Marketing PDF
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du tourisme
et de l’accueil
Philip Kotler, John T. Bowen et James C. Makens
Denis Bories
Christian
Laborde
Paul-Emmanuel
Pichon
Sous la direction de
Jean-Marc
Décaudin
6e édition
Marketing
du tourisme
et de l’accueil
Authorized translation from the English language edition, entitled MARKETING FOR HOSPITALITY
AND TOURISM, 6th EDITION, by Philip Kotler, John T. Bowen and James Makens, published by
Pearson Education, Inc, publishing as Prentice Hall, One Lake Street, Upper Saddle River, New Jersey
07458, Copyright © 2014
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ISBN : 978-2-3260-5160-7
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Table des matières
C et ouvrage est l’adaptation de Marketing for Hospitality and Tourism (6e édition) de
Philip T. Kotler (Northwestern University), John T. Bowen (University of Houston)
et James Makens (Wake Forest University). La version française de l’ouvrage est tota-
lement fidèle à l’esprit des auteurs américains en proposant une approche intégrative
du marketing du tourisme et de l’accueil en phase avec les tendances actuelles de ces
secteurs.
Après un état des lieux du marché (chapitre 1), les spécificités du marketing du tourisme
et de l’accueil sont présentées et développées (chapitre 2). Il s’agit, en effet, de services à
l’identité propre (chapitre 3) et il est important de mettre en évidence le rôle du marke-
ting (chapitre 4). L’information reste au cœur de la décision marketing (chapitre 5) et les
techniques d’études permettent de connaître les comportements d’achat de ce secteur
(chapitres 6 et 7). L’environnement impacte fortement l’évolution du marché et les straté-
gies marketing des différents acteurs (chapitre 8). Les décisions stratégiques sont ensuite
analysées : segmentation, ciblage et positionnement (chapitre 9). Enfin, le marketing
mix des offres de tourisme et d’accueil est étudié : conception et gestion des offres
(chapitre 10), marketing interne (chapitre 11), prix des offres (chapitre 12), les circuits de
distribution (chapitre 13) et la politique de communication (chapitre 14).
La version française de l’ouvrage met l’accent sur les enseignes et les marques connues
en Europe. De nombreux exemples spécifiquement américains ont ainsi été supprimés
et remplacés par des exemples français, espagnols… Une remarque peut être faite sur le
vocabulaire utilisé. Hospitality est un terme de plus en plus utilisé en France ; toutefois,
les auteurs ont préféré utiliser un mot français, surtout pour le titre de l’ouvrage. La
simple traduction, « hospitalité », semblant ambiguë, le terme accueil a été préféré. En
effet, ce terme couvre à la fois la restauration, l’hôtellerie, le tourisme culturel… Un autre
mot a fait l’objet de discussions : Kotler, Bowen et Makens parlent toujours de « product »
alors que les Français utilisent souvent le terme d’« offre » pour qualifier la commercia-
lisation d’un service. Il a donc été décidé d’utiliser majoritairement l’expression « offre
de tourisme et d’accueil » dans cette adaptation.
Comme dans l’édition américaine, de nombreux exemples illustrent les notions théo-
riques et permettent de mieux comprendre les enjeux du marketing du tourisme et
de l’accueil. Des ressources en ligne viendront enrichir le contenu pédagogique de cet
ouvrage destiné aux étudiants de master, IUT, BTS, formations professionnelles. Il inté-
ressera aussi les managers d’entreprises du tourisme et de l’accueil par ses approches
théoriques.
X Préface à l’édition française
John T. Bowen est doyen du Conrad N. Hilton College of Hotel and Restaurant Mana-
gement de l’University of Houston et titulaire de la chaire Barron Hilton. Il a dispensé
des cours et des séminaires de marketing en Asie, en Australie, en Amérique Centrale,
en Europe et en Amérique du Sud. ll est également consultant pour de petites et grandes
sociétés spécialisées dans l’hôtellerie. Avant de se tourner vers l’enseignement, le profes-
seur Bowen a occupé des fonctions de gestionnaire dans la restauration, aussi bien au
niveau opérationnel qu’organisationnel. Il fait partie du comité de rédaction du Cornell
Hotel and Restaurant Administration Quarterly, du Journal of Services Marketing et
de l’International Journal of Contemporary Hospitality Marketing. Il est co-auteur de
l’ouvrage Restaurant Marketing for Owners and Managers. Parmi les nombreuses
Préface à l’édition française XI
James C. Makens est très impliqué dans le secteur du tourisme. Il a dispensé des
programmes de formation des cadres pour The Sheraton Corporation, Regent Interna-
tional Hotels, Taiwan Hotel Association et Travelodge Australia. Il a également animé
des séminaires axés sur le marketing pour des ministères du Tourisme ou des associa-
tions dédiées à ce secteur, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, en Indonésie,
à Singapour, en Malaisie et dans plusieurs pays d’Amérique Latine. Le Dr. Makens
exerce également à titre de consultant et a rédigé des plans marketing pour des sociétés
touristiques et des offices du tourisme. Il est également auteur et co-auteur de plusieurs
ouvrages, parmi lesquels The Travel Industry et Hotel Sales and Marketing Planbook.
Plusieurs de ses articles ont été publiés dans des revues spécialisées, notamment le Cornell
Hotel and Restaurant Administration Quarterly, le Journal of Travel Research, le Journal
of Marketing, le Journal of Marketing Research et le Journal of Applied Psychology. Le Dr.
Makens est titulaire d’une maîtrise, d’un master et d’un doctorat de la Michigan State
University, ainsi que d’une maîtrise de la Colorado State University. Il a été vice-doyen
de la School of Travel Industry Management de l’University of Hawaii et de l’INCAE,
une école de commerce d’Amérique Centrale affiliée à la Harvard Business School. Le
Dr. Makens a récemment pris sa retraite de la Babcock Graduate School of Management
à la Wake Forest University.
Remerciements
Les éditions Pearson remercient Patrick Longuet, professeur associé en marketing à
l’EDHEC Business school et Tan Vo Thanh, directeur du département tourisme de La
Rochelle Business School pour leur précieux conseils concernant l’exposé de cet ouvrage.
Chapitre 1
Le marché du tourisme et de l’accueil
Objectifs 1. La mondialisation de
1 . Lister les avantages du tourisme . l’industrie touristique
2 . Définir les différentes stratégies 1.1. Définitions
touristiques possibles .
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT)
3 . Connaître les différentes options
distingue voyageur, touriste et visiteur. Elle
de création d’attractions touris-
tiques régionales .
définit le voyage comme « les activités des
voyageurs. Un voyageur est une personne qui
4 . Identifier les différents segments se déplace entre différents lieux géographiques
touristiques .
pour quelque motif et durée que ce soit ».
5 . Comprendre comment les
agences touristiques centrales Le visiteur et le touriste sont quant à eux des
sont organisées . types particuliers de voyageurs. Selon l’OMT,
un visiteur est « une personne qui fait un voyage
vers une destination située en dehors de son
environnement habituel, pour une durée infé-
rieure à un an, et dont le motif principal de la
visite (affaires, loisirs ou autre motif personnel)
est autre que celui d’exercer une activité rému-
nérée dans le pays ou le lieu visité (IRTS 2008,
2.9). Un visiteur (du tourisme interne, récepteur
ou émetteur) est qualifié de touriste (ou visiteur
qui passe la nuit) s’il passe une nuit sur place, et
de visiteur de la journée (ou excursionniste) dans
le cas contraire (IRTS 2008, 2.13). Ainsi, l’OMT
considère que le tourisme est un sous-ensemble
des voyages1 ». Toutefois, il est important de
noter que le glossaire établi par l’OMT utilise
les termes de tourisme et de voyage de façon
interchangeable.
Tableau 1.1 – Classement des pays selon les arrivées de touristes internationaux
Source : Chiffres clés du tourisme 2014, Études économiques, Direction générale des entreprises .
Le monde est devenu une communauté mondiale, ouvert à des lieux jusqu’alors inimagi-
nables : les merveilles de l’Antarctique, les secrets de l’Himalaya, les forêts ombrophiles
de l’Amazonie, la beauté de Tahiti, la Grande Muraille de Chine, les spectaculaires chutes
Victoria, les sources du Nil et la nature sauvage des îles écossaises. Voyager est une acti-
vité mondiale dans un marché en expansion.
Toutes les destinations ne peuvent pas accueillir les touristes de manière uniforme. Selon
l’emplacement géographique, le climat, les ressources naturelles, la taille et le patrimoine
culturel, certains pays n’ont pas d’autre choix économique que de développer leur indus-
trie du tourisme, parfois au détriment de leur propre culture. Certains s’engagent alors
dans cette voie avec une certaine ambivalence. Par exemple, Bali est de plus en plus
préoccupée par le fait que le tourisme est en train de détruire sa culture, les terres agri-
coles devenant des resorts ; et les nouveaux types d’emplois créés par le tourisme vont
parfois à l’encontre des valeurs de ses habitants.
Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, de nombreux secteurs sont dominés par un nombre
relativement restreint de concurrents (oligopoles) détenant la grande majorité des parts
de marché. Il est souvent difficile, voire impossible, pour les éventuels nouveaux concur-
rents de pénétrer ces marchés. En revanche, l’entrée sur le marché du secteur du tourisme
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 3
2. “Ruili Strives to Become a Top Tourist City”, Travel China, vol. 9, n° 13, 1997, p. 9 ; Tourism Highlights, 1999,
p. 2-17.
3. Source : World Travel and Tourism Council Data, 2013.
4. www.onlylyon.com
5. www.so-toulouse.com
4 Marketing du tourisme et de l’accueil
6. C. Chen, “Rising Chinese Overseas Travel Market and Potential for the United States”, in K.S. Chon et
C.B. Mok (dir.), Advances in Hospitality and Tourism Research, Houston, Conrad N. Hilton College, 1998,
p. 468-478.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 5
Communautés
Crises
concernées (%)
Météorologiques 75
Catastrophes naturelles 65
Crime 40
7. B. Thapa, K. Kaplanedou, I. Cahyanto et E. McLaughlin, “Crisis Planning and Preparedness in the U.S.
Tourism Industry”, Cornell Hospitality Quarterly, vol. 52, no 3, août 2010, p. 312-318.
6 Marketing du tourisme et de l’accueil
Sources : “Bouncing Back”, The Economist, 27 août 2011, p . 49 ; “Judge Dreads, London After the Riots”,
2e partie, The Economist, 27 août 2011, p . 49 .
8. J. Bergstrom, L. Yu et E. Medweth, “Destination Maintenance: Why Sedona Needs Schnebly Hill”, Cornell
Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 35, n° 4, 1994, p. 32.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 7
tique italienne a été desservi par la publicité négative associée à la croissance d’algues
brunes qui rendent la baignade presque impossible. Les niveaux de pollution croissants
au Grand Canyon et la surpopulation dans la vallée de Yosemite peuvent grandement
diminuer l’attrait de ces grands parcs nationaux. Certains parcs de jeux renommés
d’Afrique de l’Est sont transformés en cratères de poussière du fait de l’afflux de touristes
qui s’y déplacent avec des véhicules à quatre roues motrices.
Le trésor national de la Grèce, le Parthénon d’Athènes, est désormais sévèrement sali par
des taches de pollution, symboles de la négligence de l’environnement. Les belles plages
des cités balnéaires et les temples de Thaïlande ont été gravement endommagés par la
pollution et les mauvaises conditions d’hygiène.
Plusieurs sites ont été identifiés comme souffrant d’un manque de maintenance. Il s’agit
notamment de Pattaya, en Thaïlande ; de Bali, en Indonésie ; et d’Huatulco, au Mexique.
De nombreuses destinations d’Amérique du Nord sont victimes également de surex-
ploitation du fait d’un trop grand nombre de visiteurs ; c’est le cas de la ville de Sedona,
en Arizona, célèbre pour ses roches rouges. Un observateur professionnel émet l’hypo-
thèse que le comportement des visiteurs pourrait détruire la base sur laquelle repose le
tourisme de Sedona9.
Le futurologue August St. John soutient la théorie qu’une destination balnéaire connaîtra
un cycle semblable au cycle de vie d’un produit, allant éventuellement jusqu’au stade du
déclin ou de la destruction10. Les managers du tourisme doivent gérer leurs « produits »
et s’assurer que durant la phase de croissance, les infrastructures construites permettront
de soutenir les demandes touristiques futures. Dans certains cas, soutenir le tourisme
en phase de maturité peut conduire à limiter la quantité de touristes à un nombre que
l’infrastructure peut gérer. Le développement touristique doit trouver un équilibre entre
la tentation de maximiser les royalties apportées par les touristes et celle de préserver
l’attraction touristique naturelle et la qualité de vie des résidents locaux.
Le festival Shakespeare de Stratford, au Canada, a commencé comme un petit événement
régional et est devenu un événement nord-américain majeur qui dépasse ses frontières.
La plupart des festivals culturels et musicaux en Europe ont suivi la même tendance,
comme Salzbourg, Édimbourg et Spolète. Le festival des Arts de l’Europe fournit une
sélection parmi cinquante festivals musicaux, de la Norvège à l’Espagne, avec plusieurs
dizaines de compétitions de danse, de grandes expositions d’art d’été, et du théâtre des
West End de Londres au festival des Semaines artistiques de Berlin. L’ensemble du conti-
nent européen, y compris l’Europe de l’Est, a engendré, par le biais de l’organisation de
festivals, une concurrence acharnée des destinations estivales pour les touristes.
réceptionnistes, pour gagner en une seule journée parfois l’équivalent d’un mois de leur
salaire antérieur. De plus, les fortes devises acquises par le biais des pourboires donnent
accès aux produits vendus dans les « dollar stores » où seules des devises étrangères sont
acceptées. Les réglementations ayant été assouplies dans l’île, des milliers de citoyens
cubains ont pu ouvrir et exploiter de petites entreprises telles que des restaurants11…
11. S. Khrushchev, T.L. Henthorne et M.S. Latour, “Cuba at the Crossroads”, Cornell Hospitality Quarterly,
novembre 2007, p. 402-414.
12. E. Manning et T.D. Dougherty, “Sustainable Tourism”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quar-
terly, vol. 36, no 2, 1995, p. 29.
13. www.lascaux-dordogne.com/fr/la-grotte-de-lascaux
14. Ibid.
15. R.S. Toh, H. Khan et K. Lim, “Singapore’s Tourism Industry: How Its Strengths Offset Economic, Social and
Environmental Challenges”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 42, no 1, 2001, p. 46.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 9
16. S. Gregory et K. Koithan-Louderback, “Marketing a Resort Community”, Cornell Hotel and Restaurant Quar-
terly, vol. 38, no 6, 1997, p. 54.
17. “Qufu Stresses Confucian Culture and Tourism Market Order”, Travel China, vol. 9, n° 13, 1997.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 11
les voyages et le tourisme, et a été nommée dix fois la ville la « mieux élevée » des
États-Unis. Elle a été à onze reprises citée parmi les dix meilleures destinations de
voyage par les lecteurs du magazine Conde Nast. Elle a également remporté des prix
des magazines National Geographic, Brides et Travel & Leisure Magazine.
Qu’est-ce qui explique ce succès ? La réponse est que la ville de Charleston fait de son
mieux pour préserver et conserver ce qui a toujours attiré les gens : son histoire, son
architecture charmante, des personnes agréables, polies et serviables, ses jardins, son
originalité, et une excellente cuisine.
Ces attributs gagnants pourraient rapidement disparaître si les zones de centres
commerciaux remplaçaient les anciennes maisons ou si un parc à thème de
plusieurs millions de dollars était construit au cœur de la ville. La vigilance est
essentielle pour sauvegarder et promouvoir les facteurs de différenciation authen-
tiques d’une destination. Ils peuvent disparaître dans une courte période de temps,
au détriment des résidents et des visiteurs.
• développer une méthode pour comptabiliser ou estimer le nombre de visiteurs qui ont
assisté à l’événement.
Le montage du projet
Les événements varient considérablement dans leur complexité et leur contribution à
la base touristique locale. Dans certains cas, les organisateurs peuvent exiger un paie-
ment pour amener l’événement dans une localité. L’organisateur peut également exiger
des changements/améliorations dans l’infrastructure (par exemple, stades, piscines ou
aires de camping) et les services (par exemple, une présence accrue de la police) avant
d’accepter de monter l’événement.
Pour les organismes de tourisme, les événements doivent répondre à un certain nombre
de critères :
• attirer un nombre minimum de visiteurs ;
• compléter et renforcer la nature culturelle de la localité ;
• être reconduits dans les années suivantes, idéalement sur une base annuelle ;
• les travailleurs de la commune doivent être embauchés si des employés rémunérés à
temps partiel sont nécessaires ;
• ne pas entraîner de destruction de propriétés privées ou publiques ;
• autant que possible, utiliser les services d’entreprises locales ;
• fournir des clients pour les hôtels locaux si les taxes de séjour des hôtels sont utilisées
pour leur promotion ;
• autoriser/encourager la participation des résidents locaux.
Les ressources nécessaires
Les planificateurs touristiques doivent d’abord s’assurer de disposer des ressources
existantes de leurs collectivités afin de déterminer les possibilités d’organiser des événe-
ments. La présence d’une rivière pour organiser des descentes en kayak ou de pistes de
ski pour une compétition relève de l’évidence. Mais l’existence d’un grand terrain vacant
ne doit pas non plus être négligée : on pourrait par exemple y organiser un cross, un
enduro VTT...
La valorisation locale
Au-delà de leur valeur économique, les événements aident à créer une identité pour
une localité. Les journaux urbains et suburbains hebdomadaires publient souvent un
programme d’événements, festivals et célébrations qui se déroulent dans un rayon acces-
sible assez rapidement en voiture. L’État et les offices du tourisme locaux font de même,
en veillant à ce que les agences de voyages, les restaurants, les hôtels, les aéroports et les
gares ferroviaires et routières affichent les calendriers des événements.
Le marketing événementiel
Des événements qui attirent un marché ciblé et s’accommodent harmonieusement avec
la culture d’une localité peuvent fournir des résultats bénéfiques, particulièrement si
l’événement se reproduit régulièrement pendant de nombreuses années. Les événements
uniques ou qui nécessitent un investissement substantiel pour une localité peuvent ne
pas offrir suffisamment de retombées économiques.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 13
Une réponse commune de promoteurs d’événements est que la valeur des relations
publiques de l’événement l’emporte sur les considérations de coût. Cette revendication
doit être attentivement et objectivement analysée avant d’être acceptée. Les événements
doivent également être examinés pour leurs potentielles répercussions culturelles/socié-
tales sur la localité d’accueil. « Les destinations doivent choisir leurs événements pour
répondre aux besoins de la localité, puisque chaque événement s’inspire de son propre
type de foule18. »
18. J. Gnoth et S.A. Anwar, « New Zealand Bets on Event Tourism », Cornell Hotel and Restaurant Administration
Quarterly, vol. 41, no 4, 2000, p. 80.
19. E. Ching-Yick Tse et S.-C. Ho, « Targeting Sports Teams », Cornell Hotel & Restaurant Administrative Quar-
terly, février 2006, p. 49-59.
20. L’Équipe magazine, « Ligue des champions : le tourisme génère 237 millions d’euros de revenus », 5 mai 2015.
21. S. Wargin, « Update », www.9news.com.
14 Marketing du tourisme et de l’accueil
Focus 1.1
Les courses cyclistes et les marathons
Les courses cyclistes et les marathons sont deux types d’événements sportifs très
populaires. Une enquête menée par le ministère des Transports américain recensait
environ 57 millions de cyclistes en 2002. Aujourd’hui, ce nombre a encore augmenté
du fait de la popularité croissante de la petite reine.
Un exemple en est la course Ride The Rockies au cours de laquelle 4 000 personnes
s’appliquent à parcourir 640 kilomètres à travers le Colorado. Les participants viennent
des divers États et de nombreux pays étrangers. Les villes étapes le long de l’itinéraire
en profitent grâce aux dépenses de voyage des cyclistes ainsi qu’aux contributions des
sponsors qui financent des organismes de bienfaisance à but non lucratif21.
Le marathon de Paris attire de nombreux coureurs amateurs et professionnels ; en
2015, ils étaient 54 000. Australiens, Colombiens, Mexicains, Chinois… plus d’un
tiers des participants viennent de l’étranger. Entre la restauration, les hôtels et les
commerces, la mairie de Paris estime à 50 millions d’euros les retombées touris-
tiques du marathon.
Les investissements que doivent faire les destinations ne se limitent pas au financement
d’infrastructures touristiques. Il est nécessaire également d’étendre les services publics,
en particulier les services de sécurité publique (pour contrôler la foule et la circulation),
la santé d’urgence, l’entretien et le nettoyage des rues. Outre le tourisme « externe »,
les destinations doivent aussi promouvoir le tourisme à l’interne pour leurs propres
citoyens et commerçants, restaurants d’entreprise, institutions financières, publiques et
privées. Elles doivent investir dans le recrutement, la formation, la délivrance de permis
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 15
Focus 1.2
Dubaï, entre ville et mer
Dubaï est un bon exemple d’une ville ayant à la fois développé une bonne infrastructure
et des attractions touristiques dédiées. L’aéroport de Dubaï est réputé mondialement
et offre un excellent centre commercial en duty free. Le système routier est bien conçu
et entretenu, de sorte qu’il est facile de se déplacer depuis l’aéroport. Les hôtels ont
conscience de l’importance du service et de la satisfaction client. Une fois à l’hôtel, les
clients peuvent choisir parmi une variété d’activités, y compris les sports nautiques, le
tennis, le golf, ou des visites guidées. Les entreprises touristiques consacrent beaucoup
d’efforts à la formation de leurs employés, qui viennent du monde entier. Cela signifie
également que les clients internationaux seront en mesure de trouver un employé
parlant leur langue. Dubaï mise sur une stratégie d’utilisation du tourisme pour déve-
lopper son économie et investit en conséquence.
Le Burj Al Arab de Dubaï n’est pas seulement l’hôtel le plus haut du monde, c’est
aussi l’un des plus luxueux. Ses 202 habitations sont des suites de deux étages. Les
clients séjournant dans cet hôtel ont le choix pour leur transport jusqu’à l’aéroport :
une limousine Rolls-Royce ou un hélicoptère. Chaque étage dispose d’une réception
privée et il y a un majordome pour chaque suite. Le Jumeriah Beach Hotel, quant à
lui, dispose de 600 chambres, de 18 restaurants et d’un récif à proximité de la plage
pour de la plongée. L’hôtel dispose également de grandes salles de conférence pour
attirer des réunions internationales.
22. D. Steinborn, “On the Waterfront”, Wall Street Journal, 11 juin 2007, p. R11.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 17
23. “How Do Casinos Affect Your Business?”, Amusement Business, vol. 108, no 7, 1996, p. 3-4 ; National Gambling
Impact Study Commission, juin 1999 ; NGISC Final Report, American Gaming Association, www.unt.edu,
http://govinfo.library.unt.edu/ngisc/reports/fullrpt.html ; B. Gillette, “New Casino Facilities Boost Business
Elsewhere on Coast”, Mississippi Business Journal, vol. 21, no 30, 1999, p. 18-19 ; S. Ray, “Gaming Makes Big
Winners out of Tradeshows”, Amusement Business, vol. 107, no 21, 1995, p. 18-19.
18 Marketing du tourisme et de l’accueil
À la mi-2007, 2 milliards de dollars (en plus d’un milliard déjà engagé) ont été
Marketing en action 1.4
24. R.S. Toh, H. Khan et K. Lim, “Singapore’s Tourism Industry”, op. cit., p. 42-48.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 19
Focus 1.3
Les déterminants psychologiques de la demande
Le prestige. Les voyageurs ont toujours été sensibles au niveau de prestige, surtout
les voyageurs de longue distance. Marco Polo a acquis une notoriété historique par
les voyages, comme les héros de la mythologie grecque et romaine. Un voyage à
Aspen, sur la Côte d’Azur, en Suisse et dans beaucoup d’autres destinations fournit
un niveau de prestige au voyageur, uniquement s’il existe déjà dans son esprit.
Le désir de s’échapper. Le désir d’échapper momentanément au rythme routinier
d’une journée est un besoin humain de base. Les marketeurs du tourisme ont depuis
longtemps reconnu cette nécessité, telle que reflétée par les annonces glamour dans
lesquelles le mot « évasion » est souvent mentionné.
L’opportunité de rencontres « amoureuses ». Il s’agit à la fois d’un élément positif
et d’un mauvais côté. Le voyage a longtemps été considéré comme un moyen de
rencontrer des gens attrayants. Cela a fait partie de l’héritage des voyages en croi-
sière transatlantique, sur un fleuve, ou des voyages ferroviaires mythiques comme
l’Orient-Express. Malheureusement, l’existence de sexe-tours dans certaines nations
asiatiques et la prépondérance des maisons de prostitution dans certains endroits en
constituent une face sombre.
L’éducation. Voyager a toujours été considéré comme une source d’ouverture intel-
lectuelle. Les voyageurs négligent souvent ce bénéfice apporté par les voyages.
L’interaction sociale. L’occasion de se rencontrer et d’interagir avec des gens qui
étaient auparavant inconnus est un puissant facteur de motivation. Les destinations
touristiques et les compagnies de croisières font couramment appel à ce besoin.
Le resserrement des liens familiaux. Les réunions de famille sont devenues un
important segment de marché pour beaucoup d’acteurs dans l’industrie du voyage.
À une époque d’intenses pressions sur la famille (aujourd’hui, les hommes et les
femmes travaillent, rendant plus rares les moments de rencontre familiale), il existe
un fort besoin de procéder à un recentrage des priorités et de resserrer les liens
familiaux. Malheureusement, les types de vacances sélectionnés par les familles
ne mènent pas toujours au renforcement des liens. Si les adultes participent toute
la journée à des activités telles que la plongée, le ski ou le golf, les jeunes enfants
peuvent être occupés à des programmes organisés pour eux et sans lien avec les
activités parentales.
L’aspect ludique. Les observateurs des comportements humains et animaux font
parfois état du fait que l’être humain est la seule (ou presque) espèce qui continue à
jouer à l’âge adulte. Les lieux de villégiature et les navires de croisière illustrent bien
la nécessité de répondre à ce besoin de jouer. Il est étonnant que les croisières soient
devenues des « destinations » en concurrence directe avec des endroits terrestres
clos.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 21
Sources : P . Hawes, “Holistic Vacations”, Hemisphere, mars 1995, p . 85-87 ; A .J . Crompton, “Motivations
for Pleasure Vacations”, Annals of Tourism Research, 6, 1974, p . 408-424 ; A . Mathieson et G . Wall, Tou-
rism: Economics, Physical and Social Impacts, Harlow, Longman, 1982 .
Si de nombreuses cibles sont identifiées, le profit potentiel relatif de chacune doit ensuite
être évalué. Le potentiel de profit issu d’un segment touristique cible est la différence
entre le montant que le segment touristique est susceptible de dépenser et le coût d’at-
traction et de service pour ce segment. Le coût de promotion dépend du budget. Le coût
de service dépend de l’infrastructure requise. Au final, les segments touristiques poten-
tiels devraient être classés et sélectionnés dans l’ordre de leur rentabilité.
Si l’analyse identifie trop peu de segments touristiques naturels, des investissements
pourraient être nécessaires dans l’infrastructure, les manifestations et attractions touris-
tiques, pour en développer. La rentabilité de ces investissements peut venir des années
plus tard, mais ce délai est souvent nécessaire si la destination veut devenir un acteur
dans un marché de plus en plus concurrentiel.
centre commercial Forum Shops du Caesars Palace offre un spectacle continu et une
grande variété de restaurants, ses espaces commerciaux très prisés comptant par consé-
quent parmi les plus coûteux et les plus recherchés en Amérique du Nord. Aujourd’hui,
les attractions principales de Las Vegas sont le shopping et le divertissement, et non le jeu.
• Les touristes de passage. Ces visiteurs sont extrêmement importants pour des villes
ou régions qui servent pour un repos pratique ou des zones d’arrêt du jour pour le
lendemain.
• Les touristes d’affinité. Il s’agit de personnes qui séjournent chez des amis ou des
parents. Pour cette raison, elles sont souvent considérées comme des touristes peu
importants. C’est une erreur : ces voyageurs ne dépensent pas d’argent pour l’héber-
gement, mais ils en dépensent pour manger, assister à des événements/attractions et
dans les boutiques.
• Les touristes d’affaires. Ce groupe englobe souvent toute forme d’entreprise, y
compris les congrès, les foires commerciales et la recherche d’emploi.
• Les touristes d’agrément. Ce groupe aussi est très large et englobe toute la classifica-
tion. Elle peut être d’usage limité sans segmentation supplémentaire.
• Les touristes d’affaires et d’agrément. De nombreux voyageurs d’affaires ou qui
assistent à des séminaires ou conventions envisagent d’incorporer une période de
détente avant ou après leur travail.
• Les visiteurs « remorques ». Les membres de la famille sont communément des visi-
teurs « remorques ». Ainsi, la présence des enfants a créé une sous-industrie de la
garde d’enfants et du divertissement.
• Les touristes « funéraires ». Les compagnies aériennes offrent des tarifs spéciaux
pour la famille et les amis qui se déplacent à l’occasion de funérailles. Ce segment
gagnera en importance à mesure que la société vieillit.
• Les touristes culturels et religieux. Cette vaste catégorie comprend les étudiants,
ceux qui font un pèlerinage, les missionnaires, et beaucoup d’autres. Elle peut être
d’une utilité limitée dans la planification du tourisme, à moins d’être encore sous-
segmentée.
La segmentation Plog
Une autre segmentation touristique bien connue est celle établie par Stanley Plog (voir
figure 1.1)25. Les segmentations sont identiques à celles mentionnées précédemment,
mais s’étendent de « psychocentrique » à « allocentrique ». En effet, Plog a observé que
les destinations sont tout d’abord découvertes par les allocentriques (des randonneurs
en sac à dos ou des explorateurs). Au fur et à mesure que les autochtones découvrent les
avantages économiques du tourisme, les services et les infrastructures se développent.
Dès lors que la destination commence à être plus populaire, les allocentriques s’en vont
et trouvent une autre destination intacte, plus « authentique ». La nature des visiteurs
change alors, chaque nouveau groupe étant un peu moins aventureux que le précédent,
peut-être plus âgé, et certainement plus exigeant en termes de service et de confort. Enfin,
une destination devient si connue que le groupe des moins aventureux, les psychocen-
triques, la déclare acceptable.
25. S.C. Plog, “Why Destinations Rise and Fall in Popularity”, Cornell Hotel and Restaurant Quarterly, vol. 14,
no 4, 1974, p. 55-59.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 25
Psychocentrique Allocentrique
Quasi Quasi
psychocentrique Centre allocentrique
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Source : reproduit avec l’autorisation d’Elsevier Science, Inc ., Stanley C . Plog, “Why Destinations Rise
and Fall in Popularity”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol . 14, n° 4, p . 58, ©1974
by Cornell University .
Une étude des comportements et préférences des voyageurs a démontré que le Costa
Rica est en train d’évoluer, d’une destination attirant les allocentriques proches à une
destination qui attire les allocentriques médians. Les résultats de cette étude ont conclu
que la construction d’infrastructures dédiées avait conduit les aventuriers à s’éloigner
du pays pour découvrir d’autres destinations, laissant de fait la place aux allocentriques
médians, ainsi que le modèle Plog le prédit.
Forts de ce constat, d’autres pays d’Amérique centrale, le Honduras, le Belize et le Nica-
ragua, s’adressent au marché des aventuriers. Par conséquent, pour continuer de séduire
cette clientèle, il leur est indispensable de veiller à la préservation de l’environnement
naturel, notamment en créant des zones protégées.
Les chercheurs ont également noté que certaines parties de l’Asie (la Chine, le Cambodge,
la Thaïlande et le Vietnam) se précipitent dans une phase de développement qui est mal
planifiée, en s'appuyant sur l’analyse Plog26.
26. Z. Liu, J.A. Siguaw et C.A. Enz, “Using Tourist Travel Habits and Preferences to Assess Strategic Destination
Positioning”, Cornell Hospitality Quarterly, vol. 49, no 3, 2008, p. 258-280.
26 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le tourisme balnéaire
La France dispose de 5 500 kilomètres de côtes sur les trois façades maritimes (mer du
Nord/Manche, Atlantique y compris Bretagne, Méditerranée), répartis sur 883 communes
littorales, 26 départements et 11 régions. Ce littoral est composé pour 35 % de plages de
sable, 24 % de marais et de vasières, 28 % de côtes rocheuses, 13 % de falaises. On y
dénombre en outre 800 estuaires. La France compte 200 stations balnéaires, 470 ports
de plaisance et 30 ports de croisière.
Le tourisme du littoral en 2014 comptait pour 22 % des voyages et 32 % des nuitées sur
le territoire français.
27. Chiffres clés du tourisme 2014, Études économiques, Direction générale des entreprises.
28. Source : Direction générale des entreprises.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 27
Le tourisme de nature
Ce tourisme apporte une forte valeur ajoutée à l’image de la France, avec sa diversité
exceptionnelle d’espaces et de sites. Il constitue l’un de ses avantages concurrentiels,
en particulier face à l’Espagne et l’Italie. Les quatre cinquièmes du territoire français
sont constitués de campagne, de littoral et de montagne. La spécificité « nature et envi-
ronnement préservé » devient un atout incontestable pour les destinations touristiques.
Les pouvoirs publics soutiennent des politiques d’aménagement du territoire avec le
Le tourisme culturel
L’offre culturelle et patrimoniale française est riche et diversifiée. Un des points forts de
la France est d’être perçue comme une destination culturellement riche. L’offre cultu-
relle est très souvent déterminante dans le choix final du consommateur en termes de
destination. La France propose une offre architecturale, artistique et historique riche
et variée : plus de 40 000 monuments et sites protégés, dont un tiers sont classés. La
France compte 39 sites culturels classés au Patrimoine mondial de l’humanité (Unesco),
8 000 musées dont 1 211 « musées de France », près de 500 festivals, des saisons de
théâtres, de concerts, de danse… des espaces muséologiques de nouvelle génération,
intégrant des processus d’interactivité, des parcs et jardins d’exception, la valorisation de
formes originales du patrimoine (archéologique, scientifique, technique…). En 2013, les
30 premiers sites culturels en termes de visiteurs ont réalisé plus de 57 millions d’entrées,
et, malgré la conjoncture économique, de nombreux sites ont connu des progressions de
fréquentation, dopée par les grandes manifestations.
Le tourisme urbain
Le tourisme urbain comptait pour 30,7 % des voyages et 22,5 % des nuitées en France
pour l’année 2014. En 2013, Taleb Rifai, le secrétaire général de l’OMT, déclarait que
« le tourisme urbain est devenu une pièce stratégique de la planification et de la gestion
urbaines ». Les capitales et villes du globe se livrent à une concurrence acharnée pour
attirer les voyageurs du monde entier.
Selon le classement de MasterCard 31, Londres est la première ville du tourisme
mondial avec 18,69 millions de visiteurs ; Bangkok se classe à la deuxième place avec
16,42 millions de visiteurs, juste devant Paris (15,57 millions). Les villes suivantes sont
Singapour (4e, 12,47 millions), Dubaï (5e, 11,95 millions), New York (6e, 11,81 millions
de visiteurs), Istanbul (7e, 11,60 millions), Kuala Lumpur (8e, 10,81 millions), Hong Kong
(9e, 8,84 millions), Séoul (10e, 8,63 millions).
Le tourisme rural
Compte tenu de la préoccupation environnementale croissante, et des effets de crise qui
favorisent le retour aux vraies valeurs et aux racines, de plus en plus de touristes aspirent
à des vacances synonymes de repos, de rupture avec les contraintes de la vie urbaine. Le
tourisme rural représentait 22,8 % des voyages en 2014 sur le territoire français et 19 %
des nuitées.
Le tourisme de croisière32
L’industrie des croisières est mondiale. En dix ans, ce secteur a augmenté de 77 %, pour
atteindre 21,3 millions de passagers en 2013. « Les chiffres publiés aujourd’hui montrent
31. Source : Y. Hedrick-Wong et D. Choong, “MasterCard Global Destination Cities Index 2014”.
32. Source : « L’industrie de la croisière poursuit sa croissance mondiale avec plus de 21 millions de passa-
gers en 2013 et 117 milliards de dollars de contribution économique », www.veilleinfotourisme.
fr/l-industrie-de-la-croisiere-poursuit-sa-croissance-mondiale-avec-plus-de-21-millions-de-passagers-en-
2013-et-117-milliards-de-dollars-de-contribution-economique--128475.kjsp
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 29
33. « La contribution économique mondiale du tourisme de croisière en 2013 », rapport commandé par la CLIA
à l’institut de recherche et d’analyses BREA (Business Research and Economic Advisers).
30 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le tourisme de bien-être
La recherche de bien-être par le massage et les soins se développe de plus en plus forte-
ment chez les Occidentaux. Avec un marché en croissance constante d’environ 7 % par
an, le bien-être est un secteur qui se porte bien. La recherche du bien-être est une tendance
lourde depuis 20 ans qui s’inscrit de manière profonde dans les habitudes sociales. La
thalassothérapie et le thermalisme constituent des secteurs majeurs du bien-être et de la
remise en forme par l’eau. À côté de ces deux secteurs, les spas se développent ; il existe
plus de 9 000 instituts et spas en France (dont plus de 400 spas hôteliers).
Le tourisme spatial
En avril 2001, Dennis Tito est devenu le premier touriste de l’espace lorsqu’il a payé
20 millions de dollars pour voler sur la mission « taxi » Soyouz vers la station spatiale
internationale. En octobre 2008, Richard Garrett a payé 30 millions de dollars pour voler
sur une mission Soyouz et devenir le sixième touriste de l’espace. Suite à la volonté des
Russes d’accepter des touristes spatiaux sur leurs missions, une agence de voyages s’est
créée, Space Adventures, spécialisée dans le tourisme spatial34.
Un certain nombre de sociétés privées ont été formées pour proposer des voyages
dans l’espace pour les touristes. Le fondateur de Virgin Atlantic Airline, Sir Richard
Branson, a créé Virgin Galactic, avec des vols d’essai prévus prochainement. Le voyage
commercial dans l’espace pour les touristes haut de gamme est prévu depuis Las Cruces
Spacesport America, au Nouveau-Mexique. Les sites additionnels seront au Royaume-
Uni, en Australie et en Suède.
Les voyageurs de l’espace devront subir une formation de cosmonautes d’élite. Ils seront
installés dans un véhicule nommé SS2, qui grimpera à plus de 15 kilomètres d’altitude
sous un vaisseau mère, Space Ship Two. Après sa libération, le SS2 fera une chute libre
pendant quelques secondes, allumera ses réacteurs et accélérera dans une trajectoire
verticale pour grimper à une altitude de plus de 100 kilomètres. Les personnes à bord
du SS2 apprécieront, en apesanteur, un horizon de la Terre de plus de 1 600 kilomètres.
L’ensemble du vol durera environ deux heures et demie35.
La NASA est en train de se préparer pour le tourisme sur la Lune, y compris dans l’éla-
boration de plans pour prévenir le pillage des six domaines sur lesquels des missions
spatiales habitées ont atterri entre 1969 et 1972. En vertu de ses lignes directrices, on
pourra marcher seul à 75 mètres du site où Neil Armstrong a posé pour la première fois
le pied sur la Lune. La préoccupation de la NASA sur la protection des sites a été motivée
par le prix de 30 millions de dollars offert par Google à la première équipe financée de
manière privée qui fera atterrir un robot sur la Lune. Il semble que la NASA estime que
les humains suivront bientôt les robots. Elle veut s’assurer que les touristes ne piétineront
pas l’empreinte d’« un petit pas pour l’homme » d’Armstrong36.
Le tourisme médical
Le tourisme médical connaît l’un des taux de croissance les plus rapides et les plus lucra-
tifs des segments du tourisme, car des personnes voyagent de par le monde pour avoir
accès à des soins médicaux moins coûteux. En 2003, on comptait 350 000 touristes médi-
caux ; en 2010, ce nombre est passé à 6 millions, et en 2017 le nombre devrait s’élever à
16 millions. Le tourisme médical aurait apporté 2 milliards de dollars en devises à l’Inde
en 2012.
La croissance du tourisme médical est due à quatre facteurs principaux : de faibles coûts,
de longues files d’attente dans les services de soins de santé nationaux, l’accessibilité
à des actes et traitements, et l’opportunité pour des vacances et la protection de la vie
privée. Le coût est le principal facteur. Pour les gens qui n’ont pas ou qui ont une assu-
rance insuffisante, les soins de santé à faibles coûts dans une destination internationale
peuvent être la seule solution viable. Dans les pays qui ont un système national de soins
de santé, tels que l’Australie, le Canada ou l’Angleterre, les personnes ayant besoin d’une
intervention chirurgicale sont souvent mises sur une liste d’attente. Pour certains, une
intervention à faible coût à l’étranger est souvent préférable.
Dans un effort pour rester jeunes, les baby-boomers font de plus en plus appel à la
chirurgie esthétique et aux soins dentaires. Souvent, ces interventions ne sont pas
couvertes par les assurances-santé : cela a entraîné un boom de ces interventions au
Mexique, en Amérique centrale, en Asie et en Europe de l’Est. Avoir recours à la chirurgie
esthétique à l’étranger permet de protéger sa vie privée, de récupérer dans un cadre idéal
et de rentrer à la maison plus jeune de 10 ans, plutôt que de devoir se cacher en attendant
que les cicatrices disparaissent.
Les soins de santé à l’international donnent également accès à des traitements expéri-
mentaux qui sont interdits par la loi dans le pays d’origine. Cela comprend les traitements
du cancer et des traitements avec des cellules souches.
Le tourisme médical s’accompagne souvent d’un tourisme d’agrément. Certaines compa-
gnies d’assurances, en Amérique du Nord, offrent à leurs clients qui sont admissibles
aux soins de santé l’option de se faire soigner à l’étranger. À titre d’encouragement,
les assureurs proposent de renoncer à la franchise applicable, de partager le paiement
et de fournir des billets d’avion et l’hébergement, durant et après le traitement. Ces
compagnies vendent à leurs clients aussi bien les économies de coûts que l’occasion de
profiter de vacances. Pour la compagnie d’assurances, le coût est toujours moindre que si
l’intervention chirurgicale était effectuée sur place. La plus grande préoccupation pour
le patient est la qualité des soins de santé. Les pays qui veulent capturer le marché du
36. D. Vergano, “NASA Prepares for Moon Tourism”, USA Today, 10 novembre 2011, p. 1.
32 Marketing du tourisme et de l’accueil
tourisme médical doivent élaborer des normes et accréditer les procédures pour créer
une perception de qualité et renforcer la confiance des touristes médicaux37.
Le tourisme d’entreprises
En France, près de 3 000 entreprises sont ouvertes au grand public tout au long de l’année,
dont une majorité d’entreprises artisanales (30 %), d’exploitations agricoles ou vitivini-
coles (30 %), suivies des entreprises industrielles (25 %) et des entreprises de services.
Selon la Direction générale des entreprises, ces sociétés, souvent des PME, accueillent
en moyenne 2 000 visiteurs à l’année. Mais ce chiffre peut atteindre plus de 50 000 visi-
teurs pour de grandes entreprises. La part de visiteurs nationaux, voire régionaux, est
prépondérante, excepté pour les visites de domaines viticoles, où la moitié des curieux
sont étrangers. Par ailleurs, cette dernière catégorie représente un type de tourisme à
part entière.
Manatour propose par exemple des visites des lignes d’assemblage du constructeur
d’avion Airbus à destination du grand public (dont des scolaires). Cette visite peut être
suivie de celle du musée de l’Aéronautique, Aeroscopia. Le siège d’Airbus à Toulouse a
accueilli plus de 2 millions de touristes en 20 ans, soit 120 000 visiteurs par an, et le site
d’assemblage de Saint-Nazaire, 18 000 visiteurs.
L’œnotourisme et le spiritourisme
Selon Atout France, 7,5 millions de touristes ont séjourné dans le vignoble français en
2010. A été décerné à trente-six destinations françaises le label « Vignobles & Décou-
vertes », qui compte 3 000 professionnels travaillant en réseau. Les Français représentent
la plus grande partie des visiteurs, avec 61 % de la clientèle de l’œnotourisme. La première
clientèle internationale en Alsace, Aquitaine, Bourgogne et Champagne est constituée
par les Belges, tandis que les Britannniques représentent la première clientèle en Pays de
la Loire, PACA et Languedoc-Roussillon.
Atout France propose de distinguer les œnoutouristes en quatre groupes :
• les épicuriens, qui représentent 40 % des visiteurs, viennent essentiellement pour
déguster, acheter du vin et visiter des caves ;
• les classiques (24 % des visiteurs) considèrent que le vin contribue à la découverte du
patrimoine d’une destination. Ils sont moins amateurs de séjours en régions vitivi-
nicoles ;
• les explorateurs (20 % des visiteurs), pour lesquels le vin, la vigne et le vignoble sont
les motifs essentiels de séjour ; ils recherchent des adresses peu connues ;
• les experts (16 % des visiteurs) recherchent la découverte de l’histoire, de la culture du
terroir et, de manière générale, de tout l’univers du vin.
Dans une de ses enquêtes, Atout France estimait, en 2010, à 203 euros, en moyenne, les
dépenses des visiteurs durant leur visite sur les postes « vin », dont 104 euros consacrés
37. M.D. Horowitz et J.A. Rosenweig, “Medical Tourism—Health Care in the Global Economy”, Physician Execu-
tive, vol. 33, no 6, 2007, p. 24-30 ; “Healthcare Cost”, Healthcare Financial Management, vol. 62, no 9, 2008,
p. 12.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 33
Le tourisme mémoriel
Le tourisme mémoriel est né dans les années 2000. Il cherche à valoriser des lieux histo-
riques, en particulier ceux qui ont été le théâtre d’événements (bataille, acte politique,
massacre). En France, par exemple, ce sont entre autres les plages du Débarquement, le
Chemin des Dames, mais on peut aussi songer plus récemment au Bataclan, théâtre d’un
attentat sanglant en novembre 2015 ; ailleurs, ce sont les camps de concentration, le site
de Ground Zero où s’érigeaient les tours du World Trade Center, ou encore les alentours
de la centrale de Fukushima. La valorisation marchande, parfois controversée, de ces
lieux historiques attire un nombre croissant de touristes40.
40. M. Sani, « 2014, la grande année du tourisme de mémoire. Centenaire de la Première Guerre mondiale en
2014 », TourMag.com, 15 mars 2013.
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 35
Le tourisme de naturisme
En France, selon une enquête de l’IFOP commandée par Atout France, 15 % des Fran-
çais se déclarent prêts à tester des vacances dans un espace naturiste. De plus, près de
2 millions de touristes internationaux pratiquent le naturisme en France. En effet, la
France propose une offre variée avec 115 centres, 39 campings associatifs, 35 gîtes ou
chambres d’hôtes, 2 ports naturistes (Cap-d’Agde et Port-Leucate) et 116 plages sur
lesquelles le nudisme est toléré et encadré. Grâce à ces sites, espaces et lieux de baignade
naturistes, la France apparaît comme « le pays de tous les naturismes ». Contrairement
à des destinations concurrentes comme l’Espagne, la Croatie ou le Portugal, où l’offre
naturiste est exclusivement balnéaire, la France propose de belles alternatives dans l’ar-
rière-pays du littoral et à la campagne.
En France, les centres, allant de 5 hectares à plus de 350 hectares, sont équipés pour l’ac-
cueil d’une clientèle familiale française et internationale. De plus, de nouvelles formules
d’hébergement de plein air se développent avec des centres qui proposent des équipe-
ments tels que des centres de remise en forme, des hammams, des saunas, des cabines
de soins corporels avec un personnel qualifié. Ces sites sont tous équipés au minimum
d’une piscine, sont proches d’un lieu de baignade et proposent des animations pour les
enfants et adolescents.
Le tourisme gay-friendly
Le tourisme gay-friendly correspond à un segment de clientèle essentiel à forte valeur
ajoutée. Selon l’agence américaine Community Marketing, l’économie touristique gay
aux États-Unis représenterait 63,3 milliards de dollars par an (environ 58 milliards
d’euros). À Paris, le nombre de visiteurs gays est estimé à près de 300 00042.
On estime que les clientèles gays et lesbiennes (les DINK selon l’acronyme anglo-saxon
pour « double income, no kids », soit « deux revenus, pas d’enfants ») ont un revenu
2,8 fois supérieur à la moyenne43. Les gays ont deux modes de consommation lorsqu’ils
font du tourisme :
• 90 % de leur temps est consacré à des activités traditionnelles (visites culturelles, shop-
ping...) ;
• ils recherchent par ailleurs des activités spécifiques, dont le clubbing.
La ville de Nice, par exemple, par l’intermédiaire de son office du tourisme et des
Marketing en action 1.7
Il est à noter également que le tourisme gay est fortement lié à l’événementiel. Par
ailleurs, le touriste gay est prescripteur en termes de destinations, de modes et de
tendances. Le marché se structure progressivement. Aux destinations traditionnelle-
ment gays (Mykonos, Ibiza, Sitges, San Francisco) s’ajoute un tourisme urbain (Berlin,
Vienne, Barcelone, Amsterdam, Sydney, Londres) en plein essor. La France, qui n’est pas
encore considérée comme une destination gay-friendly, a tout pour attirer cette clientèle,
en s’appuyant notamment sur des images fortes (Paris, la Riviera...). De nombreuses
régions, des villes se sont déjà structurées en adoptant des chartes gay-friendly, à l’instar
du Mans, de l’île de la Réunion et plus récemment de Cannes. Atout France a mis en
place de nombreuses actions aux États-Unis et le tourisme gay-friendly fait l’objet d’une
démarche particulière. Atout France a notamment réalisé un guide gay-friendly et adhère
au chapitre américain de l’IGLTA. Les bureaux d’Atout France à l’étranger ont aussi
développé des dispositifs Internet dédiés au tourisme gay sur le site portail franceguide.
com, pour la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Afrique du Sud, l’Australie,
les États-Unis, le Brésil et le Canada. Ces bureaux mènent des actions spécifiques pour
des événements comme la Gay Pride d’Amsterdam.
Le tourisme généalogique
L’intérêt pour la généalogie a considérablement augmenté au cours des dernières
années45. De nombreuses personnes planifient des vacances pour visiter les sites de
recherche généalogique.
Par exemple, la bibliothèque publique du comté d’Allen à Fort Wayne, dans l’Indiana,
accueille 400 000 visiteurs chaque année. L’Église de Jésus-Christ-des-Saints-du-
Dernier-Jour de l’Utah, qui est le plus grand dépositaire de livrets de famille au monde,
est devenue un « site à visiter » (700 000 visiteurs annuels). D’autres nations qui ont reçu
un grand nombre d’immigrants en provenance de l’Europe, tels l’Australie, la Nouvelle-
Zélande, l’Argentine et le Canada, ont un nombre croissant de touristes généalogiques.
Le tourisme participatif
Depuis quelques années, une nouvelle forme de tourisme attire de plus en plus de voya-
geurs. Loin de la logique de « standardisation » du tourisme traditionnel, assimilant le
séjour touristique à un produit, le tourisme participatif renouvelle l’offre touristique en
s’appuyant sur la participation et du voyageur et de la population d’accueil. Plus dyna-
mique et vivant, la visite ou le séjour touristique devient unique et personnalisé. Dans
cette forme de tourisme, la participation et l’expérience touristique sont construites par
44. G. Sloan, “Double Duty”, USA Today, 7 décembre 2007, p. 1D et 2D.
45. C. Almeida Santos et G. Yan, “Genealogical Tourism: A Phenomenological Examination”, Journal of Travel
Research, vol. 49, no 1, février 2011.
38 Marketing du tourisme et de l’accueil
les deux types d’acteurs que sont le touriste et les locaux. La relation qui se crée entre
eux déterminera l’authenticité d’une expérience touristique conviviale et inattendue.
Plus qu’une simple visite « patrimoniale » du lieu, le tourisme participatif se veut donc
une expérience unique, qui apporte des bénéfices tant pour le visiteur que pour l’habi-
tant. L’aspect « participatif » de la démarche ne s’arrête pas aux habitants, il concerne
également les visiteurs eux-mêmes, puisque ceux-ci construisent leurs visites sur mesure.
Ainsi, le tourisme participatif est « symbiotique » : le regard des habitants sur leur ville
change la visite du touriste et ils en apprennent également sur leur propre ville à travers
les regards neufs et extérieurs du visiteur qui (re)découvre la ville.
