Master's dissertation, London School of Economics and Political Science, 2019
"You are free; you are free to go to your temples, you are free to go to your mosques or to any o... more "You are free; you are free to go to your temples, you are free to go to your mosques or to any other place or worship in this State of Pakistan. You may belong to any religion or caste or creed – that has nothing to do with the business of the State”, said Muhammad Ali Jinnah, first president of Pakistan and ‘Father of the Nation’, in his first address to the Constituent Assembly of Pakistan (Jinnah 1969; quoted in Brown 2014). Upon its creation as an independent country in 1947, Pakistan was indeed established as a secular republic open to all faiths and religiosities (AED 2019). Yet, a rough 72 years later, Pakistan stands among the most repressive countries against religious freedoms (USCIRF 2019). Religious minorities – including Hindus, Christians, Sikhs, Ahmadis and Shia Muslims – face increasing levels of social discrimination as well as systemic violence. Legislation and structures of ‘legitimate violence’ participate in making life harder every day for religious minorities, whose rights consequently degrade at each step of the way.
The Ahmadi minority, in particular, has been facing a particularly harsh State repression for almost 50 years, and social discrimination for even longer than that. Defining themselves as Muslims but unrecognised as such by ‘mainstream’ Muslims, Ahmadis are specifically targeted and ostracised from public life from social grassroots levels to the intricacies of the law. Shunned, banned, beaten, killed, Ahmadis face an increasing menace and are numerous to flee Pakistan and seek asylum in Western countries such as the United Kingdom.
« L’union fait la force », dit l’adage : de tout temps, l’être humain a fait jouer le meilleur de... more « L’union fait la force », dit l’adage : de tout temps, l’être humain a fait jouer le meilleur de son capital social (Putnam 2001) pour s’allier avec d’autres et faire société (Ponthieux 2006). Les groupes ainsi formés, unis par des intérêts communs et selon des géographies variables, se trouvent invariablement confrontés tôt ou tard à d’autres groupes aux objectifs parfois bien différents des leurs. Quel que soit le terme employé ou la théorisation envisagée pour qualifier et modéliser les modalités de cette rencontre, l’interaction force invariablement les groupes impliqués à confronter les habitudes et visions des uns et des autres. Mais que faire lorsqu’une incompatibilité se pose, lorsque les intérêts des uns et des autres ne semblent pas pouvoir se réaliser simultanément ? L’idée défendue dans cette thèse est qu’une intégration maximale des parties dans les processus de gestion du patrimoine accompagnée d’une réforme des systèmes de justice et d’un enseignement de qualité pourra faire du patrimoine un vecteur de développement à part entière. Afin de démontrer la pertinence de cette affirmation, deux cas d’étude bien différents mais néanmoins complémentaires ont fait l’objet d’une recherche approfondie : la mosquée-cathédrale de Cordoue (Espagne) et la mosquée de Babri à Ayodhya (Inde). Toutes deux font l’objet de conflits à géométries variables, entre des groupes politiques et religieux poursuivant des objectifs distincts. A travers une analyse des arguments et des modes d’action des différents acteurs des deux débats, cette thèse aboutit à la conclusion que ces conflits patrimoniaux relèvent directement des droits culturels des groupes concernés. Sans proposer de solution unique, est esquissée à l’issue de cette recherche une approche compréhensive et inclusive faisant du patrimoine et de la culture qui l’inclut un outil de développement pour les sociétés qui l’accueillent.
Il est de nos jours commun de penser que la valeur du patrimoine religieux dans une société europ... more Il est de nos jours commun de penser que la valeur du patrimoine religieux dans une société européenne sécularisée se résume à des facteurs culturels et touristiques : édifices religieux anciens, musées et manifestations culturelles attirent des foules en quête de savoir, ou tout simplement curieuses. Pourtant, ce patrimoine revêt souvent un aspect politique : certains acteurs religieux mobilisent leur patrimoine en vue de s’affirmer sur la scène politique, celui-ci constituant un facteur visible de reconnaissance culturelle. En effet, les affiliations religieuses constituent pour les croyants de puissants facteurs d’identification (voir notamment Anthony 2012; Ashworth et Graham 2005; Isnart 2014). Cette valeur politique du patrimoine est reconnue par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette-ci insiste en effet sur la nécessité de « reconnaître les droits des parties intéressées, la nécessité d’évaluer les risques et impacts des projets sur ces parties intéressées, sur l’environnement et sur le patrimoine naturel et culturel » dans les processus de reconnaissance et de protection des sites du patrimoine mondial (UNESCO 2007, 184). Ma thèse portera sur ce sujet en étudiant les types d’arguments revendicatifs mobilisés par les différents acteurs impliqués dans la gestion d’un site ou d’un artéfact européen de nature religieuse inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (sites) ou au Registre Mémoire du monde de l’UNESCO (artéfacts). Il s’agira de comparer ces arguments et d’étudier la manière dont un terrain d’entente est trouvé entre les différentes parties quant à la manière de gérer les édifices ou artéfacts, et ce des points de vue politique et religieux. Cette étude se fondera sur deux cas d’étude issus des listes patrimoniales de l’UNESCO : un site – la mosquée-cathédrale de Cordoue, en Espagne – et un artéfact – la Haggadah de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine.
D’innombrables ouvrages, articles, conférences et colloques ont traité – et traitent encore chaqu... more D’innombrables ouvrages, articles, conférences et colloques ont traité – et traitent encore chaque année – de la complexe question des relations qui se tissent entre les groupes religieux et les États en Occident1, alors même que les deux entités se trouvent séparées de droit à travers des modèles variables de laïcité. En effet, malgré le caractère semblant désormais acquis de la laïcité dans cette région du monde, des influences continuent à s’exercer en continu entre religions et États à travers les relations qui les lient, qu’elles soient de nature régulatrice, d’influence ou encore mimétique. Bien que les avocats d’un abandon de la laïcité – même partiel – soient peu nombreux de nos jours, de leur côté, tant les acteurs étatiques que les acteurs religieux s’efforcent, à travers leur action, d’étendre un tant soit peu le pouvoir et l’influence de leurs entités respectives. De ce fait, des myriades de configurations possibles entre politique et religion se dessinent, au gré des acteurs, de leur culture et du contexte dans lequel ils évoluent.
