Procédé d'équilibrage du niveau de charge et de décharge d'une batterie par commutation de ses blocs de cellules
La présente invention concerne un procédé d'équilibrage du niveau de charge d'une batterie par commutation de ses blocs de cellules. Elle s'applique notamment, mais pas exclusivement, aux batteries Lithium- ion (Li-ion) alimentant la chaîne de traction des véhicules électriques ou hybrides.
De par leur tension élevée et leur forte densité d'énergie, les batteries Li-ion sont particulièrement adaptées pour alimenter la chaîne de traction d'un véhicule électrique ou hybride. Dans une telle batterie, une cellule Li-ion est un composant élémentaire qui renferme une certaine quantité d'électrolyte, qu'il s'agisse d'un électrolyte solide ou liquide, à travers lequel peuvent migrer des ions de lithium entre une cathode et une anode. En phase de charge de la batterie, cette migration d'ions est à l'origine de l'accumulation d'une charge électrique dans la cellule. En phase de décharge de la batterie, cette migration d'ions est à l'origine d'un courant électrique débité entre la cathode et l'anode de la cellule. Dans une batterie Li-ion, une pluralité de cellules Li-ion sont d'abord assemblées et connectées en série et/ou en parallèle pour former un bloc, puis une pluralité de blocs sont assemblés et connectés en série et/ou en parallèle pour former un « pack » selon la terminologie anglo-saxonne. Une unité électronique de contrôle, couramment appelée « Battery Management System » (BMS) selon la terminologie anglo-saxonne, est adjointe au pack pour former une batterie. Le rôle du BMS est, entre autres, d'assurer des fonctions d'équilibrage des charges cumulées dans les cellules. En effet, les niveaux de charge maximum et de décharge maximum de chaque cellule doivent être contrôlés afin d'exploiter au mieux la capacité de charge et de décharge de la batterie : sans équilibrage, le niveau de charge maximal de la batterie serait limité au niveau de charge de la cellule atteignant en premier sa charge maximale et son niveau de décharge maximum serait limité au niveau de charge de la cellule atteignant en premier sa charge minimale. En optimisant ainsi l'exploitation de la capacité de charge et de décharge de la
batterie, l'équilibrage du niveau de charge et de décharge réduit le nombre de cycles de charge-décharge, maximise la durée de vie de la batterie, et augmente l'autonomie disponible pour un cycle de charge/décharge. En évitant la surcharge, la surchauffe des cellules et éventuellement leur destruction, l'équilibrage de charge et de décharge participe également à la sécurisation du véhicule.
Il existe des BMS passifs qui, sur la base de mesures de tensions locales aux bornes de chaque cellule, équilibrent le niveau de charge par dissipation d'énergie. Cela peut consister à disposer des résistances aux bornes de chaque cellule afin de dissiper l'énergie. Un inconvénient majeur de ce type de système est qu'il ne permet pas l'équilibrage pendant la décharge. Un autre inconvénient de ce type de système est que l'énergie dissipée via des courants d'équilibrage dans les résistances est perdue. Un autre inconvénient enfin est que les courants d'équilibrage sont limités à environ 10 à 100mA dans ce type de système pour des raisons de limitation thermique, et donc que les temps d'équilibrage associés peuvent être longs. Il s'agit là d'un problème technique que la présente invention se propose de résoudre.
Il existe également des BMS actifs qui, toujours sur la base de mesures des tensions locales aux bornes de chaque cellule, équilibrent la charge par transfert d'énergie. Par exemple, la demande internationale WO 2004/049540 divulgue un BMS actif comportant des dispositifs de transfert d'énergie d'une cellule à une autre au sein d'un bloc ou d'un bloc à un autre via des courants d'équilibrage de quelques ampères (A). Ce système actif permet l'équilibrage pendant la charge mais aussi pendant la décharge et réduit les pertes d'énergie. Néanmoins, un inconvénient majeur de ce système est que, les blocs ayant des références de potentiels différentes, les transferts d'énergie entre blocs sont généralement réalisés par utilisation de transformateurs isolés de type « flyback » selon l'expression anglo-saxonne, qui s'avèrent onéreux, encombrants et qui réduisent énormément le rendement énergétique du système. Il s'agit là encore d'un problème technique que la présente invention se propose de résoudre.