De nombreux acteurs investissent le tourisme participatif. Pionnier, Airbnb permet à des
particuliers de louer tout ou partie de leur propre habitation comme logement d’appoint.
Le site offre une plateforme de recherche et de réservations entre la personne qui offre
son logement et le vacancier qui souhaite louer. Plus récemment, le site Vayable46 permet
aux vacanciers de se faire conseiller par des guides touristiques d’un nouveau genre, les
habitants. Ce site permet aux touristes en quête d’authenticité de découvrir, moyennant
finance, des lieux touristiques grâce à des guides locaux et amateurs.
Ce chapitre s’est attaché à présenter une définition du tourisme, à montrer son impor-
tance au niveau mondial et à dresser un premier inventaire des différents types de
touristes et de tourismes existants. Le chapitre suivant présentera la démarche marketing
applicable aux industries de l’accueil et du tourisme et ses différentes étapes, qui feront
chacune l’objet d’un développement ultérieur.
46. www.vayable.com/experiences/1494-navigate-paris
Chapitre 1 – Le marché du tourisme et de l’accueil 39
Synthèse
• La mondialisation de l’industrie touristique : le monde est devenu une communauté,
et les voyageurs ont désormais accès à des lieux inimaginables quelques décennies
plus tôt, comme les secrets de l’Himalaya, les forêts ombrophiles de l’Amazonie, la
Grande Muraille de Chine, etc. Voyager est une activité mondiale avec un marché
en expansion. Aujourd’hui, le marché du tourisme est dominé par un nombre relati-
vement restreint de concurrents (oligopoles) qui détiennent la majorité des parts de
marché. Il est souvent difficile ou impossible pour les éventuels nouveaux entrants de
pénétrer ces marchés, les barrières à l’entrée étant trop élevées.
• L’importance du tourisme pour l’économie des destinations : le désir de devenir
une destination reconnue représente un challenge pour le marketing. Le tourisme
permet la création d’emplois directs dans les hôtels, les restaurants, les établissements
de commerce de détail et le transport. Les organisations de gestion de destina-
tion assurent la gestion des destinations touristiques. Toutefois, la croissance du
tourisme influe sur la base sociale et culturelle des destinations, de manière positive
ou négative, et les organisateurs touristiques doivent tenir compte de la capacité de
l’environnement d’un lieu à supporter tous les résidents de la région et pas seulement
les touristes. De nombreuses communautés qui dépendent directement du tourisme
doivent coordonner d’importants secteurs de l’économie pour assurer le développe-
ment touristique de leur destination.
• Les stratégies en matière de tourisme et d’investissements : la concurrence, féroce
dans le secteur touristique, s’accroît au fur et à mesure que le marché lui-même grandit.
Outre les destinations touristiques solides, d’anciens lieux de visite en déclin se
remettent à niveau, font de nouveaux investissements ; des destinations nouvelles
émergent également. Il existe d’innombrables exemples de destinations qui redé-
couvrent leur passé, capitalisant sur le lieu de naissance d’une personne célèbre, un
événement, une bataille, etc. Les deux principales stratégies utilisées par les desti-
nations touristiques pour attirer les visiteurs sont les événements et les attractions.
Enfin, certaines destinations sont uniquement considérées comme des escales.
• Segmenter et organiser une veille du marché touristique : la démarche marketing
demande de procéder à une segmentation du marché. Les destinations doivent iden-
tifier leurs cibles. Pour ce faire, plusieurs classifications ont été utilisées pour décrire
les différents segments. Une segmentation de l’offre du tourisme mondial est proposée
par l’OMT, mais d’autres segments de l’offre touristique peuvent être identifiés,
comme le tourisme gay-friendly, le tourisme médical, le tourisme d’entreprise, etc. Il
est nécessaire de surveiller continuellement le marché touristique afin de connaître
la popularité relative des diverses attractions, pour déterminer le nombre et le type
de touristes attirés par chacune. Enfin, les destinations doivent veiller à fidéliser les
visiteurs.
Activités
Questions de réflexion
1. Sur quels critères s’appuie une destination touristique pour déterminer ce qu’elle va
promouvoir et le public cible de cette promotion ?
2. Quels avantages économiques et sociaux le tourisme apporte-t-il à votre région ?
3. Choisissez l’un des déterminants psychologiques de la demande répertoriés dans
l’encadré Focus 1.3 et décrivez un produit touristique fondé sur ce déterminant.
Application
Choisissez un plan de promotion développé par une ville, une région ou un pays et justi-
fiez votre choix. Dans votre analyse, discutez des médias utilisés, du public cible et des
avantages de la destination mis en valeur.
Pour action
1. Choisissez un événement (festival, concert, compétition sportive ou autre) qui attire
les touristes dans votre région. Examinez comment est assurée la promotion de
l’événement et les avantages qu’il apporte à votre région. Selon vous, cette promotion
est-elle efficace ? Si oui, pourquoi ? Sinon, comment pourrait-elle être améliorée ?
2. Trouvez deux sites Internet de marketing touristique (organismes nationaux, régio-
naux ou offices du tourisme). Évaluez l’efficacité de la promotion de la destination
faite par ces sites. Expliquez votre réponse.
Chapitre 2
Le marketing du tourisme et de l’accueil :
les principes
Objectifs 1. Le marketing
1 . Comprendre les relations entre 1.1. Le marketing aujourd’hui
le secteur de l’hôtellerie et celui
du tourisme .
En Chine, 1,3 milliard de personnes effectuent
plus de 2,1 milliards de voyages à travers le
2 . Définir la notion de marketing pays chaque année, dépensant 237 milliards
et présenter les étapes de la
de dollars. La croissance rapide du tourisme
démarche marketing .
intérieur chinois, conjuguée aux plus de
3 . Expliquer les relations entre la 135 millions de touristes entrants, a conduit à
valeur client et la satisfaction une rapide croissance des hôtels, des resorts (ou
client .
complexes hôteliers), des installations aéropor-
4 . Comprendre pourquoi le marke- tuaires et d’autres installations de soutien au
ting est orienté vers le client . tourisme1.
5 . Comprendre le concept de la
valeur à vie d’un client et le relier Cette croissance remarquable peut égale-
à la fidélisation . ment être constatée à Dubaï où un projet de
tourisme, des plus gigantesques, a été imaginé :
Dubaïland. Il s’agit d’un complexe touristique
de 70 milliards de dollars, couvrant presque
280 km², qui comprendra des parcs théma-
tiques, des complexes hôteliers, des boutiques,
des installations sportives et des lieux cultu-
rels. Certaines parties du projet sont terminées
et attirent déjà des visiteurs. Lorsque l’en-
semble du projet sera achevé (sans doute vers
2019), il devrait attirer 15 millions de visiteurs
par an. À l’international, Dubaï est reconnu en
tant qu’État pétrolier, or aujourd’hui 30 % de
son produit intérieur brut (PIB) provient du
tourisme et des voyages2.
L’industrie du monde du voyage est vivante,
excitante et stimulante. Les entreprises de
Si les marketeurs font un bon travail pour ce qui est de repérer les besoins des consomma-
teurs, développer un bon produit, fixer le bon prix, assurer sa distribution et utiliser une
communication efficace, les produits seront attrayants et les clients satisfaits. Comme
l’explique Peter Drucker, l’un des plus grands théoriciens du management : « Le but du
marketing est de rendre la vente superflue. L’objectif est de connaître et de comprendre
le client à un point tel que le produit ou le service lui convienne parfaitement et se vende
de lui-même. Dans l’idéal, le client souhaite acheter le produit parce qu’il a été conçu
afin de répondre à ses attentes. Tout ce dont on a alors besoin est de rendre le produit ou
le service disponible4. »
Cela ne signifie pas que la vente et la communication sont sans importance, mais plutôt
qu’elles font partie d’un grand marketing mix, un ensemble d’outils marketing qui
travaillent ensemble pour produire des clients satisfaits. La vente et la communication
seront efficaces si sont d’abord définis les cibles et les besoins client, et qu’ensuite est
préparé un ensemble, facilement accessible et disponible, qui apporte de la valeur.
4. Peter F. Drucker, Management: Tasks, Responsibility, Practices, New York, Harper & Row, 1973, p. 64-65.
5. Étude KPMG, « L’industrie hôtelière française », 37e éd., septembre 2014.
6. Direction générale des entreprises, Chiffres clés du tourisme, édition 2014.
44 Marketing du tourisme et de l’accueil
Définition du marketing
Le marketing a pour objectif de satisfaire les besoins des clients. Si le « marketeur »
comprend les besoins des clients, développe des produits qui offrent une valeur supé-
rieure à la concurrence aux yeux de ses clients, propose des prix acceptables, une
distribution et une communication efficaces, ses produits se vendront plus facilement.
Ainsi le marketing peut être défini comme le processus par lequel les entreprises créent
de la valeur pour les clients et la société, ce qui aboutit à de solides relations clients
captant en retour la valeur apportée par les clients.
7. Xerfi, « La restauration. Prévisions 2015 », coll. Xerfi Prévisions, n° 20/40, octobre 2014.
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 45
Au Ritz-Carlton Resort, chaque soir, les managers proposent à leurs clients des espaces
de détente sur la plage, avec des chaises longues, un violoncelliste qui joue une douce
musique et du champagne. Cette expérience crée de la valeur pour le client, mais égale-
ment un souvenir agréable de son séjour. D’autres hôtels proposent des expériences
mémorables telles que des baignades avec des dauphins ou des descentes en rafting.
L’offre commerciale comprend beaucoup plus que les biens ou services. Le consomma-
teur choisit, parmi une sélection de produits, des expériences uniques.
Créer de la valeur pour les clients et établir des relations avec les clients
Les désirs
Le deuxième principe de base du marketing est celui des désirs humains. Les désirs sont
l’expression des besoins humains façonnés par la culture et la personnalité des individus.
Les désirs correspondent à la manière dont ces derniers communiquent leurs besoins.
Une personne qui a faim en Papouasie-Nouvelle-Guinée a besoin de nourriture mais
désire du taro, du riz, des patates douces et du porc. Une personne qui a faim aux États-
Unis a aussi besoin de manger mais souhaite un hamburger, des frites et un Coca. Les
désirs sont décrits sous forme d’objets qui vont satisfaire les besoins. Comme la société
évolue, les désirs de ses membres se développent. Ainsi une population exposée de plus
en plus régulièrement à un objet va développer un intérêt et un désir plus grand envers
celui-ci.
En France, la restauration hors foyer représentait un marché de 63,4 milliards d’euros
en 20138. Si la restauration traditionnelle reste le segment le plus important en nombre
d’établissements (plus de 99 000 en 2014), la restauration rapide est en croissance, béné-
ficiant des changements de comportements des consommateurs, pressés par le temps, la
montée du nomadisme alimentaire et le snacking. La vente à emporter représente près de
la moitié des ventes de la restauration rapide9. Ce changement des habitudes alimentaires
a conduit des restaurants à modifier leur système de livraison, voire le mode de prépa-
ration des repas. Ainsi les marketeurs de l’industrie de la restauration doivent prendre
en compte les changements d’habitudes des consommateurs afin de leur proposer une
réponse adaptée.
Les demandes
Les gens ont des désirs presque illimités, mais peu de ressources. Ils choisissent les
produits qui offrent le plus de satisfaction en fonction des ressources dont ils disposent.
Lorsque leur pouvoir d’achat est suffisant, leurs désirs se transforment en demandes.
Les services marketing se donnent beaucoup de mal pour identifier et comprendre les
besoins, les désirs et les demandes du client. Les entreprises attendent de tous leurs
employés, y compris la direction générale, qu’ils restent proches de leurs clients. Chez
Southwest Airlines, tous les cadres supérieurs enregistrent les bagages et les passagers,
et servent comme agents de bord une fois par trimestre. Ainsi, en allant sur le terrain, ils
restent proches de leurs clients et sont mieux à même d’accéder à leurs demandes. Tous
les managers de Disney World passent une semaine par an sur le terrain pour distribuer
les billets, vendre du pop-corn, aider à monter ou descendre des manèges.
Comprendre dans le détail les besoins, désirs et demandes des clients fournit d’impor-
tantes informations pour concevoir les stratégies marketing.
Sur une échelle de 7 points, allant de 1 (très satisfait) à 7 (très insatisfait), la plupart des
managers sont contents d’obtenir un 2. La figure 2.2 met en évidence les résultats d’une
enquête de satisfaction client au Boston Hotel10. Il faut d’abord noter l’important écart
entre un client qui évalue un hôtel à 1 et un autre qui l’évalue à 2. Si la dernière fois que
vous êtes allé au restaurant vous étiez simplement satisfait (note 2), la probabilité que
vous y retourniez sera faible. En revanche, si en sortant du restaurant vous étiez enthou-
siasmé (note 1), votre probabilité d’y revenir sera forte et vous en parlerez autour de vous.
Figure 2.2 – Lien entre satisfaction et recommandation (résultats d’une enquête de satisfaction
lcient au Boston Hotel)
70 65
63
60
50
Pourcentage
40
Recommandé
30 sans hésiter
30 25 Reviendra
20 sans hésiter
8 10
10
0
1 2 3
1 – Très satisfait ; 4 : ni satisfait/ni insatisfait ; 7 Très insatisfait
Même si 3 est encore un score « positif » sur l’échelle ci-dessus
en 7 points, peu de clients attribuant cette note reviendront .
10. J.T. Bowen et S.-L. Chen, “The Relationship Between Customer Loyalty and Customer Feedback”, Modern
Maturity, vol. 40, n° 4, juillet-août 1997, p. 12.
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 49
Les marchés
Le concept de transaction conduit à la notion de marché. Un marché est composé de
l’ensemble des acheteurs actuels et potentiels d’un produit. Ces acheteurs partagent un
besoin ou un désir particulier, susceptible d’être satisfait par des relations d’échange.
Le marketing consiste à gérer des marchés de manière à créer des relations rentables
avec les clients. Cependant, créer ces relations demande du travail. Les vendeurs
doivent rechercher des clients, identifier leurs besoins, concevoir des offres commer-
ciales adéquates, fixer les prix, promouvoir les offres et les livrer. Le développement de
produits, la recherche, la communication, la distribution, la tarification et le service sont
des activités fondamentales du marketing.
2. L’orientation client
L’objectif d’une entreprise est de créer et de conserver des clients satisfaits de façon à
générer des profits pour l’organisation. Les clients sont attirés puis fidélisés lorsque leurs
besoins sont satisfaits. Ils ne reviennent pas seulement dans le même hôtel, ils parlent
aussi à leur entourage de manière positive de leurs expériences avec cette structure.
Dénigrer la satisfaction client peut conduire une entreprise à sa perte : les clients ne
reviendront pas et le bouche à oreille négatif ne favorisera pas l’arrivée de nouveaux
clients. Les managers qui réussissent ont compris que les profits sont le résultat d’une
affaire qui fonctionne bien plutôt que son seul objectif.
Les managers qui essayent en permanence de maximiser les profits à court terme
maltraitent à la fois la clientèle et l’entreprise.
Une approche de management alternative consiste à placer le client en premier et à
récompenser les employés qui assurent un bon service. Le vice-président des ventes et
du marketing de Marriott affirme ainsi : « Nous récompensions jadis les managers de
restaurants pour des choses qui étaient importantes pour nous, comme la réduction des
coûts de nourriture. Quand avez-vous entendu un client s’interroger sur le coût de la
nourriture pour le restaurant ? Vous devez récompenser pour les choses que les clients
veulent de la part de votre entreprise11. »
Il est judicieux d’évaluer la valeur à long terme du client et de mettre en place des actions
appropriées pour assurer sa fidélité. Deux études apportent des éléments en faveur de
cette proposition. La Forum Company a d’abord établi que le coût de rétention d’un
client fidèle représente 20 % du coût d’attraction d’un nouveau12. Une autre étude indique
qu’augmenter de 5 % le taux de fidélité engendre une augmentation de profits de 25 à
125 %13. En conséquence, si un hôtel augmente son taux de clients fidèles de 35 à 40 %,
il pourrait réaliser, a minima, 25 % de profits supplémentaires14.
11. C. Grönroos, Service Management and Marketing, Lexington, Lexington Books, 1990.
12. P. Sellers, “Getting Customers to Love You”, Fortune, 13 mars 1989, p. 38-49.
13. F. Reichheld, The Loyalty Effect, Boston, Harvard Business School Press, 1996.
14. J.L. Heskett, Jr., W.E. Sasser et W.L. Hart, Service Breakthroughs, New York, Free Press, 1990.
50 Marketing du tourisme et de l’accueil
Sans les clients, les actifs n’ont que très peu de valeur. Sans client, un nouveau restaurant
fermera quelle que soit sa valeur. Le client joue donc un rôle central et doit orienter la
stratégie marketing de l’entreprise.
L’optique production
L’optique production est l’une des orientations les plus anciennes susceptibles de guider
les entreprises. Elle repose sur l’idée que les consommateurs vont favoriser les produits
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 51
qui sont disponibles et bon marché ; le management doit alors se concentrer sur la
production et l’efficience de la production. Le risque, avec le concept de production, est
que les managers soient tellement concentrés sur les systèmes de production qu’ils en
oublient le client.
Un hôtel disposait d’une chambre avec une magnifique vue sur un lac à proximité.
La salle à manger offrait un balcon extérieur pour que le client puisse jouir de la
beauté des alentours. Profiter du petit-déjeuner à l’extérieur était une des meilleures
façons de commencer une journée d’été. Pour le client, ce balcon représentait un
grand bénéfice. Pour l’hôtel, c’était une nuisance. Le balcon était au bout de la salle
à manger et, par conséquent, l’endroit le plus éloigné de la cuisine. Il n’y avait pas de
point de service à proximité du balcon ; ainsi les denrées et boissons devaient venir
depuis la salle à manger. Il n’y avait qu’une entrée sur le balcon, ce qui en rendait
l’accès difficile. Dès lors, servir les clients à l’extérieur n’était pas efficient.
L’hôtel décourageait les clients de manger sur le balcon en ne préparant pas les tables.
Si un client en faisait quand même la demande, le personnel de service affichait une
mine désolée. Le client devait ensuite attendre un quart d’heure pour que la table soit
préparée. C’était la manière choisie par l’hôtel pour rappeler au client que personne
ne devrait manger dehors. Toutefois, l’hôtel aurait dû considérer le balcon comme
un avantage concurrentiel.
Même dans une optique production, les managers ne doivent pas oublier que, dans un
environnement concurrentiel, il faut se différencier par la qualité des produits et des
services. Ils devront rechercher à organiser l’efficience de la production sans négliger la
qualité des produits et services.
L’optique produit
L’optique produit part du principe que les consommateurs vont privilégier les produits
qui offrent la meilleure qualité, les meilleures performances et les caractéristiques les
plus innovantes. La stratégie marketing se concentre alors sur l’amélioration continue
des produits.
La qualité et l’amélioration des produits sont des éléments importants de la plupart des
stratégies. Toutefois, en mettant l’accent uniquement sur les produits, cela peut conduire
l’entreprise à de la « myopie marketing » et à ne pas percevoir les évolutions des désirs
des consommateurs. Ces derniers peuvent se tourner vers d’autres produits répondant
mieux à leurs besoins et préférer, par exemple, des chambres d’hôtes aux hôtels.
L’optique vente
Dans l’optique vente, les consommateurs n’achèteront les produits que si l’entreprise a
engagé des efforts suffisants de vente et de communication.
L’objectif de l’optique vente est de vendre autant que possible, sans se soucier de la satis-
faction post-achat ou de la contribution de la vente en termes de revenu.
L’objectif n’est pas d’établir une relation sur le long terme avec le consommateur mais de
vendre ce que l’on a produit.
52 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les restaurants font souvent de la publicité lorsque les ventes commencent à décliner,
sans tout d’abord analyser les raisons de cette baisse. Ils n’essaient pas de modifier leur
produit pour répondre aux changements du marché. Ils insistent sur la vente, poussent
les produits vers les clients en utilisant la publicité et la promotion des ventes. Finale-
ment, ils n’ont plus de clients car leur produit ne satisfait plus les besoins du marché.
L’optique vente est présente au sein des industries de l’accueil. Un des facteurs qui la
représente le mieux est la surcapacité (produire ou offrir plus que ce que le marché peut
absorber). Pour faire face à ce problème, le mot d’ordre des managers est de vendre
toujours plus… au risque de créer de l’insatisfaction, en pratiquant par exemple le
surbooking.
Pourquoi les grands secteurs comme les hôtels, les resorts, les compagnies aériennes et de
croisière, et même les restaurants, sont-ils continuellement confrontés à la surcapacité ?
Les raisons sont multiples :
• La fierté d’être le plus grand.
• Une fausse croyance selon laquelle l’augmentation de la taille entraînera des écono-
mies d’échelle.
• La fiscalité qui, dans certains pays, encourage les promoteurs immobiliers à déve-
lopper de grands immeubles pour profiter de réductions d’impôts.
• Des incitations économiques de la part des gouvernements pour favoriser la construc-
tion d’infrastructures hôtelières ou touristiques plus grandes, afin de créer de la
croissance économique.
• Les nouvelles technologies, comme les nouveaux avions proposés par les construc-
teurs aéronautiques offrant une meilleure productivité grâce un nombre de places
plus important, bien que les capacités actuelles soient suffisantes.
• L’incapacité de rendre compatibles la gestion pour le profit (revenue management)
et la gestion des ventes/marketing (optique de fidélisation et de service/valeur créée
pour le client).
• Des prévisions et une planification mal menées ou inexistantes de la part des proprié-
taires ou des consultants des établissements financiers ou des gouvernements.
L’optique marketing
L’optique marketing est la plus récente. Elle considère que la réussite des objectifs dépend
de la connaissance des demandes et de la capacité à y répondre de manière plus efficace
que les concurrents.
Le concept de marketing débute avec un marché correctement défini, se concentre sur
les besoins du client et intègre toutes les activités marketing qui affectent les clients. Il
répond aux objectifs de l’organisation en créant des relations clients à long terme fondées
sur la valeur pour le client et sa satisfaction. Comme l’indique Herb Kelleher, ancien
PDG de la Southwest Airlines, « nous n’avons pas de service marketing. Nous avons un
service client » (voir tableau 2.2).
L’optique marketing repose donc sur l’idée suivante : plutôt que de vendre ce que l’on a
produit, produisons ce que l’on peut vendre. La connaissance approfondie des clients est
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 53
ici primordiale pour s’assurer que les nouvelles idées et/ou les améliorations de produits
ou de services seront acceptées par le marché cible.
Participation et collaboration
Le développement des médias sociaux a permis aux clients de participer et de coopérer
les uns avec les autres ainsi qu’avec les entreprises. La compagnie aérienne JetBlue a
célébré son dixième anniversaire en se déplaçant sur la côte est des États-Unis et en
offrant gratuitement des centaines de billets aller-retour. Pour obtenir un billet, il fallait
se rendre à un endroit précis avec une attention particulière pour JetBlue. Le client, par
exemple, pouvait se présenter sur le lieu convenu habillé d’un vêtement bleu. Les points
de rendez-vous étaient tweetés aux followers du hashtag « JB10 » avec une abréviation
de la ville – par exemple, pour New York, #JB10NY. JetBlue a réussi à mobiliser des
milliers de fans par l’intermédiaire de cette opération16. Les clients fidèles de JetBlue ont
largement suivi sur les médias sociaux cette campagne de promotion, jugeant ce moyen
interactif amusant pour célébrer le dixième anniversaire de la marque.
Mais les médias sociaux ne sont pas toujours des sources de retours positifs. Un client
d’United Airlines a ainsi déposé sur YouTube une chanson intitulée United Breaks
Guitars, évoquant sa guitare cassée par les manutentionnaires de la compagnie aérienne
United Airlines, et alors que cette dernière ne semblait pas préoccupée par cet incident17.
En deux semaines, cette vidéo a été visionnée plus de 10 millions de fois. Personne ne
saura jamais combien United a perdu à cause d’un bagagiste qui n’a pas respecté le bien
d’un passager. Aujourd’hui, les clients ont la capacité de rendre publique leur opinion.
Cela oblige les marketeurs à être de plus en plus vigilants, à traiter les clients avec respect
et à résoudre leurs problèmes.
La mondialisation
Aujourd’hui, il est possible de faire la moitié d’un tour du monde avec un budget d’environ
1 000 dollars. Les voyages internationaux sont abordables pour une classe moyenne de
plus en plus importante. L’une des meilleures expériences que peuvent faire les étudiants
en tourisme est de passer un semestre à l’étranger, dans un pays dont ils ne connaissent
ni la langue ni la culture, afin de les découvrir. Dans cet environnement, ils commettront
des erreurs embarrassantes à cause du manque de compréhension de la culture locale.
Ils demanderont de l’aide aux habitants pour comprendre les menus, les directions et les
autres formes de communication écrites ou orales dans la langue du pays. Vivre cette
expérience permet de considérer ses clients étrangers avec plus de respect et d’empathie.
Le paradoxe des voyages amène les touristes à séjourner parfois dans des hôtels de luxe, à
manger dans des restaurants fréquentés par des habitants « fortunés », et aussi à traverser
en taxi, à quelques pas de là, des zones de grande pauvreté. Après avoir vu de leurs
propres yeux ces situations, de nombreux clients sont davantage susceptibles de choisir
des entreprises qui ont créé et/ou sont impliquées dans des projets de soutien social,
économique, ou dans des questions environnementales et sociétales.
L’entreprise créative
Tout au long de cet ouvrage, nous discuterons des mesures que les entreprises peuvent
prendre pour suivre les principes du marketing 3.0. Par exemple, les fast-foods utili-
seront plus d’emballages écologiques et produiront des aliments dotés de meilleures
qualités nutritionnelles. La National Restaurant Association, avec l’aide de Ted Turner
17. www.youtube.com/watch?v=5YGc4zOqozo
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 55
(fondateur de CNN), est en train d’élaborer une action visant à réduire les déchets et
l’empreinte carbone des restaurants18. Les restaurants sont les plus grands utilisateurs
d’énergie au monde parmi les détaillants et près de 80 % de l’énergie qu’un restaurant
utilise est perdue à cause de l’inefficacité du matériel de cuisson, de conservation et de
stockage, produisant l’équivalent de 490 tonnes de dioxyde de carbone par an19.
Les entreprises qui peuvent réduire ces nuisances environnementales contribueront au
bien-être de la planète et seront mieux appréciées par les clients. Il ne s’agit pas ici d’ac-
tions de relations publiques, mais de bâtir des sociétés commerciales sur des valeurs.
18. www.carbonfootprint.com
19. B. Horovitz, “Can Restaurants Go Green, Earn Green?”, USA Today, 15 mai 2008, www.usatoday.com/money/
industries/environment/2008-05-15-green-restaurants-eco-friendly_N.htm
20. L.L. Berry et A. Parasuraman, Marketing Services: Competing Through Quality, New York, Free Press, 1991,
p. 136-142.
56 Marketing du tourisme et de l’accueil
servis par du personnel qui leur est assigné21. Les managers des organisations de l’accueil
et du tourisme doivent s’assurer que leurs clients les plus importants ont des liens sociaux
avec tous les corps de métiers au sein de l’organisation.
Les clients qui présentent un niveau élevé de rentabilité mais une faible fréquence
peuvent potentiellement devenir des clients réguliers. Pour certains clients à haut niveau
de rentabilité et à niveau de fréquence élevé, il est possible de les inciter à acheter en
leur montrant les avantages qu’offrent des achats additionnels. Par exemple, les hôtels
peuvent montrer aux voyageurs d’affaires les bénéfices associés au fait de prendre une
chambre disposant d’un salon pour travailler. Les clients qui sont sur de faibles niveaux
de rentabilité et de fréquence sont souvent à la recherche de la meilleure affaire. Ils
viennent lorsqu’il y a une promotion et évitent à tout prix de payer plein tarif. Il est très
difficile de construire une relation avec ces clients sensibles au prix.
La connaissance des clients permet de sélectionner ceux avec lesquels on souhaite déve-
lopper une relation et ceux avec lesquels on renforcera les relations sur le long terme.
21. J.H. Donnelly, Jr., L.L. Berry et T.W. Thompson, Marketing Financial Services: A Strategic Vision, Homewood,
Dow Jones/Irwin, 1985, p. 113.
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 57
gestion des données clients. Selon cette définition, elle visait à traiter les informations
relatives à chaque individu et à gérer les « occasions de rencontre » (ou points de contact)
permettant de renforcer sa fidélité à l’égard de l’entreprise.
Un point de contact client est n’importe quelle occasion durant laquelle un client
rencontre la marque et le produit – que ce soit une expérience réelle, via des commu-
nications de masse ou par de l’observation quotidienne. Parfois, les points de contact
sont là où on les attend le moins, comme dans la facturation client. Les chefs de projets
événementiels veulent une facturation rapide et précise. Vérifier avec le client la facture
d’une réunion de plusieurs jours peut contribuer à construire la confiance et une relation
solide.
La GRC permet aux entreprises de fournir un excellent service client en temps réel par
l’usage efficace d’informations individualisées. À partir de ce qu’elles savent de chaque
client, les entreprises peuvent personnaliser leurs offres de marché, leurs services,
programmes, messages et installations. La GRC est cruciale car l’un des leviers les plus
importants de la rentabilité de l’entreprise réside dans la valeur agrégée de sa base de
clients.
Plus récemment, toutefois, la GRC a pris une signification plus large. Elle désigne à
présent le processus global consistant à bâtir et à entretenir des relations rentables avec
les clients, en leur apportant une valeur et une satisfaction supérieures à celles de la
concurrence. Elle regroupe toutes les activités visant à conquérir, à fidéliser et à déve-
lopper la clientèle.22
22. L. Columbus, “Lessons Learned in Las Vegas: Loyalty Programs Pay”, CRM Buyer, 29 juillet 2005 ; M. Leon,
“Catering to True-Blue Customers”, Computerworld, 11 août 2003, p. 37 ; J.R. Brandt, “Dare to Be Different”,
Chief Executive, mai 2003, p. 34-38 ; J. Ashbrook Nickell, “Welcome to Harrah’s”, Business 2.0, avril 2002,
p. 49-54 ; D. Jones, “Client Data Means Little Without Good Analysis”, USA Today, 24 décembre 2001.
58 Marketing du tourisme et de l’accueil
23. E.A. Sullivan, “We Were Right!”, Marketing News, 15 décembre 2008, p. 17.
24. J. Rubenstein, “Marketers, Researchers, and Your Ears”, Brandweek, 15 février 2010, p. 34.
25. G. O’Malley, “Entries Pour in for Heinz Ketchup Commercial Contest”, 13 août 2007, www.mediapost.com/
publications/article/65597/entries-pour-in-for-heinz-ketchup-commercial-conte.html?edition=
60 Marketing du tourisme et de l’accueil
26. P. Kotler et K.L. Keller, Marketing Management, 14e éd., Upper Saddle River, Prentice Hall, 2012, p. 17.
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 61
York, dit perdre 50 000 dollars à chaque fois qu’un client est mécontent. Pourquoi ?
Parce qu’un client moyen dépense environ 100 dollars par semaine, fait ses courses
50 semaines par an et reste dans le secteur pendant environ 10 ans. Si ce client a une
expérience malheureuse et bascule vers un autre supermarché, Stew Leonard perd
donc 50 000 dollars de revenu. La perte peut être beaucoup plus importante si les
clients déçus partagent leur mauvaise expérience avec d’autres clients et provoquent
leur départ également. Pour faire revenir les clients, Stew Leonard a créé ce que le
New York Times a surnommé le « Disneyland des magasins quotidiens » : dans ses
magasins, on rencontre des personnages costumés, on trouve des divertissements,
un zoo pour enfants et des créatures animées. Depuis ses humbles débuts à la tête
d’un seul petit magasin en 1969, Stew Leonard s’est développé à un rythme stupé-
fiant. Il a réalisé 29 agrandissements successifs, qui permettent au magasin de servir
plus de 300 000 clients par semaine. Cette légion de clients fidèles est en grande
partie le résultat de l’approche passionnée du service client du magasin : « Règle n° 1 :
le client a toujours raison. Règle n° 2 : si un jour le client a tort, relire la règle n° 127. »
Stew Leonard n’est pas le seul à évaluer la valeur à vie du client. Par exemple, Lexus
estime qu’un seul client satisfait et fidèle vaut plus de 600 000 dollars au cours de
sa vie de ventes. Les hôtels Ritz-Carlton considèrent que la valeur à vie d’un client
atteint 120 000 dollars. Domino’s Pizza l’estime à plus de 10 000 dollars.
27
27. “Stew Leonard’s”, Hoover’s Company Records, 15 juillet 2010, p. 104-226 ; www.stewleonards.com/about-us
62 Marketing du tourisme et de l’accueil
28. Voir R.T. Rust, V.A. Zeithaml et K.A. Lemon, Driving Customer Equity, New York, Free Press, 2000 ; id.,
“Return on Marketing: Using Customer Equity to Focus Marketing Strategy”, Journal of Marketing,
janvier 2004, p. 109-127 ; D.M. Hanssens, D. Thorpe et C. Finkbeiner, “Marketing When Customer Equity
Matters”, Harvard Business Review, mai 2008, p. 117-124 ; T. Wiesel, B. Skieram et J. Villanueva, “Customer
Equity: An Integral Part of Financial Reporting”, Journal of Marketing, 8 mars 2008, p. 1-14 ; V. Kumar et
D. Shaw, “Expanding the Role of Marketing: From Customer Equity to Market Capitalization”, Journal of
Marketing, novembre 2009, p. 119.
29. W. Reinartz et V. Kumar, “The Mismanagement of Customer Loyalty”, Harvard Business Review, juillet 2002,
p. 86-94. Voir aussi S.F. Slater, I.I. Mohr et S. Sengupta, “Know Your Customer”, Marketing Management,
février 2009, p. 37-44.
Chapitre 2 – Le marketing du tourisme et de l’accueil : les principes 63
Il vaut mieux pour l’entreprise profiter tant qu’il est temps de leur présence, les attirer
au moyen d’opérations promotionnelles, réaliser avec eux des transactions rentables et
satisfaisantes, et attendre ensuite la prochaine occasion.
Les « vrais amis » sont à la fois rentables et fidèles. L’entreprise leur présente une offre qui
correspond parfaitement à leurs besoins. Elle tâchera par conséquent d’investir durable-
ment dans cette relation, et de satisfaire, cultiver, conserver et développer cette clientèle.
Elle transformera ainsi ces clients en véritables ambassadeurs, qui non seulement lui
achèteront ses produits mais les recommanderont à leur entourage.
Les « boulets » sont extrêmement fidèles mais peu rentables. L’adéquation entre leurs
besoins et l’offre de l’entreprise demeure limitée. Ce sont probablement les clients les
plus problématiques. S’il s’avère impossible d’améliorer leur rentabilité – en leur faisant
acheter davantage de produits, en augmentant les tarifs ou en réduisant le niveau de
service –, il faudra se résoudre à les décourager.
La notion explorée ici se révèle absolument fondamentale, à savoir que chaque groupe de
clients réclame une stratégie relationnelle différente. Le but est essentiellement de nouer
les bonnes relations avec les bons clients.
Synthèse
• L’arrivée de géants sur le marché de l’accueil, avec leurs compétences marketing, a fait
augmenter l’importance du marketing au sein de l’industrie. De plus, les analystes
prévoient une consolidation de l’industrie hôtelière avec cinq ou six chaînes qui domi-
neront le monde. Ce regroupement permettra de créer un marché très concurrentiel
où les entreprises qui survivront seront celles qui sauront comprendre leurs clients et
s’appuyer sur l’expertise de leur directeur marketing.
• Le succès du marketing de l’accueil dépend de l’ensemble de l’industrie du tourisme.
Les agences gouvernementales ou parapubliques jouent un rôle important dans le
marketing de l’industrie touristique par le biais de la législation visant à renforcer
l’industrie et par la promotion des localités et régions. Peu d’industries sont aussi
interdépendantes que les industries de l’accueil et du tourisme.
• Le processus marketing suit un modèle à cinq étapes. Dans les quatre premières, les
entreprises travaillent pour comprendre les consommateurs, créer de la valeur client
et établir des relations solides avec les clients. Dans la dernière étape, les entreprises
capturent à leur tour la valeur de la part des clients sous forme de ventes, profits et
capital client à long terme.
• L’objectif d’une entreprise est de créer et de conserver des clients rentables. La satisfac-
tion client menant au profit est l’objectif central du marketing de l’accueil.
• Pour concevoir une stratégie marketing gagnante, le responsable marketing doit
sélectionner des clients à servir et élaborer une proposition de valeur supérieure pour
eux. Cinq orientations permettent de concevoir et mettre en œuvre une stratégie
marketing : l’optique production, l’optique produit, l’optique vente, l’optique marke-
ting et l’optique marketing 3.0.
• La gestion de la relation client (GRC ou CRM) implique la gestion de l’information
détaillée au sujet des clients individuels et le management méticuleux des « points de
contact » afin d’optimiser la fidélisation du client.
• L’entreprise tente de tirer profit de la valeur de ses clients sous la forme de ventes
actuelles et futures, de part de marché et de profits. En fournissant une valeur supé-
rieure pour le client, l’entreprise crée des clients très satisfaits qui lui sont fidèles et
achètent plus.
• Le marketeur élabore ensuite un plan marketing intégré qui apportera réellement la
valeur prévue aux clients ciblés. Le plan marketing s’appuie sur les relations clients
en transformant la stratégie marketing en actions. Il se compose du marketing mix,
l’ensemble des outils marketing que l’entreprise utilise pour mettre en œuvre sa stra-
tégie marketing. Les principaux outils du marketing mix sont classés en quatre grands
groupes (les 4P) : produit (product), prix (price), distribution (place) et communi-
cation (promotion).
Activités
Questions de réflexion
1. Expliquez les raisons pour lesquelles vous devriez étudier le marketing.
2. Le marketing peut être défini de plusieurs manières. Décrivez le marketing, avec vos
propres mots, à quelqu’un qui n’a pas lu ce chapitre.
3. D’après les figures 2.1 et 2.2, pourquoi les clients qui attribuent à un hôtel une note
de 2 sur 7 (un score relativement élevé) n’y reviendront certainement pas ?
4. Qu’est-ce que le capital client ? Comment une entreprise peut-elle augmenter son
capital client ?
Application
1. Un client de votre hôtel se plaint que, durant la nuit, la climatisation de sa chambre
n’a pas fonctionné et qu’ainsi il a passé une très mauvaise nuit et n’a presque pas
dormi. Que feriez-vous dans ce cas ?
2. Donnez plusieurs exemples d’entreprises de l’accueil socialement responsables.
Expliquez comment le fait d’être socialement responsable permet d’aider l’entreprise.
Mise en pratique
Effectuez l’une des actions suivantes :
1. Visitez deux restaurants de même catégorie, tels deux fast-foods. Observez l’état de
propreté des restaurants, les outils de communication utilisés au sein des établis-
sements, le décor, la qualité du mobilier... Commandez ensuite un plat, observez le
service et la qualité de la nourriture. Indiquez quel restaurant vous a semblé le plus
orienté vers les clients. Justifiez votre réponse.
2. Appelez la centrale de réservation de deux hôtels. Demandez des informations
sur la disponibilité des chambres, les différents types de chambre, et le prix pour
une nuit dans un mois à partir du jour de votre appel. (Remarque : ne faites pas
de réservation.) Rédigez votre expérience en décrivant le temps de mise en attente,
l’orientation client de l’information, ainsi que l’amabilité de l’employé. D’après votre
expérience, quel est l’hôtel dont le système de réservation est le plus orienté client ?
Justifiez votre réponse.
3. En seulement quelques années, le marketing généré par les clients a augmenté
de manière exponentielle, notamment avec le développement de médias tels que
YouTube ou Instagram qui proposent du contenu généré par les clients. Plus de
100 millions de sites Internet présentent un contenu généré par les utilisateurs. Vous
êtes peut-être vous-même un contributeur. Cette force n’est pas restée inaperçue
des spécialistes du marketing et ce, pour de bonnes raisons. Nielsen, le géant de la
mesure d’audience TV, a révélé que la plupart des consommateurs font confiance
aux opinions postées sur Internet. En conséquence, les marketeurs encouragent les
66 Activités
Objectifs
1 . Décrire une culture de service .
L e marketing, initialement, a été développé
pour la vente de produits physiques, tels
que le dentifrice, les voitures, l’acier et les
2 . Identifier les quatre caractéris- biens d’équipement. Mais aujourd’hui, l’une
tiques des services qui affectent des principales tendances dans de nombreuses
la commercialisation d’un pro- régions du monde est la croissance phénomé-
duit de l’accueil ou du tourisme . nale des services ou produits, avec peu ou aucun
3 . Expliquer les sept stratégies contenu physique. Dans la plupart des pays
marketing pour les entreprises développés, les services représentent la majorité
de services . du produit intérieur brut (PIB). Les économies
de services ne se limitent pas à ces pays. Ainsi,
dans les pays en voie de développement, la
majorité de la population active non agricole est
souvent employée dans les secteurs de l’hôtel-
lerie et du tourisme. Ces industries font partie
de cette expansion du secteur des services. La
croissance des industries de services a créé une
demande pour des études et des recherches qui
s’intéressent à leur fonctionnement et à leur
marketing. Nous examinons dans ce chapitre
les caractéristiques des services dans les entre-
prises des industries de l’accueil.
1. La culture de service
Certains managers envisagent leurs opérations
uniquement en termes de biens tangibles. Ainsi
les managers de la restauration rapide, pensant
qu’ils vendent uniquement des hamburgers,
proposent souvent « un personnel de service
lent et peu agréable, des établissements dont la
propreté et l’esthétique pourraient être amélio-
rées et n’ont par conséquent que quelques clients
fidèles1 ». L’une des tâches les plus importantes
des entreprises de l’accueil est de développer le côté service de l’entreprise, plus particu-
lièrement une forte culture de service.
La culture de service se concentre sur le service et la satisfaction du client. Sa mise en
place doit débuter avec le top management et se déployer jusqu’aux employés. La mission
de l’entreprise devrait contenir sa vision du service. Une organisation doit recruter des
employés qui ont une attitude orientée service client, puis travailler avec eux afin de leur
inculquer la notion de service.
Le cas du Ritz-Carlton fournit un bon exemple d’une entreprise ayant une culture de
service2. Au Ritz-Carlton, les employés sont formés à la prise en charge des demandes
des clients. Un client demandant des serviettes à la réception n’est pas simplement redi-
rigé vers le service d’entretien des chambres. La demande est prise en charge par le
réceptionniste. Ce dernier fera alors appel au service d’entretien des chambres, mais son
intervention ne se limitera pas à cela. Il vérifiera, quelques minutes plus tard, auprès des
femmes et des valets de chambre, que les serviettes ont bien été livrées. Si c’est le cas, le
réceptionniste contactera le client pour s’assurer qu’il a bien les serviettes et demandera
s’il n’y a rien d’autre qui pourrait être fait pour lui. La culture du Ritz-Carlton fait savoir
aux employés qu’on attend d’eux qu’ils délivrent un service pour le client. L’entreprise
leur fournit les outils et supports dont ils ont besoin pour délivrer un bon service. Ainsi
les managers jouent le rôle de modèles pour les employés et pour les clients.
Intangibilité Indivisibilité
Les services ne peuvent
être vus, goûtés, entendus Les services ne peuvent être
ou ressentis avant l’achat séparés de leurs fournisseurs
Services
Variabilité Perissabilité
La qualité des services dépend Les services ne peuvent être
du fournisseur, de quand, d’où stockés pour une vente ou
et de comment il les fournit une utilisation ultérieure
2.1. L’intangibilité
Contrairement aux produits physiques, les produits immatériels ne peuvent pas être vus,
goûtés, ressentis, entendus ou sentis avant d’être achetés. Les produits de l’accueil et
3. G.L. Shostack, “Breaking Free from Product Marketing”, Journal of Marketing, avril 1977, p. 73-80.
70 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le commercial peut être le premier contact du client potentiel avec l’hôtel ou le restau-
rant. Un commercial qui sait bien se comporter, qui est vêtu convenablement et qui
répond aux questions rapidement et de façon professionnelle contribue à développer une
image positive de l’établissement auprès du client. Les uniformes fournissent également
des preuves tangibles de l’expérience. Les uniformes portés par le personnel de l’hôtel
Le Bristol ainsi que du restaurant Épicure fournissent des preuves tangibles que le client
entre dans un palace et dans un restaurant 3 étoiles au guide Michelin4.
Pour une entreprise de l’accueil, tout communique quelque chose. Les emballages des
verres mis à disposition dans les chambres ont pour but de faire savoir aux clients que
ceux-ci ont été nettoyés. Le pli du papier de toilette permet au client de savoir que la salle
de bain a été nettoyée.
2.2. L’indivisibilité
Production et consommation simultanées
Les biens physiques sont produits, stockés, puis vendus et, enfin, consommés. En
revanche, les produits de l’accueil sont d’abord vendus, puis produits et consommés
simultanément. Dans la plupart des services de l’accueil, le fournisseur de services et
le client doivent être présents pour que l’échange s’effectue. L’indivisibilité signifie que
celui qui produit le service et celui qui le consomme prennent part à la prestation de
service. La nourriture d’un restaurant peut être exceptionnelle, mais si le serveur a une
mauvaise attitude ou l’air distrait durant son service, les clients ne seront pas satisfaits
de leur expérience.
4. www.lebristolparis.com
5. B.H. Booms et M.J. Bitner, “Marketing Services by Managing the Environment”, Cornell Hotel and Restaurant
Administration Quarterly, vol. 23, n° 1, 1982, p. 35-39.
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 71
Les managers doivent aussi gérer leurs clients de sorte qu’ils ne créent pas de méconten-
tement parmi les autres clients. Par exemple, un couple peut avoir choisi un restaurant
car c’est un endroit calme et romantique, mais si, parmi les autres clients présents ce
jour-là, se trouve un groupe de congressistes turbulents et bruyants, ces derniers auront
gâché l’expérience du couple.
La « formation » du client
Une autre implication de l’indivisibilité est que les clients et les employés doivent
comprendre le système de délivrance du service, car ils sont coproducteurs de ce dernier.
Dans un restaurant, les clients doivent comprendre le menu afin de bien obtenir le plat
auquel ils s’attendent, ce qui par exemple est particulièrement important dans les restau-
rants d’aéroport. Cela signifie que les organisations de l’accueil et du tourisme doivent
« former » les clients tout comme elles forment les employés.
Par exemple, le réceptionniste peut être sollicité au téléphone par un client contrarié qui
affirme que le système de films à la demande de sa chambre ne fonctionne pas. Le récep-
tionniste doit expliquer au client qu’il n’a pas de crédit parce qu’il n’a payé que pour sa
chambre. Il l’informe qu’il doit se présenter à la réception et payer pour le film afin que le
service puisse être activé. Le client s’énerve bien évidemment en apprenant cela. L’hôtel
pourrait éviter ce problème et améliorer la relation client en demandant aux clients, au
moment de leur arrivée, s’ils souhaitent bénéficier de quelque service que ce soit qui
nécessite une facturation supplémentaire, tels les films à la demande.
Les casinos savent qu’ils doivent former des clients à certains jeux de table, comme le
black-jack et le craps. Ils offrent des brochures sur les méthodes de jeux et également des
leçons gratuites. Cela permet aux clients de profiter du casino et offre l’opportunité à ce
dernier de gagner de nouveaux clients.
La coproduction du service
Enfin, il faut souvent demander aux clients de coproduire le service qu’ils consomment.
Cela signifie que les organisations doivent sélectionner, recruter et former les clients6.
Les établissements de restauration rapide forment les clients afin qu’ils se servent eux-
mêmes en boissons. Cela occupe le client en attendant son repas et réduit la nécessité
pour les employés de préparer et livrer les commandes de boissons. Les hôtels, restau-
rants, compagnies aériennes et sociétés de location de véhicules forment les clients à
utiliser l’enregistrement électronique et Internet pour obtenir des informations et faire
des réservations. Le client qui utilise ces services exécute à la fois le travail d’un agent de
service clientèle et celui d’un agent en charge des réservations. Les bénéfices fournis au
client qui devient un « employé » comprennent l’augmentation de la valeur, la personna-
lisation et un temps d’attente réduit.
Par exemple, les cafétérias Flunch demandent aux clients de se servir eux-mêmes, ce qui
permet de proposer des prix inférieurs à ceux d’un restaurant qui pratique un service
à l’assiette. La caractéristique d’inséparabilité nécessite que les managers des organisa-
tions de l’accueil managent à la fois leurs employés et leurs clients.
6. R.C. Ford et C.P. Heaton, “Managing Your Guest as a Quasi-Employee”, Cornell Hotel and Restaurant Admi-
nistration Quarterly, vol. 42, n° 2, 2001, p. 46-61.
72 Marketing du tourisme et de l’accueil
2.3. La variabilité
Les services sont extrêmement variables. Leur qualité dépend de qui les fournit, à quel
moment et où. Il y a plusieurs causes de variabilité du service.
7. D. Schanlensee, K.L. Bernhardt et N. Gust, “Keys to Successful Services Marketing: Customer Orientation,
Creed, Consistency”, in T. Bloch et al., Services Marketing in a Changing Environment, Chicago, American
Marketing Association, 1985, p. 15-18.
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 73
Assenceurs, couloirs,
Chariot pour bagages chambre Menu Nourriture
Donner les Aller à la chambre Appeler service Manger
bagages au porteur d’étage
Facture, réception,
Extérieur de Réception, inscription, Soin pour Chambre, Livraison, plateau, hall, extérieur de l’hôtel,
l’hôtel, parking papiers, hall, clé les bagages agréments, bain nourriture, apparence parking
Marketing du tourisme et de l’accueil
Recevoir Recevoir
Arrivée à l’hôtel Enregistrement les bagages Douche relaxante la nourriture Vérifier et quitter
Source : V . Zeithaml, M .J . Bitner et D .D . Gremler, Services Marketing: Integrating Customer Focus Across
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 75
2.4. La périssabilité
Les services ne peuvent pas être stockés. Un hôtel de 100 chambres qui vend uniquement
60 chambres pour une nuit ne peut pas mettre de côté les 40 chambres inutilisées et vendre
140 chambres la nuit suivante. Le manque de recettes résultant de la non-vente de ces
40 chambres est perdu à jamais. En raison de la périssabilité des services, les compagnies
aériennes, certains hôtels et désormais quelques restaurants appliquent des pénalités aux
clients qui n’honoreraient pas leur réservation. En effet, si un client n’honore pas une réserva-
tion, l’opportunité de vendre le siège d’avion, la chambre d’hôtel ou un repas peut être perdue.
Certains hôtels proposent aussi des chambres à un tarif réduit plutôt que d’avoir des
invendus. Cela peut toutefois causer des problèmes en raison de l’indivisibilité. Bien
souvent, le tarif réduit peut attirer un autre type de client qui n’est pas compatible avec
la clientèle habituelle de l’hôtel. Par exemple, un hôtel de luxe qui vend normalement ses
chambres à 300 € la nuit peut proposer des chambres à 80 € sur Expedia. Le client qui
paie 80 € la nuit peut être un client loisir, qui va faire la fête toute la nuit dans sa chambre
alors que la clientèle de l’hôtel durant la semaine est essentiellement constituée de voya-
geurs d’affaires. Ces derniers peuvent avoir une mauvaise expérience en raison des
clients bénéficiant de tarifs réduits. Les managers doivent veiller à maintenir une image
de marque tout en essayant de réduire les stocks d’invendus. Nous aborderons les tech-
niques de gestion de la demande à la fin de ce chapitre.
8. Pour information, voir la rubrique « Critères de fiabilité des avis » sur le site Tripadvisor.fr : www.tripadvisor.
fr/pages/content_integrity_policy.html
76 Marketing du tourisme et de l’accueil
la fois leur attention sur leurs employés et sur leurs clients. Elles doivent comprendre la
chaîne de valeur du service, qui relie les profits de l’entreprise de services avec l’employé
et la satisfaction de la clientèle.
Cette chaîne se compose de cinq liens :
1. La qualité de service interne : une sélection et une formation des employés supérieures,
un environnement de travail de qualité et un soutien vigoureux à ceux qui traitent avec
des clients ; ce qui a pour résultat…
2. Des employés de service satisfaits et productifs : un personnel plus satisfait, fidèle et
qui travaille dur ; ce qui a pour résultat…
3. Une plus grande valeur de service : une création de valeur client plus efficace et plus
efficiente, et une prestation de services de meilleure qualité ; ce qui a pour résultat...
