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FONCTIONS

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FONCTIONS

UPMC - LM 110

2e semestre 2009-2010
Ce polycopié de LM110 “Fonctions” reprend, pour l’essentiel de sa présentation, les chapitres I à
IV de celui qu’on trouvera en ligne sur le site
http ://www.edu.upmc.fr/maths/math1/
de l’Université. Il en diffère néanmoins par le choix des preuves développées, et l’accent mis sur
certaines définitions, exemples et contre-exemples.

On recommande aux étudiants d’utiliser ce texte en accompagnement de leurs notes de cours,


et de ne se reporter au poly en ligne que quand un point reste obscur. La meilleure solution dans
ce cas reste bien entendu de consulter les enseignants.

L’examen final comporte une question de cours, choisie dans la liste suivante.

1. Démontrer que, s’il existe, le développement limité d’ordre n d’une fonction en un point est
unique. (§1.5.1, Théorème 10.)
2. Donner le développement limité à l’ordre n en 0 de la fonction (1 + x)α pour α réel. Établir
cette formule. (§1.5.3, Exemple 4.)
3. Montrer qu’une fonction dérivable qui présente un extremum en un point intérieur de son
intervalle de définition y a une dérivée nulle (“condition nécessaire pour un extremum local”).
(§2.2.1, Théorème 17.)
4. Énoncer le théorème de Rolle. Le déduire de la condition nécessaire pour un extremum local, en
admettant que l’image d’un intervalle fermé et borné par une fonction continue est un intervalle
fermé et borné. (§2.2.1, Théorème 18.)
5. Énoncer le théorème des accroissements finis, et le déduire du théorème de Rolle. (§2.2.1,
Théorème 19.)
6. Énoncer la condition pour que la fonction réciproque soit dérivable et démontrer ce résultat
(la continuité de la fonction réciproque est admise). (§2.3.3, Théorème 21, point 4.)
7. Donner la définition, calculer la dérivée et dessiner le graphe de la fonction arcsinus. (§2.3.3,
Exemple 2.)

Pour les annales d’examen des années précédentes, voir le site ci-dessus.

1
Table des matières

1 Etude locale 4
1.1 Généralités sur les fonctions numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.1 Domaine de définition, graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.2 Méthodes de définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.3 Majorations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.4 Fonctions monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.5 Fonctions paires et impaires, fonctions périodiques . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Continuité en un point : Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.2 Propriétés algébriques et composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.3 Limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.1 Limite en un point : Définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.3.2 Opérations algébriques et composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3.3 Limites à gauche et à droite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4 Dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4.2 Fonctions de type  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4.3 Opérations algébriques et composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4.4 Fonction dérivable sur un intervalle, dérivées successives. . . . . . . . . . . 13
1.5 Développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.5.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.5.2 Formule de Taylor-Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.5.3 Développements limités usuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.4 Applications aux graphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

2 Etude globale 24
2.1 Fonctions continues sur un intervalle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2 Fonctions dérivables sur un intervalle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2.1 Extrema locaux, Rolle, accroissements finis . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2.2 Formule de Taylor-Lagrange ; calculs d’erreurs . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 Fonctions réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.3.1 Injections, surjections, bijections . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.3.2 Fonctions réciproques et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.3.3 Théorème des fonctions réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.3.4 Représentation graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.3.5 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

2
3 Fonctions de plusieurs variables 36
3.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.1.1 Domaines de définition, graphes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.1.2 Courbes de niveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.2.1 Suites de Rp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.2.2 Continuité : définitions et propriétés élémentaires. . . . . . . . . . . . . . 39
3.3 Dérivabilité des fonctions de deux variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.3.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.3.2 Dérivées partielles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.3.3 Plan tangent au graphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.4 Théorème des fonctions implicites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

4 Équations différentielles 44
4.1 Équations différentielles linéaires du premier ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
4.1.1 Équations différentielles du premier ordre sans second membre . . . . . . 45
4.1.2 Équations différentielles du premier ordre avec second membre . . . . . . 46
4.2 Équations différentielles linéaires du deuxième ordre . . . . . . . . . . . . . . . . 47

3
Chapitre 1

Etude locale

1.1 Généralités sur les fonctions numériques


1.1.1 Domaine de définition, graphe
Soient X et Y deux ensembles. Une application f : X → Y est une loi qui, à tout élément
x de X, associe un élément, noté f (x), de Y . On dit que X est le domaine de définition (ou :
la source) de l’application f . Le sous-ensemble {f (x); x ∈ X} de Y s’appelle l’image de f , et
est noté f (X). Lorsque X est une partie de R, et que Y = R, on dit que f est une fonction
numérique, ou une fonction réelle d’une variable réelle. On note alors souvent X = D, ou Df le
domaine de définition de f . On résume ces données en posant
f : D → R : x 7→ f (x)
Il est très important, quand on considère une fonction, de bien préciser son domaine de définition.
Dans la pratique, ce sera un intervalle, ou une réunion d’intervalles, de R.
Beaucoup de propriétés d’une fonction f peuvent se voir sur son graphe :
Cf = {(x, f (x)); x ∈ D} ⊂ D × R ⊂ R2 .
Autrement dit, le graphe de f est l’ensemble des points (x, y) de R2 tels que x soit un élément
de D et y = f (x). Ce graphe rencontre la droite verticale d’équation X = x0 en exactement un
point si x0 ∈ D, et en aucun point si x0 ∈
/ D. Ainsi, un graphe rencontre une droite verticale en
plus au plus un point ; en revanche, une droite horizontale, d’équation Y = y0 , peut rencontrer
le graphe en plusieurs points : autant que l’équation f (x) = y0 a de solutions en x ∈ D.
Il convient de bien distinguer les objets suivants : la fonction f (application), le nombre réel
f (x) et le graphe Cf (partie de R2 ). Parler de la fonction f (x) = `n(1−x) est un abus de langage,
qui signifie : on regarde la plus grande partie D = Df de R où f est interprétable naturellement
(ici : D =] − ∞, 1[), et on considère la fonction f : D → R : x 7→ f (x) := `n(1 − x).
[NB : le signe A := B signifie que A est défini par B : par exemple, a2 := a × a. En revanche, le
signe = représente en général un énoncé mathématique : par exemple, a2 − b2 = (a − b)(a + b).]

1.1.2 Méthodes de définition


Dès que l’on connait quelques fonctions, on peut en construire de (nombreuses) nouvelles en
utilisant les procédés suivants :

4
Les opérations algébriques : si f et g sont deux fonctions définies sur le même intervalle
I ,
∗ la fonction f + g est définie sur l’intervalle I par
(f + g)(x) := f (x) + g(x),
∗ la fonction f g est définie sur l’intervalle I par
(f g)(x) := f (x)g(x),
∗ si la fonction g ne s’annule pas sur l’intervalle I, la fonction f /g est définie sur l’intervalle
I par  
f f (x)
(x) := .
g g(x)
La composition : soit f une fonction définie sur l’intervalle I et g une fonction définie sur
l’intervalle J. On suppose en outre que l’image f (I) de l’intervalle I par la fonction f est contenue
dans J. La fonction composée des fonctions f et g est la fonction g ◦ f définie sur l’intervalle I
par
x 7→ (g ◦ f )(x) := g(f (x)).
La restriction : soit f une fonction définie sur l’intervalle I et soit J un intervalle contenu dans
I. On appelle restriction de f à J et on note f |J la fonction définie sur J par x 7→ f |J (x) := f (x).
Autrement dit, les fonctions f et f |J prennent la même valeur en chaque point de l’intervalle J
mais la fonction f |J n’est définie que sur cet intervalle alors que la fonction f est aussi définie
aux points de I qui ne sont pas dans J. Ce ne sont donc pas les mêmes fonctions (si J ( I).

Le recollement : on définit une nouvelle fonction “par morceaux” c’est-à-dire par une for-
mule dépendant du sous-intervalle dans lequel se trouve la variable. Par exemple, on peut définir
une fonction en “deux morceaux” : à partir d’une fonction f1 définie sur l’intervalle [a, c[ et d’une
fonction f2 définie sur l’intervalle [c, b], on obtient une fonction f définie sur l’intervalle [a, b]
par :
f (x) := f1 (x) si a ≤ x < c, f (x) := f2 (x) si c ≤ x ≤ b.

1.1.3 Majorations
Définition 1 Soit f une fonction définie sur un intervalle I. On dit que :
∗ f est majorée (par M ) sur I s’il existe un nombre réel M tel que f (x) ≤ M pour tout nombre
réel x de I. Ou encore, en notation mathématique :
∃M ∈ R, ∀x ∈ I, f (x) ≤ M.
∗ f est minorée (par m) sur I si ∃m ∈ R, ∀x ∈ I, f (x) ≥ m.
∗ f est bornée sur I si f est à la fois majorée et minorée sur I, c-à-d. ∃M ∈ R, ∀x ∈ I, |f (x)| ≤ M.
Exemples :
1. Les fonctions sinus et cosinus sont bornées sur R car majorées par 1 et minorées par −1.
2. La fonction exponentielle est minorée par 0 mais non majorée sur R.
3. La fonction logarithme n’est ni majorée ni minorée sur ]0, ∞[.
Définition 2 Soient f et g deux fonctions définies sur un même intervalle I. On dit que g
majore f , ou que f minore g, si l’on a f (x) ≤ g(x) pour tout nombre réel x de l’intervalle I. On
écrira alors f ≤ g.

5
Exemple 1. Sur l’intervalle ]0, +∞[ la fonction x → x − 1 majore la fonction logarithme.
Exemple 2. Sur l’intervalle [0, +∞[ la fonction x → sin(x) est majorée par la fonction x → x.

1.1.4 Fonctions monotones


Définition 3 Soit f une fonction définie sur un intervalle I . On dit que f est
∗ croissante (resp. décroissante) sur I si :

∀x1 ∈ I, ∀x2 ∈ I, (x1 ≤ x2 =⇒ f (x1 ) ≤ f (x2 ))

(resp. ∀x1 ∈ I, ∀x2 ∈ I, (x1 ≤ x2 =⇒ f (x1 ) ≥ f (x2 )))


∗ strictement croissante (resp. strictement décroissante) sur I si :

∀x1 ∈ I, ∀x2 ∈ I, (x1 < x2 =⇒ f (x1 ) < f (x2 ))

(resp. ∀x1 ∈ I, ∀x2 ∈ I, (x1 < x2 =⇒ f (x1 ) > f (x2 )))


∗ monotone (resp. strictement monotone) sur I si f est croissante ou décroissante sur I
(resp. strictement croissante ou strictement décroissante sur I).

Remarque. Etudier les variations d’une fonction c’est partager son ensemble de définition en
intervalles tels que, sur chacun d’eux, la fonction soit monotone.
Exemples
1. La fonction exponentielle est strictement croissante sur R .
2. La fonction logarithme est strictement croissante sur ]0, ∞[.
3. Les fonctions puissances x → xn (n ∈ N, n 6= 0) sont
∗ strictement croissantes si n est impair,
∗ si n est pair : strictement décroissantes (resp. croissantes) sur ] − ∞, 0] (resp. sur [0, +∞[).
[NB : “resp.” se lit : respectivement, et permet de regrouper deux énoncés sous une seule phrase.]

1.1.5 Fonctions paires et impaires, fonctions périodiques


Définition 4 Soit f une fonction définie sur R.
∗ On dit que f est paire si, pour tout réel x, on a f (−x) = f (x).
∗ On dit que f est impaire si, pour tout réel x, on a f (−x) = −f (x).

Remarques.
1. Si f est impaire alors f (0) = 0.
2. Si f est paire (resp. impaire), alors le graphe de f est symétrique par rapport à l’axe 0y (resp.
par rapport à l’origine).
Les propriétés de parité permettent donc de réduire l’étude de la fonction à l’intervalle [0, ∞[ :
on trace alors la partie du graphe correspondante et on complète par la symétrie convenable.
Définition 5 Soit f une fonction définie sur R et T un nombre réel non nul. On dit que T est
une période de f (ou que f est T -périodique) si, pour tout nombre réel x, on a f (x + T ) = f (x).

Par exemple, les fonctions cos et sin sont 2π-périodiques. En tout point x de son domaine de
définition Dtan = k∈Z ] (2k−1)π , (2k+1)π
S
2 2 [, la fonction tan vérifie : tan(x + π) = tan(x).

6
1.2 Fonctions continues
1.2.1 Continuité en un point : Définition
Un rappel sur les suites numériques tout d’abord. Soit (xn ; n ∈ N) une suite de nombres
réels, et ` un nombre réel. On dit que la suite (xn ) converge vers `, ou qu’elle admet ` pour
limite, si
∀ > 0, ∃N = N () ∈ N tel que ∀n ∈ N, n > N =⇒ |xn − `| < ,
c-à-d. si, pour tout nombre réel  > 0, il existe un entier N (dépendant en général de ) tel que
pour tout entier n > N , on ait |xn − `| < . On vérifie aisément que si (xn ) admet un second
nombre réel `0 pour limite, alors `0 = `. On peut donc parler de la limite de cette suite, et on
écrit : ` = lim(xn ).
Définition 6 Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R, et soit a un point de I. On
dit que f est continue en a si, pour toute suite (xn ) d’éléments de I qui converge vers a, la suite
(f (xn )) converge vers f (a).
De façon imprécise, on peut dire qu’une fonction est continue en un point a de son domaine
de définition si, lorsque la variable x “s’approche” de a, la valeur f (x) de la fonction “s’approche”
(pas forcément à la même vitesse) de f (a). On peut alors dessiner le graphe de f dans un voisinage
de a dans I “sans lever le crayon”.
Par exemple, la fonction f : x 7→ |x| est continue au point a = 0. La fonction E : x 7→ [x] :=
partie entière de x (= plus grand entier ≤ x) est continue au point a0 = 21 , mais pas au point
a = 2. En effet, la suite (xn = 2 − n1 ; n ≥ 1) converge vers a = 2 et vérifie E(xn ) = 1 pour tout
n > 1, donc limE(xn ) = 1, qui n’est pas égal à E(a) = 2.
Voici le sens exact de l’expression un voisinage de a dans I : c’est une partie Va de I telle
qu’il existe un nombre réel δ > 0 pour lequel ]a − δ, a + δ[∩I soit contenu dans Va . Pour étudier
la continuité de f en a, il suffit d’étudier celle de sa restriction f |Va à un tel voisinage.

1.2.2 Propriétés algébriques et composition


Théorème 1 (continuité en un point et opérations algébriques). Soit f et g des fonctions définies
sur le même intervalle I et soit a un point de I. Si f et g sont continues en a, alors les fonctions
f +g et f g sont définies sur I et continues en a. Si g(a) 6= 0, et si g est continue en a, la fonction
1/g est définie sur un voisinage de a dans I et est continue en a.
Preuve. Montrons par l’absurde que si g(a) 6= 0, il existe un voisinage de a dans I où g ne
s’annule pas. S’il n’en était pas ainsi, il existerait, pour tout entier n > 0, un point xn de
l’intervalle ]a − n1 , a + n1 [∩I tel que g(xn ) = 0. Alors, la suite (xn ) tendrait vers a, donc la suite
(g(xn )) tendrait vers g(a) par continuité de g en a. Or la suite (g(xn )) est identiquement nulle,
donc tend vers 0. Mais g(a) 6= 0 par hypothèse : c’est la contradiction recherchée. Les autres
énoncés se déduisent facilement des résultats sur les limites d’une somme, d’un produit ou d’un
quotient de deux suites.
Théorème 2 (continuité des fonctions composées) Soit f une fonction définie sur un intervalle
I et soit g une fonction définie sur un intervalle J qui contient f (I). Si f est continue en un point
a de I et si g est continue au point f (a) (qui appartient à J par hypothèse), alors la fonction
composée g ◦ f est définie sur l’intervalle I et continue en a.
Preuve. Les hypothèses sont destinées à assurer que la fonction composée g ◦ f est bien définie.
La continuité elle-même est une conséquence immédiate de la définition.

7
Théorème 3 (continuité des fonctions usuelles)
Les fonctions usuelles : x → x, la fonction logarithme `n, la fonction exponentielle exp, les
fonctions trigonométriques sin, cos, tan sont continues en tout point où elles sont définies.
Par conséquent
– Les fonctions polynômes x → an xn + an−1 xn−1 + ... + a0 (où n est un entier naturel et où
les ai sont des nombres réels) sont continues en tout point de R.
– Les fractions rationnelles x → P (x)/Q(x) (où P et Q sont des polynômes et Q n’est pas
identiquement nul ) sont continues en tout point où le polynôme Q ne s’annule pas.
– soit α un nombre réel. La fonction puissance α-ième : f : x 7→ xα est définie par la formule

xα := exp(α `n x)

sur son domaine de définition D =]0, +∞[. Les propriétés des fonctions composées montrent
qu’elle est continue en tout point a de D . NB : si α = n ∈ Z, la formule précédente redonne la
fonction usuelle xn , dont le domaine de définition est R si n ≥ 0, et R \ {0} si n < 0. Pour α = n1
1 √
(avec n entier > 0) et x > 0, x n est la racine n-ième n x > 0 de x.

1.3 Limites
De nouveau, quelques rappels sur les suites numériques. On dit qu’une suite (xn , n ∈ N) tend
vers +∞, ou qu’elle admet +∞ comme limite, si

∀A ∈ R, ∃N = N (A) ∈ N tel que ∀n ∈ N, n > N =⇒ xn > A.

On écrit alors lim(xn ) = +∞. Définition similaire avec −∞. L’ensemble des limites possibles de
suites numériques est donc formé de tous les nombres réels ` ∈ R (on parle alors de limite finie),
et des symboles +∞, −∞. On pose :

R = R ∪ {−∞, +∞};

On notera que R est aussi l’ensemble des “extrémités” des intervalles ouverts de R.
On dit qu’une suite (xn , n ∈ N) est convergente si elle admet une limite finie. Dans tous les
autres cas, on dit qu’elle est divergente. Si lim(xn ) = +∞ (resp. −∞), on dit parfois qu’elle
diverge vers +∞ (resp. −∞).

1.3.1 Limite en un point : Définition.


Définition 7 Soit D une partie de R et soit a un point de R . On dit que le point a est adhérent
à D s’il existe une suite (xn ; n ∈ N) de points de D qui tend vers a.