L'invention a notamment pour but d'accélérer l'équilibrage et d'exploiter au mieux la capacité des blocs afin d'augmenter l'autonomie du véhicule. A cet effet, l'invention a pour objet un dispositif pour équilibrer globalement les niveaux de charge électrique d'une pluralité de blocs de cellules. Les blocs sont aptes à être connectés dans un circuit durant une phase de charge pendant laquelle les cellules des blocs connectés accumulent de la charge et durant une phase de décharge pendant laquelle les cellules des blocs connectés restituent la charge sous forme de courant électrique. Le dispositif comporte au moins un commutateur série et un commutateur parallèle. Le commutateur série est apte, lorsqu'il est en position fermée et que le commutateur parallèle est en position ouverte, à connecter dans le circuit un bloc en série avec les autres blocs, de sorte que ledit bloc est connecté pendant les phases de charge et de décharge. Le commutateur parallèle est apte, lorsqu'il est en position fermée et que le commutateur série est en position ouverte, à mettre ledit bloc hors du circuit, de sorte que ledit bloc est déconnecté si des critères de déconnexion en décharge sont satisfaits durant la phase de décharge ou si des critères de déconnexion en charge sont satisfaits durant la phase de charge, ledit bloc comportant en outre des moyens pour équilibrer localement les niveaux de charge de ses cellules lorsqu'il est déconnecté.
Avantageusement, les moyens pour équilibrer localement les niveaux de charge des cellules dudit bloc Bi peuvent inclure des moyens pour mesurer les tensions aux bornes desdites cellules, de manière à déduire leur niveau de charge. Par exemple, ces moyens pour mesurer les tensions aux bornes des cellules peuvent inclure un circuit intégré comportant une pluralité de voies de mesure de tension.
Dans un mode de réalisation, les moyens pour équilibrer localement les niveaux de charge des cellules dudit bloc peuvent inclure en outre des moyens pour dissiper l'énergie des cellules en surcharge dans ledit bloc.
Dans un autre mode de réalisation, les moyens pour équilibrer localement les niveaux de charge des cellules dudit bloc peuvent inclure en outre des moyens pour transférer l'énergie des cellules en surcharge vers d'autres cellules dudit bloc.
Avantageusement, les critères de déconnexion en décharge dudit bloc peuvent inclure de dépasser un niveau de décharge limite dudit bloc alors que le courant électrique qu'il restitue est supérieur à un seuil donné.
Avantageusement, les critères de déconnexion en décharge dudit bloc peuvent inclure de dépasser le niveau maximum de décharge dudit bloc alors que le courant électrique qu'il restitue est inférieur à un seuil donné.
Avantageusement, les critères de déconnexion en charge dudit bloc peuvent inclure de dépasser un niveau de charge limite dudit bloc alors que le courant électrique de charge qui lui est appliqué est supérieur à un seuil donné.
Avantageusement, les critères de déconnexion en charge dudit bloc peuvent inclure de dépasser le niveau maximum de charge dudit bloc alors que le courant électrique de charge qui lui est appliqué est inférieur à un seuil donné.
Par exemple, les cellules peuvent être des cellules lithium-ion.
L'invention a également pour objet une batterie de traction pour véhicule électrique ou hybride comportant un tel dispositif pour équilibrer globalement les niveaux de charge entre ses blocs de cellules.
L'invention a également pour objet un véhicule électrique ou hybride comportant une telle batterie de traction.
La présente invention a également pour objet un procédé de charge d'une batterie selon l'invention, le procédé étant caractérisé en ce qu'il comporte des phases successives de charge à courants de charge d'intensité décroissante d'une phase à la suivante, tous les blocs n'ayant pas un état de charge sensiblement égal à 100% étant connectés en début de chaque phase. Un bloc parmi lesdits blocs n'ayant pas un état de charge sensiblement égal à 100% est déconnecté temporairement jusqu'au début de la phase suivante si la tension à ses bornes a atteint un seuil maximal prédéterminé, ledit seuil dépendant de l'intensité courante du courant de charge. Il est déconnecté définitivement jusqu'à la fin du procédé de charge si son état de charge a atteint sensiblement 100%. Le passage de la phase courante à la phase suivante est déclenché dès lors que le nombre de blocs
encore connectés atteint un nombre minimum prédéterminé compris entre 1 et le nombre de blocs qui était connecté en début de phase courante.