4. Des clients satisfaits et fidèles : ils réitéreront leurs achats et en parleront à d’autres
clients ; ce qui a pour résultat…
5. Des services qui offrent de bons profits et une croissance saine : une performance de
service supérieure de l’entreprise.
Par conséquent, pour qu’un service atteigne ses objectifs de profits et de croissance, il
faut tout d’abord commencer par prendre soin de ceux qui prennent soin des clients9.10
Le concept de chaîne de valeur des services est bien illustré par la manière dont Bill
Marketing en action 3.1
Marriott, Jr., président des hôtels Marriott, recrute les futurs managers. Bill Marriott
indique aux candidats que la chaîne d’hôtels veut satisfaire trois groupes : les clients,
les employés et les actionnaires. Bien que tous les groupes soient importants, il
demande dans quel ordre les groupes devraient être satisfaits. La plupart des candi-
dats disent qu’il faut satisfaire le client en premier. Marriott raisonne différemment.
Premièrement, les employés doivent être satisfaits. Si les employés aiment leur travail
et éprouvent un sentiment de fierté à l’égard de l’hôtel, ils serviront mieux les clients.
Les clients satisfaits reviennent fréquemment dans les hôtels Marriott. En outre,
traiter avec des clients satisfaits rendra les employés encore plus satisfaits, ce qui
aboutira à un meilleur service et une plus grande fidélisation des clients. Tout cela
générera un niveau de profit qui satisfera les actionnaires de Marriott10.
9. Voir J.L. Heskett, W.E. Sasser, Jr. et L.A. Schlesinger, The Service Profit Chain: How Leading Companies Link
Profit and Growth to Loyalty, Satisfaction, and Value, New York, Free Press, 1997 ; id., The Value Profit Chain:
Treat Employees Like Customers and Customers Like Employees, New York, Free Press, 2003 ; C. Homburg,
J. Wieseke et W.D. Hoyer, “Social Identity and the Service-Profit Chain”, Journal of Marketing, mars 2009,
p. 38-54 ; R.W.Y. Yee et al., “The Service-Profit Chain: A Review and Extension”, Total Quality Management
& Business Excellence, 2009, p. 617-632.
10. J.L. Heskett, W.E. Sasser, Jr. et L.A. Schlesinger, The Service Profit Chain, op. cit.
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 77
Figure 3.3 – Les trois types de marketing dans les industries de services
Entreprise
Marketing Marketing
interne externe
Le marketing interne
Une entreprise de services doit former et motiver efficacement ses employés en contact
avec le client et tous les services de soutien pour qu’ils travaillent en équipe et créent la
satisfaction du client. Pour que l’entreprise fournisse en permanence une grande qualité
de service, tout le monde doit pratiquer l’orientation client. Il ne suffit pas d’avoir un
service marketing avec un marketing traditionnel si le reste de la société suit sa propre
voie.
Tout le monde dans l’organisation doit aussi pratiquer le marketing. En fait, le marke-
ting interne doit précéder le marketing externe. L’échec dans la pratique du marketing
interne peut être coûteux. Une étude de trente-trois hôtels a montré que le coût moyen
du turnover avoisine les 10 000 € par employé, pour ceux qui réalisent des tâches
complexes11. Le marketing interne fera l’objet du chapitre 10.
Le marketing interactif
La qualité de service perçue dépend fortement de la qualité de l’interaction acheteur-
vendeur durant la rencontre de service. Dans le cas du marketing des produits, la qualité
du produit dépend souvent peu de la manière dont le produit est obtenu. Mais dans le cas
du marketing des services, la qualité du service dépend à la fois du fournisseur du service
et de la qualité de la délivrance du service. Le client ne juge pas seulement la qualité de
service à partir de la qualité technique (ex. : la qualité de la nourriture), mais aussi à
partir de sa qualité fonctionnelle (ex. : le service fourni dans le restaurant). Les employés
de service doivent maîtriser les compétences et fonctions du marketing interactif12.
Aujourd’hui, alors que la concurrence et les coûts augmentent et que la productivité et
la qualité diminuent, une sophistication du marketing est nécessaire. Les entreprises de
11. T.J. Bruce et T.R. Hinkin, “The Costs of Employee Turnover: Where the Devil Is the Details?”, Cornell Hospi-
tality Report, vol. 6, n° 15, 2006, p. 9.
12. Pour d’autres développements sur le marketing interne et interactif, voir C. Grönroos, “A Service Quality
Model and Its Marketing Implications”, European Journal of Marketing, vol. 18, n° 4, 1984, p. 36-44 ;
L. Barry, E.F. Lefkowith et T. Clark, “In Services, What’s in a Name?”, Harvard Business Review, septembre-
octobre 1988, p. 28-30.
78 Marketing du tourisme et de l’accueil
La mesure de la qualité
Un certain nombre de critères objectifs permettent d’évaluer un produit tangible telle
une automobile. Par exemple, combien de temps faut-il pour passer de 0 à 100 km/h,
combien de litres d’essence le véhicule consomme-t-il pour parcourir 100 km, etc.
Dans le domaine des produits de l’accueil, la qualité est mesurée par la satisfaction des
attentes des clients. Ils comparent le service perçu avec le service attendu et sont satisfaits
si leur perception équivaut ou est supérieure à leurs attentes. La clé réside donc dans le
fait d’égaler ou de dépasser les attentes des clients quant à la qualité de service. Comme
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 79
le dit le PDG d’American Express, « Ne promettez uniquement que ce que vous pouvez
fournir et délivrez plus que ce que vous avez promis ! »
Ces attentes sont fondées sur les expériences passées, le bouche à oreille et la publicité de
l’entreprise. Si le service perçu est supérieur au service attendu, les clients sont suscep-
tibles d’utiliser à nouveau les services de l’entreprise concernée. La fidélisation des clients
est peut-être la meilleure mesure de la qualité : la capacité d’une entreprise de services à
conserver ses clients dépend de la fiabilité avec laquelle elle leur apporte de la valeur. Un
objectif qualité d’un fabricant pourrait être le zéro défaut, mais le fournisseur de services
a pour objectif zéro défection client.
leur performance. Le Ritz-Carlton organise des réunions quotidiennes avec ses employés
pour passer en revue les commentaires des clients et revoir l’historique des clients qui
arrivent. Un grand nombre de chaînes de restauration rapide offrent aux clients la possi-
bilité de gagner des prix en appelant un numéro gratuit et en répondant à plusieurs
questions à propos de leurs services.
de matières premières jusqu’à ce que tout soit parfait, la qualité de service varie toujours
selon les interactions entre les employés et les clients. Des problèmes se produisent
inévitablement. Même les meilleures entreprises ont occasionnellement un retard de
livraison, un steak brûlé ou un employé grincheux. Une société ne peut pas toujours
empêcher les problèmes de service, mais elle peut apprendre de ces derniers. Un bon
« recovery service » peut transformer des clients en colère en clients fidèles. En fait, si les
erreurs sont bien réparées, il est possible de gagner plus d’achat de la part des clients ainsi
qu’une fidélité plus importante que si les choses s’étaient bien passées dès la première
fois. Par conséquent, les entreprises devraient prendre des mesures, non seulement pour
fournir à chaque fois un bon service, mais aussi pour réparer les erreurs de service.
Former le personnel
Afin de traiter efficacement les réclamations, les managers doivent responsabiliser le
personnel de contact, lui donner les moyens, les responsabilités et les stimulations dont
il a besoin pour identifier, s’intéresser et répondre aux besoins du client. Par exemple,
Marriott propose des formations à ses employés pour les rendre plus autonomes et les
encourager à aller au-delà de leurs tâches normales pour résoudre les problèmes de leurs
clients. Les employés autonomes peuvent agir rapidement et efficacement pour empê-
cher que les problèmes de service ne se traduisent en pertes de clients. L’objectif majeur
pour les employés de contact est de veiller à ce que les clients fassent l’expérience d’un
service et d’un accueil excellents pendant leur séjour dans l’établissement. On donne le
pouvoir aux employés bien formés de faire tout ce qu’il faut, immédiatement, pour que
les clients soient contents. Ils sont également censés aider le management à dénicher la
cause des problèmes des clients, et informer les managers des moyens qui permettraient
d’améliorer le service global de l’hôtel et le confort des clients.
Focus 3.1
Recommandations d’amélioration de la qualité de service
Berry, Parasuraman et Zeithaml, pionniers de la recherche académique consacrée
au marketing des services, ont dégagé dix principes essentiels pour l’amélioration
de la qualité de service.
L’écoute. Comprendre ce que veulent réellement les clients grâce à un apprentissage
continu sur les attentes et les perceptions des clients et des non-clients (ex. : au moyen
d’un système d’information consacré à la qualité de service).
La fiabilité. C’est la dimension la plus importante de la qualité de service, elle doit
être une priorité du service.
Le service de base. Les entreprises de services doivent délivrer leur service de base et
faire ce qu’elles sont censées faire : tenir leurs promesses, utiliser le bon sens, écouter
les clients, les tenir informés et être déterminées à fournir de la valeur aux clients.
La conception du service. Développer une vision holistique du service tout en gérant
ses nombreux détails.
Le « recovery service ». Afin de satisfaire les clients qui rencontrent un problème de
service, les entreprises de services doivent encourager les clients à se plaindre (et faire
en sorte qu’il soit facile de le faire), réagir rapidement et personnellement, et élaborer
un système de résolution des problèmes.
82 Marketing du tourisme et de l’accueil
Sources : adapté de L .L . Berry, A . Parasuraman et V .A . Zeithaml, “The Lessons for Improving Service
Quality”, MSI Reports Working Paper Series, vol . 3, Cambridge, Marketing Science Institute, 2003,
p . 61-82 . Voir aussi les livres de L .L . Berry, On Great Service: A Framework for Action, New York, Free Press,
2006 et Discovering the Soul of Service, New York, Free Press, 1999, ainsi que ses articles : L .L . Berry,
V . Shankar, J . Parish, S . Cadwallader et T . Dotzel, “Creating New Markets Through Service Innovation”,
Sloan Management Review, hiver 2006, p . 56-63 ; L .L . Berry, S .H . Haeckel et L .P . Carbone, “How to Lead
the Customer Experience”, Marketing Management, janvier-février 2003, p . 18-23 ; L .L . Berry, K . Seiders
et D . Grewal, “Understanding Service Convenience”, Journal of Marketing, juillet 2002, p . 1-17 .
13. Feelings Consultant Marketing Manual, Bloomington, Better Than Money Corporation, s.d.
14. L.M. Lash, The Complete Guide to Customer Service, New York, Wiley, 1989, p. 68-69.
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 83
Par exemple, une femme d’affaires française part aux États-Unis. Après une
bonne nuit de sommeil dans un hôtel à New York, elle souhaite prendre un petit-
déjeuner américain. Elle téléphone au service de chambre et son petit-déjeuner lui
est promptement apporté. Un garçon convivial amène le chariot dans la chambre
et le place de telle sorte que la cliente puisse regarder par la fenêtre. Il ouvre le
compartiment chauffant et en sort ce que la cliente attendait : un petit-déjeuner
américain complet et chaud. Le serveur lui remet la facture que la cliente signe
rapidement en ajoutant un beau pourboire. Alors qu’elle s’apprête à commencer
son petit-déjeuner, le garçon lui dit : « Je suis désolé mais vous devez payer en
espèces. » Elle explique qu’elle n’a pas d’argent avec elle et présente une carte Gold
American Express qu’elle avait utilisée pour le check-in dans l’hôtel. Le serveur
téléphone et, au bout de cinq minutes, le problème est résolu et la cliente peut
utiliser sa carte de crédit. Elle est maintenant énervée. Elle s’installe devant son
petit-déjeuner froid14 . Si le garçon avait été habilité à régler les réclamations, il
aurait pu quitter la chambre et résoudre le problème à la réception tandis que la
cliente aurait apprécié son petit-déjeuner.
Les réclamations par courrier devraient recevoir une réponse rapide, par lettre ou appel
téléphonique. Si l’on répond par écrit, il faut personnaliser une partie de la lettre, recon-
naissant la réclamation spécifique du client et expliquant ce qui sera fait pour éviter que
cela ne se reproduise. Une résolution de la plainte devrait être proposée au client.
L’utilisation du téléphone peut être un moyen plus efficace pour traiter une réclama-
tion. Aujourd’hui, cela coûte moins cher de passer un appel téléphonique que d’envoyer
une lettre. L’appel téléphonique permet un contact personnel avec le client, et permet au
manager de découvrir exactement ce qui lui est arrivé et de prouver que la réclamation
est traitée. La pire chose qu’une société puisse faire, c’est de ne pas répondre du tout au
client ou de lui envoyer une lettre ou un e-mail type qui n’affiche aucune empathie pour
son problème. 15
Une journaliste d’une revue professionnelle a contacté vingt-cinq représentants du Marketing en action 3.3
Mythe ou réalité ?
15. M. Coeyman, “You Call This Service?”, Restaurant Business, 15 mai 1997, p. 93-104.
84 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le manager d’un club privé a raconté la mauvaise surprise qu’il avait eue après une très
Marketing en action 3.4
grande fête de Noël. Le personnel était fier de cette soirée, tout s’étant déroulé comme
prévu. Le manager a été véritablement étonné lorsqu’un membre, qui fréquentait le
club depuis de nombreuses années, lui a dit qu’il voulait organiser une conférence
téléphonique avec le responsable de la nourriture et des boissons, le chef et le manager
pour discuter des carences de l’événement. L’appel a duré une heure et demie. Durant
l’échange, le membre a fait part d’un grand nombre de plaintes que l’équipe de direc-
tion avait considérées comme sans importance le jour de l’événement.
Grâce à une écoute attentive, le manager a été en mesure de séparer les symptômes
du problème réel. Il a demandé à son personnel de réfléchir à l’appel et a organisé
une réunion le lendemain. Le manager a également demandé au responsable de la
nourriture et des boissons d’élaborer le profil des personnes qui étaient venues à
l’événement. Ils ont découvert que la plupart de ces clients étaient des personnes
âgées, des retraités, qui n’avaient pas de famille dans la région et étaient seuls pendant
les vacances. Normalement, les événements du club attiraient des personnes âgées
de 45 ans et la fête était prévue pour ce type de clientèle et non pour les personnes
de 65 ans et plus. C’était là l’essence du grief du membre : le menu et le thème de la
soirée avaient été conçus pour un groupe beaucoup plus jeune. Grâce à l’écoute de la
plainte du client, les managers du club ont découvert que la fête avait été développée
pour le mauvais marché cible. Si ce membre n’avait pas fait part de ses critiques ou si
les managers du club n’avaient pas été ouverts à celles-ci, cette fête aurait continué à
être conçue pour la mauvaise cible.
Les méthodes pour rechercher les plaintes des clients peuvent être des lignes directes
(hotlines) qui les encouragent à appeler pour d’éventuels litiges. Les cartes de commen-
taires clients les encouragent aussi à exposer les problèmes rencontrés avec le produit. Les
managers peuvent former les employés à rechercher les clients qui semblent insatisfaits et
à essayer d'identifier leur problème. Une garantie de service est une autre façon de faire
en sorte que les clients se plaignent, car ils doivent le faire pour invoquer la garantie. En
considérant différemment les plaintes pour les voir comme des dons, on peut plus faci-
lement utiliser les informations fournies par celles-ci pour développer une entreprise.
Les plaintes sont l’une des sources d’information les plus disponibles sur les clients et le
marché, mais elles sont encore sous-utilisées16.
17. R. Norman, Service Management: Strategy and Leadership in Service Businesses, New York, Wiley, 1984.
18. Voir K. Albrecht, At America’s Service, Homewood, Dow Jones/Irwin, 1988.
19. Voir L. Berry, “Big Ideas in Services Marketing”, in M. Venkatesan et al., Creativity in Services Marketing,
Chicago, American Marketing Association, 1986, p. 6-8.
20. T.J. Peters et R.H. Waterman, In Search of Excellence, New York, Warner Books, 1982, p. xv.
21. Voir V.A. Zeithaml, “How Consumer Evaluation Processes Differ Between Goods and Services”, in
J.H. Donnelly et W. George (dir.), Marketing of Services, Chicago, American Marketing Association, 1981,
p. 186-190.
86 Marketing du tourisme et de l’accueil
se passe bien, le directeur des ventes sera favorablement impressionné. Si elle se passe
mal, le commercial sera considéré comme le responsable de son mauvais déroulement.
Pour choisir le lieu de la réunion, le commercial doit faire confiance au commercial
d’un hôtel. Les bons commerciaux hôteliers atténuent les craintes des clients en leur
précisant qu’ils ont déjà organisé des centaines de réunions couronnées de succès. Ce
professionnalisme peut être confirmé par des lettres d’éloges d’anciens clients et une
visite de l’hôtel. Le commercial d’un hôtel doit gagner la confiance du client.
22. S. de Boer, “The Impact of Dynamic Capacity Management on Airline Seat Inventory Control”, Journal of
Revenue and Pricing Management, vol. 2, n° 4, 2004, p. 315-320.
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 87
La gestion de la capacité
La direction est responsable de l’adaptation de la capacité à la demande sur le long terme.
Les chefs d’unité sont responsables de l’adaptation de la capacité aux fluctuations de la
demande à court terme. Les techniques présentées dans cette section aident à la gestion
à court terme de la demande.
Le jour de la fête des Mères, certains restaurants proposent des buffets pour augmenter la
capacité. Un beau buffet crée une atmosphère de fête, donne une impression de variété,
apporte de la valeur et accélère le service en éliminant la nécessité de préparer des plats
à la commande. Les clients se servent eux-mêmes et le personnel de service délivre les
boissons et vérifie que tout se passe bien, ce qui libère le personnel pour accueillir plus
de clients. Les buffets éliminent le temps requis pour la prise et la préparation de la
commande. La nourriture est disponible lorsque les clients arrivent, ce qui leur permet
de commencer à manger presque immédiatement. Cela augmente la rotation des tables,
ce qui accroît encore la capacité du restaurant. Le buffet permet également au restaurant
de créer un stock tampon. Bien que l’équivalent de trois heures de repas ne puisse pas
être maintenu au bain-marie ou dans des vitrines chauffantes sans en diminuer la qualité
et l’attractivité, la nourriture peut être cuite par lots qui « tiendront » 20 à 30 minutes.
Les restaurants et les lieux de divertissement peuvent aussi augmenter leur capacité en
étendant leurs horaires. Le café d’un hôtel qui est plein à 7 h 30 du matin peut trouver
utile d’ouvrir à 6 h 30 au lieu de 7 h. Si cinq tables arrivent dans la première demi-heure,
elles doivent être libres une demi-heure plus tard pour permettre au restaurant d’avoir
plus de tables disponibles au cours de la période de pointe. De nombreuses entreprises
peuvent augmenter leur capacité en augmentant leurs heures de fonctionnement.
La gestion de la demande
Dans une situation idéale, les managers étendent simplement la capacité pour répondre
à la demande. Néanmoins, au cours d’un très grand congrès, un hôtel peut recevoir des
demandes de réservation de chambres qui dépassent ses capacités. Le samedi avant Noël,
un restaurant pourrait servir plus de tables s’il avait plus d’espace. Durant les vacances
d’été, un complexe hôtelier pourrait vendre plus de chambres s’il en disposait. Toutes les
entreprises de l’accueil qui connaissent le succès sont, un jour ou l’autre, limitées par leur
capacité. La gestion de la capacité permet à une entreprise d’augmenter celle-ci, mais elle
ne peut éviter les situations où la demande est trop forte. Voici quelques moyens pour
gérer la demande.
peuvent mettre en réserve de la capacité pour les segments les plus rentables. Les réser-
vations peuvent également limiter la demande en permettant aux managers de refuser
toute réservation supplémentaire lorsque la capacité correspond à la demande.
Bien que les réservations dans les restaurants puissent aider à gérer la demande, elles
peuvent également diminuer la capacité. C’est pour cette raison que les restaurants à haut
volume et prix médian ne prennent généralement pas de réservations. Un groupe peut
arriver 10 minutes en retard, ou un couple peut arriver à temps et attendre 20 minutes à
sa table jusqu’à ce qu’un couple d’amis arrive. Les heures d’arrivée et de départ des clients
ne correspondront peut être pas précisément à ce qui était prévu, ce qui conduira à avoir
des tables restant vides pendant 20 minutes ou plus. Les clients de restaurants de stan-
ding s’attendent à ce que la table qu’ils ont réservée soit prête au moment où ils arrivent.
Les clients des restaurants à prix médian ont des attentes différentes qui permettent
aux restaurants populaires d’augmenter leur capacité en ayant une file d’attente pour
la prochaine table disponible. Les files d’attente permettent aux managers de stocker la
demande pendant de courtes périodes de temps et de remplir chaque table dès qu’elle se
libère, en supprimant ainsi les temps morts.
Pour maximiser la capacité, certains restaurants acceptent les réservations à des heures
définies. Par exemple, ils peuvent réserver des places à 20 h et 22 h. Lorsque des clients
appellent pour faire une réservation, le réceptionniste les informe que la table leur est
réservée pour un maximum de deux heures. L’utilisation des places augmente la capacité
en s’assurant que le restaurant aura trois rotations et en changeant la demande. Lorsque
les tables de 20 h sont occupées, les managers peuvent déplacer la demande à 22 h.
Dans les cas où la demande est supérieure à la capacité, le client peut être invité à payer
par avance ou à verser des arrhes. Par exemple, dans certains hôtels et restaurants, les
clients doivent payer par avance pour la soirée du réveillon du Nouvel An. Les complexes
hôteliers demandent des arrhes non remboursables pour les réservations. En demandant
un paiement par avance, les managers contribuent à assurer que le revenu corresponde
à la capacité. Si un client ne se présente pas, le complexe hôtelier ne perd pas d’argent.
Le surbooking
Tous les clients qui ont réservé une table ou une chambre ne se présentent pas systé-
matiquement. Ces clients sont appelés des « no-shows ». Le surbooking est une autre
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 91
méthode que les hôtels, restaurants, compagnies aériennes et ferroviaires utilisent pour
faire correspondre la demande à la capacité.
Les directeurs d’hôtel qui limitent les réservations au nombre de chambres disponibles
se retrouvent fréquemment avec des chambres vides. Par exemple, dans un hôtel, 20 %
des clients ont des réservations non garanties et 5 % de ceux qui détiennent une réser-
vation garantie ne l’honorent généralement pas. Si cet hôtel a 80 réservations garanties
et 40 réservations non garanties, en moyenne, il aura 12 chambres vides. Pour un hôtel
dont le tarif moyen est de 150 euros, cela peut induire une perte annuelle potentielle de
750 000 euros de recettes pour ce qui concerne les chambres, la nourriture et les boissons.
Le surbooking doit être géré avec soin. Connaître les clients de l’hôtel, l’historique
des événements, la disponibilité des chambres dans les autres hôtels, et les conditions
météorologiques sont des facteurs importants à prendre en compte lorsqu’on utilise le
surbooking. Quand un hôtel n’honore pas ses réservations, il risque de perdre les affaires
futures générées par les clients concernés et, potentiellement, les affaires qui proviennent
des entreprises et des agents de voyages. Usuellement, il vaut mieux laisser une chambre
inoccupée plutôt que de ne pas honorer une réservation.
Développer une bonne politique de surbooking minimise le risque de refuser un client.
Cela nécessite de connaître les taux de non-présentation des différents types de réser-
vations. Les groupes qui réservent des chambres devraient faire l’objet d’une enquête
pour connaître leur pourcentage antérieur de remplissage de chambres. Les réservations
faites la veille et le jour de l’arrivée ont un taux plus élevé de non-présentation que les
réservations plus en amont23. Aujourd’hui, avec l’aide de systèmes logiciels bien conçus,
une politique de surbooking précise peut être développée.
Certains hôtels ne font rien pour les voyageurs dont la réservation n’est pas honorée.
Les hôtels correctement managés trouvent un autre hébergement pour le client, payent
pour un séjour d’une nuit et fournissent le transport jusqu’à ce nouvel hôtel. Ils peuvent
également fournir un téléphone gratuit au client pour qu’il informe ses proches du chan-
gement. L’hôtel conserve le nom du client sur ses listes pour l’informer de tous les appels
téléphoniques qu’il aura pu recevoir. Les managers intelligents essaient de faire revenir
les clients qui ont été refusés en leur offrant un séjour d’une nuit gratuite pour le jour
suivant. Les hôtels qui sont négligents dans la gestion de leurs réservations peuvent être
tenus pour responsables.
Le revenue management
La surréservation fait souvent partie d’un vaste système de gestion des revenus. Pour
la plupart des produits, le prix est inversement proportionnel à la demande. Les mana-
gers peuvent créer plus de demande pour un produit en abaissant son prix, ou baisser
la demande en augmentant son prix. Avec l’aide des programmes informatiques, les
managers utilisent les prix, l’historique des réservations et les pratiques de surbooking
pour développer une approche sophistiquée de la gestion de la demande, appelée revenue
management. Il s’agit d’une approche méthodologique d’attribution d’un équipement
périssable et fixe aux clients les plus profitables.
23. C.U. Lambert, J.M. Lambert et T.P. Cullen, “The Overbooking Question: A Simulation”, Cornell Hotel and
Restaurant Administration Quarterly, vol. 30, n° 2, 1989, p. 15-20.
92 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le revenue management est issu du yield management introduit dans les années 1980.
Au cours des dix dernières années, de nombreux hôtels de chaînes destinés à la clientèle
d’affaires et d’hôtels de luxe ont embauché des revenue managers à plein temps. Pour les
diplômés de l’hôtellerie qui apprécient les chiffres et la stratégie marketing, ce métier
peut être intéressant. Les systèmes de revenue management correctement conçus fondent
les décisions de prix sur des données et peuvent augmenter le revenu de 8 % ou plus.
Les systèmes de revenue management peuvent valoriser les affaires ou fidéliser les
clients. Ainsi un client qui séjourne dans un hôtel onze fois dans l’année pour deux
nuits à chaque fois est traité différemment d’un client qui vient à une seule occasion. Le
voyageur d’affaires fréquent et fidèle est valorisé et certaines entreprises hôtelières ont
développé pour ces clients des tarifs d’entreprise qui ne fluctuent pas en fonction de la
demande. Elles protègent ces clients. Comme nous pouvons le constater, la pratique du
revenue management pour un hôtel peut être très complexe. Elle nécessite la compréhen-
sion des modèles de prévision et de la base de clients de l’hôtel24.
24. S. Choi et A.S. Mattila, “Hotel Revenue and Its Impact on Customer’s Perceptions of Fairness”, Journal of
Revenue and Pricing, vol. 2, n° 4, 2004, p. 303-314 ; K. Strauss et J. Weinstein, “Lesson in Revenue Manage-
ment”, Hotels, juillet 2003, p. 22 ; R.G. Cross, Revenue Management: Hardcore Tactics for Market Domination,
New York, Broadway Books, 1997.
Chapitre 3 – Les caractéristiques du service pour le tourisme et l’accueil 93
Focus 3.2
David Maister fournit les conseils suivants pour la gestion d’une file d’attente26 :
• Un temps d’attente inoccupé est perçu comme étant plus long qu’un temps d’at-
tente occupé.
• Les parcs de loisirs utilisent des personnages qui parlent aux enfants dans les
files d’attente, faisant passer le temps plus vite. Les restaurants envoient leurs
clients qui attendent une table pour dîner dans leur salon à cocktail, où un verre
et une conversation font passer le temps plus rapidement. Ce ne sont là que deux
exemples de la façon dont les managers peuvent occuper le temps des clients et
rendre leur attente plus agréable.
• Des attentes injustes sont plus longues que des attentes équitables.
Les clients peuvent se fâcher et être préoccupés par une attente s’ils se sentent traités
injustement. Les restaurants qui ne disposent que d’un nombre limité de grandes
tables essayent de maximiser la capacité de ces tables. Par exemple, plutôt que de
placer quatre personnes à une table de six, le restaurant préférera accueillir un groupe
de six personnes à cette table. Cela peut parfois générer du mécontentement de la part
de clients qui voient d’autres clients leur passer devant. Comme ils étaient les premiers
dans la file d’attente, ils s’attendaient à ce que le serveur les installe en priorité. Dans
de tels cas, le serveur devrait expliquer ce qu’il se passe aux clients qui patientent.
Un autre exemple d’attente inéquitable est lorsqu’un client, qui a attendu pendant
20 minutes pour se faire enregistrer, atteint finalement le bureau du réceptionniste.
Juste au moment où il commence à donner ses informations, le téléphone sonne.
Le réceptionniste répond avec promptitude et s’engage dans une conversation de
10 minutes avec son interlocuteur. Marriott a mis en place une politique qui a
consisté à retirer les téléphones de la réception pour éviter les distractions et éliminer
les attentes inéquitables.
• Les attentes incertaines sont plus longues que les attentes connues et délimitées.
• La plupart des voyageurs ont connu un retard d’avion. Si l’agent affirme que le vol
sera retardé d’une heure, le voyageur peut prendre quelque chose à manger, faire
du shopping dans les magasins, ou trouver d’autres activités pour occuper son
temps. Toutefois, si on annonce simplement à un voyageur qu’il y aura du retard
sans en préciser la durée et que, lorsqu’il cherche à s’en informer plus précisément,
l’agent lui répond évasivement, il est probable que cela générera de l’impatience,
voire une certaine anxiété.
25. C.U. Lambert et T.P. Cullen, “Balancing Service and Costs Through Queuing Analysis”, Cornell Hotel and
Restaurant Administration Quarterly, vol. 28, n° 2, 1987, p. 69-72.
94 Marketing du tourisme et de l’accueil
Changer la demande
Il est souvent possible de décaler la demande pour des banquets ou des réunions. Un
directeur des ventes peut souhaiter organiser une réunion des ventes à la fin du mois
d’octobre ou début novembre. Il sait que lorsqu’il téléphonera à l’hôtel pour vérifier les
disponibilités de ses salles, il devra donner une date. Le 31 octobre est choisi, bien que
cela aurait pu être tout aussi facilement le 24 octobre ou le 7 novembre. Vingt chambres
sont nécessaires la veille au soir, ainsi qu’une salle de réunion pour le jour de l’événe-
ment. Les prévisions de l’hôtel laissent à penser que celui-ci sera complet le 31 octobre,
mais il a des chambres disponibles à d’autres dates. Si le manager est malin, il demandera
à son client si le 31 octobre est une date ferme. Si ce n’est pas le cas, le manager proposera
de décaler la date sur une période au cours de laquelle l’hôtel n’a pas prévu d’être complet
et aura besoin de générer des affaires.
Synthèse
• La culture de service se concentre sur le service et la satisfaction du client. La création
d’une culture de service doit débuter avec le top management et se déployer jusqu’aux
employés.
• Les quatre caractéristiques des services :
– L’intangibilité : les services ne peuvent être expérimentés avant d’être achetés.
Le client recherche des preuves tangibles qui lui donneront confiance à l’égard du
service.
– L’indivisibilité : dans la plupart des services de l’accueil, le fournisseur de services
et le client doivent être présents pour que la transaction se réalise ; l’employé et le
client font souvent partie du produit et en sont coproducteurs.
– La variabilité : la qualité des services dépend de qui les fournit, et de quand et où ils
sont fournis. Les services sont produits et consommés simultanément, ce qui limite
le contrôle de la qualité. La fluctuation de la demande rend difficile la délivrance des
produits pendant les pics de demande. Le degré de contact élevé entre le fournisseur
et le client signifie que la fiabilité du produit dépend des compétences et des perfor-
mances du fournisseur de services au moment de l’échange.
– La périssabilité : les services ne peuvent pas être stockés. Si les fournisseurs de
services veulent maximiser leurs revenus, ils doivent manager la capacité et la
demande car ils ne peuvent pas faire de stock d’invendus.
• Les concepts de management des services pour le secteur de l’accueil : dans une
entreprise, le client et le personnel de contact interagissent. Ainsi les entreprises
de services concentrent leur attention sur les employés comme sur les clients. Elles
doivent comprendre la chaîne de valeur du service qui relie les profits de l’entreprise
à l’employé et la satisfaction de la clientèle. Par ailleurs, outre son plan de marketing
externe, l’entreprise doit mettre en place un plan marketing interne pour que chacun
pratique l’orientation client, et un marketing interactif car la qualité de service perçue
par les clients dépend fortement de la qualité de l’interaction acheteur-vendeur.
• Les stratégies de gestion pour les entreprises de services :
– La solution à la concurrence par les prix consiste à développer une offre différen-
ciée, qui peut inclure des fonctionnalités innovantes.
– Dans le cas des produits de l’accueil, la qualité se mesure selon le degré auquel
l’entreprise a répondu aux attentes des clients.
– Avec l’augmentation rapide de leurs coûts, les entreprises de services sont forcées
d’accroître la productivité. Elles peuvent mieux former les employés ou en embau-
cher de nouveaux, augmenter la quantité de services, « industrialiser le service » ou
exploiter la puissance de la technologie. Il faut toutefois veiller à ce que l’augmenta-
tion de la productivité n’impacte pas négativement la qualité.
– La résolution des réclamations de clients est une des composantes principales de
leur conservation.
– La gestion des employés comme une composante du produit : dans l’industrie de
l’accueil, les employés sont une partie essentielle du produit et du marketing mix.
Cela signifie que les ressources humaines et les départements marketing doivent
travailler en étroite collaboration.
96 Marketing du tourisme et de l’accueil
– La gestion des risques perçus : le niveau de risque élevé perçu par les consomma-
teurs lorsqu’ils achètent des produits de l’accueil augmente la fidélité à l’égard des
entreprises qui leur ont fourni un produit fiable dans le passé.
– La gestion de la capacité et de la demande : comme les services sont périssables,
cette gestion est une fonction clé du marketing de l’accueil. Premièrement, les mana-
gers doivent ajuster leurs systèmes d’exploitation pour permettre à l’établissement
de fonctionner à sa capacité maximale. Deuxièmement, ils doivent se souvenir que
leur objectif est de satisfaire les clients.
Activités
Questions de réflexion
1. Expliquez en quoi le serveur d’un restaurant fait partie du produit que le client reçoit
lorsqu’il achète un repas.
2. Quelles sont les pratiques managériales traditionnelles qu’un restaurant utilise pour
garantir la fiabilité d’un produit ?
3. Que sont le marketing interne et le marketing interactif ? Donnez un exemple de
la manière dont une entreprise spécifique pourrait utiliser ces concepts pour aug-
menter l’efficacité de ses services. Comment ces concepts pourraient être liés à la
différenciation des services ?
Application
1. Montrez comment un hôtel, un restaurant ou un théâtre peut traiter l’intangibilité,
l’inséparabilité, la variabilité et la périssabilité du service qu’il fournit.
2. Posez la question suivante à trois personnes : pensez à un hôtel dans lequel vous
êtes allé et où vous souhaiteriez revenir la prochaine fois que vous serez dans la
même ville. Pourquoi voulez-vous y revenir ? (Notez ou enregistrez ce que chaque
personne vous dit. Cela vous indiquera quels éléments font la différence entre le fait
qu’une personne revienne dans un hôtel ou essaie un concurrent.)
Pour action
1. La périssabilité est très importante dans l’industrie des transports aériens. Les places
non vendues le restent définitivement et trop d’invendus implique de grandes pertes
financières. Avec la vente de billets électroniques, les compagnies aériennes peuvent
facilement utiliser la fixation des prix pour traiter la périssabilité et les variations de
la demande.
a. Lorsqu’un magasin a trop de stock de fruits mûrs, il peut baisser les prix pour les
vendre plus rapidement. Que font les compagnies aériennes de leurs prix lorsque les
places sont proches d’être « périmées » ? Pourquoi les tarifs du lendemain sont-ils
souvent plus élevés ?
b. Visitez le site Internet d’une compagnie aérienne et cherchez le tarif pour un séjour
de 8 jours dans deux villes desservies par la compagnie. Cherchez le tarif pour ces
mêmes destinations si vous faisiez votre achat 60 jours, deux semaines, une semaine
à l’avance ou la veille. Trouvez-vous un modèle qui se dégage des tarifs proposés ?
2. Visitez un restaurant ou un hôtel. Observez et notez la manière dont il gère ses clients.
Cela peut inclure comment il les fait se déplacer dans l’établissement, attendre, jeter
les déchets dans les poubelles, etc. Listez ce que l’organisation fait correctement et ce
qu’elle devrait améliorer. Expliquez vos réponses.
98 Activités
les attentes minimales de chacun de ces groupes. Elle entretient une relation dynamique
avec ces parties prenantes.
L’entreprise doit créer un niveau de satisfaction élevé chez ses employés, ce qui la conduit
à travailler sur des améliorations continues ainsi que sur des innovations « révolution-
naires ». Le résultat est une meilleure qualité des services qui augmente la satisfaction
de la clientèle et des autres parties prenantes. La croissance permet d’ouvrir des oppor-
tunités d’évolution de carrière pour les employés et de dégager des bénéfices grâce à
une meilleure satisfaction des clients, ce qui permettra en retour de mieux rétribuer le
personnel. Le groupe AccorHotels a intégré ce principe, son marketing interne visant le
développement de la satisfaction de ses salariés.
Il y a toujours un cercle vertueux entre la satisfaction des clients et celle des employés : la
satisfaction des employés crée des clients satisfaits. À leur tour, les employés apprécient
de travailler avec des clients satisfaits qu’ils connaissent déjà suite à leurs précédentes
visites, et cela augmente la satisfaction des clients. Tout cela aboutit à une plus grande
satisfaction de l’employeur.
3. C.W. Nordling et S.K. Wheeler, “Building a Market-Segment Accounting Model to Improve Profits”, Cornell
Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 33, n° 3, 1992, p. 29-36.
Chapitre 4 – Le rôle du marketing dans la planification stratégique 101
4. Quels prix devraient être fixés pour les chambres pour chaque segment ?
5. Comment faire pour répartir les chambres selon les segments (joueurs/non-joueurs)
durant les périodes critiques de l’année ?
Des équipes interservices ont été composées avec des représentants de la finance, du marke-
ting et des services d’information. Enfin, les responsables de tous les principaux services
de l’hôtel ont contribué à la mise en place du nouveau modèle de comptabilité analytique.
Focus 4.1
Analyse stratégique : quelques questions pour produire des idées créatives
1. Comment tirer avantage des changements qui doivent se produire au sein de la
société ?
2. Comment utiliser les relations avec les clients pour maximiser la position sur les
activités existantes ou futures ?
3. Existe-t-il des parties prenantes qui devraient être sérieusement considérées pour
devenir des partenaires ?
4. Possède-t-on des ressources ou des capacités susceptibles de conduire à l’obtention
d’un avantage concurrentiel ?
5. Existe-t-il des ressources ou des capacités à développer pour obtenir un avantage
concurrentiel ?
6. Peut-on constituer une joint-venture ou d’autres formes d’alliance avec des concur-
rents ou d’autres parties prenantes pour acquérir un savoir, des compétences ou
d’autres ressources ?
7. Existe-t-il des ressources ou des capacités manquantes pouvant conduire à souffrir
d’un désavantage concurrentiel ?
8. Existe-t-il des menaces imminentes dans le macro-environnement à prendre en
compte pour développer la stratégie ?
Source : J .S . Harrison, “Strategic Analysis for the Hospitality Industry”, Cornell Hotel and Restaurant
Administration Quarterly, vol . 44, n° 2, avril 2003, p . 152 .
102 Marketing du tourisme et de l’accueil
1.4. L’organisation
Dans une entreprise, le terme « organisation » renvoie à sa structure, ses politiques et sa
culture. Quand l’entreprise évolue rapidement, tous ces éléments ont tendance à dysfonc-
tionner. Même si l’on peut changer la structure et les politiques, il est difficile de modifier
entièrement l’entreprise. Toute entreprise fournit des efforts considérables pour ajuster
sa structure, ses politiques et sa culture organisationnelle aux évolutions requises par sa
stratégie globale.
La SNCF, par exemple, illustre la mutation culturelle d’une entreprise dont l’évolution
crée des dysfonctionnements. Traditionnellement marquée par une culture d’ingénieur
où la priorité est technique (capacité des rails à supporter le poids des trains, qualité des
roues lorsque le train dépasse les 200 km/h…), la SNCF a dû s’ouvrir à la relation client et
à la gestion du service apporté aux consommateurs. Cela s’est traduit par une ouverture
aux sciences « molles » et par le recrutement de managers venant d’HEC ou de Sciences
Po. Une autre conséquence a été la redéfinition de la gestion de l’information dans l’es-
prit de la satisfaction client. Toute la vie quotidienne de la SNCF est remise en cause par
cette mutation culturelle, y compris la gestion du contrôle des billets des voyageurs.
Niveau de la division
opérationnelle
Niveau du siège social
(business unit),
du produit et du marché
Planification
Définir la Fixer les buts Concevoir le
mission de et objectifs portefeuille marketing et
l’entreprise de l’entreprise d’activités autres stratégies
fonctionnelles
Chaque entreprise doit trouver un plan qui assure sa survie et sa croissance à long terme.
Il devra correspondre au mieux à la situation, aux opportunités, aux objectifs et aux
ressources spécifiques de l’entreprise. Il s’agit là de l’objet de la planification stratégique,
qui constitue le processus de développement et d’ajustement de la stratégie aux évolu-
tions des opportunités marketing en fonction des capacités et objectifs de l’entreprise.
Les entreprises établissent généralement des plans annuels et pluriannuels ainsi que des
plans stratégiques sur le long terme qui concernent le maintien et le développement
des activités actuelles. À l’inverse, les plans stratégiques peuvent inclure l’adaptation de
l’entreprise ou de ses activités pour qu’elle tire profit des opportunités de changement
de l’environnement.
Alors que le siège est toujours responsable de la mise en mouvement du processus de
planification stratégique, il laisse plus ou moins de liberté aux divisions opérationnelles
pour définir leurs propres objectifs et stratégies.
Les entreprises du tourisme et de l’accueil sont notamment confrontées à la nécessité
d’une plus grande responsabilisation des employés, en particulier aux niveaux hiérar-
chiques intermédiaires. Aujourd’hui, dans les restaurants, les serveurs disposent d’une
grande souplesse dans la prise de commandes, alors qu’hier ils n’avaient pas le droit
d’accepter qu’un client prenne seulement deux entrées sans en demander l’autorisation
au chef de rang. Les entreprises du secteur sont en pleine évolution organisationnelle,
avec de plus en plus de responsabilisation des salariés, à tous les niveaux, dans la prise de
décision dans l’intérêt du client.
Les industries de l’accueil et du tourisme sont internationales et multiculturelles. Les atti-
tudes et la culture créent parfois des différences marquées dans le style de management
et dans la perception de l’importance de la planification stratégique, de la responsabilisa-
tion et d’autres concepts abordés dans ce chapitre. Une étude menée auprès de managers
d’hôtels en Pologne, en France et en Autriche a révélé les différences de prise de risque
et de vision internationale. Il est intéressant de noter que, par exemple, les responsables
polonais ont une plus grande vision internationale que les managers français. Les auteurs
ont conclu que les différentes attitudes des managers polonais, français et autrichiens
affectaient leur degré d’autonomie. Ils estiment également que la stratégie d’une entre-
prise hôtelière et son niveau de performance sont impactés par les différentes attitudes
des managers en fonction de leur nationalité4.
4. P. Legoherel, P. Callot, K. Gallopel et M. Peters, “Personality Characteristics, Attitude Toward Risk and
Decisional Orientation of the Small Business Entrepreneur: A Study of Hospitality Managers”, Journal of
Hospitality and Tourism Research, vol. 28, n° 1, 2004, p. 117-118.
104 Marketing du tourisme et de l’accueil
5. Voir P. Drucker, Management Tasks, Responsibilities and Practices, New York, Harper & Row, 1973, chap. 7.
6. Pour en savoir plus, voir F. Buytendijk, “Five Keys to Building a High-Performance Organization”, Business
Performance Management, février 2006, p. 24-29 ; J. Peyrefitte et F.R. David, “A Content Analysis of Mission
Statements of United States Firms in Four Industries”, International Journal of Management, juin 2006,
p. 296-301 ; J. Abrahams, 101 Mission Statements from Top Companies, Berkeley, Ten Speed Press, 2007.
Chapitre 4 – Le rôle du marketing dans la planification stratégique 105
7. Pour plus d’information, voir L. Nash, “Mission Statements: Mirrors and Windows”, Harvard Business
Review, mars-avril 1988, p. 155-156 ; T. Feltenstein, “Strategic Planning for the 1990s: Exploiting the Inevi-
table”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 33, n° 3, 1994, p. 45.
8. Voir le rapport annuel 2013-2014 du groupe Elior : http://rapportannuel2014.elior.com/documents.html
106 Marketing du tourisme et de l’accueil
globale9. Ainsi, selon Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor : « En tant que leader, notre
groupe a toujours eu à cœur de maintenir un haut niveau d’engagements vis-à-vis de
ses collaborateurs, de ses clients, de ses partenaires, mais aussi des communautés qui
l’accueillent dans plus de 90 pays. »
Le management doit éviter une définition de marché trop étroite ou trop large. Holiday
Inn, la plus grande chaîne hôtelière du monde, a commis cette erreur. Il fut un temps où
Holiday Inn a élargi sa définition commerciale, de « l’activité hôtelière » à « l’industrie
du voyage ». Le groupe a fait l’acquisition de Trailways, la deuxième plus importante
compagnie de bus des États-Unis, et de Delta Steamship Lines, une compagnie de
croisière, mais il n’a pas correctement géré ces sociétés et a été contraint de les céder11.
Aujourd’hui, Holiday Inn fait partie du groupe InterContinental Hotels et s’est recentré
sur l’hébergement.
Les entreprises doivent identifier les activités qu’elles ont à gérer stratégiquement : les
« domaines d’activités stratégiques » (DAS). Un DAS a trois caractéristiques :
• il correspond à une activité (ou à un ensemble d’activités liées entre elles) qui peut
faire l’objet d’une planification autonome, indépendamment du reste de l’entreprise ;
• il a ses propres concurrents ;
• il a un responsable clairement identifié, en charge de la planification et du contrôle
des principaux facteurs ayant une incidence sur le profit.
Le but de l’identification des DAS de l’entreprise est d’attribuer à ces divisions des objec-
tifs de planification stratégique et un financement approprié. Ces divisions envoient
leurs plans au siège social de l’entreprise, qui les approuve ou les retourne pour révision.
Le siège examine ces plans et choisit pour chaque DAS s’il faut le construire, l’entretenir,
le récolter ou s’en défaire. Des outils d’analyse sont nécessaires pour classer les activités
par potentiel de profit.
11. Voir “Holiday Inns: Refining Its Focus to Food, Lodging, and More Casinos”, Business Week, 21 juillet 1980,
p. 100-104.
12. I.H. Ansoff, “Strategies for Diversification”, Harvard Business Review, septembre-octobre 1957, p. 113-124.
108 Marketing du tourisme et de l’accueil
par intégration. Par exemple, Starbucks a développé des produits emballés (cafés,
cappuccino…) pour les vendre en supermarchés.
Produits Nouveaux
existants produits
Nouveaux 2. Développement
4. Diversification
marchés de marché
Exki est une enseigne de fast-food bio qui a mobilisé une stratégie de diversification au
sens d’Ansoff. On y trouve des sandwichs et des salades agrémentés de graines germées,
de wasabi, d’airelles, des soupes du jour, des plats chauds dont certains sont végétariens.
Tous les pains utilisés ainsi que 20 à 30 % des autres ingrédients (lait, yaourts, quinoa,
lentilles, confitures…) sont bio. Cette enseigne s’est développée en France, en Italie, en
Belgique, au Luxembourg. Exki a ainsi proposé une nouvelle offre qui peut se développer
sur de nouveaux marchés.
La croissance intégrative
Les possibilités de diversification, de développement de marchés et de développement
de produits peuvent être saisies grâce à l’intégration en amont, en aval ou horizontale-
ment à l’intérieur d’un secteur d’activité. Une compagnie d’hôtels pourrait sélectionner
l’intégration en amont par l’acquisition d’un de ses fournisseurs, comme un distributeur
alimentaire, ou elle pourrait acquérir des grossistes en voyages ou des agents de voyages
(intégration en aval). Enfin, l’entreprise hôtelière pourrait acquérir un ou plusieurs
concurrents, à condition que les pouvoirs publics n’empêchent pas cette opération (inté-
gration horizontale).
Par exemple, la SNCF a acquis 100 % du capital de Greencove16, la société éditrice du site
de covoiturage 123envoiture.com. Cette diversification permet à l’entreprise d’améliorer
sa présence sur le secteur des déplacements et plus précisément sur celui de l’écomobilité.
Cette acquisition vient à la suite de la prise de contrôle d’Ecolutis, société de covoiturage
en entreprise, de la participation dans Zilok, location de voitures entre particuliers, et
13. J. Ritter, “Full Speed Ahead for New Ferries”, USA Today, 12 avril 2004, p. 3A.
14. D. Reynolds, “Managed Services Companies”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 38,
n° 3, 1997, p. 90.
15. Source : www.lesechos.fr
16. Source : www.lesechos.fr
110 Marketing du tourisme et de l’accueil
dans Move About, société d’autopartage, sans oublier la création d’iDBUS, une structure
spécialisée dans les liaisons d’autocars longue distance.
En investiguant sur de possibles mouvements d’intégration, une entreprise peut décou-
vrir d’autres sources de volumes pour ses ventes. Ces nouvelles sources peuvent ne pas
toujours fournir le volume de ventes souhaité. Dans ce cas, l’entreprise peut envisager
des mouvements de diversification. La croissance intégrative offre des opportunités dans
les métiers liés au cœur de métier de l’entreprise, mais cette dernière doit posséder ou
acquérir les compétences nécessaires pour réussir dans le nouveau métier. Ensuite, elle
doit s’assurer qu’elle peut être au niveau des leaders du secteur.
Ainsi une entreprise peut identifier, de manière systématique, de nouvelles opportunités
commerciales à l’aide d’un cadre de travail fondé sur un système marketing et en cher-
chant des moyens d’intensifier sa position sur les marchés de ses produits actuels, en
recherchant des débouchés en dehors de ses métiers actuels et en étudiant les possibilités
d’intégrer en amont, en aval ou horizontalement par rapport à ses métiers actuels.
Intermédiaires Concurrents
marketing
Pla mar
rke es
nn ket
g
Produits
Product
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Communication
ma e en
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s
Mi
Fournisseurs Publics
Les consommateurs sont au centre de la stratégie. L’objectif est de créer de la valeur pour
eux et de construire avec eux des relations clients rentables. Vient ensuite la stratégie
marketing, la logique marketing par laquelle l’entreprise espère créer cette valeur pour le
client et réussir à mettre en place ces relations profitables. L’entreprise décide quels sont
les clients qu’elle servira (segmentation et ciblage) et comment elle le fera (différenciation
et positionnement). Elle identifie le marché total, puis le divise en segments, sélectionne
les segments les plus prometteurs et se concentre sur le service et la satisfaction des
clients de ces segments.
Guidée par la stratégie marketing, l’entreprise conçoit un marketing mix intégré,
composé de facteurs qu’elle contrôle comme le produit, le prix, la distribution et la
communication (les 4P). Pour trouver la meilleure stratégie marketing et le meilleur mix,
l’entreprise s’engage dans l’analyse marketing, la planification, l’exécution et le contrôle.
Grâce à ces activités, l’entreprise observe et s’adapte aux acteurs et aux forces de l’envi-
ronnement marketing.
La segmentation du marché
Le marché est constitué de plusieurs types de clients, de produits et de besoins. Le
marketeur doit déterminer quels segments offrent les meilleures possibilités. Les
consommateurs peuvent être segmentés en fonction de critères géographiques, démo-
graphiques, psychographiques et de facteurs comportementaux. Les marketeurs ont de
plus en plus recours à de nouvelles approches de segmentation, tels les critères identi-
taires ou ethniques. Pour en savoir plus sur la segmentation du marché du tourisme, le
lecteur pourra se reporter au chapitre 1 de cet ouvrage.
Le ciblage du marché
Après avoir segmenté le marché, l’entreprise doit cibler un ou plusieurs de ces segments.
Le ciblage implique l’évaluation de l’attrait de chaque segment de marché et la sélection
d’un ou de plusieurs segments. Une entreprise devrait cibler les segments pour lesquels
elle peut générer la plus grande valeur pour le client et la maintenir dans le temps tout en
étant rentable. Une entreprise disposant de ressources limitées pourrait décider de servir
un seul segment spécifique ou « niche de marché ».
