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Littérature

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RRA Ferchichi 1

Article · September 2019

CITATIONS READS

0 11

4 authors, including:

Naouel Ferchichi Hassan Ait Haddou

15 PUBLICATIONS   3 CITATIONS   
Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Montpellier
64 PUBLICATIONS   93 CITATIONS   
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Hichem Rejeb
ISA-IRESA-Sousse University
608 PUBLICATIONS   231 CITATIONS   

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Ferchichi 1-2-3, Hassan Ait Haddou2, Hichem Rejeb1, Catherine Bernié Boissard3 - La ruralité et sa
synergie avec le paysage et le mode architectural en région méditerranéenne Naouel 1Université de
Sousse, ISA Chott Mariem, UR »Horticulture, Paysage, Environnement«, Tunisie, 2Laboratoire
Innovation Formes Architecture Milieux, Montpellier France 3ART-Dev, Montpellier, France
naouelferchichi87@gmail.com

RÉSUMÉ Il y a des particularités du monde rural qui persistent malgré toutes les altérations et qui
pourrait être qualifiées ainsi : proximité avec les éléments naturels, plus grande convivialité, qualité de
vie. La campagne sert la ville pour ses besoins vitaux, au mieux, et est considérée comme l’espace
permettant le développement de relations sociales équilibrées dans une plus grande proximité avec la
nature. L’intérêt pour l’espace rural reprend actuellement de la vigueur et ce, pour plusieurs raisons.
L’analyse des paysages naturels est redevenue d’actualité avec la montée en puissance des
préoccupations écologiques : considérés désormais comme des patrimoines environnementaux Le
paysage est une composante essentielle du cadre de vie des populations rurales. C’est l’expression de
la diversité de leur patrimoine commun culturel et naturel, et fondement de leur identité. C’est
pourquoi, dans notre relation au paysage, certains comportements doivent être modifiés : si nous
voyons dans la campagne un espace à exploiter pour notre seul profit, il y a déséquilibre ; il en sera
autrement si nous abordons le pays comme un ensemble complexe d’adaptation au terroir et au
climat, de relations sociales et de cultures. En région méditerranéenne, les pratiques écologiques sont
nées dans le monde rural ou en lien avec lui grâce à l’utilisation de ressources locales et l’adaptation
au climat: conception bioclimatique ; construction en terre, en bois, en fibres végétales )paille,
chanvre, lin(; chauffage par biomasse, géothermie; énergies renouvelables, etc. Cette dimension doit
être conservée et mise en valeur dans tous les projets intégrant une démarche environnementale, que
ce soit par la relation avec le paysage, par la prise en compte de l’histoire et de la culture du lieu ou
par l’utilisation des ressources disponibles. Cet article s’intéresse aux relations entre ruralité, paysage
et architecture rurale essaye de répondre à la question suivante: Que devons-nous conserver ou
encore

La ruralité et sa synergie avec le paysage et le mode architectural en région méditerranéenne

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modifier dans notre relation à la ruralité, l’architecture et au paysage pour atteindre un meilleur
équilibre ? Mots-clés : Ruralité, architecture, paysage, environnement SUMMARY There are
peculiarities of the rural world which persist despite all the alterations and which could be qualified
as: proximity with the natural elements, greater conviviality, quality of life. The countryside serves the
city for its vital needs, at best, and is considered the space for the development of balanced social
relationships in closer proximity to nature. Interest in rural areas is now gaining momentum for several
reasons. The analysis of natural landscapes has returned to the forefront with the rise of ecological
concerns: now considered as environmental heritages Landscape is an essential component of the
living environment of rural populations. It is the expression of the diversity of their common cultural
and natural heritage, and the basis of their identity. Therefore, in our relationship to the landscape,
certain behaviors must be modified: if we see in the countryside a space to exploit for our own benefit,
there is imbalance; It will be different if we approach the country as a complex set of adaptation to
land and climate, social relations and cultures. In the Mediterranean region, ecological practices have
been born in or linked to the rural world through the use of local resources and adaptation to climate:
bioclimatic design; Construction of earth, wood, plant fibers )straw, hemp, linen(; Heating by biomass,
geothermal energy; Renewable energies, etc. This dimension must be conserved and enhanced in all
projects that integrate an environmental approach, either by the relationship with the landscape, by
taking account of the history and the culture of the place or by the use of resources available This
article focuses on the relationship between rurality, landscape and rural architecture and tries to
answer the following question: What do we need to maintain or change in our relationship to rurality,
architecture and landscape to achieve a better balance? Keywords : Rurality, architecture, landscape,
environment ‫العناصر‬. ‫ القرب من‬:‫ملخص هناك مالمح العالم القروي التي ال تزال قائمة على الرغم من كل التعديالت وهي‬
‫ ويعتبر مساحة لتطوير‬،‫ ونوعية الحياة الوسط الريفي يلبي االحتياجات الحيوية للمدينة‬،‫ مزيد من سهولة االستخدام‬،‫الطبيعية‬
‫ وذلك لعدة أسباب منها ارتفاع‬،‫عالقات اجتماعية متوازنة في تقارب مع الطبيعة يشهد االهتمام بالمناطق الريفية انتعاشا حاليا‬
‫ هو تعبير عن تنوع التراث الثقافي‬.‫المخاوف البيئية المشهد هو عنصر أساسي من الظروف المعيشية لسكان الريف‬

