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Esaie

Les prophètes Esaïe et Jérémie annoncent le jugement de Dieu sur le peuple d'Israël pour ses péchés, mais promettent aussi l'espoir d'un salut futur. Le document décrit le ministère des prophètes et compare Esaïe et Jérémie.

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Esaie

Les prophètes Esaïe et Jérémie annoncent le jugement de Dieu sur le peuple d'Israël pour ses péchés, mais promettent aussi l'espoir d'un salut futur. Le document décrit le ministère des prophètes et compare Esaïe et Jérémie.

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Couverture : Le prophète Esaïe peint par Rembrandt

© Egbert Egberts

www. croiretcomprendre.be

2014
Esaïe
Les prophètes
La Bible juive :
Les prophètes sont ceux et
Loi : Gen - Dt celles que Dieu a envoyés pour
Prophètes : Jos, Jug, Sam, Rois le représenter auprès du
Es, Jér, Ez, Os à Mal peuple. Moïse, Josué, les
Ecrits : Ps, Pr, Job, Ct, Rt, Lam, Juges, Samuel et les nombreux
Ec, Esth, Dan, Esd, Néh, Chr prophètes au temps des rois
(Elie et Elisée étant les plus
connus). A côté de ces prophètes “antérieurs”, il y a les prophètes qui
écrivent. Le livre de Daniel a toujours été classé parmi les écrits, bien qu’il
soir l’un des prophètes.
Le ministère du prophète est assez bien défini dans les textes suivants :
Ex 6.28-7.2; No 12.1-8 et Dt 18.9-22.
Leur ministère est à la fois une prédication (discernement, exhortation) et
une prédiction (anticipation, proclamation).
Comme prédicateurs, ils appliquaient la Loi et appelaient le peuple à se
repentir. Leur ministère : exhorter, corriger, dénoncer, consoler, avertir.
Cf. 1Cor 14.3.
Ils étaient les veilleurs, les sentinelles, annonçant la venue du jugement
et l’espérance du règne messianique. L’accomplissement était le sceau de
leur ministère (cf. Dt 18.20-22).
Ils ont un rôle unique. Aucun peuple et aucune religion n’ont produit ce
genre de ministère, exigeant une fiabilité à 100%.
Esaïe et Jérémie sont appelés à servir Dieu dans des situations de crise
nationale et internationale. Ils résument ce que Dieu ressent quand son
peuple se laisse aller, et ils servent de conscience au peuple. Leur
pertinence ne vient pas de leur succès (Jérémie n’en a eu aucun, Esaïe
seulement partiellement) mais de leur fidélité absolue à la voix de Dieu.

But
Le livre d’Esaïe sert d’avertissement aux Juifs de ne pas se fier avec
arrogance à eux-mêmes, mais de se fier humblement au Saint d’Israël.
Lui seul délivre les siens des crises, des jugements et de leurs péchés.
Le prophète du salut. Cf. Esaïe et la Bible : 66 livres/66 chapitres; 39
AT/39 première partie; 27 NT/27 deuxième partie.
Le livre de Jérémie appelle le peuple à se repentir de sa conduite idolâtre
et de ses injustices. Il y a urgence parce que le jugement de Dieu est
imminent et inévitable. La repentance peut rendre ce jugement moins
brutal. Sans cela, la souffrance sera terrible.
Le prophète contesté. Le nom Babylone plus souvent mentionné dans ce
livre que dans tout le reste de la Bible mis ensemble.
Plans
Esaïe
La condamnation de Juda 1-5
L’appel du prophète 6
L’orgueil d’Ahaz et l’annonce du Messie 7 - 12
L’orgueil des nations 13 - 23
Le Jour de l’Eternel 24 - 27
Le jugement des
orgueilleux Les six malheurs 28 - 33
Jugement et salut 34,35
Devant l’orgueil : désespoir et délivrance 36-39

Par la main d’un Dieu grand et redoutable 40 - 48


Consolation et
Par le Serviteur souffrant 49 - 55
délivrance des
Malgré la culpabilité du peuple 56 - 59
humbles
Par la grâce de Dieu 60 - 66

Jérémie
Appel du prophète 1
Jugement sur Juda 2-6
Jugement sur Jugement des prophètes 7 - 10
Juda L’Alliance brisée 11 - 13
Le jugement est inévitable 14 - 19
Jérémie persécuté 20 - 29
L’espérance de Juda 30 - 33
Avant la chute 34 - 36
Les derniers jours
Pendant la chute 37 - 39
de Jérusalem
Après la chute 40 - 45
Prophéties contre les nations 46 - 51
Epilogue 52
Versets clé
Esaïe est le prophète par excellence qui annonce la venue du Messie. On
doit penser aux chapitres 2, 11 et 53. Quelques versets clé :
C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, voici que la vierge est
enceinte, elle enfantera un fils et lui donnera le nom d’Emmanuel. (Es 7.14)
Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la souveraineté (reposera) sur son
épaule; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la
paix. Renforcer la souveraineté et donner une paix sans fin au trône de David et à son
royaume, l’affermir et le soutenir par le droit et par la justice dès maintenant et à
toujours; voilà ce que fera le zèle de l’Eternel des armées. (Es 9.6,7)
Certes, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé;
et nous, nous l’avons considéré comme atteint d’une plaie; comme frappé par Dieu et
humilié. Mais il était transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes; le
châtiment qui nous donne la paix est (tombé) sur lui, et c’est par ses meurtrissures que
nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa
propre voie; et l’Eternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous. Il a été maltraité, il
s’est humilié et n’a pas ouvert la bouche, semblable à l’agneau qu’on mène à la
boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent; il n’a pas ouvert la bouche.
(Es 53.4-7)
Jérémie est le témoin du jugement final sur Jérusalem, dû au péché
persistent du peuple. Quelques versets clé :
Car mon peuple a doublement mal agi : Ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive,
pour se creuser des citernes, des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau . (Jér
2.13)
Ils soignent à la légère la blessure de la fille de mon peuple; paix ! paix ! disent-ils, et il
n’y a point de paix. Ils devraient avoir honte des horreurs qu’ils commettent, mais la
honte ne les atteint pas, ils ne savent plus rougir. C’est pourquoi ils tomberont avec ceux
qui tombent, ils trébucheront au temps où j’interviendrai contre eux, dit l’Eternel . (Jér
8.11,12)
Le cœur est tortueux par-dessus tout et il est incurable : Qui peut le connaître ? (Jér 17.9)
Voici que les jours viennent, dit l’Eternel, où je conclurai avec la maison d’Israël et la
maison de Juda une alliance nouvelle, … Mais voici l’alliance que je conclurai avec la
maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Eternel : Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je
l’écrirai sur leur cœur; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Celui-ci n’enseignera
plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : Connaissez l’Eternel ! Car tous me
connaîtront, depuis le plus petit d’entre eux jusqu’au plus grand, dit l’Eternel; car je
pardonnerai leur faute et je ne me souviendrai plus de leur péché . (Jér 31.31,33,34)

Une comparaison des quatre grands prophètes d’Israël


Esaïe Jérémie Ezéchiel Daniel
A qui ? Les Juifs de Les Juifs de Les Juifs captifs à Les Juifs captifs à
Juda Juda et de la Babylone Babylone et les rois
captivité des nations
Objet Juda et Juda et les Toute la maison Israël et les nations
Jérusalem nations (Jér d’Israël (Dan 2.36ss; 9)
(Es 1.1; 2.1) 1.5, 9-10; (Ez 2.3-6; 3.4-
2.1-2) 10,17)
Pendant Ozias, Josias, Sédécias Yehoyaqim,
les Yotam, Ahaz, Yoahaz, (roi de Juda); Yehoyakîn, Sédécias
règnes Ezéchias Yehoyaqim, Neboucadnetsar (rois de Juda).
de : (rois de Yehoyakîn, (roi de Babylone) Neboucadnetsar (roi
Juda) Sédécias de Babylone)
(rois de Juda)
Dates 740-680 627-585 592-570 Av.Chr. 605-536 Av.Chr.
Av.Chr. Av.Chr.
Le cadre 2R 15-21; 2R 22-25 Dan 1-6 Dan 1-6
biblique 2Chr 26-30
Consolez, consolez mon peuple, dit Tu leur diras cette parole : Mes yeux
votre Dieu. Parlez au cœur de fondent en larmes nuit et jour, sans
Jérusalem et criez-lui que son arrêt; car la vierge, fille de mon
combat est terminé... peuple, a été frappée d’un grand
Esaïe 40.1,2 désastre, d’une plaie très
douloureuse.
UN IMMENSE ESPOIR Jérémie 14.17

Le livre du prophète Esaïe a été appelé UNE IMMENSE DETRESSE


“le cinquième évangile”. Nulle part mieux
et plus qu’ici nous n’entendons la voix Il n’y a pas que l’immense espoir
d’un immense espoir. Le Fils qui nous est d’Esaïe. Il y a aussi l’immense détresse dont
né, le Serviteur de l’Eternel qui subit notre témoigne Jérémie. Pas seulement la détresse
châtiment, la libération annoncée aux du prophète, mais celle de Dieu. Plus que
captifs, le règne de paix, les épées quiconque, le prophète s’est identifié à la
transformées en socs, le loup et l’agneau douleur de la souffrance de son peuple. Sa
qui séjourneront ensemble... Ce n’est pas souffrance est provoquée par la rébellion
que le prophète souffre d’une cécité sans fin de son peuple contre Dieu. Elle est
sélective. Il voit bien les ombres au provoquée encore par le mal incurable dont
tableau. Ce fut d’ailleurs sa charge : il est question plus loin : “Pourquoi te
“Rends insensible le cœur de ce peuple, plaindre de ton désastre, de ta douleur
endurcis ses oreilles et bouche-lui les yeux, incurable ? C’est à cause de la multitude de
de peur qu’il … ne comprenne avec son tes fautes, de la gravité de tes péchés que je
cœur, qu’il ne se convertisse et ne soit t’ai fait cela.” (30.15) Mais la main qui
guéri”. (6.10) Mais la lumière n’en ressort frappe, qui doit frapper, est la main qui
que mieux. Dieu consolera son peuple. Le souffre. La détresse du prophète, son torrent
cœur rendu insensible n’est pas le dernier de larmes, n’est qu’un faible reflet de la
mot. Le combat prendra fin. La voix crie détresse divine.
dans le désert : Votre Seigneur vient avec N’y a-t-il pas de ‘baume en Galaad’ pour
puissance. Avec un amour éternel il aura guérir le cœur ? La réponse vient plus loin :
compassion. Le cœur, notre cœur, tortueux par-dessus
Il y a de l’espoir. Nous sommes ces tout et incurable (17.9), rend le jugement
privilégiés qui en avons vu commencer inévitable, à moins de se tourner vers Dieu.
l’accomplissement. Au milieu des ténèbres Quand on se détourne de Dieu, il ne reste
qui s’épaississent nous levons les yeux. Ce que l’attente du jugement. Mais le désastre
Dieu qui a partagé nos détresses (63.9) a su incurable et la souffrance indicible que cela
parler à notre cœur. Le mot de la fin a déjà entraîne, même mille fois mérité, ne peut
été donné du haut de la croix : soulever notre joie.
“Accompli !”, acquitté, achevé, fini. Sois Connaissons-nous quelque chose à cette
consolé, tout est payé, tu es gracié : Vis détresse ? Ou observons-nous nos
joyeusement ! Tout est payé ! Ce Dieu qui semblables avec le détachement de Jonas ?
demande tout donne tout. Alors, laisse-toi La vengeance de Dieu est une réalité aussi
envahir par cet immense espoir ! terrifiante qu’inéluctable. Pourtant : “Je suis
brisé par la blessure de la fille de mon
peuple, je suis sombre, la désolation me
saisit.” (8.21)
ESAIE 1-39 : LE JUGEMENT DES ORGUEILLEUX
La condamnation de Juda, 1-5
Esaïe, “L’Eternel est salut”. Ascendance royale ? Amots, son père, aurait
été un frère du roi Amatsia selon une tradition juive. Apparemment
précepteur du jeune Ezéchias. Il a son entrée dans le palais, même au
temps d’Ahaz l’impie.
La situation dans laquelle Esaïe a dû servir Dieu. La désobéissance du
peuple appelle le jugement, mais il y a une espérance.
1. La faillite spirituelle du peuple
1-4 décrivent la situation : abandon, incompréhension, révolte. Il n’y a
plus de connaissance de Dieu.
5-9, l’étendue du problème et les conséquences. La notion du ‘reste’, 9.
10-15, l’opinion de Dieu (cf. Amos 5.21-23 !). Quand Dieu n’écoute-t-il
pas la prière ? Cf. Pr 15.8.
16-20, l’appel de Dieu. Notez que c’est un appel très précis. Les
conséquences sont indiquées (si, … si non …)
21-23, la situation sociale. Est-ce la réponse à l’appel de Dieu ?
24-31, la sentence. Un jugement sévère, mais une promesse de réveil.
2-4. Le petit livre d’Esaïe
2.1-4, la vision de ce qui sera. L’entête : à l’origine, ch 2-4 formaient
peut-être un livre indépendant (cf. les visions qui le commencent et le
terminent. Le but est de faire ressortir le contraste entre ce que Juda est
et ce qu’il sera (devrait être ?). Cf. Mi 4.1-4. Un lieu où tous veulent venir
pour apprendre et où règne la paix. La vision finale, 4.2-6, relient la gloire
à venir au Messie qui est sans doute le “il” de 2.4.
2.5-22, la réalité de ce qui est. Entre les deux appels, 5,22, il décrit la
réalité terrible. 6-8, le pays est rempli d’argent et à cause de cela
d’idolâtrie. 9-21, Il est temps de se cacher devant le jugement qui vient.
Cf. la triple référence au fait de se cacher, 10,19,21. L’appel final forme la
conclusion.
3.1-4.1, l’implosion sociale résultat de la faillite spirituelle. Cf. Rom
1.24,26, 28. Le problème du péché est qu’il devient de plus en plus grave.
Au fur et à mesure que les freins lâchent, la société implose. 3.12fin indique
clairement le pourquoi. Mais le jugement est prêt. 3.16-4.1 applique la
même chose aux femmes, cf. 3.6 et 4.1. Toute la société est corrompue.
Sion est en deuil, 25,26.
4.2-6, la vision de ce qui sera. La société purifiée couverte de sa gloire.
Le Germe, cf. Jér 23.5; 33.15; Za 3.8; 6.12,13. La deuxième vision assure
que le péché n’aura pas le dernier mot et n’anéantira pas l’espérance.
5. La vigne et ses fruits amers
Ce que Dieu cherche et ce qu’il a obtenu. La vigne, image d’Israël, est
la propriété de Dieu et il cherche des bons fruits. Cf. la parabole des
vignerons ! Les six malheurs décrivent ces fruits amers (cf. Mt 23 pour un
parallèle). Le résultat est dans le “C’est pourquoi” de 5.24,25 qui
conduisent à la nuit totale, 5.30, cf. 8.22. Y a-t-il de l’espoir ?
Les 6 malheurs : capitalisme sauvage, indulgence de soi (hédonisme,
culte du plaisir), indifférence spirituelle et morale, arrogance et injustice.
Ces fruits amers appellent toujours au jugement de Dieu.

L’appel du prophète, 6
Une nuit sans espoir ? La première réponse au désespoir est l’appel du
prophète. Dieu se réserve un homme. Cf. Rom 11.2-5.
1-8, la vision. Une vision où ciel et terre se touchent. Le trône est
représenté dans l’arche. Les séraphins (les brûlants, une description et
non un titre) = chérubins sur le décor du temple, mais Esaïe les voit “pour
de vrai”. L’autel est l’autel des parfums (céleste ? cf. Ap 8.3.) Le septième
malheur indique en même temps le renversement possible des situations
sans espoir. Le feu, signe de la sainteté absolue de Dieu. Expié, le verbe
comme dans Yom Kippour indique toujours l’expiation par sacrifice
substitutif. Le sacrifice dont témoignent l’autel et son feu est appliqué à
Esaïe.
9-13, la mission. Cf. Jésus en Mt 13.10-17. Une mission avec un
message de jugement. Le mal est allé trop loin et le jugement est
inévitable. Cf. 28.9. Le refus du message d’Esaïe met ses auditeurs au-
delà de la repentance. L’exil viendra inévitablement (et très vite pour
Israël). Mais il y aura un reste, une sainte descendance.

L’orgueil d’Ahaz et l’annonce du Messie, 7-12


7.1-8.8. Ahaz : la leçon d’histoire
1-9, sans la foi, il est impossible de voir plus loin que le présent. Ahaz
ne peut voir que la guerre qui le menace. Dieu voit bien plus loin. Cette
foi exprimée en 9b. Pourquoi, Esaïe est-il accompagné de son fils aîné
(8.3) ? Important pour la suite.
10-25, Ahaz est poussé à compter sur Dieu, ce qu’il refuse. Il reçoit alors
un signe double. Le Messie viendra, 14,15 (la jeune fille est une fille
vierge1) = Mt 1.23. Crème et miel sont le menu des pauvres, cf. 22. L’autre
signe concerne le fils d’Esaïe, 16, cf. aussi 8.4, et l’avenir immédiat. Alors,
Ahaz entend d’où vient la vraie menace, 17-25. Le pays sera vidé de ses

1 ‘Almah = jeune fille vierge (na’arah = jeune fille, bethoulah = vierge à tout âge. ‘Almah =
vierge avant de se marier. Cf. Gen 24.14 na’arah, :16 bethoulah = :43 ‘almah = parthenos,
virgo. Cf. Ex 2.8 et Pr 30.18-20. Il faudrait traduire ‘vierge nubile’)
habitants et abandonné aux ronces. Ahaz finira par mettre sa confiance en
Assyrie, prouvant son incrédulité. Ce chapitre décrit le moment de vérité
pour le roi, et son échec, Pr 8.36.
8.1-8, l’accomplissement de la menace. Une annonce écrite avec
témoins pour confirmer la véracité de la prophétie. Ce fils (≠ 7.14 !) est
un présage pour les temps immédiats, environ un an. Israël (:6) s’est
détourné de Jérusalem et tombera le premier. Mais l’Assyrie envahira aussi
Juda.
8.9-9.6. Du jugement à l’espérance
8.9-9.6, lumière dans la nuit. Le péché d’Ahaz fait venir la nuit sur le
pays. Y a-t-il encore de l’espoir ? 8.9,10 résument : Peu importe ce que
croient pouvoir faire les peuples, celui qui veille, Immanuel, ne sera jamais
pris de court. Donc pas de problème ? 8.11-22, la nuit tombe. Pourquoi ?
Le double refus : de craindre Dieu, 12,13, et de considérer sa Parole,
19,20. En lieu et place : politique et occultisme : si commun, et si
pathétique ! Qu’est-ce qui cause la nuit de tomber ? 20. Même si les
ténèbres n’ont pas le dernier mot, leur réalité est affreuse. Mais la lumière
viendra, 8.23-9.6. La prophétie messianique rappelle les jours de Gédéon,
autre jour où une minorité ridicule a obtenu une victoire éclatante, cf. 2.4.
Ce n’est pas un noël doux et gentil, mais la victoire du Messie sur les forces
du mal. Les noms du Messie : quatre doubles noms qui indiquent sa
divinité en quatre qualificatifs. Où régnera-t-il ? Sur le trône de David, en
ce temps occupé par un roi impie.
9.7-11.16. Israël dans la main de Dieu
9.7-10.4, le chant du jugement. Quatre strophes + refrain, 11b, 16b,
20b, 10.4b (cf. 5.25b). Cf. la prophétie parallèle par Osée au royaume
d’Israël en Os 5.8-15. Strophe 1 : l’orgueil provoque le jugement. Qui
sème le vent, … Strophe 2 : le refus de revenir au Seigneur cause de la
catastrophe à venir. La responsabilité des chefs. Strophe 3 : Le jugement
accompli par une implosion sociale. Strophe 4 : L’implosion de la justice
et son issue fatale, 10.3.
10.5-15, le bâton frappé. L’Assyrie est le bâton de Dieu, son instrument.
Le Maître de l’histoire décrit comment sa main est derrière l’histoire.
L’arrogance (7-11) causera sa ruine aussi, car Dieu n’a pas deux façons
de juger les hommes. Il ne peut sévir que pour un temps contre le peuple
de Dieu, 12 “alors, quand …” Cf. les six “je”, 13,14, avec 14.13,14.
10.16-34, un reste seulement. Le texte va de la fin de la menace (16-
19) vers son début (28-34). Au milieu, deux conséquences croisées : un
reste seulement sera sauvé (20-23) et une raison d’espérer (24-27).
L’armée assyrienne sera détruite en Israël (décrit en 37.36-38). Un reste
pratique la foi, cf. Rom 11.4,5). Mais ce reste est à la fois une promesse
et une description de l’étendue du jugement. Face à l’ennemi qui semble
tout-puissant un grand encouragement. 27, “le joug sera détruit à cause
de l’onction” – Ezéchias ? Mais en attendant, le temps semble terrifiant.
Mais Dieu règne, 33,34.
11.1-16, les temps messianiques. Un fils de David, fils d’Isaï (= Jessé).
Il sera l’Homme de l’Esprit septuple. L’accomplissement de la description
est en Ap 19.11-20.4. Commence alors un règne qui a toujours été pris
pour le règne millénaire à venir. La restauration du paradis perdu ? Oui et
non. Il n’y a jamais un simple retour en arrière. En ce jour à venir encore
les nations afflueront à Jérusalem, comme à la nouvelle Jérusalem, Ap
22.24. Le retour des exilés aura lieu en ce jour et Ephraïm sera réuni à
Juda, 12,13, cf. Ez 37.16ss. La route, 16, annonce celle de 19.23.
12. Le psaume d’Esaïe
Le chant d’Israël qui correspond au chant des rachetés en Ap 15.3. Ni le
même chant, ni le même endroit, mais la même joie. Le salut individuel
conduit à la joie de la communauté.

