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L'immigration et l'attente féminine

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BURKINA FASO

UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L’AFRIQUE DE L’OUEST


UNITE UNIVERSITAIRE A BOBO- DIOULASSO

THEME: Celles qui attendent de Fatou DIOME

Spécialité : (Lettres Modernes1)

Présenté par : GROUPE 6

Membres du groupe
Professeur :
AGBOINOU Emilie
BAKALA Othniel Abbé Ernest OUOBA
OUEDRAOGO Aichatou
ZOMA Donald
ZONGO Patricia

Année académique : 2022-2023


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Table des matières
INTRODUCTION................................................................................................................................. 4
1-1-1-Biographie.................................................................................................................................... 4
1-1-2-Bibliographie ............................................................................................................................... 5
1-2-1-Structure de l’œuvre ................................................................................................................... 5
1-2-2- Résumé de l’œuvre ..................................................................................................................... 6
1-2-3- L’immigration dans la littérature africaine ............................................................................. 7
1-2-4-Les auteurs................................................................................................................................... 7
1-2-5-Les thèmes abordés en général sur l’immigration ................................................................... 8
2-L’immigration dans Celles qui attendent de Fatou DIOME .......................................................... 9
2-1-Les thèmes liés à l’immigration dans l’œuvre.............................................................................. 9
2-1-1-La condition féminine ............................................................................................................... 10
2-1-2-La polygamie ............................................................................................................................. 10
2-1-3-L’émmigration et l’attente ....................................................................................................... 11
2-1-4-La tradition ............................................................................................................................... 11
2-1-5-La survie .................................................................................................................................... 12
2-2-Le style d’écriture de Fatou DIOME .......................................................................................... 12
CONCLUSION ................................................................................................................................... 15
BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................. 15

3
INTRODUCTION
La littérature africaine peut se définir comme un ensemble des œuvres relatives sur
l’Afrique et ayant une dimension esthétique. Celle-ci est née de l’engagement des écrivains
négro-africains à défendre les valeurs du monde noir. A partir des années 1990, une nouvelle
génération d’écrivain voit le jour. Il s’agit d’auteurs originaires du continent, mais ayant
immigré à l’occident. Dans cette optique, Fatou DIOME dans Celles qui attendent aborde le
problème de l’immigration qui fera l’objet de notre étude. Quel regard porte-t-elle sur
l’immigration dans l’œuvre ? Tout au long de notre analyse, nous tâcherons de présenter
d’une part celles qui attendent de Fatou DIOME et d’autre part nous aborderons
l’immigration dans ladite œuvre.

1-1-1-Biographie
Fatou DIOME est née en 1968 sur la petite ile de Niodor,
dans le Delta au sud-ouest du Sénégal. Fille naturelle, ses parents
ne sont pas alors mariés. Elle est élevée par sa grand-mère,
(Aminata qui est née dans un département français du Sénégal),
et son grand-père, tous deux pêcheurs. Elle commença à écrire
dès l’âge de 13 ans. Elle quitte son village pour aller poursuivre
ses études dans d’autres villes du Sénégal tout en finançant cette
vie nomade par de petits boulots. Elle va au lycée de M’bour,
travaille comme bonne en Gambie et finit par entamer des études
universitaires à Dakar. A ce moment, elle songe à devenir professeur de français, loin de
l’idée de quitter son pays natal. Mais à 22 ans, elle tombe amoureuse d’un français, se marie
et décide de le suivre en France. Rejetée par la famille de son époux, elle divorce deux ans
plus tard et se retrouve en grande difficultés, abandonnée à sa condition d’immigrée sur le
territoire français. Pour pourvoir subsister et financer ses études, elle doit faire le ménage
pendant six ans y compris lorsqu’elle peut exercer la fonction de chargée de cours au cours de
son DEA, fonction qui lui apporte un revenu insuffisant pour vivre. Elle est professeure
d’université et écrivain.

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1-1-2-Bibliographie
Fatou DIOME est une auteure de plusieurs œuvres. Parmi elles nous pouvons citer :

➢ La préférence nationale (nouvelle), 2001.