Naouel Ferchichi , Hassan Ait Haddou, Hichem Rejeb & Catherine Bernié Boissard

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‫تغيير بعض السلوكيات إذا كنا‬. ‫ نحتاج أحيانا إلى‬،‫ في عالقتنا مع المناظر الطبيعية‬،‫ لذلك‬.‫ وأساس هويتهم‬،‫والطبيعي المشتركة بينهم‬
‫نرى استغالل الفضاء لمصلحتنا فقط ينتج خللفي منطقة البحر األبيض المتوسط تطورت الممارسات البيئية في اتصال مع المناطق‬
‫ استعمال التربة والخشب واأللياف‬.‫ التصميم المتالثم مع المناخ‬:‫الريفية أو من خالل استخدام الموارد المحلية والتكيف مع تغير المناخ‬
‫ وينبغي الحفاظ على هذا البعد‬.‫ الخ‬،‫ الطاقة المتجددة‬.‫النباتية (القش والقنب والكتان) في البناء ؛ التدفئة والطاقة الحرارية األرضية‬
‫ مع األخذ في االعتبار تاريخ وثقافة المكان‬،‫ إما عن طريق العالقة مع المناظر الطبيعية‬،‫وتعزيزه في جميع المشاريع ذات مقاربة بيئية‬
‫أو استخدام الموارد المتاحة يتناول هذا المقال العالقات بين المناظر الطبيعية في المناطق الريفية والعمارة الريفية و يحاول اإلجابة‬
‫ والهندسة المعمارية والمناظر الطبيعية لتحقيق‬،‫ ماذا يجب علينا أن نحافظ أو تغيير في عالقتنا مع المحيط الريفي‬:‫على السؤال اآلتي‬
‫ البيئة‬،‫ المناظر الطبيعية‬،‫ الهندسة المعمارية‬،‫ الريف‬:‫ توازن أفضل؟ كلمات مفاتيح‬INTRODUCTION La notion de nouvelles
ruralités exprime l’idée que la ruralité, telle qu’elle est l’héritière d’un rapport productif à la terre, n’est
plus structurante que d’une fraction minoritaire de la société locale. Son espace est aujourd’hui
façonné par un ensemble de facteurs sociétaux qui en ont bouleversé le statut, la fonctionnalité et la
spatialité. Les ruraux, pendant longtemps, n’ont pas été des gens de parolemais plutôt des sans voix.
Ce sont d’autres, comme parfois une certaine petite bourgeoisie libérale souvent issue de son sein, qui
ont pris la parole, qui ont écrit et alors façonné des images de cette ruralité dont ils prétendaient
connaître ou défendre les intérêts. S’il faut distinguer le discours urbain contemporain sur la ruralité
du discours des ruraux eux-mêmes, il faut aussi voir les rapports entre trois grands types de discours
qui participent de la construction des représentations contemporaines de la ruralité, à savoir le
discours social, le discours scientifique et le discours politique qui tente de prendre appui à la fois sur
le discours social et sur le discours scientifique. En se référant à un ensemble de recherches récentes
qui tentent de mesurer les effets de la récente ruralité, l’objectif de cet article est de présenter l’état
d’une réflexion en cours sur les transformations des différentes ruralités et l’évolution de leurs
représentations. La définition d’un discours de ruralité moderne sera abordée en se basant sur le
concept évoltutif de la ruralité et sa relation avec la dimension architecturale et paysagère. Historique
de la ruralité : un concept évolutif L’espace rural est l’espace de la campagne. Si le mot rural apparaît
dès le XIV° siècle et s’il a été très employé, à partir du XIX° siècle par les spécialistes qui se sont
intéressés à la campagne )habitat rural, paysage rural, histoire rurale, ethnologie rurale, géographie
rurale, etc.(, l’expression espace rural n’est devenue courante qu’à partir des