112 Marketing du tourisme et de l’accueil
À l’inverse, une entreprise peut choisir de servir plusieurs segments connexes – peut-être
ceux de différents types de clients, mais avec les mêmes désirs de base. La plupart des
entreprises entrent sur un nouveau marché en servant un seul segment, et si cela s’avère
un succès, elles en ajoutent. Les grandes entreprises recherchent éventuellement une
couverture totale du marché. Le groupe AccorHotels couvre tous les segments du marché
de l’hébergement grâce à son portefeuille d’enseignes.
Une autre présentation du mix se révèle intéressante lorsqu’on adopte le point de vue de
l’acheteur, et non celui du vendeur comme pour les 4P. Il s’agit des 4C19 :
17. J. Trout, “Branding Can’t Exist Without Positioning”, Advertising Age, 14 mars 2005, p. 28.
18. De nombreuses critiques ont été formulées à l’égard des 4P, certains proposant 5, 6 ou 7P, d’autres suggérant
d’abandonner cette classification qui perdrait son sens à l’heure du marketing digital.
19. La théorie des 4P a d’abord été développée par B.J. McCarthy dans Basic Marketing: A Managerial Approach,
Homewood, Irwin, 1960. Pour les autres classifications proposées, voir R. Lauterborn, “New Marketing
Litany: 4Ps Passé C-Words Take Over”, Advertising Age, 1er octobre 1990, p. 26 ; D.F. Schulti, “New Definition
of Marketing Reinforces Idea of Integration”, Marketing News, 15 janvier 2005, p. 8 ; P. Kotler, “Alphabet
Soup”, Marketing Management, mars-avril 2006, p. 51.
Chapitre 4 – Le rôle du marketing dans la planification stratégique 113
4P 4C
Produit Solution client
Prix Coût client
Distribution Praticité
Communication Communication
Ainsi, tandis que les marketeurs se considèrent eux-mêmes comme vendant des produits
et des services, les clients se voient comme achetant de la valeur ou des solutions à leurs
problèmes. De plus en plus, les clients ne s’intéressent pas seulement au prix. Ils sont inté-
ressés par le coût total pour acquérir, utiliser et mettre au rebut un produit. Les clients
veulent que le produit et le service soient aussi facilement disponibles que possible. Enfin,
ils veulent une communication bidirectionnelle. Les marketeurs peuvent réfléchir tout
d’abord aux 4C, puis construire les 4P sur cette base.
Analyse
Forces Faiblesses
Capacités internes susceptibles Limites internes susceptibles
Interne
d’aider l’entreprise à atteindre d’interférer avec la capacité de
ses objectifs l’entreprise à atteindre ses objectifs
Opportunités Menaces
Facteurs externes actuels ou
Externe Facteurs externes que l’entreprise
émergents qui pourraient
pourrait exploiter à son avantage
poser problème à la
performance de l’entreprise
Positif Négatif
du produit, une sécurité accrue, des sources d’énergie d’urgence, et de nombreux autres
facteurs.
L’émergence de la Chine, de l’Inde et de l’Europe de l’Est comme de nouveaux pouvoirs
industriels et politiques affecte l’accueil et le tourisme de manière imprévue. Par exemple,
la qualité des soins de santé combinée au faible coût dans des pays tels que l’Inde, la
Roumanie ou la Tunisie a créé un nouveau segment du tourisme : le « tourisme médical »
(voir chapitre 1). Aujourd’hui, avec l’évolution rapide de l’environnement externe, les
opportunités et les menaces de l’environnement ont pris une nouvelle importance dans
la planification stratégique.
Les opportunités
Un objectif majeur de l’analyse de l’environnement est de discerner de nouveaux débou-
chés. Une opportunité marketing se définit comme suit : un domaine de besoins auquel
une entreprise peut répondre de manière rentable. L’évolution de l’environnement
engendre en permanence de nouvelles opportunités.
L’intégration de clubs de bien-être et de loisirs dans les complexes hôteliers, par exemple,
a constitué une opportunité pour certaines stations balnéaires ou villes de cure attirant
une nouvelle clientèle.
En Amérique du Nord et en Europe, les marchandises sont transportées de plus en
plus par camion. En France, les camionneurs ne peuvent légalement pas rouler plus de
4 h 30 d’affilée et 9 h par jour20. Ils doivent donc s’arrêter quelque part, dans un lieu sûr,
propre, et qui offre les services requis par les chauffeurs. Aujourd’hui, on trouve sur les
autoroutes des aires de stationnement réservées aux camions, garantissant la sécurité et
proposant des services tels que de la nourriture, des douches, des produits de première
nécessité et des distributeurs automatiques. Le chiffre d’affaires moyen d’une aire d’arrêt
pour camions aux États-Unis est de près de 10 millions de dollars par an. Les règlements
des aires, le manque de terrains vacants près des autoroutes et les résistances locales ont
créé le besoin d’un plus grand nombre d’aires d’arrêt21.
Les menaces
Une menace de l’environnement se définit comme suit : un problème posé par des
tendances défavorables ou des évolutions qui entraîneraient, en l’absence d’une action
marketing défensive, une détérioration des ventes ou des profits. Les menaces doivent
être classées en fonction de leur gravité et de leur probabilité d’occurrence.
Après avoir procédé à un assemblage des grandes menaces et opportunités, quatre résul-
tats sont possibles :
• un secteur idéal présente des opportunités importantes et de faibles menaces ;
• un secteur sur lequel il est possible de spéculer présente à la fois des opportunités et
des menaces importantes ;
• un secteur important offre à la fois de faibles opportunités et de faibles menaces ;
• un secteur en difficulté présente de faibles opportunités et de grandes menaces.
Les sociétés de restauration collective implantées dans les hôpitaux, les écoles, les admi-
nistrations et les entreprises font face à la menace de la concurrence des opérateurs de
la restauration rapide comme Pizza Hut, Dunkin’ Donuts et Burger King. Les institu-
tions traditionnelles de services de restauration collective, telles que Compass, Elior ou
Sodexo, ne peuvent pas ignorer cette menace22.
Aujourd’hui, l’impact des menaces est tellement critique que toutes les entreprises du
tourisme et de l’accueil doivent étudier les menaces éventuelles et construire des systèmes
de gestion des risques. Les effets du 11 septembre ont été évoqués, mais les risques tels
que la maladie de la vache folle et la contamination microbienne sont d’un intérêt vital
pour les entreprises de ces secteurs. L’enseigne de fast-food KFC a ainsi connu de graves
problèmes en Chine à la suite de l’utilisation de lait de soja présentant des problèmes
sanitaires. Seule une autocritique sincère a permis à la marque de redresser son image
sur le marché.
22. H.G. Parsa et M.A. Khan, “Quick Service Restaurants of the 21st Century: An Analytical Review of Macro
Factors”, Hospitality Research Journal, vol. 17, n° 1, 1993, p. 164.
23. R.M. Emmer, C. Tauck, S. Wilkinson et R.G. Moore, “Marketing Hotels Using Global Distribution Systems”,
Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 34, n° 6, 1993, p. 80-89.
Chapitre 4 – Le rôle du marketing dans la planification stratégique 117
Très peu d’entreprises ne poursuivent qu’un seul objectif. La plupart du temps, elles
poursuivent une série d’objectifs, tels que la rentabilité, la croissance des ventes et de
la part de marché, l’amélioration et la maîtrise des coûts, et elles les définissent pour
appliquer une gestion par objectif. Dans la mesure du possible, les objectifs devraient
être énoncés quantitativement. L’objectif « augmenter le retour sur investissement (ou
ROI) » n’est pas aussi satisfaisant qu’« augmenter le ROI de 15 % » ou, mieux encore,
« augmenter le ROI de 15 % dans les deux ans ». Les objectifs s’appuient sur des buts
mesurables et réalistes.
Enfin, les objectifs de l’entreprise doivent être cohérents. Ils sont parfois issus de
compromis. Voici quelques éléments de compromis importants :
• marges bénéficiaires élevées versus une part de marché élevée ;
• pénétration des marchés existants versus développement de nouveaux marchés ;
• objectifs de profit versus objectifs non lucratifs ;
• croissance versus risque faible.
24. J. Berger, “Applying Performance Tests in Hotel Management Agreements”, Cornell Hotel and Restaurant
Administration Quarterly, vol. 38, n° 2, 1997, p. 25.
25. Ibid.
118 Marketing du tourisme et de l’accueil
26. Voir M.E. Porter, Competitive Strategy: Techniques for Analyzing Industries and Competitors, New York, Free
Press, 1980, chap. 2.
27. B.E.A.Wuest, R.F. Tax et D.A. Emenheiser, “What Do Mature Travelers Perceive as Important Hotel/Motel
Customer Service?”, Hospitality Research Journal, vol. 20, n° 2, 1996, p. 90.
Chapitre 4 – Le rôle du marketing dans la planification stratégique 119
La dernière partie présente les contrôles qui seront utilisés pour suivre les progrès,
mesurer le retour sur l’investissement marketing et prendre des mesures correctives.
28. Voir K. Hein, “CMOs Pressured to Show ROI”, Brandweek, 12 décembre 2008, p. 6 ; L. Richard, “The Paradox
of ROI and Decreased Spending in the Ad Industry”, American Journal of Business, automne 2009 ; K.J. Clancy
et P.C. Krieg, “Getting a Grip”, Marketing Management, printemps 2010, p. 18-23.
120 Marketing du tourisme et de l’accueil
des progrès substantiels dans sa mesure. Le problème majeur est de déterminer quelles
sont les mesures spécifiques à utiliser pour obtenir de bonnes données sur ces mesures.
Toutefois, plus de 93 % des directeurs financiers sont satisfaits de leur capacité à mesurer
le ROI marketing29.
Une entreprise peut évaluer son ROI marketing en termes de mesures standard de
performance marketing, telles que la notoriété, les ventes ou la part de marché. De
nombreuses entreprises combinent de telles mesures dans des tableaux de bord marke-
ting – un ensemble d’indicateurs de performance marketing présentés sous un affichage
unique utilisé pour surveiller les performances du marketing stratégique.
29. Voir K. Hein, “CMOs Pressured to Show ROI”, op. cit. ; L.A. Crosby, “Getting Serious about Marketing ROI”,
Marketing Management, mai-juin 2009, p. 10-11.
Chapitre 4 – Le rôle du marketing dans la planification stratégique 121
30. A. Mattila, “Investment Returns and Opportunities for Hotels in Asia”, Cornell Hotel and Restaurant Admi-
nistration Quarterly, vol. 38, n° 1, 1997, p. 78.
122 Marketing du tourisme et de l’accueil
Synthèse
• L’un des principaux défis auxquels sont aujourd’hui confrontées les industries de
l’accueil est de savoir comment établir et maintenir la bonne santé d’une entreprise
face à un marché et un environnement qui évoluent rapidement. Le cabinet de conseil
Arthur D. Little retient quatre facteurs caractéristiques d’une entreprise performante :
les parties prenantes, les processus, les ressources et l’organisation.
• L’entreprise doit s’attacher à satisfaire les attentes minimales de chaque groupe de
parties prenantes, constituer des équipes interfonctionnelles pour manager les
processus de l’entreprise, externaliser les ressources les moins critiques, et adapter sa
structure, ses politiques et sa culture aux changements de son environnement.
• L’entreprise démarre le processus de planification stratégique en définissant sa
mission générale et son objectif global. La direction générale décide du portefeuille
d’activités et de produits idéal pour l’entreprise, puis chaque service définit des plans
marketing détaillés qui concourent à la réalisation de la stratégie globale.
• Pour réussir aujourd’hui, l’entreprise se doit d’être centrée sur les clients. Mais, tout
d’abord, elle doit comprendre leurs besoins et leurs désirs. À partir d’une analyse
attentive des clients, l’entreprise détermine ceux qu’elle servira (segmentation et
ciblage) et comment elle le fera (différenciation et positionnement). Elle identifie
le marché total, puis le divise en segments, sélectionne les plus prometteurs et se
concentre sur le service et la satisfaction des clients de ces segments.
• Guidée par la stratégie marketing, l’entreprise conçoit un marketing mix intégré,
composé de facteurs sous son contrôle, comme le produit, le prix, la distribution et la
communication (les 4P).
• La gestion du processus marketing nécessite la maîtrise des quatre fonctions du
marketing management : l’analyse, la planification, l’exécution et le contrôle.
• La gestion de la fonction marketing commence par une analyse complète de la situa-
tion de l’entreprise. Le marketeur procède à une analyse SWOT par laquelle il évalue
les opportunités et les menaces du marché, et les forces et faiblesses de l’entreprise. Il
formule ensuite des objectifs mesurables, réalistes et cohérents. Enfin, le marketeur
rédige un plan marketing qui détaille la stratégie marketing, le marketing mix et sa
mise en œuvre, le budget, puis les indicateurs de contrôle utilisés pour s’assurer de
l’atteinte des objectifs fixés.
Activités
Question de réflexion
La planification stratégique est-elle identique à la planification marketing, la planifica-
tion des ventes et une restructuration ?
Application
1. Dans une série d’entretiens de recrutement, vous demandez à trois recruteurs de
décrire les missions de leur entreprise. Le premier dit « faire des profits », le deu-
xième répond « gagner des clients », et le troisième « lutter contre la faim dans le
monde ». Analysez et discutez ce que ces énoncés de mission vous disent sur chaque
entreprise.
2. Quelles formes d’intégration verticale pensez-vous susceptibles de survenir dans
l’industrie du tourisme dans les dix prochaines années ?
3. Pensez à la zone commerciale qui se trouve à proximité de chez vous. Vous souhaitez
créer une entreprise et vous installer dans cette zone. Vous recherchez une opportu-
nité prometteuse pour créer un restaurant.
a. Existe-t-il une opportunité pour ouvrir un restaurant différencié et prometteur ?
b. Décrivez votre marché cible et comment vous allez le servir différemment par rap-
port aux autres restaurants.
c. Détaillez le marketing mix que vous allez utiliser.
Pour action
1. Visitez deux hôtels, restaurants ou d’autres entreprises de l’accueil. À partir de vos
observations, quelles sont les forces et les faiblesses de ces entreprises ? Vous devrez
observer les éléments tels que l’emplacement, les installations physiques, l’attitude
des employés, la qualité des produits, la réputation de la marque (s’il s’agit d’une
marque) et d’autres facteurs.
2. Trouvez une alliance stratégique entre une entreprise hôtelière et une autre entre-
prise (il peut s’agir d’une autre organisation de l’accueil ou d’une organisation
extérieure à ce secteur). Que pensez-vous des bénéfices de cette alliance pour chaque
partenaire ?
3. Trouvez l’énoncé de mission d’une entreprise de l’accueil ou du tourisme sur Inter-
net. Critiquez cette mission au regard des lignes directrices d’un énoncé de mission
présentées dans ce chapitre.
4. Consultez le rapport annuel d’une organisation de l’accueil (celui-ci peut généra-
lement être trouvé sur le site Internet de l’entreprise). Que vous apprend-il de la
stratégie de l’organisation ?
Chapitre 5
Les systèmes d’information marketing et les études
Objectifs
1 . d’utiliser l’information pour com-
P our créer de la valeur pour les clients et
nouer des relations avec eux, les marketeurs
doivent tout d’abord avoir une connaissance
prendre le marché et les clients . précise de leurs besoins et de leurs attentes.
2 . d’expliquer le concept de sys- L’information client peut être obtenue grâce
tème d’information marketing . à la mise en place d’études. Malgré cela, les
3 . de mettre en évidence le proces-
besoins des consommateurs et leurs motiva-
sus d’étude marketing . tions d’achat sont souvent loin d’être évidents
à identifier. En effet, ils éprouvent eux-mêmes
4 . d’analyser et comprendre com-
des difficultés à expliquer ce qu’ils veulent et
ment les entreprises utilisent les
informations marketing .
pourquoi ils décident d’acheter. Ce n’est donc
pas le manque d’information qui est mis en
cause mais la qualité de l’information et son
traitement.
« Le challenge numéro un des marketeurs à
l’ère digitale est de transformer l’immense
volume d’informations consommateurs,
toujours en croissance, en données exploitables
en marketing insights1. » « La valeur du service
d’études marketing n’est pas déterminée par le
nombre d’études qu’il réalise, mais par la valeur
commerciale des connaissances qu’il produit et
par les décisions qu’il influence2. »
Fortes de ce constat, de nombreuses entreprises
restructurent et renomment leurs fonctions
d’études marketing et d’information. Elles
Responsables Environnement
marketing Développer l’information marketing
3. R. Kozinets, Netnography: Doing Ethnographic Research Online, SAGE Publications Ltd, 2009.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 127
4. Source : www.retail-intelligence.fr
128 Marketing du tourisme et de l’accueil
Tableau 5.1 – Principales questions pour évaluer les besoins en informations marketing
La base de données de Pizza Hut contient des données clients sur plusieurs millions de
Marketing en action 5.1
5. J. Bowen, “Computerized Guest History: A Valuable Marketing Tool”, in R.C. Lewis et al., The Practice of
Hospitality Management II, Westport, AVI, 1990.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 129
6. L. Dubé, L.M. Renaghan et J.M. Miller, “Measuring Customer Satisfaction for Strategic Management”, Cornell
Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 35, n° 1, 1994, p. 39.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 131
Cet échange « entreprise-clients » peut aider à créer une relation de confiance et une fidé-
lité de la clientèle7. Si les employés sont formés à l’écoute des commentaires des clients
et à les rapporter au management, ce peut être une puissante source d’information. C’est
pourquoi les salariés du groupe AccorHotels sont tous formés pour être capables, en
toute autonomie, de répondre à tout commentaire d’un client. Pour que cette écoute
fonctionne, une relation de confiance doit s’établir entre les employés et la direction.
Comme le dit Horst Schulze, ancien président de Ritz-Carlton : « Continuez à écouter
les clients parce qu’ils changent. Et si vous voulez avoir 100 % de clients satisfaits, alors
vous devez vous assurer que vous écoutez et – au cas où leurs attentes changent – que
vous changez avec eux8. »
7. R. Hendrie, “Hear Me Out: Talking, Listening to Current Guests May Be the Best Way to Get More Through
the Door”, Nation’s Restaurant News, 20 janvier 2003, p. 28 ; C.J. Broussard, “Inside the Customer-Focused
Company”, Harvard Business Review, mai 2000, p. S20.
8. J.L. Heskett, W.E. Sasser, Jr. et L.A. Schlesinger, The Service Profit Chain, New York, Free Press, 1997, p. 67.
9. D. Menzies, “Comment Cards”, Foodservice and Hospitality, vol. 21, n° 5, juillet-août 1988, p. 14 ; R.C. Lewis
et A. Pizam, “Guest Surveys: A Missed Opportunity”, in R.L. Bloomstrom (dir.), Strategic Marketing and
Planning in the Hospitality Industry, East Lansing, Educational Institute of the AH&MA, 1988.
10. M. Lynn, “Making Customer Feedback a Priority— A Key to Inducing Demand and Maximizing Value”,
Hospitality Net, 28 juin 2004, http://hospitalitynet.org
11. C.S. Dev et B.O. Ellis, “Guest Histories: An Untapped Service Resource”, Cornell Hotel and Restaurant Admi-
nistration Quarterly, vol. 32, n° 2, 1991, p. 31.
132 Marketing du tourisme et de l’accueil
plus à l’hôtel afin de les relancer. Cela offre également un réel avantage concurrentiel
pour une chaîne, en particulier petite.
12. Source : enquête France 2, « Entreprises : la pratique du client mystère », diffusée le 18 mai 2014.
13. C. Taschner, “Commentary: Mystery Shopping Is Booming Business”, The Daily Record (Baltimore), 15 mai
2004 ; A. Perlik, “If They’re Happy, Do You Know It”, Restaurants and Institutions, 15 octobre 2002, p. 65-70.
14. J.F. Durocher et N.B. Neiman, “Technology: Antidote to the Shakeout”, Cornell Hotel and Restaurant Admi-
nistration Quarterly, vol. 31, n° 1, 1990, p. 35.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 133
15. “Making Them Feel at Home”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 30, n° 3, 1989, p. 4.
16. “Company Sleuth Uncovers Business Info for Free”, Link-Up, janvier-février 1999, p. 1 et 8.
134 Marketing du tourisme et de l’accueil
Par exemple, Bob Ayling, ex-directeur de British Airways, a mis en œuvre ce type de
Marketing en action 5.3
20. J. Wind, P.E. Green, D. Shifflet et M. Scarbrough, “Courtyard by Marriott: Designing a Hotel Facility with
Consumer-Based Marketing”, Interfaces, vol. 19, n° 1, 1989, p. 25-47.
136 Marketing du tourisme et de l’accueil
collecter des données secondaires. Celles-ci sont obtenues rapidement, pour un coût
moins élevé que celui des données primaires.
Par exemple, en France, l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie)
propose à ses adhérents des études et statistiques sur le tourisme, l’hôtellerie, la restaura-
tion et les cafés qui constituent de bonnes sources d’informations secondaires. Plutôt que
de payer une société d’études pour collecter ces informations, les entreprises du secteur
peuvent avoir intérêt à adhérer à l’UMIH. De même, LinkedIn a des groupes qui incluent
les ventes d’hôtels, le revenue management, le management d’événements, les tendances
d’hébergement, de nourriture et de boissons.
Prendre des décisions à partir de données secondaires peut toutefois présenter des
problèmes : l’information nécessaire peut ne pas exister de manière précise et, lorsqu’elle
existe, elle peut ne pas être très fiable, d’actualité ou impartiale. Par exemple, une revue
professionnelle, voulant identifier les meilleures chaînes d’hôtels dans l’esprit des corpo-
rate travel managers et des agents de voyages, a distribué ses enquêtes en les insérant
dans ses parutions. Le taux de réponse était inférieur à 0,5 %. Malgré cela, la revue a
publié un classement fondé sur ce taux de réponse non représentatif21.
Les données secondaires fournissent une base de départ pour une étude marketing.
Cependant, lorsqu’elles ne donnent pas toute l’information nécessaire, l’entreprise doit
recueillir des données primaires.
Approche Instruments
Méthodes de contact Plan d’échantillonnage
méthodologique de recherche
Enquête postale Unité d’échantillonnage
Observation Questionnaire
Téléphone Taille d’échantillon
Enquête Instruments
Face-à-face Procédure
Expérimentation mécaniques
Internet d’échantillonnage
Les approches méthodologiques pour collecter des informations primaires sont l’obser-
vation, l’enquête et l’expérimentation.
L’observation
Observer les consommateurs, où ils vivent et travaillent permet aux entreprises d’iden-
tifier les désirs inexprimés des clients22. « Les méthodes classiques d’études de marché
21. R.C. Lewis et R.E. Chambers, Marketing Leadership in Hospitality: Foundations and Practice, New York, Van
Nostrand Reinhold, 1989, p. 518.
22. S.E. Ante, “The Science of Desire”, Business Week, 5 juin 2006, p. 100. Voir aussi J. Fulton et S. Howard, “Going
Deeper, Seeing Further: Enhancing Ethnographic Interpretations to Reveal More Meaningful Opportunities
to Design”, Journal of Advertising Research, septembre 2006, p. 246-250.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 137
ne vont pas assez loin. Il ne peut pas en résulter ce que les gens ne peuvent pas imaginer
ou exprimer. Pensez à la citation d’Henry Ford : “Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils
voulaient, ils m’auraient dit, des chevaux plus rapides”23. »
L’observation consiste à recueillir des informations primaires en étudiant les compor-
tements des consommateurs dans certaines situations. Par exemple, une chaîne de
restaurants comme Hippopotamus peut observer ses clients dans leurs comportements
de consommation : commandes de boissons individuelles ou grandes bouteilles pour
toute la tablée, commandes identiques ou non le midi et le soir… Toutes ces informations
très fiables permettent une adaptation de l’offre. De plus, cette enseigne pourra aussi
envoyer des observateurs dans des restaurants concurrents, comme La Boucherie, pour
voir si leurs consommateurs se comportent différemment ou non. La technique du client
mystère évoquée précédemment repose sur une observation de points critiques préala-
blement définis. Toutefois, cette approche méthodologique présente certaines limites :
elle ne permet pas de fournir des explications aux comportements, mais constitue un
simple constat de la situation ; elle nécessite de renouveler régulièrement l’étude pour
vérifier la stabilité des comportements…
Du fait de ces limites, les chargés d’études complètent souvent l’observation par d’autres
types d’études. De nombreuses entreprises utilisent maintenant la recherche ethno-
graphique, qui consiste à envoyer des observateurs formés regarder et interagir avec les
consommateurs dans leur cadre naturel.
Les hôtels enverront par exemple des chargés d’études dans la chambre après le départ
du client pour voir si celui-ci a modifié la disposition des meubles et des accessoires
dans la pièce afin qu’elle corresponde à ses désirs. Par exemple, le client a-t-il déplacé le
téléviseur de sorte à voir l’écran depuis le bureau ? A-t-il déplacé un meuble à côté du
bureau pour créer d’autres espaces de travail ? En observant comment le client utilise la
chambre, les ethnographes peuvent aider les designers à créer les chambres et le mobi-
lier qui répondent aux besoins des clients. Ils contribuent également à la conception des
halls d’hôtel pour les rendre plus conviviaux : plutôt que de travailler, lire, regarder la
télévision ou passer du temps sur les médias sociaux confinés dans leur chambre, les
clients peuvent désormais venir dans le hall et s’installer dans un lieu accueillant et un
environnement ouvert.
La recherche ethnographique apporte souvent certains détails qui n’émergent pas des
autres types d’études. Alors que les approches classiques d’études quantitatives visent à
tester des hypothèses connues et à obtenir des réponses à des produits définis ou à des
questions de stratégie, l’observation, quant à elle, peut générer de nouvelles idées sur les
clients et le marché. L’ethnographie permet une meilleure compréhension des consom-
mateurs24. Cela est particulièrement important dans les hôtels, les restaurants et tous les
services de l’accueil où il y a des interactions sociales entre les clients.
De nombreuses entreprises conduisent également des études de « netnographie » qui
consistent à observer le comportement des consommateurs sur Internet. Observer les
23. S.E. Ante, “The Science of Desire”, op. cit., p. 100 ; R. Blakely, “You Know When It Feels Like Somebody’s
Watching You ...”, Times, 14 mai 2007, p. 46 ; J. Neff, “Marketing Execs: Researchers Could Use a Softer Touch”,
Advertising Age, 27 janvier 2009.
24. S.E. Ante, “The Science of Desire”, op. cit., p. 99-106.
138 Marketing du tourisme et de l’accueil
discours des internautes alors qu’ils interagissent fournit des renseignements utiles pour
comprendre les motivations d’achat et le comportement à la fois en ligne et hors ligne25.
L’enquête
L’enquête est l’approche la plus utilisée pour collecter de l’information descriptive. Elle
peut être structurée (listes formelles de questions posées de la même manière à tous les
répondants) ou non (laisser l’enquêteur sonder le répondant et guider l’interview selon
ses réponses). L’enquête peut être directe (le chargé d’études pose des questions directes
sur le comportement et les opinions : « Pourquoi ne mangez-vous pas chez Pizza Pino ? »)
ou indirecte (« Quels genres de personnes mangent chez Pizza Pino ? »). À partir de la
réponse à cette seconde question, le chargé d’études est susceptible de découvrir pour-
quoi le consommateur évite l’enseigne Pizza Pino. Les réponses suggéreront peut-être
des facteurs dont le consommateur n’a pas conscience lui-même.
Mais elle présente aussi des inconvénients. Parfois, les personnes interrogées sont inca-
pables de répondre aux questions parce qu’elles ne se souviennent pas ou n’ont jamais
pensé à ce qu’elles font et pourquoi elles le font. Elles peuvent également être réticentes à
répondre à des questions posées par un enquêteur qu’elles ne connaissent pas, à propos
de choses qu’elles considèrent comme privées, ou ne pas souhaiter y consacrer du temps.
Les répondants peuvent également répondre de manière à paraître intelligents ou bien
informés. Ils peuvent aussi essayer d’aider l’enquêteur en lui donnant des réponses qui,
pensent-ils, le satisferont. Il faut concevoir les enquêtes avec soin pour minimiser ces
biais.
L’expérimentation
25. Voir P.K. Tyagi, “Webnography: A New Tool to Conduct Marketing Research”, Journal of American Academy
of Business, mars 2010, p. 262-268.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 139
Technique
de collecte Caractéristiques Avantages Inconvénients
de données
• Face-à-face à domicile, • Facilité de constitution
• Rôle de l’intervieweur
dans les bureaux, dans de l’échantillon .
qui doit rester le plus
la rue, dans les centres • Échantillons de petite
neutre possible .
Entretien commerciaux . taille .
• Difficulté à dépasser
individuel • Gagner la confiance des • Coût acceptable.
le simple déclaratif et
interviewés pour obtenir • Principe de la saturation
la rationalisation des
leur coopération . sémantique pour la taille
réponses .
• Dédommagement offert. de l’échantillon .
• Rôle de l’intervieweur
• Facilité de constitution
qui doit rester le plus
de l’échantillon .
• 6 à 10 personnes. neutre possible .
• Échantillons de petite
Réunion • Dédommagement offert. • Difficulté à dépasser
taille .
de groupe • Rôle important de le simple déclaratif et
• Coût acceptable.
(focus l’animateur . la rationalisation des
• Principe de la saturation
group) • Enregistrement vidéo de réponses .
sémantique pour la taille
la réunion . • Barrière du
de l’échantillon .
socialement correct qui
• Richesse des échanges.
limite l’expression .
• Autre forme d’entretien
• Rôle de l’intervieweur
qualitatif en face-à-face .
qui doit rester le plus
• Utilisation de questions Enrichir les connaissances
neutre possible .
Entretien en ouvertes . sur le comportement du
• Difficulté à dépasser
profondeur • Approfondissement client .
le simple déclaratif et
du dialogue grâce
la rationalisation des
à l’expertise de
réponses .
l’intervieweur .
• Facilité d’organisation
des entretiens ou des
réunions : les participants
• Groupes plus difficiles
• Entretiens et focus peuvent se connecter
à animer par rapport
groups via Internet . depuis n’importe quel
à des approches
• Plusieurs formes : en endroit et n’ont pas besoin
personnelles physiques .
temps réel, conversation de perdre une demi-
• Écran supplémentaire
dans laquelle participants journée en se déplaçant
Études qui rend plus délicate
et animateur échangent pour l’étude .
en ligne l’expression sincère et
librement ; mise en • Possibilité pour les
spontanée .
place d’un simili-forum chargés d’études de suivre
• Difficulté à créer un
où les participants se les réunions de groupe
dialogue enrichissant
connectent tous les jours partout .
dans le déroulement du
et commentent les sujets . • Réduction de tous les
focus group .
coûts de mise en œuvre
des entretiens et des focus
groups .
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 141
Technique de collecte
Avantages Inconvénients
de données
• Présence d’un intervieweur
Face-à-face
permettant de s’adapter à • Risque d’influence de
(à domicile, sur le lieu
l’interviewé et d’expliquer les l’intervieweur .
de travail, dans la rue,
questions . • Problème de disponibilité des
près d’un point
• Bon contrôle de l’échantillon. interviewés .
de vente)
• Mise en œuvre rapide.
• Nécessite des questions simples
• Adapté pour collecter une et clairement formulées .
grande quantité d’informations . • Délai de recueil des
• Coût réduit par répondant. questionnaires long .
• Réponses honnêtes à des • Taux de réponse très faible
questions personnelles . avec des conséquences sur la
Courrier
• Pas de biais dû à l’enquêteur. représentativité de l’échantillon .
• Peu intrusif et réponse quand • Pas de contrôle sur la personne
l’interviewé le souhaite . qui répond réellement au
• Bon moyen pour atteindre les questionnaire .
personnes qui voyagent souvent . • Nécessité d’avoir des fichiers
actualisés .
• Coût par répondant plus élevé
• Bonne flexibilité. que par la voie postale28 .
• Explication des questions par les • Risque de biais de l’intervieweur.
enquêteurs . • Technique intrusive de plus en
Téléphone
• Bon contrôle de l’échantillon. plus rejetée par les personnes .
• Taux de réponse corrects. • Problème des répondeurs
• Bonne efficacité en B to B. téléphoniques et du filtrage des
appels .
• Peu coûteux.
• Pas de contrôle du répondant.
• Recueil des données très rapide.
• Lassitude des interviewés trop
• Bonne flexibilité.
sollicités .
Internet • Données plus précises.
• Nécessité d’avoir les fichiers
• Possibilité de montrer des
d’adresses e-mail .
visuels ou des vidéos dans le
questionnaire .
28. J. Brown, “Survey Metrics Ward Off Problems”, Marketing News, 11 novembre 2003.
142 Marketing du tourisme et de l’accueil
regarder les consommateurs en ligne peut fournir des indications précieuses sur ce qu’ils
disent ou ressentent à propos des marques. « Internet sait ce que vous voulez29. »
La question la plus délicate à laquelle les chargés d’études en ligne font face concerne la
vie privée des consommateurs. Certains critiques craignent que des chargés d’études
malhonnêtes utilisent les adresses e-mail et les réponses confidentielles recueillies par le
biais d’enquêtes pour vendre des produits après la fin de l’étude. Ils sont préoccupés par
l’utilisation de technologies qui recueillent des renseignements personnels en ligne sans
le consentement des répondants. L’absence de réponse à ces questions sur la protection
de la vie privée pourrait engendrer la crainte des répondants qui deviendraient moins
coopératifs. En dépit de ces préoccupations, la plupart des professionnels du secteur
prédisent l’augmentation du nombre d’études marketing en ligne30.
Le plan d’échantillonnage
Définir un échantillon implique de définir quatre critères au préalable.
Premièrement, qui sera enquêté ? Par exemple, pour étudier le processus de prise de
décision des vacances d’une famille, le chargé d’études devrait-il interroger le mari, la
femme, les autres membres de la famille, l’agent de voyages ou chacun d’entre eux ? Il
doit déterminer quel type d’information est nécessaire et qui est le plus susceptible de
la détenir.
Deuxièmement, combien de personnes seront enquêtées ? Les grands échantillons
donnent des résultats plus fiables que les petits, mais sont plus coûteux.
Troisièmement, comment l’échantillon doit-il être choisi ? Les membres de l’échantillon
peuvent être choisis par hasard au sein de la population globale (échantillon probabi-
liste) ou parmi les personnes qui livreront plus facilement l’information (échantillon de
convenance). Le chargé d’études peut aussi choisir un nombre spécifique de répondants
de chacune des caractéristiques descriptives de la population à étudier (échantillon par
quotas).
Ces différentes manières de constituer des échantillons présentent des coûts, des
contraintes de temps, des niveaux de précision et des propriétés statistiques diffé-
rents. Les besoins du projet de recherche détermineront la méthode la plus efficace. Le
tableau 5.6 dresse la liste des différents types d’échantillons.
Quatrièmement, quand l’enquête doit-elle être menée (notamment pour les enquêtes
en face-à-face) ? Les jours et les heures devront être représentatifs du flux de trafic.
Par exemple, si 70 % des clients arrivent après 19 h, alors la collecte de données doit
être plus importante durant la soirée. Le type de clients peut changer en fonction du
jour et de l’heure. Les personnes qui travaillent à proximité d’un restaurant peuvent
s’y rendre pour le déjeuner, alors que les personnes qui vivent à proximité viennent y
dîner. Les hommes d’affaires séjournent à l’hôtel du dimanche au jeudi et les personnes
qui voyagent pour le plaisir y logent plus fréquemment durant les week-ends. Ainsi, si
la population à laquelle on s’intéresse est celle des voyageurs d’affaires, l’échantillon
29. S. Baker, “The Web Knows What You Want”, BusinessWeek, 27 juillet 2009, p. 48.
30. Pour de plus amples développements, voir “What Would You Reveal on the Internet?”, Privacy Journal,
janvier 2009, p. 1 ; J. O’Donnell, “Cookies Sound Sweet, But They Can Be Risky”, USA Today, 26 octobre
2009 ; J. Temple, “All Eyes on Online Privacy”, San Francisco Chronicle, 29 janvier 2010, p. D1.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 143
Échantillons probabilistes
Chaque membre de la population a une chance égale et connue
Échantillon aléatoire simple
d’être choisi .
La population est divisée en groupes mutuellement exclusifs
Échantillon aléatoire stratifié (ex . : groupes d’âge) et des échantillons aléatoires sont tirés à
partir de chaque groupe .
La population est divisée en groupes mutuellement exclusifs
Échantillon en grappe (ex . : quartiers d’une ville) et le chargé d’études tire un échantillon
des groupes à interroger .
Échantillons non probabilistes
Choix des membres de la population facilement joignables pour
Échantillon de convenance
recueillir l’information .
Le chargé d’études choisit les membres de la population
Échantillon de jugement
susceptibles, d’après lui, de fournir une information fiable .
Détermination du nombre de personnes dans chacune des
Échantillon par quotas
différentes catégories descriptives de la population mère .
Le questionnaire
Un questionnaire doit être préparé avec soin, au risque sinon de ne pas fournir de
réponses exploitables.
L’encadré Focus 5.1 présente un exemple de questionnaire avec un certain nombre d’er-
reurs de conception.
Focus 5.1
Un questionnaire à remettre en question
Supposez que le questionnaire suivant ait été préparé par le responsable d’un restau-
rant pour construire un profil de son marché potentiel. En tant que consommateur,
que pensez-vous de chaque question ?
Question 1 : Quel est votre revenu à 100 € près ?
Les gens ne connaissent pas nécessairement leur revenu à 100 € près. Il est préfé-
rable de proposer des réponses en utilisant des tranches de revenu. Les répondants
peuvent aussi ne pas souhaiter révéler cette information. De plus, un questionnaire
ne doit jamais débuter par une question aussi personnelle (à reléguer à la fin).
144 Marketing du tourisme et de l’accueil
☐1 ☐2 ☐3 ☐4 ☐5
Les réponses ne sont pas exhaustives : que se passera-t-il si une personne ne prend
jamais de petit-déjeuner ? L’ajout d’une sixième réponse, 0, résoudrait ce problème.
Question 4 : En moyenne, combien dépensez-vous pour manger ?
Le questionnaire est de loin l’instrument le plus utilisé, qu’il s’agisse d’une enquête en
face-à-face, par téléphone ou en ligne, du fait de sa flexibilité.
Il peut comporter des questions fermées (qui proposent des modalités de réponses à la
personne interrogée) ou des questions ouvertes (qui laissent plus libre cours à l’expression
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 145
de la personne, mais qui sont plus difficiles à interpréter, car elles sont moins « forma-
tées »).
Tableau 5.7 – Les principales questions ouvertes ou fermées lors des études marketing
Questions fermées
Nom Description Exemple
Dichotomique Une question Lorsque vous avez organisé ce voyage, avez-vous contacté la
qui offre deux compagnie Alpha ?
possibilités de Oui Non
réponse .
Choix multiple Une question Avez-vous effectué ce voyage avec :
qui offre au Aucune autre personne
moins trois Votre conjoint
possibilités de Vos enfants
réponse . Un ou plusieurs collègues
Un groupe organisé
Échelle de Une Les petites compagnies aériennes offrent en général un
Likert affirmation meilleur service que les grandes compagnies aériennes .
au sujet de Pas du tout Pas Ni d’accord Plutôt Tout
laquelle le d’accord d’accord ni pas d’accord à fait
répondant d’accord d’accord
donne
son degré 1 2 3 4 5
d’accord ou de
désaccord
Sémantique Une échelle Selon vous, Alpha Airlines est une compagnie aérienne :
différentielle est insérée Grande Petite
entre deux
mots opposés Expérimentée Inexpérimentée
(antonymes) . Moderne Archaïque
Le répondant
indique le
point qui
représente la
direction et
l’intensité de
son opinion .
Échelle Une échelle Pour moi, le repas servi dans l’avion est :
d’importance mesurant Pas du tout Peu Moyennement Assez Très
l’importance important important important important important
d’un critère .
1 2 3 4 5
Échelle de Une échelle Selon vous, quelle est la qualité des repas servis à bord des
jugement évaluant un lignes Alpha :
produit ou un Très Plutôt Ni bonne Assez Très
service sur un mauvaise mauvaise ni mauvaise bonne bonne
critère .
1 2 3 4 5
146 Marketing du tourisme et de l’accueil
Tableau 5.7 – Les principales questions ouvertes ou fermées lors des études marketing (suite)
Questions fermées
Nom Description Exemple
Une échelle À quelle fréquence voyagez-vous sur les lignes de la compagnie
qui évalue aérienne Alpha ?
la fréquence
Échelle de Jamais De temps Souvent Presque Toujours
d’utilisation ou
fréquence en temps toujours
d’achat d’un
critère . 1 2 3 4 5
Questions ouvertes
Nom Description Exemple
Sans structure Une question Que pensez-vous de la compagnie Alpha ?
à laquelle le
répondant peut
répondre de
multiples manières .
Associations de mots Des mots sont Quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit
présentés, un par lorsque vous entendez…
un, au répondant Compagnie aérienne
qui doit indiquer le
premier mot qui lui Alpha
vient à l’esprit .
Phrases à compléter Une phrase Lorsque je choisis une compagnie aérienne, mon
incomplète est premier critère de choix est :
présentée au
répondant qui doit la
terminer .
Histoires à compléter Une histoire « J’ai pris un de vos Alpha il y a quelques jours . J’ai
incomplète est remarqué l’aménagement original de l’appareil .
racontée au Cela m’a fait penser à… »
répondant qui doit la
terminer .
Bulles à compléter Une image où deux
personnages sont Voici le repas !!!
représentés . L’un
dit quelque chose .
Le répondant doit
indiquer la réponse
de l’autre .
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 147
Questions ouvertes
Nom Description Exemple
Tests TAT Une image est
(Thematic présentée . Le
Apperception Test) répondant doit
raconter une histoire
correspondant à
ce qui se passe ou
pourrait arriver dans
l’image .
Focus 5.2
Il existe une technique extrême, interdite en France mais utilisée aux États-Unis :
le « neuromarketing ». Il consiste à mesurer l’activité cérébrale pour apprendre
comment les consommateurs perçoivent et répondent. Les scientifiques du marketing
qui utilisent l’imagerie à résonance magnétique (IRM) et l’électroencéphalogra-
phie (EEG) ont appris que l’activité cérébrale et le flux sanguin peuvent fournir des
renseignements sur ce qui affecte ou non les consommateurs en termes de marques
et de marketing. Un neuromarketeur suggère que « les entreprises ont toujours voulu
atteindre le cœur du client mais que la tête peut constituer une meilleure cible. Le
neuromarketing atteint les consommateurs là où l’action se déroule : le cerveau31 ».
31. J. Tsai, “Are You Smarter Than a Neuromarketer?”, Customer Relationship Management, janvier 2010,
p. 19-20.
148 Marketing du tourisme et de l’accueil
32. Sur les techniques de neuromarketing, voir L. Burkitt, “Neuromarketing: Companies Use Neuroscience for
Consumer Insights”, Forbes, 16 novembre 2009, www.forbes.com/forbes/2009/1116/marketing-hyundai-
neurofocus-brain-waves-battle-for-the-brain.html
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 149
Le chargé d’études utilise des logiciels standard pour préparer les résultats et calculer
notamment les moyennes pour les principales variables.
Focus 5.3
Les écueils à éviter lors de la préparation et de l’interprétation d’une étude
marketing
Faire des postulats. Un restaurant envisage d’ajouter un piano-bar. Les chargés d’études
conçoivent une enquête client. Une question demande aux clients s’ils souhaitent profiter
de divertissements dans le bar, sans mentionner le type de divertissement. Les clients
peuvent répondre à cette question positivement, en pensant par exemple à des spectacles
de danse. Voyant les réponses positives, le manager ajoute une question concernant un
piano-bar et se demande ensuite pourquoi autant de clients ne répondent pas à cette
question. Cette question est modifiée suite au pré-test de l’enquête.
Une association sportive demande à ses membres s’ils souhaitent que les installa-
tions de l’association soient rénovées. La plupart des membres répondent « oui ».
L’association paie des consultants pour qu’ils dessinent les plans de la rénovation. Le
travail fait, il est présenté aux membres ainsi que les coûts associés qui entraînent
une augmentation des cotisations.
Manque d’information qualitative. La plupart des enquêtes qui figurent dans
les magazines fournissent une information descriptive. Par exemple, une étude
de Procter & Gamble a montré que l’attribut le plus important dans la décision de
revenir dans un hôtel pour les voyageurs réguliers était qu’il paraisse propre. Pour
utiliser cette information, le management a besoin de savoir comment ses clients
jugent si l’hôtel paraît propre ou pas. Il peut donc organiser des entretiens de groupe
pour savoir ce que les clients regardent pour déterminer la propreté de la chambre, à
quel point la propreté les préoccupe, etc.
150 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les informations recueillies par les SIM peuvent bénéficier d’une analyse statistique plus
poussée pour permettre aux managers d’aller au-delà des moyennes et des écarts types,
et de répondre à des questions telles que :
• Quelles sont les principales variables qui influent sur les ventes et quelle est l’impor-
tance de chacune ?
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 151
33. Voir G.L. Lilien, P. Kotler et K.S. Moorthy, Marketing Models, Upper Saddle River, Prentice Hall, 1992.
152 Marketing du tourisme et de l’accueil
l’information secondaire est disponible, elle doit être généralement obtenue à partir de
différentes sources et pays par pays.
À défaut d’une information secondaire fiable et accessible, les chargés d’études doivent
souvent collecter des données primaires. Mais compte tenu du manque de données
sociodémographiques dans certains pays, ils peuvent avoir des difficultés à constituer
les échantillons appropriés. En France, par exemple, il y a des données de panels, des
résultats disponibles d’études qualitatives ou quantitatives et de nombreuses sources de
données socioéconomiques qui permettent la sélection d’un échantillon. Dans beaucoup
de pays en voie de développement, ces données n’existent pas.
34. De nombreux exemples de cette section sont extraits de S.C. Jain, International Marketing Management,
3e éd., Boston, PWS-Kent, 1990, p. 334-339. Voir aussi V. Terpstra et R. Sarathy, International Marketing,
Chicago, Dryden Press, 1991, p. 208-213.
Chapitre 5 – Les systèmes d’information marketing et les études 153
Synthèse
• Pour créer de la valeur pour les clients et nouer des relations avec eux, les marketeurs
doivent tout d’abord avoir une connaissance précise et récente de leurs besoins et
désirs.
• Ainsi les études marketing et le système d’information d’une entreprise doivent
faire plus que générer des informations. La valeur réelle des études marketing et des
informations marketing réside dans la manière dont elles sont utilisées et dans la
connaissance client qu’elles fournissent.
• Un système d’information marketing (SIM) est un réseau complexe de relations
structurées où interviennent des hommes, des outils et des procédures qui collectent,
trient, analysent et distribuent l’information souhaitée, de manière précise et au
moment voulu pour les décideurs marketing. La première phase du SIM consiste à
interagir avec ces utilisateurs afin de détailler leurs besoins en information. Vient
ensuite la collecte de l’information demandée à partir des bases de données internes
de l’entreprise, des activités de l’intelligence marketing et des études de marché. Le
SIM aide ensuite les utilisateurs à analyser l’information et à la mettre en forme pour
prendre des décisions marketing et gérer les relations clients. Enfin, le SIM diffuse
l’information marketing aux personnes concernées et aide les managers à l’utiliser.
• Une étude marketing est un processus utilisé pour identifier et définir les opportu-
nités et menaces, contrôler et évaluer les actions et les performances du marketing, et
communiquer les résultats obtenus et leurs implications au management. Une étude
marketing est un projet qui a un début et une fin. Ce projet alimente le système d’in-
formation marketing. Le processus d’étude marketing compte quatre étapes : établir
le problème et les objectifs de l’étude, définir le plan d’étude, mettre en œuvre le plan
d’étude, interpréter et présenter les résultats.
• Les chargés d’études à l’international suivent les mêmes étapes que sur leurs marchés
domestiques. Les marchés varient souvent fortement selon leurs niveaux de dévelop-
pement économique, leurs cultures, leurs coutumes et leurs modèles d’achat. Une fois
identifiés, de nombreux problèmes inhérents aux études marketing à l’international
peuvent être dépassés ou évités.
• Les responsables de petites organisations peuvent obtenir une information marke-
ting pertinente en observant ce qui se passe autour d’eux. Ils peuvent mener des
enquêtes informelles en utilisant de petits échantillons de convenance. La collecte de
données secondaires, l’observation, les enquêtes et les expérimentations peuvent être
utilisées efficacement par des organisations de petite taille qui ont de petits budgets.
Activités
Questions de réflexion
1. Quel rôle devraient jouer les études marketing pour aider une entreprise à mettre en
place son concept marketing ?
2. Comparez et soulignez les aspects distinctifs des bases de données internes, de
l’intelligence marketing et des études marketing comme moyens pour développer
l’information marketing.
3. Discutez les avantages et les inconvénients de l’utilisation des cartes d’avis et de
commentaires clients dans un restaurant.
4. L’entretien de groupe constitue une méthode d’étude et de recherche à la fois large-
ment utilisée et fortement critiquée en marketing. Quels sont ses avantages et ses
inconvénients ? Quels sont les types de questions qu’il est possible d’investiguer avec
des entretiens de groupe ?
Application
1. Vous êtes propriétaire d’un restaurant haut de gamme et souhaitez améliorer le
niveau de service qu’offre votre personnel, composé de 30 personnes. En quoi une
étude d’observation pourrait-elle vous aider ?
2. Les chargés d’études marketing débutent souvent leur processus de collecte d’in-
formation en examinant les données secondaires. Quelles sources de données
secondaires seraient disponibles pour le manager d’un restaurant traditionnel qui
souhaiterait se faire une idée des tendances de consommation ?
3. Quel type d’étude serait le plus approprié dans les situations suivantes et pourquoi ?
a. Un fast-food souhaite investiguer l’influence qu’ont les enfants sur l’achat de ses pro-
duits.
b. Un hôtel veut collecter de l’information primaire sur ce que les clients pensent de la
variété de ses menus, de la qualité de la nourriture et du service de son restaurant.
c. Un restaurant traditionnel envisage d’implanter une filiale dans un autre quartier de
la ville qui connaît une forte croissance.
d. Un fast-food souhaite tester l’effet de deux nouvelles publicités qui font la promotion
de son nouveau sandwich au bœuf charolais pour augmenter ses ventes dans deux
villes.
e. Le directeur d’un office du tourisme veut savoir comment utiliser de manière efficace
son budget publicitaire.
Pour action
1. On vous demande d’évaluer ce que les étudiants de votre campus pensent du service
de restauration de votre établissement.
156 Activités
Objectifs
1 . Expliquer le modèle de compor-
L es responsables marketing doivent faire
preuve de prudence quand ils analysent le
comportement du consommateur.
tement d’achat du consomma-
teur . Dès que les managers ont le sentiment de
comprendre leurs clients, l’acheteur prend des
2 . Identifier les principaux facteurs
décisions apparemment irrationnelles. Toutefois,
affectant le comportement des
consommateurs . ce qui ressemble à un comportement irrationnel
pour un manager est parfaitement rationnel pour
3 . Expliquer le processus de déci- le consommateur. Le comportement d’achat n’est
sion du consommateur .
jamais simple. Il est affecté par de nombreux
facteurs, alors que sa compréhension est la tâche
essentielle du département marketing.
Dans ce chapitre seront examinés la dynamique
du comportement d’achat des consommateurs
et le marché des consommateurs. Le compor-
tement d’achat des consommateurs se réfère
au comportement d’achat des clients finals,
des individus et des ménages qui achètent des
biens et des services destinés à la consomma-
tion personnelle, et qui composent l’ensemble
du marché des consommateurs.
Le marché des consommateurs aux États-Unis
comprend plus de 300 millions de personnes qui
consomment plus de 12 000 milliards de dollars
de biens et de services – presque 10 000 dollars
pour chaque individu. Chaque année, la crois-
sance de ce marché est de plusieurs millions de
personnes et de plus de 100 milliards de dollars,
ce qui en fait l’un des plus beaux marchés de
consommation dans le monde. En comparaison,
la France compte environ 65 millions d’habitants.
En 2011, la dépense totale de consommation des
ménages français s’élevait à 1 110,1 milliards
d’euros, soit plus de la moitié du PIB du pays1.