➢ Le ventre de l’Atlantique (roman), 2003.
➢ Mauve, avec titouan Lamazou, Flammarion, 2010.
➢ Celles qui attendent (roman)2010.
➢ Impossible de grandir (2013).
➢ Les veilleurs de Sangomar (2019).
➢ Marianne porte plainte (2017).
➢ De quoi aimer vivre (2021)
➢ Marianne face aux faussaires (2022).
➢ Comme c’est curieux, comme c’est bizarre et quelle coïncidence ! (2013).
➢ Ce qu’ils font est juste (2017).
➢ Le choix est humain : La vie est un choix (2020).
➢ Le Viel homme sur la barque (nouvelle) 2010.
➢ Port de jolie(nouvelle) 2002.
➢ Les loups de l’Atlantique (nouvelle) 2002.
➢ Kétala (roman), 2006.
➢ Inassouvies, nos vies (roman), 2008.

1-2-1-Structure de l’œuvre
L’immigration d’un point de vue original, voilà ce que nous offre ce roman. Cet
ouvrage est un roman de 458 pages subdivisés en 25 chapitres non titrés, avec un prologue et
un épilogue. Les chapitres I, II, III parlent de la pauvreté, la polygamie. Ensuite les chapitres
IV, V abordent le thème de la jalousie. Du chapitre VII au chapitre IX, l’œuvre met en
exergue la situation féminine. Du chapitre VI au chapitre XV, l’œuvre relate le départ d’Issa
et de Lamine ainsi que l’inquiétude de la mère de Lamine car elle avait déjà perdu son
premier fils. Enfin, les chapitres X à XXV parlent de l’attente, du regret des mères qui
avaient envoyé leurs enfants à l’occident en espérant préparer un avenir meilleur ; A ce
niveau, il y a des passages magnifiques sur la solitude des femmes, elles qui sont esseulées.
En effet après le départ de leur époux, Daba la femme de Lamine tomba enceinte d’un autre

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homme. Est-ce que son époux lui pardonnera à son retour de l’occident ? Bien sûr que oui car
il aimait cette dernière.

1-2-2- Résumé de l’œuvre


L’œuvre met en scène la vie difficile des familles de migrants, restées au Sénégal.
Deux mères, Arame et Bougna, voisines et amies, encouragent leur fils Lamine et Issa, à
quitter leur île natale pour aller réussir leur vie en Europe et assurer à leur famille un avenir
plus confortable. Après le départ de ces deux clandestins pour l’Europe, leurs deux mères ne
comptaient plus leurs printemps ; chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde
des siens, le pilier qui tenait la demeure sur les galeries creusées par l’absence. Coumba et
Daba, jeunes épouses des deux émigrés, humaient leurs premières roses : assoiffées d’amour,
d’avenir et de modernité, elles s’étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur
devenue peu à peu leur chemin de croix. Arame a été mariée à 18 ans avec un homme de
l’âge de son père, Bougna est la deuxième épouse d’un homme qui en prendra encore une
troisième. Leur fils respectif sont partis en pirogue. C’est l’angoisse du voyage dès leur
départ : La conscience des risques pris pour traverser la mer jusqu’en Espagne fait regretter
aux deux mères d’avoir poussé leur fils à partir.
Puis l’angoisse encore, l’attente des nouvelles, d’un appel téléphonique, d’un
courrier. Lamine le fils d’Arame est amoureux de Daba qui s’est fiancé à Ansou. Coumba
s’est mariée avec Issa le fils de Bougna juste avant son départ. La solitude des jeunes femmes
s’ajoute à celle des mères ; elle qui ignorait si les deux hommes étaient bien arrivés en
Espagne. Bougna accouchera sans son mari dont elle est encore amoureuse. Chacune de ses
femmes se sent prisonnière de vie qu’elles n’ont pas choisie. Fatou DIOME nous entraine
aussi du côté des hommes africains qui débarquent en Europe dans la violence des pays qui
ne cherchent pas à les intégrer mais plutôt à les exploiter. Lamine reviendra au pays avec de
quoi construire une maison et sortir sa famille de la misère. Issa quant à lui rentre d’Europe
quelques année plus tard flanqué d’une deuxième épouse blanche et de trois petits métisses.
Celles qui attendent de Fatou DIOME est un très beau roman pour comprendre de quelle
manière sur l’autre rive, avec son lot de misère, d’illusion et de bénéfice, l’exil vient
bousculer le monde rural et ses traditions.