La ruralité et sa synergie avec le paysage et le mode architectural en région méditerranéenne

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années 1960. » La campagne s’oppose à la ville « selon le Dictionnaire de la géographie )George, 2013(.
La ville est toujours définie d’abord, la campagne se définit par défaut : c’est ce qui reste quand on en
a soustrait l’espace urbain. Or, comme la définition de la ville elle-même varie beaucoup d’un pays à
l’autre, et parfois d’une administration à l’autre, celle de la campagne est également à géométrie
variable. Mais à partir des années 1970, une idéologie anti-urbaine s’est développée dans les pays
occidentaux avec un retour à une définition valorisante de la ruralité et de ses modes de vie )Mathieu,
2012(. Dans les années 1980, des recherches dans les pays occidentaux avaient pourtant montré un
processus de » retour au local «, de » relocalisation« de la vie sociale, avec une nouvelle attractivité
migratoire des campagnes qui ouvrait la voie à la thèse d’une » renaissance rurale« )Kayser, 1988( ; le
rural étant redécouvert, car il permet de retrouver une sociabilité de proximité et d’interconnaissance
à l’opposé d’un supposé anonymat urbain. Vers 1990, de nouvelles lectures de la ruralité ont été
avancées. Certains auteurs considèrent que l’espace rural possède certaines spécificités par les
représentations qu’il engendre et notamment grâce aux rapports particuliers qu’il entretient avec
l’environnement et la »nature« où la végétation prédomine et où les bâtiments restent dispersés. Le
rural devient alors un objet à protéger ou à mettre en valeur et qui touche la société » globale «.

Défintion qualitative et quantitative de la ruralité Pour Kayser)1988( » la ruralité n’est ni le contraire


de l’urbanité, ni son prolongement, ni la dégradation de son état ancien, ni sa résurgence « mais bien
une forme de rapport à l’espace, une inscription dans le » local «, voire une » familiarité des lieux «
Une définition qualitative de la ruralité peut s’appuyer sur trois critères essentiels. Le premier critère
étant la densité : faible densité relative non seulement d’habitants, mais également de constructions,
d’emplois, d’équipements, de commerces, de services, de voies de communications et, plus
généralement d’interconnections. Le second critère se rapporte au paysage : est rural un espace qui
se caractérise par la prédominance de formations végétales dites » naturelles «. Le troisième critère
concerne les activités : est rural un espace où les activités agricoles tiennent une place relativement
importante. Il n’est pas facile de donner à l’espace rural une définition quantitative universelle. En
effet, l’espace rural chinois ne peut pas se définir quantitativement de la même façon que l’espace
rural tunisien, ne serait-ce que pour des différences évidentes de densité de population. Toutefois,
dans chacun de ces deux pays, il est possible de définir, pour chacun des critères, des niveaux
quantitatifs )densité de population et de services, poids des agriculteurs, pourcentage de couverture
végétale( qui permettent de délimiter un espace que l’on considèrera

