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Cours Aldo Rossi

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S6SH Aldo Rossi / Sophie Paviol- 1

ALDO ROSSI : L’AUTONOMIE DISCIPLINAIRE

A partir du livre d’Aldo Rossi, L’architettura della città (L’architecture de la ville),


publié en Italie en 1966.

Rappel
Caractéristique de l’architecture de la fin du XXe siècle : une multiplicité des référents
et d’hypothèses de travail.
Chaque architecte se donne ses propres paramètres de conception.
• Peter Eisenman : architecture qui privilégie les processus géométrico-formels
et l’invention de récits fictifs sur l’histoire des lieux.
• Venturi : architecture qui interprète de manière savante les signes de la culture populaire.
• Aldo Rossi : interroge la spécificité de l’architecture. Il conçoit ses projets à partir d’une
culture propre à la discipline.

Aldo Rossi — Retour de l’architecture sur elle-même.


Tout son travail est une invitation à redécouvrir l’architecture et la culture architecturale.
Faire de l’architecture, une discipline (un savoir) « autonome » (≠ recours à d’autres disciplines
comme la sociologie, l’urbanisme…).

A fin des années 60 : discours sur la ville tenu essentiellement par les sociologues
et chercheurs en sciences politiques (sciences humaines).
Résultat : on en vient à oublier ses formes construites, son architecture.

L’architecture de la ville (L’architettura della città) 1966


Pour rappel, Robert Venturi va publier L’Enseignement de Las Vegas en 1977 (dix ans après);
et Colin Rowe, Collage City en 1978.

L’architecture de la ville — Texte fondamental dans le débat sur la ville en Europe.


Pour Rossi, l’architecture doit être le point de départ de toute pensée de la ville
et de sa fabrication (≠ l’urbanisme).

Ville ≠ uniquement une question d’urbanisme (planification, zoning des activités


et réseaux de circulation, flux).
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Rossi considère que la division de la ville en zones est une détermination capitaliste de la ville qui
correspond à la division du travail (pensée marxiste ; cf. Tafuri).

Pour lui, la ville, c’est d’abord une question d’architecture : d’édifices, de formes construites. Met en
avant l’architecture comme 1ère composante de la ville.

Dans L’architecture de la ville : propose de mieux comprendre la structure spatiale


de la ville européenne en :
• Analysant la ville pour ce qu’elle est ; en prenant en compte toutes les données spécifiques à
l’architecture : tout ce qui est de l’ordre de la forme et de la culture architecturale.
• C’est-à-dire tout ce qui, à l’époque, n’est pas pris en compte par la sociologie.
Sociologie privilégie les questions d’usage, de démocratie, de mixité sociale
(≠ forme urbaine).

Rossi pense que la qualité d’une ville tient aux formes spatiales de ses rues, à ses reliefs, à ses
fleuves : à tout ce qu’on peut apprendre en se promenant.
Il accorde la plus grande importance à l’expérience concrète des espaces, au vécu,
au ressenti.

Propose d’inscrire la ville dans son territoire géographique et historique.

Hypothèse fondamentale du livre — considérer la ville comme un « tout »,


constitué d’abord par des édifices (avant les rues et les places) ;
un tout qui est plus important que les parties.
Unité de la ville (≠ dissection, au nom d’une approche fonctionnelle de la ville).

Pensée de la ville qui s’inscrit dans la lignée de celle défendue à la fin du 19e siècle par Camillo Sitte,
L’art de bâtir les villes, 1889.
Même si Rossi privilégie les pleins (édifices) et Camillo Sitte privilégie les vides (rues et places).

Sitte — Le vrai enjeu de la conception de la ville est la « beauté » de son plan.


Position atypique, à la fin du 19e s., au moment de la naissance de l’urbanisme.
Pense la ville à partir des formes de la rue et de la place (vides et de creux), dans la tradition de la ville
italienne.
Limites de cette proposition : réduit la ville à une question d’esthétique (le pittoresque).

Aldo Rossi : pensée de la ville qui accorde la plus grande attention aux édifices :
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leur forme et leur permanence dans le temps.


Question essentielle : question de la TYPOLOGIE des édifices et de la manière dont ils constituent la
ville.
(≠ Venturi qui, au même moment, commence à analyser Philadelphie et Las Vegas / signes non
architecturaux : enseignes des magasins)

Pour Rossi, la typologie est le fondement de l’architecture.


Force du type : schéma spatial (matrice) universel, anhistorique : actualisé, à chaque fois
de manière différente par la technique, la fonction, les éléments de l’architecture.
Le type précède la forme et permet son élaboration.
Ex. organisation autour de la cour, la barre…

Pour Rossi, les questions typologiques sont présentes dans toute l’histoire de l’architecture
et se posent, dès qu’on conçoit dans un site urbain.