6
1-2-3- L’immigration dans la littérature africaine
L’immigration désigne aujourd’hui l’entrée dans un pays, de personnes, originaires
d’autres pays qui viennent pour s’y séjourner, pour s’y installer. Depuis, ce mot immigration
vient du latin migratio qui signifie passage d’un lieu à un autre. La littérature africaine à
travers plusieurs œuvres dépeint le phénomène de l’immigration. La jeunesse africaine qui a
tendance à louer les avantages de l’occident se retrouve contraint à vouloir a tout pris
rejoindre l’Europe pour un avenir meilleur ignorant parfois certaines réalités. A l’instar de
Fatou DIOME, de nombreux auteurs relatent le phénomène migratoire ainsi que les avantages
et inconvénients qu’ils recouvrent. En effet bien que l’immigration peut être synonyme de
difficultés pour les immigrants, elle permet également de construire l’identité d’un pays,
l’échange des coutumes et des valeurs ainsi que d’enrichir les civilisations et s’ouvrir au
monde. Dans les années 2000, le mouvement de la migritude fut retenu, l’écrivain qui se
trouve aujourd’hui entre l’Afrique et l’Europe doit compter avec la situation post coloniale
qui sous-tend les relations entre ses deux territoires. Depuis une quinzaine d’année, un
ensemble d’auteurs d’expression française originaires d’Afrique subsaharienne font du
devenir du migrant et de sa descendance en France un sujet récurrent. Derrière la description
acerbe, et au combien vivifiante, des travers d’une société qui trop souvent cantonne l’autre à
ses marges, ils définissent des contours de nouvelles identités.

1-2-4-Les auteurs
De nombreux auteurs ont élucidés le phénomène de l’immigration dans leurs
différents ouvrages. Ce sont entre autres :

✓ Calixthe Beyala Le petit prince de Belleville 1992


✓ Simon N’jami, dans Dictionnaire des migrations internationales.
✓ Alain Malankou dans Bleu blanc rouge ,1998
✓ Florent Couao Zatti dans La petite fille des eaux
✓ Kossi Efoui dans l’impossible retour
✓ Daniel Biyaoula dans La source de joie
✓ Boubacar Boris Diop dans Les nouveaux damnés de la terre
✓ Christiane Albert dans L’immigré fictif
✓ Gaston Paul Effa dans Le cheval -roi

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✓ Abdourhamane waberi dans Etonnants voyageurs
✓ Bessora dans Abidjan à Paris, le parcours migratoire d’Alpha
✓ Fatou DIOME dans celles qui attendent

1-2-5-Les thèmes abordés en général sur l’immigration


L’immigration dispose plusieurs thèmes dans la littérature africaine. Parmi tant
d’autre, nous pouvons citer : l’exil, la folie et l’aliénation.

• L’exil est un thème littéraire souvent étudié. Dans le champ de la littérature africaine il a déjà
fait l’objet de multiples rencontres et d’innombrables publications. Vieux comme la
littérature elle-même, l’exil est un thème inépuisable sur lequel on n’aura pas si tôt fini
d’ergoter. Pour de nombreux écrivains Africains d’aujourd’hui, l’exil est à la fois un cadre de
vie, une source d’inspiration conduisant fréquemment à l’écriture et un thème extrêmement
fécond et privilégié de leur activité littéraire. L’exil peut être forcé ou volontaire, vécu ou
imaginé. Par la distance qui s’établit entre sa culture d’origine et lui, l’exilé qu’il soit auteur
ou personnage peut prendre du recul. Aussi, en dévient-il à la fois « dépositaire » et
« témoin ». Cette double posture lui permet d’apprécier sa culture : Il peut la critiquer,
l’idéaliser ou la relativiser.

• La folie : L’étude des modalités de la thématisassion de « la folie » dans la littérature


africaine révèle que les écrivains ne se préoccupent pas de faire une description réaliste de la
maladie dont souffrent leurs personnages. Pour eux, ce qui importe est de s’approprier le
phénomène de la folie et de l’utiliser comme symbole, en tant que métaphore d’une certaine
réalité sociale ou politique. Comme dans la société « traditionnelle » africaine, la priorité est ici
donnée à l’étiologie et à la signification de la « folie »au déterminant de la symptomatologie.
Par ailleurs, l’introduction du thème de la folie dans la littérature n’implique pas la
déconstruction du récit. Il n’existe apparemment aucune adéquation entre le thème de la folie
et l’écriture de la fiction. La thématique de la folie n’impose pas forcément un certain type
d’écriture, qu’une certaine grammaire du récit à priori cataloguée et déjà là. L’aventure de la
maladie mentale peut également s’exprimer sur le mode rassurant de la stéréotypie et du
classicisme.

