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Panhard 165/175

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AMD Panhard TOE
Une Panhard TOE vue de trois-quart avant
Une automitrailleuse Panhard TOE en février 1943 lors de la campagne de Tunisie.
Caractéristiques de service
Type Automitrailleuse de découverte
Service 1931 - 1946
Utilisateurs Drapeau de la France France
Conflits Campagne du Maroc
Seconde Guerre mondiale
Production
Concepteur Panhard (chassis)
Atelier de construction de Vincennes (caisse blindée)
Année de conception 1926-1929
Constructeur Panhard
Production 1930-1933
Unités produites 59+
Variantes Panhard 165
Panhard 175
Panhard 165/175
Panhard 165 CBP
Caractéristiques générales
Équipage 4
Longueur 5,0 m[1]-5,43 m[2]
Largeur 2,0 m[1]
Hauteur 2,76 m[1]
Masse au combat 6,75 t[2]
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Blindage mm[2]
Armement
Armement principal Canon SA 18 de 37 mm (194 coups)
Armement secondaire Mitrailleuse MAC 1931 de 7,5 mm (3 900 coups)
Mobilité
Moteur 4 cylindres Panhard SK4F8/F9/F10 de 4 845 cm2
Puissance 86 ch
Vitesse sur route 75[2]
Vitesse tout terrain 31[2]
Pente franchissable 40%[2]
Autonomie 600 km[2]
Autonomie tout terrain 385 km[2]

La Panhard 165/175, ou Panhard TOE, est une automitrailleuse française de l'entre-deux-guerres, produite par Panhard-Levassor. Conçue à la fin des années 1920 pour la cavalerie française, elle sert majoritairement dans les colonies, pendant la fin de la campagne du Maroc en 1934 et en 1941-1943 pendant la Seconde Guerre mondiale.

La Panhard 165 dérive du programme de l'automitrailleuse de cavalerie no 1, défini en 1922. Pour y répondre, Panhard propose le montage d'une caisse blindée conçue par l'atelier de construction de Vincennes (AVIS) sur un châssis Panhard. Le prototype, désigné voiture spéciale 138[3], est testé par la commission d'expérience du matériel automobile de Vincennes en 1926 et 1927, puis dans un escadron d'automitrailleuses à Moulins[4]. Sa tourelle retirée, la voiture Panhard 138 est ensuite transformée en véhicule d'instruction dans un escadron à Compiègne[5].

Le modèle amélioré, désigné voiture spéciale 165, sort en 1928 et est adopté par l'armée en 1929[2]. Il entre en service en 1933[6]. Bien qu'en service en métropole, l'engin est prévu pour servir dans les colonies[7] et est désigné TOE pour « théâtres des opérations extérieures »[4].

Cinquante-neuf exemplaires de série auraient été produits[4], en incluant les camions blindés. Le spécialiste des blindés français François Vauvillier évalue le nombre d'AMD TOE de série à 38 exemplaires[1], bien qu'il suppose également, comme Pierre Touzin[4], l'existence de plus d'exemplaires[8]. D'après François Vauvillier, la production en 1930-1931 d'une vingtaine d'AMD modèle 165 a été suivie de celle d'une vingtaine de modèle 175 en 1932-1933, puis les 165 ont été modernisées comme Panhard modèle 165/175 en 1933[1].

Caractéristiques

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L'automitrailleuse dispose de quatre roues, dont deux motrices[2]. La Panhard 175 a une suspension renforcée par rapport à la 165. L'équipage est constitué de quatre hommes : deux conducteurs, un chef de voiture et un tireur. L'automitrailleuse dispose d'un inverseur, c'est-à-dire d'un poste de conduite tourné vers l'arrière pour conduire en sens inverse[9]. L'AMD dispose de réservoirs d'eau potable pour son emploi dans les colonies[7].

La Panhard TOE est équipée d'un moteur Panhard SK4F8, F9 ou F10 selon les versions, développant 86 ch. La boîte de vitesses SC4L des modèles 165 est remplacée par une SC6L sur les 175. Les conducteurs de l'automitrailleuse disposent dans les deux cas de 8 vitesses avant et 2 arrière[1].

L'armement est constitué d'un canon de 37 mm et d'une mitrailleuse MAC 1931 en tourelle, plus une mitrailleuse disponible à l'intérieur. Le canon dispose de 94 obus de rupture et 100 obus explosifs, et la mitrailleuse de 3 900 cartouches[1]. La visibilité de l'automitrailleuse est considérée comme excellente[9]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le canon de 37 est équipé d'un cache-flamme[10].

