparer les entrepreneurs de demain Si les méthodologies et comportements de l’entrepreneur peuvent s’acquérir, leur apprentissage La pédagogie dans tous avant de le présenter, une question préalable doit être posée: l’entrepreneuriat relève-t-il de l’inné ou de l’acquis? S’il relève de l’inné, un simple repérage suffira à identifier les futurs entrepreneurs et toute Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta ALAIN FAYOLLE, professeur à l’EM Lyon, directeur de la chaire de recherche en entrepreneuriat, chercheur au CERAG (université Pierre-Mendès-France de Grenoble), est président de l’Académie de l’entrepreneuriat. ÉMILE-MICHEL HERNANDEZ, professeur à l’université de Reims, en est vice-président. PATRICK SÉNICOURT, professeur associé à l’ESCP-EAP, en est administrateur. L’Expansion Management Review 28 Mars 2005 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta U n premier dossier « L’entrepreneur, cet inconnu » a fait ressortir la diversité des figures de l’entrepreneur et la difficulté à l’enfermer dans une définition unique. Ce deuxième dossier traite de la pédagogie de l’entrepreneuriat et des problèmes de la formation. Mais LES POINTS FORTS ses états 씰 Alain Fayolle, Emile-Michel Hernandez et Patrick Sénicourt démarche pédagogique s’avérera inutile. S’il relève de l’acquis, et c’est la position des auteurs de ce dossier, la construction d’une véritable pédagogie de l’entrepreneuriat a son utilité. Ce point de vue rejoint d’ailleurs, entre autres, celui de Peter Drucker lorsqu’il affirme dans son ouvrage Innovation and Entrepreneurship: « Presque tout ce qui se dit sur l’entrepreneurship est faux. Il n’y a ni magie ni mystère. Ce n’est pas non plus une Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta L’Expansion Management Review 29 Mars 2005 ■ Il y a aujourd’hui une prise de conscience indéniable de l’importance de l’entrepreneuriat, mais les moyens destinés à sensibiliser, former et accompagner créateurs et repreneurs d’entreprise ne sont pas à la hauteur des enjeux. ■ Car une partie des difficultés a des racines profondes, sociales et culturelles. Elles touchent aussi bien les finalités de l’enseignement que les institutions elles-mêmes, dont les dispositifs ne sont pas adaptés. ■ Reste que, si l’on apprend à entreprendre en entreprenant, l’entrepreneuriat n’est pas qu’une affaire d’individus : les organisations aussi sont concernées, et n’ont plus guère le choix. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta dans le contexte français présente nombre de difficultés. affaire de gènes. C’est une discipline et, comme toute discipline, cela s’apprend » (1). Le processus entrepreneurial est un ensemble de méthodologies qui peuvent s’apprendre et de comportements qui peuvent s’acquérir. Bien sûr il serait vain de nier que certains seront plus doués que d’autres. Toutes les personnes qui jouent du piano ne sont pas des virtuoses, mais tout le monde peut apprendre à jouer du piano. La démarche entrepreneuriale n’est pas réservée à une petite élite devant son privilège à son hérédité ou à sa position sociale, c’est l’affaire de tous. Apprendre à entreprendre devient même une nécessité dans un monde où l’innovation, la capacité de changement et la proactivité s’imposent comme des vertus cardinales aux individus et aux organisations. Dans le contexte culturel français, la pédagogie de l’entrepreneuriat soulève pourtant de nombreuses difficultés. Les enquêtes internationales du Global Entrepreneurship Monitor mettent régulièrement en évidence la trop faible fibre entrepreneuriale de notre pays. Les particularités et les difficultés des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat seront ici abordées à travers une segmentation classique en trois phases: sensibilisation, formation, accompagnement, avant une mise en perspective de chacune des contributions de ce dossier. Quels sont alors les obstacles à cette sensibilisation? Les études sur les différences culturelles dans le management (2) montrent que la France a un taux élevé de contrôle de l’incertitude: 86 (sur une échelle allant de 0 à 120). Aux Etats-Unis, ce taux n’est que de 46. Un taux élevé traduit