La présente invention a également pour objet un autre procédé de charge d'une batterie selon l'invention, le procédé étant caractérisé en ce qu'il comporte des phases successives de charge à courants de charge d'intensité décroissante d'une phase à la suivante, les blocs les moins chargés parmi ceux n'ayant pas un état de charge sensiblement égal à 100% étant connectés en début de chaque phase. Ces blocs les moins chargés sont déterminés cycliquement à intervalles de temps fixe et prédéterminé. Un bloc parmi ces blocs les moins chargés est déconnecté temporairement jusqu'au début d'une des phases ultérieures de charge, si la tension à ses bornes a atteint un seuil maximal prédéterminé, ledit seuil dépendant de l'intensité courante du courant de charge. Il est déconnecté définitivement jusqu'à la fin du procédé de charge si son état de charge a atteint sensiblement 100%. Le passage de la phase courante à la phase suivante est déclenché dès lors que le nombre de blocs encore connectés atteint un nombre minimum prédéterminé compris entre 1 et le nombre de blocs qui était connecté en début de phase courante
La présente invention a pour principal avantage d'équilibrer rapidement le niveau de charge entre les blocs, ce qui est particulièrement adapté aux procédés de charge rapide.
Elle permet également d'assurer une continuité de service sur occurrence d'une défaillance de cellule ou d'une partie d'un bloc, par isolation du bloc.
L'invention permet également d'augmenter l'autonomie du véhicule du fait de l'utilisation optimisée des blocs constituant le pack batterie. En effet, si l'un des blocs a atteint son niveau de charge ou de décharge maximum, alors le système permet de l'isoler pour continuer à fonctionner sur les autres blocs.
L'invention permet également de limiter les déperditions lors d'un transfert d'énergie d'un bloc à un autre, optimisant ainsi le rendement énergétique du BMS.
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à l'aide de la description qui suit faite en regard des figures annexées, qui illustrent :
- la figurel , par un synoptique, un exemple de pack batterie selon l'invention ;
- la figure 2, par un synoptique, un exemple de configuration de pack selon l'invention où tous les blocs sont connectés ;
- la figure 3, par un synoptique, un exemple de configuration de pack selon l'invention où un seul bloc est déconnecté ;
- les figures 4 à 9 qui illustrent, par des graphes, des exemples de procédés de charge rapide pouvant être mis en œuvre dans un pack batterie selon l'invention.
La figure 1 illustre par un synoptique un exemple de pack batterie selon l'invention pour un véhicule électrique ou hybride. Le pack illustré comporte N blocs Bi avec 1 <i≤N-1 et N>6 sur l'exemple illustré, dont seulement quatre blocs référencés B1 , B2, B3 et B4 sont représentés sur la figure 1 . Chacun des blocs B1 , B2, B3 et B4 comporte six cellules Li-ion connectées en série, référencées C1 1 , C12, C13, C14, C15 et C16 dans le bloc B1 , référencées C21 , C22, C23, C24, C25 et C26 dans le bloc B2, référencées C31 , C32, C33, C34, C35 et C36 dans le bloc B3 et référencées C41 , C42, C43, C44, C45 et C46 dans le bloc B4. Chacun des blocs B1 , B2, B3 et B4 comporte en outre un circuit intégré de mesure de la tension aux bornes de chacune des cellules internes au bloc, ces circuits étant référencés IC1 , IC2, IC3 et IC4 respectivement. Chacun des circuits IC1 , IC2, IC3 et IC4 pouvant mesurer entre 6 et 16 tensions cellules dans le présent exemple non limitatif, dont seulement 6 tensions cellules mesurées sont représentées sur la figure 1 , le circuit IC1 peut avantageusement mesurer la tension aux bornes de chacune des cellules C1 1 , C12, C13, C14, C15 et C16 dans le bloc B1 , le circuit IC2 peut avantageusement mesurer la tension aux bornes de chacune des cellules C21 , C22, C23, C24, C25 et C26 dans le bloc B2, le circuit IC3 peut avantageusement mesurer la tension aux bornes de chacune des cellules C31 , C32, C33, C34, C35 et C36 dans le bloc B3, le circuit IC4 peut avantageusement mesurer la tension aux bornes de chacune des cellules C41 , C2, C43, C44, C45 et C46 dans le bloc
B4. Chacun des blocs B1 , B2, B3 et B4 comporte en outre un module d'équilibrage local référencé M1 , M2, M3 et M4 respectivement. Le module M1 permet avantageusement d'équilibrer la charge entre les cellules C1 1 , C12, C13, C14, C15 et C16 dans le bloc B1 à partir des mesures de tension qui lui sont fournies par le circuit IC1 . Le module M2 permet avantageusement d'équilibrer la charge entre les cellules C21 , C22, C23, C24, C25 et C26 dans le bloc B2 à partir des mesures de tension qui lui sont fournies par le circuit IC2. Le module M3 permet avantageusement d'équilibrer la charge entre les cellules C31 , C32, C33, C34, C35 et C36 dans le bloc B3 à partir des mesures de tension qui lui sont fournies par le circuit IC3. Le module M4 permet avantageusement d'équilibrer la charge entre les cellules C41 , C2, C43, C44, C45 et C46 dans le bloc B4 à partir des mesures de tension qui lui sont fournies par le circuit IC4. Il faut bien noter que, sans déroger aux principes de la présente invention, les modules d'équilibrage local M1 , M2, M3 et M4 peuvent indifféremment implémenter des solutions d'équilibrage passif par dissipation d'énergie ou des solutions d'équilibrage actif par transfert d'énergie. En effet, l'invention propose de combiner équilibrage local, qu'il soit actif ou passif, avec commutation de blocs.