L’orgueil des nations, 13-23


Dieu est le Dieu d’Israël. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne règne pas sur
le monde. Cf. l’erreur monumentale du roi d’Assyrie en 36.18-20 ! Les
nations représentent les solutions humaines quand on rejette Dieu. La
solution du pouvoir et de l’impérialisme, le syndrome de Babylone. La
solution de la haine contre Israël, le syndrome de l’antisémitisme ou de
l’antisionisme. La solution de l’orgueil et de l’arrogance, le syndrome du
moi pensant. La solution de l’apostasie, le syndrome de l’oubli de Dieu et
de l’histoire. Contre ces solutions humaines Dieu présente sa solution :
jugement et résurrection, le sionisme de Dieu.
13.1-14.23. Babylone
13.1-22, Babylone (Babel en hébreu) est l’archétype de la ville ennemie,
la cité qui se dresse contre la cité de Dieu (cf. 19). Babylone et Sion
résument le conflit des âges. Cependant, quand Esaïe prophétise,
Babylone n’est qu’une ville “secondaire”, capitale d’une des provinces
assyriennes et Ninive est la grande ville. Le regard prophétique saisit ici
l’avenir, à la fois “proche” et lointain, avec un accomplissement double,
immédiat par les Mèdes (mais encore 200 ans dans le futur !) et final, avec
la Babylone des temps de la fin, cf. 9-13. Mais Babylone symbolise la
rébellion contre Dieu (Gen 11), puissance qui défie les cieux. Esaïe ne
décrit en rien la percée politique de cette puissance. Il en chante la chute
totale. Tout homme sera affecté par son jugement, 14-16. Le résultat
décrit en 20-22 est arrivé en -518.2 Actuellement, c’est toujours le cas.
14.1,2, le sionisme de Dieu. Car : l’action divine inspirée par son amour
pour Sion. Il y aura un retour, non seulement après 70 ans, mais au temps
de la fin. Un retour et un rétablissement sur “le sol de l’Eternel”.

2 Les dates citées sont toutes approximatives.


14.3-23, sic transit gloria mundi. Quel roi ? Vu Dan 4.31-34, c’est peu
probable qu’il s’agit de Néboukadnetsar. Beltchatsar, Dan 5, est un
exemple, mais le texte semble aller bien plus loin. Il chante la chute de
tout pouvoir qui se lève contre Dieu et contre son Messie (Ps 2.2), et,
finalement, réellement, la chute de la bête de la fin qui réunit en sa
personne toute la gloire des hommes. Le texte décrit sa tyrannie (sans
doute regardée ainsi après un temps initial d’espoir !), 4b-8. Puis, l’ironie
du texte qui dépeint les grands dans l’au-delà, des spectres sans
puissance, 9,10. L’ironie continue avec la moquerie des versets 11-17.
L’orgueil sans bornes qui le fait si bien ressembler à son maître, cf. Ap
13.2. Astre brillant, Lucifer en Latin, ne décrit pas ici le diable, mais la bête
(quel mordant dans ce nom !). Cela se compare sans problème avec la
description de la chute de Satan en Ez 28.11-19. Le recul de 16,17 serait
salutaire à quiconque se laisse impressionner par les grands de ce monde.
Les versets suivants chantent la honte de sa démise, et la raison, 20 ! Il
ne faut jamais oublier le balai de Dieu, 23.
14.24-27. Assyrie
C’est l’ennemi du moment, mais qui paraissait à Ahaz un sauveur. Sa
défaite complète (piétiner) en Israël est annoncée, accomplie du vivant
des témoins de la prophétie (ch 36-38). Mais c’est aussi une leçon pour
toutes les nations, 26. Une leçon que peu de peuples ont pris le temps
d’apprendre … Tu as difficile de croire que Dieu est souverain ? Regarde la
fin du fier Sennacherib.
14.28-32. Philistie
Pour la formule du début, cf. 6.1. Une bonne nouvelle ! Ahaz avait
soumis les Philistins. Mais la joie de ces derniers est mal venue. Pas de
reste sauvé pour eux, 30. Un plus grand malheur vient. Et le salut ne se
trouve qu’en Sion. Gaza, les Philistins d’aujourd’hui (Palestiniens = Filistim
en Arabe), ferait bien de prêter attention …
15.1-16.14. Moab
15.1-9, le désastre de Moab. Moab aussi souffrira une catastrophe si
terrible que Dieu lui-même est ému, 5, mon cœur. Cela est suivi d’un
septuple “car”. Pourtant, Dieu lui-même est à l’œuvre, 9, car j’enverrai…
Le drame de Moab, et de l’humanité, est qu’on cherche une solution
partout (2, les hauts-lieux) sauf en Dieu. L’espoir d’Osée 6.1 est
totalement absent.
16.1-5, panique et repos. 1-4 sentent la panique qui a saisie Moab. Il y
a même une pensée de trouver refuge en Juda. La réponse, 5, respire le
repos. Le fils de David (Ezéchias, cf. 14.28, et, plus loin, le Messie à venir)
possède un trône stable, fondé sur la bienveillance, la fidélité et la justice,
tout ce qui faisait défaut à Moab.
16.6-12, l’orgueil, cause du désastre. Pourquoi Moab ne connaît-il pas le
repos ? L’orgueil, cf. 7,9,11 : c’est pourquoi… Cet orgueil s’exprime dans
la vanité de sa religion, 12, cf. 2. S’humilier devant le Dieu d’Israël est
trop difficile. Alors, on se fatigue ailleurs sans rien pouvoir obtenir. Mais
Dieu n’est pas un spectateur joyeux, 9,11.
16.13,14, la fin est proche. Longtemps, la menace a planée sur Moab.
On s’y est habitué au point de ne plus pouvoir l’entendre. Et tout à coup
tout se précipite. Trois ans et tout sera fini. Moab n’existera plus. Le “reste”
ici ne donne aucun espoir.
17.1-11. Damas/Ephraïm
17.1-3, Le jugement atteindra Damas, en qui Ephaïm avait cherché son
refuge. Au lieu de se tourner vers Dieu, 10, il se cache derrière la Syrie.
17.4-11, en ce jour. Trois conséquences d’une erreur fondamentale. Il
n’en restera presque rien, 6. Il découvrira la honte de son comportement,
7,8. Son pays deviendra une désolation, 9. La cause en 10, car… Au lieu
de bâtir sur du solide, ils se complaisent dans l’éphémère.
17.12-14. Interlude.
Les nations semblent si puissantes et terrifiantes. Qui peut leur résister ?
Il les menace … Dieu est souverain et d’un mot (Ap 19.15) il renverse les
choses.
18.1-7. Ethiopie (18.1-20.6 : une section)
Les Ethiopiens occupent le trône en Egypte. Leur territoire était le
Soudan et l’Ethiopie actuelle. Esaïe fait sans doute référence aux
ambassades envoyées pour initier une alliance anti-assyrienne. La réaction
inspirée d’Esaïe s’adresse à un auditoire bien plus large. Dieu attend le
moment propice où les peuples deviendront une proie des bêtes (cf. Ap
19.11ss) et où ce même peuple apportera une offrande au Seigneur à
Sion. Un accomplissement partiel en Act 8.26ss ? L’accomplissement final
en Apocalypse. Dieu indique où se trouve le centre de son action. Tout le
reste disparaîtra. Alors, les alliances humaines sont vaines.
19.1-20.6. Egypte
19.1-15, la venue de Dieu. L’Egypte était la seule alternative à l’Assyrie.
D’où la tentation d’y trouver un appui politique et militaire, plutôt que de
faire confiance au seul Seigneur. Mais l’Egypte est condamnée. Dieu vient
en Egypte et sa société se désintègrera et elle sera soumise à un roi cruel,
4, assyrien. Ce qui faisait la force du pays, son agriculture, se désagrègera
(5-10) et ses sages deviendront fous (11-15). Finalement, la puissance
d’un peuple est tellement fragile une fois que Dieu souffle dedans, cf. la
perte d’Absalom par le conseil de l’ami de David. Un peu de catastrophe
“naturelle”, des conseils sans sagesse et des faux dieux pour tout recours
et c’en est fait d’un pays. La leçon n’a rien perdu de son actualité …
19.16-25, en ce jour-là. Cinq fois ces mots introduisent une
transformation complète qui conduit à un monde nouveau, bien au-delà
de l’avenir indiqué au verset 4. La force est changée en faiblesse, 16,17.
Il y a une nouvelle conscience de l’autorité divine. Il y aura ensuite une
enclave pour l’Eternel en Egypte, cinq villes dont une seule portera un nom
mystérieux, 18. Il y aura une connaissance de Dieu : un autel, un culte,
une conversion, 19-22. Il y aura une route qui reliera l’Egypte, l’Assyrie et
Israël. Les deux superpuissances du jour rendront un culte au Dieu
d’Israël, 23. Il y aura une nouvelle famille des peuples autour d’Israël,
24,25. Nous voyons probablement dans ces cinq visions de l’avenir une
image de la vie dans ce monde après l’instauration du règne millénaire du
Messie.
20.1-6, La conquête assyrienne (-711) progresse en direction de
l’Egypte. Tout espoir en l’Egypte est mal fondé, car Egyptiens et Ethiopiens
partiront en exil. La question finale : sans le Dieu de la Bible, il n’y a pas
d’espoir. Les peuples doivent tous en faire l’expérience un jour. La durée
de la prophétie : 3 ans, 3.
21.1-10. Babylone (bis)
21.1-10, la chute de Babylone. Si on ne peut espérer en l’Egypte, peut-
on s’attendre à Babylone pour être délivré ? Peu à peu, le Seigneur ferme
les portes de sortie à son peuple. Babylone est tout aussi condamné que
l’Egypte, et sa chute est terrifiante. L’accomplissement de la vision est
peut-être la destruction terrible de Babylone par Sennacherib en -689 qui
fut d’une grande cruauté. En 39.1-8, une ambassade de Babylone est bien
reçue par Ezéchias. L’intervention d’Esaïe en 21.1-10 date peut-être de la
même période. Esaïe est comme un guetteur sur sa tour, une sentinelle,
cf. 21.11 et Hab 2.1. Elle est tombée : un refrain que la Bible répète à
plusieurs reprises concernant Babylone, symbole de la rébellion humaine
contre Dieu, cf. Jér 51.8; Ap 14.8; 18.2. Le titre de la vision, 1, demeure
mystérieux, mais relie les trois visions du chapitre : la région à l’est de
Juda, le désert d’Arabie.
21.11-17. Arabie
21.11,12, la nuit vient. Des Edomites viennent s’enquérir auprès d’Esaïe.
Mais le sort d’Edom est scellé. Cf. Es 34. Un appel à la conversion ? Peut-
être, mais on peut aussi traduire : Si vous voulez interroger, interrogez !
Revenez, oui, venez !
21.13-17, la nuit vient (bis). Les peuples arabes seront aussi pris dans
la tourmente, en très peu de temps, 16. La raison de la débâcle n’est pas
la politique internationale, mais la parole de Dieu, 16,17.
22.1-25. Jérusalem
22.1-14, l’apostasie. Vallée de la vision ou vallée de Sion ? La LXX,
traduction grecque de l’AT a lu le dernier. La différence est minime en
hébreu (un trait de lettre). Vallée de Sion plutôt que montagne de Sion,
cela indique la chute spirituelle vertigineuse de la ville sainte. Jérusalem
(c’est bien elle, 9,10) parmi les peuples ? Quand le plaisir, 2, remplace la
fidélité, la cité de Dieu devient Sodome et Egypte, Ap 11.8. Cf. aujourd’hui
la gay-pride à Jérusalem. En décrivant la chute de Jérusalem, sans doute
par les Babyloniens en -586, Esaïe parle comme Jérémie, 4. Le peuple de
Dieu oublie son Dieu et son histoire, 11,12. Au lieu de pleurer, elle se
divertit, 13, cf. 1Cor 15.32. Le résultat est l’impossibilité du pardon, 14.
22.15-25, destins croisés. Chebna et Eliakim, cf. 2R 18.18 (=Es
36.3),26,37. Rien dans le texte des Rois ne permet de discerner entre les
deux. Mais la Parole de Dieu va au fond des cœurs, Héb 4.12,13. On peut
paraître pieux, mais qu’en est-il réellement ? 22 : cf. Ap 3.7. 23-25 :
même un juste ne peut pas devenir une source de confiance (cf. les
saints !), cf. Ez 14.19,20.
23.1-18. Tyr
23.1-14, la chute de Tyr. Tyr et Sidon étaient les villes-états dans l’actuel
Liban, maîtresses de la mer Méditerranéenne, fondateurs d’un empire
commercial. Cf. Ez 26-29 où Tyr est l’équivalent de Babylone. Esaïe
l’appelle “le marché des nations”, 3. Le culte de Baal avait son origine chez
eux. La patrie de Jézabel et de la veuve de Sarepta. Son orgueil : 8,9. Les
Assyriens causent sa ruine, 13, mais il faudra attendre Alexandre le Grand
pour enfin la détruire définitivement.
23.15-18, en ce jour-là. A quoi fait référence ce texte ? A une période
de 70 ans qui conduit à la fin de l’empire assyrien ? Ou à la même période
que la captivité de Juda jusqu’au retour sous Cyrus, cf. Esd 3.7 ? La suite,
17, semble assez bien s’accorder avec cette deuxième période. Mais que
faire du verset 18 ? La référence à Esdras ne semble guère convenir. En
général, le prophète utilise les mots en ce jour-là pour parler de la fin
ultime, du temps messianique. Cela semble mieux s’accorder avec ce
verset. Y a-t-il double accomplissement, où 18 fait référence aux temps
messianiques ? C’est peut-être la seule interprétation qui fait droit à ce
verset.

Le Jour de l’Eternel, 24-27


L’apocalypse d’Esaïe. Quatre parties évidentes : la description de la fin,
24; le psaume de Sion, 25; un cantique pour enseigner, 26; perspectives,
27. Ces chapitres regardent vers l’aboutissement du conflit entre Babylone
et Sion (cf. le thème de la ville, 24.10; 25.2,3; 26.5; 27.10 et le thème de
la montagne de Sion, 24.23; 25.6-8; 26.1,15; 27.2,6,13).
24.1-23. La fin du monde
24.1-4, l’étendue du désastre. Un rappel de Gen 6-11, déluge, alliance,
ville rebelle ? Les jugements des nations des chapitres 14-23 trouvent ici
leur conclusion logique. Tous les jugements passés ne sont qu’un avant-
goût de ce qui arrivera. Toute la société est atteinte, toute la nature est
dévastée. Le monde épuisé, détruit à petit feu par ses habitants rebelles
à Dieu, finit par sombrer par la parole de Dieu, 3. Il n’y a donc pas une
extinction lente, mais un jugement prononcé et exécuté par le Maître de
l’Histoire. C’est donc bien l’Eternel qui dévaste la terre.
24.5,6, la cause du désastre. On change les lois, cf. Dan 7.25. Peu à peu,
on détricote ce que Dieu a ordonné, cf. en notre temps les lois sur
l’avortement, sur l’euthanasie et sur le mariage homosexuel. L’alliance
éternelle : l’expression se retrouve en Gen 9.16 (respect de la création);
Ps 105.10,11 (la place d’Israël et de son pays); Lév 24.8 (respect du
sabbat) et 2Sam 23.5 (la maison de David). Chacune de ces choses est
piétinée par l’humanité. D’où le double “c’est pourquoi” de 6. La culpabilité
n’est pas limitée à quelques-uns, mais partagée par toute l’humanité.
24.7-13, la ville ruinée. La ville est sans doute le symbole de la rébellion,
comme en Gen 11. Mais on doit aussi y voir une référence à la ville de la
fin, opposée à Dieu et à l’Agneau, Ap 16.19. Le bruit de ses amusements,
quelle description juste ! Elle devient déserte, tohu en hébreu, comme en
Gen 1.2. C’est la ville où tout est toléré et où aucune valeur n’est
respectée. La ville de la fin sera ainsi l’accomplissement final de Rom 1.24-
31. La vendange, cf. Ap 14.14-20. Le mot pays au 13 peut être traduit par
terre.
24.14-16a, la joie des rachetés. Ceux-ci sont sans doute “le reste”,
encore éparpillé, cf. 27.12,13. Un cri de joie de l’Ouest en Est (de la mer
= la mer méditerranéenne = ouest; des lumières = peut-être l’aurore,
l’est) en l’honneur du Dieu d’Israël. Une louange clairement identifiée :
honneur au Juste, qui rend justice en cette heure qui est la dernière.
24.16b-20, la terreur à venir. Mais en même temps, Esaïe sent la terreur,
cf. 6.5. Sauf s’il faut lire avec LXX (vv 15b-16) : “O Seigneur, Dieu d’Israël,
des extrémités de la terre nous avons entendu des choses merveilleuses,
et il y a une espérance pour les hommes pieux, mais ils diront : Malheur à
ceux qui méprisent et qui méprisent la loi.” Mais l’idée de l’ensemble est
la terreur qui tombe sur la terre sans qu’elle puisse se relever, donc sans
qu’il y ait l’espoir que demain sera meilleur.
24.21-23, la victoire à Sion. Après la catastrophe le jugement. Un
jugement qui comprend autant l’armée d’en haut (cf. Ap 12.4a, 7-9, qui
semblent décrire la même réalité) et les rois de la terre (cf. Dan 7.12).
Leur emprisonnement peut se référer à Ap 20.1-3 et le jugement dernier
qui n’intervient qu’après le Millénium, Ap 20.11-15. Alors aura lieu la
création d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre, Ap 21.1 et la nouvelle
Jérusalem descendra sur terre. Mais il est aussi possible de comprendre le
jugement des nations auquel Jésus fait référence en Mt 25.31 et qui
semble se situer avant le Millénium, cf. aussi le mystérieux délai en Dan
12.11,12. La mention de la montagne de Sion peut aller en ce sens et faire
référence non pas à la nouvelle Jérusalem, mais à l’état futur de la
Jérusalem terrestre.
25.1-12. Le psaume de Sion
La réaction du croyant devant la destruction du méchant est de chanter sa
reconnaissance. Dieu a eu le dernier mot, comme il l’avait annoncé.
25.1-5, trois raisons pour louer Dieu à la fin des temps. Pourquoi louer
Dieu quand le monde vient de s’écrouler ? Trois fois le mot car. 1° Dieu
est totalement fiable. Il tient parole. Cette parole a soutenu les siens dans
l’adversité. Ils ont cru la promesse. Maintenant, ils voient. 2° La ville
contre Dieu est en ruines. Elle avait défié Dieu en construisant avec
arrogance une société sans Dieu. Maintenant, elle est définitivement à
terre. Tous les autres jugements avaient été suivis d’une reconstruction.
Maintenant elle ne sera plus jamais rebâtie. Le peuple faible d’alors est
maintenant un peuple puissant. (= l’interprétation juive; d’autres y voient
les peuples païens soumis par l’Antichrist ou les peuples devenus
chrétiens) La ville autrefois puissante est dans la crainte. 3° Dieu est un
abri sûr. Ils ont souffert dans la tempête, ils étaient exposés aux éléments.
Maintenant Dieu les abrite et étouffe le tumulte des tyrans.
25.6-8, le banquet messianique. Cette montagne (6,7,10) = le mont
Sion. Notez qu’il y a ici en même temps un accomplissement par la venue
du Messie et un accomplissement définitif lors du retour du Messie. Sur le
mont Golgotha, le voile est enlevé et la mort anéantie (O mort, où est ton
aiguillon ! 1Cor 15.54,55), mais le jour vient où la foi se changera en vue.
Nous en voyons l’accomplissement en Ap 7.9-17; 14.1-5; 20.4 et 21.1-4.
25.9-12, la victoire complète et irréversible. L’espérance est devenue
réalité, le salut est arrivé (cf. 1P 1.5, le salut comme héritage à venir). La
joie n’est pas dans la destruction des ennemis, mais dans le salut. Moab
est ici l’image de l’ennemi, qui essaie par ses propres mains de s’en sortir.
Mais tout termine en poussière.
26.1-21. Un cantique pour enseigner
Pas ici un psaume pour le futur, mais un cantique pour aujourd’hui. On le
chantera en ce jour à venir, mais son enseignement est pour maintenant.
Cf. le cantique en Dt 32.
26.1-6, le rocher de la foi. Le salut comme une ville forte, dans laquelle
on entre par la foi. Le fondement, le rocher de cette foi est Dieu lui-même.
Il assure la paix à ceux qui ne doutent pas (3 !). Cela peut sembler
contraire à la réalité d’aujourd’hui, en vue de la ville sans Dieu. Mais celle-
ci est damnée et ne dure qu’un temps.
26.7-11, un Dieu de justice. Le croyant se met à vivre comme Dieu le
désire, et Dieu aplanit son sentier. Le désir du croyant, c’est Dieu, 8,9. Il
sait que ses jugements sont sa pédagogie, la seule qui peut encore toucher
les cœurs quand la foi est absente. Le méchant ne peut pas apprendre
autrement. La foi nous ouvre à Dieu et nous fait entrer dans le chemin de
la grâce. L’incroyance butera toujours contre la justice et le jugement.
26.12-14, vivre en paix. Le résultat de la foi et d’une vie selon Dieu est
la paix. Pas notre stress, mais Dieu qui agit en nous, cf. Phil 2.13. Le v14 :
qui sont les morts ? Les ennemis (ils sont morts parce que tu es intervenu)
ou les gens du peuple (nos morts sont morts. C’est pourquoi tu es
intervenu et tu as exterminé nos oppresseurs = les autres seigneurs de
13) ? Vu 19, la 2e solution est préférable.
26.15-19, l’insuffisance du peuple. Dieu a pourvu, béni, mais le peuple
a été incapable de suivre. Au lieu de marcher par la foi et d’en produire
les fruits, il a été stérile. La renaissance spirituelle à laquelle Dieu
s’attendait n’a pas eu lieu. Le peuple a été loin de la face de Dieu, puni.
Alors, le prophète en vient à ce cri du 19, en appelant de ses vœux une
résurrection des morts de son peuple (pas une résurrection nationale, mais
physique). Dieu ressuscitera les morts et sa rosée les vivifiera. L’ordre du
prophète, 19b, se compare à l’ordre d’Ezéchiel 37.
26.20,21, sécurité et colère. Le peuple de Dieu se cache et Dieu se
révèle. Eux entrent, lui sort. Cf. la fuite conseillée par Jésus à ceux qui
vivent en ce temps. Cf. la protection que Dieu accorde à Israël en Ap
12.13-16 pendant que les coupes de la colère sont déversées sur la terre,
Ap 16. La terre ne cachera plus le sang des crimes.
27.1-13. Perspectives
Cf. les quatre En ce jour (1,2,12,13). Trois leçons en rapport avec les
temps à venir.
27.1, Dieu et Léviathan. Le temps du jugement du serpent (même mot
qu’en Gen 3.1) viendra. Léviathan, le monstre immense, a ici un sens
distinct, devenant quasiment un synonyme pour le diable, cf. Ap 12.9.
L’accomplissement en Ap 20.1-3 ? Ou plutôt en Ap 20.10 ?
27.2-11, Dieu et Israël. Cf. Es 5. La vigne = Israël. Mais qu’elle produise
ronces et épines et Israël verra Dieu se dresser contre lui, à moins que …,
5. Mais son projet est qu’il remplisse le monde de ses fruits. Quand ? Quels
fruits ? Spirituels avec référence à la Pentecôte ? Matériels ? C’est ce qui
se passe aujourd’hui, mais la référence est sans doute dans ce cas au
Millénium. Dieu a été juste avec Israël, mais pas dur comme ses ennemis.
Avec mesure, mais sans connivence. L’exil a été terrible, mais pas sans
espoir. La faute sera expiée, pardonnée et le résultat sera un abandon de
l’idolâtrie. Le car du 10 semble indiquer le temps : quand la ville ennemie,
on doit penser à la Babylone finale, est détruite et délaissée, alors la pleine
conséquence du pardon deviendra visible. Contrairement à Israël,
Babylone n’aura droit ni à la compassion, ni à la grâce. Est-ce la raison
que le peuple qui en son sein appartient à Dieu est appelé avec autant
d’insistance à sortir ? Ap 18.4.
27.12,13, Dieu et l’avenir. Dieu ramènera son peuple depuis l’Euphrate
jusqu’en Egypte, cf. 19.22, image probablement de la dispersion dans le
monde entier. Au temps d’Esaïe, c’étaient les limites de l’exil. Le retour du
peuple n’est pas seulement vers sa terre, mais vers son Dieu. Sur la
montagne sainte de Sion, là où toute adoration vraie est interdite et
impossible depuis presque 2000 ans. On sonnera le chofar : à ne pas
confondre avec la trompette qui marque l’enlèvement ! Ici, ce ne sont pas
les Chrétiens qui sont rassemblés, mais les fils d’Israël. Le terme de
l’Apocalypse d’Esaïe n’est pas l’éternité, mais le règne messianique à
Jérusalem.