un contexte où on est inquiet à propos du futur, où on craint l’échec, où on prend moins de risques personnels, etc., en d’autres termes un contexte peu favorable à la prise de risque inhérente à toute démarche entrepreneuriale. Les travaux d’Hofstede opposent également culture féminine (la qualité de la vie est une chose importante, les hommes et l’environnement sont importants, on travaille pour vivre) et culture masculine (la réussite est la seule chose qui compte, l’argent et les biens matériels sont importants, on vit pour travailler). Sur une échelle allant de 0, mentalité féminine, à 100, mentalité masculine, la France apparaît avec un score de 43 qui traduit une mentalité plutôt féminine, alors que les Etats-Unis affichent avec un taux de 62, une mentalité nettement plus masculine. Cette relative « féminité » constitue également un frein à la démarche entrepreneuriale. On relèvera ensuite la toujours forte influence de l’idéologie marxiste dans les milieux intellectuels français, et en particulier dans le milieu éducatif. Il y a quelques années, les intellectuels français estimaient préférable « d’avoir tort avec Jean-Paul Sartre plutôt qu’avoir raison avec Raymond Aron ». Le titre d’un ouvrage récent du sociologue Raymond Boudon, Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme (Odile Jacob, 2004), traduit parfaitement cette spécificité nationale. Et on attribue à l’économiste Jacques Lesourne la formule selon laquelle « la France serait une Union soviétique qui a réussi ». Ces quelques éléments montrent combien la sensibilisation à l’entrepreneuriat est une tâche à la fois nécessaire et difficile. La démarche entrepreneuriale n’est pas réservée à une petite élite devant son privilège à son hérédité ou à sa position sociale, c’est l’affaire de tous. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Un contexte français encore bien frileux D’une façon générale, même si notre pays a pris davantage conscience de l’importance de l’entrepreneuriat en tant que phénomène économique et social, beaucoup de choses restent encore à faire pour le doter des dispositifs et des outils qui peuvent lui permettre de mieux sensibiliser, former et accompagner ceux qui désirent entreprendre ou qui sont déjà engagés dans des processus de création/reprise d’entreprise. La sensibilisation. Elle doit être la plus large possible et concerne aussi bien les élèves dès l’école primaire que leurs aînés déjà engagés dans la vie professionnelle. Il s’agit simplement à ce niveau de présenter l’option de l’entrepreneuriat comme un élargissement des choix possibles et comme une étape dans la carrière. La formation. La formation proprement dite comporte également des écueils. Elle peut concerner tout aussi bien des jeunes en formation initiale que des personnes plus âgées engagées dans des processus de création et de reprise d’entreprise. L’élève français est habitué dès son plus jeune âge à résoudre des problèmes bien structurés. C’est-à-dire (1) Peter Drucker, Innovation and Entrepreneurship, Harper & Row, 1985. (2) Voir Daniel Bollinger et Geert Hofstede, Les Différences culturelles dans le management, Editions d’organisation, 1987. L’Expansion Management Review 30 Mars 2005 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Préparer les entrepreneurs de demain L’accompagnement. Il consiste à apporter une aide universitaire, par exemple, ou réels. L’idée majeure qui nous semble caractériser la démarche d’accompagnement est qu’en définitive elle doit permettre à un individu d’apprendre à entreprendre, dans sa situation précise. Cela veut dire qu’un accompagnement qui ne consisterait qu’à apporter des réponses et des solutions à des questions ou des problèmes ne s’inscrirait pas dans cette conception. Beaucoup de naissances… et une énorme mortalité infantile, telle est la démographie des entreprises en France. Et parmi celles qui survivent, bien peu se développent véritablement (4). L’essentiel des efforts est axé sur l’encouragement des naissances, sur une politique nataliste. Notre président de la République promet un million d’entreprises nouvelles à la fin de son mandat, notre Premier ministre se félicite