7-Maladies Et Ravageurs Du Fraisier 1
7-Maladies Et Ravageurs Du Fraisier 1
du fraisier
                                                    J-Jacques POMMIER
                                                    j2p.fraise@gmail.com
                                                                 4
                Verticillium dalhiae
Biologie :
  Champignon très polyphage (solanacées, cucurbitacées,
  rosacées,…)        précédents à haut risque : tomate, poivron,
  aubergine, pomme de terre, tabac, framboises, vergers,… mais
  également les jachères ou terres infestées de mauvaises herbes
  (morelle noire, chénopodes, amarantes, sèneçons,…)
  Risque d’introduction avec les plants (moins de risques avec des
  plants certifiés SOC tolérance 1%, ce n’est donc pas 0 risque !)
  Conservation dans le sol sous forme de micro-sclérotes (cellules
  mycéliennes agglomérées), restant viables pendant plus de 15 ans
  sans plantes hôtes.
  Pénètre dans les plants par le système racinaire (directement ou
  par des blessures dues aux nématodes, insectes du sol,…) et va se
  loger à l’intérieur des vaisseaux conducteurs de l’eau et sels
  minéraux (xylème)
                        Verticillium dalhiae
Dissémination :
Les micro-sclérotes et conidies (spores) sont dispersées :
   avec la terre contaminée (poussières de sol avec le vent, pneus de
   tracteurs et outils de travail du sol, chaussures du personnel,
   insectes du sol…),
   par contact racinaires d’un plant à l’autre (foyers),
   par l’eau (ruissellement superficiel et flux d’eau dans le sol,
   éclaboussures,…).
Conditions favorables :
  sols humides associés à des journées chaudes et ensoleillées
  températures optimales : 20 à 32°C
  monoculture ou rotations culturales courtes
                          Verticillium dalhiae
Prophylaxie :
  rotation avec des cultures non hôtes (céréales, sorgho fourrager,…),
  voire assainissantes (alliacées, brassicacées, …)
  sol drainant, culture sur buttes, maîtrise de la micro-irrigation
   plants sains (certifiés mini CAC, mieux SOC ), variétés tolérantes
   agressivité variable des souches de Verticillium dalhiae,
   informations obtenteurs pas toujours objectives / tolérance,
     acquisition d’information « terrain » auprès de vos conseillers
techniques / sensibilité variétale, origines de plants concernées,…
  en présence de parcelles contaminées : lavage du matériel de
  culture (roues de tracteur, outils de travail du sol,…), des semelles
  de chaussures,…, arrachage et destruction des plants atteints,
   éviter de replanter sur les parcelles reconnues contaminées
  (surtout si > 10% de plants atteints sur la fraiseraie précédente)
                         Verticillium dalhiae
Traitements conventionnels :
   aucun traitement existant pour éradiquer cette maladie du sol
   pas de fongicide autorisé en cours de culture (usage orphelin)
Sol contaminés :
    désinfection du sol en plein avant plantation : métam-sodium (PC
   1200 L/ha), dazomet (PC 500 kg/ha)
   restriction de dose du métam-sodium attendue à 300 L/ha en plein
avec film barrière (incertitude / efficacité)
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  Ne pas confondre avec les symptômes de Colletotricum acutatum
                 (anthracnose sur plants et fruits)
Biologie :
   champignon présent dans la flore naturelle du sol, s’attaquant aux
   rosacées dont le fraisier et les espèces fruitières, mais également
   à des espèces forestières et ornementale. Il peut avoir de
   nombreux autres hôtes sans exprimer de symptômes.
   les spores ont des flagelles et sont donc mobiles dans les films
   d’eau du sol, elles pénètrent dans les plants par les ouvertures
   naturelles (encrage des racines ou des feuilles sur le rhizome) ou
   par les blessures provoquées par les ravageurs du sol ;
   le champignon se développe ensuite dans le parenchyme au
   niveau du rhizome (perte de potentiel alimentaire des plants) ; à
   noter que les fleurs et fruits peuvent être également attaqués
   (éclaboussures / irrigation ou pluie)
   le champignon se conserve dans le sol pendant plus de 10 ans
   sous forme de spores dormantes à parois épaisses
           Phytophthora fragariae
Principaux symptômes :
  dépérissement des parties aériennes des plantes suite à un stress
  en fin de printemps ou début d'été, surtout dans les zones basses
  plus humides des parcelles.
  Les plantes sont rabougries, les jeunes feuilles ont une coloration
  bleu-vert.
  Le système racinaire est peu développé et partiellement pourri,
  sans racines absorbantes aux extrémités (racines en « queue de
  rat »). Une coupe transversale des parties supérieures blanches des
  racines révèle la coloration rouge brique de la partie centrale. La
  coloration peut s'étendre jusque dans les parties vasculaires du
  rhizome.