Tableau 6.1 – Arrivées, nuitées et durée moyenne des séjours de touristes étrangers en France
selon leur zone de résidence
Évolution Durée
Nombre Part dans Nombre Part dans
du nombre moyenne
de touristes l’ensemble de nuitées l’ensemble
de nuitées des séjours
en 2013 en 2013 en 2013 en 2013
2012-2013 en 2013
(en millions) (en %) (en millions) (en %)
(en %) (en nuitées)
Europe 70,1 82,8 465,2 77,6 4,7 6,6
Allemagne 13 15,4 89,7 15 7,2 6,9
Royaume-Uni 12,6 14,9 85,2 14,2 5,9 6,8
Belgique,
10,5 12,3 61,7 10,3 − 1,4 5,9
Luxembourg
Italie 7,8 9,2 43,3 7,2 − 3,4 5,5
Espagne 5,3 6,3 30 5 − 2,3 5,6
Russie 0,8 0,9 7 1,2 13,1 8,9
Amérique 6,6 7,7 57 9,5 0,3 8,7
Amérique
4,2 4,9 38 6,3 3,3 9,1
du Nord
Brésil 1,2 1,4 10,1 1,7 1,9 8,7
Tableau 6.1 – Arrivées, nuitées et durée moyenne des séjours de touristes étrangers en France
selon leur zone de résidence
Évolution Durée
Nombre Part dans Nombre Part dans
du nombre moyenne
de touristes l’ensemble de nuitées l’ensemble
de nuitées des séjours
en 2013 en 2013 en 2013 en 2013
2012-2013 en 2013
(en millions) (en %) (en millions) (en %)
(en %) (en nuitées)
Asie 4,5 5,3 34,7 5,8 8,1 7,7
Chine 1,7 2 11 1,8 4,6 6,4
Japon 0,7 0,8 4,4 0,7 − 3,3 6,5
Inde 0,3 0,4 1,8 0,3 4 6
Océanie 1,4 1,6 11,9 2 18,6 8,5
Afrique 2,1 2,5 30,8 5,1 3,4 14,4
Afrique du
1,4 1,7 20,4 3,4 2,9 14,2
Nord
Total 84,7 100 599,7 100 4,6 7,1
Source : enquête auprès des visiteurs venant de l’étranger (EVE), DGCIS, Banque de France .
Après avoir examiné les caractéristiques des acheteurs qui affectent leurs comporte-
ments d’achat, nous détaillerons dans ce chapitre le processus de décision de l’acheteur
avant de nous intéresser à l’achat organisationnel et aux groupes de tourisme d’affaires.
l’acheteur et son processus de décision, souvent difficiles à saisir pour les marketeurs et
qui produisent certaines réponses de sa part. Les marketeurs doivent déterminer ce qui
est à l’intérieur de cette « boîte noire ».
Stimuli Autres
Marketing La « boîte noire » de l’acheteur Réponses de l’acheteur
stimuli
Produit Économique Les caracté- Le processus Choix de produit
Prix Technologique ristiques de de décision Choix de marque
Distribution Politique l’acheteur de l’acheteur Choix du détaillant
Commu- Culturel
nication Moment de l’achat
Montant de l’achat
Comme le montre la figure 6.1, les stimuli marketing reposent sur quatre éléments : le
produit, le prix, la distribution et la communication. Les autres stimuli sont liés à l’envi-
ronnement économique, technologique, politique et culturel de l’acheteur. Toutes ces
stimulations sont traitées dans la « boîte noire » de l’acheteur.
Les marketeurs doivent comprendre comment les stimuli sont transformés en réponses
à l’intérieur de cette « boîte noire ». Celle-ci peut être décomposée en deux parties.
Premièrement, un acheteur possède des caractéristiques qui influencent la façon dont
il perçoit et réagit aux stimuli. Deuxièmement, le processus de décision de l’acheteur
affecte lui aussi les résultats.
Après traitement dans la « boîte noire », les réponses observables sont le choix d’un
produit, d’une marque, d’un détaillant, du moment de l’achat ou encore de la somme
d’argent que l’acheteur est prêt à dépenser.
La sous-culture
Chaque culture regroupe plusieurs sous-cultures ou groupes d’individus qui partagent
les mêmes valeurs en raison de leur nationalité, leur religion, leur appartenance à un
groupe ethnique ou leur situation géographique. De nombreuses sous-cultures forment
des segments de marché importants et les marketeurs conçoivent souvent des produits et
des programmes marketing adaptés aux besoins spécifiques de ces groupes.
Aux États-Unis, par exemple, on observe différents marketings communautaires destinés
à différentes sous-cultures : Hispaniques, Afro-Américains, Asiatiques ou seniors. En
France, l’origine ethnique n’est pas prise en compte par l’Insee ou l’Ined. Il est donc
difficile de quantifier les membres des différents groupes ethniques. Cependant, leur
nombre n’est pas négligeable et, vu le caractère prédictif de l’ethnie sur la consommation,
de nombreuses initiatives marketing ont vu le jour, notamment dans les secteurs des
cosmétiques et de l’alimentation.
4. S. Harte, “When in Rome, You Should Learn to Do What the Romans Do”, Atlanta Journal-Constitution,
22 janvier 1990, p. D1 et D6. Voir aussi le Lufthansa’s Business Travel Guide/Europe ; S. Frank, “Global Nego-
tiating”, Sales and Marketing Management, mai 1992, p. 64-69 ; V. Zeithaml et M.J. Bitner, Services Marketing,
New York, McGraw-Hill, 2000 ; K.F. Winsted, “The Service Experience in Two Cultures”, Journal of Retailing,
vol. 73, n° 3, 1997, p. 337-360.
5. “Briefcase—It’s Fast and It’s Kosher”, Houston Chronicle, 25 avril 1997, p. 4C.
6. Pour plus d’information : www.lesechosdelafranchise.com/franchises-restauration-rapide/kfc-deploie-ses-
ailes-en-franchise-40716.php
Chapitre 6 – Le comportement d’achat des consommateurs 163
constituent des marchés différents. Ils veulent le plus souvent standardiser leurs offres
afin de simplifier les opérations et tirer avantage d’économies de coûts. Toutefois, l’adap-
tation des moyens marketing à chaque pays aboutit à des produits et des programmes qui
conviennent mieux aux besoins des consommateurs locaux.
Alors que de plus en plus d’entreprises s’étendent dans le monde entier, la question de
savoir s’il faut adapter ou standardiser le marketing mix sur plusieurs marchés interna-
tionaux crée un débat permanent et animé.
Même si la culture et les sous-cultures influencent de manière importante les compor-
tements des consommateurs, d’autres facteurs comme la classe sociale constituent des
éléments que les marketeurs doivent prendre en compte lorsqu’ils analysent les traits
culturels des consommateurs.
La classe sociale
Toute société humaine met en place une certaine structure de classes sociales. Les classes
sociales sont des divisions relativement permanentes et ordonnées dont les membres
partagent les mêmes valeurs, intérêts et comportements. En France, depuis 1982, l’Insee
définit les classes sociales par les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS).
Cette approche est plus détaillée que les propositions antérieures, mais elle est aussi plus
complexe. Les PCS classent la population selon la profession, la position hiérarchique et
le statut (salarié ou non).
Les PCS agrègent trois niveaux (les groupes socioprofessionnels, les catégories socio-
professionnelles et les professions), ce qui donne 497 combinaisons possibles. Outre
sa complexité, la difficulté de reproduire cette classification à un niveau international
diminue fortement la portée de cet outil. Pour remédier à cet inconvénient, l’European
Society for Opinion and Marketing Research (Esomar) propose une classification sociale
standardisée sur le plan européen. En croisant l’âge à la fin des études (de 13 ans à 21 ans
et plus) et la catégorie socioprofessionnelle (du cadre supérieur E1 à l’ouvrier non qualifié
E12), cinq classes sociales ont été définies (A, B, C, D, E).
Dans les nations plus récentes comme les États-Unis, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-
Zélande, la classe sociale n’est pas représentée par un seul facteur, comme le revenu,
mais mesurée par une combinaison de la profession, des sources de revenu, du niveau
d’éducation, de l’état de santé et d’autres variables. Dans de nombreuses nations plus
anciennes, la classe sociale est celle dans laquelle on est né.
Les marketeurs sont intéressés par la classe sociale car les individus au sein d’une même
classe ont tendance à avoir des comportements similaires, y compris le comportement
d’achat. Chaque classe sociale manifestera des préférences distinctes pour un produit et
pour des marques dans des domaines tels que la nourriture, les voyages et les activités
de loisirs. Certains marketeurs se concentrent uniquement sur une classe sociale. Par
exemple, les restaurants étoilés ciblent les clients des classes supérieures alors que les
brasseries ou les fast-food se concentrent sur des clients de classes inférieures.
Les classes sociales préfèrent des types de médias différents. Les consommateurs de
classe supérieure privilégient généralement les magazines et les livres, et ceux des classes
inférieures, la télévision.
164 Marketing du tourisme et de l’accueil
La famille
Les membres de la famille ont une forte influence sur le comportement de l’acheteur.
Ainsi la famille peut être considérée comme une organisation d’achat qui regroupe des
consommateurs. Dans les sociétés occidentales, elle reste le groupe le plus important et
a fait l’objet de recherches approfondies.
Les marketeurs s’intéressent aux rôles et à l’influence des époux et des enfants quant à
l’achat de différents produits et services. L’implication mari-femme varie largement en
fonction de la catégorie de produit et de l’étape du processus d’achat.
Les rôles d’acheteur changent avec l’évolution des modes de vie du consommateur. Aux
États-Unis, traditionnellement, la femme était le principal acheteur pour la famille,
plus particulièrement dans les domaines de l’alimentation, des produits ménagers et
de l’habillement. Mais tout cela est en train de changer. Aujourd’hui, 70 % des femmes
travaillent en dehors de la maison et les hommes ont la volonté de faire plus d’achats pour
la famille. Par exemple, désormais, les femmes achètent ou influencent près de 80 % des
décisions d’achat et les hommes représentent près de 40 % des dépenses alimentaires.
Les enfants peuvent aussi avoir une forte influence sur les décisions d’achat de la famille
(lieu de vacances, choix de la voiture et des téléphones portables…)7. Pour encourager les
familles à sortir manger avec leurs enfants, des restaurants ont attiré ceux-ci en propo-
sant de nombreuses initiatives, depuis le menu sophistiqué pour les enfants, aux offres
spéciales, jusqu’aux activités centrées sur leur santé.
Par exemple8, chez Pizza Hut, les enfants mangent gratuitement le mercredi après 16 h
pour l’achat d’un menu à 15,90 € au minimum. Des cadeaux leur sont offerts : un set de
coloriage chez Buffalo Grill et Courtepaille, des ballons de baudruche à l’effigie de la
marque chez Hippopotamus…
En Asie, les enfants deviennent eux aussi de plus en plus influents. Une étude montre que
66 % des adolescents en Asie sont influencés par les publicités à la télévision et 20 % par
Internet. C’est important car, selon des recherches conduites à Taiwan, 98 % des enfants
7. R.K. Miller et K. Washington, Consumer Behavior, Atlanta, Richard K. Miller and Associates, 2009, chap. 27.
Voir également M.K. Sullivan, Consumer Behavior: Buying, Having and Being, Upper Saddle River, Prentice
Hall, 2011, p. 439-445.
8. Pour plus d’informations : http://bougerenfamille.com/les-restaurants-avec-menu-enfant/
Chapitre 6 – Le comportement d’achat des consommateurs 165
ont leur mot à dire à propos du choix de leurs programmes télévisés. Les enfants ont
généralement une influence sur l’endroit où dîne la famille à l’extérieur.
Aux États-Unis, le secteur de l’alimentation dépense 14 milliards de dollars par an pour
la publicité à destination des enfants. Une étude de Mintel constate que, jusqu’à l’âge de
12 ans, les habitudes alimentaires des enfants sont influencées en premier lieu par leurs
parents, mais qu’ensuite s’opère un changement vers une influence par leurs pairs9.
9. L. Abu-Shalback Zid, “What’s for Dinner”, Marketing Management, septembre-octobre 2004, p. 6 ; D. Evans
et O. Toth, “Parents Buy, But Kids Rule”, Media Asia, 14 novembre 2003, p. 22+.
10. J.E.G. Bateson, Managing Services Marketing, New York, Dryden, 1989, p. 291-300.
166 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les groupes
De nombreux petits groupes influencent le comportement d’une personne. Les groupes
d’appartenance sont les groupes ayant une influence directe et auxquels appartient
une personne. Les groupes de référence sont ceux auxquels le consommateur n’appar-
tient pas, mais qui lui servent de points de comparaison directs (face-à-face), indirects
ou de points de référence pour la formation de ses attitudes ou de son comportement.
Par exemple, pour les jeunes footballeurs, le groupe de référence sera celui des joueurs
professionnels qu’ils espèrent un jour imiter en devenant eux-mêmes professionnels.
L’importance du groupe d’influence varie en fonction du produit et de la marque.
Les marketeurs essaient d’identifier les groupes de référence de leurs marchés cibles
car ces groupes influencent les consommateurs d’au moins trois façons : ils exposent
la personne à de nouveaux comportements et modes de vie ; ils exercent une influence
sur l’image que la personne se fait d’elle-même ; ils créent des pressions en faveur d’une
certaine conformité sociale qui peut affecter les choix des individus en termes de produit,
de marque et de fournisseurs.
11. “Research Reveals Word-of-Mouth Campaigns on Customer Networks Double Marketing Results”, Business
Wire, 27 octobre 2009.
12. Voir B. Morrissey, “Social Rings”, Brandweek, 18 janvier 2010, p. 20.
168 Marketing du tourisme et de l’accueil
La profession
Le métier exercé par une personne affecte les biens et services qu’elle achète. Par exemple,
les cadres d’entreprise commandent leurs repas auprès de restaurants qui proposent des
plats livrés sur leur lieu de travail, alors que les employés utilisent les restaurants d’en-
treprise, apportent leurs repas ou les commandent à une chaîne de restauration rapide
située à proximité.
Certaines entreprises vont même jusqu’à positionner leurs produits pour une profession
déterminée.
Le style de vie
Des individus partageant la même sous-culture, la même classe sociale et la même
profession peuvent avoir des styles de vie différents. Le style de vie dépasse la classe
sociale et la personnalité. Il établit le portrait de l’individu dans son approche globale
13. R.M. Howey, A. Mangala, F.J. De Micco et P.J. Moreo, “Marketplace Needs of Mature Travelers”, Cornell Hotel
and Restaurant Administration Quarterly, vol. 33, n° 4, 1992, p. 19-20.
14. N. Hellmich, “We Dine Out a Lot, But There’s no Plate Like...”, USA Today, 13 octobre 2004, p. 5D.
Chapitre 6 – Le comportement d’achat des consommateurs 169
face à son environnement. Il correspond au modèle de vie d’une personne exprimé dans
ses activités, intérêts et opinions (voir tableau 6.3).
Une étude comparant les touristes qui achètent des voyages tout compris (all-inclusive)
et ceux qui composent eux-mêmes leurs voyages révèle que les caractéristiques de styles
de vie varient entre ces deux catégories de consommateurs. Les acheteurs de voyages
tout compris sont « plus socialement interactifs, soucieux, et prennent leurs vacances
principalement pour se reposer ». Les touristes qui préfèrent les voyages modulables ont
plus confiance en eux et recherchent souvent la solitude15.
Critères
Activités Intérêts Opinions
démographiques
Travail Famille Eux-mêmes Âge
Loisirs Maison Préoccupations sociales Niveau scolaire
Événements sociaux Métier Politique Revenu
Vacances Communauté Monde des affaires Profession
Divertissement Détente Économie Taille du foyer
Adhésion à des clubs Mode Éducation Type de domicile
Communauté Alimentation Produits Lieu d’habitation
Shopping Médias Futur Taille de la ville
Sports Accomplissements Culture
La typologie VALS
Il existe plusieurs classifications des styles de vie mais la plus utilisée est celle de SRI
Consulting : la typologie VALS (Values, Attitudes and Lifestyles). La méthode VALS
a été la seule segmentation psychographique commercialisée à être largement acceptée.
Le système de segmentation est fondé sur les réponses à un questionnaire comprenant
5 questions démographiques, 42 questions attitudinales, ainsi que des questions sur
l’utilisation de services en ligne et de sites Internet. Le questionnaire VALS demande
aux répondants leur degré d’accord ou de désaccord vis-à-vis d’affirmations comme « Je
préfère que ma vie soit à peu près identique de semaine en semaine », « J’ai souvent soif
d’excitation » ou « Je préférerais faire quelque chose plutôt que l’acheter »16.
Cette typologie classe, par exemple, les adultes américains en 8 groupes selon la manière
dont ils organisent leur temps libre et dépensent leur argent. Les consommateurs sont
divisés en fonction de deux critères principaux : la motivation première et les ressources.
Les motivations premières incluent les idéaux, l’accomplissement et l’expression de soi.
Les consommateurs sont ensuite divisés en deux catégories, selon que leurs ressources
(revenu, éducation, santé, confiance en soi, énergie…) sont élevées ou faibles. Les consom-
mateurs disposant de ressources très élevées ou très faibles sont classés sans tenir compte
de leurs motivations premières (Innovateurs, Survivants). Cette typologie débouche
15. J. Yoon et E.L. Shafer, “An Analysis of Sun-Spot Destination Resort Market Segments: All Inclusive Package
Versus Independent Travel Arrangements”, Journal of Hospitality and Tourism Research, vol. 21, n° 1, 1997,
p. 157-158.
16. A. Mitchell, The Nine American Lifestyles, New York, Warner Books, p. viii–x et 25-31 ; voir aussi W.A. Kama-
kura et M. Wedel, “Lifestyle Segmentation with Tailored Interviewing”, Journal of Marketing Research, vol. 32,
n° 3, 1995, p. 308-317.
170 Marketing du tourisme et de l’accueil
sur 8 profils différents parmi lesquels on compte, par exemple, les individus orientés
vers l’accomplissement (achievers) : ces consommateurs recherchent des produits et des
services qui montrent leur réussite à leurs pairs. Ainsi les marketeurs cherchent souvent
à créer des relations entre leurs produits et les personnes guidées par l’accomplissement.
Un chef peut par exemple positionner plus clairement son restaurant pour cette catégorie
de consommateurs.
Jock Bickert a développé une classification appelée Cohorts. Celle-ci est construite à
partir d’une grande quantité de données réelles auto-administrées au niveau du ménage,
plutôt que de données inférées ou de données au niveau géographique comme celles
utilisées dans les autres systèmes de segmentation. Les cohortes sont identifiées par
27 groupes de foyers extrêmement proches. Elles donnent une classification unique pour
chaque foyer.
D’autres typologies
Les classifications à partir des styles de vie ne sont en aucun cas universelles. L’agence
de publicité McCann-Erikson de Londres a par exemple trouvé les styles de vie anglais
suivants :
L’agence publicitaire D’Arcy, Masius, Benton & Bowles, rachetée par Publicis en 2002, a
identifié cinq catégories de consommateurs russes :
Les Cosaques sont ambitieux, indépendants et en recherche de statut social ; les Âmes
russes regroupent des individus plutôt passifs, peureux face aux choix et pleins d’espoir17.
La motivation
Une personne a différents besoins à différents moments. Certains sont biologiques, issus
de tensions physiologiques, tels que la faim, la soif ou le manque de confort. D’autres sont
d’ordre psychologique, résultant d’états de tension, tels que le besoin de reconnaissance,
d’estime de soi ou d’appartenance. La plupart de ces besoins ne sont pas assez forts pour
motiver une personne à agir à un moment donné.
Pour qu’un besoin devienne un mobile, il faut qu’il atteigne un niveau d’intensité suffi-
sant. La création d’un état de tension pousse la personne à agir pour libérer cette tension.
Les psychologues ont développé des théories de la motivation humaine. Deux des plus
17. S. Elliot, “Sampling Tastes of a Changing Russia”, New York Times, 1er avril 1992, p. D1 et D19 ; T. Miller,
“Global Segments from ‘Strivers’ to ‘Creatives’”, Marketing News, 20 juillet 1998, vol. 32, n° 15, p. 11. Pour une
discussion sur les systèmes de styles de vie interculturels, voir P. Kotler, G. Armstrong, J. Saunders et V. Wong,
Principles of Marketing, 2e éd., Londres, Prentice Hall Europe, 1999, p. 240-242.
18. E.O. Lawler, “50 Years Behind the Bar”, F&B Magazine, vol. 2, n° 1, 1994, p. 44.
19. J.U. McNeal, Consumer Behavior: An Integrative Approach, Boston, Little, Brown, 1982, p. 83-90.
172 Marketing du tourisme et de l’accueil
populaires, les théories de Maslow et de Herzberg, ont des significations assez différentes
pour les consommateurs et pour les chargés d’études marketing.
La théorie de Herzberg
Frederick Herzberg a développé une théorie qui distingue les facteurs causant de l’insa-
tisfaction et ceux engendrant de la satisfaction. L’absence de facteurs d’insatisfaction n’est
pas suffisante pour motiver un achat. Les facteurs de satisfaction doivent être activement
présents pour que l’individu soit poussé à agir. Par exemple, l’absence de garantie pour
l’achat d’un ordinateur serait un facteur d’insatisfaction. Pourtant, la présence d’une
garantie pour ce produit n’agira pas comme un facteur de satisfaction ou un élément
de motivation d’achat, car ce n’est pas une source de satisfaction intrinsèque pour un
ordinateur. La facilité d’utilisation constituerait quant à elle un facteur de satisfaction.
La théorie de Herzberg a deux implications. Premièrement, les vendeurs devraient faire
de leur mieux pour éviter les facteurs d’insatisfaction : par exemple, un mauvais manuel
de formation ou une mauvaise politique de service. Bien que ces éléments ne soient pas
à eux seuls déterminants pour l’achat d’un produit, ils pourraient facilement constituer
un frein à la vente. Deuxièmement, le fabricant doit identifier les principaux facteurs
de satisfaction ou de motivation d’achat sur le marché, pour les proposer ensuite dans
ses produits. Ces facteurs de satisfaction seront la différence majeure pour décider de la
marque que le client achètera.
La perception
Une personne motivée est prête à agir. La manière dont elle agit est influencée par sa
perception de la situation, à travers ses cinq sens.
Dans la même situation, deux individus avec la même motivation peuvent agir tout à
fait différemment en fonction de la manière dont ils perçoivent le contexte. Un client
peut percevoir les serveurs d’un restaurant Courtepaille comme décontractés et natu-
rels, tandis qu’un autre peut les considérer comme spontanés et joyeux. Les restaurants
Courtepaille ciblent les consommateurs du second groupe.
20. A.H. Maslow, Motivation and Personality, 2e éd., New York, Harper & Row, 1970, p. 80-106.
Chapitre 6 – Le comportement d’achat des consommateurs 173
La perception est par définition « individuelle ». Une personne peut percevoir un vendeur
comme agressif et hypocrite alors qu’une autre le considérera comme intelligent et empa-
thique. Les gens peuvent avoir des perceptions différentes du même objet en raison de
trois processus perceptuels : l’attention sélective, la distorsion sélective et la rétention
sélective.
L’attention sélective
Les consommateurs sont exposés à une quantité énorme de stimuli quotidiens : le
consommateur moyen peut être exposé à plus de 1 500 publicités par jour. Comme il
nous est impossible de prêter attention à toutes ces sollicitations, la plupart d’entre elles
sont éliminées par un processus appelé l’attention sélective.
L’attention sélective implique que les marketeurs doivent multiplier leurs efforts pour
attirer l’attention des consommateurs. Le vrai challenge consiste à expliquer quels
stimuli seront remarqués par les consommateurs. Voici quelques pistes :
• Les consommateurs sont plus susceptibles de remarquer des stimuli qui se rapportent
à un besoin concret. Un consommateur motivé pour acheter un ordinateur remar-
quera les publicités consacrées aux ordinateurs. En revanche, il ne sera probablement
pas intéressé par les publicités pour les équipements hi-fi.
• Les consommateurs sont plus susceptibles de remarquer des stimuli qu’ils anticipent.
Par exemple, dans un magasin d’équipement informatique, s’il y a à la fois des ordi-
nateurs et des radios, on remarquera davantage la présence des premiers, parce qu’on
ne s’attend pas à ce que le magasin propose à la vente des radios.
• Les consommateurs sont davantage susceptibles de remarquer des stimuli plus grands
que ceux normalement utilisés. On prêtera plus d’attention à une publicité offrant
100 € de réduction sur le prix d’un week-end à la montagne qu’à une publicité qui
propose une réduction de 5 €.
La distorsion sélective
Même lorsqu’ils sont remarqués, les stimuli ne sont pas nécessairement interprétés
comme l’émetteur le souhaiterait. La distorsion sélective est la tendance à déformer les
informations afin de les rendre plus conformes à ses « croyances ». Les marketeurs ne
peuvent guère agir contre la distorsion sélective.
La rétention sélective
Les consommateurs oublient beaucoup de ce qu’ils apprennent, mais ils ont tendance
à conserver l’information qui correspond à leurs attitudes et croyances. En raison de
la rétention sélective, nous sommes susceptibles de nous souvenir des points positifs à
mentionner à propos de produits concurrents. La rétention sélective explique pourquoi
les marketeurs doivent si souvent répéter leurs messages de communication pour leur
éviter d'être occultés.
L’apprentissage
Lorsqu’un individu agit, il apprend. L’apprentissage décrit les changements dans le
comportement de l’individu qui découlent de l’expérience acquise. La plupart de nos
comportements sont appris. Les théoriciens disent que l’apprentissage se fait à travers
l’interaction avec le besoin, le stimulus, l’indice, la réponse et le renforcement.
174 Marketing du tourisme et de l’accueil
Lorsque les consommateurs utilisent un produit, ils apprennent à son sujet. Les membres
d’un comité de sélection qui doit choisir l’hôtel où se tiendra un congrès testent souvent
les services des hôtels en concurrence. Ils mangent dans les restaurants, évaluent l’amabi-
lité et le professionnalisme du personnel, examinent les équipements de l’hôtel. À partir
de ce qu’ils auront appris au cours de leurs visites, les membres du comité seront à même
de faire leur choix. Pendant le congrès, ils feront encore une fois l’expérience de l’hôtel.
En fonction de leur expérience et de celle des participants, ils seront satisfaits ou non.
Les hôtels devraient aider les clients à apprendre quant à la qualité de leurs installations
et de leurs services. Les hôtels de luxe font visiter les lieux aux clients qui viennent pour
la première fois et les informent des services proposés. Les clients fidèles devraient être
informés des nouveautés par les employés et par l’intermédiaire des outils du marketing
direct.
bœuf et de porc à essayer de modifier les attitudes du consommateur selon lesquelles ces
deux viandes ne sont pas bonnes pour la santé.
Les entreprises peuvent tirer bénéfice des recherches sur les attitudes à l’égard de leurs
produits. Comprendre les attitudes et les croyances est le premier pas pour les changer
ou les renforcer. Les attitudes sont très difficiles à modifier car elles suivent un schéma.
Par conséquent, altérer une attitude nécessite souvent de procéder à de nombreux ajus-
tements d’autres attitudes liées. Une entreprise a donc intérêt à adapter ses produits aux
attitudes préexistantes plutôt qu’à chercher à les transformer.
Un client qui vient manger à plusieurs reprises dans un restaurant et auquel on sert un
mauvais repas au cours d’une de ses visites peut commencer à croire que la qualité du
restaurant n’est pas fiable. Son attitude à son égard commencera à changer. S’il est à
nouveau mal servi, ses attitudes négatives peuvent se fixer de manière permanente et
empêcher un retour en arrière. De même, servir un repas médiocre à un client qui vient
pour la première fois peut être désastreux.
Les attitudes développées par les enfants influencent souvent leurs achats ultérieurs.
Ainsi, une fois adultes, ils peuvent conserver des attitudes négatives à l’égard de certains
légumes, de certaines personnes, et éventuellement de certains lieux. Les entreprises
de l’accueil et du tourisme sont particulièrement sujettes aux attitudes persistantes des
consommateurs qui résultent d’expériences positives ou négatives dans l’enfance. Les
remontrances d’un responsable de golf miniature ou le mal de l’air sur un vol commer-
cial, durant lequel le personnel navigant a montré peu de sympathie, sont des expériences
qui construisent des attitudes négatives.
À l’inverse, il y a de fortes chances pour qu’ils conservent des images très positives de
McDonald’s et de Disneyland. En effet, ces entreprises considèrent les enfants comme
des clients à vie. Elles veulent que les enfants reviennent en tant qu’adolescents, parents,
grands-parents et elles les traitent de manière à assurer la pérennité de l’enseigne.
Les stations de ski, les clubs de golf et les resorts au bord de l’océan en ont tenu compte et
ont développé des programmes, des menus et des activités pour les enfants.
Les propriétaires de nouveaux restaurants veulent souvent dégager très rapidement de la
trésorerie et commencent parfois sans avoir le niveau de qualité adéquat. Les nouveaux
restaurateurs se plaignent fréquemment de l’inconstance des consommateurs sans
remettre en cause le niveau de leurs prestations. Ainsi, lorsqu’un restaurant ouvre, il
peut connaître une forte affluence. S’il ne satisfait pas ses premiers clients et que ceux-ci
diffusent un bouche à oreille négatif, quelques mois plus tard, le restaurant peut se
retrouver avec des tables vides tous les soirs. Le restaurateur accusera certainement les
consommateurs de ne pas savoir ce qu’ils veulent, alors qu’il ne devrait reporter la faute
que sur son incapacité à satisfaire leurs besoins dès l’ouverture.
Figure 6.3 – Les étapes entre l’évaluation des alternatives et une décision d’achat
Facteurs situationnels
inattendus
des programmes marketing impliquant ceux-ci. Ils peuvent également montrer comment
leur produit est une solution à un problème.
Par exemple, TGI Fridays fait de la publicité pour ses bons cadeaux en les présentant
comme un possible présent pour Noël. La nourriture et l’ambiance de TGI Fridays
attirent un large éventail de consommateurs. Les bons cadeaux sont faciles à acheter,
évitent d’aller dans des centres commerciaux surpeuplés, et leur montant peut varier,
répondant ainsi à divers budgets. TGI Fridays fait donc la promotion des bons cadeaux
en tant que solution à un problème bien connu avant les fêtes de Noël.
Aux États-Unis, la Travel Industry Association a estimé que les familles dont les deux
parents travaillent avaient des difficultés à trouver une semaine où tous les deux étaient
libres. Par conséquent, ce segment avait besoin d’escapades de trois à quatre jours
pouvant être réservées à la dernière minute (42 % de ces ménages planifiant leurs séjours
dans un délai de deux semaines avant de partir en vacances22).
Ces exemples montrent que les entreprises doivent comprendre les besoins de leurs
clients et les traduire en désirs.
22. “TIAStudy: Weekend Trips Increasing in Popularity”, Travel Weekly, 2 juillet 2001, p. 4.
Chapitre 6 – Le comportement d’achat des consommateurs 179
consommateurs ne savent pas ce qu’ils vont obtenir comme service jusqu’à ce qu’ils le
reçoivent. Les consommateurs demandent souvent à d’autres personnes expérimentées
(amis, famille, connaissances, professionnels) des conseils à propos d’un produit ou d’un
service.
Focus 6.1
Christopher Lovelock a listé les sources d’information utilisées pour réduire le
risque lié à l’achat d’un service :
• rechercher des informations auprès de sources personnelles respectées (famille,
amis, collègues) ;
• s’appuyer sur une entreprise qui a une bonne réputation ;
• rechercher des garanties ;
• visiter les installations de service ou essayer divers aspects du service avant
d’acheter ;
• poser des questions à des employés qui ont de bonnes connaissances sur les
services concurrents ;
• examiner les preuves tangibles ou matérielles ;
• utiliser Internet pour comparer les offres de services.
ils ont reçues, quelle importance ils accordent aux différentes sources d’information. Ces
renseignements seront utiles à la préparation d’une communication efficace.
souhaits. Plus l’attitude de l’autre personne est intense et plus celle-ci est proche de celui
qui prend la décision, plus elle sera influente. Cela est éminemment vérifiable quand il
s’agit des enfants. Leur attitude aura une grande influence sur le comportement d’achat
de leurs parents et grands-parents.
L’intention d’achat est aussi influencée par des facteurs situationnels imprévus. L’inten-
tion d’achat d’un consommateur est influencée par son niveau de revenu, par le prix et
les caractéristiques du produit, par le bénéfice qu’il espère retirer de son acquisition, mais
aussi par des éléments inattendus qui peuvent modifier son choix. Dans notre exemple,
Sarah peut avoir une dépense inattendue, une réparation de voiture, par exemple. Cela
pourra l’obliger à annuler sa réservation et à choisir un cadeau moins onéreux.
éprouvent un certain malaise à devoir endurer les défauts du produit et à ne pas profiter
des avantages des autres.
Ainsi les consommateurs ressentent régulièrement une sorte de dissonance post-achat
et prennent souvent des mesures pour la réduire25 : ils pourront renvoyer le produit
ou se plaindre auprès de l’entreprise et demander un remboursement ou un échange ;
ils pourront initier une action en justice ou se plaindre auprès d’une organisation qui
pourra les aider à obtenir satisfaction. Les acheteurs pourront aussi, tout simplement,
arrêter d’acheter le produit et décourager les achats de leur famille et de leurs amis. Dans
chacun de ces cas, le vendeur est perdant.
Focus 6.2
Les aspects uniques des consommateurs de voyage, d’hôtellerie et de restauration
Valarie Zeithaml a publié un article, devenu un classique, qui décrit comment le
processus d’évaluation du consommateur diffère entre les biens et les services. Les
personnes achetant des services d’hôtellerie, de restauration et de voyage comptent
davantage sur les informations issues de sources personnelles.
Quand ils cherchent un bon restaurant, les consommateurs se renseignent auprès
de leurs amis ou des personnes qui sont familières de la ville, tels les employés de la
réception d’un hôtel.
Les restaurants devraient tenter d’influencer positivement les personnes que les
clients potentiels peuvent contacter. Ainsi les restaurateurs intelligents invitent par
exemple les réceptionnistes d’hôtel pour leur permettre de vivre l’expérience de leurs
restaurants dans l’espoir qu’ils les recommandent à leurs propres clients.
25. L. Festinger, A Theory of Cognitive Dissonance, Stanford, Stanford University Press, 1957 ; L.G. Schiffman et
L.L. Kanuk, Consumer Behavior, Upper Saddle River, Prentice Hall, 1991, p. 304-305.
Chapitre 6 – Le comportement d’achat des consommateurs 183
Source : V . Zeithaml, “How Consumer Evaluation Processes Differ Between Goods and Services”, in
J . Donnelly et W .R . George (dir .), Marketing of Services, Chicago, American Marketing Association,
1981, p . 186-190 .
184 Marketing du tourisme et de l’accueil
Synthèse
• Les entreprises font appel aux chargés d’études marketing pour comprendre comment
les consommateurs répondront aux différentes caractéristiques du produit, à son prix
et aux actions de communication, et pour bénéficier d’un avantage concurrentiel.
Les stimuli marketing et ceux de l’environnement du consommateur entrent dans la
« boîte noire » du consommateur où ils sont transformés en un ensemble de réponses
observables : le choix du produit, de la marque, du distributeur, du moment et du
montant de l’achat.
• Les achats des consommateurs sont fortement influencés par les facteurs cultu-
rels, sociaux (comme l’appartenance ou le désir d’appartenir à un groupe), personnels
(comme l’âge, la profession, la situation économique, le style de vie, la personnalité
et le concept de soi) et psychologiques (comprenant la motivation, la perception, l’ap-
prentissage, les croyances et attitudes).
• Le processus de décision de l’acheteur se décompose en cinq étapes : la recon-
naissance du problème, la recherche d’information, l’évaluation des alternatives, la
décision d’achat et le comportement post-achat. Le processus d’achat commence donc
bien avant et finit bien après l’acte d’achat, ce qui encourage le marketeur à ne pas se
concentrer uniquement sur la décision d’achat.
Activités
Questions de réflexion
1. Expliquez pourquoi les marketeurs étudient le comportement du consommateur
et discutez les caractéristiques qui affectent le comportement d’achat. Selon vous,
quelles caractéristiques auront l’impact le plus important sur votre choix d’un res-
taurant pour célébrer un événement particulier, tel un anniversaire ?
2. Expliquez à quel moment la famille peut avoir une grande influence sur le compor-
tement d’achat à propos du choix des restaurants.
3. Choisissez un concept de restaurant que vous appréciez et que vous aimeriez déve-
lopper à l’étranger. Comment les facteurs du tableau 6.2 auront une influence
positive ou négative quant au succès de votre restaurant ?
Application
1. Choisissez une organisation du secteur de l’accueil et du tourisme. Vous êtes en
charge de la conception d’une publicité pour les clients de cette organisation. Com-
ment détermineriez-vous le message de cette publicité ?
2. Interrogez plusieurs personnes à propos de la manière dont elles choisissent un hôtel
dans une ville où elles ne sont jamais allées, un restaurant pour un événement par-
ticulier, ou un endroit pour les vacances. Qu’avez-vous appris au sujet du processus
de décision de l’acheteur à partir de ces discussions ?
Pour action
Allez sur le site Internet d’une organisation du tourisme et de l’accueil (ex. : un hôtel,
une compagnie de croisières, un restaurant). Présente-t-il des rubriques séparées pour les
groupes ou les acheteurs organisationnels ? Le cas échéant, en quoi l’information de ces
rubriques diffère-t-elle des rubriques destinées au consommateur ? (S’il n’y a pas de site
distinct, cherchez une autre organisation jusqu’à ce que vous trouviez un site spécifique
pour les groupes et les acheteurs organisationnels.)
Chapitre 7
Le comportement d’achat des organisations
et les marchés de groupe du tourisme d’affaires
d’une autre activité située « en amont » (ainsi, la vente des chambres d’hôtel dépend du
nombre de participants à tel ou tel salon).
Par exemple, Las Vegas accueille deux salons pour les accessoires automobiles. Ces expo-
sitions attirent une fréquentation cumulée de plus de 100 000 personnes. La vente de ces
produits est intrinsèquement liée à la vente de voitures : si celle-ci chute, la demande de
ces produits va s’écrouler. Les professionnels vont réduire leurs dépenses et leur partici-
pation à ces conventions chutera également, causant une perte de recettes pour les hôtels,
casinos, restaurants et spectacles de la ville.
Grâce à une bonne analyse de l’environnement, les responsables marketing peuvent
identifier les nouveaux secteurs d’activités, les nouvelles entreprises ainsi que les asso-
ciations. Ils examinent ces organisations pour trouver de bons partenaires commerciaux.
Les gestionnaires d’hôtels ont besoin de connaître la santé financière des entreprises
et des associations auxquelles ils proposent leurs services. Si les clients traversent des
moments difficiles, les managers doivent chercher des entreprises qui sont en bonne
santé pour remplacer la perte d’activité avant qu’elle n’affecte le revenu par chambre
disponible (RevPAR).
Une activité B to B
Comparés aux achats des consommateurs, les achats d’une organisation impliquent géné-
ralement plus de personnes et font habituellement intervenir un acheteur professionnel.
Les hôtels doivent employer des commerciaux parfaitement formés pour négocier avec
ces acheteurs professionnels. Il s’agit d’échanges B to B (business to business, d’orga-
nisation à organisation), et non de B to C (business to consumer, du professionnel au
consommateur).
En effet, les entreprises qui utilisent fréquemment des hôtels pour y tenir des réunions
peuvent embaucher leur propre organisateur. Aux États-Unis, cette fonction est assurée
par des « meeting planners » qui appartiennent à des associations telles que la Meeting
Planners International (MPI) ou l’International Congress and Convention Associa-
tion (ICCA). En France, l’organisation de grands événements est prise en charge par des
chefs de projet événementiels qui appartiennent à des structures externes à l’entreprise
comme GL Events. Par ailleurs, un hôtel peut être amené à traiter avec des agents de
voyages dont le travail consiste à trouver les meilleurs tarifs pour les billets d’avion, les
locations de voitures et les prestations hôtelières. Il est donc nécessaire pour un hôtel de
disposer d’un personnel compétent, à même de traiter avec des interlocuteurs parfaite-
ment formés aux techniques de négociation.
En outre, une fois qu’un événement (comme une réunion) ou que des chambres sont
vendus à des entreprises ou des agents de voyages, le compte client est remis au manager
qui devra s’assurer que la prestation sera produite conformément aux attentes de son
client.
2. Le centre d’achat
L’unité de prise de décision d’un groupement d’achat, parfois appelée « centre d’achat »,
concerne « toutes les personnes et les groupes qui participent au processus de prise de
décision d’achat, qui partagent des objectifs communs et les risques découlant des déci-
sions prises1 ».
1. F.E. Webster, Jr. et Y. Wind, Organizational Buying Behavior, Upper Saddle River, Prentice Hall, 1972, p. 33-37.
2. Ibid., p. 78-80.
190 Marketing du tourisme et de l’accueil
mesure d’influencer la société pour qu’à l’avenir elle ne fasse plus appel à ce presta-
taire de services.
• Les influenceurs. Ils jouent un rôle direct dans la décision d’achat, mais ils ne
prennent pas eux-mêmes la décision finale. Souvent, ils aident à définir les spécificités
et fournissent des renseignements pour évaluer les solutions alternatives. Les anciens
présidents d’associations peuvent exercer une influence dans le choix d’un lieu de
réunion. Les secrétaires de direction, un conjoint, des managers régionaux peuvent
exercer une influence considérable dans la sélection des sites pour les réunions, les
séminaires, les conférences et autres réunions de groupe.
• Les décideurs. Les décideurs sélectionnent les exigences en termes de produits et de
fournisseurs. Par exemple, le directeur des ventes d’une entreprise pour le sud-est de
la France sélectionne l’hôtel et négocie les prestations lorsqu’une réunion des ventes
a lieu dans son secteur.
• Les approbateurs. Les approbateurs autorisent les actions proposées par les décideurs
ou les acheteurs. Bien que le directeur des ventes de la région Sud-Est organise la
réunion, les contrats peuvent avoir besoin d’être soumis au directeur commercial ou
au directeur marketing pour approbation officielle.
• Les acheteurs. Les acheteurs ont autorité formelle pour la sélection des fournisseurs
et la définition des conditions d’achat. Les acheteurs peuvent aider à formuler les
spécifications du produit et jouent un rôle majeur dans la sélection des fournisseurs
et la négociation.
• Les gatekeepers. Ceux-ci ont le pouvoir d’empêcher les vendeurs ou les informations
d’atteindre les membres du centre d’achat. Par exemple, le commercial d’un hôtel qui
téléphone à un planificateur de réunion peut avoir à passer le barrage d’une secrétaire.
La secrétaire peut facilement empêcher le vendeur de voir le planificateur de réunion,
en omettant de transférer les messages, en indiquant au vendeur que le planificateur
de réunion n’est pas disponible, ou en demandant tout simplement au planificateur de
réunion de ne pas traiter avec le vendeur.
certainement chez lui du ressentiment. Dans la plupart des cas, le supérieur va laisser la
décision au décideur.
Les grandes structures commerciales font en sorte d’atteindre l’intégralité des partici-
pants à la décision d’achat et ce, quel que soit leur niveau d’intervention, pour essayer de
les convaincre un par un de choisir l’offre de l’entreprise.
3. Voir E.G. Brierty, R.W. Eckles et R.R. Reeder, Business Marketing, 3e éd., Upper Saddle River, Prentice
Hall, 1998, chap. 3 ; M. Harding, “Who Really Makes the Purchasing Decision?”, Industrial Marketing,
septembre 1966, p. 76. Ce point de vue est plus largement développé dans E. Dichter, “Industrial Buying Is
Based on Same ‘Only Human’ Emotional Factors That Motivate Consumer Market’s Housewife”, Industrial
Marketing, février 1973, p. 14-16.
4. F.E. Webster, Jr. et Y. Wind, Organizational Buying Behavior, op. cit.
192 Marketing du tourisme et de l’accueil
Cependant, les commerciaux sont, eux, généralement informés des personnalités et des
facteurs interpersonnels qui façonnent l’environnement organisationnel et fournissent
des données utiles à propos des dynamiques de groupe qui se développent dans les
centres d’achat de leurs clients.
5. Voir T. Reilly, “All Sales Decisions Are Emotional for the Buyer”, Selling, juillet 2003, p. 13 ; P.J. Robinson,
C.W. Faris et Y. Wind, Industrial Buying Behavior and Creative Marketing, Needham Heights, Allyn & Bacon,
1967, p. 14.
194 Marketing du tourisme et de l’accueil
6. www.newmarketinc.com/products/meetingmatrix
196 Marketing du tourisme et de l’accueil
ont transformé ce qui aurait dû être un banquet rentable en une pure perte, n’ayant pas
fixé de minimum de garanties.
7. Étude MICE 2015, « L’évolution de la demande en tourisme d’affaires en France, les tendances & le compor-
tement des commanditaires sur ce marché », 23e édition annuelle (www.coachomnium.com).
Chapitre 7 – Le comportement d’achat des organisations et les marchés de groupe du tourisme d’affaires 197
pour remplir les dates auxquelles l’hôtel a besoin d’être rempli et comment leur vendre
les avantages de l’hôtel plutôt que de se concentrer sur le prix.
Il est toutefois important de préciser qu’il est difficile de trouver un consensus quant à la
définition des termes utilisés pour désigner les événements regroupés sous l’appellation
anglo-saxonne de « meetings industry ». En effet, selon l’OMT, ce terme s’applique si l’ob-
jectif principal d’un voyage est professionnel ou lié au travail. Il peut ensuite être subdivisé
en réunions, conférences ou congrès, salons et foires, et tout autre événement à carac-
tère professionnel. En revanche, des organisations telles que l’International Congress
and Convention Association (ICCA), Meeting Professionals International (MPI) et
Reed Travel préfèrent l’expression « industrie des congrès, réunions, foires et salons »
à l’acronyme MICE (Meetings, Incentives, Conferences and Exhibitions), internationale-
ment utilisé pour désigner le secteur des événements mais qui ne reconnaît pas la nature
industrielle de ces activités.
Les principales catégories de groupes d’affaires traitées dans la suite de ce chapitre sont
les réunions et séminaires, les incentives, et les congrès et conventions.
8. Ibid.
198 Marketing du tourisme et de l’accueil
Des agences telles qu’American Express ou Carlson Wagonlit Travel fournissent des
services de gestion de voyages ainsi que d’organisation de réunions pour les entreprises
qui souhaitent externaliser ponctuellement cette fonction. Le commercial d’un hôtel doit
prendre en compte la nature de son interlocuteur lorsqu’il est sollicité pour l’organisation
d’une réunion9.
La principale préoccupation de l’entreprise est que la réunion soit productive et atteigne
les objectifs prévus. Les différents types de réunions d’entreprise comprennent la forma-
tion, le management et l’organisation. Un autre type de réunion d’entreprise est la
réunion de motivation et/ou de récompense (incentive), qui sera examinée plus loin.
Pour la personne en charge d’organiser une réunion pour le compte d’une entreprise, en
dehors du prix, les attributs les plus importants dans le choix de la destination sont la
disponibilité des hôtels, la facilité et les coûts de transport, ainsi que la distance des parti-
cipants par rapport à la localisation de l’hôtel. Voici quelques-uns des facteurs parmi les
plus importants dans le choix d’un hôtel :
• le cadre de l’hôtel ;
• la qualité de la nourriture ;
• les salles de réunion ;
• les tarifs ;
• les chambres ;
• l’accès Wi-Fi ;
• un centre de bien-être et de remise en forme ;
• un service d’assistance ;
• une procédure de facturation de qualité.
Les personnes en charge d’organiser des réunions pour les entreprises veulent s’assurer que
l’événement sera productif et qu’il générera une valeur satisfaisante par rapport à la somme
investie. Le succès d’une réunion dépend généralement de la qualité de son organisation.
Les hôtels intéressés par la conquête et la fidélisation de tels événements doivent veiller à ce
que les salles de réunion soient adéquates et correctement configurées. Comme le bien-être
des participants est primordial, les chambres constituent un point auquel les hôtels doivent
accorder une grande importance. Il en est de même pour le cadre, la qualité de la nourri-
ture et tous les éléments cités précédemment. Les installations de loisirs peuvent également
être importantes. Lors d’une réunion technique s’étalant sur plusieurs jours, l’interaction
des participants en dehors des réunions formelles est précieuse. Les sports en extérieur et
en équipe, tels que le golf ou le tennis, peuvent être utilisés pour encourager les participants
à interagir socialement et briser la monotonie des séances individuelles en salle. De même,
une sortie au restaurant en soirée, du sport ou un événement culturel peut servir de pause
agréable pour les participants.
La culture d’entreprise joue également un rôle important dans le choix des lieux de
réception. Les commerciaux d’un hôtel doivent développer leur compréhension de la
culture d’entreprise du client pour avoir une idée des avantages que l’hôtel peut lui
offrir. Certaines sociétés pensent que les réunions devraient être austères plutôt que
Certains restaurants conçoivent leur espace afin d’organiser des réunions. Ainsi, Marketing en action 7.1
Mythe ou réalité ?
il est possible de prévoir une salle à côté de la salle principale qui pourrait être
fermée pour accueillir des réunions, afin d’utiliser le restaurant comme espace de
restauration le week-end ou comme salle de réunion le reste de la semaine. Selon
un cabinet de recherche, les réunions qui se tiennent dans un espace de 700 m2 ou
moins ont augmenté de plus de 25 % au cours des dernières années. Les réunions de
50 personnes ou moins peuvent être une source de bonnes affaires pour un restau-
rant. Elles se tiennent souvent en dehors des heures de pointe, notamment durant
la semaine. Le restaurant Dante à Boston développe son activité par l’organisation
de grands événements privés, avec 70 % de ses affaires qui proviennent de petites
réunions. Il a son propre responsable marketing des événements. De nombreux
restaurants ajoutent des chambres privées et embauchent des vendeurs pour obtenir
leur part du marché des réunions11.
10. Voir S.J.F. Braley, “The Big Picture”, Meetings & Conventions, octobre 1998, p. 2-35.
11. N. Kooker, “Small Meetings Driving Big Hotel, Restaurant Business”, Boston Business Journal, 9 novembre
2007.
200 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les incentives
Les incentives (ou « incitations »), un sous-ensemble unique du segment du tourisme
d’affaires en groupe, désignent des techniques de stimulation ou de récompense que
les participants reçoivent pour atteindre ou dépasser un objectif. Les entreprises attri-
buent des récompenses pour les performances individuelles ou d’équipe. Par exemple,
les employés de la région commerciale la plus performante peuvent être félicités ainsi.
Michael Kennedy, responsable du développement commercial du commerce de détail
à Isuzu Commercial Truck of America, a conservé son programme intitulé « le Cercle
des gagnants » en le justifiant ainsi : « Si vous interrogez nos vendeurs, le Cercle des
gagnants serait l’une des principales raisons pour lesquelles ils veulent travailler pour
nous. » Cela montre la force d’un programme de stimulation bien organisé. Les meilleurs
vendeurs du Cercle des gagnants bénéficient d’un voyage vers une prestigieuse destina-
tion internationale. Les lauréats du niveau Argent remportent quant à eux un voyage
vers une destination nationale. Kennedy montre la valeur d’un voyage de motivation en
rappelant le pourcentage des ventes, qui est toujours élevé, généré par les gagnants. Le
commercial d’un hôtel proposant des incentives doit être en mesure d’aider son client à
12. V. Tchernonog, M. Tabariés, P. Thiéry et A. Hubert, « Le paysage associatif français », Bulletin de statistiques
et d’études, ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, n° 07-04, novembre 2007.
13. www.afm-marketing.org
Chapitre 7 – Le comportement d’achat des organisations et les marchés de groupe du tourisme d’affaires 201
justifier les dépenses. Le pourcentage des ventes des participants est un excellent moyen
pour le faire14.
Puisque les voyages servent de récompense, les participants doivent percevoir la destina-
tion et l’hôtel comme quelque chose de spécial. Le climat, les installations de loisirs et les
sites touristiques sont importants dans la liste des critères souhaités par les organisateurs
de réunions de motivation15. Pour les entreprises situées aux États-Unis, les Caraïbes,
Hawaï, l’Europe et les destinations de resorts à l’intérieur de la zone continentale des
États-Unis sont des destinations communément utilisées pour les voyages de motiva-
tion. Le bon emplacement et d’excellentes installations sont importants. Brian Jones,
vice-président senior des ventes au sein du Morgans Hotel Group, affirme qu’« il s’agit
également de créer des expériences uniques qui motivent, célèbrent ou éduquent. Plus
nous parlerons de ces questions, plus nous aurons du succès16 ».
Les voyages de motivation duraient auparavant de trois à sept jours. Toutefois, la tendance
actuelle est aux voyages courts afin de ramener rapidement les participants à leur emploi.