Ex. Colin Rowe, Mathématique de la villa idéale — Villa Savoye et Rotonde de Palladio : même
typologie : maison carrée organisée autour d’un espace central.
Cet espace central prend la forme :
• du dôme de la Rotonde de Palladio
• du jardin suspendu de la Villa Savoye de LC
Mais pour Colin Rowe : d’abord une question de proportion (Villa Stein à Garches et Malcontenta) ≠
Rossi : d’abord une question d’organisation de l’espace.

Notion de type n’est pas nouvelle. Son importance est développée au début du 19e s. par Quatremère
de Quincy, théoricien de l’architecture :
Dictionnaire historique de l’architecture, 1832.
Le type : principe d’organisation spatiale (≠ modèle à copier ou à imiter).
Forme abstraite (schéma, matrice) à partir de laquelle on peut concevoir des projets très différents.
Rossi reprend cette définition.

Rossi — le type, c’est l’essence de l’architecture, ce qui la définit comme architecture.


Type : ce qui s’impose « aux sentiments et à la raison » comme étant le principe de l’architecture et de
la ville.
Considère que :
- les types de la maison n’ont pas changé fondamentalement depuis l’Antiquité.
- Il n’y a pas, à chaque époque, de nouveaux modes de vie possibles
Inscription de l’architecture dans un temps long et continu.
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Aldo Rossi refuse la justification des formes urbaines à partir de leur fonction
(cf. désintérêt pour la fonction, pour d’autres raisons, d’Eisenman et Rowe).
Pour Rossi, la fonction est une explication qui empêche de voir et de comprendre les formes spatiales.

Ce qu’il rejette, ce n’est pas la notion de fonction, mais :


la pensée naïve qui voudrait que les fonctions puissent déterminer la ville et l’architecture, de manière
univoque. Attaque contre le fonctionnalisme.

Constate que l’architecture perdure, quand la fonction (qui tient toujours à un temps
et à une société) change.
Nous continuons à vivre dans des édifices dont la fonction initiale est perdue depuis longtemps. Leur
valeur réside uniquement dans leur forme spatiale.

Enjeu de L’architecture de la ville :


Comprendre la spécificité architecturale de chaque ville.

Le LIEU stratégique pour observer et comprendre la ville : le sol.


Sol : le lieu où se manifestent les faits urbains.
Comment procéder ?
1. Identifier les quartiers
2. Repérer les monuments
3. Comprendre le locus

1. Identifier les quartiers et leurs limites.


Morceaux de ville et leurs articulations au reste de la ville.
Chaque quartier est caractérisé par des formes urbaines (un tissu, un type de parcellaire), un contenu
social et des usages.
Dès que l’une de ses données change : on est à la limite du quartier. On passe à un autre quartier.
Ce qui intéresse Rossi, c’est avant tout, les quartiers résidentiels (quartiers où l’on habite
≠ travail, commerce). Ville européenne a toujours été caractérisée par le logement.
Logement est significatif d’une culture, d’une société. Il évolue très lentement car les
habitudes de vie (celles qui touchent à la famille, à l’intimité) changent peu
(≠ conviction des modernes).

2. Porter la plus grande attention également aux monuments


Monument : valeur « en soi », supérieure à ses usages : qui tient aussi à son histoire
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et à sa position dans la ville. Peut changer de fonction.


Monument (≠ uniquement construction) : lieu où il s’est produit un événement important
qui a orienté la transformation de la ville.

3. Comprendre le locus.
Dans le monde romain, le genius loci (la divinité du lieu) décidait de tout ce qui se passait dans ce
lieu : manière dont il pourra être habité, construit.

Autrement pour Rossi : l’architecture (édifice et ville) : rencontre entre quelque chose dd’universel (le
type) et quelque chose de particulier (la situation locale, le milieu et l’histoire du lieu).

L’ARCHITECTURE D’ALDO ROSSI

Aldo Rossi développe son architecture à partir des éléments et formes intemporels : colonne, tour
carrée, des types urbains.
Géométrisation, simplification des formes de l’architecture classique (cf. architecture des Lumières au
18e siècle : Ledoux, Lequeu, Boullée).
Il redécouvre les éléments (bannis par les Modernes) et en fait la base de ses compositions.

Place de la Mairie et Monuments aux morts de Segrate, 1965


Conception et aménagement d’une place qui marque le passage entre la campagne et
le nouveau cœur de ville.
Limites de la place marquées :
• D’un côté par un mur percé de 2 portes ;
• et de l’autre, par des cylindres tronqués : ruines de colonnes.
Grand emmarchement (cf. amphithéâtre) conduit vers la campagne).