Naouel Ferchichi , Hassan Ait Haddou, Hichem Rejeb & Catherine Bernié Boissard

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comme rural et que l’on étudiera comme tel, à condition évidemment de ne pas le regarder comme
un isolat, mais en fonction de sa situation dans un » système « global qui contribue à le structurer, à
le faire fonctionner et à le changer. Le gain d’intérêt de la ruralité La notion de »nouvelles formes de
ruralité« appartient aux domaines de la géographie sociale et de la sociologie, mais aussi aux disciplines
concernées par le développement territorial. Elle permet d’envisager »la dynamique au cœur des
nouvelles relations entre ville et pays qui concernent les transformations des espaces, leurs usages
résidentiels, récréatifs et de productivité, les expériences et perceptions des acteurs concernés, leurs
relations avec l’environnement naturel, Les notions de patrimoine, les enjeux écologiques et les modes
de gouvernance en vigueur )INRA, 2008(. L’intérêt pour l’espace rural reprend actuellement de la
vigueur et ce, pour plusieurs raisons. L’analyse des paysages » naturels « est redevenue d’actualité
avec la montée en puissance des préoccupations écologiques : considérés désormais comme des
patrimoines environnementaux, ils focalisent l’intérêt des chercheurs sur la destruction du bocage,
l’extension de la friche, la fermeture des paysages, le maintien des zones humides, le maintien de la
biodiversité, et plus généralement la gestion des ressources naturelles et des paysages. Les sentiments
d’appartenance

à l’environnement rural peuvent désormais résulter d’un choix dans la vie, d’imaginations positives
)valeurs symboliques sous-jacentes aux migrations récréatives, par exemple(, voire de compromis
économiques. D’autres chercheurs »constructivistes« contestent l’hypothèse d’une superposition
d’une société rurale sur un espace rural. Hervieu et Viard )1996( distinguent ainsi les catégories de
sens urbanité / urbanité et ruralité des réalités géographiques, de la ville et de la campagne. Rapport
entre ruralité et paysage La définition d’un paysage est une opération complexe, essentiellement
variable selon le point de vue de l’observateur. Il est possible de caractériser sa structure biologique,
son organisation spatiale, son esthétique, sa valeuretc. Les territoires ruraux herbagers sensibles
présentent des paysages particuliers, essentiellement agraires. Le paysage est dual. Il possède une
dimension objective, au sens où il est l’image d’un espace réel façonné par des activités humaines et
des processus naturels. Mais, il présente aussi une dimension subjective : chaque observateur, selon
son système de représentation, a sa propre perception du paysage )Lenclud, 1995; Daniel, 2001(. Cette
dualité entre réalisme et sensible a été traduite sous la forme de l’interaction permanente de trois
systèmes : le système producteur du paysage, le système paysage visible et le système utilisateur du
paysage )Brossard et Wieber, 1984(

La ruralité et sa synergie avec le paysage et le mode architectural en région méditerranéenne

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La convention européenne du paysage )2000, article1( définit le paysage comme » une partie du
territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels
et/ou humains et de leurs interrelations «. Cette définition revendiqueune ambivalence constitutive,
qui place justement l’idée de patrimoine au cœur même du paysage, tendant à en faire un pivot des
différents champs d’intervention qu’elle entend promouvoir comme autant de

Selon Larochelle )2001(, la locution patrimoine bâti regroupe celle de paysage culturel et considère
tout le cadre bâti comme un produit de la culture matérielle. Cependant, l’élargissement du concept
de patrimoine bâti ne correspond pas uniquement à un changement d’ordre quantitatif. D’un côté, les
pratiques traditionnelles de protection et de mise en valeur des biens culturels accordent un intérêt
privilégié aux œuvres marquantes, uniques ou rares. De l’autre, les nouvelles pratiques, qui
soutiennent que les produits les plus communs, les plus typiques, sont ceux qui expriment le mieux
des valeurs Figure 1: Différents paysages tunisiens

pierres d’angles grâce auxquelles un nouvel édifice pourra être bâti. En cela, certaines des dimensions
fondamentales du paysage sont de l’ordre de ce que nous appelons aujourd’hui le » patrimoine
culturel «. Le paysage est une composante essentielle du cadre de vie des populations, c’est
l’expression de la diversité de leur patrimoine commun culturel et naturel, et fondement de leur
identité.
et des pratiques d’un groupe social )Larochelle, 2001(. Le paysage est la partie d’un tout, ce tout étant
le territoire au sens large. Ainsi, il n’est pas seulement l’apparence des choses, décor ou vitrine, mais
aussi un miroir que les sociétés se tendent à elles-mêmes, construction culturelle et construction
économique confondues. N’oublions jamais que sous le paysage, il y a le territoire, son organisation
spatiale et son fonctionnement. Selon )Bertrand & Bertrand, 2002(un paysage est né quand un regard
croise un territoire, mais un territoire ne devient un paysage