Dans le présent exemple de réalisation de la figure 1 , la commutation de blocs est avantageusement assurée par des commutateurs qui permettent de connecter les N blocs du pack entre eux de manière judicieuse. D'une part, des commutateurs permettent de connecter en série tout ou partie des N blocs du pack. Par exemple, un commutateur SS1 en position fermée permet de relier le pôle négatif d'un bloc B0 non représenté sur la figure 1 au pôle positif du bloc B1 . Un commutateur SS2 en position fermée permet de relier le pôle négatif du bloc B1 au pôle positif du bloc B2. Un commutateur SS3 en position fermée permet de relier le pôle négatif du bloc B2 au pôle positif du bloc B3. Et un commutateur SS4 en position fermée permet de relier le pôle négatif du bloc B3 au pôle positif du bloc B4. Un commutateur en position fermée non représenté sur la figure 1 permet également de relier le pôle négatif du bloc B4 au pôle positif d'un bloc B5 non représenté sur la figure 1 . Pour des raisons de clarté, les commutateurs SSi (0<i≤N-1 ) seront parfois appelés « commutateurs séries » dans la suite de la présente demande. D'autre part, des commutateurs assemblés en parallèle
des N blocs du pack permettent, en combinaison avec les commutateurs séries, de déconnecter sélectivement tout ou partie des N blocs du pack. Par exemple, un commutateur PS1 est assemblé en parallèle du bloc B1 de telle sorte que le bloc B1 est déconnecté du pack lorsque le commutateur SS1 est en position ouverte et le commutateur PS1 est en position fermée, le bloc B1 n'étant connecté au pack que lorsque le commutateur SS1 est en position fermée et le commutateur PS1 est en position ouverte. Un commutateur PS2 est assemblé en parallèle du bloc B2 de telle sorte que le bloc B2 est déconnecté du pack lorsque le commutateur SS2 est en position ouverte et le commutateur PS2 est en position fermée, le bloc B2 n'étant connecté au pack que lorsque le commutateur SS2 est en position fermée et le commutateur PS2 est en position ouverte. Un commutateur PS3 est assemblé en parallèle du bloc B3 de telle sorte que le bloc B3 est déconnecté du pack lorsque le commutateur SS3 est en position ouverte et le commutateur PS3 est en position fermée, le bloc B3 n'étant connecté au pack que lorsque le commutateur SS3 est en position fermée et le commutateur PS3 est en position ouverte. Un commutateur PS4 est assemblé en parallèle du bloc B4 de telle sorte que le bloc B4 est déconnecté du pack lorsque le commutateur SS4 est en position ouverte et le commutateur PS4 est en position fermée, le bloc B4 n'étant connecté au pack que lorsque le commutateur SS4 est en position fermée et le commutateur PS4 est en position ouverte. Pour des raisons de clarté, les commutateurs PSi (0<i≤N-1 ) seront parfois appelés « commutateurs parallèles » dans la suite de la présente demande. Les commutateurs sont pilotés de telle sorte que le commutateur série SSi (0<i≤N-1 ) est en position ouverte lorsque le commutateur parallèle PSi est en position fermée et vice- versa. Par exemple, la figure 2 illustre la configuration où tous les modules B1 , B2, B3 et B4 sont connectés. Dans l'exemple de la figure 3, les modules B1 , B3 et B4 sont connectés, seul le module B2 est déconnecté. Ce pilotage en opposition d'un commutateur série et d'un commutateur parallèle, l'un étant en position ouverte quand l'autre est en position fermée et vice-versa, est assuré par un système de commande non représenté sur la figure 1 , qui élabore des ordres de pilotage à l'intention des commutateurs à partir d'informations sur l'état du véhicule. Ce système de commande peut par exemple inclure une intelligence hébergée par un circuit électronique tel
qu'un microcontrôleur, ce microcontrôleur pouvant aussi être associé à d'autres systèmes comme le BMS ou un superviseur véhicule. Ce système de commande peut également comporter des « drivers » selon la terminologie anglo-saxonne, qui sont des composants électroniques qui pilotent les commutateurs en fonction de la commande reçue de l'intelligence.