Le 19 août 1985, dans un stade où plus de 80 000 jeunes Musulmans sont rassemblés à l’occasion de... more Le 19 août 1985, dans un stade où plus de 80 000 jeunes Musulmans sont rassemblés à l’occasion des Jeux Panarabiques, le pape Jean-Paul II prononce un discours qui marquera les esprits. Invité par le roi Hassan II du Maroc, il commence par quelques mots en arabe : « Ma première salutation s’adresse à vous tous […]. Paix à vous tous ». S’ensuit un discours idéaliste et prônant avant tout le dialogue sur base des grands points communs entre Islam et Christianisme.
Vingt-deux ans plus tard, le 17 octobre 2007, 138 dignitaires religieux musulmans écrivent la lettre ouverte « A Common Word between us and you » (ACW) aux responsables des Églises chrétiennes où, insistant sur le caractère indispensable du dialogue entre les deux religions qui, ensemble, rassemblent la moitié de l’humanité, ils étudient de manière comparative et étayée par les textes sacrés des deux religions ce qui constitue de leur point de vue le socle commun du Christianisme et de l’Islam : l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain.
Ces deux textes, tous deux jalons du dialogue interreligieux qui se développe depuis quelques dizaines d’années en Europe et ailleurs, méritent d’être approfondis. Ont-ils un lien ? Qui sont leurs auteurs, quels sont leurs destinataires respectifs ? Pourquoi ont-ils été rédigés ? Peut-on les comparer ? Dans quelle mesure ? Comment les lire de manière sociologique ? Que dire de leur impact, quelles sont leurs conséquences ? Sur cette base, que peut-on dire du dialogue interreligieux aujourd’hui et de ses perspectives pour l’avenir ?
La période préalable à la rédaction d’une thèse de maîtrise est l’occasion de s’interroger sur la... more La période préalable à la rédaction d’une thèse de maîtrise est l’occasion de s’interroger sur la manière dont on prévoit de manipuler la théorie – en d’autres mots, sur la « pratique théorique », selon l’expression de Bourdieu. Quel rôle devra jouer la théorie, quelle méthode sera-t-elle utilisée pour la faire émerger, comment chaque théorie entrera-t-elle en relation avec ses semblables ? Au départ d’un article du philosophe et sociologue italien Pierpaolo Donati, figure de proue de la sociologie relationnelle que l’on peut en tant que tel qualifier de « féru de la théorisation », il sera mené une réflexion en vue de tirer des conclusions sur la manière dont on mènera, par la suite, la recherche et la rédaction de la thèse mentionnée sous l’aspect de la pratique théorique.
Dans notre société contemporaine, chaque jour davantage mondialisée, les droits humains et la dém... more Dans notre société contemporaine, chaque jour davantage mondialisée, les droits humains et la démocratie se trouvent de plus en plus « universalisés », imposés à tous et toutes à travers le monde. Ils seraient, à en croire certains, les fondements du droit naturel de toute société – terrain que revendiquent aussi, depuis des siècles, les religions instituées. Dès lors, une série de questions cruciales se posent : ces droits humains entrent-ils en compétition avec les religions ? Dans quelle mesure peut-on parler de compétition, de coopération, d’influence réciproque entre les différents corpus juridiques ? Et, plus insidieusement : peut-on qualifier de « religieuse » l’origine des droits humains ?
Si la pratique de la glossolalie, appelée aussi « chant en langues », se rencontre dans des milie... more Si la pratique de la glossolalie, appelée aussi « chant en langues », se rencontre dans des milieux très variés, principalement chez les Protestants pentecôtistes, le Renouveau Charismatique catholique ne se l'est pas moins appropriée au cours des dernières décennies. Ce phénomène, qui peut surprendre – voire choquer –, dispose d'un héritage sémantique pour le moins atypique, variable selon ses applications, que nous étudierons dans le contexte de la communauté charismatique catholique de l'Emmanuel, en Belgique. Après un passage en revue général des différentes manifestations et appréhensions de la glossolalie dans l'Histoire, nous orienterons notre réflexion autour de deux questions principales. Premièrement, nous ferons état des débats entre partisans de la glossolalie vue comme un phénomène divin et détracteurs d'un concept considéré comme oeuvre du mal ; deuxièmement, il sera question de déterminer dans quelle mesure il peut être question d'une nature « mystique » et/ou « sociale » de la glossolalie. Nous bâtirons l'ensemble de notre réflexion sur deux textes issus de la communauté de l'Emmanuel elle-même sur le sujet, étayés par la littérature académique existante. Au terme de notre réflexion, nous aurons ainsi à la fois établi un profil général de la glossolalie et mis en lumière la nature mystique d'un phénomène contemporain, qui apparaît d'ailleurs généralement dans des contextes où la relation directe de l'individu à Dieu est centrale.
« L’un des effets les plus remarquables de notre modernité [...], c’est la manière dont chacun se... more « L’un des effets les plus remarquables de notre modernité [...], c’est la manière dont chacun se meut en permanence d’un référentiel à l’autre, du local au global » (ABÉLÈS, 2012 : 8-9). La globalisation pose une question fondamentale : comment créer ou conserver le lien social dans une société fragmentée peuplée d’individus aux identités émiettées (BOURGINE, 2015 : 6-20) ? Du fait de l’accélération de l’urbanisation et des flux migratoires, les villes occupent une place essentielle dans ce raisonnement (ALDERSON et BECKFIELD, 2004 : 811).
Faire de Bruxelles une ville mixte socialement est une utopie vieille de cent ans : projet de ville plus égalitaire, lutte contre l’exclusion et protection suite aux séquelles laissées par la crise économique de 1970, désir d’augmenter la cohésion sociale, etc. sont, en ce moment, devenus les priorités de l’action publique (LAPORTE : 2013). Il y a actuellement un regain d’intérêt pour la question de la mixité sociale en ville et plus particulièrement au sein de Bruxelles. En effet, cette utopie de mixité sociale permet d’aborder certains enjeux urbains palpables à la lumière de représentations et de valeurs contemporaines (LENEL : 2013). Seulement, la mixité sociale soulève souvent le problème des territoires fragiles qui représentent souvent la source principale des inégalités.