Naouel Ferchichi , Hassan Ait Haddou, Hichem Rejeb & Catherine Bernié Boissard

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que sous la croisée des regards. Selon Chiva )1994(: » Les paysagessontfaçonnés au cours des âges par
les gens vivant de la terre et, plus généralement, de l’exploitation des ressources de la nature. Les
immeubles, forment ce que l’on nomme l’architecture rurale, agrégée ou non )villages, hameaux,
habitat et édifices dispersés(. Aujourd’hui, de nouveaux paysages dans nos sociétés techniques,
fortement diversifiées et très inégalitaires sont apparus.La relation privilégiée entre une société, riche
de sa propre histoire, et un espace a souvent disparu. Le paysage est éclaté en fragments d’espaces
spécialisés, souvent géographiquement isolés les uns des autres : espace pour travailler, espace pour
habiter, espace de loisir. Ces unités non spécifiques gagnent rapidement sur les paysages traditionnels,
en fondant un nouveau type de rapport entre la société et l’espace. C’est pourquoi, dans notre relation
au paysage, certains comportements doivent être modifiés : si nous voyons dans la campagne un
espace à exploiter pour notre seul profit, il y a déséquilibre; il en sera autrement si nous abordons le
pays comme un ensemble complexe d’adaptation au terroir et au climat, de relations sociales et de
cultures. La ruralité et l’architecture :des liens écologiques Il s’agit ici d’explorer les relations entre
ruralité et architecture. Dans certains cas, l’architecture est construite comme une activité urbaine
contraire aux valeurs

rurales et aux réalités rurales. En ce qui concerne une architecture dite »rurale« ou plutôt une
architecture qui se pratique dans les espaces ruraux. L’espace rural traditionnel est celui d’un pays
caractérisé par son terroir, son climat, son relief et l’habitat qui est issu de ceux-là. C’est sur ce terreau
que sont nées les premières expériences de vie sociale écologique et avec elles des expériences de
construction écologique. L’habitat vernaculaire est par essence écologique car il est adapté au lieu et
né de ce lieu, de son terroir et des pratiques anthropiques qui y sont attachées. Dans le domaine de la
construction écologique, la relation au terroir, à la production agricole et sylvicole, l’adaptation au
climat et les liens culturels sont fondamentaux. Les pratiques sont différentes suivant les régions même
si certaines techniques sont plus largement utilisées que d’autres. Les modes constructifs utilisés
aujourd’hui en construction écologique sont principalement issus de développements de ressources
locales dans des régions essentiellement rurales. En région méditerranéenne, les pratiques
écologiques sont nées dans le monde rural ou en lien avec lui grâce à l’utilisation de ressources locales
et l’adaptation au climat : conception bioclimatique; construction en terre, en bois, en fibres végétales
)paille, chanvre, lin( ; chauffage par biomasse, géothermie; énergies renouvelables, etc. Cette
dimension doit être conservée et mise en valeur dans tous les projets intégrant une démarche
environnementale, que ce soit par la relation avec le paysage, par la prise en compte de l’histoire et
de la

La ruralité et sa synergie avec le paysage et le mode architectural en région méditerranéenne


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culture du lieu ou par l’utilisation des ressources disponibles. Les conclusions du groupe d’expert sur
le climat le montre : l’homme tarde à prendre la mesure des conséquences de ses actes sur
l’environnement et sur son cadre de vie. Que ce soit à l’échelle de la planète, d’un pays, d’une région
ou d’un village, les effets d’un développement inéquitable et déséquilibré se font sentir aussi bien dans
les relations sociales que dans le lien avec la nature. Le cadre de vie de l’homme est l’ensemble des
éléments qui lui permet d’assurer son épanouissement tant physique que spirituel. A ce titre, les
espaces créés par l’architecture et l’urbanisme jouent un grand rôle et leurs liens avec les éléments
naturels, qu’ils soient pérennes ou, au contraire, destructeurs, sont la clé d’un développement plus
équilibré. Quel lien l’architecture entretient avec le terroir qui lui est proche ? Il est évident qu’une
construction mettant en œuvre des ressources locales pour la construction ou pour les énergies sera
plus proche du site et de ses habitants. C’est ainsi que l’architecture écologique propose une relation
privilégiée avec le monde rural, elle participe même à la création d’une nouvelle ruralité )les cités
jardins de demain(. Dans ce dialogue avec le local, l’architecture écologique contribue à la préservation
de l’écosystème global. )Murdoch, 2003 ; Bell, 2008 ; Matless,1994 ; Cloke, 1992 ; Matless, 1995;
Pratt,1996( Cependant, les architectes modernistes voyaient souvent dans les campagnes un espace
libre pour l’élaboration d’idées liées soit à l’abstraction puriste, par exemple le projet »ferme radieuse«
de