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• L’aliénation est un thème de la littérature Africaine. Elle étudie comment est-ce que les
colons ont imposé leur manière de vie. En effet, les romanciers Africains écrivent à travers
une langue d’emprunt. C’est ce qui leurs amènent à la recherche de la quête de leur identité
culturelle. Malgré cette aliénation culturelle qui impose aux peuples africains, l’écriture et les
langues de l’occupant colonialiste, le souffle de l’âme ancestrale n’a cessé de troubler
l’esthétique des arts d’expression hérités de la civilisation occidentale. Ce mode de vie à
modifier l’Afrique dans tous ses sens, leur mode de vie, leur tradition, leur croyance, leur
apparence mystique. L’occident a complètement bannit la vie traditionnelle de l’Africain.
Mais prenant surtout conscient de l’évolution historique des peuples du continent. Africain
commença l’écriture sur sa culture et bien plus sur d’autre aspect.

2-L’immigration dans Celles qui attendent de Fatou DIOME


Dans le roman Celles qui attendent de Fatou DIOME, la femme ainsi que
l’immigration sont racontées par l’auteur. Les personnages féminins sont mis au centre de
l’intrigue car ils endurent de plein fouet les retombés négatifs de l’immigration clandestine.
Fatou DIOME critique d’une part le fantasme des Européens sur l’Afrique et d’autre part elle
dénonce l’illusion des sénégalais sur l’Europe, qu’ils pensent être l’Eldorado. Dans ce roman
nous entendons et nous voyons vivre ces femmes, qui ont contribué à l’immigration de leur
fils par espoir d’une vie meilleure, par rivalité et par jalousie entre coépouse. Tout au long de
cette œuvre, Fatou DIOME est très critique en ce qui concerne l’immigration. Elle désacralise
l’Eldorado Européen, car réussir en Europe demeure un leurre. L’occident est un mythe pour
une grande majorité d’Africains. Ils présentent ces contrés comme un idéal salvateur. Ceux
qui sont allés et reviennent auréolés du mot « émigré » ne racontent pas toutes les misères
qu’ils ont subi là-bas, par fierté.

2-1-Les thèmes liés à l’immigration dans l’œuvre


La pauvreté, l’immigration, la polygamie, l’analphabétisme, la précarité sous toutes
ses formes. Dans ce beau roman, Fatou DIOME nous dévoile un petit bout d’Afrique, celle
qui est confrontée à l’émigration clandestine des hommes vers un miroir aux alouettes,
l’Europe. Et c’est vers les femmes restées au pays qu’elle concentre son propos, ces femmes
qui, pour des raisons objectives ou obscures, mais toujours douloureuses, ont envoyé leurs

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fils en Europe avec l’espoir illusoire de les voir revenir rapidement, riches et auréolés de
gloire. Elle raconte le quotidien misérable de ces femmes confrontées à la pauvreté, à la
polygamie, engluées dans des coutumes ancestrales qui les appauvrissent encore plus ; ainsi
Arame contrainte après la mort de son fils, d’élever et de nourrir tous les enfants qu’il a eus
avec ses deux épouses... ! Par ce quotidien, Fatou DIOME raconte l’Afrique et n’hésite pas à
dénoncer les contradictions d’une société pour qui le prestige justifie tous les sacrifices et les
excès. Autant qu’un hymne aux femmes et à la dureté de leur existence, "Celles qui
attendent" est également un pamphlet qui dénonce en vrac la polygamie, véritable fléau
économique qui appauvrit les familles.

2-1-1-La condition féminine


Dans ce beau roman, Fatou DIOME nous dévoile un petit bout de l’Afrique. En effet,
elle parle de la femme, de sa condition de vie. Vivant dans un village d’où pratique toutes
sortes de vie, les femmes sont confrontées à des difficultés telles que la pauvreté et le désire
de l’avenir meilleur. Elles quémandent, prennent des crédits avec le boutiquier du village en
prononçant toujours le nom de Dieu qui est à la hauteur de tout. Vue cette pauvreté qui les
hantent, elles décidèrent de convaincre leurs fils pour qu’ils aillent à l’occident afin de sortir
leur famille de la misère. Ensuite, les belles filles en étant mariées vivent dans la solitude.
Elles doivent faire face à tous les aléas de la vie en attendant le retour incertain de leur époux.