Les six malheurs, 28-33


Cf. le mot malheur en 28.1; 29.1,15; 30.1; 31.1; 33.1.
28. Dieu reste fidèle à sa parole – le 1er malheur
28.1-6, Samarie entre jugement et espérance. L’orgueil est annonce de la
chute. La couronne, 1,4, sera foulée aux pieds. Deux images : l’averse de
grêle décrit la destruction qui vient, la figue hâtive image de la disparition
totale. Donc pas d’espoir ? La surprise en 5,6. La couronne sur la tête de
son vrai propriétaire annonce un revirement pour le reste. Ephraïm, si
totalement disparu, refleurira.
28.7-22, Jérusalem entre la parole des hommes et la parole de Dieu. Eux
aussi, 7, = probablement Jérusalem. Leurs problèmes : vie dissolue, 7,8,
refus d’écouter, 9-12, moquerie, 14-22. L’étendue du problème : même le
sacrificateur et le prophète atteints. On se moque d’Esaïe, 9. Le jugement
sera que la parole de Dieu devient incompréhensible. Les langues
étrangères vont transmettre la parole de Dieu plutôt que l’Hébreu. Cf. 1Cor
14.21 pour un des accomplissements. Le refus de la parole de Dieu
entraîne une conséquence terrible, 15 : la chute du peuple de Dieu. Dieu
parlera et cela, nul ne peut l’empêcher. La moquerie réveille la colère de
Dieu. Ils croient rester indemne, leur alliance avec la mort !, mais la pierre
d’angle, le Messie qui vient, montrera la folie de leur prétention. Le seul
salut est de s’appuyer sur lui. Cf. l’usage de Jésus de ce texte en Mt 21.41-
44 et cf. 1P 2.6,7 ! Derrière les fléaux humains et naturels Dieu se lève
contre les siens. Son travail étrange : le jugement. Car son œuvre normale
est la compassion et la grâce – son œuvre en faveur de David rappelée ici.
“Le pécheur est l’architecte de sa propre condamnation … l’unique façon
de fuir Dieu est de fuir vers lui.”
28.23-29, la façon de Dieu. La herse est devenue inévitable. Mais
Jérusalem est battue et non broyée. Il y aura encore une récolte.
29.1-14. Ce que ne peuvent voir les aveugles – le 2e malheur
Ariel : Lion de Dieu ou autel. Le jeu de mots ressort en 2. = Jérusalem, 1.
29.1-4, Jérusalem entre les mains d’un Dieu juste. Jérusalem est l’autel de
Dieu. Elle a été appelée à vivre dans la présence d’un feu dévorant. Elle
trouvera ce Dieu contre elle, notez les ‘Je’ en 2,3. Les ennemis sont
instruments de Dieu, cf. 36.10.
29.5-8, la délivrance inattendue. Pourtant, leur orgueil les perdra, cf.
36.18-20. Est-ce que tout cela se réfère aux seuls événements de 36-38 ?
Ou y a-t-il une référence à la fin lorsque la multitude des nations (8)
combattra la montagne de Sion ? Mais le Dieu qui nous combat (3) est
aussi le Dieu qui nous visite et nous délivre (6).
29.9-14, la cécité coupable. Un esprit d’assoupissement (Rom 11.8 !). Ce
qu’annonce Esaïe est incompréhensible. Pourquoi ? 13, le cœur est
malade, cf. Mt 15.8 où Jésus cite ce verset. Dieu continuera donc son
œuvre étrange (28.21).
29.15-24. La surprise messianique – le 3e malheur
29.15,16, les insensés. Ps 14 décrit bien l’attitude de ceux visés par cette
prophétie. Dès qu’on y réfléchit, leur attitude traduit leur stupidité.
L’orgueil du pot devant le potier ne tient pas la route. Comme si l’homme
pouvait gagner contre son Créateur !
29.17-21, un bref instant. Ici, c’est Dieu qui compte et son calendrier n’est
pas le nôtre, 2P 3.8. Ni désespérer, ni devenir prétentieux : nous ne
connaissons rien à l’heure de Dieu. Mais il surprendra le monde par l’envoi
du Messie. Ce sera le grand renversement : les injustes périront et les
humbles se réjouiront. L’Evangile agira, 18, et touchera les sourds et les
aveugles. C’est la première étape. La deuxième, encore future, est le
redressement de tous les torts.
29.22-24, l’effet sur les siens. La honte sera enlevée et une nouvelle
connaissance de Dieu remplira le peuple. Lui qui a racheté Abraham, 22,
où ?, quand ? Le passé indique la certitude, même si ce rachat ne sera
effectué que 700 ans plus tard à la croix.
30. Projets humains et promesses divines – le 4e malheur
30.1-7, la folie des solutions humaines. Au temps d’Esaïe, la solution
humaine était de faire alliance avec l’Egypte contre l’Assyrie. On est parti,
l’initiative venait sans doute d’Ezéchias, sans me consulter, 1,2. Tout est
fait comme si Dieu est mort. Dieu souligne la vanité de ce projet. Ils
gaspillent leurs ressources, 6, en vain, 7, litt : Car l’Egypte aidera en vain
et inutilement; c’est pourquoi je l’ai nommée, Arrogance qui ne fait rien.
(Darby)
30.8-17, la réponse aux rebelles. La rébellion commence avec le refus
d’écouter, le désir d’entendre ce qu’ils veulent et termine avec le rejet
total. En fait, ils refusent que Dieu puisse se mêler de leurs affaires. Le
résultat est leur propre destruction. Leur espoir est dans le retour à Dieu,
mais c’est exactement ce qu’on refuse ! Ils seront donc anéantis. Lév 26.8
à l’envers. Il ne restera presque rien.
30.18-26, un jour de grâce pour Sion. Pourtant, l’infidélité des hommes ne
peut entamer la fidélité de Dieu. Il fera grâce aux quelques-uns qui lui
restent fidèles et redressera Jérusalem. La parole ne sera plus au loin,
mais tout près, et la direction à suivre sera évidente. Du pain dans la
détresse, 20, pas encore du pain à la place de la détresse, cela viendra
aussi, quand une nouvelle abondance rassasiera son peuple, 23-26. Dieu
guérira son peuple.
30.27-33, un jour de terreur. Mais le jour de grâce sera aussi un jour de
colère. Les chants et la joie, 29, sont possibles à cause du jugement. Cette
colère frappera l’Assyrien orgueilleux, Esaïe l’avait déjà dit, 10.16ss;
14.25, autant que l’ensemble des nations, 28.
31-32.20. Hors de Dieu pas d’espoir – le 5e malheur
31.1-3, la vanité des solutions humaines. Cette section ressemble à 30.1-
7. L’accent ici tombe sur le mauvais calcul : on prend l’Egypte pour dieu
et on oublie la capacité de Dieu d’anéantir tout espoir de secours. Compter
sur les solutions humaines n’est pas seulement fou, c’est totalement vain.
31.4-9, la fiabilité du Dieu d’Israël. La certitude de l’intervention de Dieu,
pour juger comme pour sauver, pour intervenir en faveur de Sion. Il est
donc urgent de revenir à lui en rejetant les dieux de remplacement qu’on
s’était choisis. Car le repentir se montre toujours dans des actes précis.
Quant à l’ennemi, il découvrira où la fidélité de Dieu est concentrée ici-
bas.
32.1-20, le jour et la nuit. Alors. Le temps messianique à venir. Le roi est
le Messie. Une société transformée, 3,4, qui contraste avec ce qui se passe
aujourd’hui, 5-7. Une nouvelle noblesse, presqu’absente jusque là, sera
en évidence dans le royaume à venir.
Puisque le temps est à la tempête (Esaïe revient au moment présent, et
que des jours difficiles sont devant, il est temps de trembler et de se revêtir
de deuil. La cité qui s’amuse, 13, sera abandonnée.
Mais il y a un jusqu’à, 15. Le royaume à venir sera caractérisé par une vie
spirituelle nouvelle. Le résultat (alors, 16) : justice et paix. Mon peuple,
18, celui que Dieu n’avait jamais abandonné, même si pour un temps, il
s’est caché pour lui. La ville abaissée tient de nouveau pour toute société
ennemie de Dieu. L’accomplissement : spirituel dans l’Eglise ? Ou littéral
dans le règne à venir ? 32.15 = Jl 3.1-5, cité par Pierre en Act 2, mais qui
regarde en même temps vers le jour où le Messie règnera à Jérusalem.
L’accomplissement spirituel dans l’Eglise n’épuise pas la prophétie. Il est
un avant-goût du temps qui vient lors de l’accomplissement définitif. Cf.
la nouvelle alliance de Jér 31.31 et son accomplissement final en Ez 36.24-
28, cf. 37.26. Jésus est le Médiateur de cette alliance nouvelle dans son
double accomplissement. Le premier accomplissement produit des
hommes transformés. L’accomplissement final, ajoute à cela le
renouvellement de la nature, et de la société.
33. Tes yeux verront – le 6e malheur
33.1-12, Quand l’Eternel se lève (3,10). De la réalité de l’invasion
assyrienne et de la délivrance annoncée, Esaïe regarde vers les temps de
la fin. Dans les deux cas, Dieu se lèvera et il aura le dernier mot. Dans les
deux cas, c’est à la dernière minute que Dieu semble agir, quand tout
semble perdu, 7-9. Mais le secret pour tenir ferme est le même, 5,6 : la
nature de Dieu et une vie en sa présence. Maintenant, 10. Malheur à ceux
qui oublient que ce maintenant viendra.
33.13-16, qui peut habiter dans la présence de Dieu ? Demeurer auprès
d’un feu dévorant ? Qui le peut ? La réponse au 15, cf. Ps 15 et 24.3-5.
Une réponse impossible ? Ou l’action normale pour qui connaît Dieu ?
33.17-24, la délivrance de Sion. L’oppresseur sera vaincu, assyrien
présent, 19, ou futur. Nous verrons le roi et Jérusalem, dans cet ordre. La
clé du futur, 22-24 : l’Eternel comme juge, législateur, roi et sauveur.
Quand cela est en place, qu’est-ce qui peut encore aller de travers ? Alors
l’abondance et la santé seront à Jérusalem, car tout ce qui freine la
bénédiction sera relâché. La vraie raison est ici : le peuple de Jérusalem
reçoit le pardon de sa faute, cf. Rom 11.26,27. Tout cela est glorieusement
vrai en Christ pour nous dès aujourd’hui. Et ce sera vrai pour Israël quand
le Messie reviendra.

Jugement et salut, 34,35


Une autre “apocalypse” d’Esaïe, cf. 24-27. Destins croisés entre Edom et
Sion.
34.1-8, l’annonce du jugement. Notez les quatre “car” qui rythment ces
versets (2,5,6,8). Le Dieu d’Israël est le Dieu de toute la terre et c’est elle
qui est conviée : toutes ses nations sont l’objet de sa colère et même le
ciel inamovible est impliqué dans le drame qui arrive (cf. Ap 6.12-14 et Mt
24.29). D’où vient cette colère qui gronde ? Rom 1.18. Edom voué à
l’interdit, sans doute à cause de sa haine perpétuelle, Am 1.11, cf. Abd
10-15 ! Son opposition sans relâche à Israël (8) fait de lui le type même
des nations sous la colère de Dieu. Edom est le sud de la Jordanie actuelle,
et par extension possible, la péninsule arabe. Mais Edom n’est pas seule,
2. La haine de Sion conduit inéluctablement à la désolation décrite dans
ce chapitre. Notez l’usage du mot “jour” ici comme une période.
34.9-15, l’effet du jugement. “La menace principale contre
l’environnement est le péché de l’homme.” Goudron, cf. les puits de
pétrole juste au sud d’Edom. Le jugement contre Edom a eu lieu dans
l’histoire, comme une leçon d’objet, et la situation actuelle d’Edom est celle
décrite ici. L’éternité de son jugement veut probablement dire : tant que
dure la dispensation actuelle, avant le renouvellement de toute chose.
Jusque là, l’effet du jugement sur la terre est un retour au Tohu-bohu des
origines, 11.
34.16,17, la certitude du jugement. Les quatre fondements de cette
certitude sont : le livre de l’Eternel, sa bouche, son Esprit et sa main. Pas
d’échappatoire, pas de sens symbolique, pas de retournement futur.
35, la seule alternative au jugement. Une nouvelle Exode aura lieu. Il n’est
pas spécifié qui sont les pèlerins de ce temps encore futur, mais il est clair
qu’ils voyagent vers Sion, 10. Ils sont Juifs et avec eux, tous ceux qui
cherchent leur refuge dans le Dieu de Sion. Le désert fleurira (celui du ch
34, résultat du jugement ?) et ils verront ce qui n’a plus été vu depuis le
temple de Salomon, et ce qui s’est vu furtivement dans le deuxième
temple (Ag 2.7-9) lorsque Dieu visite son peuple en lui envoyant le
Messie : la gloire de l’Eternel, la Shekina. Alors, en attendant, qu’ils se
fortifient, cf. Héb 12.12, car il viendra pour sauver les siens. Alors, 5,6. Ils
ont été dans le monde comme sourds et muets, délaissés et méprisés.
Mais le grand renversement viendra. Un nouveau chemin sera tracé. Pas
seulement céleste, Héb 10.19,20, mais ici-bas, une voie sainte sur laquelle
marcheront les affranchis de l’Eternel. Même les insensés ne pourront s’y
égarer, car ce n’est pas dépendant des capacités humaines mais de la foi
et de la grâce.
Ainsi, il y a deux mouvements. L’un s’éloigne de Sion, l’autre s’en
approche. Le premier se perdra définitivement comme Edom s’est perdu.
L’autre se reconnaît dans le Sionisme de Dieu et sera éternellement
trouvé. L’un se limite à son propre chemin et s’égare, l’autre suit le chemin
ouvert par le Messie, Mal 3.1, et rentre chez lui (ils reviendront).

Devant l’orgueil : désespoir et délivrance, 36-39


Pour ces chapitres, cf. 2Rois 18,19 et 2Chroniques 32.
Deux rois se font face. Le grand roi assyrien et le petit roi juif. L’homme
le plus puissant du monde et le fils de David si insignifiant. Ces chapitres
sont l’accomplissement historique promis dans les prophéties précédentes,
cf. 9.1-6; 10.16-21; 14.25; 30.31-33; 33.19,20. Ils sont ainsi un
encouragement à prendre au sérieux la parole prophétique et à ne pas
s’alarmer devant la puissance des anti-Dieu. Ils montrent comment
l’Histoire est un accomplissement de la prophétie biblique. L’eschatologie
forme le trame de l’Histoire. C’est aussi un avertissement. 28.9-11 avait
été un défi lancé à Dieu et la réponse de Dieu sous forme d’annonce
prophétique. Devant les murs de Jérusalem se déroule l’accomplissement.
Structure : 37.36-38 forment le centre du récit, avec un message clair :
Dieu est le seul véritable Maître de l’Histoire. Le début rappelle l’épreuve
du passé, au temps de Sennachérib. Le dernier passage annonce l’épreuve
finale du futur quand Babylone se dressera contre le Dieu du ciel.
36.1-37.13, le roi du monde contre le Dieu du ciel.
Plus de détail en 2R 18.13-16. La ville est encerclée et il n’y a pas de
solution, humainement parlant. Tous les amis possibles avaient été soumis
par la force. Ezéchias (et Jérusalem) était seul. L’aqueduc, cf. 7.3 et la
rencontre entre Esaïe et Ahaz l’incrédule. Ezéchias en subit ici la
conséquence lointaine.
36.1-12, le défi assyrien. Le but du commandant assyrien : gagner sans
siège interminable et coûteux, en sapant la confiance des défenseurs. C’est
de la guerre psychologique. Quatre points : (1) Le secours d’Egypte est
trompeur, 4-6 (= la conviction d’Esaïe tout le long). (2) Dieu n’aidera pas,
7 (car Ezéchias s’est opposé à lui (Dieu et les idoles = identique pour
l’Assyrien, les dieux étaient liés à la géographie. Un effort de jouer sur des
divisions à l’intérieur du peuple devant cette politique d’Ezéchias ?). (3)
Ezéchias est sans moyens, 8,9. (4) L’Eternel est du côté des Assyriens, 10
(fruit d’espionnage, 10.5,6 ? Ou une intervention du Seigneur pour punir
son peuple ?).
L’orgueil de l’Assyrien le pousse à aller un pas plus loin. Il parle en
Hébreu : d’où lui est venue cette connaissance ? Ou parle-t-il par
interprète ?
36.13-22, le discours au peuple. Il se limite à deux choses : L’offre d’une
solution paisible, 13-17 (puisqu’il n’y a pas d’issue – et la cruauté des
Assyriens était bien connue – pourquoi ne pas accepter une offre moins
affreuse que la famine et la mort ? L’horreur de la déportation est dépeinte
avec beaucoup de psychologie !). L’absence de toute réaction (21) lui fait
peut-être aller plus loin : Dieu est incapable de sauver Jérusalem, 18-20
(pour l’Assyrien, cette conclusion s’impose, mais elle contredit en fait ce
qu’il vient de dire, 10 ! Son erreur est fatale : il provoque le Dieu d’Israël,
cf. 1R 20.28.
37.1-4, la réaction d’Ezéchias. Un retour à Dieu après 30.1,2 et 2R 18.14-
16 ? Notez le distant : ton Dieu, 4. Mais le roi comprend l’essentiel :
l’honneur de Dieu est en cause. “Le reste qui subsiste” est une citation
d’Esaïe (cf. 1.9; 10.22).
37.5-7, la réponse par Esaïe. La raison du jugement est clairement
indiquée. Dieu est le vrai souverain.
37.8-13, le dernier mot du roi du monde. La lettre de Sennachérib ne fait
que confirmer la vantardise du Rabchaqé. Cette lettre une réponse, donc
une référence à ce qu’Ezéchias avait dit ? Dans ce cas, 37.10 indique la foi
qu’Ezéchias avait enfin placée dans le message d’Esaïe. Le défi du roi
atteint le résultat opposé. Ezéchias ne doute plus : Dieu a parlé et Dieu
agira.
37.14-35, le Dieu du ciel contre le roi du monde.
Que faire avec des courriers difficiles ? Maintenant que les priorités sont
claires, Ezéchias sait quoi faire. Il va à Dieu directement. Qu’a-t-il répondu
au roi ? Rien ! 28.16 est traduit en actes : pas de panique, Dieu règne.
37.14-20, la prière d’Ezéchias. Quelle différence avec 37.4 ! Ezéchias
montre qu’il connaît sa théologie. Le Dieu d’Israël est totalement différent,
il est le Dieu suprême, 16. Il est le Dieu vivant, 17. Il est le Dieu souverain,
20. Les faux dieux ne sont rien, cf. 44.16-18.
37.21-35, le Dieu du ciel parle. Prière et réponse se suivent, 15,21.
Le réquisitoire (22-26a) : L’orgueil et l’ignorance du roi du monde sont
décrits. Notez le “je, je, je”, 5 fois, cf. 14.13,14. Il est l’image même de la
bête finale et du diable originel. Mais sa perte planifiée depuis longtemps.
Il n’y a pas de panique au ciel. Formées : comme le potier. Cf. 45.7 et
48.1-22 pour la théologie derrière ce verset.
Le jugement (26b-32) : Ce qui va arriver et quand cela arrivera. La science
de Dieu est complète. Cela peut nous remplir de paix et d’adoration, Ps
139.1-3, ou de rage et de crainte, comme ici, 28. Jérusalem et non Ninive
triomphera à la fin. Cette leçon n’a toujours pas été apprise aujourd’hui !
32, cf. 9.6.
La conclusion (33-35) : Jérusalem est en sécurité. Le roi du monde est
cerné par le roi du ciel et devra reconnaître sa défaite totale. Il aura peut-
être difficile d’en comprendre la raison. David, c’est si loin ! Il est tellement
imbu de lui-même qu’il lui était sans doute difficile d’accepter que le petit
roi-berger d’Israël est un roi plus grand que lui. Le même héritage
davidique joue encore dans la politique de notre monde moderne, et
malheur à ceux qui l’ignorent.
37.36-38, la fin inévitable.
Il arrive à Sennachérib ce qui doit arriver à tous ceux qui mettent Dieu au
défi, cf. le pharaon d’Egypte. Il fut assassiné 20 ans plus tard.
Il n’est pas impossible qu’il faut mettre ensemble 37.36 et 38.8, cf. 38.6.
Manifestement, quelque chose de gigantesque s’est passée. Cf. la note
supplémentaire.
Note supplémentaire. Qu’est-ce qui a causé le soleil de reculer au temps
d’Ezéchias ? Qu’est-ce qui a causé la mort subite de 185.000 Assyriens à
la frontière d’Egypte ? D’où vient que, soudainement, le dieu Mars-Ares-
Nergal se trouve à l’avant-plan de toutes les mythologies, et partout
comme le dieu de la guerre et de la violence ?3
• C’est l’époque de la fondation de Rome, vers 700 avant Christ. Sur son
fondateur, Romulus, Ovide écrit : “Les deux pôles furent secoués, et
Atlas déplaça le fardeau du ciel … Le soleil disparut et des nuages
s’élevèrent et obscurcirent le soleil … le ciel fut transpercé de flammes
filantes. Le peuple s’enfuit et le roi (Romulus) monta vers les étoiles
sur les chevaux de son père (Mars).”
• Pour les rois assyriens et babyloniens, Nergal-Mars était le dieu de la
défaite et une planète imprévisible. Il était l’étoile de feu qui vient

3Les citations de cette section sont tirées d’Immanuel Velikovsky, Mondes en collision, 1950,
Stock, accessible sur internet : http://archive.org/details/MondesEnCollision-
ImmanuelVelikovksy_671, deuxième partie : Mars. L’auteur fut un psychiatre juif.
comme une tempête enragée, la lumière qui fait flamber les cieux et le
seigneur de la destruction. “Nergal, là-haut, cause la terre à
frissonner.”
• La terreur ressentie partout pour Vénus jusque là disparaît et l’étoile
du matin est née.
• En Chine, lors du règne de l’empereur Kwei, on écrit : “Les cinq planètes
quittèrent leurs orbites. Pendant la nuit, des étoiles tombèrent comme
la pluie. La terre était secouée.” “En ce temps, on voyait deux soleils
se battre dans le ciel. Les cinq planètes étaient agitées par des
mouvements inhabituels. Une partie du mont T’aichan tomba.”
Pline : “La plupart des hommes ne sont pas familiers avec une vérité
connue aux fondateurs de la science par leur étude ardue des cieux”, c’est
que les coups de foudre “sont les feux des trois planètes supérieures.” Il
les différenciait de la foudre causée par les nuages. Il parle d’un éclair
venant de Mars qui tomba sur la ville de Bolséna en Toscane et par lequel
toute la ville fut détruite. Un cratère de 117 km 2 s’y trouve aujourd’hui,
remplie d’eau.
Cf. aussi le besoin de refaire le calendrier, dont subsiste la trace dans le
nom des quatre derniers mois de l’année : septembre à décembre = 7e au
10e mois.
38.1-8, le Dieu du ciel dans sa grandeur.
En ce temps-là. Le temps de la destruction de l’armée assyrienne. Aucune
explication n’est donnée du pourquoi de cette maladie, comme pour la
plupart des gens. Esaïe note le détail de la prière. Le roi et le prophète en
ont certainement parlé par après. Une prière toute simple, sans fioritures.
Il y avait peut-être un problème supplémentaire de succession. Toujours
est-il que Manassé naîtra trois ans plus tard, 2R 21.1. Ce genre de prière,
est-elle toujours exaucée ? Non, bien sûr. Ezéchias négocie (tout ce que
j’ai fait), mais Dieu ne répond pas à cela. “J’ai entendu, … j’ai vu, …
j’ajoute.” Pourquoi ? cf. 2R 20.6.
Les quinze ans de supplément : une bénédiction ? A première vue, oui,
mais avec le recul ? Cf. 2Chr 32.25 et le caractère de son successeur.
2R 20.6-11 donne plus de détail (cf. Es 38.21,22). Une promesse, un
traitement et un signe. Les degrés d’Ahaz étaient probablement construits
comme un genre de cadran solaire. Cf. l’invitation à Ahaz en 7.11 : son
incrédulité contraste avec la foi de son fils. Si l’ombre a réellement reculé,
il y a deux possibilités : soit quelque chose a changé la rotation de la terre,
soit il y a eu une illusion optique dans la réfraction de la lumière. Cf. la
note supplémentaire précédente.
38.9-22, le psaume d’Ezéchias.
38.9-14, l’amertume de la mort. Elle vient toujours trop tôt, elle nous
prive, nous vole. On doit tout laisser, tout est brisé. Pas de repos pour ce
roi en recherche d’un garant (même mot hébreu que le Grec en Eph 1.14).
Je tisse ma vie, mais Dieu l’enlève du métier quand il juge que c’est le
moment. Ezéchias est conscient que pour lui, la maladie avait une cause :
son péché, cf. 17. Il fuit vers Dieu parce que c’est la seule fuite qui donne
de l’espérance.
38.15-20, la réponse de Dieu et ses leçons. La réponse de Dieu est source
de changement, de remise en ordre. Marcher humblement (litt.
lentement), 15, plus avec la même vigueur ou nonchalance. Conscience
de la bonté de Dieu, 16. Paix et pardon, 17. Louange, 18,19.
Responsabilité, 19. Une vie de culte, 20. Des portes de la mort, 10, à la
Maison de l’Eternel, 20.
38.21,22, foi et médecine. Pas de contradiction entre Ex 15.27 et un bon
usage de la médecine. Le roi est rétabli et tout va bien. Sa vie est
maintenant centrée sur la Maison de l’Eternel. Fin de l’histoire ? Non. Il y
a un dernier chapitre rempli de tristesse et de déception. La maladie et la
souffrance nous poussent vers Dieu. Mais le vrai test est ce qui se passe
après, cf. Eph 6.13.
39, le futur roi du monde et le début de l’acte final.
Tout ce chapitre ne prend que deux versets en 2Chr 32.25,26. A peine le
roi d’Assyrie éclipsé (pour le moment, cf. 2Chr 33.11 !), que le suivant roi
du monde s’annonce, le roi de Babylone. Qu’est-ce qui est plus facile :
résister aux insultes ou aux félicitations ? L’orgueil et l’arrogance prennent
le dessus et la semence d’une récolte amère est semée à Jérusalem.
Toujours à nouveau la même leçon : aux victoires succèdent d’autres
combats, d’autres épreuves. Cf. 2Chr 32.1 et Es 39.1.
L’opposition entre le psaume d’Ezéchias et ses actions par après sont un
avertissement à nous tous :
38.15, humblement, mais 39.4, cf. 2Chr 33.25, orgueil.
38.16, son trésor, mais 39.2, ses trésors.
38.17, paix et pardon, mais 39.6, défaite.
38.19, éducation promise, mais 39.7, éducation compromise
(cf. aussi la vie de Manassé.
38.20, la joie du salut, mais 39.8, l’amertume d’un futur perdu.

Babylone représente aussi le début de l’acte final. Ce qu’Ezéchias a


enclenché, le grand Fils d’Ezéchias viendra le défaire. L’épreuve et la
défaite n’ont pas le dernier mot. Christ a obtenu une victoire que rien ne
voilera plus et il établira un règne sans fin et sans ombre.
Ce sera le message de la deuxième partie du livre, 40-66.
La condamnation de la fin du 39 est équilibrée par la consolation du début
de 40.
ESAIE 40-66 : CONSOLATION ET DELIVRANCE DES
HUMBLES
Le verset clé de cette partie du livre : 57.15 - Car voici ce que dit le Dieu
très élevé qui demeure éternellement, qui s’appelle le Saint : J’habite dans
un lieu qui est très haut et saint, mais je demeure aussi avec l’homme
accablé, à l’esprit abattu, pour ranimer la vie de qui a l’esprit abattu et
vivifier le cœur des hommes accablés.
Les quatre grands axes de ces chapitres : L’immensité incomparable de
Dieu, sa proximité des siens malgré les apparences, sa rédemption en
prenant nos péchés sur lui et son projet éternel, témoignage de sa fidélité.
Dans l’ensemble, le ton de ces chapitres est différent. Certains en ont
conclu que ce n’est donc pas le même auteur. Il s’agirait d’un deuxième
Esaïe. Mais il n’y a aucune raison biblique de conclure cela. Souvent, faire
ainsi provient d’une négation du phénomène prophétique (comment est-il
possible de mentionner le nom de Cyrus 200 ans avant sa naissance ? …).
Mais : le NT refuse un changement d’auteur (Luc 4.17-19; Jn 12.38; Rom
10.16 …) Si changements de style il y a (dus à l’âge ? Cette partie de son
livre date peut-être du temps du règne de Manassé), il y a aussi des
similarités claires (le nom “le Saint d’Israël” 12x en 1-39, 14x en 40-66,
mais seulement 6x ailleurs dans l’AT). L’Eternel est justement celui qui
prédit l’avenir, cf. 41.23; 44.6-8. Aucun manuscrit n’indique une division
du livre.
Rom 11.22 est peut-être une bonne illustration de ce que nous voyons en
Esaïe. 1-39 mettent davantage l’accent sur la sévérité avec des
condamnations tranchées du péché du peuple. 40-66 montrent la bonté et
la tendresse qui caractérisent tout autant l’attitude de Dieu envers son
peuple. Le jugement n’est pas son dernier mot. Il aura compassion,
d’Israël comme de nous. Non pour nous encourager à une vie superficielle
et facile, mais pour fortifier notre décision de vivre pour lui.
Par la main d’un Dieu grand et redoutable, 40-48
Ces chapitres racontent la grandeur inimaginable de Dieu. Mais cela ne fait
pas de lui un Dieu lointain. Par son Serviteur, il devient proche. Nous
pouvons être impressionnés par les grands de ce monde, et avoir peur de
Babylone, mais c’est mal connaître Dieu qui est le Maître absolu de
l’Histoire. Les dieux des hommes mordront la poussière devant le Dieu
d’Israël.
40.1-41.20, Dieu et son peuple.
40.1-11, raisons d’espérer. La grâce du pardon, 1,2. La deuxième partie
d’Esaïe révélera comment un Dieu saint et juste peut pardonner aux
coupables sans être injuste. Le double implique le paiement total. Puisque
tout est payé, la facture est acquittée et pliée en deux. Cela vient de la
main de Dieu. Il a payé. Trois voix deviennent alors audibles : La voix de
celui qui prépare la venue de Dieu, 3-5. Dieu viendra pour délivrer son
peuple. Tout ce qui est maintenant difficile et pénible deviendra facile, car
la gloire de Dieu sera révélée, comme autrefois au tabernacle et au temple.
Mais maintenant visible pour tous, cf. 2.2-4. Ces versets annoncent Jean-
Baptiste, Luc 3.4-6, mais révèlent aussi que son message avait une portée
au-delà de Noël, et annonce le grand retour. La voix de la Parole de Dieu,
6-8. Elle demeure, elle est stable, quand tout le reste flétrit, y compris son
peuple lui-même. La voix de Sion, 9-11. Elle doit devenir messagère de
l’Evangile. Le langage est imagé, car Jérusalem est déjà située sur une
montagne. Le message : l’Eternel vient pour délivrer et conduire les siens.
Cf. 41.27 et 52.7 où le message est annoncé à Jérusalem.
40.12-31, qui est Dieu ? Les épreuves nous poussent souvent à avoir une
idée bien trop petite de Dieu, cf. Ps 78.19 ! Voici un texte pour mettre nos
montres à l’heure. A qui comparer Dieu ? A la nature, 12-14 ? Aux nations,
15-17 ? Premier refrain, 18-21. Aucune idole ne lui vient à la taille.
Comparer Dieu à l’immensité de la planète, 22 (cercle, disque ?), aux
grands de ce monde, 23,34 ? Deuxième refrain, 25. La grandeur
incommensurable de Dieu à côté de l’univers et de ses galaxies sans
nombre, 26. Croire qu’il est trop grand pour nous prêter attention, 27 ? La
réponse, 28-31 : Il est la source qui ne déçoit jamais. Ceux qui espèrent
en lui auront toujours une longueur d’avance, qu’ils doivent courir
(l’exception, l’extraordinaire) ou qu’ils marchent (l’habituel, l’ordinaire). La
foi ne nous rend pas aveugle. Bien au contraire, elle nous ouvre les yeux
sur qui est réellement notre Dieu.
41.1-20, vivre sans crainte. Ce chapitre commence, 1-7, comme une
élaboration du texte précédent. Ici Dieu est décrit comme le Maître de
l’Histoire. Il convoque ceux qui tiendront le devant de la scène (2, c’est
qui ? Cyrus ? Certains y ont vu Abraham. C’est probablement tout leader
qui un jour se lèvera). La seule alternative à la souveraineté de Dieu est
la faiblesse pathétique des idoles faites par la main des hommes.
Israël n’a rien à craindre. Pourquoi ? Parce qu’il est serviteur de Dieu, 8-
10. Un statut protégé. L’ami de Dieu (Ja 2.23). Dieu reste fidèle à ses
amis. La conclusion dans le beau verset 10. Pourquoi encore ? A cause de
l’amour de Dieu pour son peuple, 11-16. Aucun ennemi ne résistera en fin
de compte. Il y a donc une réelle sécurité. Un vermisseau, méprisable,
chétif, pourtant c’est lui qui aura la victoire, parce que Dieu est son
Rédempteur, go’el, comme Boaz dans l’histoire de Ruth. Pourquoi encore ?
A cause de la fiabilité de Dieu, 17-20. Il n’abandonnera jamais ceux qui se
confient en lui. Il exauce, ce qui sous-entend la prière. Il est un Dieu aux
ressources insoupçonnables.
Il va de soi que ces promesses vont de pair avec une vie de dépendance
de Dieu. Les mots suivants l’expriment dans ce texte : ils sont serviteurs,
amis, se réjouissent en Dieu, le prient. Ils se savent dépendants de lui.
Leur souffrance a écarté leur orgueil.
41.21-42.17, l’unique espoir du monde.
Une section qui s’occupe des nations, ou des îles, donc des païens. Un
tableau sans nuances : un choix radical s’impose entre les idoles et le
Serviteur qui vient.
41.21-29, les dieux des hommes ne peuvent donner de l’espoir. Un
réquisitoire contre les idoles (cf. aussi 44.9-20 !) de la part du roi de Jacob,
21. Dieu se présente comme le Dieu d’un peuple. Tous les dieux sont
convoqués, pour qu’on puisse déterminer qui est le vrai Dieu. Ils sont
sommés de prouver leur capacité en prédisant l’avenir avec exactitude,
ou, si cela n’est pas possible, de faire au moins quelque chose. Mais les
idoles ne sont que des statues. 24 précise la conclusion du Dieu de Jacob.
Alors, Dieu présente ses preuves. Il suscite un leader à venir (le nom sera
donné en 44.28ss) et annonce la fin de Babylone. Voici un conquérant d’un
autre genre. Pas un Assyrien ou un Babylonien, ennemis de Sion, mais un
ami qui invoque le nom de Dieu et dont l’avènement est une bonne
nouvelle.
Ceux qui se fient à leurs idoles sont sans réponse. Car leurs dieux sont du
vent et du vide. Ils sont indignes d’inspirer l’espoir.
42.1-9, le Serviteur de l’Eternel, unique espoir des perdus. Voici le premier
des chants du Serviteur, cf. 49.1-7; 50.4-11; 52.13-53.12.
41.24,29 et 42.1 commencent de la même manière : Regarde ! Les deux
premiers montrent le côté désespérant des idoles (et de ceux qui ne jurent
que par elles). Ici Dieu donne sa réponse, la seule peut rallumer l’espoir.
Qui est ce Serviteur ? 41.8, cf. 49.3, Israël ? Mais des problèmes évidents.
Si le Serviteur est Israël, comment peut-il ramener Israël à Dieu, 49.5 ?
A-t-il fait alliance avec le peuple, 42.6 ? Israël serait celui qui ne s’est pas
rebellé, 50.5 ? Israël serait mort pour les coupables, 53.5 ? Le Serviteur
est issu d’Israël tout en étant distinct d’Israël. Mais qui dans l’histoire du
peuple correspond à tout ce que disent ces textes, si non Jésus, le Messie ?
Si ce n’est pas lui, ces textes seraient demeurés lettre morte jusqu’à
aujourd’hui.
Dieu présente son Serviteur, 1-4. Son identité : Mon élu = celui que j’aime.
Il est l’homme de l’Esprit. Ponctuellement ? Cela semble plutôt une
caractéristique permanente. Sa mission : révéler le droit aux nations. Une
mission universelle, donc pas limitée au seul peuple d’Israël. Sa méthode :
douceur, patience, compassion, vérité. Sa victoire : malgré la souffrance
qui le pousse à plier, à s’esquiver (Mt 26.39), il persiste jusqu’au bout,
jusqu’à avoir donné de l’espoir jusqu’au bout du monde.
Dieu parle à son Serviteur, 5-9. Le Dieu universel qui s’est fait connaître
à Israël (Jahweh, l’Eternel, le nom de l’alliance) est le Créateur de tout et
de tous. Il appelle son Serviteur et le prépare, l’équipe. Le quadruple but :
il est établi (donné) pour : 1) alliance de peuple, 2) lumière des nations,
3) ouvrir les yeux des aveugles, 4) libérer les captifs (cf. 61.1,2; Mt
11.4,5). Que veut dire le premier ? Faire une alliance avec le peuple
d’Israël ? Cela semble être le sens, comme aussi en 49.8 (contexte), mais
il se peut que le sens ici dépasse le peuple d’Israël : pour que les nations
soient amenées dans une alliance qui fait d’eux également le peuple de
Dieu. Pour le dernier, cf. Act 26.17,18.
Voici comment Dieu se fait connaître comme Dieu. La venue du Serviteur
prouve sa maîtrise de l’Histoire. Il ne subit pas les événements, il les
suscite, les annonce et les contrôle.
42.10-17, l’espoir fait chanter. Un cantique universel, 10-13. Le monde
entier est invité à joindre sa voix à ce chœur dans lequel on pensait
seulement trouver des Juifs (terre et mer, désert et villes, proche et
lointain, montagnes et îles). On chante la victoire du Seigneur sur ses
ennemis. Ce chant est à la fois déjà et pas encore. Pour le déjà, cf. Ps
96.1,4,5,10; 98.1-3. Pour le pas encore, cf. Ps 96.13; 98.9.
Un cantique sur l’avenir, 14-17. Il y a d’abord le long silence. Il prend fin
avec la venue du Messie, mais cela n’est que le début. Dans un sens, le
silence dure encore, silence qui encourage les moqueurs et les idolâtres.
Mais il y aura un accomplissement éclatant et visible quand le Messie
établira son règne.
42.18-44.23, Dieu sauve Israël.
Dieu appelle son Serviteur pour sauver le monde. Israël est le serviteur,
mais il s’est perdu. Peut-il être retrouvé ? Peut-il revenir de son idolâtrie ?
Dieu ne s’en est-il pas définitivement détourné ? Esaïe voit tout cela dans
le contexte de la captivité babylonienne. Mais après le refus du Messie, le
peuple part pour une captivité bien pire. Pourra-t-il revenir ? Cette section
résonne d’espérance pour un peuple devenu aveugle. Par extension, il
renferme un formidable espoir pour tout enfant de Dieu égaré.
42.18-25, le serviteur aveugle. Qui est le serviteur sourd et aveugle de ce
texte ? Un serviteur ami de Dieu (18 : Qui est aveugle comme celui dont
j’avais fait mon ami), mais qui semble avoir frustré le projet de Dieu,
21,22. Ce serviteur est Israël, 41.8, et son péché (notre péché, 24) a
provoqué Dieu. Il a été consumé par la colère sans prendre la chose à
cœur (cf. les prophéties de Jérémie et d’Ezéchiel). Voilà la situation que
décrit Esaïe. Un peuple captif qui souffre les conséquences de sa résistance
à Dieu. Dieu pourra-t-il le rétablir ?
43.1-7, la grâce de Dieu pour son peuple. Le contraste est énorme. Le
peuple perdu de 42.25 est le peuple au creux de la grâce de Dieu. Le
peuple qui doit tout craindre n’a rien à craindre. La grâce de Dieu est le
rocher contre lequel la lame de fond de notre péché se brise. Maintenant,
1. Qu’y a-t-il encore à ajouter à ce qui précède ? La surprise de la grâce.
Toujours une surprise, car sans cela la grâce n’est plus une grâce. Tu es à
moi, créé et racheté. Si tu traverses les eaux, le feu : parfois inévitable à
cause de notre péché, parfois seulement circonstanciel. Pourquoi être sans
crainte ? Passé (racheté) et présent (je suis avec toi). L’Egypte, la
tentation du peuple au temps d’Esaïe, donné en rançon. Y chercher
secours ? Ce que tu as perdu, tu le retrouveras, car nord, sud, est et ouest
rendront ce qu’ils ont pris et le retour de la grande captivité dépassera
tout. Le chant termine où il a commencé, avec la création, en y ajoutant
une chose : créé pour sa gloire. La gloire de Dieu est directement
impliquée avec son peuple. Israël peut donc se reposer, mais sans dormir.
Trop souvent, il a dormi sans se reposer. Comme nous ?
43.8-21, le peuple aveugle verra. Un tribunal. Le peuple d’Israël est
témoin, mais que peut-il dire ? Il est aveugle et sourd. Qu’a-t-il vu ? Qu’a-
t-il entendu ? Les nations sont les accusés à cause de leur idolâtrie et de
leurs prétentions. Leur savoir est vide dès qu’il touche à l’avenir. 10 :
“Vous êtes mes témoins, oracle de l’Eternel, et mon serviteur.” Pas le
peuple d’un côté et le serviteur de l’autre. Comme témoins actuels, ils sont
aveugles, mais ils seront témoins (12fin), afin que …, 10. Ils reconnaîtront
qu’il n’y a pas de sauveur ailleurs. Tout espoir dans les dieux et les nations
est déplacé.
Vient alors l’annonce de ce que Dieu fera, 14-21. Il a envoyé (passé),
comme si c’est déjà fait, et pourtant, c’est encore ± 200 ans dans l’avenir.
Le nom de l’ennemi est donné aussi : Babylone. Dieu est le roi d’Israël.
Celui qui touche à ce peuple aura à faire avec lui, tôt ou tard. Comme
autrefois lors de l’Exode, Dieu fera une route pour son peuple. Maintenant,
un nouveau chemin sera tracé dans le désert et le sort du pays changera
afin d’abreuver le peuple élu. Mais au-delà du retour de Babylone, le texte
vise un temps encore plus loin, jusqu’au grand retour au temps du Messie
quand la dernière incarnation de Babylone mordra la poussière. Dieu fait
une chose nouvelle qui mettra en oubli les choses premières. Lesquelles ?
Tout ce qu’Esaïe a déjà annoncé sur l’Assyrie et Babylone. Dieu a été fidèle
à ce qu’il avait dit. La nouvelle chose en germe est le temps messianique
à venir. La venue du Messie en est l’introduction. Son retour en gloire en
sera l’apothéose.
43.22-44.8, l’amour incompréhensible de Dieu pour un peuple pécheur. Le
texte procède par contrastes entre la culpabilité du peuple et la grâce de
Dieu. Dieu sauvera Israël, mais ce salut est immérité. 22-24 énumère les
évidences de la culpabilité. Le culte au temple était irrecevable, car
insincère, sans cœur. Ils ont lassé Dieu (22,23,24, le verbe revient 3 fois).
Malachie reviendra sur la même chose après le retour de Babylone, Mal
1.6,7,13. A qui avaient-ils rendu leur culte, 22 ? Autrement dit, voilà
comment Dieu considère ceux qui prennent leur péché à la légère !
Pourtant, il y a un remède, 43.25-44.5 : “Moi, moi qui efface tes péchés à
cause de moi.” 1.18. Dans un tribunal, la cause d’Israël est vue. Il n’y a
aucun espoir. Le premier père : Adam ? Abraham ? Jacob ? Israël
acquitté ? Non, condamné et jugé. Israël part en captivité, le temple est
profané. Donc pas d’espoir ? Ce serait oublier qui Dieu est. Il ne peut être
infidèle. Et le sort de son peuple dépend finalement de cette fidélité-là. Le
remède est dans le pardon (43.25) et dans le don de son Esprit (44.3) qui
rend possible ce que Dieu demande. Yechouroun, voir Dt 32.15, 33.5,26.
Une nouvelle connaissance de Dieu remplira le peuple. La Pentecôte en est
le premier acompte.
De ce Dieu qui ne change pas, le peuple sera témoin, 43.10,12.
44.9-20, l’impasse de l’idolâtrie. Une virulente moquerie sur l’idolâtrie. La
conclusion en 19-20. L’idolâtrie est une condamnation, un jugement,
comme en Rom 1. On peut arriver au point où tout remède devient
impossible et on tombe dans la bêtise, on devient fou, on se repaît de
cendres. On devient esclave.
44.21-23, le retour du serviteur. Souviens-toi de cela ! Israël était tombé
jusque-là. Mais Dieu a eu pitié de lui et il a effacé ses crimes. Dieu est
devenu le Rédempteur de son peuple.
44.24-47.15, la délivrance à venir.
Jusque-là, Esaïe a fait allusion à un homme que Dieu susciterait pour
libérer le peuple : 41.25; 43.14. Maintenant, tout se précise : le nom de
cet homme à venir et la chute de Babylone.
44.24-45.8, Dieu est à l’œuvre. L’affirmation massive que Dieu, et lui seul,
est souverainement à l’œuvre dans l’histoire est répétée trois fois, 44.24;
45.7,8. L’histoire est son livre et sa parole l’éclaire. Le phénomène unique
de la prophétie est la preuve de cette souveraineté absolue. Nous y
trouvons la raison de notre confiance, même quand tout semble s’écrouler.
Les devins, les politiques, les bureaux d’étude etc. seront affolés. Dieu
confirme sa parole et ce Dieu est Sioniste. Peu importe ce qu’on pourra
dire de Cyrus, voici le but exprès de sa venue : faire rebâtir Jérusalem et
le temple. Cf. comment le texte historique se tait sur la captivité (un temps
perdu) pour sauter directement à Cyrus, 2Chr 36.20-23.
Voici le cas où Dieu parle à un roi païen, 45.1-8. Est-ce ici la cause réelle
qui va faire de l’empire perse un ami d’Israël, et dont les mages sont un
lointain rappel ? Le peuple perse sera d’une religion monothéiste. Cyrus,
mon messie, mon oint ! Un choc pour le peuple qui attend le Messie de
David. Voici un messie païen ! Pourtant, Cyrus sera ignorant de tout cela,
45.4,5. Jamais, il ne deviendra un croyant pour autant que nous le
sachions. Mais ce n’est pas le hasard qui contrôle l’histoire. Dieu agit, en
bien autant qu’en mal, 7 – le malheur créé par Dieu. Dans la Bible Segond,
le mot se traduit des façons suivantes : mal, méchanceté, mauvais,
méchant, désastre, déplaire, féroce, méchamment, laide, douleur,
affliction, malheureux, malheur, sinistre, inique, irritation, ... Dans le texte
d’Esaïe, l’opposition avec shalom, paix, indique qu’il ne s’agit pas ici du
mal absolu – que Dieu n’a pas créé et ne peut pas créer (Ja 1.13), mais
de malheur, désastre. C’est dans le même sens bien sûr qu’il faut
interpréter les textes de Job 2.10 et d’Amos 3.6 !
45.9-25, Dieu ne se laisse pas enfermer dans une boîte ! Il ne semble pas
que l’annonce par Esaïe ait rencontré beaucoup d’enthousiasme ! Un
messie païen, Cyrus ? C’est ce que semble suggérer le 9. C’est mal
connaître Dieu ! Il est aux commandes et qui peut contester avec lui ? Il a
décidé de passer par Cyrus et l’avenir messianique passera aussi par lui.
Mais ce futur n’est pas compromis pour autant. Le plan de Dieu reste
centré sur son peuple et le monde entier convergera sur lui. 14, cf. 1Cor
14.25. 15 : cela peut se comprendre tant des païens que d’Israël ! Les
païens qui avaient cherché Dieu dans leurs idoles, 16, et Israël qui n’avait
pas su reconnaître le chemin de Dieu. Nous ne devons jamais penser que
nous avons Dieu en notre poche ! Cf. Jn 16.29-31.
L’image du potier revient plusieurs fois : 29.16; 64.7; Jér 18.1-10; cf.
Rom 9.20-24. L’image rappelle la souveraineté absolue de Dieu et nous
remet à notre juste place devant lui.
Le passage s’achève alors avec un appel universel au salut, 18-25. Le
Créateur du monde appelle le monde à le chercher et à le trouver, et donc
à se détourner de leurs idoles. Dieu se cache ? Cf. 19, il ne parle pas en
cachette (Jn 18.20). Dieu dit en fait, 21,22 : il n’y a que moi, alors venez
à moi. 23, cf. Phil 2.9-11. A la fin, le salut d’Israël et le salut des nations
représentent un seul et même mouvement. Cf. Ps 87.4-6.
46, Babylone ou Sion ? Le texte oppose d’abord les dieux de Babylone au
Dieu d’Israël, 1-8. Les dieux de Babylone deviennent un fardeau, il faut
les porter et on s’en fatigue. Le Dieu d’Israël porte son peuple, de la
naissance jusqu’à la vieillesse. Les dieux de Babylone sont incapables
d’entendre, de répondre, de sauver. Le Dieu d’Israël écoute, répond et
sauve.
Le Dieu d’Israël a un projet annoncé d’avance. Il ne subit pas les choses,
il les organise, et appelle ceux qu’il veut pour agir comme il veut. 8,
Souvenez-vous de cela : “la façon de résoudre ces grandes questions est
de réfléchir sur Dieu.”
Son salut se concentre sur Sion. Il est Sioniste et “israélocentrique”.
Investir à Babylone est un mauvais choix dans le long terme.
47, le secret d’une chute certaine. Pourquoi Dieu juge-t-il les nations ? De
quoi leur tient-il rigueur ? De leur absence de foi ? Non. Ils n’y peuvent
pas grand-chose. Dieu énumère les raisons de leur chute future. 1-5 la
décrivent – la reine devient esclave, la délicate est malmenée. La cause
directe en est le Dieu d’Israël et rien n’y personne ne l’arrête. 6-15, les
raisons dans la conduite de Babylone : absence de compassion pour Israël,
orgueil et prétention, occultisme, méchanceté. Elle s’imaginait qu’elle
pouvait tout contrôler. A la fin, elle ne contrôle plus rien. Elle a oublié
qu’elle était redevable de ses actes, que l’univers est fondé sur des règles
morales. Ceux qui trafiquent avec elle partageront son sort.
48, le Maître de l’Histoire.
La conclusion des chapitres précédents où Dieu a clairement décrit sa
souveraineté sur l’histoire, et son projet de salut pour Israël malgré
l’indignité du peuple. Tout en étant fermement ancré dans l’histoire
d’Israël, ce chapitre a une portée qui la dépasse de loin. Ce même Dieu
est encore le Maître de l’Histoire et son peuple, Israël, mais aussi l’Eglise,
est à la fois en sécurité totale et devant un défi majeur.
48.1-11, la raison de la prophétie. L’infidélité d’Israël est une des raisons
de la prophétie. Dieu s’inscrit en opposition à la tendance d’attribuer les
développements de l’histoire à d’autres causes : idoles, hasard. Il a parlé
longtemps avant l’accomplissement pour que sa souveraineté soit
reconnue. C’est la raison aussi des épreuves d’Israël. Dieu refuse de
donner sa gloire à un autre. Son peuple lui fera confiance ou il essuiera sa
colère. L’Histoire n’est donc pas écrite à cause d’Israël, mais Israël y a une
place de choix parce que Dieu l’a décidé ainsi. Mais cela l’expose à un
jugement plus tranchant.
48.12-16, un Dieu souverain. La même souveraineté qui se voit dans la
création est à l’œuvre dans l’Histoire. Son projet – la venue de Cyrus et la
libération de Babylone – tiendra bon. Cyrus, un roi païen est ici “celui que
l’Eternel aime”, 14. Notez l’accent au 15 : c’est une raison de prendre
confiance.
Une troisième fois appelé à écouter (1,12,16). Ici se tisse dans l’histoire
cet autre projet : la venue du Messie, l’Homme animé de l’Esprit de Dieu
(litt. : maintenant le Seigneur l’Eternel m’a envoyé, et son Esprit)
48.17-22, l’appel et la promesse. La paix entoure cette section : la paix
possible et la paix impossible, 18,22. L’appel, c’est d’abord d’être attentif
aux commandements de Dieu. Ce n’est pas l’éloge du légalisme, mais
l’énoncé d’une règle absolue : tu ne peux connaître la paix, et donc avoir
un avenir, si tu ne mets pas la volonté de Dieu au premier plan. Cf. cela
dans la vie de Jésus, Jn 5.30. Le texte peut se rendre très bien : si tu avais
fait attention à mes commandements, ta paix aurait été comme un fleuve.
Autrement dit, l’exil à Babylone n’était pas un événement inévitable. Mais
même de là, Dieu appelle son peuple, 20. Il le conduira dans un nouvel
Exode. Celui du retour sous Zorobabel ? Ou ce retour ultime qui aura lieu
au temps du Messie ?
22, un refrain ? Cf. 57.21. Malgré des retours inespérés, malgré la grâce
de Dieu, malgré l’œuvre du Messie, aucune paix n’est possible à ceux qui
refusent d’écouter attentivement, avec le cœur.

Par le Serviteur souffrant, 49-55


Les chapitres 40-48 étaient principalement concernés avec le salut
d’Israël. Ils montrent le contraste entre le Dieu de l’univers, le Créateur et
le Maître de l’Histoire d’une part et le peuple faible et pécheur d’autre part.
Cependant, un premier chant avait annoncé un Sauveur et un plan de salut
qui dépasseraient de loin les seules limites ethniques d’Israël. Ce Serviteur
est le grand sujet des chapitres de cette section. Non pas qu’Israël est
oublié, mais il trouve sa place dans un cadre bien plus grand.
49.1-50.3, le Messie Sauveur du monde
49.1-6, le ministère du Serviteur. Le monde entier est interpellé, 1, car le
monde entier est concerné, 6.
1-3, sa présentation : dès le sein maternel : à la fois la particularité de
Jacob (Israël) et du Messie. Une flèche aiguë mais cachée. La surprise sera
donc totale et terrible. Israël : qui, le peuple, l’ancêtre ou ici un nom donné
au Messie ? Il doit rassembler Israël, 5, donc il n’est pas le peuple. En fait,
le contexte ne laisse pas d’autre choix que d’appliquer le nom au Messie,
à moins de voir deux personnes différentes, ce qui ne semble pas être le
cas.
4, sa frustration : une vie de fatigue et de découragement, mais une
récompense lui est assurée.
5,6, son œuvre : d’abord national (Mt 10.6; 15.24), puis, à travers sa mort
et résurrection, international (Jn 12.32), cf. 51.4.
49.7,8, le rayonnement du Serviteur : d’abord international, ensuite
national. Lui, l’homme méprisé, sera aimé des nations et relèvera son
pays.
49.9-26, les effets de l’œuvre du Serviteur : ‘Captifs’ pourrait ne pas être
limité aux captifs d’Israël, cf. 61.1 et la citation par Jésus en Luc 4.17-21,
cf. aussi Mt 8.10-12. Sinim : Chine ? Qumran : Syène, en Egypte du sud.
Les captifs d’Israël rentreront. 15,16 rappellent le lien particulier qui lie le
Seigneur à ce peuple. En Rom 11, Paul revient sur cette vision du
rétablissement d’Israël. Cela implique à la fois le peuple et la terre, 19. La
bannière, 22, cf. 11.12. La leçon, 23fin, Et tu sauras alors que je suis
l’Eternel et qu’on n’est pas déçu quand on compte sur moi. Mais, dira-t-
on, cela est impossible. Le sort d’Israël est brisé à tout jamais. 25,26
annoncent un renversement de l’histoire d’Israël.
50.1-3, le salut d’Israël garanti par Dieu : Dieu n’a-t-il pas les moyens pour
se racheter son peuple ? Le 2 annonce déjà la réponse par la venue du
Serviteur.
50.4-11, le Serviteur disciple
Le troisième chant du Serviteur. Il est devenu un disciple, réveillé chaque
matin par la Parole de Dieu, afin d’avoir quelque chose à dire. Il écoute
comme un disciple afin de pouvoir parler comme un disciple. Mais ce qu’il
entend est dur : il est appelé à la souffrance. Sa réaction ? Cf. Héb 5.8, et
les détails des Evangiles. Comment le supporter ? Par le secours d’en haut.
Son visage comme un roc, cf. Luc 9.51 (“il fortifia son visage”). Le
résultat ? Une grande assurance dont s’inspirera plus tard l’apôtre Paul en
Rom 8.32,33. Un appel : Craindre Dieu = écouter le Serviteur. Ténèbres :
si souvent le lot de ceux qui veulent marcher avec Dieu. Mais la lumière
viendra. Post tenebras lux. L’appel final est à ceux qui rejettent le
Serviteur. Ils créent leur propre lumière, leurs propres incantations, mais
le jugement de Dieu (“par ma main”) est l’unique perspective.
51.1-52.12, l’appel au réveil
51.1-8, écoutez-moi ! Cette courte section liée par le double appel à
écouter.
Le peuple d’Israël, Sion consolé, 3, connaîtra un nouvel ère de prospérité,
un ère messianique (4,5 = langage messianique, cf. 42.4,6; 49.6). Ce sera
un temps de renouvellement au-delà du jugement, 6. Mais à qui est promis
un tel avenir ? Ceux qui poursuivent la justice et qui cherchent l’Eternel,
1. Ils marchent dans la foi d’Abraham, cf. l’agacement de Jésus en Jn 8.37-
44 et de Jean-Baptiste en Mt 3.9. Mes bras, 5, cf. Dt 33.27.
Poursuivre la justice, 1, et la connaître, 7. Ce peuple est un petit peuple,
qui aurait raison de craindre. La loi qui “sortira de moi”, 4, est maintenant
en leur cœur, 7. Dieu les invite à regarder plus loin, au jugement à venir.
Les hommes sans Dieu se perdront. La justice, poursuivie et connue, est
éternelle.
51.9-52.12, le chant du réveil. Un triple refrain, 51.9,17; 52.1. La 1ère
strophe chante ce que Dieu a fait et fera. La 2e strophe chante le
changement que Jérusalem connaîtra. La 3e strophe chante le retour de
Dieu à Sion.
51.9-16, le passé est la garantie de l’avenir. Le passé est celui de l’Exode.
Le même Dieu se porte garant du retour à Sion (cf. Ps 126.6). Mais la
délivrance n’est pas un salut fait par le peuple lui-même : C’est moi, c’est
moi qui vous console, 12. L’appel est de se souvenir ce qui est arrivé aux
oppresseurs du passé, 13. Pour nous, le renvoi serait à l’Evangile et les
haut-faits de Dieu dans la vie, la mort et la résurrection du Messie. Le
renvoi n’est pas au miraculeux comme un fait habituel et récurrent. La
plupart du temps, Dieu semble absent et il nous faudra marcher par la foi.
Le texte utilise tantôt le ‘tu’ féminin, tantôt le ‘tu’ masculin : 12, qui es-tu
(f), 13, qui t’a (f) fait, 15,16, toujours le masculin. Le féminin est
manifestement le peuple dans sa faiblesse, sa peur. Le changement
intervient en 14. Le faible sera délivré de son cachot. Le masculin est le
peuple de Sion libéré, peuple messianique, 16. Le secret de la confiance
n’est pas dans nos moyens, mais dans les siens.
51.17-23, jugement et relèvement de Jérusalem. La coupe de la fureur de
Dieu qu’elle a due boire, 17, lui est enlevée, 22, pour être donnée à ses
ennemis. Le jugement a été terrifiant, 19, et elle a été privée de ses
enfants. Mais la main qui frappe est la main qui console. Dieu défend la
cause de son peuple quand plus personne ne peut/veut intervenir pour lui.
Tout comme la colère était d’origine divine, le salut vient de Dieu. Qu’est-
ce qui fait que la colère est satisfaite ? S’est-elle épuisée ou a-t-elle été
satisfaite et donc détournée ? Zacharie rappellera que la colère se
détourne quand Jérusalem se repent, Za 12.10.
52.1-12, le jour où Dieu revient à Sion. 1,2 : la situation changée de
Jérusalem. Vêtements de splendeur, cf. Ex 28.2. Donc vêtements
sacerdotaux ? 3-6, la haine gratuite des oppresseurs, l’Egypte, l’Assyrie,
Babylone. Gratuitement, sans cause de leur part. Un rachat sans argent,
cf. 1P 1.18,19. 5fin, cf. citation Rom 2.24. Paul cite la LXX qui a lu : à cause
de toi. Mais le peuple connaîtra le nom du Seigneur, donc le connaîtra
comme jamais auparavant. 7-12, le moment même du “Réveille-toi” de 1.
Appliqué par Paul à la prédication de l’Evangile (Rom 10.15), le texte vise
les temps de la fin quand l’Eternel reviendra à Sion, cf. Mt 23.38,39. Tous
verront cela, cf. Ap 1.7.
Puisque Dieu revient à Sion, il faut partir (d’elle, cf. Jér 51.45, Babylone),
et rentrer. Pas une fuite, mais un retour joyeux. Paul cite cela en 2Cor
6.17 où il l’applique aux chrétiens appelés à sortir du monde et à vivre
pour Dieu. Nous pouvons en tirer l’image du peuple pèlerin, en route pour
la nouvelle Jérusalem. Mais cela n’enlève rien au lien direct au retour
messianique.
52.13-53.12, le Serviteur souffrant
Le dernier chant du Serviteur. Le lien avec le précédent est clair. L’avenir
de Sion est lié au retour du Messie, le Serviteur. Il sera très haut placé.
Mais ce chapitre retrace le chemin d’humiliation par lequel le Serviteur a
dû passer. Allusions à cela déjà en 50.6,7; 49.4.
Citations et allusions de ce texte dans le NT : Mt 8.17; 27.57; Mc
15.28=Luc 22.37; Jn 1.29; 12.38; Act 8.28-35; Rom 10.16; 15.21; 1P
2.21-25. Cf. aussi : Mc 9.12; Rom 4.25; 16.25,26; 1Cor 15.3; 2Cor 5.21;
1P 1.19; 1Jn 3.5.
Structure :
Sa gloire, 52.13-15
Son dépouillement, 53.1-3
Son mystère, 53.4-6
Sa mort, 53.7-9
Sa gloire, 53.10-12.
Cela met clairement 4-6 au centre du texte. C’est la clé à tout le reste.
52.13-15, sa gloire. Pas ici la gloire qu’il avait avant (Jn 17.5), mais un
résumé de sa vie, de l’humiliation à la gloire. De même … de même :
comme en Français : comme … ainsi ? Possible. Alors, le sens ‘étonner’
convient bien en 15a (= LXX, Darby, TOB, BFC, versions juives). Mais aussi
possible de comprendre une double explication au 14, suivie d’une double
explication au 15. Alors 15a devient le pivot et le sens ‘asperger’
conviendrait (= Vulgate, Colombe, Sem, = le sens habituel du mot, 22x
dans l’AT et toujours traduit ainsi, on suggère une autre traduction
seulement ici, donc peu crédible). Il deviendra le sacrificateur pour les
nations et les rois en perdront la parole. Difficile à trancher (à cause de la
LXX) ! Mais le deuxième peut-être à préférer. Le choc entre l’humainement
repoussant et la dépendance totale de son ministère, là où on aurait
préféré un procédé plus ‘glorieux’. Sans cela, la raison de l’étonnement
des rois n’est pas exprimée.
53.1-3, son dépouillement. Qui a cru que la toute puissance de Dieu, son
bras, puisse se révéler en une telle faiblesse ? Une faiblesse méprisable,
qui soulève le dédain plutôt que la pitié. Il ne s’agit pas nécessairement
de l’aspect physique de Jésus, mais de son dépouillement jusqu’à la croix.
Un dépouillement où Dieu devient un homme ordinaire (l’étable de
Bethléhem plutôt que le palais d’Hérode), au point de devenir l’homme de
douleur que l’on refuse de considérer, Phil 2.6-8. Comprendre que cet
homme si simple, humble et défiguré est Dieu exige une révélation, 1. Une
racine sortant d’un sol aride, comme la maison de David, devenue
insignifiant. Abandonné des hommes, comme s’il avait cessé d’être un
homme.
Son aspect : son apparence physique sans importance. Rien pour attirer.
Nous cherchons cela, mais la Parole de Dieu met l’écoute au centre, même
quand il y en a tout plein pour les yeux, Mt 17.5. Le mépris est la grande
surprise ! Le Serviteur de l’Eternel un homme de douleur méprisé ?
Jamais, disons-nous. Mais toutes les prétentions humaines sont
confondues devant le Messie crucifié. Le grand obstacle du peuple Juif : ils
auraient méprisé le Messie ? Impossible ! Mais nous sommes tous
coupables.
53.4-6, son mystère. L’explication de sa souffrance. Il y a ici quelque chose
qui nous échappe totalement, à moins d’être éclairé par l’Esprit de Dieu.
Pourquoi est-il homme de douleurs ? Comme l’eunuque éthiopien, Act
8.32-34, on n’y comprend rien. Nos douleurs il s’en est chargé. Nos crimes,
nos fautes, notre châtiment, notre errance, tout a été empilé sur lui. Nous
partons libres parce qu’il prend tout sur lui. Voici le mystère au cœur de
l’histoire qui donne du sens à la vie, qui ouvre le chemin de l’espoir. Ici la
révélation du cœur du salut. Voici la plus grande injustice de toutes :
l’Eternel a fait retomber sur lui la faute de nous tous. L’accent du texte
tombe sur ‘lui’, 4,5 : nos souffrances, lui, il les a portées …, Lui, il était
transpercé …. Substitution : Le Messie prend notre place, cf. Rom 3.25;
2Cor 5.21 et Lév 16.21,22. Percé, littéralement. Meurtrissures, litt. les
marques de coups de fouet. Guéri, cf. Jér 8.22.
L’Eternel, 6, changement de sujet : voici ce que Dieu a fait pour nous !
Cette solution est celle que Dieu offre. Il n’y en a pas d’autre. Nous tous
(2x) est inclusif, universel, pas d’exception pour qui peut en profiter. Mais
le ‘chacun’ indique la responsabilité personnelle qui aura son corollaire
dans l’appropriation du salut. C’est pour tous, mais chacun doit venir
individuellement. Errants comme des brebis : 1P 2.25. Jésus était frappé
par cela, Mt 9.36. En nous-mêmes, nous sommes dispersés, en Christ nous
sommes rassemblés… (Calvin). Ez 34.23.
53.7-9, sa mort. Ce qu’on lui a fait et ce qu’il a accepté qu’on lui fasse dans
une seule ligne. L’horreur de ce que peuvent faire les hommes, nous !, et
la profondeur de son amour. Il est devenu brebis pour les brebis. Aucune
résistance devant l’injustice qui nous sauve. Toute une génération (Mt
27.25 …) a vu sans comprendre et agi sans compassion. Mais c’est leur
crime (‘de mon peuple’) qui est expié ainsi. Un crime volontaire, notre
péché l’est, est expié par une victime volontaire. Pas une bête muette qui
ne comprend rien, mais le seul homme qui pouvait sonder le gouffre du
péché dans toute sa profondeur.
Il n’est pas la énième victime qui ne comprend rien. Il est le seul qui
comprend tout.
Maltraité, litt. le verbe exprime le paiement exigé jusqu’à la dernière pièce
pour une dette encouru. Emporté, retranché : le Coran passe totalement
à côté de ceci. Il est réellement mort. Le Messie passe par l’ultime
dépouillement. Paul y ajoutera le côté terrible de la malédiction, Gal 3.13.
Son ensevelissement, prophétie que Joseph d’Arimathée accomplira sans
le savoir (Mt 27.57), souligne le côté définitif de sa mort. Mais il meurt
sans être coupable : ni fraude, ni violence. Hébreux rappellera son
innocence, Héb 7.26,27, et l’importance de sa mort, Héb 9.25-28.
53.10-12, sa gloire. Voilà un autre choc de ce texte. Le Serviteur retranché
de la terre des vivants est pourtant … vivant ! Le condamné pour les crimes
de son peuple est juste et déclare juste beaucoup d’hommes. Il est mort
pour les péchés et, pourtant, se chargera de leurs fautes. Il est vaincu et,
pourtant, victorieux !
Il a plu à l’Eternel. La profondeur incompréhensible de la grâce. Dieu a
voulu cela. Pas un concours de circonstances, mais une volonté motivée
par l’amour.
Que comprendre au 10 ? Quand (si) tu donnes son âme comme sacrifice
de culpabilité ou : Quand (si) son âme se donne comme sacrifice de
culpabilité. 1. Le ‘tu’ est Dieu. Dieu offre son Fils et ce sacrifice est donc
efficace (Semeur, NBS, TOB). 2. Le Messie s’offre lui-même (Colombe,
BFC). L’action volontaire du Messie est soulignée. 3. Le ‘tu’ est celui qui
s’approche du Messie souffrant. Cela semble moins probable comme sens.
Sacrifice de culpabilité, le même mot qu’en Lév 5.16. Le sacrifice qui visait
la racine du mal, le péché qui est derrière les péchés. Une descendance
(litt : une semence). Nous étions des brebis égarées, nous devenons des
fils. Le verset est encadré par la mention : Il a plu à l’Eternel au début, et
le plaisir de l’Eternel à la fin. Le plaisir de Dieu est que par la mort du
Messie, le salut soit offert à ceux qui naîtraient de lui. Une vie nouvelle
serait ainsi manifestée, une vie par delà de la mort.
11 : De l’affliction de son âme il verra [la lumière], il sera satisfait. Par sa
connaissance, mon Serviteur juste justifiera beaucoup et lui, il portera
leurs iniquités. Paul suit cela de très près en Phil 2.8,9. Un plein
rassasiement suit la nuit de la croix. La lumière (Qumrân, LXX) poindra
pleinement. Sera-t-il satisfait par sa connaissance ? C’est possible de le
lire ainsi, mais il vaut mieux le relier à la suite. La doctrine de la
justification trouve ici son fondement. Sa mort n’était pas seulement une
preuve d’amour, mais réellement une substitution par laquelle il nous
donne sa justice. Par la connaissance qu’ils auront de lui (Colombe), ou
par sa connaissance, son expérience ? Le dernier semble plus exact.
12, conclusion et récapitulation. Une victoire totale. La traduction laisse
planer un problème : sera-t-il “parmi” les grands ? Mieux, comme dans la
LXX : C’est pourquoi je lui distribuerai beaucoup (d’hommes) (Jn 6.37 ?)
et il distribuera le butin des puissants. Si ‘avec les puissants’ est juste,
peut-être mention ici des anges ? cf. Ps 78.25. Les quatre raisons de sa
victoire sont énumérées : Il s’est livré lui-même (il a versé son âme
jusqu’à la mort); il a été compté avec les pécheurs (Luc 22.37); lui, il a
porté les péchés de beaucoup; il a intercédé (même verbe qu’en 6, le
médiateur qui s’interpose) (Héb 7.25 ?) pour les pécheurs.
54, 55, les effets de l’œuvre du Messie
L’œuvre inimaginable que le Messie viendra accomplir pour la rédemption
des hommes aura un effet immense, d’abord sur son peuple, ensuite sur
le monde entier. Au 54, une nouvelle fécondité est donnée au peuple
stérile. Au 55, cela s’achève par une fécondité de la Parole de Dieu envers
la terre toute entière. La structure suivante semble lier ces deux
chapitres :
La fécondité future d’Israël, 54.1-3
Le retour à Dieu d’Israël, 54.4-8
L’alliance de paix, 54.9,10
La promesse à Jérusalem, 54.11-15
La sécurité garantie, 54.16,17
La promesse universelle, 55.1,2
L’alliance éternelle, 55.3-5
Le retour à Dieu de tout homme, 55.6-9
La fécondité actuelle de la Parole de Dieu, 55.10-12
54, Israël et la grâce devenue possible
Le sacrifice du Serviteur souffrant a ouvert la porte à la grâce pour Israël.
Il n’est que normal que le premier effet soit annoncé à Israël (cf. Mt 15.24;
Jn 4.22), même si en tant que nation, il sera le dernier à s’y ouvrir.
54.1-3, la fécondité future d’Israël. Une stérile ? Une stérilité spirituelle,
cf. 26.18. Le rejet du Messie a fait d’Israël une délaissée. Paul cite cela en
Gal 4.26,27, non pour dire que Dieu en a fini avec Israël, mais pour dire
que la stérilité s’attache à ce peuple tant qu’il reste enfermée dans la Loi.
Seuls ceux qui se tournent vers le Messie deviennent libres. Mais un
changement interviendra et le peuple diminué devra élargir l’espace de sa
tente. Alors il retrouvera le rôle qui aurait dû être le sien, cf. Gen 22.17 et
Dt 11.22,23.
Le verset 2 à la base du mouvement missionnaire moderne.
54.4-8, le retour au Dieu d’Israël. Le sacrifice du Messie ouvre la porte à
un retour futur vers Dieu, dont les conversions de Juifs individuels ne sont
qu’un avant-goût. Alors, le déshonneur sera oublié. Ce retour possible
