[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Rue de la Paix (Paris)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

1er, 2e arrts
Rue de la Paix
Voir la photo.
La Rue de la Paix par Jean Béraud (1907).
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 1er
2e
Quartiers Place-Vendôme
Gaillon
Début Place Vendôme
Fin Place de l'Opéra
Morphologie
Longueur 230 m
Largeur 22,5 m
Historique
Ancien nom Rue Napoléon
Géocodification
Ville de Paris 6911
DGI 6998
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue de la Paix

La rue de la Paix est une rue des 1er et 2e arrondissements de Paris.

Situation et accès

[modifier | modifier le code]

La rue de la Paix fait la jonction entre la place Vendôme et l'Opéra Garnier. Située dans un quartier prestigieux et aisé de la capitale, elle comprend principalement des maisons de haute joaillerie comme Cartier, Van Cleef & Arpels, Fred, ou Mellerio, des magasins de luxe, des grands hôtels et palaces comme l'hôtel Westminster et le Park Hyatt.

Ce site est desservi par les lignes 3, 7 et 8 à la station de métro Opéra.

Origine du nom

[modifier | modifier le code]

Elle porte ce nom en mémoire de la signature du traité de paix de 1814 signé entre la France et les grandes puissances européennes après la première abdication de Napoléon Ier.

Couvent des Capucines

[modifier | modifier le code]

L'ordre des Clarisses capucines est introduit en France par la reine Louise de Lorraine. Celle-ci souhaitait créer un couvent à Bourges pour y être inhumée. À sa mort, le , elle laisse à son frère, Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, une somme de 60 000 livres pour le construire mais celui-ci meurt en .

Par lettres patentes du , Henri IV autorise la veuve du duc de Mercœur, Marie de Luxembourg, duchesse d'Étampes et de Penthièvre, à construire un couvent des Capucines, mais à Paris et non à Bourges. Par une bulle de , le pape Paul V accrédite la création à Paris du couvent, sous le nom « des Filles de la Passion ». Marie de Luxembourg décide d'installer les religieuses dans l'hôtel du Perron, ou de Retz, dans le faubourg Saint-Honoré, qui lui appartient, avec l'aide de son beau-frère, le père Ange de Joyeuse, capucin, frère du duc Anne de Joyeuse époux de Marguerite de Lorraine, sœur de Louise de Lorraine-Vaudémont. Les travaux de construction du couvent commencent le et la chapelle est inaugurée en .

Le couvent des Capucines occupe alors une moitié de la place Vendôme actuelle. Pour construire la place Vendôme quelque quatre-vingts années plus tard, il faut donc détruire le couvent des Capucines. Louis XIV offre aux religieuses de reconstruire à ses frais un nouveau couvent. Le plan de la façade de l'église est demandé au premier architecte du roi, Jules Hardouin-Mansart, et fourni le . Les travaux sont suivis par François II d'Orbay. Mais rapidement ce premier plan est modifié pour tenir compte de la perspective avec la nouvelle place et en particulier avec le portail du couvent des Feuillants qui se trouve en vis-à-vis, de l'autre côté de la place. La première pierre est posée le . Les religieuses s'y installent le . La nouvelle église est consacrée et dédiée à saint Louis le .

Mais pour reconstruire le nouveau couvent, François Michel Le Tellier, marquis de Louvois avait exigé de l'entrepreneur Maurice II Gabriel (1632-1693) de réutiliser les matériaux de l'ancien édifice. En 1720, le portail de l'église est déjà très dégradé, probablement à cause du choix de Louvois de fonder le couvent sur des moellons de plâtre. Le portail est reconstruit en 1721-1722 sur les plans de Sébastien-Antoine Slodtz (1695-1754) avec des sculptures de François-Antoine Vassé (1681-1736). L'architecte Jacques-François Blondel n'appréciait pas l'église. Le portail doit encore être restauré en 1755.