Exemples.
∗ tout point a de D est adhérent à D (considérer la suite constante xn = a)..
∗ Soient a < b deux nombres réels. Alors, a est adhérent à l’intervalle ]a, b[ (considérer la
suite (xn = a + (b − a)/n , n > 1).)
* +∞ est adhérent à l’intervalle ]b, ∞[. (considérer la suite xn = n).
Définition 8 Soit f une fonction définie sur D et soit a un point adhérent à D. On dit que la
fonction f a une limite quand x tend vers a s’il existe un élément λ de R tel que pour toute
suite (xn ) d’éléments de D qui tend vers a, la suite (f (xn )) tend vers λ .

8
Notation et terminologie. Le point λ de R ainsi défini est alors unique. On dit que λ est la
limite de f quand x tend vers a et on écrit :

λ = lim f (x), ou encore : λ = lim f (x)


x→a x∈D,x→a

Exemples
* Les fonctions f (x) = x1 et g(x) = x12 admettent toutes deux D = R \ {0} pour domaine de
définition, dont a = 0 est un point adhérent. La fonction f n’admet pas de limite quand x tend
vers 0 ; la fonction g admet +∞ pour limite quand x tend vers 0.
* limx→−∞ exp(x) = 0 ; limx→+∞ exp(x) = +∞
* limx→0 `n(x) = −∞ ; limx→+∞ `n(x) = +∞
* la fonction sin n’admet pas de limite quand x tend vers +∞
* la fonction tan n’admet pas de limite quand x tend vers π2 .
* la fonction f :] − π2 , π2 [→ R : x 7→ f (x) := tan(x) admet +∞ pour limite qd x tend vers π2 .
* la fonction f :] π2 , 3π π
2 [→ R : x 7→ f (x) := tan(x) admet −∞ pour limite qd x tend vers 2 .

Proposition 1 Soit f une fonction définie sur D et soit a un point de D. La fonction f a


une limite finie ` ∈ R quand x tend vers a si et seulement si elle est continue au point a ; dans
ce cas, on a : ` = f (a).

Preuve. C’est une conséquence immédiate des Définitions 1 et 8.

1.3.2 Opérations algébriques et composition


Les théorèmes sur les limites de suites entraînent les théorèmes 4, 5, 6 suivants :
Théorème 4 (limites finies et opérations algébriques). Soit f et g deux fonctions définies sur
le même intervalle I et soit a un point adhérent à I. On suppose que les fonctions f et g ont des
limites finies respectives l et m en a. Alors :
∗ la fonction f + g a une limite égale à l + m en a,
∗ la fonction f g a une limite égale à lm en a,
∗ si la limite m n’est pas nulle, il existe un nombre réel δ > 0 tel que la fonction f /g soit
définie sur l’intervalle ]a − δ, a + δ[∩I et la fonction f /g a une limite égale à l/m en a.
Ce théorème s’étend dans certains des cas où l’une, au moins, des limites l ou m est infinie.

Théorème 5 (limites infinies et opérations algébriques). Soit f et g deux fonctions définies sur
le même intervalle I et soit a un point adhérent à I. Si les fonctions f et g ont des limites
respectives +∞ et m en a. Alors :
∗ Si m 6= −∞, la fonction f + g a une limite égale à +∞ en a,
∗ Si m > 0 ou ou si m = +∞ , la fonction f g a une limite égale à +∞ en a,
∗ Si m < 0 ou si m = −∞, la fonction f g a une limite égale à −∞ en a,
∗ Il existe un nombre réel δ > 0 tel que la fonction 1/f soit définie sur l’intervalle ]a−δ, a+δ[∩I
et la fonction 1/f a une limite égale à 0 en a.

Les cas où on ne peut pas conlure en utilisant ce théorème sont dits indéterminés. Ce sont les
suivants : ∞ − ∞,∞ × 0, 0/0 et ∞/∞. La suite du chapitre présente les principales techniques
qui permettent dans ce cas de dire s’il y a une limite, et de la calculer. On dit alors que l’on a
“levé l’indétermination”.

9
Théorème 6 (limite d’une fonction composée). Soit f une fonction définie sur un intervalle I,
soit g une fonction définie sur un intervalle J qui contient f (I) et soit a un point adhérent à I.
- Si la fonction f a une limite l en a, alors le point l est adhérent à J.
- Si, de plus, la fonction g a une limite m en l, alors la fonction g ◦ f a une limite égale à m
en a.

1.3.3 Limites à gauche et à droite


Dans le but, en particulier, d’étudier la continuité des fonctions définies par recollement, on
introduit la notion de limite à gauche et à droite.

Définition 9 (limite à gauche). Soient D une partie de R, a un nombre réel adhérent à D, et


f une fonction définie sur D. On dit que la fonction f a une limite à gauche quand x tend vers
a si :
(i) a est adhérent à D∩] − ∞, a[ ; c’est le cas, par exemple, si D = [b, a], ou D = [b, a[, avec
b < a.
(ii) la restriction g de la fonction f à D∩] − ∞, a[ a une limite λ quand x tend vers a.
On note alors
λ = lim− f (x).
x→a

On laisse au lecteur le soin de définir la notion de limite à droite de f en a ; notation (quand elle
existe) : λ = limx→a+ f (x).
Exemples
∗ limx→ π2 − tan(x) = +∞ ; limx→ π2 + tan(x) = −∞.
∗ pour α ∈ R, α > 0, on a : limx→0+ xα = 0 (applique le théorème 6).

Proposition 2 Soit f une fonction définie sur D =]b, a[∪]a, c[ avec b < a < c. La fonction f a
une limite quand x tend vers a si et seulement si elle a une limite à gauche et une limite à droite
et si ces limites sont égales. On a alors :

limx→a f (x) = limx→a− f (x) = limx→a+ f (x).

Ceci permet de relier la continuité d’une fonction à l’existence de limites à gauche et à droite :
Théorème 7 Soit f une fonction définie sur un intervalle ouvert I et soit a un point de I. La
fonction f est continue au point a si et seulement si elle a une limite à gauche et une limite à
droite en ce point et si on a :

f (a) = limx→a− f (x) = limx→a+ f (x).

Prolongement par continuité.


Le théorème 7 est particulièrement utile dans la situation suivante, proche du recollement
introduit au §1.1.3. On part de deux fonctions f1 , définie sur l’intervalle [a, c[, et f2 , cette fois
seulement définie sur l’intervalle ]c, b]. On suppose que limx→c− f1 (x) = limx→c+ f2 (x), et que
cette limite commune est finie. Notons-la `. Alors, il existe une unique fonction f : [a, b] → R
continue en c, et dont la restriction à [a, c[ (resp.]c, b]) coïncide avec f1 (resp. f2 ). Elle est définie
par
f (x) := f1 (x) si a ≤ x < c, f (c) := ` , f (x) := f2 (x) si c < x ≤ b.
On dit que f se déduit de {f1 , f2 } par prolongement par continuité et recollement.

10
Plus simplement, partons d’une fonction f0 : [a, c[∪]c, b] → R, telle que limx→c− f0 (x) =
limx→c+ f0 (x), et supposons que cette limite commune, soit `, est finie. Alors, il existe une
unique fonction f : [a, b] → R continue en c, et dont la restriction à [a, c[∪]c, b] coïncide avec f0
(poser f (c) = `). On dit que f est le prolongement par continuité de f0 au point c.

1.4 Dérivabilité
1.4.1 Définition
Définition 10 Soit f une fonction définie sur un intervalle I (non vide et non réduit à un point)
et soit a un point de I. On dit que la fonction f est dérivable en a si la fonction τ = τf , définie
sur le domaine D = I \ {a} par :
f (x) − f (a)
τ (x) = ,
x−a
a une limite finie en a. Dans ces conditions, la limite de la fonction τ en a s’appelle dérivée de
la fonction f en a et se note f 0 (a).

(Pour l’interprétation graphique de cette notion, voir le §1.5.4.) On peut présenter cette définition
sous une forme différente :
Définition 11 Soit f une fonction définie sur un intervalle I (non vide et non réduit à un point)
et soit a un point de I. On dit que la fonction f est dérivable en a s’il existe deux réels A et B
tels que :
f (x) = A + B(x − a) + (x − a)(x − a)
où  est une fonction continue et nulle en 0. On a alors A = f (a) et B = f 0 (a).
L’équivalence entre les deux définitions précédentes et les égalités A = f (a) et B = f 0 (a) se
démontrent immédiatement si on définit la fonction  comme le prolongement par continuité en
0 de la fonction
x → τ (x + a) − f 0 (a).
(Si I = [b, c], cette fonction est définie sur [b − a, 0[∪]0, c − a].) On en déduit :
Proposition 3 Si la fonction f est dérivable en a, alors elle est continue en a.
La réciproque de cette proposition est fausse. Par exemple la fonction x → |x| est continue en
0 mais n’est pas dérivable en ce point.
Dérivée à droite, à gauche :
Si la fonction τf admet seulement une limite à droite en a (ce qui, rappelons-le, impose que
a soit adhérent à I∩]a, +∞[), et si cette limite ` est finie, on dit que f est dérivable à droite ;
le nombre ` := fd0 (a) s’appelle alors la dérivée à droite de f en a. Définition similaire pour la
dérivée à gauche fg0 (a), si elle existe.
0
Par exemple, la fonction f (x) = |x| p est dérivable à droite et à gauche en 0, et fd (x) =
0
1, fg (x) = −1. La fonction f (x) = |x| n’est dérivable ni à gauche ni à droite en 0, car
limx→0+ τf (x) = +∞, limx→0− τf (x) = −∞.
Proposition 4 Soit f une fonction définie sur l’intervalle ]b, c[ de R, et soit a un point de ]b, c[.
On suppose que f est dérivable à droite et à gauche en a, et que fg0 (a) = fd0 (a). Alors, f est
dérivable en a, de dérivée f 0 (a) = fg0 (a) = fd0 (a).
Preuve : appliquer la Proposition 2 du §1.3 à la fonction τf .

11
1.4.2 Fonctions de type 
La définition 11 fait apparaître une notion (et une notation) qui sera utilisée de façon constante
dans la suite du cours. Soit D une partie de R contenant le point 0. On dit qu’une fonction f ,
définie sur D, est une fonction (de type)  en 0 si limx∈D,x→0 f (x) = 0, c-à- d. si f est continue
en 0 et s’annule en 0. On représente ces propriétés en écrivant

f (x) = (x).

Autrement dit, le symbole (x) représente n’importe quelle fonction f continue en 0, et nulle
en 0. Plus généralement, pour tout nombre réel a, le symbole (x − a) représente n’importe quelle
fonction f continue en a, et telle que f (a) = 0.
Par exemple, |x| = (x) , exp(x) − 1 = (x) , `n(x) = (x − 1).
Si deux fonctions f, g définies sur D sont de type  en 0, f + g et f g le sont aussi, ce qui
2
justifie les relations symboliques : (x) + (x) = (x) , (x) = (x). Si f (x) = (x) et si g est
une fonction bornée au voisinage de 0, on a encore : (f g)(x) = (x).
Une relation du type f (x) = (x − a) ne donne de renseignement sur f qu’au voisinage de a.
En particulier, pour a 6= b, une expression de la forme (x − a) + (x − b) n’a aucun sens (ou plus
précisément : ne donne aucun renseignement).
Soit enfin u : D → R une fonction continue en un point a de D, telle que u(a) = 0. Pour
toute fonction f de type  en 0, la fonction f ◦ u est continue en a et s’annule en a. Autrement
dit : (f ◦ u)(x) = (x − a), et on peut écrire sans ambiguité : (u(x)) = (x − a). En particulier

((x − a)) = (x − a).

1.4.3 Opérations algébriques et composition


Théorème 8 (dérivabilité en un point et opérations algébriques). Soit f et g des fonctions dé-
finies sur le même intervalle I et soit a un point de I. Si f et g sont dérivables en a, alors les
fonctions f + g et f g sont dérivables en a et on a :

(f + g)0 (a) = f 0 (a) + g 0 (a), (f g)0 (a) = f 0 (a)g(a) + f (a)g 0 (a).

Si g(a) 6= 0, et si g est dérivable en a, la fonction 1/g est définie sur un voisinage de a dans I,
est dérivable en a et l’on a :  0
1 g 0 (a)
(a) = − .
g g(a)2

Preuve Vérifions la dernier énoncé. Puisque g est dérivable en a, elle est continue en a, et le
théorème 1 montre que g1 est définie sur un voisinage Va de a dans I. Puisque g et dérivable en
(1/g)(x)−(1/g)(a)
a, la fonction τg (x) admet g 0 (a) pour limite en a. Or τ g1 (x) = x−a
1
= − g(x)g(a) τg (x),
0
g (a)
donc τ g1 admet une limite finie en a, égale à − g(a)2 . On conclut par la Définition 10.

Voici une autre preuve, qui permettra de se familiariser avec le maniement des fonctions .
On a : g(x) = A + B(x − a) + (x − a)(x − a), avec A = g(a) 6= 0, B = g 0 (a), d’où, pour x ∈ Va :
1 1 1
= ×  .
g(x) A 1 + B/A + (x − a) (x − a)

12
1
Or (1 + u)(1 − u) = 1 − u2 , donc 1+u = 1 − u + u(u). Les propriétés des fonctions de type 
entraînent :
1 1 B  1 g 0 (a)
= 1 − (x − a) + (x − a)(x − a) = − (x − a) + (x − a)(x − a)
g(x) A A g(a) g(a)2

(se souvenir que les notations (x − a) apparaissant dans chaque terme peuvent représenter des
fonctions différentes !). La Définition 11 permet de conclure.
Théorème 9 (dérivabilité des fonctions composées). Soit f une fonction définie sur un intervalle
I et soit g une fonction définie sur un intervalle J qui contient f (I). Si f est dérivable en un
point a de I et si g est dérivable au point f (a) alors la fonction composée g ◦ f est dérivable en
a et on a :
g ◦ f 0 (a) = g 0 (f (a))f 0 (a).
Preuve. Nous allons ici détailler un peu plus, en désignant par 1 , 2 , etc les fonctions de type 
apparaissant dans les différents termes du calcul. Posons b = f (a). La dérivabilité de la fonction
f en a s’écrit :
f (x) = f (a) + (x − a)f 0 (a) + (x − a)1 (x − a),
où 1 est une fonction continue et nulle en 0. La dérivabilité de la fonction g en b s’écrit :

g(x) = g(b) + (x − b)g 0 (b) + (x − b)2 (x − b),

où 2 est une fonction continue et nulle en 0. En remplaçant x par f (x) dans la deuxième formule,
on trouve :

g(f (x)) = g(b)+((x−a)f 0 (a)+(x−a)1 (x−a))g 0 (b)+((x−a)f 0 (a)+(x−a)1 (x−a))2 (f (x)−b).

On remarque alors que, f étant continue en a, on a f (x) − b = f (x) − f (a) = 3 (x − a), 3


désignant une fonction continue et nulle en 0. Il en résulte que 2 (f (x) − b) = (x − a), où,
suivant notre convention,  désigne n’importe quelle fonction continue et nulle en 0.
Finalement en regroupant les termes qui contiennent à la fois un facteur (x − a) et un facteur
(x − a) il vient :

g ◦ f (x) = g(f (x)) = g(b) + (x − a)f 0 (a)g 0 (b) + (x − a)(x − a),

ce qui montre que la fonction g ◦ f est dérivable en a et que (g ◦ f )0 (a) = f 0 (a)(g 0 ◦ f )(a).

1.4.4 Fonction dérivable sur un intervalle, dérivées successives.


Définition 12 Soit f une fonction définie sur un intervalle I (non vide et non réduit à un
point). On dit que la fonction f est dérivable sur I si f est dérivable en tout point de I. On
appelle alors fonction dérivée de f la fonction f 0 : I → R qui, à chaque point a de l’intervalle I,
associe le nombre réel f 0 (a).
df
Remarque. Au lieu de f 0 on utilise également la notation différentielle f 0 = dx .

Dérivées successives
Si la fonction f est dérivable sur I et si sa dérivée f 0 elle même est dérivable sur I, on dit
que la fonction f est deux fois dérivable sur I. La dérivée de f 0 s’appelle alors la dérivée seconde
de f , et se note f 00 . Plus généralement :

13
Définition 13 Pour tout entier n ∈ N, on définit, si c’est possible, la dérivée n-ième f (n) de f
par la récurrence :  0
f (0) = f, f (n) = f (n−1) .

dn f
Ainsi on a f (0) = f , f (1) = f 0 , f (2) = f 00 . On utilise aussi la notation différentielle. f (n) = dxn .

Définition 14 Si f a une dérivée n-ième, on dit que f est n fois dérivable sur I. Si, pour tout
entier n, f a une dérivée n-ième, on dit que f est indéfiniment dérivable sur I.

Exemples : les polynômes, les fonctions sinus, cosinus et l’exponentielle sont indéfiniment dé-
rivables sur R, les fractions rationnelles sont indéfiniment dérivables sur tout intervalle qui ne
contient pas de racine du dénominateur, les fonctions logarithme, racine carrée, puissance α-ième
(α ∈ R) sont indéfiniment dérivables sur ]0, ∞[.

1.5 Développements limités


1.5.1 Définition

Définition 15 Soit f une fonction définie sur un intervalle I, soit a un point de I et soit n un
entier naturel. On dit que f admet un développement limité d’ordre n en a s’il existe des nombres
réels c0 , c1 ,..., cn et une fonction  continue et nulle en 0 tels que :

f (x) = c0 + c1 (x − a) + ... + cn (x − a)n + (x − a)n (x − a),

pour tout nombre x de l’intervalle I. On écrit alors : f admet un d`n en a.