Aussi l’œuvre de Fatou DIOME bouleverse l’ordre social en ce sens que la


domination masculine rétrograde est dénoncée par la romancière. Dans sa création littéraire,
l’auteure défend l’égalité hommes femmes. Elle va plus loin en démontrant la prédominance
des femmes dans la gestion familiale et sociétale.

2-1-2-La polygamie
La situation des villageois est aussi liée à la polygamie. Avec une belle écriture, Fatou
DIOME raconte le quotidien misérable de ces femmes confrontées à la polygamie, engluées
dans des coutumes ancestrales qui les appauvrissent encore plus. Pour eux, un homme a le
droit d’épouser le nombre de femme qu’il veut. Mais ceci n’est pas le problème, le problème
se situe à la manière dont ils les traitent. Dès l’arrivée de la seconde épouse, la première n’a

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plus d’importance. Aussi nous avons le comportement et la réflexion des épouses qui
caractérisent ce trait, la polygamie est ici illustrée à la page 65 du chapitre IV : « Dès sa nuit
de noce, bougna s’était mis en tête de battre le record de la première épouse. » La jalousie,
l’hypocrisie sont des thèmes que l’auteur aborde par le comportement des femmes. C’est
cette même jalousie qu’elles ont utilisée pour amener leur fils en Europe, à la page 79
Bougna évoque en ces thèmes : « l’Europe ! Son fils aussi irait en Europe, tout comme les
autres. »

2-1-3-L’émmigration et l’attente
L’auteure nous donne à travers un discours militant les pistes de compréhension de
l’émigration clandestine vue de l’extérieur. Paradoxalement, les premières à en souffrir
Arame et Bougna en sont les initiatrices. L’auteure dénonce la misère et le désœuvrement qui
poussent les jeunes à braver l’océan à bord d’embarcations de fortune : « Ces enfants
détournés de la vie paysanne et trop mal outillés pour escompter un destin de bureaucrate, ne
voyant aucun chemin susceptible de les mener vers un avenir rassurant, se jettent dans
l’Atlantique, se ruent vers l’Europe. » Quant à l’attente, elle est présentée par une société
patriarcale ou les femmes sont au centre de tous y compris de l’avenir de leur progéniture.
Dans ce village de pêcheurs, la présence des hommes est rappelée aux lecteurs par quelques
téméraires qui bravent l’océan pour nourrir leur famille mais surtout par le tableau les
montrant jouer aux cartes toute la journée sous le manguier, devant l’épicerie d’Abdou ou
bien se faisant servir ou encore invectiver l’épouse rebelle. L’attente est le lot de toutes ses
femmes.

2-1-4-La tradition
Dans son roman, l’auteure présente la tradition de leur village. La tradition au sens
général, l’ensemble des connaissances et des pratiques qui sont transmises de génération en
génération, le plus souvent de manière orale mais aussi par la conservation et l’imitation de
coutumes, de comportement, de modèles et d’exemples. Il s’agit d’une forme d’héritage
immatériel que Fatou DIOME évoque dans son œuvre. Aussi elle évoque la manière dont ils
font leur mariage religieux. Chez eux, le mariage religieux se fait avec des noix de cola à la
base. Après ce trajet la femme peut venir rester chez son époux à l’attente des autres
célébrations. Cette idée se véhicule au moment où la mère d’Issa lui demande de se marier.
« Mais avec quoi veux-tu que je finance un mariage en ce moment » évoqué par Issa ; et sa
mère à son tour répond « ne t’inquiète pas pour ça nous n’aurons qu’à faire le mariage

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religieux à la mosquée, ça ne coute pas grand-chose, il suffit de quelques noix de cola ». Ce
trait caractérise leur tradition et leur religion.

2-1-5-La survie
Dans le roman celles qui attendent de Fatou DIOME la survie est évoquée. En
général, ces techniques permettent de combler les besoins primaires de l’humain : eau,
nourriture, abris, habitat pour permettre de penser, de demander de l’aide, de se déplacer en
toute sécurité, d’éviter les interactions désagréables avec des animaux et des plantes pour les
premiers soins. Dans ce roman, il n’est pas vrai que les enfants ont besoin de leurs pères et
mères pour grandir. Ils ont besoin de celui qui est là, de son amour plein et entier. Les
femmes jouent grand rôle dans la survie quotidienne de la maisonnée et de la réussite des
enfants, en Afrique. Arame et Bougna, deux femmes battantes aux caractères différents, à
peine associables la première doit nourrir à la fois une cohorte de petits-fils laissés par son
fils ainé qui est mort et Viel homme maladif à qui elle a été mariée sans son consentement ;
l’autre ; par contre porte sur elle le poids de rivaliser avec la réussite des fils de sa coépouse
et huit enfant à nourrir. Vu cette situation, Fatou DIOME nous donne la meilleure façon de
réussir dans son roman celles qui attendent « Aller en Europe ».