Au moyen d’une enquête sociologique quantitative ayant pour objet les populations bruxelloises, nous tenterons de mettre au jour les mécanismes par lesquels la composition démographique des communes de Bruxelles assure une pérennisation des inégalités en ville, effectuant par là une analyse des impacts des entre-soi et de la mixité sociale en matière d’accès aux ressources urbaines.
Ainsi, nous suggérerons que si la mixité sociale (comprise sur le plan socio-économique et sur le plan national) ne semble pas affecter en tant que telle la mobilité sociale des résidents des communes de la ville de Bruxelles, elle semble toutefois constituer l’une des caractéristiques des populations les plus fragilisées du point de vue de l’accès aux ressources urbaines. Le véritable enjeu autour de la mixité sociale perçue comme idéal est alors de repenser la répartition des ressources urbaines et d’éviter que les politiques publiques ainsi conçues ne fassent que renforcer les inégalités subies par ces populations.
Depuis les années 1960, c'est-à-dire depuis le début de la deuxième transition démographique, les... more Depuis les années 1960, c'est-à-dire depuis le début de la deuxième transition démographique, les familles se sont transformées de manière radicale. Avec elles, les relations au sein d’elles-mêmes ont évolué, les personnes âgées y prenant une place désormais différente de celle qu’elles occupaient avant cette époque. Mais quelles sont ces transformations ? De quelle manière ont-elles une influence sur les relations au sein de la famille moderne, et quelles perspectives peut-on avoir de l’avenir ?
Longtemps considéré comme un symbole d’intégration et de réussite sociale, le baptême estudiantin... more Longtemps considéré comme un symbole d’intégration et de réussite sociale, le baptême estudiantin est aujourd’hui décrié à bien des égards et relégué au plan de l’archaïsme, du désuet, de l’illusoire. La presse en fait d’ailleurs des gorges chaudes chaque début d’année académique, au moment du commencement de ce qui sera pour certains l’entrée au sein d’une nouvelle communauté et d’une toute autre existence sociale. Pourtant, les pratiques liées au bizutage constituent un schéma social complexe qu’il faut pouvoir tenter de décoder et de comprendre, car celles-ci peuvent jouer un rôle essentiel dans la construction de nos sociétés modernes.
Nous vivons dans une société dont le changement social fait désormais partie intégrante. De jour ... more Nous vivons dans une société dont le changement social fait désormais partie intégrante. De jour en jour, les choses changent ; plus que jamais, la société peut être étudiée sous un jour nouveau. Particulièrement, le cas de la religion mérite que l’on s’y attarde. En effet, la société occidentale moderne est depuis quelques siècles dans un processus de sécularisation et de perte de légitimité du sacré et des institutions qui, depuis des siècles, assuraient la stabilité du lien social.
En janvier dernier, ils étaient des millions à condamner l’attaque du journal satirique Charlie H... more En janvier dernier, ils étaient des millions à condamner l’attaque du journal satirique Charlie Hebdo, dénoncant l’atteinte jugée inadmissible portée à la liberté d’expression. Cependant, les attentats de Paris ne sont pas qu’un fait divers ; ils signifient tous les enjeux et tous les défis liés à la globalisation et à l’ouverture grandissante de nos sociétés à la multiculturalité. Par ailleurs, les politiques n’ont pas manqué de se faire entendre ces derniers mois quant aux solutions à apporter à ces défis ; ainsi, le débat concernant l’instauration de cours de citoyenneté dans les écoles secondaires en Belgique a refait surface, pointant le rôle essentiel de l’éducation dans le vivre-ensemble et la construction d’une société pacifiée.
Dans une société visuelle, où l’apparence et le paraître deviennent chaque jour plus importants p... more Dans une société visuelle, où l’apparence et le paraître deviennent chaque jour plus importants pour la réussite sociale et la reconnaissance de l’individu par ses pairs, dans une société de la télévision et du cinéma, où reproduire et transmettre l’information est devenu un enjeu capital, la notion de réel se perd parfois dans les méandres de l’information.
De longs siècles durant, la Cabale a été considérée comme étant exclusivement juive. La mystique ... more De longs siècles durant, la Cabale a été considérée comme étant exclusivement juive. La mystique du judaïsme s’identifiant généralement à celle-ci, tant les cabalistes que ceux qui les ont étudiés considéraient négativement les tendances chrétiennes de la Cabale, et ne laissaient généralement pas de place dans leurs ouvrages historiques et autres anthologies à une telle tendance. Mais la tendance est au changement depuis quelques dizaines d’années : comme dans de nombreux autres domaines des sciences des religions, tant les théories que les outils d’appréhension de la réalité ont évolué, ouvrant la voie à une étude approfondie de la Cabale chrétienne en (et pour) elle-même. Les nouveaux spécialistes de celle-ci se trouvent armés de moyens et d’informations considérables dont ne disposaient pas leurs prédécesseurs, ce qui leur permet de pousser l’analyse et la comparaison beaucoup plus loin.
L’entrée du judaïsme dans la modernité ne s’est pas faite du jour au lendemain. Il s’agit plutôt ... more L’entrée du judaïsme dans la modernité ne s’est pas faite du jour au lendemain. Il s’agit plutôt d’une transition progressive, ponctuée d’avancées timides et de reflux prudents. Si Scholem voit la tendance au changement comme se faisant, à l’inverse, par le conflit révolutionnaire, son opinion sur le mouvement de rationalisation que vécut le judaïsme au 19ème siècle se construisit dans un rapport plutôt conflictuel avec celui-ci. À cette époque, un profond mouvement de modernisation et de rationalisation influença durablement la trajectoire spirituelle du judaïsme. Ce mouvement, généralement appelé Wissenschaft des Judentums (ou « science du judaïsme »), émergea à un moment critique de l’histoire du judaïsme, dans un contexte où celui-ci se trouvait livré à lui-même dans une société occidentale en plein processus de modernisation et où se jouait une tension parfois élevée entre un modèle de structuration religieuse de la société et la propre érosion de ce dernier par la sécularisation. La science du judaïsme transforma en profondeur le judaïsme et la relation que celui-ci entretenait jusqu’alors à sa propre tradition. Cette relation, empreinte de complexité et d’une certaine paradoxalité, est l’objet de cette recherche.
On pense souvent que les mouvements orthodoxes juifs vivent « à une autre époque », et que la mod... more On pense souvent que les mouvements orthodoxes juifs vivent « à une autre époque », et que la modernité ne les concerne pas. Cependant, certains groupes échappent à cette généralisation simpliste. On les trouve, notamment, finement équipés et entraînés, sur la scène des attentats-suicide, en Israël et ailleurs, où ils arrivent en un temps record. C’est sur eux que nous allons ici porter notre attention. Au départ d’un article du sociologue et anthropologue Gideon Aran, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de la violence religieuse, nous nous efforcerons tout au long de ce papier de décrypter les relations complexes qu’entretient l’organisation dont nous avons parlé plus haut avec les idées cabalistiques juives en relation avec l’image que celle-ci se construit dans l’espace public.
Master's dissertation, London School of Economics and Political Science, 2019
"You are free; you are free to go to your temples, you are free to go to your mosques or to any o... more "You are free; you are free to go to your temples, you are free to go to your mosques or to any other place or worship in this State of Pakistan. You may belong to any religion or caste or creed – that has nothing to do with the business of the State”, said Muhammad Ali Jinnah, first president of Pakistan and ‘Father of the Nation’, in his first address to the Constituent Assembly of Pakistan (Jinnah 1969; quoted in Brown 2014). Upon its creation as an independent country in 1947, Pakistan was indeed established as a secular republic open to all faiths and religiosities (AED 2019). Yet, a rough 72 years later, Pakistan stands among the most repressive countries against religious freedoms (USCIRF 2019). Religious minorities – including Hindus, Christians, Sikhs, Ahmadis and Shia Muslims – face increasing levels of social discrimination as well as systemic violence. Legislation and structures of ‘legitimate violence’ participate in making life harder every day for religious minorities, whose rights consequently degrade at each step of the way.
The Ahmadi minority, in particular, has been facing a particularly harsh State repression for almost 50 years, and social discrimination for even longer than that. Defining themselves as Muslims but unrecognised as such by ‘mainstream’ Muslims, Ahmadis are specifically targeted and ostracised from public life from social grassroots levels to the intricacies of the law. Shunned, banned, beaten, killed, Ahmadis face an increasing menace and are numerous to flee Pakistan and seek asylum in Western countries such as the United Kingdom.
« L’union fait la force », dit l’adage : de tout temps, l’être humain a fait jouer le meilleur de... more « L’union fait la force », dit l’adage : de tout temps, l’être humain a fait jouer le meilleur de son capital social (Putnam 2001) pour s’allier avec d’autres et faire société (Ponthieux 2006). Les groupes ainsi formés, unis par des intérêts communs et selon des géographies variables, se trouvent invariablement confrontés tôt ou tard à d’autres groupes aux objectifs parfois bien différents des leurs. Quel que soit le terme employé ou la théorisation envisagée pour qualifier et modéliser les modalités de cette rencontre, l’interaction force invariablement les groupes impliqués à confronter les habitudes et visions des uns et des autres. Mais que faire lorsqu’une incompatibilité se pose, lorsque les intérêts des uns et des autres ne semblent pas pouvoir se réaliser simultanément ? L’idée défendue dans cette thèse est qu’une intégration maximale des parties dans les processus de gestion du patrimoine accompagnée d’une réforme des systèmes de justice et d’un enseignement de qualité pourra faire du patrimoine un vecteur de développement à part entière. Afin de démontrer la pertinence de cette affirmation, deux cas d’étude bien différents mais néanmoins complémentaires ont fait l’objet d’une recherche approfondie : la mosquée-cathédrale de Cordoue (Espagne) et la mosquée de Babri à Ayodhya (Inde). Toutes deux font l’objet de conflits à géométries variables, entre des groupes politiques et religieux poursuivant des objectifs distincts. A travers une analyse des arguments et des modes d’action des différents acteurs des deux débats, cette thèse aboutit à la conclusion que ces conflits patrimoniaux relèvent directement des droits culturels des groupes concernés. Sans proposer de solution unique, est esquissée à l’issue de cette recherche une approche compréhensive et inclusive faisant du patrimoine et de la culture qui l’inclut un outil de développement pour les sociétés qui l’accueillent.
Il est de nos jours commun de penser que la valeur du patrimoine religieux dans une société europ... more Il est de nos jours commun de penser que la valeur du patrimoine religieux dans une société européenne sécularisée se résume à des facteurs culturels et touristiques : édifices religieux anciens, musées et manifestations culturelles attirent des foules en quête de savoir, ou tout simplement curieuses. Pourtant, ce patrimoine revêt souvent un aspect politique : certains acteurs religieux mobilisent leur patrimoine en vue de s’affirmer sur la scène politique, celui-ci constituant un facteur visible de reconnaissance culturelle. En effet, les affiliations religieuses constituent pour les croyants de puissants facteurs d’identification (voir notamment Anthony 2012; Ashworth et Graham 2005; Isnart 2014). Cette valeur politique du patrimoine est reconnue par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette-ci insiste en effet sur la nécessité de « reconnaître les droits des parties intéressées, la nécessité d’évaluer les risques et impacts des projets sur ces parties intéressées, sur l’environnement et sur le patrimoine naturel et culturel » dans les processus de reconnaissance et de protection des sites du patrimoine mondial (UNESCO 2007, 184). Ma thèse portera sur ce sujet en étudiant les types d’arguments revendicatifs mobilisés par les différents acteurs impliqués dans la gestion d’un site ou d’un artéfact européen de nature religieuse inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (sites) ou au Registre Mémoire du monde de l’UNESCO (artéfacts). Il s’agira de comparer ces arguments et d’étudier la manière dont un terrain d’entente est trouvé entre les différentes parties quant à la manière de gérer les édifices ou artéfacts, et ce des points de vue politique et religieux. Cette étude se fondera sur deux cas d’étude issus des listes patrimoniales de l’UNESCO : un site – la mosquée-cathédrale de Cordoue, en Espagne – et un artéfact – la Haggadah de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine.