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               Phytophthora fragariae var. fragariae
 Organisme nuisible de quarantaine (OEPP), bien que présent en
 France et au niveau mondial
Biologie :
   Spécifique du fraisier ( différent de Phytophthora fragariae var.
   rubi sur framboisier)
   Le champignon survit dans le sol sous forme de spores à parois
   épaisses pendant plus de 5 ans.
   Les racines sont infectées par des spores à flagelles (mobiles dans
   les films d’eau du sol).
               Phytophthora cactorum et Phytophthora fragariae
Dissémination :
   risque d’introduction avec des plants contaminés : (moins de
   risques avec des plants certifiés SOC mais tolérance 2%, donc pas 0
   risque pour P. cactorum ; tolérance 0% pour P. fragariae)
   les spores sont dispersées avec la terre contaminée (idem
   Verticillium d.) et l’eau (ruissellement superficiel et flux d’eau dans
   le sol).
Conditions favorables :
  P. cactorum : sols humides, asphyxiants, associés à des T° > 15°C
  (optimum 20-25°C)
  P. fragariae : sols humides associés à des T° de 12 à 18°C : il se
  développe dans les racines à l’automne et en hiver doux et pluvieux
   précédents culturaux à haut risques pour P. cactorum : défriches,
  anciens vergers, … et rotations fraisier courtes (< 5 ans)
  lorsque la maladie apparait dans les 2 mois après plantation :
  hypothèse plants contaminés, au-delà il sera plus difficile d’en
  connaitre l’origine
                Phytophthora cactorum et P. fragariae
Prophylaxie :
   Plants sains, sol drainant, culture sur buttes, limiter les risques de
   dissémination avec le matériel, les bottes,… Appliquer les mêmes
   mesures que celles décrites pour Verticillium dalhiae
Traitements conventionnels : (traitements alternatifs, biocontrôle
idem Verticillium d.)
    avant la culture, traitement du sol en cas de contamination
   précédente (idem Verticillium dalhiae)
    en cours de culture, en situation à risque (préventif) ou déclarée :
    traitements préventifs des plants 6 à 10 semaines après plantation
   en foliaire avec Aliette flash (fosethyl aluminium), systémie
   ascendante/descendante, bloque le champignon mais ne l’éradique
   pas, effet SDN (DAR 14 j.)
   traitements préventifs et curatifs avec Santhal (mefenoxam),
   application localisée (trou de plantation, micro-irrigation) à
   proximité des racines (contact et systémie), T° sol > 14°C, en fin d’été
   et/ou après le démarrage végétatif au printemps (DAR 30 j.)
   Oïdium du fraisier
 (Podosphaera aphanis)
                                                                    19
                        Oïdium du fraisier
Biologie :
                0              Pollution
Dissémination
                2 jours      Germination
                                                                 Période de       Période
                                                                 latence          d’incubation
                            Croissance du
                3 jours
                            mycélium
                              Début de                           Contaminations
                5-7 jours
                             sporulation                         secondaires
                20 jours      Épidémie
                et +         généralisée
                                                                    illustration Ctifl
                                                                    Cas-Dar oïdium 2006-2009
                           Oïdium du fraisier
Conditions favorables :
  Température : 30°C > T° air > 5°C, optimum à 22°C (cycle en 4 jours),
  9°C cycle en 12 jours, 27°C cycle en 8 jours
  Hygrométrie favorables : 50% < HR < 100%, avec alternance
HR < 80% : sporulation, dissémination favorisée par les courants d’air
HR > 80% : germination, contamination favorisée par de courtes
périodes d’humectation foliaire (condensation, rosée matinale)
  L’aspersion : effet létal de l’eau sur les spores, mais la durée et la
  cadence d’aspersion espacée de quelques heures augmente ce
  risque (alternance favorable aux différentes phases du cycle du
  champignon)
  Autres facteurs : sensibilité variétale, fortes densités de plantation
  et de végétation, fertilisation azotée élevée, croissance végétative
  rapide, durée de production longue,…
Prophylaxie :
  Plants sains, variétés tolérantes, gestion de l’aération des abris
                              Oïdium du fraisier
Traitements :
  adapter la stratégie (choix de produit, cadence,…) au niveau de risque
  (climat, stades de culture et maladie, mode et durée d’action du
  produit,…), dans le respect de la règlementation (NMA, DAR, DRE)
  alterner les fongicides à modes d’action différents (éviter l’apparition de
  souches résistantes)
  retrait d’AMM pour Topaze (CMR2) DLU 2/08/2018, classement CMR2 de
  Nimrod et des produits à base de myclobutanil (limiter leur utilisation,
  avenir incertain)
  de nouveaux fongicides très efficaces (Luna sensation, Cidely top),
  attention de ne pas trop les utiliser (se limiter à 1 application en période à
  risque élevé) et éviter les réductions importantes de doses (risque
  d’apparition de souches résistantes), les alterner avec des produits de
  biocontrôle à action de contact sans risque de résistance (produits à base
  de soufre mouillable, Armicarb, Essen’ciel ou Limocide. Sous abris, en
  préventif en début de période à risque, en absence de symptômes,
  nouvelle génération de SDN à base de COS-OGA (Bastid, Blason, Messager)
  sous serre et multichapelles : évaporateurs à soufre (Fluidosoufre)
      Les acariens :
tétranyques et tarsonème
                                              Larve 1
                                              (3 paires de pattes)
Adultes
                                                 Larve 2
                  Mâle   Femelle
Larve 3
Principaux symptômes :
   Dégâts dus à l’injection de salives
   toxiques :
- Feuilles crispées et pétioles courts,
donnant un aspect nanifié aux plants
attaqués précocement
- Fruits petits brunis déformés, fleurs
avortées
- Parfois formation d’épines sur les
pétioles
   Ne pas confondre avec des attaques de
   nématodes foliaires ou de virus
                                                  Le tarsonème
Biologie - Dissémination :                    (Phytonemus pallidus)
   Minuscule acarien (< 0,3 mm) non visible à l'œil nu
                                                                    adulte
   (observer à la loupe bino x 40) ;
- Adulte : ovale, couleur ambrée, translucide, luisant
- Œufs : ovales, brillants, souvent en groupe
   Il vit à l’abri de la lumière directe, au cœur des plants
   et sur les jeunes feuilles +/- dépliées au centre des
   plants (par temps chaud il monte sur les feuilles en
   face inférieure, sur les stolons, dans les fleurs et sur
   les fruits sous les sépales)
   3 à 7 générations par an, un cycle en 10 jours en été       Groupe d’oeufs
   Conditions favorables : T° 15-27°C, HR>80%,
   évolution larvaire bloquée à T°<8°C, ralentie à
   T°>27°C, les femelles fécondées hivernent dans le
   cœur des plants et assurent les contaminations
   primaires en fin d’hiver.
   Sa dissémination se fait à partir des foyers par le
   vent, les mains, les vêtements et outils d’entretien
                               Le tarsonème
                           (Phytonemus pallidus)
Prophylaxie :
   Plants sains (certifiés SOC : tolérance 0,1% de plants atteints)
   Repérer et évacuer les plants dans les foyers primaires
   Veiller à ne pas contaminer les autres parcelles : opérations d’entretien et de
   récolte des parcelles contaminées en fin de journée, laver les outils d’entretien
   à l’eau chaude, se savonner les mains et les avant-bras
   Limiter les traitements avec des insecticides pyréthrinoïdes (très toxiques pour
   les auxiliaires, ils favorisent indirectement le tarsonème)
   Vide sanitaire et absence de mauvaises herbes dans les abris durant 1 mois
   minimum
Traitements conventionnels et Protection biologique :
   Traitement préventifs : les spécialités à base de soufre micronisé mouillable
   appliquées sur oïdium ont une efficacité sur tarsonème
   Traitements dès détection : 2 applications à 7-10 jours d’intervalle de produits
   AMM à base d’abamectine (l-a), avec des volumes d’eau importants (1000 à
   2000 L/ha) suivant la végétation, ajouter un adjuvant pour bouillie insecticide
   afin d’améliorer la pénétration au cœur des plants ;
   Pépinières : traitement à l’eau chaude des stolons (pour plants sur motte),
   traitements des plants avec Milbeknock EC (AMM pépinières uniquement)
   Évaluation de trempages à l’eau chaude de stolons infestés en
                          tarsonèmes
• Modalités
                    Production                       Succion de la
Développement
                    de miellat                     sève des plantes
des fumagines
                                              Affaiblissement de la
    Limite la photosynthèse                           plante
                                       Transmission de virus
                                 Chaetosiphon fragaefolii transmet les
                              virus SMYEV et Strawberry Crinckle Virus
                                                                  36
                                         Les pucerons
            Les principales espèces de pucerons sur fraisier (source INVENIO)
 Cycle biologique
                           HIVER
Reproduction
                            oeuf                  PRINTEMPS
sexuée
                                                               Exemples:
                                         larve                 - Macrosiphum
    femelle                                                    euphorbiae, entre
                                                               30 et 50 larves par
                                                               femelle
                          mâle                                 - Généralement 4
AUTOMNE                                                        stades larvaires