2-2-Le style d’écriture de Fatou DIOME


Fatou DIOME dans celles qui attendent utilise un style très fluide, riche, tour à tour
revendicateur et poétique. L’auteure nous livre une magnifique écriture en nous plongeant au
cœur de l’Afrique, avec ses couleurs et ses traditions. A travers les personnages, nous
partageons surtout la vie d’Arame mal mariée, à qui l’océan a déjà pris un fils. Ce chef
d’œuvre de Fatou DIOME génère des émotions. Quant à son style très fluide, riche, tour à
tour revendicateur et poétique, un style très imagé et coloré de proverbes africains à
savoir : « Ne choisis pas ton épouse un jour de fête, tu pourrais ne pas la reconnaitre
après. » « Une calebasse de Nil n’empêche pas le bélier de sortir de son enclos, mais elle peut
lui donner envie d’y revenir », « pour garder un homme, il faut le tenir doublement par le
ventre. » L’auteure nous livre une magnifique écriture. Elle nous plonge au cœur de l’Afrique
avec ses couleurs, ses traditions.

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Les personnages :

Fatou DIOME pose deux personnages centraux : deux femmes : Bougna et Arame.
Elles sont amies, avec des tempéraments différents et elles évoluent dans des contextes
matrimoniaux très spécifique. Nous partageons surtout la vie d’Arame, mal mariée. En effet,
elle a été mariée de force un rescapé des guerres coloniales, grognon, irascible, stérile. Cet
homme ne déverse que bile amer et insultes sur son entourage, enfermé dans l’enfer de sa
déchéance physique et de secrets enfouis. Le fils aîné d’Arame est mort en haute mer dans le
cadre de la pêche. Et son fils cadet, Lamine, le seul qui lui reste, est au chômage sans
ressources et sans aucune perspective d’avenir. Elle tente par tous ses pauvres moyens de
nourrir les petits-enfants qu’il lui a laissés. C’est pourquoi il ambitionne de rejoindre
l’Europe, en espérant améliorer le quotidien de sa famille.
Ensuite, la meilleure amie d’Arame, Bougna. Bougna est une coépouse. Entre elle et
la première épouse de son mari, c’est une compétition acharnée. Elle tente de s’imposer par
tous les moyens. Inconsciemment, elle n’a sûrement jamais intégré les valeurs de partage de
ce système. Tout semble réussir à la progéniture de la première épouse. Alors Bougna pousse
son fils à quitter le continent africain. Elle suggère aussi à Arame de faire la même chose
avec son fils Lamine. Elle est égoïste, centrée sur ses propres hantises, concernée par son
désir d’être reconnue face à une première épouse peu disserte mais dont la réussite de la
progéniture et renforce jalousie et rancœur dans l’âme de Bougna. Les deux belles-filles.
Toutes, leurs fils ou leur maris partis, attendent, espèrent. De toutes ces attentes, qui diffèrent
pour chacune de ses femmes, celle de Coumba épouse d’Issa, le fils de Bougna est la plus
pathétique. Épouse aimante et fidèle, mère dévouée, sa voix est celle qui porte le mieux la
détresse de ces femmes car elle est la seule dont la démarche est complètement désintéressée.
La charge de son discours est l’une des plus belles réussites de ce roman. C’est aussi le
personnage sur lequel s’acharne le destin avec une cruelle efficacité.
Enfin le destin. A travers ces quatre personnages, Fatou DIOME fait un portrait sans
fard de la société sénégalaise, de la place des femmes, des solidarités et des dettes qui s’y
contractent non sans égratigner au passage l’Europe et son attitude envers l’Afrique : « Les
pays européens ont [...] intérêt à maintenir l’Afrique tout juste en état de fonctionnement,
assez pour rendre disponibles ses matières premières et ses jeunes forcenés de l’immigration,
si nécessaires à la survie d’un continent vieillissant à la démographie moribonde. » Le
village, avec ses non-dits, ses secrets de famille, sa solidarité, ses petites jalousies et aussi ses
mesquineries. Les personnages sont merveilleusement décrits à telle enseigne que nous ne

13
pouvons-nous empêcher de partager leur vie, leurs angoisses, leurs pensées les plus intimes.
Tout doucement, dans l’attente, avec ces femmes, nous partageons leur difficile quotidien,
leur condition de femmes soumises, asservies.

