[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Jean Dannet

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Jean Dannet
Jean Dannet et Philippe Ferey avec l'œuvre Le magicien
Naissance
Décès
(à 85 ans)
Beuzeville
Nom de naissance
Jean Marcel Dannet
Nationalité
Activités
Autres activités
Maître
Influencé par
Père
Conjoint
Marie-Thérèse (Maïté) Jambu

Jean Dannet est un artiste-peintre français né à Honfleur (Calvados) le . Après avoir vécu trente-cinq années à Paris où il fut également chansonnier et comédien, il s'installa, avec son épouse l'artiste peintre Marie-Thérèse (Maîté) Jambu, à Beuzeville (Eure) dans la propriété qu'il baptisa Les Zerbes (rue Mare-Hébert) où il est mort le .

C'est parce que ses parents, l'artiste peintre Henry Dannet (1886-1946) et son épouse née Marguerite Lescuyer (1885-1974) s'installent durant une courte période rue des Frênes à Honfleur, dans la maison à colombages où Caroline Aupick vécut et reçut son fils Charles Baudelaire (cette maison sera ensuite ravagée par un incendie), que Jean Marcel Dannet voit le jour là pour n'y rester que six mois[1]. Henry Dannet étant désireux de se rapprocher de Pont-Audemer (il y sera conservateur du musée[2]), Jean vit jusqu'en 1915 à Saint-Mards-de-Blacarville, puis jusqu'en 1929 dans la maison dont un important héritage paternel a permis l'édification à Saint-Germain-Village (son frère Stéphane y naît en 1920)[1]. La longue séparation d'avec Henry Dannet, mobilisé pendant les quatre années de la Première Guerre mondiale, compromet jusqu'à la mésentente la complicité père-fils (si Henry Dannet le fait rencontrer René Sautin, Albert Lebourg, Robert Antoine Pinchon, Georges Bradberry, Michel Frechon, Narcisse Guilbert, Narcisse Hénocque, Magdeleine Hue, Paul-Émile Pissarro, Paul-Elie Gernez et Marcel Delaunay, il ne l'accueille dans son atelier que pour des besognes utilitaires et lui interdit de peindre) et Jean s'entend mieux avec son cousin rouennais Lescuyer dont il partage les étés au Tréport et des fréquentations comme le chansonnier René Dorin (avec qui il travaillera plus tard à Paris) ou le journaliste et romancier Georges de La Fouchardière[1].

En 1929, époque où il commence à peindre en cachette de son père, Jean Dannet quitte la maison familiale pour Lisieux où il sera successivement manutentionnaire dans une droguerie, dessinateur-calqueur dans une fabrique de meubles et apprenti-géomètre. Le krach de 1929 accule Henry Dannet, que son goût pour la spéculation boursière conduit au bord de la ruine, à vendre la maison de Saint-Germain-Village et à s'installer à son tour à Lisieux : en 1930, Jean rejoint le domicile familial lexovien de la rue de Paradis où, tandis que Henry peint, Marguerite tient une boutique d'ivoires dieppois et de chocolats[1].

De à , Jean Dannet est incorporé dans le 6e régiment de tirailleurs algériens, successivement à Tlemcen dont il gardera le souvenir d'une discipline très dure, puis à Oran où il intègre une mission géologique en partance pour le Hoggar depuis Boufarik pour lui offrir de passer par El Golea, In Salah et le plateau de Tademaït[1]. Sans toutefois jamais cesser de peindre, il vit à son retour de petits boulots dans le Calvados (Orbec, Caen) puis à Paris, où il suit des cours d'art dramatique sous la direction de Georges Vitray et Lucien Nat au Théâtre Montparnasse de Gaston Baty et où il est jusqu'en décembre 1937 généreusement hébergé au 21, avenue du Maine dans le quartier du Montparnasse par Marie Vassilieff (dont il retiendra la leçon cubiste et chez qui il côtoie Tsugouharu Foujita, Georges Braque, Othon Friesz, Moïse Kisling et San Yu) avant d'emménager dans une fort modeste chambre au 56, rue Mazarine[1]. De cette époque marquée par ses débuts au cinéma, puis au cabaret et au théâtre, mais aussi par les liens d'amitié qu'il noue avec Gen Paul, ses traits nous restent fixés par le portrait que fait de lui Elie Anatole Pavil[3]. Les thèmes majeurs dans sa peinture - qui s'estomperont vers 1953 pour en réalité ne jamais disparaître - sont alors les Coquillages, poissons, algues et madrépores, attribuant lui-même cette attirance thématique tant à la fascination « pour ce qui tient à la mer et à la vie subaquatique, procédant sans doute d'un inconscient désir de retour aux sources de la vie, qu'à l'intérêt qu'il éprouve pour les jeux de matière que lui permettent le sujet »[1].