À la Révolution, les officiers municipaux ont pour mission d'expulser les religieuses et, le , les sœurs quittent le couvent. Par le décret du , le couvent devient l'hôtel des Monnaies où sont imprimés les assignats. L'église profanée voit le physicien Étienne-Gaspard Robertson présenter des spectacles de fantasmagorie à l'aide d'une lanterne magique appelée « fantascope ». En 1800, le cirque d'Antonio Franconi occupe l'ancien couvent[1].

Percement de la rue de la Paix

[modifier | modifier le code]
Percement des rues autour de l'Opéra de Paris.

En 1685 est créé à l'avant du rempart des Fossés-Jaunes un cours longeant le jardin du couvent des Capucines (aujourd'hui boulevard des Capucines). Le développement du quartier se fait avec la rue de la Chaussée-d'Antin, à partir de 1720, puis la rue de Caumartin en 1779. Le marais des Porcherons, ou marais aux Mathurins, se lotit entre 1768 et 1793[2].

Signé par Napoléon, un décret du stipule l'ouverture de la future rue de la Paix, entre la place Vendôme et le boulevard des Capucines, à l'occasion de la création de la rue Daunou (alors « rue Neuve-Saint-Augustin »), qui est perpendiculaire[3]. D'abord baptisée « rue Napoléon » d'après une décision du ministère de l'Intérieur du 30 juin 1806[4], l'artère change de nom pour celui de « rue de la Paix » le , pour célébrer la nouvelle paix négociée en Europe[5].

Destruction du couvent des Capucines

[modifier | modifier le code]

La rue est percée après la destruction du couvent des Capucines, à la suite des confiscations des biens ecclésiastiques par la Révolution française. Or, certains personnages célèbres avaient été enterrés (parfois seulement une partie de leur dépouille mortelle, tel le cœur) dans l'église conventuelle à la suite d'un testament, d'une fondation de messe ou d'un legs. Parmi ces dignitaires, on compte François Michel Le Tellier de Louvois, Gilbert Colbert de Saint-Pouange, la marquise de Pompadour ou le duc de Créquy, frère aîné du maréchal François de Créquy. On estime que les huit chapelles qui, de part et d'autre, bordent la nef où se trouvaient les tombeaux se situent aujourd'hui à cheval entre la chaussée et le trottoir, au niveau des immeubles érigés au début de la rue de la Paix, du no 2 au no 6, incluant les numéros impairs[6].

Les ossements mis au jour dans le cloître et l'église des Capucines lors de l'édification de la rue de la Paix sont transférés le aux catacombes de Paris, dans leur ossuaire particulier. La reine Louise de Lorraine, fondatrice du couvent, est déplacée au cimetière du Père-Lachaise en 1806, puis dans la basilique Saint-Denis en 1817. En 1864, pendant la construction d'un égout haussmannien, trois cercueils sont découverts et sauvés : celui d'Henriette Catherine de Joyeuse, de la duchesse de Mercœur et de Louvois. Mais d'après l'historien Jacques Hillairet, celui de madame de Pompadour n'a pas été exhumé. L'écrivain Michel de Decker évoque le devenir de la marquise dans son ouvrage[7] : « C'est ainsi que Jeanne-Antoinette, demeurée dans son tombeau, dort encore aujourd'hui sous le pavé de l'ancienne rue Napoléon — devenue rue de la Paix en 1814 — et sans doute devant l'immeuble portant le numéro trois. »

Premières constructions

[modifier | modifier le code]
La rue vue du boulevard des Capucines en 1829.
Barricade tenue par des Fédérés lors de la Commune de Paris, 1871.

La rue est terminée sous le règne de Louis-Philippe[8]. C'est en qu'est installé tout le long de la rue l'éclairage au gaz[9]

Marie-Antoine Carême (1784-1833) y ouvre sa première pâtisserie avant d'officier dans les cuisines de toutes les cours d'Europe et celles des nouveaux riches parisiens.

La rue de la Paix va servir de lieu de passage pour les différentes délégations étrangères se rendant au palais des Tuileries.