Principal élément de la place : monument des résistants :


2 murs, un escalier monumental, une colonne, un « toiture » triangulaire :
tous les éléments du temple, mais assemblés autrement. Glissement, translation.

Matérialité de cette architecture (≠ volonté de dématérialisation des modernes).


Ombre : passage du temps et des saisons.
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Rossi compose à partir du rythme des pleins et des vides, de la masse des volumes : cf. les tableaux du
peintre Giorgio De Chirico, début du XXe. Thème de l’intemporel.
Refus de la modernité.
Pour Rossi, l’architecture doit être partagée par tous (cf. volonté de Venturi).
Mais Rossi recourt à la mémoire collective, souvenirs partagés (≠ choses du présent).

Gallaratese II, immeuble de logement avec Carlo Aymonino, 1969-70


Ville nouvelle, dans la périphérie de Milan : territoire de campagne avec des fermes.
Immeuble Gallaratese : édifice en longueur, conçu à partir d’une coursive : long couloir ouvert aux
vents, au soleil.
Double référence :
- la coursive des immeubles de ville et des fermes de la région de Milan.
- la rue intérieure de l’architecture moderne, Unités d’habitation de LC

Coursive : choix typologique.


« Je pense que le choix de la typologie est un moment décisif dans la projettation.
Beaucoup d’architectures sont mauvaises parce qu’elles ne correspondent pas à un choix clair. Elles
sont privées de sens. »

Immeuble de 182 m de long (12m de largeur) et de 2 ou 3 étages (pas très haut).


Logements s’élèvent au-dessus d’une enfilade de lames de béton.
Leur rythme est interrompu au centre par 4 grosses colonnes (diamètre de 1,80 m).
Colonnes ? cylindres ? pilotis ?
Pilotis de LC sont transformés en cylindres.

Cimetière de San Cataldo à Modena, 1971-78


Rossi : « Le cimetière, en tant qu’édifice, est la maison des morts. A l’origine, il n’y avait pas de
distinction entre la maison et la tombe. La typologie des sépultures se confondait avec celle de la
maison. Dans les cultes antiques, la mort était le passage d’une condition à une autre : les limites entre
la vie et la mort étaient floues. »

Conçoit ce cimetière comme une ville ; cf. Plan de la cité interdite à Pékin.

Formes simples, monumentales, intemporelles.


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Le théâtre du Monde, Venise, 1979


Programme était le suivant :
- Un espace utilisable, sans précision sur son usage
- qui s’intègre aux édifices de Venise
- soit construit sur l’eau : flottant.

« Une manière de concevoir qui recherche la fantaisie, mais dans le réel ».

Rossi : petit édifice en bois ; en référence :


- au lieu. Le bois évoque les constructions maritimes et les gondoles.
- théâtre traditionnel : travail de charpente, caché par des tentures et des stucs.

Immeuble de logements dans le sud de Friedrichstadt à Berlin, 1981


Cf. Concours, Projet de Peter Eisenman
Pour Rossi, compréhension de la ville : principal enjeu de ce projet.
Considère que l’erreur de beaucoup d’architectures modernes est de ne pas avoir construit
d’alignement sur rue. Conséquence : la ville a perdu sa densité.

Respecter l’alignement sur rue : reconstruire l’îlot de Friedrichstadt.


Façade continue, avec portique sur rue.

Au centre de l’îlot : espaces verts (services de proximité : crèches, salles de réunion).


Espaces verts représentés par une gravure de Schinkel, architecte berlinois néo-classique
du 19e s.

Composition exprime le caractère de Berlin. Reprend la typologie des immeubles de


logements berlinois :
- portique sur rue
- un grand espace vert au centre de l’ilot
- construction en brique
- fenêtres carrées

Angles urbains : grandes colonnes : servent de repères dans la ville.


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Immeuble dans le quartier de La Villette, Paris, 1986


Référence à la rue de Rivoli : portiques sur rue, façades continues, fenêtres verticales,
toitures qui forment un dernier étage habitable (cf. chambre de bonne parisienne).

Caractéristiques de l’architecture parisienne que tous les touristes peuvent saisir.


*
CONCLUSION
Architecture de Rossi se caractérise par :
• Formes architecturales réduites à la composition de quelques éléments-types,
susceptibles d’exprimer l’intelligibilité et la dignité de l’édifice.
• Génie du lieu. Edifices qui s’insèrent dans la ville, dans le lieu.
Dialogues entre l’édifice et les lieux, porteurs de vécus et de mémoire, qui vont
l’accueillir et qu’il va construire.

***

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