Scott Walker, directeur des programmes d’incitation pour les hôtels Hyatt, affirme :
« On passe de cinq nuits à quatre, mais en ajoutant des suppléments. » Ces suppléments
comprennent les repas, des soins de spa, une partie de golf ou des bons-cadeaux Hyatt,
chèque à dépenser selon son bon plaisir17.
La dépense moyenne par chambre est élevée. Les gagnants des voyages de motivation
reçoivent parfois un dépôt en espèces sur leur compte qui peut être utilisé pour leurs
charges personnelles ou des services fournis par l’hôtel, comme la location d’une voiture.
Par exemple, les participants au voyage d’incentive parrainé par Revlon pour les meil-
leures performances de ventes régionales ont reçu un crédit de 500 $ sur leur note d’hôtel
qui pouvait être dépensé comme ils le souhaitaient. Dans de tels cas, les participants
passent librement dans les restaurants et les bars de l’hôtel, souvent en complément du
crédit, avec leur propre argent. Ainsi un voyage de motivation peut être très rentable
pour un hôtel.
Le voyage de motivation peut être géré en interne ou par des agences de services spécia-
lisées dans les incentives, des agences de voyages ou des consultants. La tendance est
en train de passer d’une organisation de prise en charge en interne vers le recours à
des sociétés externes spécialisées. Une des raisons de ce changement réside dans le fait
que les organisations externes bénéficient souvent de tarifs avantageux pour les places
d’avion et les chambres d’hôtel. En conséquence, elles peuvent constituer des packages
plus efficacement qu’une entreprise ne le ferait en interne. Les entreprises d’incentives
fournissent généralement à leur client une sélection d’emplacements, de sorte que le
choix final soit fait par ce dernier.
Même lorsqu’une société d’incentives est mobilisée, l’hôtel doit travailler à la fois avec
cette société et avec les décideurs au sein de l’entreprise.
14. L. Grimaldi, “Essential Rewards”, Meetings and Conventions Magazine, juin 2008, www.mcmag.com
15. S.J.F. Braley, “The Big Picture”, op. cit.
16. “Incentive Sales Revisited”, Hotels, avril 2004, p. 10-11.
17. A. Graham, “Companies Add Perks to Individual Travel Awards”, Corporate Meetings & Incentives, 1er octobre
2004.
202 Marketing du tourisme et de l’accueil
Club Med Business est un bon exemple de marque spécialisée dans la proposition
Marketing en action 7.2
ces événements deux à cinq ans à l’avance (dix à quinze ans pour quelques grandes mani-
festations). Le mois d’octobre est le plus populaire pour les conventions, suivi des mois
de novembre, septembre et avril21. Certaines associations préfèrent tenir leur congrès
dans la même ville chaque année, alors que d’autres préfèrent le déplacer dans une autre
région. En France, 576 congrès et conventions annuels ont été recensés22.
Un congrès peut être une source majeure de revenus pour l’organisation qui le comman-
dite. Les frais d’inscription des participants et les ventes de l’espace d’exposition au salon
commercial sont les principales sources de recettes. La présence d’un espace d’exposition
peut donner une chance à des fournisseurs de présenter et de vendre leurs produits aux
membres de l’association. Les sociétés telles que GES Exposition Services travaillent avec
l’association et le centre de conférences pour fournir des rallonges électriques, configurer
un stand et d’autres services afin de s’assurer que les exposants disposent des ressources
dont ils ont besoin. Le prix qui peut être demandé pour un espace d’exposition est lié
au nombre de participants. Lors du choix de l’emplacement d’une convention, une asso-
ciation cherche des sites qui seront à la fois accessibles et attractifs pour les membres.
L’équilibre du budget annuel dépend d’un bon taux de participation.
Les organisateurs de congrès et conventions ont listé les critères suivants comme les plus
importants dans le choix d’une destination :
• disponibilité des hôtels et des installations ;
• facilité de transport ;
• frais de transport ;
• distance par rapport aux participants ;
• climat ;
• loisirs ;
• sites touristiques et activités culturelles.
Quant au choix de l’hôtel, voici les facteurs qui entrent en ligne de compte23 :
• les salles de réunion ;
• des tarifs négociables ;
• la qualité de la restauration ;
• les chambres ;
• les services support ;
• les procédures de facturation ;
• le check-in et le check-out ;
• l’affectation de membres du personnel à l’événement ;
• l’espace d’exposition ;
• l’expérience précédente.
21. S.J.F. Braley, “The Big Picture”, op. cit. ; id., “2008 Meetings Market Report–Associations”, op. cit.
22. Source : www.unimev.fr
23. International Association of Convention and Visitor Bureaus, www.iacvb.org ; L. Letich, “Let’s Make a Deal”,
Meeting and Conventions Meeting Market Report, 1er mars 1992, p. 123.
204 Marketing du tourisme et de l’accueil
Focus 7.1
Les « réunions vertes » : la bonne chose à faire pour l’environnement et les affaires
D’après le CIC (Convention Industry Council), une réunion ou un événement vert
intègre des considérations environnementales afin de minimiser son impact négatif
sur l’environnement. Des considérations vertes ou environnementales sont l’un des
aspects du développement durable. Le développement durable est une approche qui
cherche à établir un équilibre entre les préoccupations pour les aspects sociaux, envi-
ronnementaux, économiques par rapport aux besoins de l’entreprise.
Un autre point de la négociation réside dans le fait qu’il est courant également que des
hôtels offrent gratuitement une nuit toutes les 50 nuitées que le groupe réserve. Les suites
sont généralement comptabilisées comme deux chambres. Ainsi une suite pour trois
nuits serait l’équivalent de six nuitées.
Lorsqu’un hôtel a une petite salle qu’il ne sera pas en mesure de vendre au cours d’une
réunion, elle peut être utilisée dans le processus de négociation comme un espace de
travail pour le responsable de la réunion. Le commercial de l’hôtel doit rechercher les
éléments qui vont créer de la valeur pour le meeting planner sans créer des coûts ou
sacrifier des recettes pour l’hôtel.
La plupart des organisateurs de réunion conservent un historique du groupe pour plani-
fier de futures réunions. Il comprend les dates, les lieux et les chiffres de fréquentation. Il
compte également les évaluations des réunions antérieures. Un commercial peut obtenir
de précieux renseignements en posant des questions à propos des conférences passées.
Ces questions peuvent fournir un aperçu sur les choix de salles, la participation à des
banquets, les antécédents avec un concurrent, et ce que leurs membres ont apprécié.
Outre les informations fournies volontairement par le meeting planner, le commer-
cial devrait interviewer les hôtels qui ont accueilli la conférence au cours des dernières
années.
Les meeting planners souhaitent que les réponses soient rapides. Les organisateurs esti-
ment que la direction de l’hôtel devrait donner le pouvoir au service de management des
conventions de résoudre leurs problèmes. Ils ne veulent pas attendre l’accord du supé-
rieur pour toute décision. En fin de compte, lorsqu’il s’agit d'un groupe d’affaires, l’hôtel
doit à la fois satisfaire le meeting planner et les clients de ce dernier.
Ces clients incluent ceux qui assistent à la conférence, les cadres de la structure qui orga-
nise, et le président ou dirigeant d’une entreprise. Jonathan Tisch, PDG des hôtels Loews,
affirme que « ce que nous cherchons à faire, c’est créer une situation gagnant-gagnant. Si
le responsable senior est content, alors le planificateur est satisfait, et si le planificateur
est heureux, nous avons fait notre travail27 ».
27. J.P. Abbey, Hospitality Sales and Advertising, East Lansing, Educational Institute of the American Hotel and
Motel Association, 1993, p. 569.
210 Marketing du tourisme et de l’accueil
pour qu’ils puissent être correctement stockés. Une réunion préliminaire qui couvre la
logistique de la réunion peut compter pour beaucoup dans la réussite de l’événement28.
28. Voir J. Vatner, “Inside Track”, Meetings and Conventions, 1er mai 2004, www.meetings-conventions.com/
News/Features/Inside-Track/?p=1
29. L.C. Weiss, “How Different Hotel Rate Programs Stack Up”, Business Travel News, 26 juillet 1993, p. 9-16.
Chapitre 7 – Le comportement d’achat des organisations et les marchés de groupe du tourisme d’affaires 211
30. Ibid.
31. R. Lewis et R.E. Chambers, Marketing Leadership in Hospitality: Foundations and Practices, New York, Wiley,
2000.
212 Marketing du tourisme et de l’accueil
Synthèse
• Les marchés d’entreprises diffèrent à de nombreux égards des marchés de consom-
mateurs : dans la structure du marché et de la demande, dans la nature de l’unité
d’achat, dans les types de décisions et dans le processus de décision. Le centre d’achat
comprend tous les membres de l’organisation qui jouent l’un des six rôles dans le
processus de prise de décision d’achat : les utilisateurs, les influenceurs, les décideurs,
les approbateurs, les acheteurs, les gatekeepers.
• Les acheteurs organisationnels sont soumis à de nombreuses influences lorsqu’ils
prennent leurs décisions d’achat, comme les facteurs environnementaux, organisa-
tionnels, interpersonnels et individuels.
• Les acheteurs organisationnels n’achètent pas des biens et services destinés à leur
consommation personnelle. Huit étapes du processus d’achat organisationnel ont été
identifiées dans un modèle appelé « grille d’achat » : la reconnaissance du problème, la
description générale du besoin, les spécifications du produit, la recherche des fournis-
seurs, les sollicitations de devis, la sélection du fournisseur, la procédure de passation
de commande, l’évaluation des performances. Ce modèle s’applique à un nouvel
achat et à un réachat, avec modification ou à l’identique, en abrégeant ou supprimant
certaines étapes.
• L’un des marchés de l’accueil et du tourisme les plus importants est généré par les
entreprises. Les trois principales catégories de groupe d’affaires sont les réunions et
séminaires, les incentives, et les congrès et conventions.
• Les hôtels doivent mettre en place des procédures professionnelles et disposer d’un
personnel commercial compétent afin de traiter avec les chefs de projet et les orga-
nisateurs de réunion.
• Les établissements de l’accueil doivent prendre en compte les besoins et attentes des
voyageurs d’affaires et développer des offres susceptibles d’intéresser les travel mana-
gers qui ont en charge l’organisation des déplacements des voyageurs d’affaires.
Activités
Questions de réflexion
1. Le directeur d’une agence de communication affirme que « la perception est la réa-
lité ». Que veut-il dire par là ? Quelle est l’importance de cette perception pour les
marketeurs ?
2. Qu’est-ce que la demande dérivée ? Donnez un exemple de demande dérivée pour
un hôtel.
3. Le centre d’achat comprend six rôles. Pourquoi est-il important pour les marketeurs
de comprendre ces rôles ?
Application
1. Appliquez le processus de décision en cinq étapes au choix de votre prochaine desti-
nation de vacances.
2. Discutez les influences environnementales majeures qui affectent l’achat d’un
espace de réunion par IBM (ou une autre entreprise de votre choix) pour ses réu-
nions commerciales.
3. Comparez les missions d’un responsable d’hébergement qui s’occupe d’une mère et
de sa fille préparant son mariage et d’un meeting planner qui souhaite obtenir un
devis pour l’organisation d’une réunion commerciale régionale.
4. Comment le commercial d’un hôtel identifie-t-il le responsable d’achat en charge
des locations de salle de séminaire, de la gestion des banquets et des chambres pour
les voyageurs d’affaires au siège social d’une société d’assurances ?
Pour action
1. Parlez à des voyageurs d’affaires. Demandez-leur s’ils peuvent choisir leur propre
hôtel ou leur compagnie aérienne lorsqu’ils voyagent pour leur entreprise. Si
c’est le cas, ont-ils des restrictions ou des lignes directrices ? S’ils ne peuvent pas
choisir, peuvent-ils influencer les décisions prises ? Comment ces informations
pourraient-elles vous aider à commercialiser des produits du tourisme auprès de
leurs organisations ?
2. Rendez-vous sur le site Internet de Strategic Business Insight et répondez à l’enquête
VALS (www.strategicbusinessinsights.com/vals/presurvey.shtml). Qu’est-ce que
VALS mesure et quel est votre type VALS ? Est-ce que cela vous décrit correcte-
ment ? Sur quelles dimensions sont fondés les types VALS ? Comment est-ce que les
marketeurs utilisent cet outil pour mieux comprendre les consommateurs ?
Chapitre 8
L’environnement marketing
Objectifs
1 . Décrire les forces du macro-en-
L ’environnement des entreprises du tourisme
et de l’accueil présente des opportunités
et des menaces. Leurs managers sont des
vironnement qui influent sur la « traqueurs » de tendances et des chercheurs
capacité de l’entreprise à servir d’opportunités. Leur qualité se révèle dans
ses clients . deux aptitudes particulières :
2 . Lister et discuter de l’importance
des éléments du micro-environ- 1. l’utilisation de méthodes rigoureuses (intel-
nement de l’entreprise, y com- ligence marketing et études) pour collecter
pris l’entreprise elle-même, les des informations sur l’environnement ;
fournisseurs, les intermédiaires,
2. la capacité d’adapter les stratégies marketing
les clients et le public .
aux challenges et opportunités des marchés.
3 . Expliquer comment les chan-
gements démographiques et L’environnement est constitué d’un micro-envi-
économiques affectent les envi- ronnement et d’un macro-environnement. Le
ronnements marketing et décrire micro-environnement se compose de facteurs
les niveaux de concurrence . proches de l’entreprise qui affectent sa capacité
4 . Identifier l’impact de l’écologie à servir ses clients : l’entreprise elle-même, les
et de l’environnement tech- circuits de distribution, les consommateurs et
nologique sur la stratégie de une large variété de publics et parties prenantes.
l’entreprise du tourisme ou de Le macro-environnement se compose plus
l’accueil . largement des forces qui constituent la société
5 . Expliquer les principaux change- et qui affectent la totalité du micro-environne-
ments dans les milieux poli- ment, c’est-à-dire les facteurs démographiques,
tiques et culturels . économiques, écologiques, technologiques,
6 . Discuter de la façon dont les en- politiques, concurrentiels et culturels.
treprises peuvent être proactives
plutôt que réactives en matière
d’environnement .
216 Marketing du tourisme et de l’accueil
1. Le macro-environnement de l’entreprise
Le macro-environnement définit les opportunités et les menaces auxquelles les entre-
prises doivent faire face. La figure 8.1 présente ses sept principales composantes1.
Les olitiq
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s dé Les fa
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Les fa els
concur eurs
rentiel
cultur
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Les fac
cteurs
Entreprise
Le secteur aérien a vécu ces dernières années une profonde modification de l’environne-
ment concurrentiel, avec, d’une part, le succès des compagnies low-cost comme Ryanair
et, d’autre part, l’affirmation des offres « haut de gamme » comme Emirates. L’enjeu
est aujourd’hui à la redéfinition des stratégies marketing des marques présentes sur le
marché, passant en particulier par des accords favorisant le regroupement de marques.
d’un quart de siècle, les enfants ont été élevés dans l’attention et le luxe2, conduisant
à ce que l’on appelle le « syndrome des petits empereurs » : dans chaque famille, on
compte pas moins de six adultes (deux parents et quatre grands-parents) pour se plier
aux caprices de chaque enfant unique. Les premiers « petits empereurs » ont main-
tenant une vingtaine d’années et leur comportement impactent tous les marchés,
notamment la restauration et le tourisme. Starbucks les cible en se positionnant
comme un nouveau genre de lieu de rencontre, informel mais plaisant3. « Leur point
de vue sur ce monde est très différent, déclare le président de Starbucks en Chine. Ils
n’ont jamais connu les difficultés de notre génération. Starbucks est synchrone avec
cela, compte tenu de ses boissons personnalisées, de son service personnalisé et de
ses compilations de musiques originales4. » Aux États-Unis, environ 80 % du chiffre
d’affaires est constitué par la vente à emporter. En Chine, Starbucks est un lieu où
environ 90 % de la consommation est faite sur place. Le matin est une période creuse,
mais les jeunes affluent dans l’après-midi pour voir des amis5. La Chine peut devenir
un marché de plus en plus vaste. En cela, c’est un enjeu important pour Starbucks
que de s’y implanter dès à présent. La marque sait que la Chine deviendra son plus
grand marché et s’y prépare. En 2011, l’entreprise a mis en place une exploitation de
café et des installations de traitement en Chine du Sud, dans la province du Yunnan6.
2. Les parents avec leur seul enfant à la maison consacrent environ 40 % de leur revenu à ce dernier.
3. Adapté à partir de J. Adamy, “Different Brew: Eyeing a Billion Tea Drinkers, Starbucks Pours It On in China”,
Wall Street Journal, 29 novembre 2006. Voir aussi “Where the Money Is”, Financial Times, 12 mai 2007, p. 5
et L. Burkitt, “Starbucks Menu Expands in China”, Wall Street Journal, 9 mars 2011, p. B7.
4. J. Adamy, “Different Brew: Eyeing a Billion Tea Drinkers, Starbucks Pours It On in China”, op. cit.
5. Ibid.
6. L. Burkitt, “Starbucks Menu Expands in China”, op. cit.
7. N. Blanpain et O. Chardon, « Projections de population à l’horizon 2060 », Insee Première, n° 1320,
octobre 2010, www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1320
218 Marketing du tourisme et de l’accueil
plus de 60 ans progressera fortement jusqu’en 2035 et, selon les projections de l’Insee, en
2060, ce groupe représentera 24 millions de personnes. Ainsi un Français sur trois aura
plus de 60 ans en 2060. Les industries du tourisme et de l’accueil se doivent d’intégrer
cette nouvelle donne de la demande.89101112131415
Le marketing générationnel
Les marketeurs peuvent segmenter en constituant des groupes spécifiques de tranches
d’âge au sein de chaque segment identifié. Toutefois, définir les personnes par leur date
de naissance peut être moins efficace que de segmenter par leur style de vie, l’étape du
cycle de vie, ou les valeurs communes qu’ils recherchent en achetant les produits (voir
chapitre 10).
ou des services à domicile. De même, les rayons des supermarchés proposent de plus en
plus de plats préparés, qu’il suffit de réchauffer à la maison.
L’économie mondiale
Aujourd’hui, l’industrie du tourisme opère dans un environnement mondial. Ainsi la
croissance du tourisme en Croatie, par exemple, se fait au détriment d’autres destina-
tions. Lorsque le taux de change entre l’euro et le dollar est favorable à l’euro, moins
de voyageurs américains se rendent en Europe, et ils préfèrent passer leurs vacances
aux États-Unis ou en Amérique du Sud. En revanche, les Européens auront tendance
à voyager en Amérique du Nord. L’Argentine, le Chili et l’Uruguay comptent parmi les
destinations touristiques qui attirent des millions de touristes. Cela est en partie dû aux
conséquences économiques des taux de change. Par ailleurs, de nouveaux pays accèdent
à une consommation du tourisme et d’accueil comme la Chine, devenant des cibles privi-
légiées des industries du secteur.
En France, la loi « bio-déchets » oblige, depuis janvier 2012, les grands producteurs de
déchets à les trier et à les valoriser. Ainsi les restaurants qui servent plus de 150 couverts
par jour et produisent plus de 10 tonnes de déchets alimentaires par an doivent respecter
cette réglementation. L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) a signé
un contrat de partenariat avec la société française TakeAway, qui commercialise des boîtes
cartonnées pour y mettre les restes du repas, ainsi qu’un wine bag pour les clients qui n’ont
pas terminé leur bouteille de vin29. Toutefois, comme le souligne Claude Fishler30, à ce jour,
pour le consommateur français, « il y a une gêne à manger des restes » et, comme il le fait
remarquer, le terme « doggy bag » évoque les restes que l’on donne aux chiens.
Les pays étant de plus en plus sensibilisés à ces questions écologiques, leurs gouverne-
ments s’intéressent de plus en plus à la gestion et au respect de l’environnement, comme
le font les gouvernements anglais et allemand. Malheureusement, d’autres, souvent plus
pauvres, ne sont pas encore passés à une politique active de préservation de l’environ-
nement naturel.
29. I. de Foucaud, « Le “doggy bag” à la française arrive dans nos restaurants », Le Figaro, 7 avril 2015, www.
lefigaro.fr/conso/2015/04/07/05007-20150407ARTFIG00117-le-doggy-bag-a-la-francaise-arrive-dans-nos-
restaurants.php
30. « Les Français pas “fans” du doggy bag », Le Parisien, 25 février 2014, www.leparisien.fr/societe/les-francais-
pas-fans-du-doggy-bag-25-02-2014-3622957.php
31. Source : www.nattys.net
32. “Mobile Phones Replace Room Keys in Stockholm Hotel, Check in and Check out without Ever Stopping by
the Front Desk”, 2 novembre 2010, http://news.discovery.com/tech/mobile-phones-replace-hotel-keys.htm
33. R. Yu, “Hotels Use RFID Chips to Keep Linens from Checking Out”, 31 juillet 2011, http://archive.news10.net/
news/local/story.aspx?odyssey=topicpage&storyid=14757
Chapitre 8 – L’environnement marketing 223
Législation et réglementation
La législation et la réglementation touchant les entreprises ont été promulguées pour
trois raisons principales.
L’encadrement de la concurrence
Premièrement, elles protègent les entreprises les unes des autres. Bien que la plupart
des entreprises acceptent la concurrence, elles essaient de la neutraliser lorsqu’elle les
affecte. En France, depuis 2008, l’Autorité de la concurrence, une autorité administra-
tive indépendante, assure la libre concurrence des marchés aux niveaux européen et
international. Il est fréquent que des entreprises portent plainte contre des concurrents
pour pratiques commerciales déloyales, par exemple l’usage de la publicité mensongère.
Focus 8.1
L’Autorité de la concurrence a notamment été saisie par les principaux syndicats de
l’industrie de l’accueil34 et le groupe Accor qui reprochaient à la société Booking de
soumettre les hôteliers au respect de clauses de « parité ». En effet, pour respecter
ces clauses, les plateformes en ligne exigeaient des hôteliers de bénéficier d’un tarif,
d’un nombre de nuitées et de conditions d’offres au moins aussi favorables que celles
proposées sur les plateformes concurrentes ainsi que sur l’ensemble des canaux de
distribution, dont les réseaux propres à l’hôtel comme son site Internet, le téléphone,
les e-mails envoyés par l’hôtel, sa réception, etc. Ainsi les hôteliers étaient dans
l’obligation de consentir les mêmes conditions pour toutes les plateformes, rendant
impossible la mise en concurrence des plateformes de réservation. Par sa décision
du 21 avril 2015, l’Autorité de la concurrence a accepté les engagements proposés
par Booking pour une période de 5 ans à compter du 1er juillet 2015, qui consistent
à « modifier la clause de parité tarifaire et à supprimer toute clause imposant des
obligations de parité en termes de disponibilités de chambres ou de conditions
commerciales non seulement à l’égard des plateformes concurrentes mais également
des canaux directs hors ligne des hôtels et d’une partie de leurs canaux en ligne35 ».
224 Marketing du tourisme et de l’accueil
La protection du consommateur
Deuxièmement, les lois et règlements visent à protéger les consommateurs de pratiques
commerciales déloyales. Divers organismes administratifs définissent les pratiques
déloyales et offrent aux consommateurs des possibilités de recours. Les entreprises
peuvent, bien évidemment, réduire les interventions du gouvernement via une autorégle-
mentation active. En France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation
et de la répression des fraudes (DGCCRF) a pour mission de contribuer à l’efficacité
économique, au bénéfice des consommateurs. Par ailleurs, il existe de nombreuses asso-
ciations de protection des consommateurs. Elles peuvent saisir les organismes officiels
(par exemple, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environne-
ment et du travail [ANSES], l’Autorité de la concurrence ou la Commission des clauses
abusives).
Parfois, les entreprises et les produits de l’accueil sont boycottés, même sans aucune
Source : S . Al Shebil, A .A . Rasheed et H . Al-Shammari, « Battling Bigots », Wall Street Journal, 28 avril
2007, p . R6 et R11 .
fournissent souvent des informations personnelles que des marketeurs peu scrupuleux
peuvent ensuite utiliser. Les internautes fournissent volontairement de l’information
hautement confidentielle sur les sites de réseaux sociaux, tels que Facebook ou LinkedIn,
ou des sites de généalogie qui sont facilement accessibles pour toute personne souhaitant
faire une recherche à partir d’un ordinateur ou d’un smartphone.
Des entreprises placent des cookies sur les ordinateurs des internautes et collectent,
analysent et partagent les informations sur chaque mouvement des clients sur leur site
Internet. Certaines critiques visent le fait que les entreprises en savent peut-être trop et
pourraient retirer un avantage inéquitable des renseignements qu’elles détiennent sur
les consommateurs. Bien que la plupart des entreprises rendent totalement publiques
leurs politiques de protection des données personnelles, et que la plupart travaillent pour
utiliser les données au bénéfice de leurs clients, des abus peuvent survenir. Par consé-
quent, les défenseurs des intérêts des consommateurs et les décideurs politiques mettent
en place des actions pour protéger les données personnelles des consommateurs.
Le nombre de groupes d’intérêt public a augmenté au cours des deux dernières décen-
nies, de même que leur influence dans l’arène politique. Ces groupes prennent en charge
des questions de responsabilité sociale.
Le marketing humanitaire
Certaines entreprises exercent leur responsabilité sociale et façonnent une meilleure
image d’elles-mêmes en s’associant à des causes humanitaires. Le fait d’associer les ventes
de leurs services à des associations caritatives leur permet de « bien faire en faisant le
bien ».
Les entreprises sponsorisent maintenant des dizaines de campagnes marketing asso-
ciées à des causes chaque année. Nombre d’entre elles sont soutenues par d’importants
budgets et un ensemble d’actions marketing.
Pourtant, le marketing humanitaire est controversé. Les critiques remarquent qu’il s’agit
plus d’une stratégie de vente que d’une stratégie de don, autrement dit que le marketing
« associé à une cause » s’apparente plus à une « exploitation » de cette cause (ce que l’on
appelle le greenwashing, qui s’applique aussi aux « fausses » démarches écologiques des
Chapitre 8 – L’environnement marketing 227
34. “Start a Cause-Related Marketing Program, Cause Marketing Success Story. BJ’s Restaurants”, 11 février 2010,
www.causemarketingforum.com/site/c.bkLUKcOTLkK4E/b.6452355/apps/s/content.asp?ct=8965443
35. K.J. Gruber, “The Hotels of Israel: Pressure and Promise”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quar-
terly, vol. 28, n° 4, 1988, p. 42.
228 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les sous-cultures
Chaque société contient des sous-cultures, des groupes d’individus qui partagent
les mêmes systèmes de valeurs fondées sur des expériences ou des situations de vie
communes. Les seniors, les adolescents ou les femmes qui travaillent représentent tous
des sous-cultures distinctes dont les membres partagent souvent certaines croyances,
préférences et certains comportements. Dans la mesure où des groupes culturels ont des
besoins et un comportement d’achat spécifiques, les responsables marketing peuvent
choisir les sous-cultures en tant que marchés cibles (voir chapitre 6 consacré au compor-
tement du consommateur).
2. Le micro-environnement de l’entreprise
Les acteurs du micro-environnement de l’entreprise (voir figure 8.2) incluent l’entre-
prise, les fournisseurs, les intermédiaires, les clients et les groupes d’influence.
Entreprise
Intermé-
Fournisseurs diaires Clients
de marché
Concurrents
• Les entreprises qui offrent des produits et des services similaires, à un prix identique,
au même type de clients. À ce niveau, McDonald’s considère Burger King et Quick
comme des concurrents directs.
• Les entreprises qui offrent une même catégorie de services. McDonald’s doit considérer
tous les restaurants de fast-food comme des concurrents, même s’ils ne proposent pas
de hamburgers : KFC, Sushi Shop, Subway...
• Les entreprises qui fournissent le même service générique. McDonald’s est en concur-
rence avec tous les restaurants, en particulier les petits restaurants qui proposent un
menu « plat du jour » à un prix intéressant, et les autres enseignes proposant du snac-
king comme Monop’ ou La Mie Câline.
• Les entreprises qui sont en concurrence pour répondre au même besoin du consom-
mateur. McDonald’s est en concurrence avec le repas préparé à domicile38.
Concurrence globale :
Repas préparés
Cinémas,
Restaurants Concurrence théâtres
traditionnels au niveau de la catégorie
de produits :
Restaurants de fast food
Concurrence Subway
Teco au niveau de la forme
Bell du produit :
Hamburgers
Burger McDonald’s
Épiceries
King Wendy’s
Plats
surgelés
Épiceries Kentucky
fines Fried Chicken
Location vidéo
Source : adapté de D .R . Lehmann et R .S . Winer, Analysis for Market Planning, p . 22, © 1994, par R .D . Irwin .
38. P. Kotler, Marketing Management, Upper Saddle River, Prentice Hall, 1988 ; D.R. Lehmann et R.S. Winer,
Analysis for Marketing Planning, Plano, Business Publications, 1988.
Chapitre 8 – L’environnement marketing 231
nutritive des sandwichs par rapport à d’autres types de fast-food, tels que les hamburgers.
La campagne publicitaire de McDonald’s « Vous méritez une pause aujourd’hui » visait
le quatrième niveau de concurrence en proposant de cuisiner à la place de ses clients.
Vivez une expérience gustative unique grâce au menu spécialement conçu pour vous par les chefs de
la prestigieuse Maison LENÔTRE. Vous dégustez des recettes créatives et raffinées, qui vous offrent un
inoubliable voyage au cœur de la gastronomie française. De plus, pour vous satisfaire tout au long de
l’année, le menu « Une Sélection LENÔTRE » varie selon les saisons. Ce menu vous est proposé
au prix de 28 €.
Toutefois, l’externalisation n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Des entretiens de
groupe menés auprès de voyageurs d’affaires montrent que la présence d’un café, adapté
à la tenue de réunions de travail, est parfois un facteur décisif dans le choix d’un hôtel.
Certains hôtels qui ont loué à des opérateurs haut de gamme rencontrent ce problème,
car les exploitants de restaurants haut de gamme ne sont souvent pas intéressés par les
opérations de café ni par le service de chambre. Par conséquent, ces services sont souvent
mal exploités.
Comme n’importe quel fournisseur, un hôtel doit choisir ses fournisseurs de nourri-
ture et de boissons avec beaucoup d’attention. Le concept fonctionne mieux lorsque le
restaurant choisi sous sa marque ou le nom de son chef est indépendant financièrement
de l’hôtel. Il est préférable de laisser l’hôtel se charger des opérations liées au café, au
service de chambre, aux banquets.
Lorsqu’il s’agit de destinations touristiques, un service aérien, un hôtel, des restaurants,
des opérations sur le terrain, des salles de réunion et de divertissements font partie des
composantes nécessaires. Concernant les fournitures, c’est l’office du tourisme qui doit
veiller à la présence dans la région d’un bon choix de fournisseurs pour les produits touris-
tiques. Les offices du tourisme doivent aussi s’assurer que ces fournisseurs travaillent
correctement après avoir été choisis. Enfin, un autre de leurs rôles est de recruter des
organisations afin de fournir aux visiteurs une variété d’activités touristiques.
Internet
Les agences de voyages en ligne achètent en grandes quantités des billets d’avion et des
chambres d’hôtel, créant ainsi de la valeur pour le client. Internet a engendré de la désin-
termédiation et de la transparence dans les prix. Les hôtels ont créé leurs propres systèmes
de réservation en ligne, tout comme les tour-opérateurs. Les marques sont désormais
moins dépendantes des intermédiaires mais les utilisent toujours pour développer une
demande supplémentaire. Les circuits de distribution ne peuvent pas répondre à toute la
demande. Grâce à Internet, les petits hôtels peuvent maintenant distribuer leurs produits
à travers le monde entier.
Lorsque des hôtels utilisant Internet vendent à des intermédiaires, ils doivent faire atten-
tion à la transparence des prix. Par exemple, les tarifs de groupe pour les associations
incluent souvent des chambres gratuites pour les membres du bureau de direction de
l’association, qui sont pris en compte dans le prix de la chambre. L’association doit égale-
ment réserver un certain nombre de chambres pour profiter de services gratuits.
Si le prix de groupe est fixé à 229 € la nuit pour une chambre d’hôtel et si les membres de
l’organisation peuvent réserver leur chambre directement sur le site Internet de l’hôtel
à un prix de 209 €, ceux-ci peuvent décider de réserver en ligne plutôt que de passer par
Chapitre 8 – L’environnement marketing 233
le tarif proposé à l’association. Les directeurs des ventes d’un hôtel doivent soit fixer les
prix au même niveau que celui des groupes, soit offrir une réduction aux membres qui
ont réservé leur chambre directement auprès de l’hôtel.
Les partenariats
Internet a créé beaucoup d’opportunités de distribution, mais a aussi rendu les interac-
tions avec les intermédiaires et les utilisateurs finals plus complexes. Les intermédiaires
sont considérés de plus en plus comme des partenaires. Par exemple, les restaurants
servent d’intermédiaires pour les entreprises de soft drinks. Lorsque Coca-Cola signe un
accord pour être fournisseur exclusif de boissons pour une chaîne de fast-food comme
McDonald’s ou Subway, l’entreprise fournit aussi un support marketing très puissant41.
41. Voir R.J. Benes, A. Jarman et A. Williams, “2007 NRA Sets Records”, www.chefmagazine.com ; www.cokeso-
lutions.com
42. Source : www.lefigaro.fr
234 Marketing du tourisme et de l’accueil
43. R.L. Papiernik, “Foodservice–Food-Market Lines Blur, But Focus Is on the Big $650 Billion Pie”, Nation’s
Restaurant News, 1er septembre 1997, p. 57.
Chapitre 8 – L’environnement marketing 235
Focus 8.2
Un exemple montre les rapports conflictuels pouvant exister entre les décideurs et
les entreprises. Le Conseil de Paris a décidé en février 201549 une hausse de la taxe
de séjour acquittée par les hôteliers, la portant à 3 et 4 € pour respectivement les
5 étoiles et les palaces (au lieu de 1,50 €), à 2,25 € pour les 4 étoiles (au lieu de 1,50 €),
à 1,50 € pour les 3 étoiles (au lieu de 1 €), à 0,90 € pour les 2 étoiles (au lieu de 0,78 €).
Cette décision a immédiatement fait réagir50 l’Union des métiers et des industries
de l’hôtellerie, dans un communiqué de presse débutant de la manière suivante :
« Anne Hidalgo détériore l’attractivité de la ville de Paris et déclare la guerre aux
hôteliers parisiens. L’UMIH et le GNC dénoncent le projet de délibération du Conseil
de Paris relatif au relèvement de la taxe de séjour présenté aujourd’hui, qui fera de
Paris la capitale la plus taxée d’Europe. Conformément aux engagements de la maire
de Paris, les deux organisations professionnelles demandent l’instauration de la taxe
de séjour au réel simultanément à la hausse des taux. À Paris, c’est en douce qu’on
prépare l’enterrement de l’hôtellerie… »
44. www.meltyfood.fr/daily-monop-nouveaute-au-dejeuner-a180322.html#ofKKOStwUbCLXCMl.99
45. C.P. Zeithaml et V. Zeithaml, “Environmental Management: Revising the Marketing Perspective”, Journal of
Marketing, printemps 1984, p. 46-53.
46. Source : www.lefigaro.fr
47. Source : www.umih75.com
236 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le marketing management ne peut cependant pas toujours contrôler les facteurs envi-
ronnementaux. Ainsi il serait vain pour une entreprise de vouloir influencer les flux
migratoires, l’environnement économique ou les principales valeurs culturelles d’un
pays. Néanmoins, les managers doivent adopter une approche proactive, et non réactive,
chaque fois que possible.
Synthèse
• Le macro-environnement de l’entreprise représente les forces sociétales au sens large
qui affectent le micro-environnement dans son intégralité. Il s’agit des environne-
ments démographique, économique, naturel, technologique, politique, concurrentiel
et culturel.
• Le micro-environnement de l’entreprise regroupe les acteurs et les forces proches de
l’entreprise qui peuvent affecter ses capacités à servir les clients. Les acteurs du micro-
environnement comprennent l’environnement interne de l’entreprise, les concurrents,
les fournisseurs, les intermédiaires, les clients et les groupes d’influence.
• Les facteurs environnementaux ont une influence sur le comportement des consom-
mateurs. Le changement dans les tendances de consommation alimentaire est lié aux
tendances économiques, démographiques, technologiques, culturelles, concurren-
tielles, que les entreprises doivent donc surveiller.
• La plupart des entreprises voient l’environnement marketing comme un élément
« incontrôlable » auquel elles doivent s’adapter. D’autres entreprises adoptent une atti-
tude proactive envers l’environnement marketing. Au lieu de simplement observer
et réagir, elles mettent en place des actions agressives pour influencer tous les facteurs
et les groupes d’influence qui composent l’environnement marketing. Ces entreprises
procèdent à une analyse de l’environnement pour en assurer la surveillance.
Activités
Questions de réflexion
1. En quoi le concept de McDonald’s a-t-il changé depuis les années 1960 ? Quelle
sera son évolution dans les décennies à venir, étant donné les nouvelles forces qui
agissent dans l’environnement ?
2. La génération du baby-boom constitue aujourd’hui une population âgée. Listez
quelques opportunités et menaces associées à cette tendance démographique pour
les industries de l’accueil et du tourisme.
3. Si un hôtel a peu de contrôle sur son macro-environnement, pourquoi cela devrait-il
l’inquiéter ?
4. Comment les tendances environnementales ont-elles affecté la conception des
hôtels ?
5. Comment les compagnies aériennes peuvent-elles intégrer les revendications écolo-
gistes dans leur stratégie marketing ?
Application
1. Quelles tendances environnementales affecteront le succès des grandes chaînes
hôtelières, comme Sofitel ou Crowne Plazza, dans les dix prochaines années ? Si
vous étiez directeur marketing pour ce type d’hôtel, quels plans concevriez-vous
pour répondre à ces tendances ?
2. Le marketing mobile contient n’importe quel type de message marketing – audio,
texte, image ou vidéo – délivré sur des objets portables tels que les téléphones
portables ou les tablettes. Recherchez de l’information sur le marketing mobile et
discutez des applications actuelles et potentielles pour les industries de l’accueil et
du tourisme.
3. Quelles tendances environnementales affecteront le succès du groupe Walt Disney
dans les cinq prochaines années ? Si vous aviez en charge le marketing de Disney,
quels plans mettriez-vous en place pour réagir à ces tendances ?
Pour action
1. Consultez les rapports annuels de plusieurs groupes hôteliers. À partir de ceux-
ci, expliquez comment ces groupes changent leurs activités pour s’adapter à
l’environnement.
2. Choisissez et visitez un restaurant, un hôtel ou une autre société de l’accueil ou du
tourisme qui, selon vous, est conçu pour les générations discutées dans ce chapitre
(baby-boomers, génération X, génération Y, génération du millénaire). Après avoir
effectué quelques recherches sur la génération choisie, montrez ce que l’établisse-
ment a fait pour accueillir la génération qu’il cible.
238 Activités
Objectifs
1 . Définir les principales étapes de
A ujourd’hui, les entreprises reconnaissent
qu’elles ne peuvent pas plaire à tous les
clients sur le marché, ou du moins pas à tous de
la conception d’une stratégie la même façon. Les clients sont trop nombreux,
marketing orientée client . trop dispersés et trop variés dans leurs besoins
2 . Lister et distinguer les caractéris- et processus d’achat. En outre, les entreprises
tiques que doivent posséder les elles-mêmes varient largement dans leurs capa-
segments de marché : être mesu- cités à servir différents segments du marché.
rables, accessibles, substantiels, Au lieu de cela, une entreprise doit identifier les
différenciables et exploitables . segments du marché qu’elle peut le mieux servir
3 . Expliquer comment les entre- en dégageant la plus grande rentabilité. Elle doit
prises identifient les segments concevoir des stratégies marketing orientées
de marché les plus intéressants clients qui établissent de bonnes relations avec
et choisissent une stratégie de les bons clients.
ciblage .
4 . Illustrer concrètement le concept La plupart des entreprises se sont éloignées
de positionnement pour obtenir du marketing de masse et tournées vers un
un avantage concurrentiel . marketing ciblé – en identifiant les segments de
marché, en choisissant un ou plusieurs d’entre
eux et en développant des plans marketing et
des produits adaptés à chacun. Au lieu d’épar-
piller leurs efforts marketing, les entreprises se
concentrent sur les acheteurs qui présentent un
grand intérêt pour les valeurs qu’elles créent
correctement.
La figure 9.1 montre les trois étapes majeures
du marketing ciblé :
• La première est la segmentation du marché,
ce qui permet de diviser un marché en
groupes distincts qui pourraient néces-
siter des produits et/ou un marketing mix
distincts. L’entreprise identifie les différentes
façons de segmenter le marché et développe
des profils qui résultent des segments de
marché identifiés.
240 Marketing du tourisme et de l’accueil
1. La segmentation du marché
Les marchés se composent d’acheteurs qui diffèrent sur un ou plusieurs points. Ils
diffèrent dans leurs désirs, ressources, lieux d’habitation, attitudes et habitudes d’achat.
Parce que les acheteurs ont des besoins et désirs uniques, chacun est potentiellement un
marché distinct. Idéalement, un vendeur peut concevoir un plan marketing pour chaque
acheteur. Par exemple, un traiteur peut personnaliser le menu, le divertissement et le
décor pour répondre aux besoins d’un client particulier.
Cependant, la plupart des entreprises sont incapables de répondre à tous les segments
pour des raisons financières. Les entreprises recherchent par conséquent les grandes
catégories d’acheteurs qui diffèrent dans leurs besoins en termes de produits ou de
réponses d’achat. Par exemple, un couple en vacances avec des enfants en bas âge a des
besoins différents de ceux des célibataires. Le Club Med a su profiter de ces segments en
développant des complexes hôteliers pour les familles et pour les couples sans enfant.
L’industrie de la restauration offre de nombreux exemples de segmentation avec une
grande diversité de variables. Sur le marché de la restauration hors foyer, chaque groupe de
clients peut vouloir des produits différents, mais un seul restaurant ne peut pas répondre
à toutes les attentes des clients avec la même efficacité. Le restaurant doit distinguer les
groupes de consommateurs facilement accessibles de ceux qui ne répondront pas à ses
sollicitations commerciales. Pour obtenir un avantage sur ses concurrents, un restaurant
doit examiner les segments de marché en identifiant un ou plusieurs sous-ensembles de
clients, au sein du marché global, et concentrer ses efforts sur leurs besoins1.
Il existe plusieurs façons de segmenter un marché. Un marketeur doit essayer différentes
variables de segmentation. Le tableau 9.1 décrit les principales variables qui pourraient être
utilisées. Nous examinons ici les variables géographiques, démographiques, psychogra-
phiques et comportementales utilisées pour segmenter des marchés de consommateurs.
1. W.R. Swinyard et K.D. Struman, “Market Segmentation: Finding the Heart of Your Restaurant’s Market”,
Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 27, n° 1, 1986, p. 96.
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 241
Relation au produit :
Ne le connaît pas ; en connaît l’existence ; est informé sur lui
Degré de connaissance
Est intéressé par le produit ; est désireux de l’acquérir ; a l’intention de
Degré d’intérêt
l’acheter
2. J. Jesitus, “The Regional Page: Diner’s Search for That Down-Home Flavor”, Hotel and Motel Management,
vol. 207, n° 1, 1992, p. 25-26.
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 243
Par exemple, bien que des consommateurs de toutes les tranches d’âge aiment les
Marketing en action 9.1
Mythe ou réalité ?
croisières Disney, Disney Cruise Lines se concentre principalement sur les familles
avec enfants, grandes et petites. La plupart de ses destinations et des activités à bord
des navires sont conçues en gardant à l’esprit les parents et leurs enfants. À bord,
Disney met à disposition des conseillers formés qui aident les plus jeunes enfants à
participer aux activités pratiques, des espaces exclusivement dédiés aux adolescents,
et des options de moments en famille ou de moments solitaires pour les parents et
les autres adultes. Il est difficile de trouver une publicité pour Disney Cruise Lines
ou une page Web qui n’affiche pas une famille avec des visages souriants.
Le sexe
Des chercheurs ont montré que les femmes célibataires vivant en ville sont suscep-
tibles de dépenser plus au restaurant que les hommes célibataires ou les couples mariés
lorsqu’elles ont une augmentation de salaire6.
Pour autant, le sexe d’un individu ne doit pas être considéré comme un outil de segmen-
tation simpliste. Il n’existe pas d’homme ou de femme « typique ». Les entreprises ont
massivement commis une erreur en essayant de développer et de commercialiser un
produit ou un service pour un genre. La segmentation selon le sexe est plus efficace
lorsqu’elle est combinée aux informations sur le mode de vie et aux données démogra-
phiques. Ainsi certains clubs, comme Lady Moving, « la salle de sport 100 % femmes »,
développent des offres uniquement adressées aux femmes.
Le revenu
La segmentation en fonction du revenu a longtemps été utilisée par les marketeurs de
produits et de services. Elle est particulièrement efficace dans l’industrie de l’héber-
gement. Les clients à revenus élevés et les entreprises sont des cibles privilégiées pour
les chaînes hôtelières haut de gamme et les palaces. À Paris, on a assisté, ces dernières
années, à des rénovations importantes de palaces, comme le Plaza Athénée, le Meurice, le
Crillon ou encore le Ritz. En parallèle, des chaînes luxueuses, comme Mandarin Oriental
ou Peninsula, ont ouvert des hôtels prestigieux dans la capitale française.
Le segment des consommateurs disposant d’un revenu moyen est de loin le plus impor-
tant pour l’industrie de l’accueil, mais il peut être difficile à attirer et à retenir. Le terme
« revenu moyen » englobe un large éventail de revenus et de styles de vie, compliquant
ainsi la stratégie et les tactiques marketing. Beaucoup de concurrents servent ce segment
et les offres de produits/services sont nombreuses. Les changements de préférences et les
cycles économiques sont des défis à relever par le marketeur.
4. Source : http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/les-seniors-representent-un-cinquieme-du-
marche-du-tourisme_1410983.html
5. Pour en savoir plus, voir www.senior-vacances.com/offre-long-sejour-senior-look-voyages/
6. “Who’s Dining Out?”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 26, n° 3, 1985, p. 4.
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 245
La classe sociale
Dans le chapitre 6, nous avons décrit les principales classes sociales et expliqué que l’ap-
partenance à l’une d’entre elles a une forte incidence sur les préférences pour les voitures,
les vêtements, les articles d’ameublement, les activités de loisir, les habitudes de lecture
et les magasins. Prendre le thé l’après-midi au Ritz-Carlton est une pratique de la partie
supérieure des classes moyenne et supérieure. Un restaurant près d’une usine cible la
classe ouvrière. Les clients de chaque établissement se sentiraient probablement mal à
l’aise dans l’autre lieu.
Le style de vie
Le chapitre 6 montre également l’influence des styles de vie des individus sur les biens et
services qu’ils achètent. Les marketeurs segmentent de plus en plus les marchés par les
styles de vie des consommateurs. Par exemple, de nombreux bars sont conçus selon les
goûts musicaux et la culture de leur cible.
La situation de consommation
Les consommateurs peuvent être regroupés en fonction des situations où ils conçoivent
l’idée d’acheter, où ils effectuent concrètement leur achat et où ils utilisent l’article acheté.
La segmentation selon les situations de consommation aide les entreprises à orienter
l’usage du produit ou du service. Par exemple, le voyage aérien est déclenché par des
7. Voir K. Patel, “Zipcar: An America’s Hottest Brands Case Study”, Advertising Age, 16 novembre 2009, p. 16 ;
P. Keegan, “Zipcar: The Best New Idea in Business”, Fortune, 27 août 2009 ; E. Olson, “Car Sharing Rein-
vents the Company Wheels”, New York Times, 7 mai 2009, p. F2 ; S. Clifford, “How Fast Can This Thing Go,
Anyway?”, Inc, mars 2008, www.inc.com ; www.zipcar.com
8. www.ucpa-vacances.com
246 Marketing du tourisme et de l’accueil
occasions liées au travail, aux vacances ou à la famille. Les publicités des compagnies
aériennes destinées aux voyageurs d’affaires intègrent souvent les bénéfices liés au service,
au confort et à la ponctualité des départs dans l’offre. Leur marketing visant le vacan-
cier insiste sur les prix, les destinations intéressantes et des forfaits « tout compris ». Le
marketing visant le marché de la famille montre souvent les enfants voyageant seuls pour
rendre visite à un parent, sous l’œil attentif d’un employé d’une compagnie aérienne. Un
message de cette nature est particulièrement pertinent pour le seul segment des parents.
La segmentation de consommation peut aider les entreprises à concevoir l’utilisation du
produit. Par exemple, le jour de la fête des Mères est devenu une occasion pour inviter
sa mère ou la mère de ses enfants au restaurant ; de nombreux établissements proposent
à ce titre des offres spéciales. Les jours fériés peuvent être l’occasion d’un court voyage
comme un city-break. Les city-breaks sont des nouvelles façons de voyager sur de courtes
durées, et sont très prisés pour découvrir les capitales européennes. Ce sont des exemples
du marketing de l’occasion.
Dans un autre contexte, le marché de la lune de miel représente une occasion avec un
excellent potentiel pour l’industrie de l’accueil. Dans de nombreuses cultures, le voyage
de noces est payé par les membres de la famille. Les voyages labellisés « lune de miel »
peuvent offrir aux jeunes mariés des produits et des services de standing, comme une
bouteille de champagne ou un soin en duo. Certaines destinations se spécialisent sur ce
marché. Par exemple, la Polynésie française est réputée comme destination propice aux
lunes de miel, très appréciée par les Français et les Japonais.
9. R.C. Lewis, “Restaurant Advertising: Appeals and Consumers’ Intentions”, Journal of Advertising Research,
vol. 21, n° 5, 1981, p. 69-75.
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 247
L’un des plus grands segments de voyageurs pour de nombreuses destinations touris-
tiques est le marché des visites aux parents, à la famille ou aux amis. C’est le tourisme
affinitaire. Ce marché est parfois négligé dans le marketing des destinations parce
que ces voyageurs séjournent souvent dans des foyers privés et y prennent beaucoup
de leurs repas. Les statistiques de la Direction générale des entreprises montrent que
le tourisme affinitaire représente en France 59,4 % des voyages pour l’année 2013
(voir tableau 9.2).
Tableau 9.2 – Les voyages en France métropolitaine selon le type d’hébergement en 2013
Durée moyenne
Répartition des Répartition des
de voyage
voyages (en %) nuitées (en %)
(en nuitées)
Hébergement marchand 29,3 33,3 6,0
Hôtel 9,8 5,3 2,9
Camping 5,3 8,5 8,5
Location, gîte, chambre d’hôtes 10,1 13,9 7,3
Hébergement non marchand 70,7 66,7 5,0
Résidence secondaire du foyer 9,3 16,6 9,5
Famille 48,0 40,4 4,5
Amis 11,4 7,7 3,6
Total France métropolitaine 100,0 100,0 5,3
10
10. S.K. Kang, C.H.C. Hsu et K. Wolfe, “Family Traveler Segmentation by Vacation Decision-Making Patterns”,
Journal of Hospitality and Tourism Research, vol. 27, n° 4, 2003, p. 464-465.
248 Marketing du tourisme et de l’accueil
Connaître les avantages recherchés par les clients est utile pour deux raisons. Première-
ment, les managers peuvent développer des produits avec des fonctionnalités offrant les
avantages que leurs clients recherchent. Deuxièmement, ils communiquent plus effica-
cement avec leurs clients quand ils connaissent les avantages recherchés.
Les hôtels Starwood ont développé un programme, « Love that dog », ciblant les
Marketing en action 9.3
Ainsi un avantage est un résultat positif tiré d’une fonctionnalité du produit. Les fonc-
tionnalités du produit qui créent des résultats positifs pour les clients créent de la valeur.
Les fonctionnalités sans résultats positifs pour les clients n’auront aucune valeur. Par
exemple, certains clients rétifs aux nouvelles technologies pourront juger négativement
un séjour dans un hôtel proposant des offres trop orientées nouvelles technologies
(comme l’ouverture de la chambre d’hôtel grâce au téléphone portable du client).11
Le statut de l’utilisateur
De nombreux marchés peuvent être segmentés en non-utilisateurs, anciens utilisateurs,
utilisateurs potentiels, primo-utilisateurs, utilisateurs et utilisateurs réguliers d’un
produit. Les entreprises qui ont des parts de marché élevées, telles que les grandes compa-
gnies aériennes, sont particulièrement intéressées par le fait de conserver les utilisateurs
11. www.starwoodhotels.com ; E. Sciolino, “Versailles Hotel Treats Dog Royally”, Denver Post, 4 décembre 2003,
p. 31A.
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 249
réguliers et d’attirer les utilisateurs potentiels. Deux offres marketing distinctes doivent
être créées pour ces deux catégories d’utilisateurs.
Le taux d’utilisation
Les marchés peuvent également être segmentés en faibles, moyens et grands utilisateurs.
Les grands utilisateurs représentent souvent un petit pourcentage du marché, mais néan-
moins un pourcentage élevé de la consommation totale.12
Marketing en action 9.4
L’un des programmes les plus controversés jamais employés par les industries de l’accueil
et des voyages pour assurer la fidélité des clients importants est le programme « voya-
geur fréquent ». Des chercheurs ont découvert que 4,1 % des voyageurs prenant l’avion
comptent pour 70,4 % des voyages aériens, ce qui explique que les compagnies aient été
désireuses de capturer ce marché lucratif13. De nombreux professeurs, consultants et
dirigeants d’entreprises remettent en question la valeur à long terme de ces programmes
et s’interrogent sur l’avantage concurrentiel qu’ils créent, car la plupart des compagnies
aériennes ont des programmes similaires. Il est clair que les marketeurs sont souvent
pressés d’identifier les utilisateurs et de construire un marketing mix pour les attirer.
De nombreuses entreprises de l’industrie de l’accueil répartissent uniformément leurs
ressources marketing sur tous les clients potentiels. Les marketeurs chevronnés identi-
fient les gros utilisateurs et se concentrent sur les stratégies marketing à leur égard.
Le niveau de fidélité
Un marché peut également être segmenté sur la base d’un niveau de fidélité des consom-
mateurs. Les consommateurs de produits hôteliers peuvent être fidèles aux marques,
telles que le Courtyard de Marriott, ou à des entreprises, telles que Qantas Airlines.
D’autres sont seulement assez fidèles : ils peuvent être fidèles à deux ou trois marques,
ou favoriser une marque mais en acheter d’autres. D’autres acheteurs encore ne montrent
aucune fidélité à la marque. Ils veulent de la variété ou simplement acheter selon la
marque la moins onéreuse et la plus commode. Les clients en recherche de bas prix
séjourneront indifféremment dans les hôtels des marques low-cost tels que B&B Hôtels
12. Voir J.K. MacArthur, “BK Rebels Fall in Love with King”, Advertising Age, 1er mai 2006 ; K. Hem, “BK ‘Lifes-
tyle’ Goods Aim for Young Males”, Adweek, 12 juin 2006, p. 8 ; J. Ordonez, “Fast-Food Lovers, Unite!”,
Newsweek, 24 mai 2004, p. 56 ; J. Ordonez, “Cash Cows—Hamburger Joints Call Them Heavy Users but not to
Their Faces”, Wall Street Journal, 12 janvier 2000, p. A1 ; A.M. Budqisz, “QSR Foodservice: The International
Market”, communiqué de presse Euromonitor International, 1er août 2000.
13. V.J. Cook, Jr., W. Mindak et A. Woodside, “Profiling the Heavy Traveler Segment”, Journal of Travel Research,
vol. 25, n° 4, 1987.
250 Marketing du tourisme et de l’accueil
ou dans les hôtels Ibis Budget, en fonction du premier hôtel qu’ils trouveront au cours
de leur recherche.
Une des raisons principales qui poussent à la fidélisation de la clientèle est que « les
clients fidèles sont insensibles au prix par rapport aux clients qui changent de marque14 ».
Dans les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme, les marketeurs tentent de construire la
fidélité à la marque grâce au marketing relationnel. Alors que les entreprises manufactu-
rières manquent souvent de contacts directs avec leurs clients, la plupart des marketeurs
de l’accueil et des voyages sont en contact direct avec eux. Ils peuvent développer une
base de données de l’historique clients et l’utiliser pour personnaliser leurs offres et leur
communication.
Certains restaurants haut de gamme conservent un fichier de leurs clients fréquents,
détaillant leurs préférences en matière de vins, de choix de table, leur dernière visite, et
même leur apparence (ce qui aide les employés à les reconnaître). Les restaurants peuvent
fournir aux clients VIP un numéro de téléphone spécial pour les réservations. Les
personnes qui appellent ce numéro sont immédiatement identifiées comme des clients
clés, ce qui permet l’affichage des informations les concernant, stockées dans un fichier.
Ces informations sont utilisées pour offrir un service personnalisé.
La segmentation multicritères
En matière de segmentation, les marketeurs se contentent rarement d’une ou deux
variables. Ils appliquent au contraire, de plus en plus, une segmentation multicritères
qui permet de constituer des groupes cibles plus étroits et mieux définis.
Plusieurs services d’information commerciale, tels que Nielsen, Acxiom et Experian,
fournissent des systèmes de segmentation multicritères qui fusionnent des données
géographiques, démographiques, comportementales et de styles de vie pour aider les
entreprises à segmenter leurs marchés en descendant jusqu’aux codes postaux, aux quar-
tiers et même aux ménages.
2. Le ciblage
La segmentation marketing permet de mettre en évidence les opportunités d’une entre-
prise sur un segment de marché. L’entreprise doit évaluer les différents segments et
décider combien et lesquels cibler. Nous examinons ici comment les sociétés évaluent et
sélectionnent leurs marchés cibles.
14. J. Weizhong, C.S. Dev et V.R. Rao, “Brand Extension and Customer Loyalty”, Cornell Hotel and Restaurant
Administration Quarterly, vol. 43, n° 4, 2002, p. 15.
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 251
(individuel) d’affaires et en proposant des tarifs plus bas que ceux du segment, par une
politique d’optimisation de l’espace et de rationalisation des coûts.
1 2 A B 1A 2B
1 A 1A
3 B 3B
1 B 1B
3 A 3A
(c) Segmentation par niveau (d) Segmentation sur (e) Segmentation par âge
de revenu deux classes d’âge et revenu cumulés
Le marketing indifférencié
En utilisant une stratégie marketing indifférenciée, une entreprise ignore les différences
entre les divers segments et cible l’ensemble du marché avec une offre unique. Elle se
concentre sur les besoins communs des consommateurs, et non sur ce qui les différencie.
Elle conçoit un plan de marketing qui va atteindre le plus grand nombre d’acheteurs.
La distribution et la publicité de masse servent d’outils de base pour créer une image de
qualité supérieure dans l’esprit des consommateurs.
La plupart des marketeurs ont de sérieux doutes quant à cette stratégie dans l’environne-
ment concurrentiel d’aujourd’hui. Il est difficile de développer un produit et une marque
qui satisferont tous les consommateurs (ou même une grande part d’entre eux). Lorsque
plusieurs concurrents visent le segment le plus important, le résultat inévitable est une
forte concurrence. Les petites entreprises sont généralement dans l’impossibilité de
concurrencer directement des géants et sont forcées d’adopter des stratégies de marché
de niche. Les segments plus grands peuvent devenir moins rentables en raison des coûts
marketing importants, y compris la possibilité de réduction des prix et de guerre des
prix.
Le marketing différencié
En utilisant une stratégie marketing différenciée, une entreprise cible plusieurs segments
de marché et conçoit des offres distinctes pour chacun d’eux. Par exemple, le groupe
Accor gère plusieurs marques et types d’hôtels. Ses marques comptent des marques
internationales d’hôtels de luxe (Sofitel), d’hôtels haut de gamme (Pullman, MGallery),
d’hôtels milieu de gamme (Novotel, Mercure et Adagio Aparthotel), d’hôtels écono-
miques (Ibis, Ibis Styles, Adagio Access et Ibis Budget) et des marques régionales sur la
zone Asie-Pacifique avec des hôtels haut de gamme (Grand Mercure et The Sebel). Cette
segmentation a permis à Accor de devenir l’un des plus grands groupes hôteliers.
Le marketing différencié génère souvent plus de ventes importantes que le marketing
indifférencié. Ainsi Accor obtient une plus grande part de marché sur les chambres d’hô-
tels d’une ville avec trois marques différentes que si le groupe n’avait qu’une seule marque.
Pullman attire la clientèle des voyageurs d’affaires ; Novotel attire le voyageur de milieu
de gamme, tandis que Ibis Budget attire les familles et les voyageurs à petit budget. Accor
propose un marketing mix différent pour chaque marché cible. Dans le même temps,
le groupe a besoin de plans marketing, d’études marketing, de prévisions, d’analyses de
ventes, et de planifier sa communication et sa publicité pour chaque marque.
De nombreuses chaînes d’hôtels poursuivent une stratégie consistant à appliquer leurs
noms de marque, auxquels leurs clients font confiance, pour des produits tout à fait
différents, tels que les propriétés en temps partagé. Pour le client, cela consiste à acheter
le droit d’utiliser une propriété dans une résidence de vacances pour une durée précise,
en général une semaine ou plus. L’une des aventures les plus risquées est peut-être celle
des hôtels de luxe Ritz-Carlton qui utilisent la marque Ritz-Carlton pour commercialiser
des résidences et des maisons somptueusement décorées.
Le marketing concentré
La stratégie de marketing concentré est particulièrement intéressante pour les entreprises
dont les ressources sont limitées. Au lieu d’opter pour une petite part d’un grand marché,
l’entreprise cherche à obtenir une grande part d’un ou de plusieurs petits marchés.
Il existe de nombreux exemples de marketing concentré. Les hôtels Four Seasons et
Rosewood Hotels se concentrent sur le marché des chambres d’hôtel haut de gamme.
Grâce à un marketing concentré, les entreprises de l’hôtellerie atteignent une position
forte sur le marché dans les segments qu’elles desservent, du fait de leur plus grande
connaissance des besoins de ces segments. La société bénéficie également de nombreuses
économies. Si le segment est bien choisi, l’entreprise peut obtenir un taux élevé de retour
sur investissement. Dans le même temps, le marketing concentré implique des risques
254 Marketing du tourisme et de l’accueil
plus élevés que la normale, le segment de marché étant plus restreint. Le segment de
marché sélectionné peut évoluer défavorablement. Pour cette raison, de nombreuses
sociétés préfèrent opérer sur deux marchés ou plus.
L’homogénéité du marché
Si les acheteurs ont les mêmes goûts, achètent un produit au même prix et réagissent de
la même façon aux efforts commerciaux, le marketing indifférencié est approprié.
Les marketeurs ne veulent pas laisser au hasard le positionnement de leurs produits. Ils
conçoivent le positionnement qui donnera à leurs produits le plus grand avantage auprès
des marchés cibles choisis, puis ils définissent les marketing mix pour créer les positions
conçues. Dans l’industrie du fast-food, McDonald’s a changé son positionnement sur le
marché français en communiquant non plus sur les produits, mais sur sa relation avec
ses clients à travers le slogan « Venez comme vous êtes ».
Le positionnement d’une marque d’hôtel peut être approché à partir de deux perspec-
tives : celle du management de la marque et celle de ses clients. Le management de la
marque nécessite de définir un concept de marque clair du positionnement voulu par
l’hôtel. Ses efforts promotionnels doivent s’articuler non seulement sur ce que la marque
propose, mais aussi sur la manière dont ses offres diffèrent de celles des autres marques.
Dans l’analyse finale, le positionnement d’une marque est déterminé par ses clients.
Lorsque deux entreprises ou plus sont sur le même positionnement, chacune doit
chercher une autre différenciation, telle que « hôtel d’affaires low-cost » versus « hôtel
d’affaires de luxe ». Chaque entreprise doit construire un ensemble unique d’avantages
concurrentiels qui attire un groupe important de consommateurs au sein du segment.
18. G. Moschis, C.F. Curasi et D. Bellinger, “Restaurant Selection Preferences of Mature Consumers”, Cornell
Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 44, n° 4, 2003, p. 59-60.
258 Marketing du tourisme et de l’accueil
20. C. Hosford, “A Transformative Experience”, Sales & Marketing Management, n° 158, juin 2006, p. 32-36 ;
M. Beirne et J. Benito, “Starwood Uses Personnel to Personalize Marketing”, Brandweek, 24 avril 2006, p. 9.
260 Marketing du tourisme et de l’accueil
• la meilleure qualité ;
• le meilleur service ;
• le prix le plus bas ;
• le meilleur rapport qualité-prix ;
• le meilleur emplacement.
Une entreprise qui martèle un positionnement important pour son marché cible et
qui remplit constamment sa promesse va probablement devenir la plus connue, et le
consommateur s’en souviendra.
D’autres marketeurs pensent que les entreprises devraient se positionner sur plus d’un
facteur de différenciation. Un restaurant peut prétendre qu’il a les meilleurs steaks et le
meilleur service. Un hôtel peut prétendre qu’il offre le meilleur rapport qualité-prix et
le meilleur emplacement. Aujourd’hui, à l’heure où le marché de masse se fragmente
en une multitude de petits segments, les entreprises tentent d’élargir leurs stratégies de
positionnement pour en attirer plusieurs. Toutefois, alors que les entreprises augmen-
tent le nombre de promesses pour leur marque, elles risquent de perdre en crédibilité et
d’offrir un positionnement flou.
En général, une entreprise doit éviter deux grandes erreurs de positionnement :
• La première est le sous-positionnement. Certaines entreprises découvrent que les
acheteurs n’ont qu’une vague idée de leur offre. De nombreux hôtels indépendants
essayant de capturer un marché international sont sous-positionnés. Le Seoul Plaza
Hotel, un hôtel de luxe à Séoul, en Corée, n’est pas connu en Europe. Pour établir des
positionnements sur des marchés éloignés, des hôtels comme celui-ci sont affiliés à de
grandes enseignes telles que Leading Hotels of the World et Preferred Hotels.
• La deuxième erreur est le sur-positionnement, en donnant une image trop étroite de
l’entreprise aux acheteurs.
Un bon positionnement permet une communication claire et efficace, et contribue à
renforcer la fidélité à la marque. Dans le cas des hôtels, il n’est peut-être pas suffisant de
simplement satisfaire les clients.
Environnement
physique
Produit
augmenté
Produit central
Interaction du client
Coproduction avec le système
avec le client de livraison du service
Source : Services Marketing, C . Lovelock, J . Wirtz adapté par Denis Lapert, Annie Munos, Marketing des
services, 7e édition, Pearson France, 2014 .
Certains hôtels semblent offrir une meilleure valeur que d’autres. Par exemple, Italie
offre un niveau de service légèrement plus élevé que le Palace, mais il est moins cher.
Les cartes perceptuelles deux à deux fournissent une image facile à lire ; cependant, on
doit souvent étudier plusieurs cartes présentant différents attributs pour se faire une
bonne idée du marché. Les cartes perceptuelles peuvent aussi être développées en utili-
sant la perception des consommateurs quant à un certain nombre d’attributs de produit.
La concurrence accrue ou une stratégie de positionnement inefficace peuvent rendre
le repositionnement nécessaire. Les cartes perceptuelles fournissent des données pour
appuyer le besoin de repositionnement.
Marriott International a repositionné Fairfield Inn, une de ses marques, qui s’était
étendue sur les marchés urbains avec une offre haut de gamme. Les équipements mobi-
liers des Fairfield Inns ont été mis à niveau. Le Fairfield Inn and Suites coûte plus cher à
construire qu’un Fairfield Inn classique, et les tarifs moyens sont plus élevés. Joe Lavin,
vice-président senior de l’offre de franchisage de Marriott International, disait que les
Chapitre 9 – La segmentation du marché, le ciblage et le positionnement 263
clients de Fairfield devenaient plus exigeants. Ainsi la mise à niveau a été conçue pour
permettre à Fairfield de conserver ses clients22.
Synthèse
• Les marchés se composent d’acheteurs qui diffèrent sur un ou plusieurs points.
Comme la plupart des entreprises sont incapables de répondre à tous les segments,
elles recherchent les grandes catégories de consommateurs qui diffèrent dans leurs
besoins, en termes de produits ou de réponses d’achat, afin de concentrer leurs
efforts sur certains groupes. Pour mener à bien l’identification de ces segments, une
entreprise peut utiliser des critères géographiques, sociodémographiques, psychogra-
phiques, comportementaux.
• L’entreprise doit ensuite évaluer les différents segments et décider combien et lesquels
elle souhaite cibler. Pour cette évaluation, il lui faut examiner la taille du segment et
sa croissance, son attractivité, et les objectifs et ressources de l’entreprise. Elle doit
ensuite sélectionner les segments auxquels elle souhaite proposer une offre commer-
ciale, c’est-à-dire choisir son ou ses marchés cibles. L’entreprise peut adopter l’une des
trois stratégies de couverture d’un marché : le marketing indifférencié, le marketing
différencié et le marketing concentré.
• L’entreprise doit décider quelles positions occuper sur ses segments de marché cibles.
Le positionnement d’un produit désigne la façon dont il est défini par les consomma-
teurs sur le plan des attributs importants – c’est la place qu’il occupe dans l’esprit des
consommateurs par rapport aux produits concurrents.
• Les responsables marketing peuvent suivre plusieurs stratégies de positionnement.
Ils peuvent par exemple positionner leur produit en fonction de ses attributs spéci-
fiques. De plus, les entreprises hôtelières ou une destination touristique doivent
différencier leurs produits/services de ceux de leurs concurrents. La différenciation
peut se faire par des attributs physiques, le service, le personnel, l’emplacement ou
l’image. Il faut ensuite sélectionner les avantages concurrentiels pertinents, en s’inter-
rogeant sur le nombre d’avantages à promouvoir, les différences à retenir. Enfin, après
avoir choisi les caractéristiques et la formulation du positionnement, les entreprises
doivent communiquer leur(s) positionnement(s) aux clients ciblés.
22. S. McMullan, “Marriott International Repositions Fairfield Inn”, Hotel Business News, 21 février-6 mars 2000,
p. 3.
Activités
Questions de réflexion
1. Expliquez le processus de segmentation du marché, de ciblage du marché et de posi-
tionnement sur le marché.
2. Quels rôles jouent les attributs du produit et leurs perceptions dans le position-
nement d’un produit ? Un attribut commun à plusieurs marques concurrentes
contribue-t-il au succès d’une stratégie de positionnement ?
Application
1. Choisissez une entreprise du secteur de l’hôtellerie. Décrivez certains segments de
son marché global (dans ce cas, le marché de l’hôtel ou du restaurant), l’un des mar-
chés qu’elle cible, et expliquez la manière dont elle se différencie de ses concurrents
pour se positionner sur ce marché.
2. Identifiez un segment de marché d’un restaurant ou d’un hôtel de votre ville que
vous imaginez être bon à cibler. Expliquez le marketing mix que vous mettriez en
œuvre pour séduire ce segment de marché.
3. Certains restaurateurs veulent développer un restaurant qui proposerait une offre
pour chaque segment. Pourquoi cette idée constitue-t-elle une stratégie dangereuse ?
4. Pensez à vos camarades de classe. Pouvez-vous les classer en différents segments
auxquels vous donneriez des noms spécifiques ? Quelle est la variable de segmen-
tation que vous avez utilisée ? Quels produits commercialiseriez-vous pour ces
segments ?
Pour action
1. Trouvez une publicité d’une entreprise de l’accueil et du tourisme qui cible un seg-
ment spécifique, tels les enfants, les jeunes adultes, les seniors ou les clients à revenu
élevé. Vous visiterez ensuite un de ses établissements. Que propose cette entreprise
comme marketing mix pour attirer le segment ciblé par sa publicité ? Ces moyens
peuvent inclure les promotions des ventes, la signalétique, le mix de produits, la
localisation de l’entreprise et les prix des produits.
2. Rendez-vous sur le site Internet d’une grande marque de l’accueil ou du tourisme.
Expliquez comment elle fait appel à différents segments à travers son site. Donnez
des exemples précis.
Chapitre 10
La conception et la gestion des offres
ont besoin de contrôler en permanence la qualité pour éviter les désagréables surprises
et s’assurer que les clients obtiennent ce qu’ils attendent.
Les managers du tourisme ou de l’accueil doivent penser l’offre sur quatre niveaux 3 :
l’offre de base ou noyau central, l’offre facilitante, l’offre support et l’offre augmentée
(voir figure 10.1).
Environnement
physique
Offre
augmentée
Noyau central
Interaction du client
Coproduction
du client avec le personnel
en contact
Source : adapté de C . Grönroos, “Developing the Service Offering – A Source of Competitive Advantage”,
in C . Surprenant (éd .), Add Value to Your Service, Chicago, American Marketing Association, 1987, p . 83 .
techniques d’une offre4, les marketeurs doivent découvrir et mettre en valeur les princi-
paux apports de chaque offre.
4. S. Llosa, « L’analyse de la contribution des éléments du service à la satisfaction : un modèle tétraclasse », Déci-
sions Marketing, n° 10, 1997, p. 81-88.
5. M.E. Porter et P. de Lavergne, L’Avantage concurrentiel , Paris, Dunod, 1999.
6. P. Eiglier et E. Langeard, Servuction, le marketing des services, Paris, McGraw-Hill, 1987.
268 Marketing du tourisme et de l’accueil
centrale. Les offres de soutien aident au positionnement de l’offre centrale. Selon Grön-
roos, l’offre centrale, l’offre facilitante et l’offre de soutien déterminent ce que les clients
reçoivent mais pas comment ils le reçoivent7. En revanche, l’offre de service augmentée
combine ce qui est offert avec la manière de le fournir.
L’offre augmentée est un concept fondamental car les services de tourisme et d’accueil,
comme tous les services, nécessitent une coproduction avec le client8. Dans la plupart
des offres hôtelières, le client interagit en permanence avec le système de délivrance du
service. Par exemple, il peut procéder au check-in à la réception, aller dans sa chambre
et comprendre comment utiliser la télévision et le téléphone. Il doit aussi interagir avec
les autres clients et les employés. L’atmosphère dans laquelle le service est délivré est une
partie importante de l’offre. L’offre augmentée intègre les éléments clés lors de la venue
du client dans l’entreprise de services, dont quelques-uns sont présentés ci-dessous.
L’accessibilité du service
Si un service n’est pas accessible, il n’a aucune valeur. Les deux principaux obstacles à
l’accessibilité sont les heures d’ouverture et le manque d’informations.
Par exemple, la salle de sport Amazonia Paris Bastille propose les horaires d’ouverture
suivants : de 6 h à 23 h en semaine, de 6 h à 20 h les week-ends et jours fériés. Ces horaires
s’adaptent au rythme de vie de la clientèle, maximisant le taux d’occupation de la salle
et sa rentabilité.
L’information sur l’ensemble des services proposés est fondamentale. Quels que soient
les supports, le client doit y accéder facilement pour pouvoir en profiter. L’information
ne doit pas seulement concerner l’entreprise de services, mais également l’environne-
ment de celle-ci (plan de la ville où se trouve l’hôtel, adresses du syndicat d’initiative, de
restaurants ou de cinémas…).
7. C. Grönroos, Service Management Marketing, New York, Lexington Books, 1990, p. 69.
8. L. Bettencourt, A. Ostrom, S. Brown et R. Roundtree, “Client Co-production in Knowledge-intensive Busi-
ness Services”, in A. Bettley, D. Mayle et T. Tantoush (éds), Operations Management: A Strategic Approach,
Londres, SAGE, 2005.
9. J.-F. Lemoine, « Vers une approche globale de l’atmosphère du point de vente », Revue française du marketing,
n° 4-5, 2003, p. 83-101.
10. B. Daucé et S. Rieunier, « Le marketing sensoriel du point de vente », Recherche et applications en marketing,
17(4), 2002, p. 45-65.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 269
Une atmosphère sensorielle forte peut créer une attente pour un cinquième sens : le goût.
Des consommateurs sont fidèles à Starbucks parce que l’atmosphère de ses salons de café
engendre une attente en termes de goûts de café. Lorsqu’il consomme un Frappuccino,
le client apprécie la qualité de sa boisson tout en percevant inconsciemment la cohérence
de l’offre par rapport au positionnement de l’enseigne et à son expression sensorielle.
L’atmosphère du point de vente peut affecter les comportements d’achat d’au moins
quatre façons. Premièrement, elle peut susciter l’attention du consommateur. Le restau-
rant Los Caracoles, fondé en 1835 dans le Barrio Gotico à Barcelone, présente en façade
une rôtissoire de poulets. Les flammes, l’odeur des poulets rôtis et le crépitement de la
cuisson attirent inéluctablement le touriste à la recherche d’un restaurant traditionnel.
11. M. Filser, « Le marketing sensoriel : la quête de l’intégration théorique », Revue française du marketing, 194(4),
2003, p. 5.
12. C. Lovelock et al., Marketing des services, 7e éd., Montreuil, Pearson, 2014.
13. B. Daucé, « La diffusion de senteurs d’ambiance dans un lieu commercial : intérêt et tests des effets sur le
comportement », thèse de doctorat, université de Rennes, 2000.
14. B. Hulten, N. Broweus et M. Van Dijk, Sensory Marketing, Londres, Palgrave Macmillan, 2009.
270 Marketing du tourisme et de l’accueil
dans lequel des jambons sont accrochés au plafond. Ensuite, la cuisine laisse apparaître
tous les cuisiniers qui travaillent sur des planchas et, enfin, un maître d’hôtel accueille le
client pour le mener à une table dans un dédale de petites salles conviviales. Le message
transmis est évident : le restaurant propose une cuisine traditionnelle et de qualité.
Troisièmement, l’atmosphère sert à créer une émotion. Les couleurs, les sons, les odeurs
et les textures suscitent des réactions émotionnelles susceptibles de stimuler l’achat d’une
offre. L’odeur de grillades dans le restaurant Los Caracoles incite à en commander.
Enfin, l’environnement est un moyen de créer une ambiance. Un psychologue de l’envi-
ronnement a décrit les environnements comme étant à contexte fort ou doux, suivant les
informations qu’ils délivrent. Les couleurs vives, les lumières, les bruits, la foule et les
mouvements sont typiques d’un environnement à contexte fort, et s’opposent ainsi aux
caractéristiques d’un environnement à contexte doux15. Un environnement à contexte
fort crée un projet ludique et chaleureux, tandis que des environnements à contexte doux
créent une ambiance relaxante. Par exemple, dans les casinos Barrière, le contexte fort et
l’ambiance de groupe poussent le consommateur à jouer. En revanche, dans le complexe
« restaurant-spa » de l’enseigne Pastel à Toulouse, le contexte doux amène le client à une
relaxation agréable et reposante. La chaîne d’hôtels Le Méridien fait appel à un groupe
de créateurs culturels et d’artistes qui définissent et enrichissent l’expérience du séjour
de ses clients. Les membres de ce groupe (Andrea Illy, de la marque de café Illy, le chef
Jean-Georges Vongerichten et les créateurs de parfum Fabrice Penot et Eddie Roschi, du
Labo) sont chargés d’élaborer une atmosphère unique pour Le Méridien.
L’atmosphère doit être imaginée lors de la création de services d’hôtellerie, de restaura-
tion ou de tourisme. Les marketeurs doivent comprendre l’attente du client en matière
d’expérience d’achat et de variables sensorielles pour engendrer une émotion chez lui.
15. B. Booms et M.J. Bitner, “Marketing Services by Managing the Environment”, Cornell Restaurant and Hotel
Administration Quarterly, mai 1992, p. 35-39.
16. M.J. Bitner, “Serviscape: The Impact of Physical Surroundings on Customers and Employees”, Journal of
Marketing, vol. 56, avril 1992, p. 57-71.
17. C. Grönroos, Service Management and Marketing, op. cit.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 271
18. Les salariés amenés à rencontrer les clients soit pour l’accueil, soit pour l’information ou pour la vente sont
en général appelés « personnel en contact ».
272 Marketing du tourisme et de l’accueil
MARQUE FORTE
19. C. Sempels, « La marque comme levier de tangibilisation des services », Actes du 7e séminaire international de
recherche en management des activités de service, 2002, p. 410-422.
20. K. Kotler, K. Keller et D. Manceau, Marketing Management, 15e éd., Montreuil, Pearson, 2015.
21. Voir “McAtlas Shrugged”, Foreign Policy, mai-juin 2001, p. 26-37 ; P. Kotler et K. Keller, Marketing Manage-
ment, 13e éd., Upper Saddle River, Prentice Hall, 2009, p. 254.
274 Marketing du tourisme et de l’accueil
22. D.A. Aaker et J. Lendrevie, Le Management du capital-marque : analyser, développer et exploiter la valeur des
marques, Paris, Dalloz, 1994.
23. Voir S. Davis, Brand Asset Management, 2e éd., San Francisco, Jossey-Bass, 2002. Pour en savoir plus sur
le positionnement des marques, voir P. Kotler, K. Keller et D. Manceau, Marketing Management, op. cit.,
chap. 10.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 275
plus faciles à copier. De plus, les clients ne sont pas intéressés par les attributs en eux-
mêmes, mais plutôt par le service que ces attributs leur apporteront.
• Une marque peut se positionner en associant son nom à un bénéfice attendu par
les clients. Dans les secteurs de l’accueil et du tourisme, ces bénéfices se rapportent
souvent au service ou à l’expérience client. La marque du restaurant étoilé Le Gourmet
de Sèze, à Lyon, annonce clairement les repas gastronomiques qu’attendent les clients.
• Enfin, les marques les plus fortes vont au-delà du positionnement par les attributs ou
le bénéfice client. Elles sont fondées sur des croyances et des valeurs fortes. Le Club
Med vous fait vivre des vacances de rêve et des instants de bonheur inoubliables.
Emirates est devenue le symbole de la qualité de service dans les long-courriers. Le
slogan publicitaire d’Air France, « France is in the air », traduit son positionnement
international.
Les marques à succès amènent les consommateurs à un niveau émotionnel profond.
Selon Stengel, « le marketing inspire la vie et la vie inspire le marketing24 ». En pénétrant
dans le Harry’s Bar à Venise, le touriste ne peut s’empêcher d’imaginer Hemingway
installé dans l’un des fauteuils et dégustant un cocktail Bellini qui a fait la réputation
mondiale de son créateur. En positionnant une marque, le marketeur doit lui définir une
mission et une vision (ce que la marque doit être et faire) claires pour le consommateur.
Par exemple, l’enseigne d’hôtels F1 propose des chambres propres, des prix bas et un bon
service de base, mais ne promet pas d’équipements chers ou de grandes salles de bain.
Le co-branding peut être une solution efficace si les deux marques sont en vraie synergie.
Par exemple, le torréfacteur italien Illy et Samsung ont noué un partenariat à l’échelle
mondiale pour créer des cafés interactifs et high-tech. Le nouveau magasin londonien
Illycaffé, sur Regent Street, a été le premier café-boutique ouvert, alliant expériences
gustatives et digitales en mettant notamment des tablettes gratuites à disposition de ses
clients. L’hôtellerie de luxe est très friande de politiques de co-branding. Ainsi, le palace
parisien Plaza Athénée a demandé à la marque de luxe Dior de créer en son sein un
institut de beauté et un spa.
25. J. Trout, Differentiate or Die: Survival in Our Era of Killer Competition, New York, Wiley, 2000 ; K. Ramdas et
M. Sawhney, “A Cross-Functional Approach to Evaluating Multiple Line Extensions for Assembled Products”,
Management Science, n° 47, janvier 2001, p. 22-36.
26. N. Kumar, “Kill a Brand, Keep a Customer”, Harvard Business Review, décembre 2003, p. 87-95.
27. P. Malaval, J.-M. Décaudin et al., Pentacom, 3e éd., Paris, Pearson, 2012.
28. J.-M. Décaudin et A. Bouguerra, La Communication marketing intégrée, 4e éd., Paris, Economica, 2011.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 277
ancien PDG de Disney, le confirme : « Une marque est une entité vivante et elle s’enrichit
ou se dégrade au fil du temps, c’est le produit d’un millier de petits gestes29. »
Un dernier élément fait partie de la gestion de la marque : chacun dans l’entreprise doit
« vivre » la marque. Ainsi l’entreprise a besoin de former ses employés pour qu’ils soient
orientés clients. Encore mieux, elle devrait poursuivre la construction de la marque en
interne pour aider les employés à comprendre et à être enthousiastes à propos de la
promesse de la marque.
En conclusion, il faut rappeler que les entreprises ont besoin d’auditer périodiquement
leurs marques30. Elles doivent se poser les questions suivantes : la marque répond-elle
toujours mieux que les autres aux attentes des consommateurs ? Est-elle correctement
positionnée ? Les points de contact avec les clients soutiennent-ils le positionnement de
la marque ? Les managers comprennent-ils ce que la marque signifie pour les clients ? La
marque reçoit-elle constamment le soutien approprié de la part de l’entreprise ? Il faut
donc contrôler régulièrement qu’il n’y a pas trop de différences entre l’identité et l’image.
De plus, l’audit de marque pourra révéler les marques ayant besoin d’un soutien plus
important, celles qui doivent être abandonnées ou repositionnées en raison des change-
ments de préférences des clients ou de l’arrivée de nouveaux concurrents.
Le Capucin de Michel Bras peut illustrer l’émergence d’une nouvelle offre. Ce grand
chef étoilé a eu l’idée de créer une galette en forme de cône, à base de farine de sarrasin
et de froment, cuite au moment de l’achat et garnie de produits locaux choisis et cuisinés
selon les recettes du chef. Pour vendre cette offre, une enseigne spécifique a été créée,
Le Capucin, qui est une nouvelle forme de fast-food. L’un des plus vendus est le capucin
aligot, truffe et jambon blanc rétortillat.
Ainsi une entreprise doit comprendre ses consommateurs et ses acheteurs, les marchés et
les concurrents, et développer des services qui offrent une valeur supérieure aux clients.
Elle doit planifier ses actions et mettre en place de nouveaux services au processus rigou-
reux et orienté client. La figure 10.4 montre les sept étapes principales de ce processus.
le cadre d’un sondage, 750 PDG ont indiqué que seulement 14 % de leurs idées d’inno-
vation provenaient de la R&D traditionnelle. En revanche, 41 % provenaient directement
des employés, et 36 % des clients31.
Ainsi, au-delà des processus internes de R&D, les entreprises peuvent choisir de faire appel
à leurs employés, cadres, scientifiques, ingénieurs, personnel de fabrication, commer-
ciaux. De nombreuses entreprises ont mis en œuvre, avec succès, des programmes
internes pour encourager les employés à concevoir et développer de nouvelles idées de
services. C’est, d’une certaine manière, le retour de la célèbre boîte à idées. Le groupe
AccorHotels a créé en 2001 un programme appelé Innovaccor, accessible par l’intranet
du groupe ou via Internet, avec un login et un mot de passe. Tous les salariés peuvent
participer, de la femme de chambre au directeur marketing. Des centaines d’idées ont
été produites, testées et souvent adoptées. Par exemple, un employé d’un hôtel Ibis au
Mexique a suggéré d’éteindre à distance les téléviseurs et la climatisation des chambres
des clients absents, ce qui a engendré des économies importantes au niveau mondial. Les
créations de bibliothèques et de jardins biologiques sont également des idées émises par
des salariés et adoptées par la direction. Les salariés les plus imaginatifs reçoivent des
chèques-cadeaux, des iPhone ou des séjours dans un hôtel du groupe.
31. J. Peppers et M. Rogers, “The Buzz on Customer-Driven Innovation”, Sales and Marketing Management,
juin 2007, p. 13.
32. R.V. Kozinets, Netnography, New York, John Wiley & Sons, 2010.
280 Marketing du tourisme et de l’accueil
Qu’elle soit simple ou innovante, nous voulons la connaître33. » Toutes ces démarches
d’intégration des clients dans la génération de nouvelles idées sont développées dans le
point suivant.
Le crowdsourcing et la cocréation
De nombreuses entreprises utilisent maintenant le crowdsourcing ou des programmes
d’innovation ouverts pour la génération d’idées de nouveaux services. Jeff Howe, l’in-
venteur du terme, définit le crowdsourcing comme « l’application des principes de l’open
source dans des domaines autres que celui du logiciel34 ».
Le crowdsourcing invite de larges communautés – clients, employés, scientifiques indé-
pendants, chercheurs et grand public – dans le processus de développement de nouveaux
services. L’idée est que, lorsqu’il s’agit d’aider à améliorer « vos services, votre site Internet
ou vos efforts marketing, 2 têtes ou 2 000 ou 20 000 valent mieux qu’une35 ».
Le crowdsourcing est utilisé pour découvrir de nouvelles offres ou pour imaginer de
nouvelles communications. Ainsi McDonald’s, confronté à certaines difficultés de
croissance, a décidé d’exploiter son quarantième anniversaire en Grande-Bretagne
pour créer une campagne de communication fondée sur l’émotion et la nostalgie de ses
jeunes clients. Pour cela, l’enseigne a mis en ligne un site de crowdsourcing sur lequel les
internautes sont conviés à partager leurs plus beaux souvenirs liés à la marque. Le site
retravaille et retouche les souvenirs en y ajoutant typographie, couleurs, illustrations...
McDonald’s utilisera ensuite ces souvenirs pour sa campagne multimédia.
Le crowdsourcing peut produire un flot d’idées innovantes. « Même un petit événement
de crowdsourcing peut générer une centaine d’idées. Si je vous dis que l’année prochaine
vous aurez 20 000 idées provenant de vos clients, comment procéderez-vous avec celles-
ci36 ? » Le crowdsourcing peut être géré directement par l’entreprise ou via une plateforme
spécialisée comme eYeka.
La cocréation repose sur le même principe de recours aux consommateurs. Toutefois,
il ne s’agit pas ici de compter sur la quantité de consommateurs mais d’en sélectionner
certains particulièrement intéressants (personnes innovatrices, créatives, sélectionnées
sur la base de tests et d’entretiens). De plus en plus d’entreprises, souvent aidées par leur
société d’études, comme BVA par exemple, organisent des réunions avec ces consom-
mateurs pour faire émerger de nouvelles idées. Mettant en œuvre des techniques telles
que le brainstorming 37, ces entreprises pratiquent la cocréation de nouveaux services38.
33. http://fr.starbucks.ca/coffeehouse/community/mystarbucksidea
34. J. Mackenzie, “Can Hotels Use Crowdsourcing”, 5 février 2009, http://www.hotelmarketingstrategies.com
35. E.A. Sullivan, “A Group Effort: More Companies Are Turning to the Wisdom of the Crowd to Find Ways to
Innovate”, Marketing News, 28 février 2010, p. 22-29.
36. G. Jouret, “Inside Cisco’s Search for the Next Big Idea”, Harvard Business Review, septembre 2009, p. 43-45.
37. A.F. Osborn, L‘Imagination constructive : principes et processus de la pensée créative et du brainstorming, Paris,
Dunod, 1959.
38. B. Cova, « Consumer Made : quand le consommateur devient producteur », Décisions Marketing, n° 50, 2008,
p. 19-27.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 281
39. D. Gotteland et C. Haon, Développer un nouveau produit : méthodes et outils, Paris, Pearson Education, 2005.
40. E. Le Nagard et S. Morin-Delerm, « Quels tests de concept pour le développement de nouveaux produits et
services ? », Marketing Trends Congress Proceedings, Venise, janvier 2010.
41. N. Malhotra, A. Bouguerra et J.-M. Décaudin, Études marketing, 6e éd., Paris, Pearson, 2011.
282 Marketing du tourisme et de l’accueil
Par exemple, un nouveau concept de zoo est en train d’être testé42. Exploitant la
Marketing en action 10.1
Le test de concept joue donc un rôle très important dans le processus d’innovation, car
il permet de réduire les risques lors du lancement, en évaluant le potentiel commer-
cial d’un futur nouveau produit avant même d’avoir engagé des coûts importants de
développement.
Cette approche classique du marketing des services peut être illustrée par la redé-
Marketing en action 10.1
46. Voir E.B. York, “McD’s Serves Up $100M McCafe Ad Blitz”, Cram’s Chicago Business, 4 mai 2009, www.
chicagobusiness.com ; J. Letzing, “Bing’s Share Rises Again”, Wall Street Journal, 18 juin 2009, www.wsj.
com ; R. Chang, “With $100M Saturation Campaign, Droid Will Be Impossible to Avoid”, Advertising Age,
9 novembre 2009, p. 3.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 285
Mimi’s Café. Son développement international se construit avec, entre autres, l’acquisi-
tion du boulanger allemand Kamps Bakery (415 boulangeries).
Figure 10.5 – Les ventes et les profits au cours du cycle de vie du produit
Ventes et profits
Ventes
Profits
0
Temps
Reconnaître que le service a des cycles de vie, avec des phases identifiables, peut donner
des idées sur la manière de manager le marketing pour allonger la vie de l’offre. McDo-
nald’s France illustre ce management. Si le concept d’origine a permis à l’enseigne
d’arriver en phase de maturité, les managers ont compris qu’ils devaient faire évoluer
leur offre pour se maintenir dans cette phase et envisager une croissance des ventes.
4.1. Le développement
La phase de développement d’une nouvelle offre a largement été décrite précédemment
dans ce chapitre. Celle-ci recouvre les étapes de recherche d’idées, de leur filtrage, de
développement de concepts, de choix de la stratégie marketing appropriée, de dévelop-
pement de l’offre et de son test.
4.2. Le lancement
Le lancement d’une nouvelle offre prend du temps et la croissance des ventes peut
être lente. Certaines d’entre elles peuvent demeurer au stade du lancement pendant de
nombreuses années avant d’entrer dans un stade de croissance rapide. Les restaurants de
sushis sont longtemps restés marginaux en France avant de connaître un développement
très fort ces dernières années. Toutefois, être pionnier sur son marché donne un avantage
stratégique évident.
4.3. La croissance
Si la nouvelle offre satisfait le marché, elle passe à l’étape de la croissance et les ventes
commencent à grimper rapidement. Les early adopters continuent à acheter, rejoints
alors par un plus grand nombre d’acheteurs qui suivent ces leaders d’opinion, surtout
s’ils entendent un bouche à oreille favorable. Les concurrents entrent sur le marché,
attirés par la possibilité de profits. Ils introduisent de nouvelles fonctionnalités du
produit, lesquelles développent le marché.
Les entreprises utilisent plusieurs stratégies pour soutenir une croissance rapide du
marché aussi longtemps que possible :
1. La qualité des services est améliorée et de nouvelles fonctionnalités et nouveaux modèles
de services sont introduits.
2. De nouveaux segments de marché sont pénétrés.
3. La publicité est modifiée pour passer de la construction de l’attention à la construction
de la conviction à l’égard du service et à l’achat.
4. Les prix sont baissés pour attirer plus d’acheteurs.
À l’étape de la croissance, l’entreprise doit faire un compromis entre une part de marché
élevée et un profit fort. En investissant fortement dans l’amélioration des services et dans
la publicité, elle peut capturer et dominer un positionnement. Mais elle sacrifie un profit
maximal dans l’espoir d’atteindre l’étape suivante.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 287
La société Sodexo, un des plus grands acteurs de la restauration collective, est colau-
Marketing en action 10.3 (suite)
4.4. La maturité
À un certain point, la croissance des ventes d’un produit ralentit et l’offre entre au stade
de la maturité. Ce stade dure généralement plus longtemps que les précédents et cela
pose de grands challenges pour le management du marketing. La plupart des produits
et services sont au stade de maturité du cycle de vie et, ainsi, la plupart des équipes de
management du marketing ont affaire à des services matures.
Le ralentissement de la croissance des ventes entraîne une offre supérieure à la demande.
Cette surcapacité engendre plus de concurrence et plus d’actions marketing. Le marché
français des restaurants de sushis évoqué ci-dessus est aujourd’hui l’objet d’une véritable
guerre publicitaire. Planet Sushi, You Sushi ou Eat Sushi distribuent des flyers, commu-
niquent sur Facebook, souvent en proposant des promotions sur les prix pour maintenir
leur part de marché.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 289
4.5. Le déclin
La plupart des formes de services et de marques peuvent décliner. Le déclin peut être lent
ou rapide. Les ventes peuvent plonger jusqu’à zéro ou chuter jusqu’à un faible niveau et
se stabiliser pendant des années.
Les ventes déclinent pour plusieurs raisons, telles que les avancées technologiques, les
changements de goûts des consommateurs, l’augmentation de la concurrence. Soutenir
un service peut s’avérer extrêmement coûteux pour une entreprise et pas uniquement
sous l’angle de la réduction du profit. Il y a aussi des coûts cachés. Un service faible est
coûteux en temps de management. Il nécessite des ajustements de prix fréquents. L’atten-
tion que la publicité ou la force de vente accordent à ce service pourrait être utilisée pour
des services en meilleure santé et plus profitables. Sa réputation en berne peut fragiliser
la confiance des consommateurs à l’égard de l’entreprise et de ses autres services. Mais
le coût le plus important réside dans le futur.
Conserver des offres faibles retarde la recherche d’offres de remplacement, crée des désé-
quilibres dans le marketing mix, réduit les bénéfices actuels et affaiblit la capacité de
l’entreprise à se projeter dans le futur. Le management doit décider de maintenir l’offre,
de récolter les bénéfices ou d’abandonner les offres faibles.
Les marketeurs des secteurs de l’accueil et du tourisme doivent avoir conscience du
cycle de vie des offres. L’exemple du déclin des stations thermales en France illustre le
problème rencontré par les managers. Dans le cas présent, pour éviter que le déclin du
marché n’amène à la fermeture de certaines stations, leurs managers ont repositionné
les offres pour les moderniser et les placer en adéquation avec les nouvelles attentes
des consommateurs. Des campagnes de publicité importantes appuient ce reposition-
nement. Les Thermes de Luchon ont suivi cette orientation en créant, entre autres, des
cures spéciales pour enfants et adolescents et des cures « équilibre poids-santé ».
4.6. La suppression
La théorie du cycle de vie montre que la plupart des services deviendront obsolètes et
devront être remplacés. L’un des dangers est qu’une offre soit remplacée prématurément.
Lorsqu’une entreprise a une offre gagnante, elle veut en dégager le maximum de profits.
Le management ne voudra pas la supprimer tant que les profits existent. Si le produit
n’est plus profitable, il est important de déterminer s’il faut continuer à dépenser du
temps et de l’argent pour le faire revivre.
La question de la suppression d’une offre est particulièrement complexe dans le cas d’un
établissement hôtelier ou d’une chaîne de restaurants. Il est souvent difficile d’agir rapi-
dement pour les raisons suivantes :
• Les contrats peuvent interdire une fermeture rapide. Par exemple, à moins de verser
des dédommagements importants, il est impossible d’interrompre un contrat de fran-
chise en cours.
• Le management et les habitants de la ville peuvent s’être attachés à l’hôtel ou au restau-
rant concerné. La fermeture pourrait alors avoir un effet très négatif sur l’image de
l’enseigne.
Chapitre 10 – La conception et la gestion des offres 291
Synthèse
• Une offre est tout ce qui peut être proposé sur un marché pour attirer l’attention, être
acheté, être utilisé ou consommé qui pourrait satisfaire un besoin ou un désir. Cela
comprend des objets physiques, des services, des lieux, des organisations et des idées.
L’offre peut être décomposée en quatre niveaux : le noyau central, le produit facilitant,
le produit support et le produit augmenté.
• Les offres sont supportées par des marques. La stratégie de marque nécessite de
construire des marques fortes, de développer le capital de marque. Il faut aussi que la
marque soit clairement positionnée dans l’esprit des consommateurs et que le porte-
feuille de marque soit correctement construit et géré.
• L’activité des entreprises de tourisme et de l’accueil doit se renouveler en permanence.
Celles-ci développent ainsi de nouvelles offres malgré les risques. Pour créer des
nouveaux services, une entreprise doit comprendre ses consommateurs, les marchés
et les concurrents, et développer des offres apportant une valeur supérieure aux
clients. Elle doit planifier ses actions et mettre en place un processus rigoureux et
orienté client pour trouver et développer de nouvelles offres. Ce processus consiste en
la recherche d’idées, le filtrage des idées, le développement et le test de concept, la défi-
nition d’une stratégie marketing, l’analyse du marché, le développement de services, le
test marketing, pour se conclure par la conception des actions de commercialisation.
• Le développement de services peut s’effectuer par l’acquisition d’autres entreprises qui
disposent d’offres intéressantes. Il est aussi envisageable d’acheter des concurrents en
difficulté dans l’objectif de redresser leur situation pour qu’ils contribuent au succès
du nouvel acquéreur.
• Un service, une marque ou une entreprise évoluent en suivant un cycle de vie qui
compte cinq étapes : le développement, le lancement, la croissance, la maturité, le
déclin. Lorsqu’il est en fin de vie, un service peut aussi être supprimé. Chacune de ces
étapes nécessite la mise en place d’actions marketing appropriées.
Activités
Questions de réflexion
1. L’enseigne de fast-food McDonald’s essaie d’améliorer son positionnement dans le sens
d’une montée en qualité. Pensez-vous que cette stratégie soit pertinente et faisable ?
2. Moins d’un tiers des idées de nouveaux services viennent des clients. Ce pourcentage
est-il en conflit avec la philosophie du concept marketing qui consiste à « trouver un
besoin et y répondre » ? Pourquoi ?
3. Expliquez pourquoi beaucoup de gens sont prêts à payer plus pour des services de
marque que pour des services sans marque. Qu’est-ce que cela dit à propos de la
valeur de la marque ?
Application
1. Utilisez une offre d’accueil ou de tourisme pour expliquer les termes suivants (four-
nir un exemple dans votre explication) : (a) offre facilitante, (b) offre de soutien et
(c) offre augmentée.
2. De plus en plus de marques d’hôtels pratiquent le co-branding. Qu’en pensez-vous ?
(Utilisez des exemples pour enrichir votre réponse.)
3. En tant que manager d’hôtel ou de restaurant, comment feriez-vous pour obtenir de
nouvelles idées d’offres ?
4. Si vous étiez directeur du développement de nouveaux services pour une chaîne de
restauration, quels facteurs devriez-vous prendre en compte dans le choix des villes
de test marketing pour un nouveau sandwich ? Votre lieu de résidence serait-il un
bon marché test ? Pourquoi ?
5. Appliquez le concept du cycle de vie d’un service à un hôtel. Comment une entre-
prise empêche-t-elle ses offres d’entrer dans le stade du déclin ?
Pour action
1. Rendez-vous dans une entreprise de l’accueil ou du tourisme (agence de voyages,
restaurant, musée, hôtel…). Regardez les installations physiques et l’atmosphère de
l’entreprise. Vous devez observer l’aspect extérieur, la propreté, les employés, l’atmos-
phère et la signalétique. L’atmosphère physique soutient-elle l’image de l’entreprise ou
communique-t-elle avec les clients potentiels et existants ? Expliquez votre réponse.
2. Visitez deux entités d’une même marque, tels deux restaurants ou deux hôtels. Chaque
emplacement véhicule-t-il la même image de marque ? Expliquez votre réponse. Si les
images sont incohérentes, comment cela pourrait-il affecter les clients potentiels ?
3. Rendez-vous sur le site Internet d’une entreprise de l’accueil ou du tourisme. Pensez
au marché cible de l’entreprise et à l’image de marque qu’elle devrait avoir. Le site
renforce-t-il cette image de marque ? Justifiez votre réponse. Avez-vous des sugges-
tions pour améliorer l’image véhiculée par le site Internet ?
Chapitre 11
Le marketing interne
1. W.R. George et C. Grönroos, “Developing Customer-Conscious Employees at Every Level: Internal Marke-
ting”, in C.A. Congram (éd.), The Handbook of Marketing for the Service Industries, New York, American
Management Association, 1991, p. 85-100.
2. Ibid., p. 85.
3. S.M. Davis, Managing Corporate Culture, Cambridge, Ballinger, 1985.
4. J. Bowen et R. Ford, “Service Organizations: Does Having a ‘Thing’ Make a Difference?”, Journal of Manage-
ment, vol. 28, n° 3, 2002, p. 447-469.
5. T.E. Deal et A.A. Kennedy, Corporate Cultures, Reading, Addison-Wesley, 1982, p. 15-16.
Chapitre 11 – Le marketing interne 295
superviseur aux employés de première ligne. Cela nécessite que les managers passent du
temps à parler à la fois aux clients et aux employés en contact avec la clientèle.
Dans des sociétés comme Hyatt, McDonald’s ou Hertz, le management consacre du
temps à travailler aux côtés des employés de contact pour mieux servir les clients. Cela
indique clairement aux employés que la direction ne veut pas perdre contact avec les
opérations et que les managers se préoccupent à la fois des employés et des clients.