Après la Seconde Guerre mondiale, Jean Dannet vit à Paris, successivement rue Madame, rue Saint-Vincent et rue Cortot. Il séjourne et peint durant quatre mois, en 1946, dans la maison d'Honoré Daumier, à Valmondois, dont il est nommé gardien[1]. Si les premières présentations de sa peinture à Paris et à Cannes ne recueillent qu'une audience confidentielle, son accueil par André Goupil à Rouen en sa Galerie de la Cour d'Albane en 1955, puis l'acquisition par un galeriste de San Francisco d'un important ensemble de toiles, marquent le décollage du cycle d'expositions qui va s'étendre sur quatre décennies. Des années 1956-1958, il retient sa fréquentation, dans le souci de « s'accrocher » à la peinture, de l'Académie de la Grande Chaumière (il y rencontre, issue de l'entourage d'Yves Brayer et d'Édouard Georges Mac-Avoy, Marie-Thérèse Jambu), ses moments surréalistes en compagnie d'André Frédérique, l'inclassable pharmacien de la rue Montorgueil en qui il voit « un successeur d'Alphonse Allais » et ses « longues randonnées nocturnes en compagnie de Boris Vian qui compteront parmi les moments les plus fertiles et les plus exaltants de son existence, tant le personnage était grand »[1].

Parce que lui-même cependant souhaite revenir « aux lieux de sa jeunesse », Jean Dannet et Marie-Thérèse Jambu[4], tout en conservant leurs ateliers parisiens, viennent s'installer définitivement à Beuzeville après leur mariage en 1962. Si Montmartre, les Scènes de cirque, les Fêtes foraines, les Paysages normands et les Natures mortes sont ses sujets de prédilection, Jean Dannet va alors, de par sa reconnaissance internationale, effectuer de nombreux déplacements dont (outre le Duché de Luxembourg, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Écosse et l'Italie), à compter de 1967, les quatre voyages au Japon (l'un, en 1975, par la traversée de la Sibérie) qui lui inspireront des séries de toiles majeures : L'église Ivan-III à Moscou, La double réfraction la nuit sur le lac Baïkal, La ville de Khabarovsk sur l'Amour, L'arc-en-ciel sur l'Ob, La Taïga sibérienne, Le port de Nakhodka, Les masques , Izu...

C'est en 1987 que Jean Dannet dit voir sa volonté de peindre décliner en même temps que sa santé. Il renonce à la création picturale en 1992, ne se contentant plus alors que de retoucher quelques toiles qu'il estime inachevées.