de voir le nombre de créations augmenter, et le ministre de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat Renaud Dutreil participe de l’enthousiasme général en donnant la possibilité de créer une société avec 1 euro. Si on ne peut que se réjouir de voir nos politiques prendre conscience de l’importance du phénomène entrepreneurial pour l’économie nationale, on peut cependant s’interroger sur le réalisme de certaines mesures. D’abord, l’envolée des créations est toujours suivie mécaniquement d’une augmentation des faillites, car les premières années d’existence sont les plus difficiles. Ensuite, il a toujours été possible de créer une entreprise avec un faible capital de démarrage, il suffit pour cela de le faire en nom personnel ou en société de personnes. Enfin, est-il bien raisonnable de faire croire aux plus naïfs qu’on peut réellement créer une entreprise avec 1 euro (alors qu’il faut déjà 210 euros pour inscrire une EURL ou une SARL au registre du commerce). Quel banquier, quel fournisseur fera confiance à un partenaire aussi démuni? Il faut avoir le courage de le dire : en matière de création d’entreprise, plaie d’argent est souvent mortelle. La sous-capitalisation initiale est une des principales causes d’échec des projets et de défaillance des entreprises. Sur ce point, les études de l’INSEE sont formelles. Traitant des chances de survie des nouvelles entreprises, Elise Lamontagne et Bernard Thirion indiquent: « Plus que les qualités du créateur, ce sont surtout les caractéristiques propres de l’en- concrète, adaptée et contextualisée à des personnes ayant des projets entrepreneuriaux. Ces projets peuvent d’ailleurs être virtuels, dans un cadre scolaire ou (3) Tony Buzan, Une tête bien faite, Editions d’organisation, 1984. (4) Voir André Letowski, « Beaucoup d’immatriculés, peu de futurs poids lourds », L’Expansion Management Review, n° 115, décembre 2004. La décision entrepreneuriale n’a rien d’un problème bien structuré : certaines informations importantes manquent, d’autres sont inutiles. L’Expansion Management Review 31 Mars 2005 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta des problèmes où l’énoncé contient tous les éléments nécessaires à la solution – et aucun élément superflu – et où il n’y a qu’une seule bonne solution possible. L’introduction d’un élément superflu dans l’énoncé suffit d’ailleurs à perturber l’élève qui, voulant l’utiliser à tout prix, se trompe. Or, la prise de décision entrepreneuriale n’a rien d’un problème bien structuré: certaines informations importantes manquent, d’autres sont inutiles; il n’y a pas une bonne solution et une seule, mais de nombreuses décisions possibles, et ce n’est souvent que plusieurs mois après la prise de décision, voire plusieurs années, que l’entrepreneur saura s’il a ou non bien décidé. Rien dans notre système éducatif ne nous entraîne à affronter une telle problématique. Le cours magistral constitue encore la base de notre enseignement : le maître sait et énonce, l’élève note, apprend et restitue le plus fidèlement possible le discours du maître. Une enquête récente PISA (Programme international pour le suivi des élèves) concernant 41 pays fait ressortir un bilan assez peu flatteur de notre système éducatif, malgré l’importance des moyens qui lui sont consacrés : dix-septième en mathématiques et en compréhension de l’écrit, treizième en sciences. La Finlande arrive en tête du classement. La méthode utilisée dans ce pays, celle de la carte mentale (3), diffère totalement du cours magistral. Cette approche est fondée essentiellement sur la force potentielle de l’association d’idées, on la désigne aussi sous le nom plus évocateur d’« arbre à idées ». Ici l’élève ne mémorise pas un savoir pour le régurgiter à l’identique lorsque nécessaire, il construit son propre savoir à partir d’éléments apportés par l’enseignant. Cette méthode développe son autonomie, lui permet de mieux s’approprier le savoir et l’encourage à avoir des idées personnelles. Sur le plan des méthodes pédagogiques un important effort reste encore à faire pour véritablement adapter la formation aux nécessités de l’entrepreneuriat ; une tâche à