En mode de charge, par exemple lorsque le véhicule est connecté à un chargeur ou en cours de freinage récupératif, plusieurs phases de charge peuvent être distinguées dans un même cycle de charge. Dans une première phase de charge, tous les commutateurs séries SSi (0<i≤N-1 ) sont en position fermée et tous les commutateurs parallèles PSi (0<i≤N-1 ) sont en position ouverte comme dans l'exemple de la figure 2 : tous les blocs Bi (0<i≤N-1 ) du pack sont alors connectés et se rechargent. Cette recharge n'est pas uniforme pour tous les blocs Bi (0<i≤N-1 ), car ceux-ci ne présentent pas tous les mêmes caractéristiques et n'ont pas tous la même température. Dans une deuxième phase de charge, le ou les blocs ayant atteint leur niveau de charge limite sous fort courant (e.g. en charge rapide) peuvent être déconnectés en ouvrant leur commutateur série et en fermant leur commutateur parallèle. Ce niveau de charge limite sous fort courant peut être de l'ordre de 70 à 80% du niveau de charge maximale en fonction de la résistance interne des cellules. Dans l'exemple de la figure 3, il s'agit du bloc B2 qui est déconnecté en ouvrant le commutateur série SS2 et en fermant le commutateur parallèle PS2. Il faut noter que, du fait des résistances internes des cellules, ce niveau de charge limite sous fort courant n'est pas le niveau de charge maximal atteignable. Les blocs déconnectés ne sont plus rechargés mais peuvent continuer leur équilibrage local ; les autres blocs restés connectés continuent leur charge. Dans une troisième phase de charge, le ou les blocs déconnectés précédemment peuvent être reconnectés au pack en ouvrant leur commutateur parallèle et en fermant leur commutateur série afin de continuer leur charge sous un courant plus faible, en réduisant progressivement le courant de charge pour atteindre un niveau de charge plus élevé, par dichotomie sur l'intensité du courant de charge par exemple. Par exemple, lorsque la batterie le permet, on peut commencer avec un courant fort de l'ordre de 100A jusqu'à atteindre un
niveau de charge de l'ordre de 80%. Lorsque les blocs ont presque tous atteint ce niveau, par exemple lorsque plus de 50% des blocs ont atteint ce niveau, on peut continuer avec un courant plus faible de l'ordre 50A jusqu'à un niveau de charge de l'ordre de 90%. On peut continuer ensuite avec 25A et ainsi de suite, le processus étant interrompu en fonction du temps disponible pour la recharge. Ce cycle peut se reproduire jusqu'à la charge complète maximale du pack ou un peu avant. Ce mode de fonctionnement peut être utilisé à la fois en charge rapide et/ou en charge normale. Il faut bien comprendre que les valeurs de courant données ci- dessus sont données à titre d'exemple non limitatif, car elles dépendent de la taille de la batterie, de la résistance interne de la batterie et éventuellement même de sa température qui a une influence importante sur sa résistance interne. En mode de décharge, par exemple lorsque le véhicule est en cours de traction, plusieurs phases de charge peuvent également être distinguées dans un même cycle de décharge. Dans une première phase de décharge, tous les commutateurs séries sont en position fermée et tous les commutateurs parallèles sont en position ouverte, comme dans l'exemple de la figure 2 : tous les blocs Bi (0<i≤N-1 ) du pack sont alors connectés et se déchargent. Cette décharge n'est pas uniforme pour tous les blocs car ceux- ci ne présentent pas tous les mêmes caractéristiques et n'ont pas tous la même température. Dans une deuxième phase de décharge, le ou les blocs ayant atteint leur niveau de décharge limite, notamment sous fort courant (supérieur à 50-100A en fonction de la résistance interne des cellules), peuvent être déconnectés en ouvrant leur commutateur série et en fermant leur commutateur parallèle. Dans l'exemple de la figure 3, il s'agit du bloc B2 qui est déconnecté en ouvrant le commutateur série SS2 et en fermant le commutateur parallèle PS2. Les blocs déconnectés ne sont plus déchargés, alors que les autres blocs restés connectés continuent leur décharge. Il faut noter que, du fait des résistances internes des cellules, ce niveau de décharge limite sous fort courant n'est pas le niveau de décharge maximal atteignable, qui peut être de l'ordre de 20% du niveau de décharge limite sous fort courant. Dans une troisième phase de décharge, le ou les blocs déconnectés précédemment peuvent être reconnectés au pack en ouvrant
leur commutateur parallèle et en fermant leur commutateur série afin de continuer leur décharge sous un courant plus faible. Ce cycle peut se reproduire jusqu'à la décharge complète maximale du pack.