parce que Dieu viendra à lui. Son abandon, qui semble interminable
aujourd’hui (Ez 16.59 !), ne sera plus que le souvenir lointain d’un court
instant de colère, devant l’amour (bienveillance, un amour engagé et
fidèle) éternel prêt à être révélé.
54.9,10, l’alliance de paix. Le rappel de l’alliance avec Noé sert à assurer
Israël de l’inviolabilité de cette alliance à venir. Elle n’est plus fondée dans
un engagement mutuel, mais dans l’engagement souverain de Dieu. Cette
alliance est la nouvelle alliance, mais rendue actuelle pour le peuple, cf.
Ez 16.60-63 et 37.26, qui, malgré Jér 31.31, est parti pour une errance
prolongée.
54.11-15, la promesse à Jérusalem. La compassion de Dieu pour Sion. La
description ressemble à celle de la nouvelle Jérusalem en Ap 21, mais il
s’agit bien de la Jérusalem restaurée du Millenium. Ses fils, 13, ne sont
pas des païens convertis, mais des Israélites. La promesse est donc
d’abord celle de la restauration qu’entrevoit Ezéchiel 40-48.
54.16,17, la sécurité garantie. Il y a une sécurité totale qui rappelle et
dépasse celle du royaume de David pour Jérusalem, comme pour le
peuple, comme pour quiconque se confie en Dieu. Ces versets forment la
pensée centrale de ces deux chapitres. Celui qui retourne à Dieu et qui est
au bénéfice de ses promesses repose en sécurité. Ni armes, ni paroles ne
peuvent réussir à l’ébranler. C’est l’héritage de ceux qui servent Dieu,
fondée sur une meilleure justice. Serviteurs, 17 : avant chez Esaïe
seulement au singulier, à partir d’ici seulement au pluriel. Le Serviteur
crée des serviteurs, tout comme le disciple (50.4) forme des disciples, 13
(Jn 6.45).
55, le monde et la grâce devenue accessible
55.1,2, la promesse universelle. Ce qui était essentiellement limité à Israël
devient maintenant accessible à tout être humain. Un appel général à
l’humanité. L’appel est repris par Jésus en Jn 7.37-39. Cet appel s’adresse
naturellement à Israël, mais il dépasse le peuple pour devenir universel.
Cf. cette universalité de l’œuvre du Serviteur en 42.6; 49.6 et 52.15.
Philippe comprend clairement cette étendue universelle d’Es 53 dans son
annonce à l’eunuque, Act 8.35.
Une triple invitation : elle s’adresse 1. à notre besoin vital élémentaire, 2.
à notre incapacité d’y donner suite – acheter quand on n’a pas d’argent ?
– et 3. à l’abondance de la provision, eau, mais aussi vin et lait. Sans
argent ? C’est que donc quelqu’un d’autre a payé. A l’invitation correspond
notre tendance innée à nous nourrir de ce qui ne peut pas nous rassasier,
à nous contenter de ce qui finira par nous faire mourir (cf. 44.20). La
religion ne saurait satisfaire. Seul le Serviteur-Messie peut satisfaire la
faim de l’âme humaine.
A la promesse d’un rétablissement matériel d’Israël correspond ici une
promesse d’un rétablissement spirituel de tout homme.
55.3-5, l’alliance éternelle. Déjà à Israël Dieu avait parlé d’une nouvelle
alliance qui pouvait se comparer à celle faite avec Noé, et donc universelle.
Ici, une alliance éternelle est promise à ceux qui écoutent l’invitation.
L’alliance de la bienveillance fidèle à David, litt. : je couperai avec vous
une alliance éternelle, les grâces (loyauté, bienveillance) de David rendues
fermes (le verbe d’où vient le mot Amen). Le même pluriel (rare) en Ps
89.2,50. Quelles bienveillances ? Un règne universel, 89.24-26, et un
règne éternel, 27-38. Autrement dit, l’alliance éternelle n’est pas une
alliance sans Israël, mais fermement ancrée dans celle d’Israël. “David”
rappelle ici le Messie de la première moitié du livre, cf. 9.6, l’unissant au
Messie de la deuxième moitié, le Serviteur souffrant. Sous le Messie, Fils
de David, le monde entier sera réuni, cf. Eph 1.10. Cela se fera en
plusieurs étapes : d’abord dans l’Eglise où Juifs et païens sont réunis pour
former un seul corps, ensuite dans le Millénium quand le Messie établira
son règne sur la terre, et ensuite, finalement, dans la gloire éternelle d’une
nouvelle terre et de nouveaux cieux. L’entrée dans la richesse de cette
gloire est dans la réponse à l’invitation.
Paul cite le verset 3 en Act 13.34 et l’applique à la résurrection de Jésus.
55.6-9, le retour à Dieu de tout homme. Dans l’œuvre du Serviteur se
cache la promesse d’un retour de la nation d’Israël vers son Seigneur. Il
s’y trouve aussi l’ouverture généreuse de la porte pour quiconque cherche
et invoque le nom du Seigneur, Act 2.21; Rom 10.13. Un pardon généreux
et surprenant, Esaïe le précise ici. Dieu pense autrement. Il n’est pas le
Dieu étriqué d’un seul, petit, peuple. Quiconque cherche et invoque sera
sauvé. Mais le chercher et invoquer s’exprime par l’abandon (de sa voie =
comportement, et de ses pensées = ce qui détermine le comportement)
et le retour (ce qui implique un départ). Il sous-entend le fait d’avoir
compris à quel point nous sommes éloignés de Dieu par nature. Ce n’est
pas un pardon aveugle sans repentance. Pas de salut universel
automatique. Mais une recherche au temps propice (il viendra un temps
qui ne sera plus propice) – propice au sens biblique, maintenant que la
colère est détournée sur le Serviteur, et jusqu’au moment où il ne sera
plus ce Dieu de près. Un retour à une autre pensée, et un abandon de nos
pensées orgueilleuses, cf. 2Cor 10.5. Un retour à notre Dieu, le Dieu
d’Israël. Le pardon de Dieu n’est pas mesuré par la petite pensée humaine.
55.10-13, la fécondité actuelle de la Parole de Dieu. A la fécondité future
d’Israël correspond la fécondité actuelle de la Parole de Dieu. Elle garantit
que les griffes de la mort n’auront pas le dernier mot. Mais comme la pluie
ne fait pas pousser le pain sans le travail de l’homme, la Parole de Dieu
sera efficace parce que Dieu œuvre par elle dans les hommes pour que sa
volonté se fasse. Mais cela prend du temps. Parfois, nous voyons une
moisson spirituelle à court terme, mais la plupart du temps, il faudra être
patient. 12,13 réfèrent à un avenir plus lointain quand la joie et la paix
seront établies. La condamnation sera enlevée et la stérilité fera place à
une nature réveillée. Car la création a été soumise à la vanité – non de
son gré, mais à cause de celui qui l’y a soumise – avec une espérance :
cette même création sera libérée de la servitude de la corruption, pour
avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. (Rom 8.20,21)
Malgré la culpabilité du peuple, 56-59
Avec ces chapitres, nous retrouvons une tonalité très proche de la
première partie du livre d’Esaïe. Si l’avenir est glorieux, parce que le
Serviteur en a ouvert le chemin par sa mort, Israël n’en tire aucune gloire
personnelle. Même pour les choses les plus simples – ici le respect du
sabbat et du jeûne – le peuple est incapable de faire ce que Dieu désire.
Mais Dieu n’agit pas selon nos mérites. Donc tout est bien qui finit bien ?
Non. Deux versets résument les destins individuels : 57.15 – Car voici ce
que dit le Dieu très élevé qui demeure éternellement, qui s’appelle le
Saint : J’habite dans un lieu qui est très haut et saint, mais je demeure
aussi avec l’homme accablé, à l’esprit abattu, pour ranimer la vie de qui a
l’esprit abattu et vivifier le cœur des hommes accablés. Et 57.21 – Il n’y a
point de paix, dit mon Dieu, pour les méchants. Notre culpabilité ne peut
annuler le plan de Dieu. Mais le juste vivra par la foi.
56, 57, le sabbat et le cœur
Des commandements qui sont des signes de l’état du cœur du peuple.
56.1-8, le bonheur d’aimer Dieu. Le cadre de ce texte est indiqué dès les
premiers mots : le salut est près d’arriver, il faut donc se presser à vivre
comme Dieu le désire. Cf. le même raisonnement chez Paul en Rom 13.11.
L’homme ici est bien sûr l’Israélite à qui ce commandement avait été
donné. Cf. le rôle du sabbat comme révélateur du cœur : Ex 31.13-16; Ez
20.12,20. Respecter ce jour comme Dieu le désire, c’est témoigner du
bonheur d’aimer Dieu. Pas dans un respect légaliste, mais dans un respect
d’amour, s’abstenir du travail et des loisirs où tout est centré sur soi, se
garder de faire du mal. Le drame est quand nous gardons la loi tout en
n’aimant plus le Législateur.
Dans sa sainteté, Dieu exclut certaines personnes de sa présence : les
étrangers et les eunuques, No 18.7; Dt 23.2-4 (mais peut-être aussi l’écho
d’une attitude en Israël au temps du prophète ? Peut-être que Dieu
s’oppose ici à une obéissance étriquée, une vision pharisienne de sa
parole). C’est le cœur qui détermine le sort final, et les vv 4 et 6 révèlent
le cœur de ces personnes. Ruth un exemple de cela. L’œuvre du Serviteur
dépasserait les limites du peuple. Les promesses aux exclus sont une
indication claire de ce que Dieu réserve pour ceux qui l’aiment :
consolation, appartenance et repos éternel pour les uns, joie, acception,
communion pour les autres, et une leçon pour son peuple que Jésus saura
leur rappeler en Mt 21.13. Israël ne perd pas sa place spéciale, mais il ne
sera pas seul à être rassemblé. Au temps de Jésus et des apôtres, cela
leur était devenu inacceptable, cf. Act 22.21,22. Mais Jean l’avait fort bien
compris, Jn 11.51,52.
56.9-57.2, des hommes sans cœur. Israël se conduit comme l’enfant gâté
qui se croit libre de toute obéissance. Ses guetteurs, les prophètes, sont
aveugles. Ils ne peuvent avertir le peuple, pourtant ils le dévorent.
Incapables de comprendre, ils deviennent brebis perdues au lieu de
bergers capables (cf. 53.6 pour le langage !). Ils s’enivrent pendant que
le juste périt. Mais une chose leur échappe : le juste qu’ils font périr est
aussi un juste enlevé et donc, annonce du jugement à venir.
57.3-13, l’erreur des pécheurs. Voici ce qui se faisait dans le peuple :
prostitution rampante, meurtres d’enfants (culte à Moloch au temps de
Manassé), idolâtrie et abandon du vrai culte, alliance avec les ennemis de
Dieu (8, pactiser = couper – une alliance; tu contemples une main, le
mémorial ? une idole ?) alliances politiques (le roi : Moloch, ou le roi
d’Assyrie). Insensibles à la peine et à la fatigue encourue. Mais voici
l’erreur de ceux qui devraient savoir mieux, parce qu’ils faisaient partie du
peuple : ils ont choisi de ne pas se soucier de Dieu. Le silence de Dieu les
avait induits en erreur. Ils ont oublié que le jugement ne sommeille pas.
Une vie sans Dieu est une vie sans avenir.
57.13-21, la guérison : possible et impossible. Est-il donc puéril et vain de
se réfugier auprès de Dieu ? Voici les aboutissements de deux façons de
vivre. Les uns trouvent un chemin sans obstacle jusque dans la présence
même de Dieu. Comment possible ? Il faudra un médiateur, le Serviteur,
qui détourne la colère. Il y aura de la guérison pour ceux qui se tournent
vers lui. Pas seulement pour les fidèles de toujours, mais aussi pour ceux
qui se sont égarés loin de lui, 17. Guérison et paix. Mais la paix sera à
jamais hors atteinte pour les méchants.
58, 59, le jeûne et la disette
Un appel vibrant contre une religion extérieure, cf. Es 29.13 et Mt 15.8,9.
Le lien entre ces deux chapitres, cf. 58.2 et 59.2.
58.1-14, le vrai jeûne. La religion semble bien se porter selon le v.2. Il y a
une apparente spiritualité, mais elle est liée à une désobéissance de cœur.
Le jeûne est vécu comme un rite extérieur sans effet sur le comportement
de tous les jours, cf. aussi 1.12. Les apparences, 5, contredisent la réalité,
3,4. Le but du jeûne n’est donc pas atteint : pour que votre voix soit
entendue en haut. Leur négligence provoquée par un faux argument : je
peux abandonner toutes les règles, car Dieu demande une religion de
cœur. Or, leur cœur n’y est pas ! Ce n’est que du blabla. Il y aura toujours
un équilibre entre le cœur et les actes. La spiritualité, ce n’est ni
abandonner les pratiques de la Loi, ni les respecter scrupuleusement sans
intelligence renouvelée, mais découvrir leur pourquoi afin d’obéir avec le
cœur. Ce n’est donc pas : “Que vos jeûnes n’aient pas lieu en même temps
que ceux des hypocrites. Ils jeûnent en effet le lundi et le jeudi; pour vous,
jeûnez le mercredi et le vendredi.” (Didachè 8.1) Mais écouter ce que Dieu
dit ici du vrai jeûne, 6,7. Faut-il donc encore jeûner ? Le NT est
étonnamment silencieux à ce sujet. Mais il y a sans doute des occasions
où cela s’impose de lui-même. Mais le jeûne que Dieu préconise ici est à
pratiquer de tout temps.
Notons les résultats, 8,9 : Alors … Cela est redit autrement avec les cinq
“si” de 9-14. Nous négligerons cela à nos dépens. Esaïe revient sur le
sabbat, un jour pour montrer ce qui vit dans notre cœur. Est-ce encore
valable aujourd’hui ?
“Respecter le sabbat aujourd’hui, c’est se reposer sur Jésus-Christ, c’est
vivre pour lui et avec lui chaque jour de la semaine. Or, voilà que le bât
blesse. Car il y a deux manières d’égaliser les différences entre les jours
de la semaine : 1. Parce que tous les jours sont pareils maintenant, je
peux donc considérer le "jour du Seigneur" (Ap 1.10) comme un jour
ouvrable à l’image des autres où je suis libre de faire ce que je veux.
C’est l’égalisation vers le bas. 2. Parce que tous les jours sont maintenant
égaux en Christ, je veux considérer tous les jours comme ‘jours du
Seigneur’ pour faire ce qu’il veut. C’est l’égalisation vers le haut.
Soyons clairs. Il y a dans notre cœur une tendance invétérée à vouloir
exproprier Dieu. Nous l’exproprions de notre argent : « Puisque la dîme
n’est plus exigée, je peux donner aussi peu que je veux, car tout est à
moi. » Bien sûr, nous ne le disons pas ainsi, nous ne le pensons même
pas ainsi. Mais combien de fois n’agissons-nous pas ainsi ? De même,
nous exproprions Dieu de notre temps. Un jour sur sept pour lui devient
trop facilement sept jours sur sept pour moi. Tout homme qui ose se
battre aujourd’hui pour le respect du ‘jour du Seigneur’ se voit vite taxé
de légaliste démodé. Pourtant, consacrer chaque jour concrètement au
Seigneur (“C’est ici la journée que l’Eternel a faite...”) n’empêche pas du
tout de traiter un jour de façon particulière. Le Nouveau Testament
semble aller dans ce sens.” (E. Egberts, La tente de Dieu dans le désert du
monde, Excelsis 2011, p 54)
D’un côté, nous ne pouvons faire ce qui plaît à Dieu dans le seul but
d’obtenir les bénédictions décrites ici – nous serions des matérialistes
idolâtres –, de l’autre côté, il n’est pas possible de plaire à Dieu sans
connaître sa bénédiction, spirituelle, et un jour, totale.
59.1-8, les fruits du mal. Israël pourrait, devrait, connaître la vie de 58.8-
14. Pourtant, il ne connaît que disette, 59.10,11. Pourquoi ? Cette section
répond à la question. Dieu y énumère la réalité de tous les jours. Les fruits
du mal sont des fruits amers. Il y a rupture entre Dieu et le peuple (1,2)
parce que Dieu est un Dieu moral. Il n’est pas un mélomane qui aime les
beaux cantiques sans s’inquiéter du reste ! Quand nous tolérons ce qu’il
tient en horreur, la disette du jugement sera au rendez-vous.
Les fruits : Violence, mensonge, perversité, paroles en l’air, injustice,
méchanceté, empressement pour le mal, pensées obscurcies (cf. Rom
1.21 et la citation d’Es 59 en Rom 3.15-17 et le résumé au v.18). Le
résultat final est l’impossibilité de la paix.
5 : le mal ne fait qu’empirer, les œufs éclosent et c’est pire. On ne peut
pas améliorer le mal : il faut s’en détourner.
59.9-21, l’unique espoir. Les évidences de la disette, 9-15a. Ténèbres (cf.
8.22), faiblesse extrême, plaintes, désespoir, absence du droit et chute de
la vérité. Fruit du hasard des circonstances ? Cela a toujours été comme
ça ? Non, 12, nos crimes. Cette reconnaissance est-ce le secret de l’espoir
que Dieu intervienne ? La réaction de Dieu, 15b-21. Personne qui
intercède, qui se tient sur la brèche. Alors, il intervient, comme en 8.23ss.
Son bras, c’est le Messie, 53.1, armé de toute l’armure de Dieu (voici ce
que Paul avait probablement à l’esprit en Eph 6, en plus de l’image du
soldat romain). Qui sont les adversaires du Messie ? Sans doute d’abord
ceux dans le peuple qui le méprisent. Mais la mention des îles, 18, rappelle
que des peuples lointains se sont toujours servis des péchés d’Israël
comme excuse de leur oppression du peuple de Dieu. Le résultat de
l’intervention divine sera la crainte du nom de l’Eternel sur la terre entière.
Une nouvelle alliance sera conclue lorsque viendra le Rédempteur, 20,21.
19b : Darby - Quand l’ennemi viendra comme un fleuve, l’Esprit de
l’Eternel lèvera un étendard contre lui. Colombe - Quand l’adversaire
viendra comme un fleuve, l’Esprit de l’Eternel le mettra en fuite. SEM - Car
il viendra comme un fleuve en furie agité par un vent venu de l’Eternel.
BFC - on respectera le Seigneur et sa présence glorieuse, quand il arrivera
tel un torrent impétueux poussé par la tempête. TOB - car il viendra
comme un fleuve resserré que précipite le souffle du SEIGNEUR.
Les problèmes : “il” viendra ou l’ennemi ? Mais qui serait le “il” ? (le mot
“adversaire” peut aussi être compris comme une forme du verbe “être
resserré”.) Mieux vaut donc lire “l’ennemi”. L’Esprit ou un vent ? C’est
quoi, un vent de l’Eternel ? Cela rend la compréhension plus compliqué.
Lever un étendard ou précipiter ? L’Hébreu permet les deux, les deux sens
sont proches. La version Darby préférable. La BFC est à rejeter. Cf. Es
11.10,12; 18.3; 62.10.
L’Esprit de Dieu agira et le Messie viendra pour Sion purifié. L’Esprit qui
s’oppose à l’adversaire est celui qui repose sur toi = Sion. Le lien entre
l’Esprit et la parole annonce le NT, cf. Eph 5.18,19 avec Col 3.16.