1934 de Le Corbusier. En fait, les travaux de ce dernier aboutissent à la définition de la Ferme radieuse,
et quelques années plus tard, du Village coopératif. Selon Le Corbusier, la mise au point de la Ferme
radieuse consiste en la résolution d’un problème » de circulation, d’entreposage et de manutention «.
Encore appelée » ferme coopérative « ou » ferme modèle «, celle-ci répond à une configuration
fonctionnaliste de séparation et d’enchaînement des fonctions. Le village coopératif obéit à cette
même logique fonctionnaliste. Il est relié directement par un échangeur aux grandes voies de
circulations qui irriguent le pays. Il est ainsi directement en prise avec les Villes radieuses régies par le
même zoning, et à l’ensemble du territoire. Le Village radieux est connecté et est organisé le long d’un
grand axe central qui formalise dans l’espace un processus de fonctionnement, un mode de production
agricole. À l’entrée, le bloc du » silo coopératif «, image même du principe associatif vital, sous lequel
file la route d’accès, joue le rôle de porte monumentale. La perspective est symboliquement fermée
par la mairie. Les différents bâtiments du village sont implantés perpendiculairement ou parallèlement
à la voie principale dans un évident souci d’équilibre des masses, de séparation des fonctions et de
parfaite lisibilité. Sur le plan architectural, Le Corbusier n’invente pas un type nouveau d’habitat rural.
Il adapte au monde rural un type d’habitat urbain )Ragot, 2013(

Naouel Ferchichi , Hassan Ait Haddou, Hichem Rejeb & Catherine Bernié Boissard

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Durabilité de l’arrchitecture rurale

Le rural comme espace d’architecture, conçu en opposition à l’urbain, a offert des opportunités pour
la relation de la nature à la construction )Quarante, 2000(. )Kafkoula, 2013(. )Wigglesworth et Till, 2003
sur la discussion du »Studio rural« de Sam Mockbee(. Dans la dernière partie du XXe siècle, l’influence
globale de la théorie critique régionale sur la pratique architecturale a favorisé un autre discours du
milieu rural. Au début des années 1980 , le régionalisme critique tente d’intégrer les qualités
progressistes de l’architecture moderniste avec un intérêt renouvelé pour les circonstances
environnementales et topographiques locales de l’œuvre architecturale )Tzonis et Lefaivre, 1981 ;
Frampton, 1983(. Bien qu’il ne s’agisse pas exclusivement d’architecture dans un environnement rural,
ses principes d’authenticité, de localisation et d’interconnexion ont réveillé l’intérêt pour les formes
et les méthodes d’architecture qui sont liées à un territoire identifiable )Canizaro, 2007(. L’évolution
des reflexions a donné lieu, en partie, à la mise en avant des questions d’écologie et de durabilité en
architecture plutôt que de démonter la construction dans le paysage. Ces préoccupations ont permis
à l’architecture d’être au centre d’un défi de fournir des solutions innovantes autour d’une »sensibilité
locale fondée sur une connaissance approfondie du paysage naturel«)Canizaro, 2007(. Il convient de
noter que ces questions de

lien entre la manière d’habiter des gens et l’identité offerte par son paysage environnant ont déjà été
explorées dans la géographie humaine. La construction d’un paysage rural, souvent considérée
auparavant comme une activité »vernaculaire«, est devenue de plus en plus architecturale, bien que
la conceptualisation du rôle de l’architecture ait dû s’adapter pour y faire face. Plutôt que d’être réduit
à un statut d’objet, un travail de détails et de matériaux, le bâtiment »vernaculaire« a commencé à
être discuté comme un élément de la vie quotidienne, un élément de la culture )médiation entre
l’outsider culture perçue de l’architecture et la culture indigène des lieux ruraux( et un élément de
symbolisme )Upton, 1983(. Dans chacune de ces voies, il est commun de suggérer que l’architecture
vernaculaire ne peut être comprise indépendamment du contexte )social, culturel ou symbolique( dans
lequel elle est faite)Donovan & Gkartzios, 2014(. CONCLUSION La ruralité n’est pas une hypothèse,
c’est une construction sociale du monde, basée sur des perceptions et des pratiques évolutives qu’il
faut identifier et interpréter, pour produire une clé pour lire les changements qui affectent la société
dans son ensemble. Dans leurs caractères, ces ruralités se recomposent rapidement. Les évolutions
démographiques )entre accumulation, dépeuplementet nouvelles attractivités rurales selon les lieux(,
la diversification dessociétés de plus en plus mobiles, le