D’innombrables ouvrages, articles, conférences et colloques ont traité – et traitent encore chaqu... more D’innombrables ouvrages, articles, conférences et colloques ont traité – et traitent encore chaque année – de la complexe question des relations qui se tissent entre les groupes religieux et les États en Occident1, alors même que les deux entités se trouvent séparées de droit à travers des modèles variables de laïcité. En effet, malgré le caractère semblant désormais acquis de la laïcité dans cette région du monde, des influences continuent à s’exercer en continu entre religions et États à travers les relations qui les lient, qu’elles soient de nature régulatrice, d’influence ou encore mimétique. Bien que les avocats d’un abandon de la laïcité – même partiel – soient peu nombreux de nos jours, de leur côté, tant les acteurs étatiques que les acteurs religieux s’efforcent, à travers leur action, d’étendre un tant soit peu le pouvoir et l’influence de leurs entités respectives. De ce fait, des myriades de configurations possibles entre politique et religion se dessinent, au gré des acteurs, de leur culture et du contexte dans lequel ils évoluent.
Le 19 août 1985, dans un stade où plus de 80 000 jeunes Musulmans sont rassemblés à l’occasion de... more Le 19 août 1985, dans un stade où plus de 80 000 jeunes Musulmans sont rassemblés à l’occasion des Jeux Panarabiques, le pape Jean-Paul II prononce un discours qui marquera les esprits. Invité par le roi Hassan II du Maroc, il commence par quelques mots en arabe : « Ma première salutation s’adresse à vous tous […]. Paix à vous tous ». S’ensuit un discours idéaliste et prônant avant tout le dialogue sur base des grands points communs entre Islam et Christianisme.
Vingt-deux ans plus tard, le 17 octobre 2007, 138 dignitaires religieux musulmans écrivent la lettre ouverte « A Common Word between us and you » (ACW) aux responsables des Églises chrétiennes où, insistant sur le caractère indispensable du dialogue entre les deux religions qui, ensemble, rassemblent la moitié de l’humanité, ils étudient de manière comparative et étayée par les textes sacrés des deux religions ce qui constitue de leur point de vue le socle commun du Christianisme et de l’Islam : l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain.
Ces deux textes, tous deux jalons du dialogue interreligieux qui se développe depuis quelques dizaines d’années en Europe et ailleurs, méritent d’être approfondis. Ont-ils un lien ? Qui sont leurs auteurs, quels sont leurs destinataires respectifs ? Pourquoi ont-ils été rédigés ? Peut-on les comparer ? Dans quelle mesure ? Comment les lire de manière sociologique ? Que dire de leur impact, quelles sont leurs conséquences ? Sur cette base, que peut-on dire du dialogue interreligieux aujourd’hui et de ses perspectives pour l’avenir ?
La période préalable à la rédaction d’une thèse de maîtrise est l’occasion de s’interroger sur la... more La période préalable à la rédaction d’une thèse de maîtrise est l’occasion de s’interroger sur la manière dont on prévoit de manipuler la théorie – en d’autres mots, sur la « pratique théorique », selon l’expression de Bourdieu. Quel rôle devra jouer la théorie, quelle méthode sera-t-elle utilisée pour la faire émerger, comment chaque théorie entrera-t-elle en relation avec ses semblables ? Au départ d’un article du philosophe et sociologue italien Pierpaolo Donati, figure de proue de la sociologie relationnelle que l’on peut en tant que tel qualifier de « féru de la théorisation », il sera mené une réflexion en vue de tirer des conclusions sur la manière dont on mènera, par la suite, la recherche et la rédaction de la thèse mentionnée sous l’aspect de la pratique théorique.
Dans notre société contemporaine, chaque jour davantage mondialisée, les droits humains et la dém... more Dans notre société contemporaine, chaque jour davantage mondialisée, les droits humains et la démocratie se trouvent de plus en plus « universalisés », imposés à tous et toutes à travers le monde. Ils seraient, à en croire certains, les fondements du droit naturel de toute société – terrain que revendiquent aussi, depuis des siècles, les religions instituées. Dès lors, une série de questions cruciales se posent : ces droits humains entrent-ils en compétition avec les religions ? Dans quelle mesure peut-on parler de compétition, de coopération, d’influence réciproque entre les différents corpus juridiques ? Et, plus insidieusement : peut-on qualifier de « religieuse » l’origine des droits humains ?
Si la pratique de la glossolalie, appelée aussi « chant en langues », se rencontre dans des milie... more Si la pratique de la glossolalie, appelée aussi « chant en langues », se rencontre dans des milieux très variés, principalement chez les Protestants pentecôtistes, le Renouveau Charismatique catholique ne se l'est pas moins appropriée au cours des dernières décennies. Ce phénomène, qui peut surprendre – voire choquer –, dispose d'un héritage sémantique pour le moins atypique, variable selon ses applications, que nous étudierons dans le contexte de la communauté charismatique catholique de l'Emmanuel, en Belgique. Après un passage en revue général des différentes manifestations et appréhensions de la glossolalie dans l'Histoire, nous orienterons notre réflexion autour de deux questions principales. Premièrement, nous ferons état des débats entre partisans de la glossolalie vue comme un phénomène divin et détracteurs d'un concept considéré comme oeuvre du mal ; deuxièmement, il sera question de déterminer dans quelle mesure il peut être question d'une nature « mystique » et/ou « sociale » de la glossolalie. Nous bâtirons l'ensemble de notre réflexion sur deux textes issus de la communauté de l'Emmanuel elle-même sur le sujet, étayés par la littérature académique existante. Au terme de notre réflexion, nous aurons ainsi à la fois établi un profil général de la glossolalie et mis en lumière la nature mystique d'un phénomène contemporain, qui apparaît d'ailleurs généralement dans des contextes où la relation directe de l'individu à Dieu est centrale.
« L’un des effets les plus remarquables de notre modernité [...], c’est la manière dont chacun se... more « L’un des effets les plus remarquables de notre modernité [...], c’est la manière dont chacun se meut en permanence d’un référentiel à l’autre, du local au global » (ABÉLÈS, 2012 : 8-9). La globalisation pose une question fondamentale : comment créer ou conserver le lien social dans une société fragmentée peuplée d’individus aux identités émiettées (BOURGINE, 2015 : 6-20) ? Du fait de l’accélération de l’urbanisation et des flux migratoires, les villes occupent une place essentielle dans ce raisonnement (ALDERSON et BECKFIELD, 2004 : 811).