Expositions personnelles

[modifier | modifier le code]
  • Galerie Raymond Duncan, Paris, 1948.
  • Gallia Club, Cannes, 1949, 1951.
  • Galerie de la Cour d'Albane, rue Saint-Romain, Rouen, [5].
  • Magasin des Abeilles, Pont-Audemer, 1957.
  • Galerie Le Nombre d'Or, rue de Laborde, Paris, 1957, 1958, [6].
  • Galerie de Paris, Paris, 1960, 1961.
  • Galerie Potterat, Lausanne, à partir d'[7].
  • Galerie Espace, rue de Miromesnil, Paris, [8].
  • Galerie Paul Brück, Luxembourg, [9].
  • Œuvres du peintre français Dannet, Distelheim Galeries, 113, Oak Street, Chicago, mai-[10], 1972.
  • Galerie Trudd, Cologne, , .
  • Jean Dannet - Natures mortes, cirques, paysages bretons..., Galerie Montmorency, rue du Cherche-Midi, Paris, octobre-.
  • Herter Gallery, Miami, janvier-, 1968, 1974, 1976.
  • Galerie San Rui Do, Tokyo, , 1968.
  • Galerie Vendôme, rue de la Paix, Paris, [11], 1974, [12], , 1979.
  • Galerie du Grand Cerf, Évreux, [13].
  • Dover Street Gallery, Londres, 1970.
  • Galerie Shimbi, Tokyo, septembre-, 1972, ..
  • Galerie des Champs-Élysées, Paris, 1971.
  • Berkowicz Gallery, Los Angeles, 1972.
  • Distelheim Galeries, New York, 1973.
  • Galerie Rollin, Rouen, février-[14], [15], [16].
  • Club international du droit et de l'économie, rue Fabert, Paris, [17].
  • Jean Dannet et Maïté Jambu, Galerie Bouissonnié, Beuzeville, .
  • Asahi Gallery, Tokyo, .
  • Awazu Gallery, Tokyo, 1976.
  • Rétrospective Jean Dannet, Barentin, septembre-[18].
  • Galerie Drouant, Paris, de 1980 à 1986.
  • Expositions estivales en l'atelier de l'artiste, Les Zerbes, Beuzeville, de 1981 à 1986[19].
  • Vente de l'atelier Jean Dannet, hôtel des ventes des Carmes, Rouen, .

Expositions collectives

[modifier | modifier le code]

Réception critique

[modifier | modifier le code]
  • « Jean Dannet use d'une géométrie essentielle mais vivante située dans un espace objectivement coloré mais également vivant, sans rien qui pèse ou qui pose. Il donne au "cloisonné" qu'il pratique avec maîtrise quelque chose de profondément et joliment précieux qui atténue un graphisme très sûr mais sévère. » - Marcel Sauvage[24]
  • « Les remarquables paysages et les personnages géométriques de Jean Dannet témoignent du savoir-faire français en matière de peinture. Travail puissant sans être brutal, d'une luminosité sans rudesse, vigoureux tout en étant maîtrisé. » - Harold Haydon[25]
  • « Jean Dannet joue manifestement du fait que les maisons, tentes et voiles sont de forme géométrique et s'inscrivent aisément dans des ensembles puissants dans lesquels triangles et rectangles dominent. Ses natures mortes accusent cependant plus de souplesse et par moments son graphisme devient véritablement sinueux. » - Chicago Tribune[10]
  • « Peintre normand, Jean Dannet ne laisse pas de faire songer tour à tour à Georges Braque et à Roger de La Fresnaye. Sa personnalité, qui est réelle, se marque avec franchise et robustesse, dans le réalisme des natures mortes équilibrées, savoureuses de pâte et de couleur, aussi bien que dans ses figures de cirque. » - Max Gauthier[26]
  • « Jean Dannet nous offre les aventures de la vision, au sens le plus noble du mot. De la Sibérie que nul avant lui n'avait découverte jusqu'aux masques et aux personnages des rêves les plus fantastiques, Jean Dannet nous les impose. Pourtant, nous sommes d'accord avec lui, le peintre, quand il refuse la facilité. Il a choisi le merveilleux. » - Philippe Soupault[27]
  • « Son art vigoureux, servi par une pâte généreuse, est hérité du cubisme par sa fermeté, son équilibre. Peu à peu, il s'oriente vers un expressionnisme tout en gardant la rigueur de ses compositions structurées. » - Dictionnaire Bénézit[2]

Distinctions

[modifier | modifier le code]
  • Grand Prix du Salon des peintres rouennais, 1986.