laquelle les enseignants chercheurs de l’Académie de l’entrepreneuriat, en partenariat avec l’Observatoire des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat, s’emploient activement. Préparer les entrepreneurs de demain treprise qui sont déterminantes. La première est le volume des moyens consacrés au lancement du projet: plus ils sont importants, plus les risques de mortalité sont faibles. » (5) Le second point qui ressort des études de l’INSEE est l’accompagnement: plus et mieux le créateur est accompagné, plus ses chances de survie sont grandes. Or s’il y a pléthore d’organismes (il y en aurait actuellement 3000 en France !), ils font porter l’essentiel de leurs efforts sur la phase de pré-création. Un peu comme si dès l’accouchement on laissait le bébé se débrouiller tout seul. On peut donc sur ce point souhaiter un rééquilibrage des efforts d’accompagnement entre les phases de pré- et post-création. Enfin, sur le plan méthodologique il y a urgence à rendre le dispositif d’accompagnement plus lisible et plus attrayant pour qu’il touche un pourcentage plus élevé de créateurs puisque, actuellement, seul un peu moins d’un cinquième (18 %) sont accompagnés. ■ En ouverture, Alain Fayolle et Patrick Sénicourt se proposent de préciser ce que l’on entend par « enseignement de l’entrepreneuriat ». De ce point de vue, ce premier article constitue une trame dans laquelle les deux suivants pourraient tout à fait s’inscrire. Fayolle et Sénicourt s’interrogent sur la finalité des formations à l’entrepreneuriat. Si, très souvent, l’objectif annoncé d’une démarche pédagogique est de former des entrepreneurs, il convient de constater qu’en définitive le résultat le plus significatif est, à travers des changements d’attitudes et de comportements, une augmentation non pas du nombre des entrepreneurs mais de celui des entreprenants. Les auteurs montrent aussi que le développement récent des formations en entrepreneuriat est lié à des enjeux culturels, économiques et sociaux. Ce sont des changements importants affectant nos sociétés qui rendent nécessaires de nouvelles façons d’apprendre de nouveaux contenus. A la fois le contenant et le contenu s’inscrivent dans le champ de l’entrepreneuriat. Enfin, si le but semble davantage précisé, former des acteurs plus entreprenants, Fayolle et Sénicourt montrent que, pour l’atteindre, de nombreuses approches et méthodes d’apprentissage sont envisageables. ■ Le deuxième article, écrit par Dominique Frugier et Caroline Verzat, est très complémentaire du premier. Il s’interroge en profondeur sur les défis que l’enseignement de l’entrepreneuriat pose aux institutions de formation. Les auteurs partent bien évidemment du postulat qu’entreprendre s’apprend et qu’il n’est pas forcément nécessaire d’être né dans une famille d’entrepreneurs pour le devenir, même si cela exerce une forte influence. Les institutions de formation peuvent donner l’envie d’entreprendre aux élèves et aux étudiants tout en leur montrant objectivement la place et le rôle de l’entrepreneuriat dans notre société. Frugier et Verzat s’efforcent de montrer ce qu’est l’esprit d’entreprendre, pierre angulaire de leur approche pédagogique, et la relation qu’il entretient avec l’intention ou le désir. Au-delà de ces considérations et réflexions sur ce qu’est pour eux l’objet clé de l’enseignement, les auteurs insistent sur les enjeux et les défis qui apparaissent avec les formations en entrepreneuriat. Ces dernières obligent en effet les institutions à repenser leurs dispositifs éducatifs et à les aménager pour qu’ils intègrent mieux la complexité inhérente à ce type d’enseignement et la né- Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Une contribution au débat Si les différentes contributions présentées dans ce dossier n’apportent pas des réponses à toutes les questions qui se posent, elles ont au moins le mérite d’en éclairer certains aspects et de constituer à la fois des cadres et des repères utiles, nous l’espérons, au développement quantitatif et qualitatif des enseignements et formations en entrepreneuriat. Mais, comme nous l’avons montré précédemment, une partie des problèmes se situe au cœur