Les commutateurs, qu'il s'agisse des commutateurs séries SSi ou des commutateurs parallèle PSi, peuvent être des transistors à effet de champ, plus connus sous l'acronyme MosFet, car ils présentent de multiples avantages dans le présent exemple de réalisation. D'abord, les MosFets ont une faible résistance à l'état passant, c'est-à-dire en position fermée, cette résistance pouvant descendre jusqu'à 0,7 milli-ohms, exemple non limitatif selon l'état de l'art actuel, typiquement pour une tenue en tension de 40V et un calibre de courant de l'ordre de la centaine d'ampères. Pour réduire encore les pertes, chaque MosFet peut avantageusement être remplacé par plusieurs MosFets en parallèle, les MosFets étant facilement parallélisables car de coefficient de température positif. Mettre les MosFets en parallèle permet de diviser le courant entre les MosFets et de rendre leur utilisation, avec des pertes maîtrisées, compatible de l'intensité des courants d'équilibrage d'un bloc à un autre qui peuvent aller jusqu'à plusieurs centaines d'ampères dans le cas d'une batterie de traction d'un véhicule électrique ou hybride. De plus, s'agissant de composants à effet de champ, les MosFets nécessitent peu d'énergie pour piloter le passage entre l'état passant et l'état non-passant. Enfin, les MosFets sont des composants d'ores et déjà bien diffusés dans le domaine de l'automobile.
Le circuit de puissance, qui inclut notamment les commutateurs séries et parallèles, est dimensionné de façon à être compatible avec des courants d'équilibrage d'un bloc à un autre de plusieurs centaines d'ampères. Il peut être réalisé dans un substrat métallique isolé ou, de façon à avoir un système économique, sur un PCB multicouches (Printed Circuit Board). Avantageusement, il peut être réalisé de façon à simplifier au maximum l'assemblage et la séparation mécanique des blocs entre eux. Dans un mode de réalisation particulièrement intégré, un bloc complet peut comprendre les cellules, le circuit de mesure des tensions, le module d'équilibrage local ainsi que, sur une même carte, le circuit de puissance incluant les commutateurs séries et parallèles et le système de commande de ces commutateurs. Une liaison de communication reliant les blocs entre eux et avec les autres systèmes du véhicule permet de récupérer les
informations sur l'état du véhicule à partir desquelles le système de commande déduit ses ordres de pilotage à l'intention des commutateurs séries et parallèles. Malgré ce haut niveau d'intégration, la masse d'un tel bloc intégré peut être inférieure à 20 kilogrammes, ce qui facilite sa manipulation par un opérateur de maintenance.
L'invention a encore pour principal avantage qu'elle contribue à la sécurité des personnes en limitant à la tension d'un seul bloc la tension maximale à laquelle un opérateur de maintenance peut être soumis, tous les commutateurs pouvant être ouverts automatiquement en cas d'accident ou même à chaque fois que le véhicule est mis à l'arrêt. Pour cela, la tension aux bornes de chaque bloc peut être choisie à une valeur inférieure à une tension de sécurité de 60 volts, huit à douze blocs pouvant alors suffire pour atteindre une tension de 400 volts aux bornes de la batterie, une telle tension étant adaptée aux besoins d'un véhicule électrique ou hybride.
De plus, l'invention rend configurable le pack batterie dans lequel chacun des blocs peut être connecté ou déconnecté facilement. Cette configurabilité simplifie les opérations de montage et de démontage d'un bloc du pack et autorise la combinaison de blocs de différentes technologies dans le pack, suite à la défaillance d'un bloc par exemple. Cette configurabilité autorise également une intégration mécanique plus souple du pack dans le véhicule, les blocs de la batterie pouvant être répartis de façon à optimiser l'espace dans l'habitacle ou dans le coffre. Cette configurabilité permet de standardiser les blocs et le pack qui les accueillent, ce pack pouvant accueillir un nombre variable de blocs en fonction de la gamme du véhicule et de l'autonomie attendue dans cette gamme, et par conséquent de réduire les coûts de développement et de logistique.
Le dispositif selon la présente invention permet, en ajustant judicieusement ses critères de déconnexion en charge, de mettre en œuvre des méthodes avantageuses de charge rapide.