Le réaménagement du quartier autour du nouvel Opéra de Paris à partir de 1861 va faire de celui-ci le lieu du commerce du luxe. Édouard Fournier écrit en 1862 :

« Les riches étrangers ont la rue de la Paix en singulière affection ; ils ne peuvent vivre que là, les hôtels meublés en sont pleins. Nombre de fournisseurs avisés se sont mis sur le chemin de cette riche clientèle que leur vient de tous les pays. C'est le bazar du confortable le plus splendide et le plus délicat[10]. »

Le couturier Charles Frederick Worth y avait sa maison de couture au no 7.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

[modifier | modifier le code]
Rue de la Paix vue de la place Vendôme en direction de la place de l'Opéra.
Maison Worth, 7 rue de la Paix.
  • No 1 : la maison de haute couture Madame Grès fut installée au 1, rue de la Paix de 1942 à 1988.
  • No 2 : le musicien Jean-Paul Martini y mourut le 14 février 1816.
  • No 3 : immeuble de 1854, construit par les architectes Mesnard et Rouillère[11]. La maison de haute couture Paquin fut installée au 3, rue de la Paix en 1891. À son apogée, l'entreprise comptait près de 2 700 employés avant de fermer définitivement ses portes en 1956 pour cause de grandes difficultés financières.
  • No 4 : l'architecte-décorateur Louis Süe (1875-1968) réalisa ici avec André Mare le magasin de joaillerie-orfèvrerie de Robert Linzeler (1872-1941), en 1923.
  • No 6 : l'orfèvre Louis Aucoc ouvrit sa boutique rue de la Paix en 1821. Elle est mentionnée dans le premier chapitre de La Dame aux camélias[12]. C'est auprès de ses descendants André Aucoc et Louis Aucoc que René Lalique fut apprenti de 1874 à 1876.
  • No 7 : Charles Frederick Worth y crée sa maison de haute couture en 1858.
  • No 8 : sous le règne de Louis-Philippe et le Second Empire, emplacement de l'hôtel meublé Mirabeau et du magasin de l'éditeur Amyot. L'immeuble actuel est de 1867, date à laquelle il fut reconstruit. En 1927, le parfumeur Roger & Gallet y fit faire la devanture de sa boutique en Lap (ciment alumineux).
  • No 9 : emplacement de la joaillerie Mellerio, « la plus ancienne maison de la rue de la Paix » selon Le Figaro[13].
  • Nos 11 et 13 : emplacement de la joaillerie Cartier (au 13 depuis 1899, au 11 depuis 1912).
  • No 13 : emplacement de l'hôtel Westminster Paris.
  • No 14 : immeuble construit en 1907 pour l'entreprise de joaillerie Vever.
  • No 17 : emplacement de la confiserie-pâtisserie Carême en 1830 et, en 1923, de la parfumerie d'Orsay, réalisée par l'architecte décorateur Louis Süe et ses associés, le peintre André Mare et le ferronnier d'art Richard Georges Desvallières.
  • No 19 : ici se trouvait le joaillier Gustave Baugrand (1826-1870), protecteur de la comédienne Marie Delaporte (1838-1910) et fournisseur de Napoléon III. Emplacement aussi de la parfumerie de luxe Grenoville, à partir de 1902.
  • No 20 : emplacement du magasin de nouveautés À la belle Anglaise, ouvert en 1824, devenu par la suite l'hôtel meublé de Hollande, puis la maison de parfum Richard Hudnut, entre autres. La Maison Maquet occupe cet emplacement de 1841 à 1846, puis déménage au numéro 24 de 1847 à 1867, et enfin le numéro 10 à partir 1868, où elle restera une centaine d’années[14].
  • No 21 : emplacement d'une salle où N. Kaufmann, un musicien allemand originaire de Dresde, faisait entendre vers 1817 lors de soirées musicales ses inventions : le bellonéon, le cordaulodion, l'harmonicorde et l'automate-trompette à double-son[15],[16]. Le bâtiment devint ensuite, vers 1824, la maison Doucet, spécialisée dans la vente de lingerie pour hommes et de frivolités pour dames.
  • No 22 : emplacement de l'hôtel meublé des Îles Britanniques en 1860.
  • No 23 : emplacement de la maison de mode Caroline Reboux.
  • No 24 : emplacement de la maison de maroquinerie Offenthal de 1935 à 1995 (boutique spoliée pendant l'Occupation).
  • No 25 : emplacement de l'hôtel meublé de Douvres en 1862.

