grimaud
Apparence
:
Étymologie
[modifier le wikicode]- Du vieux-francique grimwald.
Adjectif
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel | |
---|---|---|
Masculin | grimaud \ɡʁi.mo\
|
grimauds \ɡʁi.mo\ |
Féminin | grimaude \ɡʁi.mod\ |
grimaudes \ɡʁi.mod\ |
grimaud \ɡʁi.mo\
- Gauche, emprunté, surtout avec les femmes.
Trop timide pour inviter une danseuse, et craignant d’ailleurs de brouiller les figures, je devins naturellement très grimaud et ne sachant que faire de ma personne.
— (Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836)Lui, si doux et si caressant, il était grimaud ; il criait à propos de tout, il voulait jouer et brisait ses joujoux.
— (Honoré de Balzac, Mémoires de Deux Jeunes Mariées, 1842, chapitre XL)
Nom commun 1
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel |
---|---|
grimaud | grimauds |
\ɡʁi.mo\ |
grimaud \ɡʁi.mo\ masculin (pour une femme, on dit : grimaude)
- Écolier des petites classes, élève ignorant. Grimaud d’école.
Il se montrait aussi attique et aussi cicéronien, peu s'en faut, qu’on peut l’être dans une troupe de petits grimauds régie par d’honnêtes barbacoles.
— (Anatole France, Le Livre de mon ami, Œuvres, t. I, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1984, p. 511)
- Pédant mal dégrossi, fier de faire état d’un savoir mal assimilé ; cuistre.
Votre majesté voit que je ne suis pas un grimaud, que j’ai étudié excellemment, et que j’ai beaucoup d’éloquence naturelle.
— (Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831)Le bourgeois est un grimaud
— (Victor Hugo, Chanson de Gavroche, 1861)
Qui prend sa pendule au mot
Chaque fois qu’elle retarde.
Il contresigne en bâtarde
Coups d’états, décrets, traités,
Et toutes les lâchetés.[…] il peut même, un jour, rendre tout honteux le souverain du monde en lui apprenant que cette femme qu’il a choisie le trompe, lui Napoléon, avec un grimaud de comédie moins bien choisi.
— (Stefan Zweig, Joseph Fouché, Grasset, 1969, page 156)On s’étonnera de rencontrer ces rêves de risque-tout chez un grimaud promis à la cléricature.
— (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 100.)
- (Vieilli) Mauvais écrivain, imitateur servile, voire plagiaire sans vergogne ; barbouilleur de papier.
- De même que ma police secrète, j’ai ma littérature ordinaire, des grimauds affreux, sales comme des guenilles et affamés comme des belettes.
— (Alexandre Dumas, Joseph Balsamo, 1853)
- Vous les nourrissez donc bien mal ?
- Je ne les nourris pas du tout. S’ils engraissaient, ils deviendraient bêtes comme M. de Soubise ; la graisse absorbe le fiel ; c’est connu, cela.Il n’y a pas grand mal à faire bâtonner un histrion ou un grimaud de lettres dont on n’est pas content, dit le marquis d’un air de parfaite insouciance.
— (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863)Puisqu'il suffisait « d’avoir l'air » (avec le minimum de débours), le mieux était de recourir à une demi-douzaine de grimauds, qui ne comprissent rien à rien, qui parlassent de n'importe quoi (par exemple du docteur Gustave Le Bon) et qui fissent reproduire n'importe quelles « bonnes feuilles ».
— (« Revue de la quinzaine », dans le Mercure de France, vol. 202, 1928, page 676)[…]: prononcer , par exemple, avec les monarchistes français, que l'idéal démocratique est lié nécessairement à une mauvaise littérature, c'est, dans un pays de dévotion littéraire comme la France, porter un coup réel à cet idéal, du moins auprès de ceux qui acceptent de prendre Victor Hugo et Michelet pour des grimauds.
— (Julien Benda, La trahison des clercs, 1927, édition revue & augmentée, Grasset, 1946, page 154)
Traductions
[modifier le wikicode]Nom commun 2
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel |
---|---|
grimaud | grimauds |
\ɡʁi.mo\ |
grimaud \ɡʁi.mo\ masculin
- (Ornithologie) (Familier) (Désuet) Chouette ; hulotte.
La grande chouette que Belon appelle grimaud, mâchette ou la grande chevêche, […], a, du sommet de la tête au bout de la queue, treize pouces. Sa grosseur est à peu près la même que celle du chat-huant.
— (Dictionnaire raisonné universel de l'histoire naturelle, par Jacques-Christophe Valmont de Bomare, tome 3, Lyon : chez Bruyset frères, 1791, p. 505)
Traductions
[modifier le wikicode]Nom commun 3
[modifier le wikicode]Singulier | Pluriel |
---|---|
grimaud | grimauds |
\ɡʁi.mo\ |
grimaud \ɡʁi.mo\ masculin (pour une femme, on dit : grimelle)
- (Haïti) Afrodescendant xanthoderme aux cheveux plus ou moins ulotriches et aux traits négroïdes.
Le grimaud, lui, apparaît quand un Blanc fait un enfant avec un Noir. Il ne porte pas exactement la couleur de sa mère, ni celle de son père.
— (Natacha Giafferi-Dombre, Une ethnologue à Port-au-Prince : question de couleur et luttes pour le classement socio-racial dans la capitale haïtienne, Éditions Harmattan, 2007, p. 117)Le poète Mark Estienne, un grimaud aux yeux bleus et à la peau translucide quoiqu'au faciès négroïde, y tenait des rencontres littéraires, dans une salle plus exigüe, attenante à l'arrière-cour de l'établissement.
— (Raphaël Confiant, Les ténèbres extérieures, Éditions Écriture, 2008)Il y a des grimauds (des grimelles) qui sont des gens à la peau claire et aux cheveux crépus.
— (Lucie Hubert, Un opéra en Haïti - Maryaj Lenglensou, Éditions Monde global, 2009, p. 40)
Traductions
[modifier le wikicode]Prononciation
[modifier le wikicode]- La prononciation \ɡʁi.mo\ rime avec les mots qui finissent en \mo\.
- \ɡʁi.mo\
- France (Vosges) : écouter « grimaud [Prononciation ?] »
Anagrammes
[modifier le wikicode]→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
[modifier le wikicode]- grimaud sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
[modifier le wikicode]- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (grimaud), mais l’article a pu être modifié depuis.
- « grimaud », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- "100 mots à sauver", Bernard Pivot, chez Albin Michel
- Micheline Labelle, Idéologie de couleur et classes sociales en Haïti, Les Éditions du CIDIHCA (Centre International de Documentation et d'Information Haïtienne Caraïbéenne et Afro-Canadienne), Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, 1987, 393 pp., p.117