Afin de comprendre le principe d'une première méthode de charge rapide, on peut imaginer que le pack batterie illustré par les figures 1 à 3 soit connecté à un chargeur rapide délivrant une puissance de charge élevée de
l'ordre de 43 kilowatts par exemple. En début de charge, tous les blocs, c'est-à-dire les N blocs dont B1 à B4, peuvent être connectés, comme illustré par la figure 2. Les N blocs sont donc rechargés simultanément. Selon les caractéristiques du chargeur et de la batterie, le chargeur peut limiter par exemple le courant à 100A pour une charge à 43kW. Lorsqu'un bloc parmi les N blocs atteint sa limite maximale admissible en tension, par exemple 25,2 volts si l'on considère que chacun des N blocs comporte 6 cellules connectées en série et admettant chacune une tension maximale de 4,2 volts, ledit bloc peut être déconnectés et la charge continue pour les autres blocs restés connectés sous le même courant à 100A. Et ainsi de suite, le nombre de blocs connectés diminue progressivement par décréments de 1 . Lorsque le nombre de blocs connectés devient inférieur à un nombre M où 1 <M<N, le chargeur diminue le courant de charge et tous les N blocs sont reconnectés, de manière à continuer la charge à régime réduit inférieur à 100A. Puis le même processus est réitéré. Lorsqu'un des N blocs atteint sa charge complète, il est déconnecté définitivement alors que les N-1 autres blocs poursuivent le processus itératif de charge. Il apparaît donc que deux critères décident à la déconnexion d'un bloc :
• un premier critère de déconnexion temporaire, c'est-à-dire de déconnexion tant que le courant de charge n'est pas diminué, qui est satisfait si la tension aux bornes du bloc atteint sa valeur maximale ; il s'agit de la tension en charge, c'est-à-dire lorsqu'un courant est appliqué à ses bornes ;
• un deuxième critère de déconnexion définitive, qui est satisfait si la charge du bloc est terminée, c'est-à-dire s'il a atteint un état de charge, ou un « SOC » selon l'acronyme anglo-saxon signifiant « State Of Charge », de l'ordre de 100%.
Afin de mieux comprendre comment cette première méthode de charge rapide peut être mise en œuvre dans un dispositif selon la présente invention, les figures 4 à 7 illustrent l'évolution du SOC (variant entre 0 et 100% en ordonnée à gauche) en fonction du temps de charge (en abscisse) et en fonction du courant de charge (variant entre 100A et 0A en ordonnée à droite) des N blocs de cellules dans le cas particulier où N=8. Sauf indication contraire, la puissance de charge est de l'ordre de 43kW dans les exemples qui suivent.
Dans un premier exemple de réalisation illustré par la figure 4, le nombre minimum de blocs connectés a été fixé à 4, cette valeur correspondant à la tension minimum admissible par le chargeur. Dans cet exemple de réalisation, le courant peut être réduit d'un facteur 2 à chaque fois qu'un des critères de déconnexion décrit précédemment est satisfait. Il apparaît que la charge se décompose en deux phases distinctes : une phase de charge à courant maximum à 100A et d'équilibrage des blocs les plus chargés, cette phase permettant d'atteindre très rapidement un état de charge de l'ordre de 84% en fonction des caractéristiques des cellules électrochimiques et du courant de charge, puis une phase de fin de charge à un courant réduit inférieur à 60A, l'état de charge variant alors plus lentement de 84% à 100%. Il peut être remarqué que les blocs les plus déséquilibrés, à savoir les blocs 1 , 2 et 4, sont rééquilibrés suivant cette méthode pendant la première phase de fonctionnement à courant maximum permettant d'atteindre un premier plateau à sensiblement 84% de SOC pour les 8 blocs. Alors que les blocs les moins déséquilibrés, à savoir les blocs 3, 5, 6, 7 et 8, restent déséquilibrés jusqu'à la fin de la charge.
Dans un autre exemple de réalisation illustré par la figure 5, les mêmes paramètres ont été appliqués que dans l'exemple de la figure 4, sauf le nombre minimum de blocs connectés qui a été fixé à 1 . Comme on peut le constater, tous les blocs sont équilibrés dès la fin de la première phase de charge à courant maximum. On peut en conclure que, pour obtenir un rééquilibrage rapide et de bonne qualité, il faut pouvoir diminuer au maximum le nombre de blocs connectés pendant une recharge et idéalement pouvoir fonctionner avec 1 seul bloc connecté. Mais il faut pour cela que le chargeur soit adapté à ce mode de fonctionnement, notamment en termes de tension minimum admissible.