La ruralité et sa synergie avec le paysage et le mode architectural en région méditerranéenne

136

développement de nouveaux modes d’habiter, la réorganisation des fonctions )productives mais aussi
résidentielles, de loisirsou de » nature «( et des formes de gouvernance, conduisent à une formidable
diversité géographique. La valorisation et la transmission du patrimoine bâti et paysager supposent le
maintien des techniques et des savoir-faire qui l’ont construit. C’est l’ensemble de ces notions qui
étaient RÉFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES - Bell G., 2008 ; Adaptation, extinction and global change,
evolutionary impact, https://doi.org/10.1111/j.1752-4571. - Bertrand, C., & Bertrand, G. )2002(. Une
géographie traversière: l’environnement à travers territoires et temporalités )1. éd(. Paris: Arguments.
- Brossard, T., & Wieber, J.-C. )1984(. Le paysage : trois définitions, un mode d’analyse et de
cartographie. Espace géographique, 13)1(, 5-12. https://doi. org/10.3406/spgeo.1984.3887 -
Canizaro, V. B. )Éd.(. )2007(. Architectural regionalism: collected writings on place, identity, modernity,
and tradition. New York: Princeton Architectural Press. - Chiva, I. )1987(. La maison : le noyau du fruit,
l’arbre, l’avenir. Terrain 5–9. - Cloke P., 1992 ; Conceptualizing Countryside Change: From Post-
Fordism to Rural , Structured Coherence, Vol. 17, No. 3 )1992(, pp. 321-336, DOI: 10.2307/622883 -
Daniel, T. C. )2001(. Whither scenic beauty? Visual landscape quality assessment in the 21st century.
Landscape - Donovan, K., & Gkartzios, M. )2014(. Architecture and rural planning: ‘Claiming the
vernacular’. Land Use Policy, 41, 334-343. https://doi.org/10.1016/j. landusepol.2014.06.013 -
Frampton, K. 1983. Towards a Critical Regionalism: Six Points for an Architecture of Resistance. In,
Foster, H. )ed(. Postmodern Culture. London; Pluto Press. pp.16-30. - George, P. )2013(. Dictionnaire
de la géographie. Paris: PUF. - Hervieu B. et Viard J. 1996. Au bonheur des campagnes )et des
provinces(, Marseille, L’Aube, 1996, 160 p. englobés dans celle de patrimoine culturel rural dans le
rapport de Chiva )1994(. On est bien loin de l’attention portée au seul monument d’exception ou
même au seul bâti rural, celui-ci ne pouvant se comprendre et donc se protéger qu’inséré dans un
ensemble, fruit d’évolutions mais aussi en devenir, donc un patrimoine vivant pour l’étude de la quelle
il faut tenir compte de ces deux dimensions essentielles que sont le temps et l’usage.

Naouel Ferchichi , Hassan Ait Haddou, Hichem Rejeb & Catherine Bernié Boissard

137

- INRA, 2008 Les nouvelles ruralités françaises à l’horizon 2030, une étude prospective conduite par
l’Inra - Kayser, B. )1988(. Permanence et perversion de la ruralité. Études rurales, )109(, 75-108. -
Kafkoula K., 2013. On garden-city lines: looking into social housing estates of interwar Europe, Planning
Perspectives, 28:2, 171-198, DOI: 10.1080/02665433.2013.737708 - Larochelle, P. )2001(. Lecture des
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Quand voir, c’est reconnaître «, Enquête [En ligne], 1 | 1995, mis en ligne le 10 juillet 2013, consulté
le 01 septembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/enquete/266 - Mathieu L. , 2012.
L’espace des mouvements sociaux, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2012, 285 p. -
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Geography, 19)3(, 395-403. https://doi. org/10.1177/030913259501900306 - Matless D.,1994 ; Moral
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