Remarques.
1. Cette définition respecte la convention introduite au §1.4.2 de désigner par  toute fonction
continue et nulle en 0. Elle entraîne immédiatement [voir la Définition 11 pour le point (ii)] que :
(i) f admet un d`0 en a si et seulement si f est continue en a (et alors, c0 = f (a) convient) ;
(ii) f admet un d`1 en a si et seulement si f est dérivable en a (et alors, c0 = f (a) , c1 = f 0 (a).)
2. Quand x s’approche de a, c’est-à-dire quand x − a devient petit, chacun des termes du dé-
veloppement limité devient négligeable devant le terme qui le précède. Plus précisément, c0 est
une constante, c1 (x − a) devient petit, c’est-à-dire négligeable devant toute constante non nulle,
c2 (x − a)2 devient très petit, c’est-à-dire négligeable devant (x − a),..., idem pour cn (x − a)n
par rapport à (x − a)n−1 , et finalement (x − a)n (x − a) devient encore plus petit, c’est-à-dire
négligeable devant (x − a)n .
3. Plus généralement, étant donnés deux entiers k, m compris entre 0 et n, avec k < m, on a :
(x−a)m = (x−a)k (x−a)k−m = (x−a)k (x−a). Par conséquent, si f admet un d`n en a, il admet
un d`k pour tout entier k = 0, .., n, donné par f (x) = c0 +c1 (x−a)+...+ck (x−a)k +(x−a)k (x−a).
On dit que ce d`k est obtenu en tronquant le d`n à l’ordre k.
4. Même si le développement limité donne apparemment la valeur de la fonction en tout point de
l’intervalle I, il ne faut pas oublier que l’on ne connait aucune propriété de la fonction  en dehors
de sa limite en 0. C’est donc uniquement lorsque l’on recherche la limite en a d’une expression
faisant intervenir la fonction f qu’il peut être avantageux de remplacer la fonction f par son
développement limité en a.

14
5. Le terme P (x) = c0 + c1 (x − a) + ... + cn (x − a)n s’appelle la partie principale (ou : régulière)
du développement limité. C’est un polynôme de degré n (ou < n si cn = 0). Comme on l’a vu
dans la remarque 2 , l’écriture de ce polynôme est adaptée à l’étude de ce qui se passe lorsque x
tend vers a, et il ne faut pas développer les termes (x − a)k . Par exemple, le coefficient c0 donne
la valeur du polynôme P au point a, le coefficient c1 donne la dérivée de P en a, etc...
6. Le terme (x − a)n (x − a) s’appelle le reste du développement limité. Il est indispensable
de l’écrire, puisqu’en l’oubliant, on affirmerait que la fonction f est un polynôme. Il indique la
précision avec laquelle on veut connaître la fonction f au voisinage du point a, précision qu’il
est parfois difficile de prévoir avant de faire les calculs explicites. Par exemple, pour montrer que
la fonction f (x) = cosxx−1
2 admet une limite quand x tend vers 0, il ne suffit pas de savoir que
cos x = 1+(x) (développement limité à l’ordre 0), ni même que cos x = 1+0.x+x(x) = 1+x(x)
(d`1 ) ; il faut, comme on dit, “pousser” le d` jusqu’à l’ordre 2 : on verra que cos x = 1− 21 x2 +x2 (x),
donc f (x) = x12 (− 12 x2 + x2 (x) = − 12 + (x), donc f a une limite quand x → 0, égale à − 21 .
Théorème 10 Soit f une fonction définie sur un intervalle I et soit a un point de I. Si f a
un développement limité d’ordre n en a alors ce développement est unique. On peut donc alors
parler du d`n de f en a.

Preuve. supposons que la fonction f admette deux développements limités à l’ordre n en a :

f (x) = c0 + c1 (x − a) + ... + cn (x − a)n + (x − a)n 1 (x − a)

f (x) = d0 + d1 (x − a) + ... + dn (x − a)n + (x − a)n 2 (x − a),


où 1 et 2 sont deux fonctions de type . Nous devons montrer que leurs parties principales sont
égales (ce qui entraînera d’ailleurs que 1 = 2 , mais peu importe). Raisonnons par l’absurde en
supposant qu’il n’en soit pas ainsi. Il existe alors un indice k ≤ n tel que ck 6= dk , et on peut
considérer le plus petit indice vérifiant cette propriété. Autrement dit : ci = di pour i = 0, ..., k−1,
et ck 6= dk . En faisant la différence des deux expressions, on obtient :

0 = (ck − dk )(x − a)k + (ck+1 − dk+1 )(x − a)k+1 + ... + (cn − dn )(x − a)n + (x − a)n (x − a).

D’où, pour x 6= a et après division par (x − a)k :

dk − ck = (ck+1 − dk+1 )(x − a) + ... + (cn − dn )(x − a)n−k + (x − a)n−k (x − a).

Or tous les termes du membre de droite sont de type (x − a) (c’est clair si n − k ≥ 1, mais aussi
si k = n, le seul terme subsistant étant alors le dernier). Ainsi, dk − ck = (x − a), ce qui impose
que la constante dk − ck soit nulle. Cela contredit l’hypothèse ck 6= dk , et conclut la preuve.
1
Exemple 0. Développement limité de x en a > 0.
La fonction x 7→ 1/x est définie sur R − {0}. Nous allons en trouver le développement limité en
un point a > 0.
1
Première étape : d`n de la fonction x 7→ 1−x en 0.
La formule classique donnant la somme des n + 1 premiers termes d’une suite géométrique :
1 − xn+1
1 + x + x2 + ... + xn =
1−x
se réécrit :
1 x
= 1 + x + x2 + ... + xn + xn .
1−x 1−x

15
x 1
Comme 1−x est une fonction de type (x) au voisinage de 0, cela donne bien le d`n de 1−x en 0.
Deuxième étape : x = a + t
Une méthode générale pour obtenir le développement limité d’une fonction en un point a est de
se ramener à un développement limité en 0 en posant x = a + t, de telle sorte que t tende vers 0
lorsque x tend vers a.
En utilisant le développement qui vient d’être trouvé, on obtient :
1 1 1 1 1 −t  −t 2 −t n −t n −t 
= = × −t = 1+ + + ... + + 
x a+t a 1− a a a a a a a

c’est-à-dire finalement :
1 1 1 1 2 1 n n
= − 2 (x − a) + 3 (x − a) + ... + (−1)n n+1 (x − a) + (x − a)  (x − a) .
x a a a a

1.5.2 Formule de Taylor-Young


On résume l’important énoncé qui suit en disant qu’on peut intégrer terme à terme un déve-
loppement limité.
Proposition 5 (intégration des développements limités) Soit f une fonction définie sur un in-
tervalle I et soit a un point de I. Si f est dérivable sur I et si sa dérivée f 0 a un développement
limité d’ordre n en a :

f 0 (x) = c0 + c1 (x − a) + ... + cn (x − a)n + (x − a)n (x − a)

alors f a un développement limité d’ordre n + 1 en a dont la partie principale est la primitive de


la partie principale du développement limité de f 0 qui prend la valeur f (a) en a :
c1 cn
f (x) = f (a) + c0 (x − a) + (x − a)2 + ... + (x − a)n+1 + (x − a)n+1 (x − a).
2 n+1
Preuve : elle repose sur le théorème des accroissements finis, dont on trouvera l’énoncé au
chapitre II, §2.2.1. Bien que nous n’établirons ce théorème qu’au chapitre II, le lecteur inquiet
(à juste titre) pourra vérifier que sa démonstation ne fait appel à aucune des notions qui vont
suivre, et qu’il n’y a donc pas de cercle vicieux.
Pour prouver la Proposition 5, posons
 c1 cn 
g(x) = f (x) − f (a) + c0 (x − a) + (x − a)2 + ... + (x − a)n+1
2 n+1
et montrons que
g(x) = (x − a)n+1 (x − a).
La fonction g est dérivable sur I, de dérivée

g 0 (x) = f 0 (x) − c0 − c1 (x − a) − ... − cn (x − a)n = (x − a)n (x − a).

Pour x > a, la fonction g est continue sur l’intervalle [a, x] et dérivable sur l’intervalle ]a, x[ (et
même sur [a, x], mais peu importe). D’après le théorème des accroissements finis, il existe donc
un nombre c = c(x) de l’intervalle ]a, x[ tel que :

(c − a)n
g(x) = (x − a)g 0 (c) = (x − a)(c − a)n (c − a) = (x − a)n+1 (c − a),
(x − a)n

16
où (c − a) désigne la fonction x 7→ (c(x) − a). Idem pour x < a, en remplaçant [a, x] par [x, a].
Or le point c reste compris entre a et x. On en déduit d’une part que
(c − a)n

0< <1
(x − a)n

et d’autre part que c = c(x) tend vers a lorsque x tend vers a et donc, par composition des
limites, que c(x) − a tend vers 0. Autrement dit, la fonction x 7→ c(x) − a est de type (x − a).
Il en résulte finalement que :
(c − a)n
(c − a) = (x − a),
(x − a)n
ce qui achève la démonstration.
Exemple 1. Développement limité de la fonction logarithme.
On intègre le développement limité d’ordre n − 1 :
1
= 1 + x + x2 + ... + xn−1 + xn−1 (x).
1−x
1
Une primitive de 1−x est −`n(1 − x), fonction qui s’annule pour x = 0. Il vient donc :

x2 xn
`n(1 − x) = −x − − ... − + xn (x).
2 n
En changeant x en −x on obtient :

x2 xn
`n(1 + x) = x − + ... + (−1)n + xn (x).
2 n
Théorème 11 (formule de Taylor-Young) Soit n un entier ≥ 1. Soient f une fonction
définie sur un intervalle I et a un point de I. Si f est n fois dérivable en a, alors f admet un
développement limité d’ordre n en a, donné par :

f 00 (a) f (n) (a)


f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + (x − a)2 + ... + (x − a)n + (x − a)n (x − a).
2 n!
Rappelons que pour n ≥ 2 et par définition, si la fonction f est n-fois dérivable en a, elle est
nécessairemenr (n − 1)-fois dérivable dans un voisinage de a dans I, et qu’on désigne par f (i) la
dérivée i-ème de f .
Preuve. Pout tout entier n ≥ 1, notons Pn l’assertion dont le théorème 11 affirme l’exactitude.
Nous allons démontrer que Pn est vraie par récurrence sur n.
Première étape (n = 1) : démontrons que P1 est vraie.
Soit f une fonction (une fois) dérivable en a. D’après l’équivalence des Définitions 10 et 11,

f (x) = f (a) + (x − a)f 0 (a) + (x − a)(x − a).

Autrement dit, f admet un développement limité d’ordre 1 en a de la forme annoncée.


Deuxième étape : soit n un entier ≥ 2. Admettons que Pn−1 soit vraie (et ce, pour toute
fonction f qui est (n − 1)-fois dérivable en a).
Troisième étape : déduisons-en que Pn est vraie.

17
Soit f une fonction n-fois dérivable au point a. Alors, sa dérivée f 0 est (n − 1)-fois dérivable en
a. D’après l’hypothèse de récurrence (2e étape), elle a un développement limité d’ordre n − 1 en
a, donné par :

f (3) (a) f (n) (a)


f 0 (x) = f 0 (a) + f 00 (a)(x − a) + (x − a)2 + ... + (x − a)n−1 + (x − a)n−1 (x − a).
2 (n − 1)!

(la i-ème dérivée de f 0 est la (i + 1)-ème dérivée de f ). Il suffit d’intégrer ce développement limité
pour obtenir le d`n de f en a, qui correspond bien à la formule cherchée.

1.5.3 Développements limités usuels


1
Outre ceux de 1−x et de `n(1 + x) au point 0 (Exemples 0 et 1), voici ceux qu’il convient de
connaître, ou au moins, de savoir reconstituer rapidement.
Exemple 2. Développement limité de la fonction exponentielle.
La fonction exponentielle exp(x) := ex est dérivable sur R, et égale à sa dérivée. Elle est donc in-
définiment dérivable, et vérifie exp(n) (a) = exp(a) pour tout n ≥ 0 et tout a ∈ R. Par conséquent,
son d`n en a est donné par
ea ea ea
exp(x) = ea + ea (x − a) + (x − a)2 + (x − a)3 + ... + (x − a)n + (x − a)n (x − a).
2 3! n!
En particulier, pour a = 0, on a : e0 = 1, et le d`n de exp en 0 est :

x2 x3 xn
exp(x) = 1 + x + + + ... + + xn (x).
2 3! n!
On peut d’ailleurs déduire le d`n en a de celui en 0 au moyen de l’équation fonctionnelle vérifiée
par l’exponentielle : posant x = a + t, on a

t2 t3 tn
 
a n
exp(x) = exp(a + t) = exp(a) exp(t) = e 1 + t + + + ... + + t (t)
2 3! n!

(x − a)2 (x − a)3 (x − a)n


 
a n
= e 1 + (x − a) + + + ... + + (x − a) (x − a) .
2 3! n!
Exemple 3. Développement limité des fonctions sinus et cosinus.
En itérant les relations différentielles cos0 (x) = − sin(x), sin0 (x) = cos(x), et en rappelant les
valeurs cos(0) = 1, sin(0) = 0, on déduira :

x2 x4 x6 x2n
cos(x) = 1 − + − + ... + (−1)n + x2n+1 (x),
2! 4! 6! (2n)!

x3 x5 x7 x2n−1
sin(x) = x − + − + ... + (−1)n−1 + x2n (x).
3! 5! 7! (2n − 1)!
Les formules trigonométriques

sin(a + t) = sin(a) cos(t) + cos(a) sin(t)

18
cos(a + t) = cos(a) cos(t) − sin(a) sin(t)
permettent, en posant x = a + t, d’en déduire les d`n de ces fonctions en un point a quelconque.

Exemple 4 : Formule du binôme généralisé (Développement limité de (1 + x)α en 0).


Soient α un nombre réel. On va chercher le développement limité en 0 de la fonction f définie
par f (x) = (1 + x)α , qui est indéfiniment dérivable sur l’intervalle ] − 1, +∞[.
Les dérivées successives de la fonction f en 0 sont données par :

f 0 (x) = α(1+x)α−1 , f ”(x) = α(α−1)(1+x)α−2 , ... f (n) (x) = α(α−1)...(α−n+1)(1+x)α−n ;

f 0 (0) = α, f ”(0) = α(α − 1), ... f (n) (0) = α(α − 1)...(α − n + 1).
La formule de Taylor-Young s’écrit alors :
α(α − 1) 2 α(α − 1)...(α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + αx + x + ... + x + xn (x).
2 n!
Lorsque α = m est un entier > 0, et qu’on choisit pour ordre du d` un entier n ≥ m, on
retrouve la formule du binôme de Newton classique :
m(m − 1) 2 m!
(1 + x)m = 1 + mx + x + ... + xk + ... + xm .
2 k!(m − k)!
Dans ce cas la fonction  est identiquement nulle.
Lorsque α = −1, on retrouve la formule de l’exemple 0 (remplacer x par −x).
Lorsque α = 1/2 et, par exemple, n = 4, on trouve :
√ 1 1 1 5 4
1 + x = (1 + x)1/2 = 1 + x − x2 + x3 − x + x4 (x).
2 8 16 128

Tableau récapitulatif.
1
= 1 + x + x2 + ... + xn + xn (x).
1−x

x2 xn
ln(1 + x) = x − + ... + (−1)n + xn (x).
2 n
x2 x3 xn
exp(x) = 1 + x + + + ... + + xn (x).
2 3! n!
x2 x4 x6 x2n
cos(x) = 1 − + − + ... + (−1)n + x2n+1 (x),
2! 4! 6! (2n)!
x3 x5 x7 x2n−1
sin(x) = x − + − + ... + (−1)n−1 + x2n (x).
3! 5! 7! (2n − 1)!
α(α − 1) 2 α(α − 1)...(α − n + 1) n
(1 + x)α = 1 + αx + x + ... + x + xn (x).
2 n!
De plus, on étudiera au chapitre II, §2.3.5, les fonctions réciproques arctan, arcsin, dont les
développements limités en 0 sont donnés par

19
x3 x2n+1
arctan(x) = x − + ... + (−1)n + x2n+1 (x)
3 2n + 1
x3 1.3 x5 1.3....(2n − 1) x2n+1
arcsin(x) = x + + 2 + ... + + x2n+1 (x).
2.3 2 .2 5 2n n! 2n + 1
On les établit facilement en intégrant terme à terme les d`2n en 0 de leurs dérivées, qui sont
respectivement égales à :
1 1
arctan0 (x) = 2
, arcsin0 (x) = √ .
1+x 1 − x2

Pour la recherche d’autres d`n , on conduira les calculs en gardant en tête les remarques
suivantes.

Remarques
1. Parité. Soit f une fonction paire admettant un d`n au point 0. Alors, tous les coefficients
c2k+1 d’indices impairs de son d`n en 0 sont nuls. En effet, les fonctions f (x) et f (−x) sont
égales, donc les parties principales de leurs d`n en 0 sont égales :

c0 + c1 x + c2 x2 + ... + cn xn = c0 − c1 x + c2 x2 + ... + (−1)n cn xn ,

de sorte que chaque coefficient d’indice impair est égal à son opposé, donc nul. En particulier, si
n est impair, par exemple n = 5, le d`5 de f prendra la forme f (x) = c0 + c2 x2 + c4 x4 + x5 (x).
De même, si f est une fonction impaire, tous les coefficients c2k d’indice pair de son d`n en 0
sont nuls. En particulier, si f admet un d`6 en 0, celui-ci prendra la forme f (x) = c1 x + c3 x3 +
c5 x5 + x6 (x).
2. Opérations algébriques et composition de d` en 0. Lors de telles opérations, on choisit
un ordre de reste (on doit parfois pousser les d` à un ordre n plus grand que celui auquel on veut
aboutir). Une fois ce choix fait, il est inutile de conserver des termes d’ordre plus grand que n.
En effet,
∀p > n, xp + xn (x) = xn (x) et ∀p ≥ n, xp (x) + xn (x) = xn (x)
Lors de composition de fonctions faisant apparaître des expressions du type (u(x)) au voisinage
de x = 0, on ne peut espérer aboutir que si limx→0 u(x) = 0. Si une telle fonction u admet un d`
en 0, et qu’on doive étudier un terme de la forme uk (u), il est utile de connaître le premier terme
non nul du d` de u. En effet, si u(x) = cr xr + · · · + xm (x) avec r ≥ 1, alors, uk (u) = xkr (x).
En revanche, cette information ne permet en général pas de raffiner la relation (u) p = (x) : par
1
exemple, si u(x) = xr , il se peut que (x) = |x| 2r , et on aura seulement (u(x)) = |x|, qui tend
bien vers 0, mais moins vite que x, donc n’est pas de la forme x (x).
Exemple 5 : d`6 de la fonction tangente en 0
Comme la fonction tan est indéfiniment dérivable en 0, elle admet un d` en 0 d’ordre arbitrai-
rement grand, et en particulier, un d`6 . Mais tan étant une fonction impaire, celui-ci se déduira
de son d`5 en 0. On a :
sin(x) x3 x5 1 x2 x4
tan(x) = cos(x) = (x − 6 + 5! + x5 (x)) × 1−u(x) , où u(x) = 5
2 − 4! + x (x). Donc
x4 1 2
u2 (x) = 4 +x
5
(x), u3 (x) = x (x) et
5
1−u = 1+u+u +u +u3 (u) =
2 3
1+ x2 +(− 4!
1
+ 41 )x4 +x5 (x).
3 5
x x x2 5 4
Ainsi, tan(x) = (x − 6 + 5! + x5 (x)) × (1 + 2 + 24 x + x5 (x))

20
= x + (− 16 + 12 )x3 + ( 24
5
− 1
12 + 1
120 )x
5
+ x5 (x) = x + 31 x3 + 2 5
15 x + x5 (x).
On en déduit par parité que
1 2
tan(x) = x + x3 + x5 + x6 (x).
3 15

3. Raccordement de d`n
Définition 16 Soit f une fonction définie sur un intervalle [b, c[ (resp. ]b, c]) de R, et soit a un
point de cet intervalle. On dit que la fonction f a un développement limité d’ordre n à droite (resp.
à gauche) en a si sa restriction g (resp. h) à l’intervalle [a, c[ (resp. ]b, a]) a un développement
limité d’ordre n en a.
On déduit du §1.1.3, théorème 7 :
Proposition 6 Soit f une fonction définie sur un intervalle ]b, c[ de R, et soit a un point de ]b, c[.
La fonction f a un développement limité d’ordre n en a si et seulement si elle a un développement
limité d’ordre n à gauche en a et un développement limité d’ordre n à droite en a, et si ces deux
développements limités sont égaux (c’est-à-dire s’ils ont les mêmes parties principales).