L’Afrique vécue de l’intérieur, loin des clichés véhiculés par les touristes qui
envahissent les plus belles plages du Sénégal. Cette Afrique que nous retrouvons au fil des
pages, celle que nous connaissons, celle où les petits villages sont des chaudrons de misère,
sans ressource ou presque, sans eau courante, parfois sans électricité. Ce qu’il advient de nos
clandestins, on ne le sait que très tard dans le déroulé du roman. C’est l’attente de ces
femmes, de ces mères qui ont réussi à marier leurs fistons. C’est aussi l’attente de ces épouses
modelées dans ce système qui vivent l’absence mythique de cet homme émigré sensé faire
fortune et apporter espoir à sa famille. Sauf que les chimères ne se concrétisent pas, les appels
se font rares et les mandats sporadiques... « Les coups de fil s’étaient largement espacés. Les
femmes accusèrent le coup. Mais on finit toujours par s’inventer une manière de faire face à
l’absence. Au début, on compte les jours puis les semaines, enfin les mois. Advient
inévitablement le moment où l’on se résout à admettre que le décompte se fera en années ;
alors on commence à ne plus compter du tout. Si l’oubli ne guérit pas la plaie, il permet au
moins de ne pas la gratter en permanence. N’en déplaise aux voyageurs, ceux qui restent sont
obligés de les tuer, symboliquement, pour survivre à l’abandon. Partir c’est mourir au présent
de ceux qui demeurent. » (p. 195).

Le fond :
Riche et profond, parfois politique, parfois féministe, toujours émouvant. Il nous
apporte un regard venant du côté de l’émigration, non pas celui que l’Europe a, pas même
celui de cette Europe qui dresse des barbelés à ses frontières pour se protéger des migrants ou
qui veut bien les accueillir si elle peut les trier, les sélectionner pour le profit de son
économie. En d’autres termes, ce livre crie « injustice » ; il crie l’injustice de la pauvreté, de
l’inégalité. Mais en dépit de tout cela, il y a de l’espoir : l’espoir qui n’abandonne jamais ces
femmes qui attendent, qui leur donne la force de continuer, qui crée l’espérance et parfois,
malgré l’angoisse, offre un peu de répit et de gaité à ces femmes courageuses.

14
CONCLUSION
L’étude de ce roman nous a renseigné sur les motivations des candidats à
l’immigration. Pour les jeunes clandestins, les rêves, les espoirs d’une vie meilleure
s’évanouissent devant un uniforme, une barrière et un propos raciste. Cette œuvre de Fatou
DIOME nous laisse de profonde réflexion, des émotions fortes. Elle nous narre avec
sensibilité la vie dans un petit village du Sénégal ou l’aspiration au grand départ est
omniprésent chez les jeune. Cependant l’attraction malsaine subsiste et les jeunes continuent
et continueront à braver la mort pour une hypothétique réussite en Europe. Dans ce roman
Fatou DIOME dénonce l’illusion des sénégalais sur l’Europe, qu’ils pensent être le paradis.
Ce livre dépeint l’avenir dramatique de tous ces gens, jeunes et vieux, qui quittent ou plutôt
fuient leur pays pour un ailleurs qu’ils estiment meilleur. Il nous laisse deviner ce que sont les
problèmes, non seulement du Sénégal, mais de toute l’Afrique. Notre analyse nous a permis
de voir comment dans l’œuvre Celles qui attendent de Fatou DIOME la tentation de
l’immigration a submergé les africains.

BIBLIOGRAPHIE
➢ Ouvrage général

DIOME Fatou, Celles qui attendent, Paris, Flammarion, 2010.

➢ Webographie

- (source : https://www.babelio.com/livres/Diome-Celles-qui-attendent/189052)

- (source : www.babelio.com)

- (source : www.editions Flammarions.com)

-(source : www.étudier.com « sujets » introduction)

- (source : www.fnac.com » Fatou DIOME)

- (source : https : //www.babelio.com/)

➢ Thèse de doctorat : Littérature comparée : Litt. e3

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