Une partie des véhicules est équipée d'un poste émetteur-récepteur ER 26 bis 31[9]. Dans ce cas la dotation en munitions est réduite[1].

Panhard 165 CBP

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Un blindé de transport de fantassins est conçu en 1932 à partir de l'AMD TOE et est désigné sous le nom de camion blindé Panhard (CBP)[note 1]. L'arrière de la voiture est modifié pour emporter un groupe de combat de dix hommes ou un groupe de mitrailleuse ( ?). L'équipage fixe est de trois hommes, un conducteur, un chef de voiture et un tireur pour le fusil-mitrailleur embarqué. Les soldats embarqués disposent de quatre sorties de tir, sur chacun des côtés de la caisse[9]. Au moins 19 sont produits vers 1932-1933[11].

AMD TOE en service au 3e peloton du 5e RSA en 1946[10].

Seize automitrailleuses sont utilisées au sein du 1er et du 4e REI pendant les opérations dans l'Anti-Atlas menées par le sous-groupement motorisé Trinquet contre les rebelles marocains en février-. Le 1er REI engage également trois sections portées et deux mitrailleuses sur 14 camions blindés Panhard et le 1er REC un peloton de 5 CBP[9]. Les AMD TOE servent en métropole jusqu'en 1938 et aux colonies (Levant français et Afrique française du Nord) à partir de 1934[1].

Les Panhard TOE sont utilisées face aux Alliés pendant la campagne de Syrie et pendant l'opération Torch[2]. Ils sont ensuite engagés pendant la campagne de Tunisie de fin avril à , face aux Allemands[12]. Après-guerre, un peloton d'AMD TOE est toujours en service au 5e RSA, remplacé en 1946 par du matériel américain[10].

Notes et références

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  1. L'auteur spécialisé François Vauvillier associe initialement le camion blindé Panhard 165 à la « voiture spéciale 179, confins algéro-marocains, accompagnement des voitures spéciales 175 » mais se corrige ensuite cette désignation, indiquant qu'il s'agit d'une « erreur ancienne et de [son] fait ». Le Panhard 179 d'accompagnement est en fait une version du Panhard K34 (voir Vauvillier 2022, p. 34 et François Vauvillier, « D'Allemagne, au sujet de Panhard », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 143,‎ , p. 5).

Références

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  1. a b c d e f g h et i François Vauvillier, « L'automitrailleuse de découverte AMD Panhard TOE », Guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 110,‎ , p. 53-64.
  2. a b c d e f g h i j et k Laurent Tirone, Yannis Kadari, Yann Mahé et Hubert Cance, « Les engins de combat de l'armée française en 1940 », Trucks & Tanks, no Hors série 5,‎ , p. 104-105, chapitre AMD Panhard 165/175 TOE (ISSN 2100-9414).
  3. Vauvillier 2012, p. 62.
  4. a b c et d Touzin 1979, p. 34.
  5. Vauvillier 2012, p. 88.
  6. Antoine Misner, « 1933 AMD PANHARD 165/175 », sur chars-francais.net.
  7. a et b Erik Barbanson, « 1935-1939 Le 6e GAM de Compiègne », Batailles & Blindés, Éditions Caraktère, no HS 3 « L'épopée du 6e GRDI »,‎ , p. 4 (ISSN 1765-0828, présentation en ligne).
  8. Vauvillier 2012, p. 69.
  9. a b c d et e Henry Clérisse et François Vauvillier, « Coup de faux dans l'anti-Atlas : Chas d'Af et légionnaires, les « motorisés » du sous-groupement Trinquet, Maroc 1934 », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 78,‎ , p. 54-63.
  10. a b et c Jacques Sicard, « Les dernières années de nos AMD TOE », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 80,‎ décembre 2007-janvier 2008, p. 76-79.
  11. Vauvillier 2012, p. 95.
  12. Touzin 1979, p. 36.

Bibliographie

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  • Pierre Touzin, Les véhicules blindés français, 1900-1944, E.P.A., (ISBN 2851200941).
  • François Vauvillier, « L'idée de vitesse », Guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 100 « Tous les blindés de l'armée française 1902-1940 »,‎ .
  • Francois Vauvillier, Tous les Panhard militaires 1914–1940, Paris, Histoire & Collections, (ISBN 979-10-380-1268-4).