1.5.4 Applications aux graphes

Les développements limités servent essentiellement à calculer des limites. On en a vu un


exemple élémentaire à la Remarque 6 du §1.5.1. Les feuilles de TDs en fournissent beaucoup
d’autres - et de plus approfondis.

Les développements limités permettent également de préciser l’allure d’un graphe au voisinage
d’un de ses points. Plus précisément, soient f : I → R une fonction numérique, a un point de
I, d’image f (a), et C := Cf le graphe de f (voir §1.1.1). Ce graphe passe alors par le point
A = (a, f (a)) d’abscisse xA = a, d’ordonnée yA = f (a), du plan R2 .

Dans ce qui suit, on suppose que la fonction f est dérivable au point a. La relation
limx→a τf (x) = f 0 (a) s’exprime géométriquement en disant que les sécantes (AP ) au graphe,
c’est-à-dire les droites joignant A à un point quelconque P = (x, f (x)) de C, “admettent une
limite” quand le point P se rapproche de A en restant sur le graphe. En effet, la pente xyPP −y
−xA
A

d’une telle sécante est précisément le taux de variation τf (x) = f (x)−fx−a


(a)
de f entre a et x. La
droite limite, qu’on note TA (C), a pour pente la limite f 0 (a) des pentes des sécantes, et puisqu’elle
passe par A, son équation est donnée par

Y = f (a) + f 0 (a)(X − a) (TA (C)).

On appelle TA (C) la (droite) tangente au graphe C au point A.

1) Position du graphe par rapport à la tangente.


Considérons, pour x ∈ I proche de a, la droite verticale d’équation X = x. Elle rencontre le
graphe C au point P d’abscisse xP = x, d’ordonnée yP = f (x), et la tangente TA (C) au point Q
d’abscisse xQ = x, d’ordonnée yQ = (x, f (a) + f 0 (a)(x − a)). La différence yP − yQ fournit deux
types de renseignements :

21
* par son signe : yP − yQ est ≥ 0 si P est au-dessus de Q, c’est-à-dire si le graphe est au-
dessus de la tangente pour cette valeur de x ; de même, yP − yQ est ≤ 0 si P est au-dessous de
Q, c’est-à-dire si le graphe est au-dessous de la tangente pour cette valeur de x ;
* par sa valeur absolue : |yP − yQ | mesure de combien le graphe est éloigné de la tangente
pour cette valeur de x.
Supposons maintenant que f admette un d`2 en a, c-à-d. qu’il existe c2 ∈ R tel que

f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + c2 (x − a)2 + (x − a)2 (x − a),

et que, de plus, c2 soit non nul. Alors,

yP − yQ = f (x) − f (a) + f (a)(x − a) = (x − a)2 c2 + (x − a) ,


 

et pour x 6= a, le signe de yP − yQ est égal à celui de c2 + (x − a). La proposition 7 qui suit
montre alors que pour x suffisamment proche de a, le signe de yP − yQ est égal au signe de c2 .
Par conséquent,
∗ si c2 > 0, le graphe C reste au-dessus de la tangente TA (C) dans un voisinage de a dans I.
∗ si c2 < 0, le graphe C reste au-dessous de la tangente TA (C) dans un voisinage de a dans I.
Lorsque c2 est nul, on doit, si c’est possible, pousser le développement limité plus loin. Suppo-
sons que f admette un d`n en a, dont la partie principale ait un coefficient ci 6= 0, avec 2 ≤ i ≤ n,
et notons r le plus petit de ces indices. Autrement dit,

f (x) = f (a) + f 0 (a)(x − a) + cr (x − a)r + ... + cn (x − a)n + (x − a)n (x − a)n ,

donc : yP − yQ = f (x) − f (a) + f 0 (a)(x − a) = (x − a)r cr + (x − a) ,


 

On distingue alors deux cas :


∗∗ si r est pair : la situation est la même que pour r = 2 : (x−a)r reste positif et la Proposition
7 montre que pour x suffisamment proche de a, le signe de yP − yQ est égal à celui de cr . Par
conséquent, si cr > 0 (resp. cr < 0), le graphe C reste au-dessus (resp. au-dessous) de la tangente
TA (C) dans un voisinage de a dans I.
∗∗ si r est impair : alors, (x − a)r est négatif si x < a, et positif si x > a, tandis que d’après
la Proposition 7, le signe de cr + (x − a) reste égal à celui de cr pour x suffisamment proche de
a. Supposons par exemple cr > 0. Alors, le graphe C est au-dessous de la tangente TA (C) pour
x < a, et au-dessus pour x > a (inverser les termes si cr < 0). On dit que le graphe traverse sa
tangente au point A, ou encore que A est un point d’inflexion du graphe C.

Proposition 7 Soit f une fonction définie sur un intervalle I et soit a un point de I. On suppose
que f a un développement limité d’ordre r en a de la forme :

f (x) = cr (x − a)r + (x − a)r (x − a)

avec cr 6= 0. Alors, pour x suffisamment proche de a, f (x) est du signe de cr (x − a)r .

Preuve : comme limx→a (x − a) = 0, il existe un voisinage Va de a dans I tel que ∀x ∈ Va , on


ait : |(x − a)| < 21 |cr |. En effet (voir la preuve du théorème 1, §1.2.2), il existerait dans le cas
contraire une suite (xn , n ∈ N) d’éléments de I tendant vers a tels que |(xn − a)| > 21 |cr | pour
tout n, et la suite (xn − a) ne convergerait pas vers (0) = 0.
Pour x dans Va , le nombre cr + (x − a) est donc compris entre 12 cr et 23 cr ; en particulier, il
a le même signe que cr , et f (x) a le même signe que cr (x − a)r .

22
2) Asymptotes
Supposons que le domaine de définition de f contienne un intervalle de la forme ]A, +∞[, où
A ∈ R (le lecteur généralisera sans peine au cas où Df contient ] − ∞, A[). On dit qu’une droite
∆, d’équation Y = mX + p, est asympote au graphe C de f quand x tend vers +∞ si

lim f (x) − mx − p = 0.
x→+∞

Considérons de façon générale une fonction g, définie sur un intervalle de la forme ]A, +∞[, avec
A > 0, et telle que limx→+∞ g(x) = 0. La fonction G : t 7→ G(t) := g( 1t ) est alors définie sur
l’intervalle ]0, A1 [, et admet 0 pour limite à droite en 0. Soit G̃ : I := [0, A1 [→ R son prolongement
par continuité en 0 : c’est une fonction continue en 0 et nulle en 0, autrement dit une fonction
de type (t) sur I. On s’autorise dans ces conditions à écrire
1
g(x) = ( ) pour x → +∞.
x
Ainsi, ∆ est asympote à C quand x tend vers +∞ si f (x) − mx − p = ( x1 ) quand x → +∞.
Avec les notations g, G, G̃ ci-dessus, supposons maintenant que G̃ admette un d`n à droite en
0. Comme G̃(0) = 0, il sera de la forme G̃(t) = c1 t + ... + cn tn + tn (t). On dit alors que g admet
un d`n quand x tend vers +∞, et on écrit :
c1 cn 1 1
g(x) = + ... + n + n ( ) , x → +∞.
x x x x
Si c’est le cas de la fonction f (x) − mx − p, on écrit
c1 cn 1 1
f (x) = mx + p + + ... + n + n ( ) , x → +∞,
x x x x
et on appelle cette expression un d`n généralisé d’ordre n de f pour x tendant vers +∞.

Une discussion similaire au paragraphe précédent permet alors préciser la position de l’asym-
pote ∆ par rapport au graphe C. Supposons que l’un des coefficients ci soit non nul, et soit
r ∈ [1, n] le plus petit indice vérifiant cette propriété. Alors (et quelle que soit la parité de r) :
∗ si cr > 0 : C est au-dessus de ∆ pour x → +∞ ;
∗ si cr < 0 : C est au-dessous de ∆ pour x → +∞.
(En revanche, la parité de r intervient quand on étudie C pour x → −∞.)

23
Chapitre 2

Etude globale

2.1 Fonctions continues sur un intervalle


Définition 17 Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On dit que la fonction f est
continue sur I si f est continue en tout point de I.

Les théorèmes de continuité en un point se traduisent immédiatement en théorème de conti-


nuité globale :
Théorème 12 (i) (continuité et opérations algébriques) Soit f et g des fonctions définies et
continues sur un intervalle I. Les fonctions f + g et f g sont définies et continues sur I. Si la
fonction g ne s’annule pas sur I, la fonction 1/g est définie et continue sur I.
(ii) (continuité des fonctions composées). Soit f une fonction définie et continue sur un
intervalle I et soit g une fonction définie et continue sur un intervalle J qui contient f (I). Alors
la fonction composée gof est définie et continue sur l’intervalle I.
(iii) (continuité des fonctions usuelles) Les fonctions polynômes et les fonctions exp, sin, cos
sont continues sur R. La fonction `n et, pour α ∈ R, la fonction x 7→ xα sont continues sur
]0, ∞[.

Les fonctions construites à partir des fonctions usuelles par opérations algébriques et com-
position sont donc continues sur tout intervalle où elles sont définies. Par exemple, les fractions
rationnelles x → P (x)/Q(x) sont continues sur tout intervalle où le polynôme Q ne s’annule pas ;
sin
la fonction tan = cos est continue sur tout intervalle ] (2k−1)π
2 , (2k+1)π
2 [, où k ∈ Z.
Ces théorèmes permettent souvent de conclure à la continuité d’une fonction dans son domaine
de définition, à l’exception éventuelle de quelques points pour lesquels on doit faire une étude
directe locale. Par exemple, la fonction : x 7→ f (x) := x sin(1/x), x 6= 0; f (0) = 0 est continue sur
R \ 0, mais aussi en 0 (noter que |f (x)| ≤ |x| pout tout x ∈ R), donc est continue sur R.
Théorème 13 (Théorème des valeurs intermédiaires - première forme) Soit f une fonction dé-
finie et continue sur l’intervalle [a, b]. Si f (a)f (b) ≤ 0 (c’est-à-dire si f (a) et f (b) ne sont pas
tous les deux > 0, ou tous les deux < 0), alors il existe un point c de l’intervalle [a, b] tel que
f (c) = 0.
L’hypothèse de continuité en tout point de [a, b] est fondamentale. Par exemple, si E(x) = [x]
désigne la fonction “partie entière”, la fonction f (x) = E(x) + 21 est continue sur [− 13 , 13 ], vérifie
f (− 13 ) = − 12 < 0, f ( 31 ) = 12 > 0, mais ne s’annule en aucun point de [− 13 , 31 ].

24
Preuve. On se ramène aisément au cas où f (a) ≤ 0, f (b) > 0. Construisons par récurrence sur
l’entier n ≥ 0 une suite croissante (an , n ∈ N) et une suite décroissante (bn , n ∈ N) de nombres
réels dans l’intervalle [a, b], telles pour tout n ≥ 0, on ait

b−a
an ≤ bn , bn − an = , et f (an ) ≤ 0, f (bn ) > 0.
2n
Pour cela, on pose a0 = a, b0 = b, qui vérifient bien ces propriétés pour n = 0. Admettant les
suites construites jusqu’a l’ordre n, on considère le milieu mn de [an , bn ]. Si f (mn ) > 0, on pose
an+1 = an , bn+1 = mn ; si f (mn ) ≤ 0, on pose an+1 = mn , bn+1 = bn . Dans tous les cas, an+1 et
bn+1 vérifient les propriétés demandées, et les suites (an , n ∈ N), (bn , n ∈ N) répondent bien aux
conditions imposées.
La suite (an ) est croissante et majorée par b. D’après les propriétés générales des suites
numériques, elle admet donc une limite finie α ≤ b. De même, la suite (bn ), décroissante et
minorée, admet une limite finie β ≥ a. La suite (bn − an ) admet donc pour limite β − α ; mais
elle vaut b−a
2n , qui tend vers 0. Donc α = β. Notons c ∈ [a, b] cette valeur commune des limites
des deux suites.
Puisque f est continue sur [a, b], elle l’est au point c. Ce point étant la limite de la suite an ,
on a donc lim f (an ) = f (c). De même, lim f (bn ) = f (c). Or f (an ) ≤ 0 pour tout n, donc la limite
f (c) de cette suite est ≤ 0. De même, f (bn ) > 0 pour tout n, donc la limite f (c) de cette suite
est ≥ 0. Ainsi, f (c) est nécessairement nul. 
[Le symbole  indique la fin d’une démonstration. On l’utilise pour les preuves assez longues. Il
remplace le symbole, passé de mode : CQFD = ce qu’il fallait démontrer.]

Noter qu’il peut exister plusieurs valeurs de c telles que f (c) = 0 (en mathématiques, l’ex-
pression ∃c ∈ [a, b], f (c) = 0 signifie : l’équation f (c) = 0 admet au moins une solution c dans
l’intervalle [a, b]). Il en va de même dans la version apparemment plus générale suivante du
théorème 13 :
Théorème 14 (Théorème des valeurs intermédiaires - deuxième forme) Soit f une fonction
définie et continue sur l’intervalle [a, b]. Pour tout nombre réel γ compris entre f (a) et f (b), il
existe un point c de l’intervalle [a, b] tel que f (c) = γ.
Preuve : on se ramène au théorème 13 en considérant la fonction F (x) = f (x) − γ.
Le théorème 14 énonce que toutes les valeurs intermédiaires entre f (a) et f (b) sont atteintes
comme valeurs de f , d’où son nom. En voici une 3e version. Rappelons qu’un intervalle de R est
par définition une partie I de R telle que

∀x ∈ I, ∀y ∈ I, x ≤ y ⇒ [x, y] ⊂ I,

c-à-d. : pour tout couple x ≤ y d’éléments de I, le segment [x, y] := {z ∈ R, x ≤ z ≤ y} est


contenu dans I.
Théorème 15 (Théorème des valeurs intermédiaires - troisième forme) Soient I un intervalle
de R, et f : I → R une fonction définie et continue sur I. Alors, l’image J := f (I) de f est un
intervalle de R.
Preuve : montrons que le thm 14 entraîne le thm 15. Soient x ≤ y deux points de J = f (I), et
z un point de [x, y]. Par définition de l’image (voir le §1.1.1), il existe deux point a, b de I tels
que f (a) = x, f (b) = y. D’après le théorème 14, il existe un point c du segment [a, b] (ou [b, a], si
b ≤ a) tel que f (c) = z. Donc z appartient bien à l’image f (I) de f .

25
On laisse au lecteur le soin de montrer que le théorème 15 entraîne le théorème 13, et d’en
déduire ainsi que les théorèmes 13, 14 et 15 sont bien équivalents.

Remarque : soit I un intervalle (non vide) d’extrémités a ∈ R, b ∈ R, avec a ≤ b. On dit que I


est ouvert s’il ne contient pas ses extrémités, autrement dit, si I =]a, b[. On dit que I est fermé
s’il contient ses extrémités finies, autrement dit (en réservant les notations a, b aux éléments de
R), si I = [a, b], ou I =]−∞, b], ou I = [a, +∞[, ou I =]−∞, , +∞[ (ce dernier intervalle est donc
à la fois ouvert et fermé). On dit que I est borné si a et b sont tous les deux finis ; les intervalles
fermés bornés sont donc de la forme [a, b] où a et b appartiennent à R. Enfin, les intervalles
semi-ouverts sont les intervalles de la forme [a, b[ avec a ∈ R, b ∈ R, ou ]a, b] avec b ∈ R, a ∈ R.
On appelle caractéristique de l’intervalle ce type de propriété.
Le théorème 15 ne dit rien des caractéristiques de J en fonction de celles de I : en effet,
ces caractéristiques ne sont en général pas conservées par image par une fonction continue. Par
exemple, l’image de l’intervalle ouvert ] − 2π, +2π[ par la fonction continue sin est l’intervalle
fermé borné [−1, +1]. L’image de l’intervalle ouvert borné ] − π2 , π2 [ par la fonction tan est
l’intervalle fermé (et ouvert) non borné ] − ∞, +∞[.
Toutefois, si l’intervalle I est fermé et borné, son image par une fonction continue sera encore
fermé et borné. Ceci est l’objet du très important théorème de Weierstrass suivant, dont nous
admettrons la preuve.

Théorème 16 (dit de Weierstrass, ou de l’image d’un intervalle fermé borné). L’image d’un
intervalle fermé et borné par une fonction continue est un intervalle fermé et borné.

Principe de la preuve. Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle fermé borné
[a, b]. On sait d’après le théorème 15 que l’image J := f ([a, b]) est un intervalle, qu’on note
(m, M ), sans savoir encore le type des crochets que représentent les parenthèses, ni si m et M
sont dans R ou seulement dans R. On montre alors successivement les points suivants :
- m et M sont finis, autrement dit : J = f ([a, b]) est un intervalle borné, ou encore : f est
majorée et minorée sur l’intervalle [a, b] ;
- J := f ([a, b]) est un intervalle fermé. Puisque ses extrémités m et M sont finies, ils s’agit
de voir que m et M appartiennent à J, autrement dit, qu’il existe c1 , c2 ∈ [a, b] tels que f (c1 ) =
m, f (c2 ) = M , ce qu’on exprime en disant que la fonction f atteint ses bornes m et M sur
l’intervalle [a, b].
On peut vérifier chacune de ces assertions en construisant des couples de suites adjacentes
(an ), (bn ), par la méthode de “dichotomie” déjà vue lors de la preuve du théorème 13. En les
combinant, on conclut que f ([a, b]) = [m, M ] est bien un intervalle fermé et borné.

2.2 Fonctions dérivables sur un intervalle


Rappelons la définition 12 du chapitre I, en convenant que les intervalles de définition I sont
désormais supposés non vides et non réduits à un point.
Définition : Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R. On dit que la fonction f est
dérivable sur I si f est dérivable en tout point de I.

26
2.2.1 Extrema locaux, Rolle, accroissements finis
Ce paragraphe regroupe trois des théorèmes les plus importants du cours.

Définition (extremum d’une fonction) : soit f : D → R une fonction définie sur une partie D
de R, et soit c un point de D. On dit que
* f admet un maximum en c si f (x) ≤ f (c) pour tout nombre x de D.
* f admet un minimum en c si f (x) ≥ f (c) pour tout nombre x de D.
* f admet un extremum en c si elle admet un maximum ou un minimum en c.
La valeur f (c) prise par f en un tel point s’appelle alors le maximum ou le minimum de f sur
D. Noter qu’en général, une fonction n’admet pas de maximum sur son domaine de définition.
Par exemple, la fonction f : [0, 1[→ R : x 7→ f (x) := x n’admet pas de maximum sur [0, 1[.
Définition (extremum local) : soit f : I → R une fonction définie sur un intervalle I de R, et
soit c un point de I. On dit que f admet un maximum (resp. minimum, extremum) local en c
s’il existe un voisinage Vc de c dans I tel que la restriction f |Vc : Vc → R de la fonction f à Vc
admette un maximum (resp. minimum, extremum) en c.
Lorsque I =]a, b[ est un intervalle ouvert, on peut imposer que Vc soit de la forme ]c − δ, c + δ[
où δ est un nombre réel > 0 suffisamment petit. Lorsque I = [a, b[ et que c = a, on peut imposer
que Vc soit de la forme [c, c + δ[. La valeur f (c) prise par f en un tel point s’appelle alors le
maximum ou le minimum de f au voisinage de c.

Théorème 17 (Condition nécessaire pour un extremum local) Soit f une fonction définie sur
un intervalle ouvert I =]a, b[, et soit c un point de I. On suppose que f est dérivable en c.
Alors, si f admet en c un extremum local, on a nécessairement : f 0 (c) = 0.

Avant de passer à la preuve, il est crucial de noter (toujours sous les hypothèses : I ouvert, f
dérivable en c ∈ I) que cette condition nécessaire n’est pas suffisante : autrement dit, il se peut
qu’une telle fonction vérifie f 0 (c) = 0, mais que f n’admette pas d’extremum local en c. Par
exemple, avec I =] − 1, 1[ et c = 0, la fonction f (x) = x3 est dérivable en 0, de dérivée f 0 (0) = 0.
Pourtant, f (x) > f (c) pour tout x > c, f (x) < f (c) pour tout x < c, et comme tout voisinage
V0 de 0 dans I contient des nombres x > 0 et des nombres x < 0, la fonction f n’admet pas
d’extremum local en 0.
L’hypothèse préliminaire faite sur I dans le théorème est également nécessaire pour que son
énoncé soit exact. Plus précisément, si I n’est pas ouvert, disons I = [a, b[, et si c = a ∈ I, f
peut admette un extremum local en c sans que f 0 (c) = 0 (il s’agit alors ici de la dérivée à droite
de f en c, voir le §1.4.1). Ainsi, la fonction f : [0, 1[→ R : x 7→ f (x) := x admet un mimimum
local en c = 0, bien que f 0 (0) = 1 6= 0.
On notera enfin que même si I est ouvert, f peut admettre un extremum local en c ∈ I sans
que f soit dérivable en c. Exemple : f :] − 1, 1[→ R : x 7→ f (x) := |x|, c = 0.
Preuve. La propriété d’avoir une dérivée nulle au point c est locale (elle ne dépend que des
valeurs de f au voisinage du point c). Quitte à travailler avec la restriction de f à un sous
intervalle ouvert, nous pouvons donc supposer que f (c) est un extremum de la fonction f sur
tout l’intervalle I. Et quitte à remplacer f par −f , on peut supposer qu’il s’agit d’un maximum.
f (x)−f (c)
Pour tout x ∈ I, x < c , on a alors f (x) ≤ f (c), d’où x−c ≥ 0, et

f (x) − f (c)
f 0 (c) = fg0 (c) = lim ≥ 0.
x→c− x−c

27
f (x)−f (c)
Pour tout x ∈ I, x > c , on a aussi : f (x) ≤ f (c), d’où x−c ≤ 0, et

f (x) − f (c)
f 0 (c) = fd0 (c) = lim+ ≤ 0.
x→c x−c
On en déduit que f 0 (c) = 0.
Application pratique. Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle fermé et borné
[a, b]. D’après le théorème de Weierstrass, elle atteint son maximum M en (au moins) un point c
de I. Si f est de plus dérivable sur l’intervalle ]a, b[, tous les points c où elle admet son maximum
sont à rechercher
- soit parmi les points c ∈]a, b[ tels que f 0 (c) = 0 ;
- soit aux extrémités c = a et c = b.
Une comparaison des valeurs de f en ces différents points permet alors de trouver M . Idem pour
le mimimum m de f sur [a, b].

Théorème 18 (théorème de Rolle) Soit f une fonction définie et continue sur l’intervalle [a, b]
et dérivable sur l’intervalle ]a, b[. Si f (a) = f (b), alors il existe un nombre c de l’intervalle ]a, b[
tel que f 0 (c) = 0..

Preuve. Comme la fonction f est continue sur l’intervalle fermé borné [a, b], l’image f ([a, b])
est un intervalle fermé borné [m, M ]. On distingue deux cas :
1) si la fonction f est constante sur l’intervalle [a, b], alors sa dérivée f 0 est identiquement
nulle sur cet intervalle. N’importe quel point c de l’intervalle ]a, b[ convient car il vérifie f 0 (c) = 0.
2) si la fonction f n’est pas constante, l’intervalle [m, M ] n’est pas réduit à un point. Donc
l’une, au moins, des deux inégalités strictes : M > f (a) = f (b) ou m < f (a) = f (b) est vérifiée.
Dans ce 2e cas, supposons que l’on a M > f (a) (le cas m < f (a) se traite de manière). Par
définition de l’image d’un intervalle, comme M est un point de [m, M ], il existe un point c de
l’intervalle [a, b] telque f (c) = M (autrement dit, comme on l’a déjà vu : f atteint son maximum
sur [a, b]). Comme M > f (a) et M > f (b), c appartient en fait à l’intervalle ]a, b[. Ainsi, la
fonction f admet en c un maximum (donc a fortiori un maximum local). Étant dérivable sur
]a, b[, elle l’est en c. La condition nécssaire d’extremum local entraîne alors que f 0 (c) = 0.
Traduction géométrique : soient C le graphe de f , qui passe par les points A = (a, f (a) et
B = (b, f (b). L’hypothèse f (a) = f (b) du théorème de Rolle revient à dire que les points A et B
sont situés sur une droite horizontale (d’équation Y = f (a)). Comme f est dérivable sur ]a, b[, on
peut considérer, pour tout point C = (c, f (c)) du graphe distinct de A et B, la droite tangente
TC (C) au graphe C en C, dont la pente vaut f 0 (c). La conclusion du théorème est donc qu’il
existe un point C de C situé entre A et B, où la tangente TC (C) est horizontale.
En particulier, il existe C ∈ C entre A et B, tel que la tangente TC (C) à C en C soit parallèle
à la droite (AB). Le théorème des accroissements finis énonce que cette conclusion vaut encore
B −yA f (b)−f (a)
si la droite (AB) n’est pas horizontale (sa pente est alors donnée par xyB −xA = b−a ).
Théorème 19 (théorème des accroissements finis). Soit f une fonction définie et continue sur
l’intervalle [a, b] et dérivable sur l’intervalle ]a, b[. Alors il existe un nombre c de l’intervalle ]a, b[
tel que
f (b) − f (a) = (b − a)f 0 (c).

28
Preuve. Considérons la fonction ϕ(x) définie sur l’intervalle [a, b] par :

f (b) − f (a)
ϕ(x) = f (x) − f (a) − (x − a).
b−a
Elle est, comme la fonction f , continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. Par ailleurs elle vérifie :
ϕ(a) = ϕ(b) = 0. Elle satisfait donc aux hypothèses du théorème de Rolle, qui entraîne : il existe
c dans l’intervalle ]a, b[ tel que

f (b) − f (a)
0 = ϕ0 (c) = f 0 (c) − ,
b−a
et c vérifie bien la relation souhaitée.

La conséquence la plus couramment utilisée du théorème des accroissements finis est de relier
le signe de la dérivée et le sens de variation d’une fonction, justifiant ainsi les tableaux de variations
introduits en Terminale. Supposons par exemple que f : [a, b] → R soit dérivable sur ]a, b[, et que
sa dérivée y reste toujours ≥ 0. Alors, pour tout x, y ∈ [a, b], avec x < y, il existe z ∈]x, y[⊂]a, b[
tel que f (y) − f (x) = (y − x)f 0 (z) ; comme f 0 (z) ≥ 0, on a f (y) ≥ f (x) et la fonction f est
donc croissante sur l’intervalle [a, b]. Si, de plus, f 0 reste > 0 sur ]a, b[, alors, f (y) > f (x) et f
est strictement croissante sur [a, b]. Si f 0 est ≤ 0 (resp. < 0) sur ]a, b[, f sera décroissante (resp.
strictement décroissante) sur [a, b].
Une autre application du théorème des accroissements finis concerne les calculs d’erreurs.
Nous en donnerons un exemple dans le cadre plus général suivant, qui redonne le théorème des
accroissements fini pour n + 1 = 1.

2.2.2 Formule de Taylor-Lagrange ; calculs d’erreurs


Théorème 20 (formule de Taylor-Lagrange à l’ordre n + 1) Soient n un entier ≥ 0, et f une
fonction définie sur l’intervalle [a, b]. On suppose que :
∗ la fonction f est n-fois dérivable sur l’intervalle [a, b]
∗ la dérivée n-ième f (n) est continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[.
Alors il existe un point c de l’intervalle ]a, b[ tel que :

f 00 (a) f (n) (a) f (n+1) (c)


f (b) = f (a) + f 0 (a)(b − a) + (b − a)2 + ... + (b − a)n + (b − a)n+1 .
2 n! (n + 1)!

Preuve. Soit A le nombre réel défini par :

A f 00 (a) f (n) (a)


(b − a)n+1 = f (b) − f (a) − f 0 (a)(b − a) − (b − a)2 − ... − (b − a)n .
(n + 1)! 2 n!

Il s’agit de trouver un point c de ]a, b[ tel que A = f (n+1) (c). On introduit pour cela la fonction
ϕ définie par :

f 00 (x) f (n) (x) A


ϕ(x) = f (b) − f (x) − f 0 (x)(b − x) − (b − x)2 − ... − (b − x)n − (b − x)n+1 .
2 n! (n + 1)!

Il est évident que ϕ(b) = 0 et le choix du nombre A fait que ϕ(a) = 0. Par ailleurs la fonction ϕ
est, comme la fonction f et chacune de ses n premières dérivées, continue sur l’intervalle [a, b] et

29
dérivable sur l’intervalle ]a, b[. Ainsi, la fonction ϕ satisfait donc les hypothèses du théorème de
Rolle. Il existe donc c ∈]a, b[ tel que ϕ0 (c) = 0. Or, un calcul facile montre que :

A − f (n+1) (x)
ϕ0 (x) = (b − x)n .
n!
Comme c 6= b, on en déduit bien que A = f (n+1) (c).

Application aux calculs d’erreurs : contrairement à la formule de Taylor-Young, qui ne


décrit que le comportement de f au voisinage du point a, la formule de Taylor-Lagrange fournit
un lien entre les valeurs de f en a et en b. Certes, on ne connait pas le nombre c explicitement,
(n+1)
mais l’encadrement a < c < b permet de contrôler le terme “reste” f (n+1)!(c) (b − a)n+1 , c’est-à-dire
00 (n)
l’erreur qu’on commet en remplaçant f (b) par f (a)+f 0 (a)(b−a)+ f 2(a) (b−a)2 +...+ f n!(a) (b−a)n .
√ √ √
qSupposons par exemple qu’on veuille calculer 50 à 0, 01 près. On écrit 50 = 49 + 1 =

7 1 + 49 1
. Considérons alors la fonction f (x) = 1 + x, de dérivée f 0 (x) = 21 √1+x
1
. Le théorème
des accroissements finis (Taylor-Lagrange à l’ordre 1), appliqué à f entre les points a = 0 et
1 1
b = 49 , assure l’existence de c ∈]0, 49 [ tel que
r √
1 1 1 √ 50 8
1+ =1+ √ , avec 1 < 1 + c < < .
49 49 2 1 + c 7 7
1 1
√ √
Donc 14 − 14 × 81 < 50 − 7 < 14 1 1
, et 7 + 14 est une approximation par excès de 50 avec une
1

erreur d’au plus 14×8 < 0, 01. En particulier, | 50 − 7, 07| < 0, 01.
Bien entendu, Taylor-Lagrange à l’ordre 2 donne une approximation plus précise. Comme
3
f 00 (x) = − 41 (1 + x)− 2 , il existe c ∈]0, 49
1
[ tel que
r
1 1 1 1 1 3 4
1+ =1+ × − 2× 3 , avec 1 < (1 + c)
2 < .
49 49 2 49 8(1 + c) 2 3

1 1 1
√ 1 1 1 1
Donc − 8.7 3 + 8.73 × 4 > 50 − (7 + 14 ) > − 8.7 3 , et 7 + 14 − 2744 est une approximation par
√ 1 −4

défaut de 50 avec une erreur d’au plus 32.73 < 10 . Ainsi, | 50 − 7, 0710| < 0, 0001.

2.3 Fonctions réciproques


2.3.1 Injections, surjections, bijections
Soient X et Y deux ensembles, et f : X → Y une application de X vers Y . Si y ∈ Y ,
tout élément x de X tel que f (x) = y s’appelle un antécédent de y (relativement à f ). Ainsi, un
élément y de Y admet au moins un antécédent si et seulement s’il appartient à l’image f (X) ⊂ Y
de f . On dit que
∗ f est injective si ∀x1 , x2 ∈ X, f (x1 ) = f (x2 ) ⇒ x1 = x2 , autrement dit, si chaque élément
y de Y admet au plus un antécécent (et donc exactement un si y ∈ f (X)) ;
∗ f est surjective si tout élément y de Y admet au moins un antécécent, autrement dit si
f (X) = Y ;
∗ f est bijective si elle est à la fois injective et surjective, c’est-à-dire si tout élément y de Y
admet un et un seul antécécent.

30
Une application injective f : X → Y définit donc automatiquement une application bijective
f : X → f (X) : x 7→ f (x) := f (x), qu’on s’autorise à noter encore f .
Soit f une application bijective de X vers Y . Pour chaque élément y de Y , il existe, par
définition, un et un seul élément x de X tel que f (x) = y. On le note f −1 (y). L’application
f −1 : Y → X : y 7→ f −1 (y) de Y vers X ainsi définie est appelée application réciproque de la
bijection f . Elle vérifie les propriétés suivantes :

∀x ∈ X, f −1 (f (x)) = x autrement dit : f −1 ◦ f = idX ;

∀y ∈ Y, f (f −1 (y)) = idY (y) = y autrement dit : f ◦ f −1 = idY .


Ces propriétés entraînent que f −1 : Y → X est elle aussi bijective, et que son application
réciproque (f −1 )−1 : X → Y coïncide avec f .
On va étudier ces notions dans le cas des fonctions numériques définies sur un intervalle I,
et continues sur I. D’après le théorème des valeurs intermédiaires, leur image f (I) est alors un
intervalle J, et l’application f : I → J admet une application réciproque f −1 : J → I (autrement
dit : est bijective) si et seulement si elle est injective. D’où la
Définition 18 Soit f une fonction continue et injective sur un intervalle I, d’image l’intervalle
J. On appelle fonction récriproque de f l’unique fonction f −1 : J → I telle que

∀x ∈ I, ∀y ∈ J : f (x) = y ⇔ f −1 (y) = x.

Remarques.
1. Soit f : I → R une fonction strictement monotone (Chapite I, Définition 3). Alors, f est
automatiquement injective.
2. Dans ce cas, on peut considérer la fonction réciproque f −1 : f (I) → I. Celle-ci est également
strictement monotome, et de même sens de monotonie que f . En effet, supposons par exemple
f strictement croissante, et soient y1 = f (x1 ), y2 = f (x2 ) deux points de f (I). Si y1 < y2 , les
points x1 = f −1 (y1 ), x2 = f −1 (y2 ) vérifient forcément x1 < x2 , sans quoi on aurait y1 > y2
d’après la croissance de f .

2.3.2 Fonctions réciproques et continuité


On vient de noter que si une fonction f : I → R est strictement monotone, alors elle est auto-
matiquement injective. La proposition suivante énonce que cette condition suffisante d’injectivité
est également nécessaire si f est continue.
Proposition 8 Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle I. Si f est injective,
alors elle est strictement monotone.

Preuve. Il suffit, f étant injective, de monter qu’elle est monotone. S’il n’en était pas ainsi, il
existerait trois points x < y < z de I tels que f (x) et f (z) soient tous les deux > f (y) (ou tous
deux < f (y), auquel cas on remplacera f par −f dans le raisonnement). Quitte à inverser les rôles
de x et z dans ce qui suit, on peut supposer que f (x) ≤ f (z). Mais alors, f (x) ∈ [f (y), f (z)] et
le théorème des valeurs intermédiaires, appliqué à la restriction de la fonction continue f à [y, z],
fournit un point t de l’intervalle [y, z], donc distinct de x, tel que f (t) = f (x). Cela contredit
l’injectivité de f sur I.