Dans un autre exemple de réalisation illustré par la figure 6, les mêmes paramètres ont été appliqués que dans l'exemple de la figure 4, sauf le coefficient de réduction du courant qui est passé de 2 à 1 ,05. En effet, même si ce n'est pas très explicite sur la figure 6, juste après la fin de la charge à 100A, ce coefficient de réduction de 1 ,05 est appliqué plusieurs fois successivement très rapidement, afin que le courant soit suffisamment réduit et que la charge des blocs puisse se faire sans que la tension maximale soit
atteinte. Comme on peut le voir en comparant les exemples des figures 4 et 6, plus ce coefficient de réduction est proche de 1 et plus la charge complète est atteinte rapidement, même si en contrepartie le nombre de commutations des blocs augmente de façon importante. Il s'agit donc de trouver le bon compromis entre la finesse de réduction du courant de charge et le nombre maximal de commutations admissibles, pour des questions de fiabilité par exemple. Comme on peut le constater, la deuxième phase est beaucoup plus courte, puisque la charge complète à 100% d'état de charge est atteinte après sensiblement 2300 secondes au lieu de 2700 secondes. Avec cette méthode de charge rapide, pour une batterie de 62Ah, on obtient un SOC de 84% en 1500s avec un rééquilibrage des M' blocs les plus chargés, où M'≥1 entier. Le nombre M' dépend de la capacité du chargeur à fonctionner avec une tension basse. La valeur de 84%, quant à elle, est limitée par la résistance interne des cellules électrochimiques. On obtient une charge complète à 100% de SOC (lorsque le courant de charge est nul) sans amélioration de l'équilibrage obtenu précédemment, avec une charge complémentaire de 800 secondes.
Dans un autre exemple de réalisation illustré par la figure 7, la puissance de charge est plus faible, à savoir 20kW au lieu de 43kW, avec un coefficient de réduction égal à 1 ,1 . Cela n'impacte que la première phase de la charge en augmentant sa durée à 3500s au lieu de 1500s. Cette durée est allongée suivant le ratio 43kW/20kW=2,15, auquel on ajoute un peu de temps, le SOC final étant de 90% au lieu de 84%. En effet, le courant étant plus faible, la première phase peut être un peu plus longue.
La méthode de charge rapide illustrée par les figures 4 à 7 peut être améliorée : une deuxième méthode de charge rapide peut être d'équilibrer dans un premier temps les M" blocs les moins chargés, où M">1 entier, en connectant uniquement ces M" blocs là. Puis, on recalcule ponctuellement l'état de charge des blocs et on connecte à nouveau les M" blocs les moins chargés. Comme précédemment, lorsque la tension aux bornes d'un bloc sous le courant de charge dépasse sa tension maximale admissible ou lorsqu'un bloc atteint un niveau de charge égal à 100%, il est déconnecté. Lorsque le nombre de blocs connectables à un moment donné est inférieur au nombre M, on réduit le courant de charge jusqu'à ce que le
nombre de blocs connectables soit compatible de la tension minimum de fonctionnement du chargeur , ou que le courant de charge soit nul, ce qui signifie que la charge est terminée. Ainsi, la figure 8 illustre dans un système de représentation identique à celui des figures 4 à 7, un exemple de réalisation de cette deuxième méthode de charge rapide dans des conditions similaires aux exemples illustrés pour la première méthode : N=8 blocs au total, puissance de charge égale à 43kWh, M"=6 blocs connectés simultanément, coefficient de réduction du courant de charge égal à 1 ,5, recalcul ponctuel des états de charge toutes les 120 secondes. La figure 9 illustre la dispersion entre les blocs en ampères-heures (Ah) en fonction du temps de charge. Il apparaît que la dispersion est très rapidement réduite par rapport à la première méthode illustrée par les figures 4 à 7. La contrepartie est que le temps de charge augmente légèrement : la première phase à puissance maximale dure 2000 secondes au lieu 1600 secondes avec la première méthode, la fin de charge étant atteinte après 3300 secondes au lieu de 2300 à 2500 secondes avec la première méthode. Mais avec cette deuxième méthode, pour une batterie de 62Ah, on obtient rapidement un équilibrage acceptable des blocs, la dispersion étant réduite à environ 3Ah entre les blocs. Ceci est particulièrement intéressant dans le cas où l'on choisirait d'interrompre la charge avant qu'elle soit complète, même si cette amélioration de l'équilibrage se fait au détriment du temps de charge. Cependant, il est possible de réduire ces durées de charges en mettant en œuvre un compromis entre les deux méthodes de charge rapide : une phase d'équilibrage selon la deuxième méthode, suivie d'une phase de charge complète selon la première méthode.