                                                 Adulte        (présence de
                                                 femelle       mues)
                                                     Parthénogenèse vivipare
                                                       Momie dorée de
                                                        type Aphidius
Type Aphelinus
                                                         Momie de Praon
                                                              (socle)
                                                                        41
 Les pucerons : lutte biologique avec des parasitoïdes
                                            Aphidoletes aphidimyza
                                               (15 à 25°C opti)
    chrysope
  (15 à 30°C opti)                           Syrphe (15 à 25°C opti)
                                                                       43
    Les pucerons : lutte biologique avec des chrysopes
•    Principale espèce commercialisée: Chrysoperla carnea
•    Forme commercialisée:
      – Jeunes larves de chrysope dans des flacons ou des seaux sur un
       support de coques de sarrasin (larves : 2 à 10 mm de long, évolution larvaire durant 2 à 3
      semaines, activité nocturne)
•    Condition d’introduction:
      – Les larves sont actives à partir de 12°C mini nocturne (dès fin février sous serre
         chauffée), T° moyenne optimum 15-30°C
•    Précaution lors des apports
      – En hors sol, bien mettre les larves au milieu du sac pour qu’elles ne tombent pas
                                                               Bien s’assurer que les larves
•    Doses d’apport
                                                              soient actives lors des apports
      – Sur foyer: 10 larves par plant (0,12 € HT/plant)
      – En généralisé: 1 à 2 larves par m² à renouveler selon évolution des populations de
         pucerons (0,012 à 0,025 € HT/m²)
•    Prédation :
      – Pucerons (toutes espèces), thrips, aleurodes, acariens,… et cannibales en absence de
         proies
          LES THRIPS :
         Thrips tabaci
Thrips Frankliniella occidentalis
                                                                  46
                                   LES THRIPS
Biologie et dissémination :
   Taille adulte entre 1 et 2 mm, de couleur variant du brun au noir, ils
   sont ailés (dissémination essentiellement par vol et courant d’air)
   Le cycle (œuf, stades larves, nymphose dans le sol ou au cœur des
   plants, adultes ailés) dure 10 à 35 jours, les conditions optimales étant
   des T°> 25°C, ils sont peu sensibles à l’hygrométrie (pic de population
   en plein champ entre juin et septembre), mais n’apprécient pas l’eau
   L’espèce la plus fréquente et la plus dommageable est Frankliniella
   occidentalis : nuisibilité au-delà de 1 à 2 thrips / fleur (variable /
   nombre de fleurs)
   Ils sont localisés préférentiellement sur fleurs (attirés par le pollen) et
   sur fruits ; ils se dissimulent entre pétales et sépales ou sous les
   feuilles.
Thrips adultes
                                                                            47
                                                         Larves de thrips
                                   LES THRIPS
Prophylaxie, traitements conventionnels et PBI :
   Etant très polyphages (plantes ornementales, vivaces, …), faucher les
   mauvaises herbes avant leur floraison-épiaison dans les parcelles de
   fraises et leur proche environnement.
   La brumisation, la micro-aspersion et la pluie les défavorisent.
   Poser des panneaux bleus englués (format 1/2 A4) aux entrées
des abris pour détecter les premiers vols ; à forte densité
ce peut être un moyen de piégeage des adultes à efficacité
partielle (additif leurre à kairomones Lurem TR peu convaincant).
   Limiter les traitements avec des pyréthrinoïdes afin de favoriser les
   auxiliaires prédateurs (acariens et punaises prédatrices, …)
Traitements conventionnels :
   Hormis les pyréthrinoïdes, une seule molécule autorisée, le spinosad
   (Success4), trop utilisé, perte d’efficacité dans certaines parcelles
   (non autorisé en floraison, 2 applications maxi.)
    AMM attendues en 2018 : nouvelle formulation Success4 (GF2624),
   Délégate (spinetoram), Movento (spirotetramat) - usage thrips ?
   Benevia (cyazypyr) – usage thrips ? Extension thrips huile essentielle
   orange douce (Essen’ciel/Limocide)
  Les acariens prédateurs de larves de thrips du genre Amblyseius
Morphologie:
• Taille: moins d’1 mm
• Couleur: translucide, beige-rosé
Régime alimentaire :
• œufs et les jeunes larves de thrips
• Si absence de thrips, peuvent se nourrir de
  pollen
A. cucumeris A. swirskii
                                                                              J-Jacques POMMIER
                                                                              j2p.fraise@gmail.com
Crédits photos de cette présentation : Invenio, e.phytia INRA Bordeaux, Koppert, MAPAQ, OEPP