Faire de Bruxelles une ville mixte socialement est une utopie vieille de cent ans : projet de ville plus égalitaire, lutte contre l’exclusion et protection suite aux séquelles laissées par la crise économique de 1970, désir d’augmenter la cohésion sociale, etc. sont, en ce moment, devenus les priorités de l’action publique (LAPORTE : 2013). Il y a actuellement un regain d’intérêt pour la question de la mixité sociale en ville et plus particulièrement au sein de Bruxelles. En effet, cette utopie de mixité sociale permet d’aborder certains enjeux urbains palpables à la lumière de représentations et de valeurs contemporaines (LENEL : 2013). Seulement, la mixité sociale soulève souvent le problème des territoires fragiles qui représentent souvent la source principale des inégalités.
Au moyen d’une enquête sociologique quantitative ayant pour objet les populations bruxelloises, nous tenterons de mettre au jour les mécanismes par lesquels la composition démographique des communes de Bruxelles assure une pérennisation des inégalités en ville, effectuant par là une analyse des impacts des entre-soi et de la mixité sociale en matière d’accès aux ressources urbaines.
Ainsi, nous suggérerons que si la mixité sociale (comprise sur le plan socio-économique et sur le plan national) ne semble pas affecter en tant que telle la mobilité sociale des résidents des communes de la ville de Bruxelles, elle semble toutefois constituer l’une des caractéristiques des populations les plus fragilisées du point de vue de l’accès aux ressources urbaines. Le véritable enjeu autour de la mixité sociale perçue comme idéal est alors de repenser la répartition des ressources urbaines et d’éviter que les politiques publiques ainsi conçues ne fassent que renforcer les inégalités subies par ces populations.
Depuis les années 1960, c'est-à-dire depuis le début de la deuxième transition démographique, les... more Depuis les années 1960, c'est-à-dire depuis le début de la deuxième transition démographique, les familles se sont transformées de manière radicale. Avec elles, les relations au sein d’elles-mêmes ont évolué, les personnes âgées y prenant une place désormais différente de celle qu’elles occupaient avant cette époque. Mais quelles sont ces transformations ? De quelle manière ont-elles une influence sur les relations au sein de la famille moderne, et quelles perspectives peut-on avoir de l’avenir ?
Longtemps considéré comme un symbole d’intégration et de réussite sociale, le baptême estudiantin... more Longtemps considéré comme un symbole d’intégration et de réussite sociale, le baptême estudiantin est aujourd’hui décrié à bien des égards et relégué au plan de l’archaïsme, du désuet, de l’illusoire. La presse en fait d’ailleurs des gorges chaudes chaque début d’année académique, au moment du commencement de ce qui sera pour certains l’entrée au sein d’une nouvelle communauté et d’une toute autre existence sociale. Pourtant, les pratiques liées au bizutage constituent un schéma social complexe qu’il faut pouvoir tenter de décoder et de comprendre, car celles-ci peuvent jouer un rôle essentiel dans la construction de nos sociétés modernes.
Nous vivons dans une société dont le changement social fait désormais partie intégrante. De jour ... more Nous vivons dans une société dont le changement social fait désormais partie intégrante. De jour en jour, les choses changent ; plus que jamais, la société peut être étudiée sous un jour nouveau. Particulièrement, le cas de la religion mérite que l’on s’y attarde. En effet, la société occidentale moderne est depuis quelques siècles dans un processus de sécularisation et de perte de légitimité du sacré et des institutions qui, depuis des siècles, assuraient la stabilité du lien social.
En janvier dernier, ils étaient des millions à condamner l’attaque du journal satirique Charlie H... more En janvier dernier, ils étaient des millions à condamner l’attaque du journal satirique Charlie Hebdo, dénoncant l’atteinte jugée inadmissible portée à la liberté d’expression. Cependant, les attentats de Paris ne sont pas qu’un fait divers ; ils signifient tous les enjeux et tous les défis liés à la globalisation et à l’ouverture grandissante de nos sociétés à la multiculturalité. Par ailleurs, les politiques n’ont pas manqué de se faire entendre ces derniers mois quant aux solutions à apporter à ces défis ; ainsi, le débat concernant l’instauration de cours de citoyenneté dans les écoles secondaires en Belgique a refait surface, pointant le rôle essentiel de l’éducation dans le vivre-ensemble et la construction d’une société pacifiée.
Dans une société visuelle, où l’apparence et le paraître deviennent chaque jour plus importants p... more Dans une société visuelle, où l’apparence et le paraître deviennent chaque jour plus importants pour la réussite sociale et la reconnaissance de l’individu par ses pairs, dans une société de la télévision et du cinéma, où reproduire et transmettre l’information est devenu un enjeu capital, la notion de réel se perd parfois dans les méandres de l’information.
De longs siècles durant, la Cabale a été considérée comme étant exclusivement juive. La mystique ... more De longs siècles durant, la Cabale a été considérée comme étant exclusivement juive. La mystique du judaïsme s’identifiant généralement à celle-ci, tant les cabalistes que ceux qui les ont étudiés considéraient négativement les tendances chrétiennes de la Cabale, et ne laissaient généralement pas de place dans leurs ouvrages historiques et autres anthologies à une telle tendance. Mais la tendance est au changement depuis quelques dizaines d’années : comme dans de nombreux autres domaines des sciences des religions, tant les théories que les outils d’appréhension de la réalité ont évolué, ouvrant la voie à une étude approfondie de la Cabale chrétienne en (et pour) elle-même. Les nouveaux spécialistes de celle-ci se trouvent armés de moyens et d’informations considérables dont ne disposaient pas leurs prédécesseurs, ce qui leur permet de pousser l’analyse et la comparaison beaucoup plus loin.
L’entrée du judaïsme dans la modernité ne s’est pas faite du jour au lendemain. Il s’agit plutôt ... more L’entrée du judaïsme dans la modernité ne s’est pas faite du jour au lendemain. Il s’agit plutôt d’une transition progressive, ponctuée d’avancées timides et de reflux prudents. Si Scholem voit la tendance au changement comme se faisant, à l’inverse, par le conflit révolutionnaire, son opinion sur le mouvement de rationalisation que vécut le judaïsme au 19ème siècle se construisit dans un rapport plutôt conflictuel avec celui-ci. À cette époque, un profond mouvement de modernisation et de rationalisation influença durablement la trajectoire spirituelle du judaïsme. Ce mouvement, généralement appelé Wissenschaft des Judentums (ou « science du judaïsme »), émergea à un moment critique de l’histoire du judaïsme, dans un contexte où celui-ci se trouvait livré à lui-même dans une société occidentale en plein processus de modernisation et où se jouait une tension parfois élevée entre un modèle de structuration religieuse de la société et la propre érosion de ce dernier par la sécularisation. La science du judaïsme transforma en profondeur le judaïsme et la relation que celui-ci entretenait jusqu’alors à sa propre tradition. Cette relation, empreinte de complexité et d’une certaine paradoxalité, est l’objet de cette recherche.
On pense souvent que les mouvements orthodoxes juifs vivent « à une autre époque », et que la mod... more On pense souvent que les mouvements orthodoxes juifs vivent « à une autre époque », et que la modernité ne les concerne pas. Cependant, certains groupes échappent à cette généralisation simpliste. On les trouve, notamment, finement équipés et entraînés, sur la scène des attentats-suicide, en Israël et ailleurs, où ils arrivent en un temps record. C’est sur eux que nous allons ici porter notre attention. Au départ d’un article du sociologue et anthropologue Gideon Aran, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de la violence religieuse, nous nous efforcerons tout au long de ce papier de décrypter les relations complexes qu’entretient l’organisation dont nous avons parlé plus haut avec les idées cabalistiques juives en relation avec l’image que celle-ci se construit dans l’espace public.
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The Ahmadi minority, in particular, has been facing a particularly harsh State repression for almost 50 years, and social discrimination for even longer than that. Defining themselves as Muslims but unrecognised as such by ‘mainstream’ Muslims, Ahmadis are specifically targeted and ostracised from public life from social grassroots levels to the intricacies of the law. Shunned, banned, beaten, killed, Ahmadis face an increasing menace and are numerous to flee Pakistan and seek asylum in Western countries such as the United Kingdom.
En effet, les affiliations religieuses constituent pour les croyants de puissants facteurs d’identification (voir notamment Anthony 2012; Ashworth et Graham 2005; Isnart 2014). Cette valeur politique du patrimoine est reconnue par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette-ci insiste en effet sur la nécessité de « reconnaître les droits des parties intéressées, la nécessité d’évaluer les risques et impacts des projets sur ces parties intéressées, sur l’environnement et sur le patrimoine naturel et culturel » dans les processus de reconnaissance et de protection des sites du patrimoine mondial (UNESCO 2007, 184). Ma thèse portera sur ce sujet en étudiant les types d’arguments revendicatifs mobilisés par les différents acteurs impliqués dans la gestion d’un site ou d’un artéfact européen de nature religieuse inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (sites) ou au Registre Mémoire du monde de l’UNESCO (artéfacts). Il s’agira de comparer ces arguments et d’étudier la manière dont un terrain d’entente est trouvé entre les différentes parties quant à la manière de gérer les édifices ou artéfacts, et ce des points de vue politique et religieux. Cette étude se fondera sur deux cas d’étude issus des listes patrimoniales de l’UNESCO : un site – la mosquée-cathédrale de Cordoue, en Espagne – et un artéfact – la Haggadah de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine.
Vingt-deux ans plus tard, le 17 octobre 2007, 138 dignitaires religieux musulmans écrivent la lettre ouverte « A Common Word between us and you » (ACW) aux responsables des Églises chrétiennes où, insistant sur le caractère indispensable du dialogue entre les deux religions qui, ensemble, rassemblent la moitié de l’humanité, ils étudient de manière comparative et étayée par les textes sacrés des deux religions ce qui constitue de leur point de vue le socle commun du Christianisme et de l’Islam : l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain.
Ces deux textes, tous deux jalons du dialogue interreligieux qui se développe depuis quelques dizaines d’années en Europe et ailleurs, méritent d’être approfondis. Ont-ils un lien ? Qui sont leurs auteurs, quels sont leurs destinataires respectifs ? Pourquoi ont-ils été rédigés ? Peut-on les comparer ? Dans quelle mesure ? Comment les lire de manière sociologique ? Que dire de leur impact, quelles sont leurs conséquences ? Sur cette base, que peut-on dire du dialogue interreligieux aujourd’hui et de ses perspectives pour l’avenir ?
Faire de Bruxelles une ville mixte socialement est une utopie vieille de cent ans : projet de ville plus égalitaire, lutte contre l’exclusion et protection suite aux séquelles laissées par la crise économique de 1970, désir d’augmenter la cohésion sociale, etc. sont, en ce moment, devenus les priorités de l’action publique (LAPORTE : 2013). Il y a actuellement un regain d’intérêt pour la question de la mixité sociale en ville et plus particulièrement au sein de Bruxelles. En effet, cette utopie de mixité sociale permet d’aborder certains enjeux urbains palpables à la lumière de représentations et de valeurs contemporaines (LENEL : 2013). Seulement, la mixité sociale soulève souvent le problème des territoires fragiles qui représentent souvent la source principale des inégalités.
Au moyen d’une enquête sociologique quantitative ayant pour objet les populations bruxelloises, nous tenterons de mettre au jour les mécanismes par lesquels la composition démographique des communes de Bruxelles assure une pérennisation des inégalités en ville, effectuant par là une analyse des impacts des entre-soi et de la mixité sociale en matière d’accès aux ressources urbaines.
Ainsi, nous suggérerons que si la mixité sociale (comprise sur le plan socio-économique et sur le plan national) ne semble pas affecter en tant que telle la mobilité sociale des résidents des communes de la ville de Bruxelles, elle semble toutefois constituer l’une des caractéristiques des populations les plus fragilisées du point de vue de l’accès aux ressources urbaines. Le véritable enjeu autour de la mixité sociale perçue comme idéal est alors de repenser la répartition des ressources urbaines et d’éviter que les politiques publiques ainsi conçues ne fassent que renforcer les inégalités subies par ces populations.
À cette époque, un profond mouvement de modernisation et de rationalisation influença durablement la trajectoire spirituelle du judaïsme. Ce mouvement, généralement appelé Wissenschaft des Judentums (ou « science du judaïsme »), émergea à un moment critique de l’histoire du judaïsme, dans un contexte où celui-ci se trouvait livré à lui-même dans une société occidentale en plein processus de modernisation et où se jouait une tension parfois élevée entre un modèle de structuration religieuse de la société et la propre érosion de ce dernier par la sécularisation. La science du judaïsme transforma en profondeur le judaïsme et la relation que celui-ci entretenait jusqu’alors à sa propre tradition. Cette relation, empreinte de complexité et d’une certaine paradoxalité, est l’objet de cette recherche.
Au départ d’un article du sociologue et anthropologue Gideon Aran, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de la violence religieuse, nous nous efforcerons tout au long de ce papier de décrypter les relations complexes qu’entretient l’organisation dont nous avons parlé plus haut avec les idées cabalistiques juives en relation avec l’image que celle-ci se construit dans l’espace public.
The Ahmadi minority, in particular, has been facing a particularly harsh State repression for almost 50 years, and social discrimination for even longer than that. Defining themselves as Muslims but unrecognised as such by ‘mainstream’ Muslims, Ahmadis are specifically targeted and ostracised from public life from social grassroots levels to the intricacies of the law. Shunned, banned, beaten, killed, Ahmadis face an increasing menace and are numerous to flee Pakistan and seek asylum in Western countries such as the United Kingdom.
En effet, les affiliations religieuses constituent pour les croyants de puissants facteurs d’identification (voir notamment Anthony 2012; Ashworth et Graham 2005; Isnart 2014). Cette valeur politique du patrimoine est reconnue par l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette-ci insiste en effet sur la nécessité de « reconnaître les droits des parties intéressées, la nécessité d’évaluer les risques et impacts des projets sur ces parties intéressées, sur l’environnement et sur le patrimoine naturel et culturel » dans les processus de reconnaissance et de protection des sites du patrimoine mondial (UNESCO 2007, 184). Ma thèse portera sur ce sujet en étudiant les types d’arguments revendicatifs mobilisés par les différents acteurs impliqués dans la gestion d’un site ou d’un artéfact européen de nature religieuse inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (sites) ou au Registre Mémoire du monde de l’UNESCO (artéfacts). Il s’agira de comparer ces arguments et d’étudier la manière dont un terrain d’entente est trouvé entre les différentes parties quant à la manière de gérer les édifices ou artéfacts, et ce des points de vue politique et religieux. Cette étude se fondera sur deux cas d’étude issus des listes patrimoniales de l’UNESCO : un site – la mosquée-cathédrale de Cordoue, en Espagne – et un artéfact – la Haggadah de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine.
Vingt-deux ans plus tard, le 17 octobre 2007, 138 dignitaires religieux musulmans écrivent la lettre ouverte « A Common Word between us and you » (ACW) aux responsables des Églises chrétiennes où, insistant sur le caractère indispensable du dialogue entre les deux religions qui, ensemble, rassemblent la moitié de l’humanité, ils étudient de manière comparative et étayée par les textes sacrés des deux religions ce qui constitue de leur point de vue le socle commun du Christianisme et de l’Islam : l’Amour de Dieu et l’Amour du prochain.
Ces deux textes, tous deux jalons du dialogue interreligieux qui se développe depuis quelques dizaines d’années en Europe et ailleurs, méritent d’être approfondis. Ont-ils un lien ? Qui sont leurs auteurs, quels sont leurs destinataires respectifs ? Pourquoi ont-ils été rédigés ? Peut-on les comparer ? Dans quelle mesure ? Comment les lire de manière sociologique ? Que dire de leur impact, quelles sont leurs conséquences ? Sur cette base, que peut-on dire du dialogue interreligieux aujourd’hui et de ses perspectives pour l’avenir ?
Faire de Bruxelles une ville mixte socialement est une utopie vieille de cent ans : projet de ville plus égalitaire, lutte contre l’exclusion et protection suite aux séquelles laissées par la crise économique de 1970, désir d’augmenter la cohésion sociale, etc. sont, en ce moment, devenus les priorités de l’action publique (LAPORTE : 2013). Il y a actuellement un regain d’intérêt pour la question de la mixité sociale en ville et plus particulièrement au sein de Bruxelles. En effet, cette utopie de mixité sociale permet d’aborder certains enjeux urbains palpables à la lumière de représentations et de valeurs contemporaines (LENEL : 2013). Seulement, la mixité sociale soulève souvent le problème des territoires fragiles qui représentent souvent la source principale des inégalités.
Au moyen d’une enquête sociologique quantitative ayant pour objet les populations bruxelloises, nous tenterons de mettre au jour les mécanismes par lesquels la composition démographique des communes de Bruxelles assure une pérennisation des inégalités en ville, effectuant par là une analyse des impacts des entre-soi et de la mixité sociale en matière d’accès aux ressources urbaines.
Ainsi, nous suggérerons que si la mixité sociale (comprise sur le plan socio-économique et sur le plan national) ne semble pas affecter en tant que telle la mobilité sociale des résidents des communes de la ville de Bruxelles, elle semble toutefois constituer l’une des caractéristiques des populations les plus fragilisées du point de vue de l’accès aux ressources urbaines. Le véritable enjeu autour de la mixité sociale perçue comme idéal est alors de repenser la répartition des ressources urbaines et d’éviter que les politiques publiques ainsi conçues ne fassent que renforcer les inégalités subies par ces populations.
À cette époque, un profond mouvement de modernisation et de rationalisation influença durablement la trajectoire spirituelle du judaïsme. Ce mouvement, généralement appelé Wissenschaft des Judentums (ou « science du judaïsme »), émergea à un moment critique de l’histoire du judaïsme, dans un contexte où celui-ci se trouvait livré à lui-même dans une société occidentale en plein processus de modernisation et où se jouait une tension parfois élevée entre un modèle de structuration religieuse de la société et la propre érosion de ce dernier par la sécularisation. La science du judaïsme transforma en profondeur le judaïsme et la relation que celui-ci entretenait jusqu’alors à sa propre tradition. Cette relation, empreinte de complexité et d’une certaine paradoxalité, est l’objet de cette recherche.
Au départ d’un article du sociologue et anthropologue Gideon Aran, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de la violence religieuse, nous nous efforcerons tout au long de ce papier de décrypter les relations complexes qu’entretient l’organisation dont nous avons parlé plus haut avec les idées cabalistiques juives en relation avec l’image que celle-ci se construit dans l’espace public.