31
Proposition 9 Soient a, b deux éléments distincts de R, et f une fonction continue et stric-
tement monotone sur un intervalle I d’extrémités a et b. Alors, α := limx→a f (x) ∈ R et
β := limx→b f (x) ∈ R existent, et l’intervalle J = f (I) admet α et β pour extrémités. De plus, si
I est fermé (resp. ouvert, resp. semi-ouvert), alors J est fermé (resp. ouvert, resp. semi-ouvert).
Même si I = [a, b] est un intervalle fermé borné, cet énoncé n’est pas de même nature que le
théorème de Weierstrass, puisqu’on précise ici où sont atteintes les bornes m, M de f . On notera
par ailleurs que si I est ouvert en son extrémité a, c-à-d. si a ∈
/ I, il se peut que a soit fini, mais
que α soit infini, et inversement : penser à la fonction f : ] − ∞, 0[ → ] − ∞, 0[ : x 7→ x1 . Noter
également que pour a < b, on a α < β si f est strictement croissante, sinon on a β < α.
Principe de la preuve : on se ramène à étudier le comportement de f , strictement croissante,
en l’extrémité inférieure a de I. Si a ∈ I, α = f (a) existe, appartient à J = f (I) (par définition),
et en est l’extrémité inférieure (croissance de f ). Supposons maintenant a ∈ / I. Pour toute suite
décroissante (un , n ∈ N) de points de I tendant vers a, la suite (f (un ), n ∈ N) est décroissante,
et admet donc une limite αu ∈ R. On vérifie alors que cette limite est indépendante du choix
de la suite (un ), et peut donc se noter α. On montre enfin que pout toute suite (xn , n ∈ N) de
points de I tendant vers a , la suite f (xn ) tend vers α. Ainsi, limx→a+ f (x) = α existe. Dans
ces conditions, α est adhérent à J, en est l’extrémité inférieure (croissance de f ), et α ∈/ J, sans
quoi il existerait un sous-intervalle ]a, x], avec x > a, de I où f ne serait pas croissante.
Proposition 10 Soient f : I → J une fonction continue et bijective de I vers J, et f −1 : J → I
sa fonction réciproque. Alors, f −1 est continue sur J.
Preuve : soient u un point de J, et a = f −1 (u) son antécédent relativement à f . Supposons que
f −1 ne soit pas continue en u. Il existe alors un nombre δ > 0 et une suite (yn ), n ∈ N de points
de J tendant vers u, d’antécédents xn := f −1 (yn ), tels que pour tout entier n, |xn − a| > δ. Sans
perte de généralité, on peut, en en extrayant une sous-suite, supposer la suite (yn ) strictement
monotone. D’après la Remarque (2) ci-dessus, la suite (xn ) l’est alors aussi et admet donc une
limite a0 ∈ R, qui vérifie : |a0 − a| ≥ δ, donc a0 6= a.
Montrons maintenant que a0 appartient à I. En effet, a0 est adhérent à l’intervalle I, donc si
0
a ∈ / I, c’en serait forcément une extrémité. On déduirait alors de la Proposition 9 d’une part
que limx→a0 f (x) existe, et est donc égal à lim f (xn ) = lim yn = u, d’autre part que cette limite
n’appartiendrait non plus pas à J, ce que contredit l’hypothèse faite sur u. Ainsi, a0 ∈ I.
Enfin, f est continue en a0 = lim xn , donc la suite yn = f (xn ) tend vers f (a0 ). Or elle tend vers
u = f (a). Donc f (a) = f (a0 ), alors que a et a0 sont deux points distincts de I. C’est la contradic-
tion recherchée. 

2.3.3 Théorème des fonctions réciproques


Théorème 21 (théorème des fonctions réciproques) Soit f une fonction continue strictement
monotone sur un intervalle I. Alors :
1. L’ensemble J = f (I) est un intervalle dont les extrémités sont les limites de f aux extré-
mités de I, et ont le même type d’ouverture..
2. La fonction f admet une fonction réciproque f −1 définie sur J.
3. La fonction réciproque f −1 est continue et strictement monotone sur J, de même sens de
monotonie que f .
4. Si la fonction f est dérivable en un point a de I et si f 0 (a) est non nul, alors la fonction
−1
f est dérivable au point b = f (a) et
1
(f −1 )0 (b) = .
f 0 (a)

32
Preuve. Les points 1 , 2 et 3 ont été vus à la Remarque 2 et aux Propositions 9 et 10 qui
précédent. Il reste à prouver le point 4. On suppose donc que la fonction f est dérivable en un
point a ∈ I, et que la dérivée f 0 (a) est non nulle.
Montrer que la fonction f −1 est dérivable au point b = f (a) revient à montrer que le rapport
f −1 (y) − f −1 (b)
τf −1 (y) =
y−b
a une limite finie quand y tend vers b en restant dans J \ {b}.
Si y ∈ J \{b}, le nombre x = f −1 (y), qui appartient à I \{a}, vérifie par définition la condition
y = f (x). On trouve donc :
f −1 (y) − f −1 (b) x−a 1
= = .
y−b f (x) − f (a) τf (x)
Or la fonction f −1 est continue au point b. Donc, quand y tend vers b, le nombre x = f −1 (y)
tend vers a = f −1 (b), et τf (x) tend vers f 0 (a). Comme f 0 (a) est supposée non nulle, on trouve
bien que limy→b τf −1 (y) existe (donc f −1 est dérivable en b), et que cette limite vaut f 01(a) .
Remarque 3 : une fois la dérivabilité de la fonction f −1 établie, la formule donnant sa dérivée
est immédiate. En effet, on a pour tout x ∈ I : (f −1 ◦ f )(x) = x, et la fonction x 7→ x a pour
dérivée 1 en tout point. Si f est dérivable en a et si f −1 est dérivable en b = f (a), on déduit donc
du théorème 9 sur la dérivée des fonctions composées que (f −1 ◦ f )0 (a) = (f −1 )0 (b)f 0 (a) = 1.
Ceci montre d’ailleurs que si f 0 (a) = 0, la fonction f −1 n’est pas dérivable en b.

2.3.4 Représentation graphique


Rappelons que le graphe C := Cf d’une fonction f définie sur l’intervalle I est l’ensemble des
couples de R2 de la forme (x, f (x)), où x parcourt I.
Soit f un fonction continue strictement monotone sur l’intervalle I, et soit J = f (I). Alors,
x ∈ I et f (x) = y si et seulement si y ∈ J et f −1 (y) = x.
Il en résulte que le graphe C˜ := Cf −1 de la fonction réciproque f −1 , c’est-à-dire l’ensemble des
couples (y, f −1 (y)), où y parcourt l’intervalle J, coïncide avec l’ensemble des couples (f (x), x),
où x parcourt l’intervalle I.
Or, dans un repère orthonormé, le point de coordonnées (b, a) est le symétrique par rapport
à la première bissectrice des axes de ce repère, du point de coordonnées (a, b). Par conséquent,
dans un tel repère, les graphes C et C˜ sont symétriques par rapport à la première bissectrice.

Cette observation fournit une troisième preuve de la formule donnant la dérivée de f −1 au


point b := f (a). Considérons en effet les points A = (a, b) du graphe de f et à = (b, a) du graphe
de f −1 , et supposons que f soit dérivable en a, de dérivée f 0 (a) 6= 0. Alors, f −1 est dérivable en
˜ au graphe de f en A (resp. de f −1
b, et on peut parler de la droite tangente TA (C) (resp. TÃ (C))
˜
en Ã). Désignons par θ (resp. θ̃) l’angle que fait avec l’axe Ox la tangente TA (C) (resp. TÃ (C)).
˜
Comme C et C sont symétriques par rapport à la première bissectrice, ainsi que A et Ã, il en va
˜ Les angles qu’elles forment avec l’axe Ox vérifient donc
de même des droites TA (C) et TÃ (C).
π
θ̃ = − θ.
2
La pente f 0 (a) de la droite TA (C) est égale à tan(θ) ; de même, (f −1 )0 (b) = tan(θ̃). Or pour θ 6≡ 0
sin( π −θ)
modulo π, on a : tan(θ̃) = tan( π2 − θ) = cos( π2 −θ) = cos(θ) 1
sin(θ) = tan(θ) . Donc (f
−1 0
) (b) = f 01(a) .
2

33
2.3.5 Exemples
Exemple 0 : la fonction logarithme
La fonction exponentielle exp :]−∞, +∞[→]0, +∞[ est dérivable, de dérivée > 0, donc strictement
croissante. Elle admet donc une fonction réciproque exp−1 :]0, +∞[→] − ∞, +∞[, qui n’est bien
sûr autre que la fonction `n. Si a est un point de R, d’image exp(a) = b ∈]0, +∞[, on a exp0 (a) =
exp(a) = b, et on retrouve la formule (`n)0 (b) = 1b .
On pourrait tout aussi bien démarrer avec la fonction `n, et définir exp comme la fonction
récriproque de `n.

Exemple 1 : la fonction Arctangente

Soit f la restriction de la fonction tangente à l’intervalle ] − π2 , π2 [. La fonction f est conti-


nue et strictement croissante sur ] − π2 , π2 [. D’après le théorème des fonctions réciproques, on
peut affirmer que
 π π 
f ] − , [ = ] lim + tan(x), lim − tan(x)[ = ] − ∞, +∞[ = R
2 2 x→−π/2 x→π/2

et que f établit une bijection de ] − π2 , π2 [ sur R.


La fonction réciproque de f est appelée Arctangente et notée x 7→ arctan(x). C’est une
bijection de R sur l’intervalle ] − π2 , π2 [. Pour tout réel x, arctan(x) est donc l’unique élément de
l’intervalle ] − π2 , π2 [ qui a pour tangente le réel x. En particulier :

∀x ∈ R , tan(arctan(x)) = x.

Mais attention : si x est un nombre réel du domaine de définition Dtan = k∈Z ] (2k−1)π , (2k+1)π
S
2 2 [
de la fonction tangente, il n’est en général pas vrai que arctan(tan(x)) soit égal à x. Par exemple,
tan( 5π π 5π π 5π
4 ) = 1 et arctan(1) = 4 , donc arctan(tan( 4 )) = 4 6= 4 : il y a une infinité de réels dont
la tangente est égale à 1, et parmi ces réels, seul 4 appartient à l’intervalle ] − π2 , π2 [.
π

Propriétés de la fonction Arctangente.


1. D’après le théorème des fonctions réciproques, la fonction Arctangente est continue et stricte-
ment croissante sur R, et on a : limx→−∞ arctan(x) = − π2 ; limx→+∞ arctan(x) = π2 .
2. La fonction Arctangente est impaire. Son graphe est donc symétrique par rapport à l’origine
- et symétrique par rapport à la première bissectrice du graphe de la restriction f de tan à
l’intervalle ] − π2 , π2 [.
3. La fonction f est dérivable sur ] − π2 , π2 [ et f 0 (x) = ( cos
sin x 0 1 2
x ) = cos2 x = 1 + tan (x). La dérivée
π π
de f ne s’annule pas sur ] − 2 , 2 [ ; la fonction Arctangente est donc dérivable sur R et

1 1
arctan0 (x) = = .
1 + tan2 (arctan(x)) 1 + x2

Exemple 2 : la fonction Arcsinus

Soit g la restriction de la fonction sinus à l’intervalle [− π2 , π2 ]. La fonction g est continue et


strictement croissante sur [− π2 , π2 ]. D’après le théorème des fonctions réciproques on peut affir-
mer que  π π 
g [− , ] = [sin(−π/2), sin(π/2)] = [−1, 1]
2 2

34
et que g établit une bijection de [− π2 , π2 ] sur [−1, 1].
La fonction réciproque de g est appelée Arcsinus et notée x 7→ arcsin(x). C’est une bijection
de [−1, 1] sur l’intervalle [− π2 , π2 ]. Pour tout réel x ∈ [−1, 1], arcsin(x) est donc l’unique élément
de l’intervalle [− π2 , π2 ] qui a pour sinus le réel x, et

∀x ∈ [−1, 1] , sin(arcsin(x)) = x.
π
Ainsi, arcsin(0) = 0, arcsin(1) = 2 et arcsin( 12 ) = π
6. Attention : arcsin(sin( 5π
6 )) =
π
6 6= 5π
6 .

Propriétés de la fonction Arcsinus.


1. La fonction Arcsinus est continue et strictement croissante sur [−1, 1].
2. La fonction Arcsinus est impaire. Traduction géométrique comme plus haut. Noter que d’un
point de vue géométrique, le graphe de arcsin “admet une tangente” aux points (−1, − π2 ) et
(1, π2 ), mais ces droites tangentes sont verticales (ou si l’on veut : de pente infinie).
q
3. La fonction g est dérivable sur [− π2 , π2 ] et g 0 (x) = cos(x) = 1 − sin2 (x). La dérivée de g ne
s’annule pas sur ] − π2 , π2 [ ; la fonction Arcsinus est donc dérivable sur ] − 1, 1[ et

1 1
arcsin0 (x) = q =√ .
1 − sin2 (arcsin(x)) 1 − x2

Exemple 3 : la fonction Arccosinus


Soit h la restriction de la fonction cosinus à l’intervalle [0, π]. La fonction h est continue et
strictement décroissante sur [0, π]. D’après le théorème des fonctions réciproques on peut affirmer
que
h ([0, π]) = [−1, 1]
et que h établit une bijection de [0, π] sur [−1, 1].
La fonction réciproque de h est appelée Arccosinus et notée x 7→ arccos(x). C’est une bijection
de [−1, 1] sur l’intervalle [0, π]. Pour tout réel x ∈ [−1, 1], arccos(x) est donc l’unique élément de
l’intervalle [0, π] qui a pour cosinus le réel x :

∀x ∈ [−1, 1] , cos(arccos(x)) = x.

π 3 π
Ainsi, arccos(0) = 2, arccos( 2 ) = 6 , arccos(−1) = π et arccos(cos(− π6 )) = π
6 6= − π6 .
Propriétés de la fonction Arccosinus.
1. La fonction Arccosinus est continue et strictement décroissante sur [−1, 1].
p
2. La fonction h est dérivable sur [0, π] et h0 (x) = − sin(x) = − 1 − cos2 (x). La dérivée de g ne
s’annule pas sur ]0, π[ ; la fonction Arccosinus est donc dérivable sur ] − 1, 1[ et
1 1
arccos0 (x) = − p = −√ .
2
1 − cos (arccos(x)) 1 − x2

35
Chapitre 3

Fonctions de plusieurs variables

Les notions abordées dans les chapitres III et IV qui suivent sont fondamentales : elles inter-
viennent dans toutes les sciences, et cela justifie leur inscription au programme de L1. Mais il
s’agit ici d’une simple introduction, qui nécessitera les outils d’algèbre linéaire et d’analyse de la
2ème année pour être développée.

3.1 Généralités
3.1.1 Domaines de définition, graphes.
Soient p un entier ≥ 1 et D une partie de Rp . C’est essentiellement le cas p = 2 que nous
étudierons ici : le passage de p = 1 à p = 2 est délicat, alors que le passage de p = 2 à p > 2 ne
fait pas apparaître de phénomène nouveau.
Par définition (voir le §1.1.1), une application f : D → R attache à tout point x = (x1 , ..., xp )
de D ⊂ Rp un nombre réel f (x) = f (x1 , ..., xp ). On dit que f est une fonction de p variables
réelles, de domaine de définition D. Comme pour p = 1, on parle parfois simplement de la
fonction f (x), le domaine de définition D = Df de f étant alors à définir comme la plus grande
partie de Rp où la formule donnée pour calculer le nombre f (x) a un sens.
Pour p = 2, on note les variables (x, y) plutôt que (x1 , x2 ). Par exemple, la fonction f (x, y) =
`n(xy) admet pour domaine de définition Df = {(x, y) ∈ R2 , xy > 0}, c-à-d. la réunion du
premier quadrant {(x, y) ∈ R2 , x > 0, y > 0} et du 3e quadrant {(x, y) ∈ R2 , x < 0, y < 0}
du pan xOy. On dessinera
p Df en hachurant ces deux quadrants. Le domaine de définition de
la fonction g(x, y) = 1 − x2 − y 2 est la partie Dg = {(x, y) ∈ R2 , x2 + y 2 ≤ 1} du plan, c-à-
d. le disque de centre 0 et de rayon 1, cercle au bord compris. On dessinera Dg en hachurant
l’intérieur du disque. (Dans tout ce qui suit, c’est sur “l’intérieur” de D, supposé non vide, qu’on
se concentrera).
Le graphe d’une fonction de deux variables f : D → R est la partie Sf de l’espace R3 définie
par
Sf = {(x, y, z) ∈ R3 , (x, y) ∈ D, z = f (x, y)} ⊂ R3 .
Par exemple, si f (x, y) = 2x + 3y − 5, le graphe Sf est le plan d’équation Z = 2X + 3Y − 5
dans R3 . Dans le cas général, Sf est une “surface” (mais c’est précisément au moyen des graphes
que la notion de surface se définit rigoureusement). Pour tout point (x, y) du plan xOy = R2 ,

36
considérons la droite verticale (c-à-d. parallèle à l’axe Oz) ∆ passant par (x, y). Alors, ∆ ne
rencontre pas Sf si (x, y) ∈
/ D, et rencontre Sf en exactement un point si (x, y) ∈ D.
p
Exemple : le graphe de la fonction f : R2 → R : (x, y) 7→ f (x, y) := x2 + y 2 est le demi-cône
de révolution de sommet O = (0, 0, 0), d’axe Oz, dont la génératrice fait un angle de π4 avec Oz.
Remarque (F : Rp → Rq ) : soit q un entier ≥ 1. Pour D ⊂ Rp comme plus haut, on peut, plus
généralement, considérer des applications à valeurs dans Rq :
F : D → Rq : x = (x1 , ..., xp ) 7→ F (x) := (z1 , ..., zq ) ∈ Rq .
Pour tout i = 1, ..., q, la coordonnée zi de F (x) s’écrit alors zi = fi (x), où fi : D → R est une
fonction de p variables. Autrement dit, la donnée d’une application de D dans Rq équivaut à la
donnée simultanée de q fonctions fi : D → R, qu’on note parfois zi (x) (i = 1, ..., q).
Pour p = 1 et q = 2, notons t ∈ D ⊂ R la variable de la source, et (x, y) les coordonnées de
R2 ; une application F : D → R2 revient à la donnée de deux fonctions {t 7→ x(t), t 7→ y(t)},
et décrit la position d’un point mobile du plan xOy en fonction du temps t. L’image F (D) =
{(x(t), y(t)); t ∈ D} ⊂ R2 de F s’appelle alors la trajectoire de F : c’est une “courbe”
 du plan
R2 . Ne pas confondre la trajectoire de F avec son graphe CF := { t, x(t), y(t) , t ∈ D} ⊂ R3 ,
qui est une “courbe gauche” de l’espace R3 . Par exemple, si D = R et F (t) = (sin(t), cos(t)), la
trajectoire de F est le cercle de centre O et de rayon 1 du plan xOy ; le graphe de F est une
hélice de l’espace Otxy (comme dans les molécules d’ADN).
Pour p = q ≥ 2, une application F : (D ⊂ Rp ) → Rp s’appelle un champ de vecteurs. Pour
représenter cette application, on dessine, en chacun des points x de D, le vecteur F (x) en placant
son origine en x. Pour p = q = 3, on retrouve ainsi les champs de forces de la physique.

3.1.2 Courbes de niveau


Définition 19 Soit f : D ⊂ R2 → R une fonction de deux variables, définie dans le domaine D
de R2 , à valeurs dans R. Pour chaque nombre réel c, l’ensemble des couples (x, y) de nombres
réels tels que
f (x, y) = c
est appelé courbe de niveau (c) de la fonction f .
La courbe de niveau c est donc la projection sur le plan xOy de l’intersection du graphe Sf de
f avec le plan horizontal d’équation Z = c. Elle peut être vide (par exemple, pour la fonction
f (x, y) = 1−x2 −y 2 et le nombre c = 2). Elle peut être tout le plan (pour une fonction constante).
Mais, en général, elle est constituée d’une ou de plusieurs courbes du plan.
Interprétation géographique : un point de la surface terrestre est repéré par 3 coordonnées :
sa latitude x, sa longitude y et son altitude z. En dehors de reliefs exceptionnels (surplombs),
l’altitude est une fonction z = f (x, y) de (x, y), et la surface terrestre est le graphe Sf de cette
fonction f . Pour tout c compris entre 0 (niveau de la mer) et le sommet d’une montagne, la
courbe de niveau (c) décrit les coordonnées (x, y) des points d’altitude c de cette montagne. On
peut la voir comme la projection sur le plan xOy du chemin que parcourt un promeneur voulant
rester à l’altitude c. Les cartes IGN des régions montagneuses dessinent ces courbes pour des
valeurs de c en progression arithmétique (par exemple : c = 2000 m, 2020 m, 2040 m, ...) ; plus
elles sont rapprochées, plus la pente est forte.
Exemple 1. Soit D le disque D = {(x, y) ∈ R2 ; x2 + y 2 ≤ 2500}. On considère la fonction de
deux variables
f : D → R : (x, y) 7→ f (x, y) := 2500 − x2 − y 2 .

37
Son graphe Sf est la surface obtenue en faisant tourner un arc de parabole autour de son axe
vertical ; on l’appelle un paraboloïde de révolution. La courbe de niveau c = 0 est le cercle de
centre O, de rayon 50 (qui, ici, borde D). La courbe de niveau c = 1600 est le cercle de centre
O et de rayon 30. La “courbe” de niveau c = 2500 (altitude du sommet) est réduite au point O.
Les courbes de niveau c > 2500 ou c < 0 sont vides.
Exemple 2 : Soit la fonction f définie sur R2 par :

f : R2 → R : (x, y) 7→ f (x, y) := 1000 + xy.

Son graphe Sf est une surface en forme de col de montagne (ou à plus petite échelle, de selle de
cheval). Pour c > 1000 (resp. c < 1000), sa courbe de niveau c est une hyperbole, dont les deux
branches sont situées dans les 1er et 3e quadrants (resp. 2e et 4e quadrants) du plan xOy. Sa
ligne de niveau 1000 est la reunion des axes de coordonnées Ox et Oy, et le point (0, 0, 1000)
s’appelle un point col de f . On dit que cette surface Sf est un paraboloïde hyperbolique (car son
intersection avec un plan vertical d’équation Y = mX, m 6= 0, est une parabole).

3.2 Continuité
La continuité d’une fonction f de plusieurs variables
 se définit, comme celle des fonctions
d’une variable, par une propriété du type lim f (xn ) = f (lim xn ). On doit donc définir d’abord
la limite d’une suite (xn , n ∈ N) de points de Rp .

3.2.1 Suites de Rp
Nous limitons l’exposé au cas p = 2. Un point x de R2 est un couple (x, y) de réels. Une suite
(xn , n ∈ N) de points de R2 est donc un suite ((xn , yn), n ∈ N) de couples de nombres réels,
c’est-à-dire un couple de suites (xn , n ∈ N), (yn , n ∈ N) de nombres réels.
La distance (euclidienne) entre deux points x = (x, y) et x0 = (x0 , y 0 ) de R2 est le nombre
réel p
dist(x, x0 ) = (x − x0 )2 + (y − y 0 )2 ,
qui est toujours ≥ 0, et est nul si et seulement si x = x0 .

Définition 20 Soient (xn = (xn , yn ), n ∈ N) une suite de points de R2 , et a = (a, b) un point


de R2 . Pour tout n ∈ N, on note
p
δn := dist(xn , a) = (xn − a)2 + (yn − b)2

la distance entre les points xn et a. On dit que la suite (xn ) converge vers a si la suite de nombres
réels (δn , n ∈ N) converge vers 0.
Puisque |xn − a| et |yn − b| sont tous deux ≤ δn , tandis que 0 ≤ δn ≤ |xn − a| + |yn − b|, on a :
Proposition 11 . Pour que la suite (xn ) = ((xn , yn )) de R2 converge vers le point a = (a, b), il
faut et il suffit que la suite (xn ) converge vers a et que la suite (yn ) converge vers b.

38
3.2.2 Continuité : définitions et propriétés élémentaires.
Définition 21 Soit F : D ⊂ Rp → Rq , définie sur un domaine D de Rp et à valeurs dans Rq ,
et soit a un point de D. On dit que F est continue en a si pour toute suite (xn ) de points de
D qui converge vers a (dans Rp ) , la suite (F (xn )) converge vers F (a) (dans Rq ). On dit que F
est continue sur D si elle est continue en tout point a de D.

Exemples (avec p = 2, q = 1).


∗ La fonction de deux variables définie sur D = R2 par
xy
f : R2 → R : (x, y) 7→ f (x, y) = si (x, y) 6= (0, 0), et f (0, 0) = 0,
x2 + y 2

n’est pas continue au point a = (0, 0). En effet, la suite xn = ( n1 , n1 ) de R2 tend vers a, mais
la suite (constante) f (xn ) = 21 tend vers 12 6= f (a). Il n’y a d’ailleurs aucune valeur possible de
f (a) permettant de rendre cette fonction continue, car avec la suite xn = ( n1 , nλ ), qui tend aussi
λ
vers a, on obtient une suite f (xn ) = 1+λ 2 , dont la limite dépendra du choix de λ.

∗ La fonction de deux variables définie sur D = R2 par


xy
f : R2 → R : (x, y) 7→ f (x, y) = p si (x, y) 6= (0, 0), et f (0, 0) = 0,
x2 + y 2

est continue au point a = (0, 0). En effet, la relation 0 ≤ (a − b)2 = a2 + b2 − 2ab entraîne :
1 2
∀(x, y) ∈ R2 , |xy| ≤ (x + y 2 ),
2
p
donc f (x, y) ≤ 21 x2 + y 2 . Ainsi, 0 ≤ f (x, y) ≤ dist(a, x)) pour tout points x = (x, y) de R2 .
Pour toute suite xn tendant vers a, c-à-d. telle que la suite dist(a, xn ) tende vers 0, la suite
f (xn ) tend donc bien vers 0 = f (a).
Les énoncés suivants découlent facilement de la Proposition 11.
Proposition 12 (passage de Rq à R) Soit F : D ⊂ Rp → Rq , définie sur un domaine D de
Rp et à valeurs dans Rq , et telle que pour x dans D, on ait F (x) = (f1 (x), ..., fp (x)) où les fi
sont des fonctions définies dans D et à valeurs dans R. Alors la fonction F est continue en un
point a de D si et seulement si chacune des fonctions fi est continue en a.

Théorème 22 (continuité et opérations algébriques). Soit f et g des fonctions définies sur le


même domaine D de Rp , à valeurs dans R, et continues sur D. Les fonctions f + g et f g sont
définies et continues sur D. Si la fonction g ne s’annule pas sur D, la fonction 1/g est définie
et continue sur D.

Théorème 23 (continuité et fonctions composées). Soit F une fonction définie et continue sur
un domaine D de Rp et à valeurs dans Rq , et soit G une fonction définie et continue sur un
domaine E de Rq et à valeurs dans Rs . On suppose que F (D) est contenu dans E. Alors la
fonction composée G ◦ F : D → Rs est définie et continue sur le domaine D.

39
3.3 Dérivabilité des fonctions de deux variables
3.3.1 Définitions
C’est la Définition 11 du §1.4.1 (c’est-à-dire l’existence d’un d`1 ) qui permet d’étendre à
plusieurs variables la notion de fonction dérivable en un point.
Définition 22 Soit f une fonction définie sur une partie D de R2 et à valeurs dans R, et soit
a = (a, b) un point de D. On dit que la fonction f est dérivable en a s’il existe des nombres réels
A et B tels que :

f (x) = f (x, y) = f (a, b) + A(x − a) + B(y − b) + dist(x, a)(x − a, y − b)

où dist(x, a) est la distance entre les points x et a, et où  désigne une fonction (de deux variables)
continue et nulle en (0, 0).

Remarques.
1. Si une suite (xn ) = (xn , yn ) de points de D tend vers a, la suite dist(xn , a) tend vers 0, et
la suite (xn − a, yn − b) tend donc aussi vers 0. La formule prédédente montre que la suite f (xn )
tend alors f (a). Par conséquent, une fonction dérivable en a est automatiquement continue en a.
Bien entendu, la réciproque est fausse : la fonction f (x, y) = |x| est continue, mais pas dérivable,
en (0, 0)
2. Si f est dérivable en a, on vérifie, en choisissant des suites de la forme (xn , b) et (a, yn ),
que les nombres A et B sont alors uniques. Une façon de les décrire simultanément consiste à
introduire la forme linéaire L sur R2 définie par (u, v) 7→ L(u, v) = Au + Bv. Cette forme linéaire
s’appelle la différentielle de f en (a, b). On peut aussi introduire le vecteur (A, B) de R2 , qu’on
appelle le gradient de f en (a, b).

3.3.2 Dérivées partielles.


Supposons la fonction f dérivable au point a = (a, b). Si on ne fait varier que x en fixant
y = b, on constate que la fonction φ : x 7→ φ(x) := f (x, b) vérifie la relation

φ(x) = f (x, b) = f (a, b) + A(x − a) + |x − a|(x − a, 0) = f (a, b) + A(x − a) + (x − a)(x − a),

où  désigne maintenant une fonction de type  d’une variable. Cette relation montre que la
fonction φ est dérivable en a et que φ0 (a) = A. De même, si on ne fait varier que y en fixant
x = a, on constate que la fonction θ : y 7→ θ(y) := f (a, y) est dérivable en b et que θ0 (b) = B.
Définition : les fonctions d’une variable φ(x) = f (x, b) et θ(y) = f (a, y) sont appelées les
applications partielles de f au point (a, b). On dit que f admet une dérivée partielle par rapport
à x (resp. y) au point (a, b) si la fonction φ (resp. θ) est dérivable en a (resp. b). Dans ces
conditions, on pose :
∂f ∂f
(a, b) = φ0 (a), resp. (a, b) = θ0 (b).
∂x ∂y
Ces expressions s’appellent les dérivées partielles par rapport à x (resp. à y) de f au point (a, b).
Ainsi, une fonction dérivable en (a, b) satisfait l’égalité :

∂f ∂f 1/2
f (x, y) = f (a, b) + (a, b)(x − a) + (a, b)(y − b) + (x − a)2 + (y − b)2 (x − a, y − b)
∂x ∂y

40
où  est une fonction continue et nulle en (0,0). La différentielle de f en (a, b) est alors la forme
linéaire en deux variables
∂f ∂f
L(u, v) = (a, b) u + (a, b) v.
∂x ∂y
Le gradient de f en (a, b) est le vecteur ∂f ∂f
 2
∂x (a, b), ∂y (a, b) de R .

Remarque. Une fonction f (x, y) peut fort bien admettre des dérivées partielles en (a, b)
sans qu’elle soit dérivable en (a, b). Par exemple, la fonction f (x, y) = x2xy +y 2 pour (x, y) 6=
(0, 0), f (0, 0) = 0, considérée plus haut admet pour applications partielles au point (0, 0) les
fonctions φ(x) = f (x, 0) = 0 , θ(y) = f (0, y) = 0, qui sont identiquement nulles, donc dérivables.
Donc les dérivées partielles ∂f ∂f
∂x (0, 0), ∂y (0, 0) existent (et sont nulles). Mais f n’est pas dérivable
en (0, 0), puisqu’elle n’y est même pas continue.
Néanmoins, soit f une fonction de deux variables définie sur un disque D ⊂ R2 de centre a,
de rayon > 0. Supposons que f admette des dérivées partielles ∂f ∂f
∂x (x, y), ∂y (x, y) en tout point
(x, y) de D, et que ces dérivées partielles soient des fonctions continues sur D. On peut alors
démontrer que f est dérivable au point a.
Dérivabilité d’applications composées
Théorème 24 Soit f une fonction définie sur une partie D de R2 et à valeurs dans R, soient
u et v deux fonctions définies sur un intervalle I de R, et soit a un point de I. On suppose que
la trajectoire de l’application (u, v) : I → R2 est contenue dans D, que les fonctions u et v sont
dérivables en a, et que la fonction f est dérivable au point (u(a), v(a)) ∈ D. Alors la fonction
d’une variable g : I → R, t 7→ g(t) := f (u(t), v(t)) est dérivable en a et :
∂f ∂f
g 0 (a) = (u(a), v(a))u0 (a) + (u(a), v(a))v 0 (a).
∂x ∂y
Preuve. Puisque f est dérivable au point (u(a), v(a)),
∂f ∂f
f (x, y) = f (u(a), v(a)) + (u(a), v(a))(x − u(a)) + (u(a), v(a))(y − v(a))
∂x ∂y
1/2
+ (x − u(a))2 + (y − v(a))2 (x − u(a), y − v(a)).
Puisque u et v sont dérivables au point a,

u(t) = u(a) + (t − a)u0 (a) + (t − a)(t − a), v(t) = v(a) + (t − a)v 0 (a) + (t − a)(t − a).

En utilisant la définition de g et en reportant dans la première relation, on obtient :


 
0 ∂f 0 ∂f
g(t) − g(a) = (t − a) (u (a) + (t − a)) (u(a), v(a)) + (v (a) + (t − a)) (u(a), v(a))
∂x ∂y
1/2
+|t − a| (u0 (a) + (t − a))2 + (v 0 (a) + (t − a))2 (t − a)
autrement dit
 
∂f ∂f
g(t) = g(a) + u0 (a) (u(a), v(a)) + v 0 (a) (u(a), v(a)) (t − a) + (t − a)(t − a),
∂x ∂y
et g admet bien un d`1 en a, de la forme recherchée.
Par une preuve du même style, on obtient :

41
Théorème 25 Soit f une fonction définie sur une partie D de R2 et à valeurs dans un intervalle
J de R, soit g : J → R une fonction définie sur J et soit (a, b) un point de D. On suppose f
dérivable en (a, b) et g dérivable en c = f (a, b). Alors, h := g ◦ f est dérivable en (a, b), et on a
∂h ∂f ∂h ∂f
(a, b) = g 0 (c) (a, b) , (a, b) = g 0 (c) (a, b).
∂x ∂x ∂y ∂y

3.3.3 Plan tangent au graphe


Ce paragraphe fait pendant au §1.5.4 du chapitre I . Soient f : (D ⊂ R2 ) → R une fonction
de deux variables, définie sur D, de sorte que le graphe Sf de f est une surface de R3 se projetant
sur D, et soit (a, b) un point de D, d’image c = f (a, b). La surface Sf passe donc par le point
A = (a, b, c) de R3 d’abscisse xA = a, d’ordonnée yA = b, de cote zA = c = f (a, b).
Soit par ailleurs Π un plan de R3 passant par le point A. Si Π n’est pas vertical (c-à.d pas
parallèle à l’axe Oz), il existe deux nombres réels α et β tels que

∀(x, y, z) ∈ R3 : (x, y, z) ∈ Π ⇔ z − c = α(x − a) + β(y − b).

On dit alors que Z = c + α(X − a) + β(Y − b) est l’équation du plan Π. Relativement à un


repère orthonormé, un point P = (x, y, z) est situé sur le plan Π si et seulement si le vecteur
−→ −→
AP = (x − a, y − b, z − c) est perpendiculaire au vecteur NΠ = (α, β, −1), qu’on appelle le vecteur
normal au plan Π.
Pour tout point (x, y) de D, notons ∆ la droite verticale passant par (x, y). Comme on l’a
dit au §3.1.1, ∆ rencontre Sf en un seul point P = (x, y, f (x, y)), de cote zP = f (x, y). Pour
un plan Π non vertical comme ci-dessus, ∆ renconte Π en un seul point Q = (x, y, zQ ), de cote
zQ = c + α(x − a) + β(y − b). La valeur absolue de la différence

zP − zQ = f (x, y) − f (a, b) − α(x − a) − β(y − b)

mesure donc la longeur du segment vertical P Q, tandis que son signe indique la position de Π
par rapport à Sf . Pour (x, y) = (a, b), les points P et Q coïncident avec le point A, et cette
différence s’annule.
Supposons maintenant que f est dérivable au point (a, b). Alors,
∂f ∂f p
f (x, y) − f (a, b) − (a, b)(x − a) − (a, b)(y − b) = (x − a)2 + (y − b)2 (x − a, y − b),
∂x ∂y

de sorte qu’avec le choix α = ∂f ∂f


∂x (a, b), β = ∂y (a, b), la différence zP − zQ devient plus petite
que n’importe quelle fonction non nulle de la forme A(x − a) + B(y − b) lorsque le point (x, y)
s’approche suffisamment du point (a, b). D’où la définition suivante.
Définition 23 Soit f une fonction définie sur une partie D de R2 et à valeurs dans R. Si la
fonction f est dérivable en un point (a, b) de D, le plan ΠA (Sf ) d’équation
∂f ∂f
Z = f (a, b) + (a, b)(X − a) + (a, b)(Y − b)
∂x ∂y
est appelé plan tangent au graphe Sf de f au point A = (a, b, f (a, b)).
Le raisonnement fait plus haut montre que le plan tangent est, parmi tous les plans qui passent
par le point A, celui qui approche le mieux la surface Sf . On retiendra que le gradient de f en
(a, b) donne les deux premières coordonnées du vecteur normal au plan tangent.