La rue de la Paix dans la culture

[modifier | modifier le code]

Jeu de société

[modifier | modifier le code]
Rue de la Paix, estampe en couleur (1912).

Cette rue est connue comme étant la plus chère de la version française du jeu de société Monopoly, et ce depuis la conception du jeu en 1935. Dans la vie réelle, le prix moyen du mètre carré, en 2023, y est estimé à plus de 18 000 euros[17].

Elle a aussi donné son nom au jeu Rendez-vous rue de la Paix.

La présence de la rue de la Paix sur le plateau du Monopoly a inspiré une chanson du même nom à Zazie.

Booba rend hommage à cette rue en la citant dans Jour de Paye : « J'ai fait la guerre pour habiter rue de la Paix. »

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Ania Guini-Skliar, « Le couvent des Capucines », La Place Vendôme. Art, pouvoir et fortune, Délégation à l'Action artistique de la Ville de Paris, Paris, 2002, 310 p. (ISBN 2-913246-41-9), p. 63-68.
  2. Jean Castex, « Les origines du quartier » dans Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1995 (ISBN 2-905-118-81-4), p. 43-44.
  3. « Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêts préfectoraux concernant les voies publiques » Paris, Imprimerie nouvelle, 1886, p. 51 (consultable sur Gallica)
  4. Félix Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, (lire en ligne), p.512-513
  5. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Paris, Éditions de Minuit, 8e éd., 1985, vol. I, p. 265.
  6. [1]Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque numérique Gallica, « Plan du rez-de-chaussée du couvent des Capucines de 1686 », gallica.bnf.fr.
    Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, vol. 1 et 2, Éditions de Minuit, (1re éd. 1960), 1600 p. (ISBN 978-2-7073-1054-5).
    « Le couvent des Capucines », www.nicolaslefloch.fr.
    « Le couvent des Capucines de la place Vendôme », www.tombes-sepultures.com.
  7. Michel de Decker, La Marquise des plaisirs. Madame de Pompadour, Paris, Pygmalion, , 208 p. (ISBN 978-2-85704-948-7), p. 205 à 206.
  8. Diane de Saint André-Moreau, « La rue de la Paix, 1880-1900 », Autour de l'Opéra. Naissance de la ville moderne, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1995 (ISBN 2-905-118-81-4), p. 114-126.
  9. Nadar, Quand j'étais photographe, Caroline Laroche (commentaires), éditions A Propos, 2017, p.29 note:54.
  10. Paris dans sa splendeur sous Napoléon III. Monuments, vues, scènes historiques, descriptions et histoire, vol. 2, Henri Charpentier, (lire en ligne), partie 1, p. 23.
  11. Jean-Marc Larbodière, Reconnaître le style des façades, Massin, 2000 (ISBN 2-7072-0415-3).
  12. « Sur une grande table, adossée au mur, table de trois pieds de large sur six de long, brillaient tous les trésors d’Aucoc et d’Odiot. C’était là une magnifique collection […]. »
  13. Élodie Baërd, « Le platine va-t-il redorer son aura », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous , 30 avril 2021, p. 32.
  14. « Le quartier de la Paix hier et aujourd'hui », La Renaissance de l’Art Français et des Industries du Luxe,‎ , p. 297
  15. A. L. Millin, Annales encyclopédiques, Paris, 1817, p. 351-352.
  16. A. V. Arnaud, A. Jay, E. Jouy et J. Norvins, Biographie nouvelle des contemporains, E. Babeuf, Paris, 1823, p. 56-57.
  17. « Rue de la Paix », www.meilleursagents.com.
  18. a b et c « Tournages rue de la Paix, Paris » sur Internet Movie Database.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :