Soy boy
Soy boy (litt.« garçon-soja »), ou parfois homme-soja, est un terme péjoratif ou ironique, souvent utilisé en ligne, notamment par l'extrême droite[1], pour qualifier les hommes qui présentent des traits physiques, affectifs, ou comportementaux attribués d'accoutumée à la gent féminine[2],[3].
Études scientifiques
[modifier | modifier le code]Selon Paul Joseph Watson, le terme soy boy est basé[4] sur la présence de phytoestrogènes dans les graines de soja. En effet, d'après une étude de chercheurs de l'université Harvard, parue en dans la revue Human Reproduction (en)[5], manger régulièrement du soja ferait baisser le taux de concentration du sperme et jouerait un rôle dans l'infertilité masculine[6],[7]. Toutefois, ces résultats sont invalidés par différentes publications et méta-analyses par la suite, impliquant qu'il n'y ait pas de consensus scientifique au sujet d'un lien de causalité entre la consommation de soja et la fertilité masculine[8],[9],[10].
Histoire
[modifier | modifier le code]La première occurrence de l'expression « soy boy » apparaît en dans le clip de la chanson Ur So Gay de Katy Perry, sur une plaque d'immatriculation[source secondaire nécessaire].
The Daily Dot suggère qu'il aurait pu être lancé sur Twitter par Mike Cernovich (en), une personnalité d'extrême droite active sur les médias sociaux[11],[2]. Toutefois, James Allsup (en) affirme avoir inventé l'expression[2]. Selon Know Your Meme, la première apparition archivée du terme date d' sur un forum de 4chan[12],[13].
En français l'expression « homme-soja » est parfois utilisée à la place de l'expression anglaise[14],[15],[16],[17],[18].
Usage
[modifier | modifier le code]Le terme est utilisé par les trolls d'internet à des fins de moquerie ou d'ironie dans des échanges en ligne[19] et par des youtubeurs d'extrême droite comme Papacito[20]. S'il désigne d'abord les végétaliens ou les vegans[21], qui, par définition, refusent la consommation de viande et recourent à des substituts comme ceux à base de soja, l'expression vise aussi plus généralement les hommes perçus comme libéraux (au sens américain), progressistes, gauchistes, social justice warriors, woke, ou des groupes similaires dont les hommes présenteraient des traits et des valeurs qu'ils jugent féminines[22].
En outre, la revue de droite conservatrice catholique La Nef[16], reprise par l'essayiste Marc Alpozzo[15] et critiquée par Renaud Large[23], ne placent pas spécialement le soy boy sur l'échiquier politique, le voyant aussi bien altermondialiste, bobo que petit-bourgeois, mais lui reprochent une soumission à la supposée bien-pensance contemporaine et un mode de vie matérialiste, individualiste, urbain, déconnecté de la réalité, sans traditions ni transcendance.
En , Colby Covington, combattant de MMA, utilise le terme pour se moquer de son adversaire Dustin Poirier[24], et une personnalité politique de droite, le républicain Madison Cawthorn, affirme que les hommes de gauche aiment porter des masques pendant la pandémie de Covid-19 car ils sont des hommes soja[25].
Références
[modifier | modifier le code]- Maxime Macé et Pierre Plottu, « L’extrême droite obsédée par sa virilité », Libération, (consulté le ).
- (en) Rachel Hosie, « Soy boy: What does this online insult mean? », The Independent, (consulté le ).
- (en) Jules Joanne Gleeson, « An Anatomy of the Soy Boy », sur New Socialist, (consulté le ).
- (en) Alex Henderson, « Inside the "soy boy" conspiracy theory: It combines misogyny and the warped world of pseudosciece », sur Salon.com, (consulté le ).
- (en) Jorge E. Chavarro, Thomas L. Toth, Sonita M. Sadio et Russ Hauser (en), « Soy food and isoflavone intake in relation to semen quality parameters among men from an infertility clinic », Human Reproduction (en), vol. 23, no 11, , p. 2584–2590 (PMID 18650557, PMCID PMC2721724, DOI 10.1093/humrep/den243).
- Claire Frayssinet, « Le soja rend les hommes moins fertiles », Femme actuelle, (consulté le ).
- Catherine Bennetau-Pelissero, « Manger trop de soja peut nuire à la fertilité », sur Slate.fr, (consulté le ).
- (en) Mark Messina, « Soybean isoflavone exposure does not have feminizing effects on men: a critical examination of the clinical evidence », Fertility and Sterility (en), vol. 93, no 7, , p. 2095–2104 (ISSN 0015-0282 et 1556-5653, DOI 10.1016/j.fertnstert.2010.03.002, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Christopher R. Cederroth, Jacques Auger, Céline Zimmermann, Florence Eustache et Serge Nef, « Soy, phyto-oestrogens and male reproductive function: a review », International Journal of Andrology (nl), vol. 33, no 2, , p. 304–316 (ISSN 1365-2605, DOI 10.1111/j.1365-2605.2009.01011.x, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Jill M. Hamilton-Reeves, Gabriela Vazquez, Sue J. Duval, William R. Phipps, Mindy S. Kurzer et Mark J. Messina, « Clinical studies show no effects of soy protein or isoflavones on reproductive hormones in men: results of a meta-analysis », Fertility and Sterility (en), vol. 94, no 3, , p. 997–1007 (DOI 10.1016/j.fertnstert.2009.04.038, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Jay Hathaway, « ‘Soy boys’ is the far-right's newest favorite insult », sur The Daily Dot, .
- (en) Jelisa Castrodale, « A Brief History of Conservatives Using Tofu-Eating as an Insult », sur Vice, .
- (en) « Soy Boy », sur Know Your Meme.
- Samir Bajríc, Isabelle Monin et Dubravka Saulan, « « C'est une pie, enculé ! » : Expressions virales de l'hystérisation sur les réseaux sociaux », Savoirs en lien, Université de Bourgogne, no 1 « Hystérisations », (DOI 10.58335/sel.197).
- Marc Alpozzo, « Sandrine Rousseau, VRP de l'homme-soja et de la femme-quinoa », Entreprendre, .
- Nicolas Kinosky, « En finir avec l'homme-soja », La Nef, (consulté le ).
- Alexis Ferenczi, « 100% Bio : la guerre du groin n’aura pas lieu », Vice, .
- Peggy Baron, « Étude IFOP : manger (beaucoup) de viande, un truc de macho de droite », sur L'ADN, .
- (en) Ellen Scott, « What is a soy boy? », Metro, (consulté le ).
- Rebecca Fitoussi, « Samuel Laurent : « Twitter est un salon parisien qui prend une importance disproportionnée » », Public Sénat, (consulté le ).
- (en) Brent Cunningham, « Plant-based meat and the knock-down, drag-out fight for the American diet », The Highlight, sur Vox, (consulté le ).
- (en) George Reynolds, « Why do people hate vegans? », The Guardian, (consulté le ).
- Renaud Large, Le choc des espèces : L'homme contre l'animal, jusqu'à quand ?, La Tour-d'Aigues, Éditions de l'Aube, coll. « Monde en cours / Ça va bien se passer », , 226 p. (ISBN 978-2-8159-5124-1 et 978-2-8159-5125-8, lire en ligne).
- (en) Jack Figg, « Covington slams 'fake nice guy' Dustin Poirier and UFC star's wife Jolie », The US Sun, (consulté le ).
- (en) Oliver Willis, « Madison Cawthorn: The left loves wearing masks because they're 'soy boy cowards' », sur The American Independent (en), (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Sources académiques centrées :
- (en) Ruth Clemens et Becket Flannery, chap. 17 « ‘Soy Boy’, Ecology and the Fascist Imaginary », dans Rick Dolphijn (dir.) et Rosi Braidotti (dir.), Deleuze and Guattari and Fascism, Édimbourg, Edinburgh University Press, coll. « Deleuze Connections », , XI-390 p. (ISBN 978-1-399-50522-2 et 978-1-399-50524-6), p. 341–361.
- (en) Iselin Gambert et Tobias Linné, « From Rice Eaters to Soy Boys : Race, Gender, and Tropes of ‘Plant Food Masculinity’ », Animal Studies Journal, Université de Wollongong, vol. 7, no 2, , p. 129–179, article no 8 (DOI 10.2139/ssrn.3298467).
- (en) Elizabeth Hubertz, « Earth Mothers, Soy Boys, and Cool Dudes : Practicing Law While Protecting the Environment », Washington University Journal of Law and Policy, Collège de droit de Washington, Université Washington de Saint-Louis, vol. 62, , p. 87–98 (lire en ligne), § II « Soy Boys », p. 92–95.
- (en) Mandie Iveson et Federica Formato, « Men of today, soyboys of tomorrow : Constructions of masculinities in YouTube responses to Gillette's The Best Men Can Be », Discourse, Context & Media, vol. 49, , article no 100628 (DOI 10.1016/j.dcm.2022.100628) : « our investigation focuses on three gendered terms representing subordinate masculinities […]: soy, cuck and beta ».
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Qualificatifs ou insultes similaires (selon Iveson et Formato 2022) :
- Masculinité toxique
- Masculinisme (idéologie)