Collections publiques

[modifier | modifier le code]

Collections privées

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f g h et i Robert Évreux et Jean Marc, Jean Dannet, ce peintre méconnu, Éditions des Amateurs rouennais d'arts, 1992.
  2. a et b Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 4, pages 235-236.
  3. Elie Anatle Pavil, Portrait de Jean Dannet, en couverture de la revue Paris-Spectacles, 28 décembre 1938.
  4. Sur Marie-Thérèse Jambu, voir Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, tome 7, p. 455-456.
  5. Bernard Nebout, « À la Cour d'Albane : Jean Dannet et quelques autres », Paris Normandie, février 1955.
  6. Marcel Espiau, « La peinture » Jours nouveaux, mars 1960.
  7. « La forte personnalité du peintre Jean Dannet » dans Feuille d'avis de Lausanne; « Chronique artistique : Jean Dannet » dans Tribune de Lausanne; « Les expositions à Lausanne : Jean Dannet » dans La Gazette de Lausanne; « Galerie Potterat : Jean Dannet » dans La Nouvelle revue de Lausanne, octobre 1962.
  8. Raymond Cogniat, « La semaine dernière : Jean Dannet », Le Figaro, mars 1963
  9. Pierre Féron, « Jean Dannet », D'Lëtzebuerger Land, 27 mars 1964.
  10. a et b « Art notes : Jean Dannet », Chicago Tribune, 14 juin 1964
  11. Jeanine Baron, « Dannet », La Croix, 23 février 1970.
  12. G. Chabanon, « Les expositions à Paris - Dannet, Galerie Vendôme », revue Le Peintre, 15 avril 1975.
  13. P.-J. Deschênes, « Au Grand Cerf, Dannet l'expressionniste », Paris Normandie 5 juin 1970.
  14. Francis-Rémy Parment, « Un expressionniste mal dans sa peau : Dannet chez Rollin », Liberté-Dimanche, février 1974.
  15. André Ruellan, « Rouen : Jean Dannet », revue L'Amateur d'art, novembre 1975.
  16. André Ruellan, « Cette semaine, aux cimaises - Rouen : Jean Dannet (Galerie Rollin) », Les Affiches de Normandie, 5 octobre 1977.
  17. G. Chabanon, « Dannet, club international », revue Le Peintre, 15 avril 1974.
  18. Roger Balavoine, « Dannet à Barentin », Paris Normandie, 12 octobre 1977.
  19. « Jean Dannet expose à son atelier beuzevillais », Le Courrier de l'Eure, 28 juillet 1981.
  20. Françoise Vercier, « À la Galerie Hamon, Dannet, Jambu et Jean Marc », Le Havre-Matin, juin 1973.
  21. P. Maillard, « Dannet et Jambu, un mariage réussi », Paris Normandie, 12 juillet 1965.
  22. Galerie Bertran, 108 rue Molière, Rouen, Exposition d'hiver, catalogue d'exposition, janvier 2012.
  23. « Treize peintres à l'abbaye », Paris Normandie, 17 juin 2013
  24. Marcel Sauvage, Jean Dannet, Éditions Galerie Le Nombre d'Or, 1960.
  25. Harold Haydon, « Art : a prestige event in old town », Chicago Sun Times, 14 juin 1964.
  26. Max Gauthier, Les Nouvelles littéraires, 28 octobre 1965.
  27. Philippe Soupault, Hommage à Jean Dannet (extrait), 1978, texte manuscrit reproduit en fac-similé dans Jean Dannet, ce peintre méconnu, Éditions des Amateurs rouennais d'art, 1992.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Marcel Sauvage, Jean Dannet, Éditions Galerie Le Nombre d'or, 1960.
  • Marcel Sauvage, Jean Dannet, Éditions Galerie Espace, 1963.
  • Marcel Sauvage, Jean Dannet, Éditions Fernandez, 1972.
  • Robert Évreux et Jean Marc, Jean Dannet, ce peintre méconnu, Éditions des Amateurs rouennais d'art, 1992.
  • S.C.P. Wemaëre - de Beaupuis, Jean Dannet, 1912-1997, catalogue de la vente de l'atelier Jean Dannet, Rouen, 1997.
  • Bénézit

Liens externes

[modifier | modifier le code]