42
3.4 Théorème des fonctions implicites.
Considérons la fonction f (x, y) = x2 + y 2 − 1, et le cercle d’équation f (x, y) = 0. Ce cercle
ne peut être le graphe d’une fonction y = φ(x), puisqu’une droite verticale peut le rencontrer
en deux points. Mais tout
√ arc du cercle √ ne contenant ni le point (1, 0) ni le point (−1, 0) est le
graphe d’une fonction ( 1 + x2 ou − 1 + x2 , suivant que l’arc est au dessus ou au dessous de
l’axe Ox). Les points (a, b) = (1, 0) et (−1, 0) à éviter vérifient ∂f
∂y (a, b) = 0. Plus généralement :

Théorème 26 ( théorème des fonctions implicites) Soit f une fonction définie sur une partie D
de R2 et à valeurs dans R, et (a, b) un point de D tel que f (a, b) = 0. On suppose que D contient
un disque de centre (a, b), de rayon > 0, que f admet des dérivées partielles ∂f ∂f
∂x (x, y) et ∂y (x, y)
en tout point (x, y) de D, et que ces fonctions sont continues sur D. Enfin, on suppose que

∂f
(a, b) 6= 0.
∂y
Alors, il existe un intervalle ouvert I contenant le point a, un intervalle ouvert J contenant
le point b, et une fonction ϕ définie et continue sur I, à valeurs dans J (et unique si I est
suffisamment petit) tels que I × J ⊂ D et que

∀(x, y) ∈ I × J : f (x, y) = 0 ⇔ y = ϕ(x)

(en particulier, ϕ(a) = b). De plus, ϕ est dérivable en a, et


∂f
(a, b)
ϕ0 (a) = − ∂f
∂x
.
∂y (a, b)

La démonstration de ce théorème est difficile et nécessite des connaissances qui ne seront abordées
qu’en troisième année. Cependant, si on admet que ϕ existe et est dérivable en a, on peut
facilement retrouver la valeur de ϕ0 (a) : puisque la fonction f (x, ϕ(x)) est identiquement nulle
sur I, sa dérivée en a est nulle ; la formule de dérivation d’une fonction composée (théorème 24)
entraîne alors : ∂f ∂f 0
∂x (a, b).1 + ∂y (a, b).φ (a) = 0.

Plus généralement, soit a = (a, b) un point de D, d’image c = f (a, b), tel que ∂f∂y (a, b) 6= 0,
et soit Γ la courbe de niveau (c) du graphe Sf de f . Elle passe par le point a, et le théorème
26, appliqué à la fonction f (x, y) − c, montre qu’au voisinage de ce point, Γ est le graphe d’une
fonction φ dérivable en a. Par conséquent, Γ admet une tangente TΓ (a) au point a, dont l’équation
est donnée par Y − b = ϕ0 (a)(X − a), soit

∂f ∂f
(a, b)(X − a) + (a, b)(Y − b) = 0. (TΓ (a))
∂x ∂y
Ainsi, la tangente à Γ en a est perpendiculaire au gradient de f en a. On peut en déduire que
les courbes de niveau de la surface Sf sont perpendiculaires à ses “lignes de plus grande pente",
c-à-d. aux directions le long desquelles la fonction f croît le plus vite possible. On déduit par
ailleurs de la Définition 23 que TΓ (a) est la projection sur le plan xOy de l’intersection du plan
horizontal d’équation (Z = c) avec le plan tangent ΠA (Sf ) à Sf en A..

43
Chapitre 4

Équations différentielles

On appelle équation différentielle une équation dont l’inconnue est un fonction y(x) d’une
variable réelle x, et où interviennent y, une ou plusieurs de ses dérivées y 0 , y 00 , ...y (n) , ainsi
qu’éventuellement la variable x elle-même : par exemple,

y 0 = 2y , yy 0 + x = 1 , y 0 + y 2 = 0 , y 00 = y 0 − xy 2 ,

sont des équations différentielles. Toutes ces équations peuvent s’écrire

f (x, y, y 0 , y 00 , ..., y (n) ) = 0,

où f est une fonction réelle de plusieurs variables. Le plus grand entier n intervenant dans f
s’appelle l’ordre de l’équation différentielle. Dans les exemples précédents, il vaut respectivement
1 , 1 , 1 , 2 . Les équations différentielles généralisent donc les équations de la forme f (x, y) = 0,
que traite le théorème des fonctions implicites, et qu’on peut voir comme des équations différen-
tielles d’ordre 0.
On dit qu’une fonction ϕ définie sur un intervalle I de R est une solution sur I de l’équation
différentielle f (x, y, y 0 , ...y (n) ) = 0 si ϕ est n-fois dérivable sur l’intervalle I, et si pour tout nombre
x de l’intervalle I, on a : f (x, ϕ(x), ϕ0 (x), ..., ϕ(n) (x)) = 0. Insistons sur le fait qu’une solution
de l’équation différentielle est la donnée du couple formé de la fonction ϕ et de son intervalle de
définition I.
1
Exemple : pour tout nombre réel c > 0, la fonction ϕ(x) = x−c est définie sur l’intervalle
0 1 2
I =]0, +∞[, où elle vérifie ϕ (x) = − (x−c)2 = −(ϕ(x)) . C’est donc une solution sur I de
l’équation différentielle y 0 +y 2 = 0 (ce qui montre qu’une équation différentielle possède en général
une infinité de solutions), mais cette équation n’admet que la solution ϕ0 = 0 sur I 0 =]−∞, +∞[.
De même, l’équation différentielle xy 0 − 1 = 0 possède une infinité de solutions sur I =]0, +∞[,
de la forme ϕ(x) = `n(x) + c, mais aucune sur I 00 =] − 1, + + ∞[.
Nous nous limitons dans ce qui suit à des équations d’ordre 1 (puis 2) linéaires, c-à-d. où la
fonction f est une forme linéaire affine en y, y 0 (et y 00 ) ; pour l’ordre 2, on impose de plus des
contraintes à la dépendance de f en x. Avec ces restrictions, on dispose d’algorithmes généraux
pour trouver toutes les solutions. Ce sont ces algorithmes qu’il convient de connaître.

44
4.1 Équations différentielles linéaires du premier ordre

4.1.1 Équations différentielles du premier ordre sans second membre


Une équation différentielle linéaire du premier ordre sans second membre (on dit aussi :
homogène) est une équation de la forme

y 0 = a(x)y , (Ea )

où a est une fonction de x que l’on suppose continue sur un intervalle ouvert donné I de R.
La fonction nulle ϕ0 = 0 est clairement une solution de Ea sur I. Si ϕ1 , ϕ2 sont deux solutions
sur I, la fonction ϕ1 + ϕ2 en est également une, car (ϕ1 + ϕ2 )0 (x) = ϕ01 (x) + ϕ02 (x) = a(x)ϕ1 (x) +
a(x)ϕ2 (x) = a(x)(ϕ1 +ϕ2 )(x) pour tout x ∈ I. De même, si α est une constante réelle, la fonction
αϕ1 est solution, puisque (αϕ1 )0 (x) = αϕ01 (x) = a(x)(αϕ1 )(x). En d’autres termes, l’ensemble
des solutions de Ea sur I forme un espace vectoriel.
Nous allons maintenant construire une solution ϕ de Ea non identiquement nulle sur I. Pour
cela, nous notons que si J est un sous-intervalle de I où une telle solution ϕ ne s’annule en aucun
point (il en existe par continuité de ϕ), alors

ϕ0 (x)
∀x ∈ J , = a(x).
ϕ(x)

La fonction continue ϕ ne s’annulant pas sur J, elle y garde un signe constant. Si ϕ > 0, la
0
fonction `n ◦ φ est définie et dérivable sur J, et vérifie (`n(ϕ(x))0 = ϕϕ(x)
(x)
= a(x). Dans ces
conditions, soit Z x
A(x) = a(t)dt (x ∈ I)
x0

une primitive de la fonction continue a(x), de sorte que la dérivée de la fonction `n ◦ φ − A est
identiquement nulle sur J. Comme J est un intervalle, il existe donc une constante C telle que

∀x ∈ J , `n(φ(x)) = A(x) + C.

En posant K = eC ∈ R, K > 0, on en déduit que

ϕ(x) = KeA(x) .

Si ϕ < 0 sur J, c’est la fonction `n ◦ (−ϕ) qui vérifie les propriétés précédentes, et le même
raisonnement entraîne que ϕ(x) = KeA(x) , où K ∈ R, K < 0. Dans tous les cas, la fonction
ϕ = KeA(x) ainsi construite est définie sur tout I, y est dérivable, et vérifie bien

∀x ∈ I , ϕ0 (x) = KA0 (x)eA(x) = a(x)ϕ(x).

C’est donc une solution non nulle de Ea sur I.


Ainsi, l’ensemble des solutions de Ea sur I est un espace vectoriel de dimension ≥ 1. De plus,
la preuve précédente montre que tous ses éléments sont linéairement dépendants de la solution
eA(x) . C’est donc un espace vectoriel de dimension 1.

45
4.1.2 Équations différentielles du premier ordre avec second membre
Il s’agit des équations de la forme

y 0 = a(x)y + b(x) , (Ea,b )

où a et b sont des fonctions de x, supposées continues sur un intervalle donné I de R. On dit que
la fonction b(x) est le second membre de l’équation, tandis que l’équation différentielle y 0 = a(x)y
correspondante est appelée équation sans second membre ou équation homogène associée.
Proposition 13 Soit y1 et y2 deux solutions (définies sur le même intervalle J) de l’équation
différentielle y 0 = a(x)y + b(x). Alors la différence y2 − y1 est une solution (définie sur J) de
l’équation homogène associée y 0 = a(x)y.
Preuve : avec les notations de l’énoncé : (y2 −y1 )0 = a(x)y2 +b(x)−(a(x)y1 +b(x)) = a(x)(y2 −y1 ).
Par conséquent, si on connaît une solution y0 de Ea,b définie sur un intervalle J, n’importe
quelle solution y de Ea,b sur J sera de la forme y0 + ϕ où ϕ est une solution de (Ea ) Autrement
dit,
y(x) = y0 (x) + KeA(x) ,
où K est une constante réelle arbitraire, et A(x) une primitive de a(x). On énonce ce principe
en disant que la solution générale de l’équation avec second membre est la somme d’une solution
particulière et de la solution générale de l’équation sans second membre.
Reste donc à trouver une solution particulière y0 de (EA,b ). Il y pour cela deux méthodes.
1 . Quelques cas particuliers (pour a(x) constant)
Quand a(x) = r est une constante (de sorte que la solution générale de (Ea ) est Kerx ), et que b
est assez simple, on peut parfois trouver une solution y0 proche de la forme de b. Par exemple,
- si b(x) est un polynôme Pn (x) de degré n, on cherchera y0 sous la forme d’un polynôme
Qn (x) de même degré n ;
- si b(x) = λesx , avec s 6= r, on cherchera y0 sous la forme µesx ; de même, si b(x) = Pn (x)esx ,
on tentera y0 = Qn (x)esx .
- si b(x) = λerx , on cherchera y0 sous la forme µxerx ; de même, si b(x) = Pn (x)erx , on
tentera y0 = Qn+1 (x)erx .
- si b(x) est une combinaison linéaire de cos(sx) et de sin(sx), on cherchera y0 sous la même
forme.
- enfin, on notera que si y1 (resp. y2 ) est une solution particulière de (Ea,b1 ) (resp. (Ea,b2 ),
alors, y1 + y2 est une solution particulière de (Ea,b1 +b2 ).
2 . La méthode de variation de la constante (pour a(x) quelconque)
Cette méthode consiste à rechercher une solution particulière de Ea,b sous la forme

y0 (x) = K(x)eA(x) ,

c’est-à-dire à remplacer la constante K apparaissant dans la solution générale de l’équation sans


second membre (Ea ) par une fonction K(x), supposée dérivable sur I. De y00 (x) = a(x)y0 (x)+b(x),
on tire :
(a(x)K(x) + K 0 (x))eA(x) = a(x)K(x)eA(x) + b(x)
d’où une équation différentielle sur K ne faisant apparaître que K 0 :

K 0 (x) = b(x)e−A(x) .

46
Rx
Toute primitive K0 (x) = x0
b(t)e−A(t) dt fournit donc une solution particulière y0 (x) = K0 (x)eA(x)
de Ea,b .
Exemple : trouver les solutions de y 0 = x1 y + 1 sur I =]0, +∞[
Ici, A(x) = `n(x), donc l’équation homogène associée y 0 = x1 y a pour solution générale ϕ(x) =
Ke`n(x) = Kx sur I. Une solution particulière de l’équation différentielle avec second membre,
recherchée sous la forme y0 (x) = K(x)x, vérifie y00 = K 0 (x)x + K(x) = K(x) + 1, d’où
1
K 0 (x) = , K(x) = `n(x) + C.
x
La solution générale de l’équation sur ]0, +∞[ est donc

y(x) = x `n(x) + Cx, x > 0 , C ∈ R.

[NB : le paragraphe §4.2 qui suit ne fait pas partie du programme de l’examen.]

4.2 Équations différentielles linéaires du deuxième ordre


Les équations linéaires homogènes du deuxième ordre sont de la forme

y 00 + b(x)y 0 + c(x)y = 0 , (E)

où b(x) et c(x) sont des fonctions continues sur un intervalle donné I de R.


Comme pour celles du premier ordre, on vérifie aisément que les solutions de E sur I forment
un espace vectoriel. L’énoncé suivant montre que cet espace vectoriel est de dimension ≤ 2.
Théorème 27 Soit u et v deux solutions sur I de l’équation différentielle (E), linéairement
indépendantes sur R. Alors toute solution y de (E) sur I s’écrit y = αu + βv où α, β ∈ R.
Preuve : sur un sous-intervalle J de I où v ne s’annule pas, la fonction uv n’est par hypothèse
pas constante. En prenant sa dérivée, on en déduit que la fonction w = uv 0 − u0 v n’est pas
identiquement nulle sur J. Or

w0 = (uv 00 + u0 v 0 − u0 v 0 − u00 v) = u(−bv 0 − cv) + (bu0 + cu)v = −b(x)w.

Ainsi, w est une solution non nulle d’une équation différentielle linéaire homogène du premier
ordre. D’après le §4.1.1, elle ne s’annule donc en aucun point de l’intervalle I.
Soit maintenant y une autre solution de l’équation différentielle E sur I. Il existe alors deux
fonctions A(x), B(x), définies et dérivables sur I, telles que

y = Au + Bv, y 0 = Au0 + Bv 0 (∗)


v y−vy 0
0
−u0 y+uy 0
Elles sont en effet données (formules de Cramer) par A = w , B= w . En dérivant
les relations (∗), on obtient :

y 0 = A0 u+B 0 v+Au0 +Bv 0 , y 00 = A0 u0 +B 0 v 0 +Au00 +Bv 00 = A0 u0 +B 0 v 0 −A(bu0 +cu)−B(bv 0 +cv)

Or l’équation (E), jointe aux relations (∗), donne :

y 00 = −by 0 − cy = −Abu0 − Bbv 0 − Acu − Bcv,

47
d’où finalement :
A0 u + B 0 v = 0 , A0 u0 + B 0 v 0 = 0.
Comme w 6= 0, on en déduit que A0 et B 0 sont identiquement nulles. Les fonctions A(x) = α et
B(x) = β sont donc constantes sur I, et y = αu + βv est une combinaison linéaire à coefficients
constants de u et v. 

Par les mêmes techniques que celles qui établissent le théorème des fonctions implicites, on
démontre que l’espace vectoriel des solutions de (E) est toujours de dimension 2. Nous allons
le vérifier dans le cas particulier où ses coefficients b(x) et c(x) sont des fonctions constantes,
en construisant dans ce cas deux solutions linéairement indépendantes explicites (et définies sur
I = R tout entier). Pour plus de symétrie, on réécrit l’équation sous la forme
ay 00 + by 0 + cy = 0 , (E)
où a 6= 0, b, c sont trois nombres réels.
Expression des solutions de (E).
On associe à l’équation différentielle (E) l’équation du second degré :
ar2 + br + c = 0 , (R)
qu’on appelle son équation caractéristique.
∗ Si l’équation (R) admet deux racines réelles distinctes r et s, les solutions de (E) s’écrivent
y(x) = αerx + βesx (α ∈ R, β ∈ R).
D’après le théorème 27, il suffit de vérifier que les fonctions u(x) = erx , v(x) = esx , qui sont bien
linéairement indépendantes sur R, sont solutions de (E). Or u0 (x) = rerx , u00 (x) = r2 erx , donc
au00 + bu0 + cu = erx (ar2 + br + c) = 0, et de même pour v.
∗ Si l’équation (R) admet deux racines complexes non réelles, ces racines sont conjuguées et
s’écrivent r ± is. Les solutions de (E) sont dans ce cas :
y = erx (α cos(sx) + β sin(sx)) (α ∈ R, β ∈ R).
Il suffit de nouveau de vérifier que les fonctions, linéairement indépendantes, erx cos(sx) et
erx sin(sx) sont des solutions de (E), ce qui résulte d’un calcul similaire. On peut d’ailleurs
aussi écrire les solutions sous la forme y = Aerx cos(sx + θ), où A et θ sont des constantes
arbitraires.
∗ Si l’équation (2) admet une racine double r (nécessairement réelle), les solutions sont :
y = (αx + β)erx (α ∈ R, β ∈ R).
Vu ce qui précède, il reste à vérifier que v(x) = xerx est solution de (E). Simple calcul, en notant
que puisque r est une racine double, 2ar + b = 0.

Un mot, enfin, sur les équations à second membre


ay 00 + by 0 + cy = d(x) , (Ẽ)
d’équation homogène associée (E), où d(x) est une fonction continue sur I ⊂ R. Ici encore, la
solution générale y de (Ẽ) est la somme d’une solution particulière y0 et de la solution générale
αu + βv de l’équation (E). À l’instar de la première méthode décrite au §4.1.2, c’est sous une
forme semblable au second membre d(x) qu’on recherchera y0 .

48

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