Par la grâce de Dieu, 60-66


… Car je t’avais frappée dans mon indignation, mais maintenant dans ma
faveur je te témoigne ma tendresse. (60.10)
Par ces chapitres s’achève le livre de ce prophète d’Israël. Par la grâce de
Dieu, le sort du peuple – et du monde – sera entièrement merveilleux.
Dieu restaurera Sion, enverra le Messie, épousera son pays, sauvera son
peuple, et rétablira toute chose. Le dernier chapitre sert de résumé au
livre et en ramasse en quelque sorte tous les fils. Il annonce ce qu’écrira
plus tard l’apôtre Paul en Eph 1.10 : … pour conduire les temps vers
l’accomplissement. Selon ce plan, tout ce qui est au ciel et tout ce qui est
sur la terre doit être réuni sous le gouvernement du Christ.
60-63.6, le temps messianique
Un seul passage dont la clé se trouve en 61.1-3. Cf. 60.15 et 62.4.
60, la restauration de Sion
60.1-9, destins croisés. Avant, ce fut le temps de la domination des nations
et de la servitude d’Israël. A la fin, ce sera inversé. L’Eternel restaurera
Sion et lui donnera le destin qui aurait pu être le sien depuis longtemps si
ce n’est pour le péché du peuple. La gloire du temps de Salomon sera
dépassée. Les nations seront au service d’Israël, éclairés par Israël,
apportant le reste du peuple dispersé et déversant leurs richesses à
Jérusalem.
De quelle époque s’agit-il ? De l’éternité d’une nouvelle création, comme
en Ap 21.1-8 ? Ou d’une époque future de gloire terrestre selon nos
dimensions d’espace et de temps ? De l’éternité ou du Millénium ? Notons
ce que dit le texte : la distinction Israël et les nations existe toujours, 2,3;
on apporte “tes” fils et filles (“tes” pronom féminin, s’applique à Jérusalem,
14), 4,9; on vient apporter des sacrifices sur un autel à Jérusalem, 7; il y
aura un temple, 7.
Un langage semblable en Ap 21.22-26) ne doit pas forcément nous faire
croire à la nouvelle Jérusalem qui descendra du ciel. Là, par exemple, il
n’y aura ni temple, ni autel (cf. 7 avec Ap 21.22). Ici, il semble bien s’agir
d’une restauration de Sion. Si cela est ainsi, le reste du chapitre le
confirmera.
60.10-22, la gloire de Sion. Si on spiritualise tout, on finira par dire que
les fils de l’étranger sont les chrétiens des nations, mais bâtiront-ils les
murailles de Jérusalem ? Ce ne semble pas le sens à donner à Ap 21.18.
L’indignation serait alors pour les Juifs, la faveur pour les païens (greffés
sur Israël) ? Les ressources des nations qui entreront, est-ce possible dans
l’éternité ? Est-il possible de périr dans l’état éternel, 12 ? “Ceux qui
t’outrageaient”, 14, se lit bien dans l’histoire d’Israël, mais pour l’Eglise ?
Y aura-t-il une distinction dans l’éternité entre ceux du dedans et ceux du
dehors ? Peut-on vraiment lire 15 autrement qu’en l’appliquant à
Jérusalem ? Quel pays posséderont les justes de ton peuple, 21 ?
Y aura-t-il les mêmes conditions que celle de maintenant ? Non.
Clairement, le Millénium, ou le règne futur d’Israël et la gloire de
Jérusalem, concerne un temps différent, où se retrouvent, du moins en
partie, les conditions de la nouvelle Jérusalem, mais sans qu’il faille
confondre les deux, au risque de créer la confusion. Ainsi, il faudra sans
doute conclure que la Jérusalem restaurée et la nouvelle Jérusalem
coexisteront, mais sans confusion, deux entités également bénies et
pourtant distinctes. Ainsi le temps viendra où le Seigneur satisfera
pleinement les attentes millénaires de son peuple et les promesses faites
à l’Eglise en un seul avenir plein de gloire et de splendeur.
61.1-63.6, le Messie
61.1-3, le Messie promis. Ce passage a reçu un éclairage lumineux par les
paroles de Jésus en Luc 4.18-21, cf. aussi Luc 7.22. Mais Jésus arrête sa
lecture au milieu du v.2, laissant la vengeance annoncée pour un autre
jour, et une autre venue. Ce texte, comme les chants du Serviteur (42,
53) dit clairement ce que fera le Messie, et donc, à quoi on doit pouvoir le
reconnaître. C’est ainsi que Jésus s’en sert devant la question de Jean-
Baptiste. Le ministère du Messie rappellerait ainsi la bénédiction de l’année
du jubilé, Lév 25.10.
La deuxième partie de ce texte est encore future. C’est lors de son retour
que cela s’accomplira, cf. le deuil mentionné par Zacharie (12.10). Car le
deuil est encore futur.
61.4-9, le fruit de son œuvre. C’est ce que les Juifs ont lu en oubliant tout
ce qui était dit de la souffrance du Messie. Mais ce fruit suivra le retour du
Messie pour établir son règne. Il y aura un relèvement du pays, un service
rendu par les étrangers du fait que le peuple deviendra un peuple de
sacrificateurs (Ex 19.5,6). Une alliance éternelle, cf. Ez 37.21-28. Ce n’est
pas l’Eglise qui est décrite ici, pas plus qu’un état éternel, mais bien la
bénédiction qu’attendaient les disciples en Act 1.6,7 sans que Jésus corrige
leur attente.
61.10-62.12, une année de grâce : le pays épousé
61.10,11, enfin la joie. Qui est le “je” de 61.10 ? Pour certains, il s’agit du
Messie (1-3). Pour d’autres de l’Eglise (!). Il vaut mieux y voir Sion, cœur
spirituel du peuple et du pays. Habillée et ornée comme une fiancée, elle
qui était délaissée (60.15, cf. presque 2000 ans d’abandon) sera épousée,
62.4.
62.1-5, annonce des épousailles. Je : le Messie ou le prophète ? Plutôt le
prophète. Quel nom nouveau ? Cf. 4,12 (Hephtsibah, Beoulah). La gloire
de Sion est de devenir l’épouse de l’Eternel, cf. Os 2.18-22. Impossible,
eu égard à la promesse du NT qui fait de l’Eglise l’épouse du Seigneur ?
Cela conduira une école d’interprétation à conclure qu’Israël = l’Eglise.
Mais cela transformerait les détails innombrables des prophéties en
spiritualisations plates ! La Bible annonce un double avenir : celui d’Israël
et celui de l’Eglise. Seul le Millénium semble capable de réunir ces deux
sans contradiction. Notez l’accent en 4 sur la terre. Le texte aurait pu se
contenter de mentionner le peuple. Mais il y a ici l’accomplissement pour
les deux, peuple, 5, et terre, 4.
62.6-12, en attendant. Deux choses sont ordonnées pour préparer ces
temps messianiques : l’intercession, 6-9, et le travail, 10-12 (ora et
labora, cf. 2P 3.12). D’abord le travail des veilleurs, cf. Ez 3.17 et 33.7.
Pas de répit à Dieu ! Cf. Luc 18.1-8. Cf. deux de ces veilleurs en Luc
2.25,26,37,38. Cf. aussi l’étrange récit de Flavius Josèphe sur Jésus ben
Ananias, Guerres VI,5,3 :
“Mais voici de tous ces présages le plus terrible : un certain Jésus, fils
d’Ananias, de condition humble …, se rendit, 4 ans avant la guerre, quand
la ville jouissait d’une paix et d’une prospérité très grandes, à la fête où il
est d’usage que tous dressent des tentes en l’honneur de Dieu, et se mit
soudain à crier dans le Temple : “Voix de l’Orient, voix de l’Occident, voix
des quatre vents, voix contre Jérusalem et contre le Temple, voix contre les
nouveaux époux et les nouvelles épouses, voix contre tout le peuple !” Et il
marchait, criant jour et nuit ces paroles, dans toutes les rues. Quelques
citoyens notables, irrités de ces dires de mauvais augure, saisirent l’homme,
le maltraitèrent et le rouèrent de coups. Mais lui, sans un mot de défense,
sans une prière adressée à ceux qui le frappaient, continuait à jeter les
mêmes cris qu’auparavant. Les magistrats, croyant avec raison, que
l’agitation de cet homme avait quelque chose de surnaturel, le menèrent
devant le gouverneur romain. Là, déchiré à coups de fouet jusqu’aux os, il
ne supplia pas, il ne pleura pas mais il répondait à chaque coup, … : “Malheur
à Jérusalem !” Le gouverneur Albinus lui demanda qui il était, d’où il venait,
pourquoi il prononçait ces paroles; l’homme ne fit absolument aucune
réponse, mais il ne cessa pas de réitérer cette lamentation sur la ville, tant
qu’enfin Albinus, le jugeant fou, le mit en liberté. Jusqu’au début de la
guerre, il n’entretint de rapport avec aucun de ses concitoyens; … mais tous
les jours, … il répétait sa plainte : “Malheur à Jérusalem !” Il ne maudissait
pas ceux qui le frappaient quotidiennement, il ne remerciait pas ceux qui lui
donnaient quelque nourriture. Sa seule réponse à tous était ce présage
funeste. … Durant 7 ans et 5 mois, il persévéra dans son dire, et sa voix
n’éprouvait ni faiblesse ni fatigue; enfin, pendant le siège, voyant se vérifier
son présage, il se tut. Car tandis que, faisant le tour du rempart, il criait
d’une voix aiguë : “Malheur encore à la ville, au peuple et au Temple”, il
ajouta à la fin : “Malheur à moi-même”, et aussitôt une pierre lancée … le
frappa à mort. Il rendit l’âme en répétant les mêmes mots.”
7,8 donnent à cette prière son fondement : la promesse de Dieu. Ps 122.6-
9 en est une expression connue. Ce même ministère d’intercession est
confié à l’Eglise, et peut-être encore plus particulièrement à ceux et celles
que Dieu a appelé à cela de manière spéciale.
Mais il faut aussi travailler en préparant le chemin, cf. 40.3 et le ministère
de Jean-Baptiste. De nos jours, cela s’exprime par une attitude de
bienveillance à l’égard d’Israël. Cette œuvre sera centrée sur le Messie qui
est venu et qui reviendra, 11. C’est une attitude qui s’oppose totalement
à l’antisémitisme et à l’antisionisme ambiant.
63.1-6, un jour de vengeance. Cf. 61.2. Edom (= rouge) joue ici le rôle de
représentant des nations, comme en 34.5 et en Abdias. Tout comme 60.1-
9 avait commencé par décrire la gloire de Sion et le service des nations,
ce texte décrit le jugement et l’ignominie des nations rebelles. Mais quel
rapport étonnant : un jour de vengeance, une année de grâce, cf. 61.2.
La vengeance est la petite œuvre, la grâce est la grande œuvre de Dieu.
Quelle erreur que d’oublier la colère qui gronde ! 5, cf. 59.16. Personne :
une référence à l’absence de justice et de rétribution qui caractérise si
souvent la vie ici-bas ? Ou une référence à la faiblesse du bien pour contrer
avec force et détermination le mal qui semble régner sans partage ?
63.7-65.25, une espérance malgré tout
Une prière d’intercession de la part d’Esaïe. Une réponse directe à 62.6,7.
La vision des temps messianiques qui viennent avec l’année de grâce et le
jour de vengeance poussent le prophète à ne pas donner de répit au
Seigneur.
63.7-14, un jour de grâce. Le passé comme guide de l’avenir. Son point
de départ : les bienveillances du passé (55.3). Notre assurance ne repose
pas dans nos accomplissements, mais dans la bonté inimaginable de Dieu.
Il la formule avec des mots étonnants, 9 : les détresses de son peuple sont
détresse pour Dieu. Cf. la conclusion de J.I. Packer, Connaître Dieu, p
147 :
“… en accordant son amour aux hommes Dieu a délibérément lié son
bonheur final au leur. Ce n'est pas sans raison que la Bible parle
fréquemment de Dieu comme d’un père aimant ou comme de l'époux de son
peuple. Il s'ensuit qu'en raison même de la nature de ces relations, le
bonheur de Dieu restera incomplet tant que ses bien-aimés ne seront pas
définitivement à l'abri de tout danger. Dieu était heureux sans l'homme
avant que celui-ci soit créé et il aurait continué d’être heureux s’il avait tout
simplement détruit l'homme après qu'il ait péché. Mais Dieu a aimé les
pécheurs et, à cause de cela il a librement et volontairement renoncé à jouir
du bonheur parfait et sans mélange qui était le sien auparavant, jusqu'à ce
qu'il ait amené au ciel chacun de ceux qu’il a aimés. Il a en fait décidé que,
désormais et pour l'éternité, son bonheur serait fonction du nôtre… Ceci
explique dans une certaine mesure pourquoi il y a de la joie (la joie de Dieu)
devant les anges lorsqu'un pécheur se repent (Luc 15.10) et pourquoi il y
aura de “l’allégresse” lorsque, au dernier jour, Dieu nous fera paraître
irrépréhensibles en sa sainte présence (Jude 24). C'est une pensée qui
dépasse l’entendement et que l'humble foi elle-même accepte difficilement
mais si l'on s'en rapporte à l'Ecriture, il ne peut y avoir de doute : l'amour
de Dieu est bien aussi merveilleux !”
Mais. Israël n’a pas répondu à cela comme il aurait dû. Attristé l’Esprit, cf.
Eph 4.30. Résultat : Dieu a combattu contre eux ! Le peuple a pris
conscience de cela et s’est souvenu de ce que Dieu a fait autrefois, lors de
l’Exode. Il les a amenés au repos.
63.15-64.11, reviens ! La prière elle-même : 15,17,19,64.8. Un appel à
qui Dieu est. Une reconnaissance que le peuple n’a jamais eu d’autre Père,
d’autre Sauveur, et que la situation actuelle est un jugement, 17, cf. Ps
90.7. Le peuple est devenu un peuple errant et sans berger. Alors,
reviens ! Si Dieu devait agir, tout changerait, 64.1-4. Car il est un Dieu
unique : aucun autre dieu réputé pour agir ainsi pour ceux qui s’attendent
à lui. Mais il y a un problème : Voici, tu t’es irrité car nous avons péché. Y
a-t-il une issue ? Ici un problème de traduction : Litt : par eux (=tes voies)
de tout temps et nous serons sauvés. (=Semeur) Ou : En eux (=nos
péchés) pour une éternité, et serons-nous sauvés ? (= Anglais, Allemand)
La Colombe change l’ordre des mots pour mieux relier avec la suite, mais
la solution est très discutable. La traduction de plusieurs des versions
anglaises et allemandes paraît plus juste par rapport à la suite. Nous lirons
donc pour cette dernière ligne de 64.4 : “y demeurerons-nous
éternellement, ou serons-nous sauvés ?
Possible d’être sauvés ? 5,6 disent la réalité terrible du péché (cf. Rom
3.10-12). Le résultat est que Dieu ne peut être connu. Humainement, il
n’y a pas d’espoir. C’est ce qui pousse Esaïe en avant sur le chemin de la
foi audacieuse : nous ne sommes que de l’argile. L’espoir n’est qu’en toi,
le Potier. Alors, fais grâce ! Tout est devenu ruine et Sion un désert. Alors,
reviens !
65, la réponse de Dieu. L’ensemble de ce chapitre contient la réponse à la
prière d’Esaïe. Elle tient en trois parties : 1. le jugement atteindra ceux
qui se détournent de Dieu; 2. Dieu fera une différence entre ceux qui le
cherchent et ceux qui le méprisent. 3. Dieu rétablira son peuple.
65.1-7, le jugement atteindra ceux qui se détournent de Dieu. Cela a
toujours été la façon de Dieu, cf. Mt 21.40,41 et 22.7. Ce qui damne c’est
un cœur froid devant Dieu. Le peuple condamné ici s’est ennuyé de Dieu,
3,4. Il s’est écouté plutôt que de trembler aux paroles de Dieu. Ce que
Dieu reproche ici correspond de très près à ce que dit Malachie. Paul cite
les deux premiers versets en Rom 10.20,21 et applique le premier aux
païens, le deuxième aux Juifs. Les premiers trouvent – non pas tant parce
qu’ils ont cherché, mais parce que Dieu s’est laissé trouver. Sa grâce
offerte à ceux qui en étaient exclus. Mais à Israël – ceux du peuple qui
étaient fatigués de lui, peut-être la majorité – Dieu exprime son irritation,
5b, et son jugement : une pleine mesure.
65.8-16, Dieu fera une différence entre ceux qui le cherchent et ceux qui
le méprisent. Pourtant, il y a une partie du peuple qui vit autrement. En
eux, l’intercession d’Esaïe est exaucée. Pour eux, la vallée de la
malédiction devient un lieu d’abondance. Pour eux reste vrai ce que Jésus
dira plus tard : Cherchez et vous trouverez.
Le contraste : Deux genres d’hommes, à l’intérieur d’Israël comme dans
tout peuple. Deux destins, car deux façons de vivre. Les uns marqués par
les mots : oublie, idolâtrie, indifférence, provocation. Ils finissent par
découvrir qu’un jour, il faudra assumer. 13,14, cf. Luc 16.22,25. Ceux qui
ont servi Dieu, par contre, hériteront de la bénédiction. Ce sera le temps
du grand renversement dont parlent les versets suivants.
65.17-25, Dieu rétablira son peuple. Ce texte rappelle tout ce qui a été
déjà dit du destin de Jérusalem et le relie à ce qui avait déjà été dit en
11.6-10. Mais de quoi parle Esaïe ?
“Comment réconcilier ce texte avec Apocalypse 21.1-8 ?
Voici les quatre solutions possibles :
A. Il faut (ré)interpréter Esaïe à la lumière de l’Apocalypse. Cela revient à
dire que les références au Millénium sont à comprendre au sens figuratif.
Derek Kidner résume cela succinctement :
L’idée que veut exprimer “âgé de cent ans” (v. 20) est que, dans ce cadre
nouveau, la durée d’un siècle seulement est ridiculement courte, si grande est
l’échelle des grandeurs.
La question est ouverte de savoir si ce passage promet ces bénédictions de
façon littérale ou s’il dépeint l’état final au moyen d’analogies terrestres. Si les
conditions sont littérales, ce seront celles du millénium, comme dans une
lecture simple d’Ap. 20 où les saints ressuscités paraissent coexister avec les
hommes de l’économie actuelle avant le jugement dernier. Cependant, on peut
objecter à cela que, dans la suite des événements, la nouvelle création (v. 17,18)
précède ici les bénédictions, alors que, dans Ap. 21.1, elle les suit. C’est
pourquoi il semble que nous devons prendre ce passage dans le sens figuré, et
ses allusions au pécheur (v. 20) et au serpent (v. 25) comme des promesses de
jugement et de victoire. Dans le monde parfait à venir, les méchants ne seront
plus florissants, les forts ne feront plus des faibles leur proie, le tentateur
n’échappera plus à son jugement (cf. v. 25 avec Gen 3.14,15). Mais tout cela est
exprimé librement, en suggérant des images, pour susciter l’espoir plutôt que
pour nourrir la curiosité.4
C’est typiquement l’interprétation amillénariste des textes de l’Ancien
Testament. Cependant, cela n’est guère la manière naturelle de prendre ces
références. On n’a pas le droit d’évacuer ainsi toutes les bénédictions
“matérielles” promises à Israël, à moins d’avoir une raison prépondérante
dans la Bible elle-même. Un système théologique ne constitue pas une telle
raison. Nous avons déjà indiqué pourquoi la “lecture simple” d’Apocalypse
20 est la plus probable. Dès lors, une interprétation allégorisante des
prophéties de l’Ancien Testament revient à imposer au texte un sens
‘artificiel’. C’est forcer le texte dans un carcan théologique. Il faudra quand
même admettre qu’Esaïe ne parle pas seulement d’un siècle comme d’un
temps ridiculement court. Il dit effectivement que la mort existe toujours :
“Car le jeune homme mourra âgé de cent ans, et le pécheur âgé de cent ans
sera maudit” (v. 20 Darby). Peut-on spiritualiser cela ?5
B. Il faut interpréter l’Apocalypse à la lumière d’Esaïe. Cela reviendrait à lire
Apocalypse 21.1-8 en termes du règne millénaire. Une telle lecture est quasi
impossible. Il faudrait considérer alors l’ensemble de 21.1-22.5 comme une
parenthèse et accepter que l’Apocalypse ne dise rien sur l’état éternel, ce qui
nous paraît insurmontable. Il est assez logique de considérer l’histoire
résumée à la fin du livre comme une continuité : le retour du Christ et la
perdition de la bête, l’enchaînement de Satan et le règne millénaire, la
dernière séduction de l’humanité et le jugement dernier, et ensuite,
l’avènement de l’état éternel. La formule d’introduction de 21.9 montre que
la parenthèse commence à ce point précis, et donc pas avant.

4
Derek KIDNER, Esaïe, in : Nouveau Commentaire Biblique, Emmaüs 1978.
5
En Zacharie 13.1-6 il est aussi question de mort durant le règne messianique : Si
quelqu’un prophétise encore, alors son propre père et sa mère elle-même, eux qui
l’ont engendré, lui déclareront ce qui suit : “Tu seras mis à mort. Car tu dis des
mensonges au nom de l’Eternel.” Et son père et sa mère, eux qui l’ont engendré,
transperceront leur fils pendant qu’il prophétisera. Il semble bien qu’il faille placer cela
en cette période, cf. 13.1, où la source semble être l’équivalent de celle qui coule en
Ezéchiel 47.
C. Il faut conclure que les deux textes parlent de deux choses différentes. Une
interprétation non allégorisante nous pousse à la conclusion qu’Esaïe parle
effectivement du Millénium, tandis qu’Apocalypse 21.1-8 concerne bien l’état
éternel. Chez Esaïe, la mort est toujours une réalité, v. 20, et il y a toujours
des naissances, et donc une activité sexuelle, v. 23, cf. Matthieu 22.30 : En
effet, une fois ressuscités, les hommes et les femmes ne se marieront plus;
ils vivront comme les anges qui sont dans le ciel. Faut-il dès lors conclure
que le nouveau ciel et la nouvelle terre sont à interpréter différemment dans
les deux textes ? Est-il possible qu’Esaïe parle de la “re-création” du ciel et de
la terre avant le Millénium ? Que le Millénium ne s’implantera pas sur la
terre polluée que les plaies de l’Apocalypse dépeignent semble assez évident.
Dans ce cas, est-il envisageable que ce renouvellement de la création actuelle
sera tellement radical que le mot ‘créer’ peut s’appliquer ? On pourrait penser
à Actes 3.21 où Pierre parle des temps du rétablissement (d’après le Grec, on
parle parfois de l’apokatastase) de tout ce dont Dieu a parlé par la bouche
de ses saints prophètes d’autrefois. Une telle lecture est assez tentante.
D. Il faut discerner deux accomplissements chez Esaïe. En parlant du
sixième sceau, nous avions remarqué que les prophéties de l’Ancien
Testament peuvent télescoper deux événements qui sont pourtant séparés
dans le temps. Peut-être qu’Esaïe voit ici deux événements, d’abord le plus
lointain, la création d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre, pour ensuite
décrire la situation qui prévaudra lors du Millénium. L’apôtre Pierre dit
quelque chose de ce genre quand il écrit : Ce salut a fait l’objet des recherches
et des investigations des prophètes qui ont annoncé d’avance la grâce qui
vous était destinée. Ils cherchaient à découvrir à quelle époque et à quels
événements se rapportaient les indications données par l’Esprit du Christ.
Cet Esprit était en eux et annonçait à l’avance les souffrances du Messie et
la gloire dont elles seraient suivies. (1 Pierre 1.10,11)
Il n’est pas facile de choisir entre les solutions C et D. Les deux semblent
également possibles. Nous avons toutefois une préférence pour la troisième
solution.” 6
Est-ce ramener tout à des réalités matérielles ? Non, cela est impossible.
On ne peut vivre l’accomplissement de tous les espoirs et se limiter au
matériel. Mais en même temps, on ne peut gommer le matériel. Dieu nous
a créés ainsi et l’idée même de la résurrection corporelle rappelle que la
dimension matérielle fait partie de la bénédiction future. Communion
spirituelle, 24, et bénédiction matérielle vont de pair. La prière d’Esaïe sera
exaucée au-delà de toute imagination. De même, “Que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel” recevra un jour un
exaucement au-delà de nos espoirs.

6 Egbert EGBERTS, Apocalypse, la mémoire du futur, L’Oasis 2013, pp 268-270


66, péché et rédemption
Une dernière parole aux hommes de notre temps, de ce côté-ci de
l’accomplissement des prophéties.
66.1-6, l’ultime avertissement. Un Dieu grand et redoutable, impossible de
manipuler. Il est le Créateur au-dessus de toute chose. Il est le Dieu
compatissant envers l’homme abattu, 57.15, l’homme qui tremble à sa
parole (cf. Esd 9.4; 10.3). De peur ? Non, mais la crainte de l’Eternel est
le début de la sagesse. C’est ce qu’oublient ceux qui ne le prennent pas
au sérieux. C’est ce qui les amène à une vie partagée : un peu de respect
de Dieu et, essentiellement, une vie sans Dieu, 3. Le jugement fera la
différence entre eux et les vrais serviteurs de Dieu. Les persécutés
d’aujourd’hui seront dans la gloire. C’est notre eschatologie qui fait la
différence. Trembler à sa parole : finalement, la question est : cette parole
est-elle notre juge ou nous considérons-nous ses juges ?
66.7-14, l’ultime promesse. Aujourd’hui, l’avenir de Sion semble
compromis. Mais les choses vont connaître un changement rapide et
soudain : en un jour naîtront un pays, une nation, une ville. Cette
promesse correspond à une attitude aujourd’hui, 10. C’est encore le temps
du deuil, et pourtant il faut se réjouir. Car Dieu changera son sort. Les
nations viendront, 2.2-4, et porteront, 49.22,23; 60.4. La paix coulera
comme un fleuve et Israël sera consolé à Jérusalem. Que cela soit vrai des
chrétiens, déjà maintenant en Christ, et un jour glorieusement dans la
nouvelle Jérusalem, Ap 21.9ss, n’enlève rien à la réalité de ce texte pour
l’Israël selon la chair.
66.15-24, l’ultime message.
- Un message de terreur, 15-17. Le jugement s’exercera par le feu, cf. 2P
3.7. Sur l’ensemble de ce texte, voir 2Th 1.7-10. Alors sonnera le glas de
tous ceux qui ont cru façonner leur propre religion.
- Un message d’espoir, 18-22. (18a probablement à comprendre comme
conclusion du 17) Quel espoir ? Le rassemblement des nations, 18, pas
pour le jugement, comme Za 14.2, mais un rassemblement au-delà de
celui-là pour voir la gloire du Seigneur. L’annonce aux nations, 19, qui
n’ont ni entendu, ni vu. Contredit par Mt 24.14 (Cette Bonne Nouvelle du
règne de Dieu sera proclamée dans le monde entier pour que tous les peuples
en entendent le témoignage. Alors seulement viendra la fin. ) ? Pas
nécessairement. Nous sommes pratiquement au bout de la tâche
missionnaire. Pourtant, le groupe de ceux qui n’ont ni vu, ni entendu ne
fait que croître. C’est peut-être à cela que s’adresse Esaïe ici. Il se peut
aussi que la scène décrite se situe au-delà du retour de Christ, dans le
règne millénaire du Messie. Le retour des bannis, 20. Un double
mouvement, celui des nations qui amènent les exilés comme offrande à
Dieu, et d’Israël qui apporte son offrande, enfin pure, au temple. Le
nouveau culte, 21. Sacrificateurs et Lévites nous annoncent un nouveau
culte, au-delà du sacrifice du Serviteur de l’Eternel. La fidélité de Dieu, 22.
Dieu n’en a pas fini avec ce peuple. Au-delà du Millénium (cf. 65.17) et
pour l’éternité, le nom d’Israël et sa semence (Gal 3.16) perdureront.
- Un message d’avertissement, 23,24. Le temps est ici sans doute celui du
Millénium. La fin d’Esaïe ressemble à ce que dira l’Apocalypse lorsqu’elle
décrit la fin, tant en 21.7,8, qu’en la conclusion, 22.14,15. Dans les deux
cas, il y a ici un avertissement terrible adressé à ceux qui n’ont que faire
du Dieu d’Israël. L’autorité de Dieu sera incontestable. Et sa menace est
aussi sûre que sa promesse. La citation en Mc 9.44-46 est peut-être
incertaine; la réalité éternelle de l’enfer ne l’est pas, cf. Ap 20.14,15 où
les morts ressuscités sont jugés et condamnés. Arrêter d’exister
(l’annihilation) serait en fait une bonne nouvelle pour ceux qui se rebellent
contre Dieu !

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