de notre société et des systèmes sociaux qu’elle sécrète. Cela souligne le fait qu’au-delà d’une action forcément limitée sur les dispositifs pédagogiques, c’est bien dans une véritable révolution culturelle accompagnant ces changements « techniques », que la formation, au sens large, des individus à l’acte d’entreprendre prendra tout son sens et toute sa légitimité. Les trois premiers articles du dossier parlent de formation en s’intéressant à la dimension individuelle de l’entrepreneuriat: l’élève que l’on souhaite sensibiliser ou que l’on forme, le créateur qui est accompagné dans une institution éducative ou dans un système d’appui. Le dernier article aborde la dimension collective en soulignant l’importance du coaching. (5) Elise Lamontagne et Bernard Thirion, « Création d’entreprises : les facteurs de survie », INSEE Première, n° 703, mars 2000. L’Expansion Management Review 32 Mars 2005 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Il faut rendre le dispositif d’accompagnement plus lisible pour qu’il touche davantage de créateurs que les 18 % actuellement accompagnés. cessaire prise en compte d’acteurs externes dont le rôle est indispensable à la mise en œuvre de certaines actions pédagogiques. ■ Dans le troisième article, Sylvie Sammut montre que l’on peut confondre les notions d’accompagnement et de formation. Pour former (dans le domaine de l’entrepreneuriat) il faut nécessairement accompagner, et l’accompagnement serait vidé de toute substance s’il ne comportait pas une dimension d’apprentissage. Alors faut-il choisir entre former et accompagner le créateur? Cela a-t-il encore un sens de séparer ces notions, ne serait-ce que dans l’univers des pratiques? L’auteur montre qu’apprentissage et accompagnement sont au cœur de l’entrepreneuriat. Pour paraphraser Bouchikhi (6), l’entrepreneur apprend à entreprendre en entreprenant, et cette vision constructiviste et située de l’apprentissage confère à ce dernier des particularités. Il se fait en temps réel, en continu, d’une façon émergente et très souvent dans l’urgence. L’apprentissage du créateur est d’autre part, selon Sammut, multicouche et idiosyncrasique. C’est donc dans l’action que le créateur apprend le plus (et le mieux?), mais les formations scolaires et universitaires ont également une grande utilité. Elles permettent en effet de développer et d’encourager l’esprit d’entreprendre qui facilite le passage à l’acte. ■ Le dernier article est rédigé par Emile-Michel Hernandez. Il est le seul à s’intéresser à la dimension collective de l’entrepreneuriat. Il s’agit ici de formation ou plus exactement de coaching des individus, cadres ou autres collaborateurs, dans un cadre organisationnel. Certes décalé par rapport aux autres contributions, ce texte les enrichit néanmoins. Tout d’abord en se centrant sur une vision différente de l’entrepreneuriat qui stipule qu’une organisation peut entreprendre; c’est l’entreprise entreprenante. L’entrepreneuriat ne serait donc pas qu’une affaire d’individus. L’article aborde enfin une pratique, le coaching, proche (ou faisant partie) de l’accompagnement. L’auteur explicite dans un premier temps ces notions clés d’entreprise entreprenante et de coaching. Puis il développe un raisonnement qui le conduit à introduire la notion de coaching entrepreneurial, pour laquelle il donne une définition et propose un modèle. Pour Hernandez, les entreprises n’ont plus vraiment le choix. Dans des univers de plus en plus changeants et complexes, l’« entrepreneurialité » devient un facteur de survie à court et/ou moyen terme. Développer le coaching entrepreneurial est alors un moyen de partager une vision et d’orienter les énergies et les ressources vers des buts communs. ■ Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta (6) Hamid Bouchikhi, « Apprendre à diriger en dirigeant », Gestion, novembre 1991. L’Expansion Management Review 33 Mars 2005 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 207.241.237.221 - 01/12/2015 06h01. © L'Express - Roularta Les entreprises n’ont plus le choix. Dans des univers de plus en plus complexes, l’« entrepreneurialité » devient un facteur de survie à moyen terme.