6. Ibid.
7. Le Manager minute, Paris, Eyrolles-Éditions d’Organisation, 2006.
8. Ibid., p. 107 ; N. Tyler, Service Excellence, Boston, Harvard Business School Management Productions, 1987.
296 Marketing du tourisme et de l’accueil
Structure Structure
organisationnelle organisationnelle orientée
Management
corporate Clients
Managers
généraux Employés
Directeurs
de service Responsables/
Superviseurs
Responsables/
Superviseurs Directeurs
de service
Employés Managers
généraux
Clients Management
corporate
Vision organisationnelle Vision organisationnelle
individualisée des employés en équipe
La direction doit être prête à donner aux employés le pouvoir de résoudre les problèmes
des clients. Le management devrait montrer sa confiance dans sa capacité à embaucher
9. K. Albrecht et R. Zemke, Service America!: Doing Business in the New Economy, Homewood, Dow Jones-
Irwin, 1985, p. 127-128.
Chapitre 11 – Le marketing interne 297
et à former les employés en leur permettant de prendre de telles décisions. Pour Simon
Cooper, ancien président de Delta Hôtels et Resorts et désormais président de Ritz-Carlton,
avoir un personnel qui ne fait rien à part contrôler d’autres membres du personnel a une
mauvaise influence sur l’organisation. Si le travail d’un gouvernant d’étage est de faire
le tour et de vérifier que les femmes de ménage font leur travail, Simon Cooper déclare
que Delta a seulement quelques adjoints au ménage, qui sont maintenant à des postes
de formateurs. Lorsque leurs femmes de ménage terminent une chambre, ils savent que
la personne suivante à entrer dans cette pièce sera un client. Cooper affirme que c’est le
degré de confiance qui fait vraiment d’eux de meilleurs employés10 ; ceux-ci résolvent
plus efficacement les problèmes des clients et créent moins de raisons de se plaindre.
Au contraire, les entreprises de l’accueil qui s’appuient sur des politiques et des procé-
dures rigides plutôt que sur des employés motivés, bien formés et autonomes ont peu
d’espoir d’atteindre une satisfaction client maximale.
La question des transactions inhabituelles deviendra de plus en plus importante dans
l’avenir. Les entreprises de l’accueil utilisent maintenant la technologie pour assurer les
transactions de routine des clients. Cette utilisation de la technologie deviendra encore
plus envahissante. Le contrôle informatisé, le check-out vidéo et la robotique seront
adaptés à l’industrie de l’accueil, de sorte que les employés vont se retrouver plus souvent
avec des tâches inhabituelles. Les clients qui ont confiance en eux pourront tirer parti de
la technologie conçue pour améliorer et accélérer le service à la clientèle. Le client incer-
tain ou ceux qui auront des problèmes souhaiteront traiter avec un employé. Comme
le milieu de travail devient de plus en plus automatisé, les employés devront jouer un
plus grand rôle en répondant aux questions et en résolvant les problèmes des clients. Ils
doivent également être préparés à gérer les transactions inhabituelles.
Comme Parasuraman l’écrit, « le service client gagné par le biais de plusieurs transac-
tions de routine réalisées de manière satisfaisante peut être gravement endommagé par
une seule tentative ratée lors du traitement d’une transaction inhabituelle. Même une
grande quantité de procédures écrites, de directives ou de spécifications ne peut éviter
l’apparition de telles tentatives bâclées ; seul un vrai dévouement organisationnel à la
satisfaction du client le peut11 ».
10. C.B. Furlong, Marketing for Keeps, New York, Wiley, 1993, p. 79-80.
11. A. Parasuraman, “Customer-Oriented Corporate Cultures”, Journal of Services Marketing, vol. 1, n° 1, 1987,
p. 33-40.
298 Marketing du tourisme et de l’accueil
les meilleurs segments pour l’entreprise et développer un marketing mix pour attirer
ces segments.
Concernant les employés, le marketing mix est l’emploi, la paye, les avantages sociaux,
la situation géographique, le transport, le stationnement, les horaires et les récompenses
intangibles, telles que le prestige et la perception de possibilités d’avancement. Tout
comme les clients recherchent des attributs différents lorsqu’ils achètent un produit,
les employés recherchent des avantages différents. Certains peuvent être attirés par des
heures de travail flexibles, d’autres sont séduits par de bonnes prestations d’assurance
maladie, et d’autres encore par une crèche au sein de l’établissement. Des heures de
travail flexibles pour les emplois de bureau ou de ménage, des programmes d’avantages
sociaux de style cafétéria12, dans lesquels les employés conçoivent leur propre ensemble
de prestations, et les soins aux enfants peuvent tous contribuer à attirer un certain type
d’employés. La publicité devrait être élaborée en pensant aux employés potentiels pour
construire une image positive de l’entreprise auprès des employés et des clients du présent
et de l’avenir. Les employés choisissent les employeurs et les quittent de la même manière
dont les clients choisissent certains hôtels et décident ensuite de changer. Il est coûteux
de perdre à la fois les clients et les employés13.
L’utilisation d’une approche marketing pour définir les emplois et les avantages de l’en-
treprise contribue à attirer et à fidéliser les bons employés. Une réduction du turnover
peut engendrer d’importantes économies.
Le processus de recrutement
Le produit de service est constitué, au moins en partie, par l’attitude que l’employé affiche
lorsqu’il offre l’expérience de service. Il est peu probable que le fournisseur de services
puisse enseigner l’attitude de service dont ont besoin tous ses employés de contact. Les
organismes de services ont la nécessité d’embaucher en fonction du savoir être, de la
personnalité, et de former pour l’acquisition de compétences14. « Les caractéristiques des
services comme l’intangibilité et le contact client nécessitent que les employés de service
affichent plus d’initiative, qu’ils supportent plus efficacement le stress, qu’ils soient plus
souples et sensibles dans les relations interpersonnelles et se montrent plus coopératifs
que leurs collègues qui travaillent dans le secteur de la fabrication15. » Cette idée signifie
que les entreprises de services mettent davantage l’accent sur la personnalité, l’énergie et
l’attitude que sur la scolarité, la formation et l’expérience dans leurs stratégies de recru-
tement, de choix et de formation. Trouver des employés de haut niveau afin de créer une
expérience de service est un objectif essentiel et un critère d’embauche principal pour
les organismes de services.
12. « Les systèmes de rémunération “cafétéria” permettent aux salariés de sélectionner, dans une liste valorisée
de compléments de la rémunération directe, les éléments qui correspondent à leurs besoins personnels. »
(J. Soulié, « Contribution à l’étude de l’influence des rémunérations “cafétéria” sur la satisfaction des salariés.
L’exemple des plans de prévoyance flexibles », thèse de doctorat en sciences de gestion, université Toulouse I
- Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les ressources humaines et l’emploi (LIRHE), 1997).
Le système de rémunération cafétéria est moins répandu en France qu’aux États-Unis. En France, il touche
plutôt les cadres et certaines professions (commerciaux). Le concept a été développé par analogie avec la
composition d’un repas dans une cafétéria.
13. L.L. Berry, “The Employee as Customer”, Journal of Retail Banking, vol. 3, n° 1, 1981, p. 33-40.
14. J. Bowen et R. Ford, “Service Organizations”, op. cit.
15. B. Schneider et D. Bowen, Winning the Service Game, Boston, HBS Press, 1995.
Chapitre 11 – Le marketing interne 299
Focus 11.1
Swissair trie ainsi attentivement ses candidats, les convoque pour des entretiens
personnels et leur fait suivre un processus de sélection de 5 à 6 heures. La compagnie
aérienne met ensuite les candidats retenus en période d’essai pour trois mois. Elle
investit beaucoup dans chaque candidat parce qu’elle sait qu’il vaut mieux dépenser
de l’argent en choisissant le bon employé qu’essayer de réparer les erreurs causées par
de mauvais employés16.
La compagnie Southwest Airlines croit fermement que des attitudes inhérentes ne
peuvent être modifiées chez les individus. Pour tester les comportements tels que
le sens de l’humour, la capacité à travailler avec les autres et le sens de la convivia-
lité, son processus d’interview comprend des entretiens de groupe où les candidats
racontent des blagues et font des jeux de rôle dans des situations variées afin de
démontrer leur capacité à travailler en équipe et à agir spontanément. La Southwest
peut se permettre d’être très sélective car elle reçoit un très grand nombre de candi-
datures avec peu de publicité active, grâce à sa réputation d’entreprise unique où le
travail est excellent.
Disney World permet à ses meilleurs employés, considérés comme ses étoiles ou
ses « acteurs vedettes », de choisir les futurs employés. Disney offre trois semaines
de formation à ses meilleurs employés qui participeront au processus de sélection.
James Poisant, un ancien manager de Disney World, explique qu’ils choisissent alors
les employés qui sont à l’image de leurs propres valeurs. « En 45 minutes les employés
vedettes identifient qui essaie de les duper et qui est authentique17. »
Une sélection minutieuse peut également avoir un effet positif sur les employés embau-
chés parce qu’ils se sentent importants de ce fait. Pour Adam Hassan, un employé du
Ritz-Carlton, « lorsque les gens prennent tellement de temps pour vous choisir, vous
voulez vraiment prouver qu’ils ont fait le bon choix. Donc si je vois quelque chose d’inha-
bituel, je m’en occupe18 ».
Les méthodes de sélection qui identifient les candidats orientés clients doivent être utili-
sées dans le cadre du processus de recrutement. L’attitude de l’employé, l’apparence et
la volonté de traiter les demandes du client aident à former une première impression
à l’égard d’un hôtel ou d’un restaurant. Le recrutement et la formation, qui relèvent
traditionnellement du management des ressources humaines, sont des domaines clés
dans tout plan de marketing interne. Une approche marketing pour le management des
ressources humaines commence avec le recrutement de bons employés.
16. M. Lele, The Customer Is Key, New York, Wiley, 1987, p. 252.
17. J. Tschohl, Achieving Excellence Through Customer Service, Best Sellers Publishing, 1996, p. 113.
18. J.A. Michelli, The New Gold Standard, New York, McGraw-Hill, 2008, p. 77.
300 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le travail d’équipe
Si une entreprise embauche les bonnes personnes, celles-ci seront capables de travailler
en équipe. Dans les entreprises qui pratiquent le marketing interne, si un employé fait
une erreur, d’autres employés tentent de la réparer avant que le client ne la remarque.
Ainsi les clients n’ont pas besoin de comprendre l’organisation et les outils de l’hôtel
pour s’assurer que leurs besoins seront satisfaits. La réception s’occupe de la plupart des
demandes, relayant le désir du client au service approprié. Dans les restaurants qui ont
utilisé le marketing interne pour créer une culture de service, les membres du personnel
s’aident les uns les autres. Les employés qui considèrent qu’un client a besoin de quelque
chose vont le servir, même s’ils ne sont pas en charge de sa table.
Les organisations qui manquent de travail d’équipe créent un environnement inconfor-
table pour le client. Par exemple, un client va appeler la réception d’un hôtel cinq étoiles
et demander des serviettes supplémentaires. Le réceptionniste répond au client qu’il est
à la réception et non au service du nettoyage. Il demande au client de téléphoner au bon
service et raccroche. Dans cet incident, le premier salarié contacté aurait dû prendre
en considération la demande du client et la transmettre à la personne appropriée. On
parle de propriété du problème. Le travail d’équipe doit permettre d’éviter ce type de
problèmes.
19. https://jobs.accor.com/Pages/Header/GuideLines/Joining_Accor.aspx
Chapitre 11 – Le marketing interne 301
Focus 11.2
Chez Disney, tous les nouveaux employés suivent un cours intitulé « Traditions », qui
les informe au sujet de l’entreprise, de son fondateur, et de ses valeurs et croyances.
Les employés reçoivent une formation spécifique pour leurs tâches particulières.
Disney forme ses contrôleurs de billets pendant quatre jours parce que l’entreprise
veut qu’ils soient davantage impliqués, qu’ils soient des acteurs. Le terme « membres
vedettes » implique qu’ils sont membres d’une équipe. Comme d’autres membres de
Disney, ils participent à un spectacle.
Durant leur travail à la billetterie, les clients pourront leur poser beaucoup de
questions. Ils doivent en connaître les réponses ou être capables de les trouver
rapidement. Disney saisit l’importance de ces instants : l’entreprise fournit une
formation intensive à son personnel avant qu’il soit confronté à son premier moment
de vérité20. Disney est devenu si connu pour ses activités de formation et de manage-
ment des ressources humaines que la société donne maintenant des cours à d’autres
entreprises.
La formation continue
Deux caractéristiques principales ont été identifiées parmi les entreprises leaders dans
leurs secteurs d’activités en termes de service client : elles mettent l’accent sur la forma-
tion croisée et insistent sur le fait que tout le monde partage certaines expériences de
formation.
La plupart des programmes de formation d’hôtel destinés aux jeunes diplômés consistent
à faire passer les nouveaux employés par tous les services de l’hôtel. Cela donne aux
stagiaires un aperçu de l’importance de chaque service et de la façon dont ils travaillent
ensemble pour offrir le service au client.
Les entreprises doivent s’assurer que leurs employés connaissent tous les produits qu’ils
vendent. Par exemple, tous les employés de restaurant devraient être prêts à parler du
brunch du dimanche. Un serveur d’un restaurant d’hôtel devrait être en mesure de
donner des renseignements à propos de l’espace « bien-être » de l’hôtel. Souvent, les
employés ne connaissent pas les produits dans leur propre domaine parce qu’ils n’ont
jamais eu l’occasion de les essayer. Lorsque le personnel de service ne connaît pas le goût
d’un produit, cela favorise la perception selon laquelle l’employé ou le management ne
se soucie pas du client.
Une réceptionniste d’un grand casino resort dit qu’elle se sentait mal à l’aise lorsque les
clients lui demandaient des renseignements à propos du spectacle proposé dans une des
salles du casino. L’hôtel avait souligné l’importance de promouvoir ce spectacle mais ne
lui avait pas donné l’occasion de le voir. En conséquence, elle disait aux clients que c’était
un « grand spectacle ». Parfois, les clients commençaient à poser des questions précises :
ses réponses reflétaient en général son manque de connaissance de première main et la
faisaient se sentir stupide.
20. N.W. Pope, “Mickey Mouse Marketing”, American Banker, 25 juillet 1979, in W.E. Sasser, Jr., C.W.L. Hart et
J.L. Heskett, The Service Management Course: Cases and Reading, New York, Free Press, 1991, p. 649-654.
302 Marketing du tourisme et de l’accueil
Dans les restaurants, les employés doivent connaître le menu. Ils sont formés pour
orienter les clients vers les plats qui conviendront le mieux à leurs goûts et pour vendre
plus particulièrement certains. Chaque restaurant devrait organiser des dégustations où
les employés goûtent les produits qu’ils vendent. La formation produit est un processus
d’apprentissage continu. Elle devrait faire partie de la formation de chaque salarié de
l’entreprise.
Certains hôtels mettent en place des programmes de formation en fonction des besoins des
services et des employés. L’élaboration d’un bon programme de formation peut entraîner
les organisations dans une spirale ascendante. Une étude a constaté que la qualité du
service est inversement corrélée à la rotation du personnel. Des employés adéquatement
formés peuvent fournir des services de qualité, ce qui contribue à améliorer l’image de
l’entreprise, à attirer plus de clients et d’employés vers l’organisation.
21. D. Madsen, “Olive Garden: Creating Value Through an Integrated Brand Experience”, présentation à la
Marketing Science Institute Conference on Brand Orchestration, Orlando (Floride), 4 décembre 2003.
22. V.A. Zeithaml et M.J. Bitner, Services Marketing, New York, McGraw-Hill, 1996.
23. A.R. Hochschild, The Managed Heart, Berkeley, University of California Press, 1983 ; définition tirée de
G. Berghofer, “Emotional Labor”, Working Paper, Bond University, Robina (Queensland, Australie), 1993.
Chapitre 11 – Le marketing interne 303
des employés qui peuvent composer avec le stress causé par l’interaction avec les clients.
La composante affective du travail doit ensuite être gérée au jour le jour. Quelques tech-
niques courantes comprennent le contrôle des heures supplémentaires, l’encouragement
à faire des pauses, et le soutien des collègues et des managers. Les managers sont parfois
la cause d’un stress émotionnel, par exemple en criant sur un employé avant sa prise de
poste et en l’envoyant ensuite travailler avec les clients.
L’une des principales causes de stress émotionnel a trait aux horaires de travail étendus.
Les employés ont souvent des difficultés à gérer leurs émotions après avoir travaillé
pendant 10 heures d’affilée. À ce stade, ils sont fatigués et se soucient souvent peu du
client. Nous avons tous été dans cette position ou observé des fournisseurs de service
impolis ou insensibles après avoir travaillé longtemps. La cause de ce comportement est
que l’employé est émotionnellement vidé. On raconte souvent l’histoire de cette serveuse
qui, après une journée particulièrement difficile, voit un client se plaindre de la nourri-
ture. Le client râle car sa pomme de terre cuite au four est mauvaise. La serveuse prend la
pomme de terre, la gifle à plusieurs reprises, lui crie dessus « Mauvaise pomme de terre,
mauvaise pomme de terre ! », puis la remet dans l’assiette du client avant de s’éloigner.
Bien que ce soit une histoire comique, le client n’a pas été amusé. Lorsque les employés
sont surchargés émotionnellement de travail, le service en souffre.
24. M.C. Sturman et S.A. Way, “Questioning Conventional Wisdom: Is a Happy Employee a Good Employee, or
Do Attitudes Matter More?”, The Center for Hospitality Research, Cornell University, mars 2008.
25. K. Albrecht et R. Zemke, Service America!, op. cit.
26. C.R. Bell et R. Zemke, Managing Knock Your Socks Off Service, New York, American Management Associa-
tion, 1992, p. 169.
304 Marketing du tourisme et de l’accueil
27. B. Lorenzini, “Promotion Success Depends on Employee’s Enthusiasm”, Restaurants and Institutions,
12 février 1992, p. 591.
Chapitre 11 – Le marketing interne 305
La communication continue entre la direction et les employés est essentielle, pas seule-
ment dans le cadre de réunions collectives, mais à travers des entretiens individuels
réguliers. Chaque employé de contact est en relation avec des centaines de clients. Les
managers devraient rencontrer ces employés pour se faire une idée des besoins de la
306 Marketing du tourisme et de l’accueil
clientèle et déterminer comment l’entreprise peut faire en sorte qu’il soit plus facile pour
l’employé de servir celle-ci.
Les employés devraient recevoir des informations sur les nouveaux produits et les modi-
fications de produits, les campagnes marketing, les changements dans les processus de
prestation de services. Toutes les étapes des actions du plan marketing devraient inclure
le marketing interne. Par exemple, lorsqu’une entreprise lance une nouvelle campagne
de publicité, le plan de mise en œuvre devrait comprendre des mesures visant à informer
les employés à son sujet.
Généralement, c’est dans les médias que la plupart des employés découvrent pour la
première fois les publicités de l’entreprise. Avant de la diffuser, l’entreprise devrait
partager la publicité avec ses employés. Les managers devraient également expliquer
l’objectif de la campagne et ses implications.
Nous pouvons citer le cas d’un restaurant dont le propriétaire avait décidé d’installer
un système informatique sans en discuter avec le personnel. Le système fut utilisé pour
la première fois lors d’une période chargée et alors que le restaurant n’avait presque pas
donné de formation préalable. Le système ne donna pas de bons résultats et la détermi-
nation des employés à s’en débarrasser n’a alors fait que croître. Le management aurait
pu leur montrer comment ce système pouvait les aider à mieux servir les clients en ajou-
tant automatiquement leurs pourboires et en les gardant à jour. Cela aurait contribué au
soutien des employés. Au lieu de cela, sans l’information et la formation appropriées,
ceux-ci ont dès le début décidé de se débarrasser du système.
Ils distinguent les employés du grand public, les rendent accessibles et facilement identi-
fiables. En l’absence d’uniformes, les clients peuvent avoir du mal à identifier les employés
lorsqu’ils ont besoin d’aide. Pour un employé, porter l’uniforme permet d’endosser plus
facilement son rôle : en effet, les employés qui portent des uniformes affirment qu’ils se
sentent et se conduisent différemment dès lors qu’ils sont habillés et en service.
Des études ont montré que le vêtement est un facteur qui contribue à des jeux de rôle,
agissant comme un signal fort pouvant encourager à suivre des comportements associés
au rôle de l’employé29. Une étude sur les employés d’un resort a révélé une importante
relation entre leur perception quant à leur uniforme et leur attitude de travail globale.
28. M.R. Solomon, “Dress for Effect”, Psychology Today, vol. 20, n° 4, 1986, p. 20-28.
29. A. Rafaeli et M.G. Pratt, “Tailored Meanings: On the Meaning and Impact of Organizational Dress”, Academy
of Management Review, vol. 18, n° 1, 1993, p. 32-55.
Chapitre 11 – Le marketing interne 307
Plus la perception de l’employé à l’égard de l’uniforme était haute, plus il évaluait son
attitude générale envers son travail de manière positive30.
Les uniformes devraient être fonctionnels et acceptés par les employés. Le management
recherche souvent des uniformes qui représentent l’établissement, agissant comme un
outil marketing – rehaussant l’image de l’organisation. Il est primordial d’impliquer les
employés dans le choix des uniformes, concernant à la fois la fonction et l’image projetée.
Par exemple, les serveuses et serveurs d’un restaurant à thème consacré aux pirates se sont
plaints de la coupe ample des manches de leurs chemises et chemisiers. Les uniformes
étaient satisfaisants jusqu’à ce qu’ils commencent à travailler. En quelques heures les
manches étaient souillées par la nourriture : elles traînaient dans les plats lorsqu’ils étaient
débarrassés ou mis dans le lave-vaisselle. Les employés ont déclaré que cela les embarras-
sait quand ils s’approchaient d’un client et qu’ils s’étaient montrés moins avenants. D’autres
problèmes fonctionnels concernent notamment les uniformes conçus sans poches.
Le choix des uniformes peut avoir un impact à la fois sur l’attitude des employés et sur
leur capacité à servir le client. Les managers doivent donc tenir compte des employés et
les impliquer dans ce domaine.
Les hôtels Four Seasons : prendre soin de ceux qui prennent soin des clients
Marketing en action 11.2
30. K. Nelson et J. Bowen, “The Effect of Employee Uniforms on Employee Satisfaction”, Cornell Hotel and
Restaurant Administration Quarterly, vol. 41, n° 2, 2000, p. 86-95.
308 Marketing du tourisme et de l’accueil
« Ce que vous voyez dans le point de vue du public est un reflet de notre personnel
Marketing en action 11.4 (suite)
Vous êtes un invité. Vous revenez motivé de ces déplacements. Vous voulez faire beau-
Marketing en action 11.2
Sources : extrait adapté de J .M . O’Brien, “A Perfect Season”, Fortune, 22 janvier 2008, p . 62-66 . Voir
également M .B . Baker, “Four Seasons Tops Ritz-Carlton in Deluxe Photo-Finish”, Business Travel News,
23 mars 2009, p . 10 ; S . Drakes, “Keeping the Brand Sacred”, Black Enterprise, avril 2009, p . 47 ; “100
Best Companies to Work For”, Fortune, 8 février 2010, p . 55 ; http://jobs .fourseasons .com et www .
fourseasons .com/about_us .
Synthèse
• Le marketing dans les industries de l’accueil et du tourisme doit être adopté par tous les
employés ; il ne peut pas être laissé au service marketing ou commercial. Le marketing
doit faire partie de la philosophie de l’organisation, et la fonction marketing devrait être
prise en charge par tous les employés de première ligne. Le marketing interne consiste à
vendre le marketing aux clients internes de l’entreprise, à savoir ses employés.
• Les techniques et les procédures doivent être élaborées pour s’assurer que les
employés sont capables et disposés à offrir un service de grande qualité. Le marketing
interne s’assure que les employés, à tous les niveaux de l’organisation de l’entreprise,
connaissent le commerce et comprennent ses diverses activités et campagnes dans un
environnement qui aide à la connaissance du client.
• L’objectif du marketing interne consiste à permettre aux employés de délivrer des
produits satisfaisants aux clients et utilise une perspective marketing pour manager
ces employés. C’est un processus qui implique de créer une culture de service, de
développer une approche marketing pour le management des ressources humaines et
de diffuser de l’information marketing aux employés.
• La création d’une culture de service est nécessaire à la réussite du plan marketing des
services et nécessite que la structure organisationnelle soit inversée. Les clients sont
ainsi au sommet de l’organisation, et la présidence en bas, afin que personne n’oublie
que tout le monde travaille pour servir le client.
• Le développement d’une approche marketing pour le management des ressources
humaines nécessite de créer des emplois qui attirent les bonnes personnes, de mettre
en place un processus de recrutement, d’insister sur le travail en équipe, de former
continuellement les employés, de gérer la composante affective du travail et de recon-
naître et récompenser le travail.
• En plus de diffuser l’information marketing aux employés, le management doit les
faire participer aux décisions, notamment celles qui les concernent directement
comme le choix de l’uniforme.
Activités
Questions de réflexion
1. Pourquoi les employés sont-ils appelés « clients internes » ?
2. Qu’est-ce que la culture de service ? Pourquoi est-il nécessaire de mettre en place un
programme de marketing interne ?
3. Discutez la manière dont les techniques marketing peuvent être utilisées par les
managers des ressources humaines.
4. Quels sont les avantages d’expliquer les campagnes de publicité aux employés avant
qu’elles ne soient diffusées dans les médias ?
5. Le traitement des transactions non routinières distingue les excellentes entreprises
de l’accueil des médiocres. Discutez cette affirmation.
Application
Choisissez un site Internet d’une entreprise de tourisme. Expliquez les avantages et les
inconvénients de mettre en place une option de « conversation en direct » ou d’autres
options pour dialoguer directement avec un employé sur un site Internet.
Pour action
Visitez une entreprise de l’accueil ou du tourisme. Posez des questions au sujet de ses
produits et services. Par exemple, dans un restaurant, vous pouvez poser des questions
sur les heures d’ouverture et sur les plats du menu. Vous pouvez indiquer que vous
recherchez un bon restaurant et que vous vous renseignez sur sa cuisine. Dans un hôtel,
vous poserez peut-être des questions à propos de ses chambres. Vous devez instaurer
un dialogue avec les employés afin d’être en mesure de juger de leur orientation client.
Notez vos constatations étayant la façon dont les employés ont démontré leur orienta-
tion client et vos idées sur la manière dont ils auraient pu être davantage orientés vers
les clients.
Chapitre 12
Prix des produits : considérations, approches
et stratégie en matière de fixation des prix
Objectifs 1. Le prix
1 . Décrire les facteurs internes et Le prix est le seul élément du marketing mix
externes influant sur les déci- qui génère des recettes. Tous les autres repré-
sions en matière de tarification . sentent des coûts. Défini simplement, le prix est
2 . Mettre en évidence les diffé- la somme d’argent réclamée en échange d’un
rences des approches de tarifica- bien ou d’un service. Plus largement, il repré-
tion générale et distinguer prix sente l’ensemble des sacrifices faits par un client
de revient majoré, prix fondé sur pour bénéficier des avantages liés à la posses-
le profit cible, prix fondé sur la sion ou à l’utilisation du produit ou service en
valeur et prix du marché . question.
3 . Identifier les nouvelles straté-
gies de tarification du produit Certains experts considèrent que le prix et la
d’écrémage et de pénétration du concurrence sur les prix sont les problèmes les
marché . plus importants pour les responsables marke-
4 . Comprendre comment appliquer ting. Alors que le prix est contrôlable dans un
les stratégies de fixation des prix marché non réglementé, cette variable marke-
pour les produits existants . ting est généralement celle que les marketeurs
5 . Comprendre la mise en œuvre comprennent le moins bien. Les modifications
d’un système de revenue mana- de prix sont souvent une solution rapide prise
gement . sans analyse appropriée. Les erreurs les plus
6 . Discuter des enjeux clés liés aux communes comprennent des prix qui sont trop
changements de prix . orientés sur les coûts, des prix qui ne sont pas
révisés en fonction de l’évolution du marché,
des prix qui ne prennent pas en compte le reste
du marketing mix et des prix qui ne sont pas
assez variés en fonction des différentes options
de l’offre et des segments de marché. Une erreur
de prix peut conduire à un échec, même lorsque
toutes les autres composantes de l’entreprise
sont solides. Chaque manager doit comprendre
les bases de la fixation des prix. Les spécialistes
du marketing et les managers doivent avoir une
bonne compréhension des prix. Un prix trop
élevé peut faire fuir les clients potentiels. Un
prix trop faible peut réduire les revenus d’une
entreprise, à tel point qu’elle ne pourra pas
entretenir ses équipements.
312 Marketing du tourisme et de l’accueil
Dans ce chapitre, nous examinerons les facteurs que les marketeurs de l’accueil doivent
considérer lors de la fixation des prix, les approches générales, les stratégies de fixation
des prix pour les nouveaux produits, la fixation des prix dans le cadre du marketing
mix, les initiatives et les réponses aux changements de prix, et l’ajustement des prix pour
répondre à l’acheteur et aux facteurs situationnels.
Des facteurs internes et externes influent sur la fixation des prix de l’entreprise (voir
figure 12.1). Les facteurs internes comprennent les objectifs marketing de l’entreprise,
la stratégie de marketing mix, les coûts et des considérations organisationnelles. Les
facteurs externes sont notamment la nature du marché, de la demande, de la concurrence
et d’autres éléments de l’environnement.
Figure 12.1 – Les facteurs influençant les décisions de fixation des prix
1.1. Les facteurs internes qui influent sur les décisions en matière de prix
Les objectifs marketing
Avant de fixer ses prix, une entreprise doit choisir une stratégie de produit. Par exemple,
Four Seasons positionne ses hôtels comme des hôtels de luxe et affiche un prix par
chambre plus élevé que les autres hôtels. Formule 1 s’est positionné comme un hôtel
économique et fournit des chambres pour les voyageurs soucieux de leur budget : ce
positionnement sur le marché nécessite de faibles tarifs. Ainsi les décisions stratégiques
quant au positionnement sur le marché ont une influence importante sur les prix.
La survie
Les entreprises qui souffrent de problèmes à cause d’une surcapacité, de frais de personnel
trop importants ou de changements de besoins chez les consommateurs ont comme seul
objectif leur survie. Pour elles, dans une perspective à court terme, la survie est plus
importante que le profit. Les hôtels utilisent souvent cette stratégie lorsque l’économie
faiblit. Lors d’une récession, un hôtel de 300 chambres a toujours ce nombre de chambres
à vendre chaque nuit, même si la demande a chuté à 140 nuitées. L’hôtel peut essayer
d’échapper à la chute de ses ventes par tous les moyens, notamment en baissant ses tarifs
et en tentant de créer le meilleur flux de trésorerie possible, mais cette stratégie affecte
directement ses concurrents immédiats et parfois même l’ensemble de l’industrie. Les
concurrents dans l’industrie de l’accueil sont parfaitement informés des changements
de prix et répondent habituellement s’ils se sentent menacés. Il en résulte des marchés
mous : non seulement le taux d’occupation baisse, mais les tarifs des chambres et les
profits baissent aussi.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 313
Des observateurs de l’industrie de l’accueil ont parfois suggéré que la concurrence qui
s'appuie sur une stratégie de prix de survie devrait être surveillée attentivement, car elle
ne doit pas entraîner tout le secteur vers le bas. Si l’hôtel est l’un des deux hôtels présents
sur un marché, comme cela peut être le cas dans une petite ville, l’effet des baisses de
prix peut être considérable. En revanche, si l’hôtel est à Paris, c’est un établissement
parmi d’autres et il ne représente qu’une faible part des chambres disponibles dans cette
ville. Dans ce cas, les concurrents qui ont un programme marketing suffisamment fort
peuvent vouloir utiliser leurs compétences en marketing pour conquérir de nouveaux
clients, plutôt que de réduire leurs prix. Pour ces hôtels, il peut être opportun de laisser
un concurrent baisser ses prix afin que celui-ci écrème les clients sensibles au prix. Ainsi
les hôtels qui auront conservé leurs politiques marketing profiteront des clients les plus
rentables. Cela sera plus particulièrement vrai si l’hôtel qui utilise une stratégie de survie
a une faible part de marché.
Les coûts
Les coûts définissent la base pour le prix qu’une entreprise peut demander pour son
produit. Une entreprise veut facturer un prix qui couvre ses coûts de production, de
distribution et de communication du produit. Outre cela, le prix doit être suffisam-
ment élevé pour offrir un juste taux de rendement aux investisseurs. Par conséquent,
les coûts d’une entreprise peuvent être un élément important de sa stratégie de prix. De
nombreuses entreprises travaillent pour devenir des producteurs à faibles coûts dans
leurs industries. McDonald’s a mis au point des systèmes pour produire efficacement
de la restauration rapide. Une nouvelle franchise de hamburgers aurait du mal à résister
à la concurrence de McDonald’s sur le coût. Les producteurs à bas coûts réalisent des
économies grâce à leur efficacité plutôt que par une baisse de la qualité. Les entreprises
qui ont des coûts inférieurs peuvent fixer des prix inférieurs aboutissant à des parts de
marché plus importantes. Mais des coûts inférieurs ne sont pas toujours synonymes de
prix plus bas. Certaines sociétés avec de faibles coûts maintiennent leurs prix au même
niveau que ceux de leurs concurrents, offrant un retour sur investissement plus élevé.
Les coûts prennent deux formes, fixes et variables. Les coûts fixes (aussi connus comme
frais généraux) ne varient pas avec le niveau de production ou de vente. Ainsi, quelle
que soit sa puissance, une entreprise doit payer des factures chaque mois pour son loyer,
les intérêts, et le salaire des cadres supérieurs. A contrario, les coûts variables varient
directement avec le niveau de production. Le coût total est la somme des coûts fixes et
variables pour un niveau donné de production. Sur le long terme, le management doit
facturer un prix qui couvrira au moins les coûts totaux pour un niveau de ventes donné.
Les managers oublient parfois que les clients ne sont pas préoccupés par les coûts
d’exploitation d’une entreprise, mais qu’ils recherchent de la valeur. L’entreprise doit
surveiller ses coûts de près. Si produire ou vendre ses produits coûte plus cher à l’entre-
prise que cela ne coûte à ses concurrents, elle devra soit fixer un prix plus élevé, soit
faire moins de profit. De nombreuses sociétés de l’accueil sont en train de développer
des modèles et des logiciels sophistiqués afin de mieux comprendre les coûts et leurs
relations aux prix. La chaîne Embassy Suites tient compte de cette relation et estime que
le client le plus précieux n’est pas nécessairement celui qui paie le prix le plus élevé pour
une suite. Un modèle de contribution élaboré par Embassy Suites examine désormais les
frais engendrés pour acquérir et servir les clients, tels que les coûts de main-d’œuvre, la
publicité, les promotions spéciales et les coûts associés.
liberté dans les prix qu’elle facture pour différents groupes, mais, à la fin de l’exercice
financier, elle est responsable de la réussite des objectifs globaux de prix et d’occupation.
De nombreuses entreprises de l’industrie de l’accueil ont désormais un service de revenue
management qui assure la responsabilité de la fixation des prix et la coordination avec
d’autres services qui influencent le prix. Les compagnies aériennes, les compagnies de
croisières, les sociétés de location de véhicules et de nombreuses chaînes d’hôtels ont
mis en place de tels départements. Selon Brian Rice, directeur de la planification et de
l’analyse du revenu de la compagnie de croisières Royal Caribbean, le développement
d’un département de revenue management est un processus évolutif : « Pour pratiquer
un revenue management efficace, nous avions besoin de nous assurer que nos structures
de prix contribuaient à ce que nous faisions en termes de gestion des stocks et que les
ventes ciblaient les mêmes segments de marché que ceux que nous avions besoin de faire
croître. Maintenant, nous en sommes arrivés au point où nous nous réunissons une fois
par semaine avec le groupe des ventes pour établir des priorités. Nous travaillons égale-
ment avec la publicité, la gestion des stocks et les réservations1. »
Dans une grande société d’accueil, les gains potentiels liés à un système de revenue mana-
gement professionnel peuvent être énormes. Selon Brian Rice, « si le rendement moyen
de Royal Caribbean augmente de 1 dollar par jour, cela représente 5,5 millions de dollars
dont 100 % vont dans le résultat financier ». Il avance prudemment que les avantages
financiers engendrés par le fait de veiller quotidiennement sur le revenu représentent
plus de 20 millions de dollars par jour au sein de Royal Caribbean2.
1.2. Les facteurs externes qui influent sur les décisions en matière de prix
Ces facteurs externes comprennent la nature du marché et de la demande, la concur-
rence, et d’autres éléments de l’environnement.
Le marché et la demande
Si les coûts définissent le niveau minimal du prix, le marché et la demande établissent
son plafond. Les consommateurs et les acheteurs des intermédiaires du circuit de distri-
bution, comme les grossistes en voyages, font un rapport entre le prix du produit et les
avantages qu’il offre. Ainsi, avant de fixer un tarif, un marketeur doit comprendre la
relation entre le prix et la demande pour un produit.
1. “Royal Caribbean Breaks Through”, Scorecard: The Revenue Management Quarterly, 3e trim., 1992, p. 3.
2. Ibid., p. 6.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 317
La montée en gamme fait aussi partie d’un revenue management efficace. Elle implique la
formation des employés de vente et de réservation pour offrir constamment un produit à
prix plus élevé, plutôt que de se contenter du prix le plus bas. Un défenseur de la montée
en gamme estime que n’importe quel hôtel peut augmenter ainsi son revenu de traiteur
de 15 %3.
Des centaines d’opportunités de montée en gamme existent. Elles doivent être repérées,
et des programmes mis en œuvre pour assurer leur succès. Une pratique répandue qui
consiste à offrir le café après le dîner peut être transformée en une opportunité de montée
en gamme, en proposant du café et du thé dont les présentations ont été améliorées pour
donner une image de standing au lieu d’une tasse à café classique. Aux États-Unis, le café
gourmand peut atteindre ou dépasser 30 % des ventes de café4.
Les modifications de prix sont faciles à faire et elles sont souvent considérées comme une
solution rapide à un problème complexe. Bien qu’il soit aisé d’augmenter ou de dimi-
nuer les prix, il est difficile d’en changer la perception. Dans les sections suivantes, nous
examinons comment varie la relation prix-demande pour différents types de marchés et
comment les perceptions du prix par l’acheteur affectent la fixation du prix. Nous discu-
terons également des méthodes pour mesurer la relation prix-demande.
P3
P2 P2
Prix
Prix
P1 P1
Q2 Q1 Q1 Q2
Quantité demandée par période Quantité demandée par période
A. La plupart des produits B. Les produits de prestige
3. H. Feiertag, “Up Your Property’s Profits by Upselling Catering,” Hotel and Motel Management, vol. 206, n° 14,
1991, p. 20.
4. G. Bellamy, “Hot Stuff: Upselling Coffee and Tea”, Restaurant Hospitality, vol. 75, n° 2, 1991, p. 120-124.
318 Marketing du tourisme et de l’accueil
La plupart des courbes de demande sont de pente descendante, soit de manière recti-
ligne, soit de manière incurvée, mais, pour les produits de prestige, la courbe de demande
présente parfois une pente ascendante. Par exemple, un hôtel de luxe peut trouver qu’en
augmentant son prix de P1 à P2 il vendra davantage de chambres : les consommateurs ne
le perçoivent pas comme un hôtel de luxe si ses prix sont bas. Toutefois, si l’hôtel facture
un prix trop élevé (P3), le niveau de la demande sera plus faible qu’à P2.
La plupart des managers comprennent les bases de la courbe de la demande, mais peu
sont capables de construire leurs propres courbes. Le type de marché détermine le type
de courbe de la demande. Dans un monopole, la courbe de la demande indique le total de
la demande sur le marché résultant de prix différents, mais si l’entreprise fait face à de la
concurrence, sa demande à différents prix dépendra du fait que les prix des concurrents
demeurent constants ou évoluent avec les propres prix de l’entreprise.
L’estimation des courbes de demande nécessite de prévoir la demande à des prix diffé-
rents. Par exemple, une étude réalisée par l’Economic Intelligence Unit (EIU) estimait
la courbe de la demande pour les voyages de vacances en Europe. Ses conclusions suggé-
raient qu’une réduction de 20 % du prix pour la visite d’une destination de vacances
augmente la demande de 35 %, alors qu’une diminution de 5 % entraîne une augmenta-
tion de 15 % de la demande5. L’étude de l’EIU a utilisé des destinations de vacances en
Méditerranée et supposait que les autres variables étaient constantes.
Les chercheurs peuvent développer des modèles qui supposent que les autres variables
demeurent constantes. Pour les managers, ce n’est pas aussi simple.
Dans des situations d’affaires normales, en plus des prix, d’autres facteurs influent sur la
demande, notamment la concurrence, l’économie, la publicité et l’effort de vente. Si un
resort diminue ses tarifs et fait ensuite de la publicité, il sera difficile de dire quelle partie
de l’augmentation de la demande vient de la baisse des prix et quelle partie provient de
la publicité. Le prix ne peut être isolé des autres facteurs.
Les économistes montrent l’impact des facteurs en dehors du prix sur la demande grâce
à des changements dans la courbe de la demande plutôt que par un mouvement le long
de celle-ci. Supposons que la courbe de la demande initiale est D1 (voir figure 12.3), le
vendeur a fixé son prix à P et les unités vendues à Q1. Supposons maintenant que l’éco-
nomie s’améliore ou que le vendeur double son budget publicitaire. Une demande plus
élevée se traduit par un décalage vers le haut de la courbe de demande, de D1 à D2. Sans
changer le prix P, la demande a augmenté.
5. A. Edwards, “Changes in Real Air Fares and Their Impact on Travel”, EIU Travel and Tourism Analyst, n° 2,
1990, p. 76-85.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 319
Figure 12.3 – Effets de la communication et d’autres variables, en dehors du prix, sur la demande
via l’évolution de la courbe de la demande
Prix D2
D1
Q1 Q2
Quantité demandée par période
P2 P' 2
Prix
P1 P' 1
Q2 Q1 Q2 Q1
6. “Embassy’s Suite Deal”, Scorecard: The Revenue Management Quarterly, 2e trim. 1993, p. 3.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 321
Les consommateurs ont tendance à regarder le prix final et à décider ensuite s’ils ont
reçu une bonne valeur. Par exemple, lorsque deux personnes dînent dans un restaurant,
plutôt que de revenir individuellement sur chaque élément de la carte et du menu et de
juger de sa valeur, elles jugent l’expérience culinaire globale comparée au coût de cette
expérience. Un restaurant peut ainsi offrir un bon rapport qualité-prix pour la nourri-
ture, mais un mauvais rapport pour le vin – en facturant, par exemple, une bouteille de
vin quatre ou cinq fois son prix au supermarché.
Melvyn Greene, un consultant en marketing hôtelier, a interrogé des clients venant tout
juste de payer leur facture et de quitter leur hôtel. Environ seulement un cinquième des
clients se souvenaient du tarif de la chambre. Cependant, ils pouvaient indiquer s’ils
avaient reçu une bonne valeur. La plupart des clients étaient restés plus d’une journée,
avaient utilisé Internet et avaient dîné à l’hôtel. Le prix de la chambre ne constituait
qu’une partie des charges sur leur facture totale. Ils avaient tendance à accepter le prix
et à signer leur facture7. Les clients fondaient leur perception de la valeur sur le montant
total de la facture, les produits qu’ils avaient reçus et leur satisfaction par rapport à ces
derniers.
Différents segments d’un marché évaluent différemment les produits. Les managers
doivent servir leur marché cible avec des attributs de produit auxquels celui-ci accorde
de la valeur, et éliminer les fonctionnalités qui ne créent pas de valeur. Ils doivent ensuite
déterminer le prix du produit de sorte qu’il soit perçu par le marché cible comme offrant
une bonne valeur. Pour certains marchés, cela signifie un logement modeste à bas prix
et, pour d’autres marchés, cela signifie un excellent service à un prix élevé. La valeur
perçue est fonction de l’image de marque, des attributs d’un produit et du prix.
7. M. Greene, Marketing Hotels and Restaurants into the 90’s, New York, Van Nostrand Reinhold, 1987.
8. Pour cette section, voir T.T. Nagle, The Strategy and Tactics of Pricing, Upper Saddle River, Prentice Hall, 1987.
322 Marketing du tourisme et de l’accueil
que dans un restaurant à proximité, les coûts de recherche, le temps qu’il faudrait pour
trouver un autre restaurant et le temps de s’y rendre, sont plus importants que l’éco-
nomie qui serait réalisée sur le repas.
Les restaurants qui ciblent le marché des congrès ou des clients de passage dans la ville
utilisent l’effet de connaissance des substituts à leur avantage. Ces restaurants passent
de grands encarts publicitaires dans les magazines de la ville distribués dans les hôtels.
Ils sont souvent délaissés par les habitants de la région, qui les perçoivent comme étant
trop chers, mais attirent les clients de l’hôtel qui ne sont pas au courant des solutions
alternatives. Une source continue de clients mal informés est nécessaire pour utiliser
l’effet de connaissance des substituts comme justification pour pratiquer des prix élevés.
Lorsque les consommateurs découvrent des produits offrant une meilleure valeur, ils les
adoptent. De nombreux restaurants d’hôtel sont vides dans la soirée. Ils sont considérés
comme trop chers par le marché local ; les clients de l’hôtel ont le temps de trouver des
alternatives pendant la journée. Ces hôtels voient souvent le F&B comme un agrément
nécessaire plutôt que comme une possibilité de concurrencer les entreprises locales. Une
meilleure philosophie consiste à utiliser le F&B pour attirer les clients.
• L’effet de dépense de l’entreprise
Lorsque quelqu’un d’autre paie la facture, le client est moins sensible au prix. Un diri-
geant entièrement remboursé pour toutes ses dépenses de voyage ne sera certainement
pas attiré par une offre à prix réduit pour une chambre d’hôtel ou par un restaurant
proposant un dîner à 9,99 euros. Cette personne préférerait probablement séjourner dans
un hôtel haut de gamme, utiliser un service de chambre, et prendre ses petit-déjeuner,
déjeuner et dîner dans un restaurant plus coûteux. En fixant les prix, le management doit
savoir ce que le marché est prêt à payer. Si un hôtel peut attirer des cadres supérieurs qui
bénéficient d’une indemnité de voyage généreuse et sont disposés à payer des tarifs de
chambre élevés, l’hôtel perd de l’argent en offrant des remises.
Les compagnies aériennes offrent parfois un deuxième billet en classe affaires avec une
remise considérable lorsqu’un billet est acheté au tarif plein. Les hôtels offrent des miles
aux voyageurs fréquents. Ces deux promotions profitent de l’effet de dépenses d’entreprise.
La compagnie sait que l’entreprise achètera le billet d’avion à plein tarif et que les voya-
geurs d’affaires pourront être accompagnés en bénéficiant d’une remise.
Les managers d’hôtel le savent parce que le service de voyage de l’entreprise va payer
pour la chambre d’hôtel. Réduire les prix de quelques euros n’apportera pas de voyageurs
d’affaires supplémentaires, mais donner des bonus de miles au voyageur d’affaires, qu’il
pourra utiliser pour des voyages de vacances, sera efficace. L’effet de dépenses d’entre-
prise a de nombreuses applications dans l’industrie de l’accueil et du tourisme.
De nombreux hôtels utilisent des informations sur les tarifs journaliers d’entreprise pour
déterminer les structures de tarif et identifier les marchés cibles disposés à payer le prix.
• L’effet de bénéfice final
Le prix du bénéfice final est un concept important à examiner : il identifie les marchés
sensibles au prix et fournit des occasions de surmonter les objections de prix lorsque le
produit vendu représente un faible coût du bénéfice final. Les clients sont plus sensibles
au prix lorsque le prix du produit représente une large part du coût total supporté.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 323
Par exemple, un couple de Japonais qui dépense 3 000 euros de billets d’avion pour
voyager jusqu’en Australie devra payer 300 euros la nuit dans un hôtel de luxe en front
de mer. Le montant de 300 euros représente une petite part de leurs dépenses pour leurs
vacances. Lorsque le couple va à Dreamworld (un parc d’attractions), il paie sans hésita-
tion l’entrée au tarif plein. Le droit d’entrée ne représente qu’une petite part du prix de
leurs vacances.
Toutefois, la famille locale de quatre personnes recherchant un divertissement pour le
week-end trouvera ce prix élevé. Dans ce cas, les frais d’entrée représentent une grande
partie de leurs dépenses de divertissement pour le mois. Pour attirer le client local,
Dreamworld offre des « pass » annuels pour seulement le double du prix d’une entrée.
L’entreprise sait que si elle augmentait ses prix de 20 %, elle perdrait plus de clients locaux
que de voyageurs internationaux. Ainsi il est important pour Dreamworld de connaître
son mix de clients. Si 75 % des clients de Dreamworld sont des résidents locaux, l’en-
treprise doit être prudente quant à une augmentation de prix. Il est fréquent que les
attractions touristiques offrent des tarifs spéciaux pour les résidents locaux.
Les hôtels haut de gamme peuvent utiliser l’effet de bénéfice final pour convaincre les
clients potentiels de verser un montant supplémentaire pour les chambres d’hôtel. Une
entreprise qui tient une réunion de vente de deux jours peut dépenser 750 euros en billets
d’avion, payer 500 euros de salaire par jour et dépenser 100 euros par participant pour
les frais d’orateur. Un commercial d’hôtel peut alors convaincre le meeting planner en
soulignant que les frais d’hôtel constituent une petite partie des coûts totaux.
Pour tirer pleinement parti de l’effet de bénéfice final, on doit se rappeler que de
nombreux achats ont des coûts non monétaires. Par exemple, une mère qui organise le
mariage de sa fille veut que tout soit parfait et éviter des situations embarrassantes. Un
degré élevé de participation émotionnelle rend souvent l’acheteur moins sensible au prix.
• L’effet de dépense totale
L’effet de dépense totale est utile pour la vente de produits dont les prix sont plus bas
ou qui offrent des économies de coûts pour les utilisateurs à grands volumes. L’effet du
montant total des dépenses est prépondérant lors de la prise de décision d’achat pour des
voyageurs à qui on fournit un prix déterminé par voyage. De nombreux camionneurs
reçoivent un montant prédéterminé d’espèces, par exemple 500 euros pour un voyage.
Les dépenses au-delà ne sont pas remboursées. Tous les hôtels ne désirent pas cibler les
chauffeurs routiers, mais ceux qui le font sont conscients du montant de dépenses limité
de leurs clients. Ils savent qu’un grand parking pour camions, une chambre propre avec
deux lits et un prix raisonnable vont attirer des clients.
Les hôtels qui s’adressent aux voyageurs de haut de gamme sont fréquemment équipés
d’un lit king-size dans une chambre, car peu de gens bénéficiant d’un compte illimité ou
d’un haut niveau de dépenses souhaitent partager leur chambre. C’est tout le contraire
pour les chauffeurs routiers qui ont des budgets de dépenses fixes pour les déplacements.
Une somme de 40 euros partagée en deux étend un budget fixe.
• L’effet qualité/prix
Les consommateurs ont tendance à assimiler le prix à la qualité, en particulier lorsqu’ils
n’ont aucune expérience préalable avec le produit. Par exemple, une chambre dans un
grand hôtel à un prix réduit pourrait laisser croire que l’hôtel ne sera pas en mesure de
324 Marketing du tourisme et de l’accueil
satisfaire vos besoins. Un prix élevé peut également apporter un certain prestige à une
offre, car il limite la disponibilité. Les restaurants où le montant moyen pour le dîner
est de plus de 100 euros par personne perdraient beaucoup de leur clientèle actuelle s’ils
baissaient leurs prix. Dans les cas où le prix est perçu comme se rapportant à la qualité
ou lorsqu’il crée du prestige, une association positive entre le prix et la demande peut
exister pour certains segments du marché. Par exemple, le Gosforth Park Hotel, un hôtel
de luxe à Newcastle, en Angleterre, a révélé que son taux d’occupation a progressé avec
l’augmentation de ses tarifs9.
Les prix des concurrents et leurs réactions possibles aux changements de tarification
d’une entreprise sont d’autres facteurs externes influant sur les décisions en la matière.
Une fois qu’une entreprise connaît les offres et les prix de ses concurrents, elle peut
utiliser cette information comme point de départ pour décider de sa propre tarification.
Par exemple, si un client perçoit que l’hôtel Hilton de Roissy-Charles de Gaulle est iden-
tique à l’hôtel Hyatt, l’hôtel Hilton devra rapprocher ses prix de ceux de l’hôtel Hyatt
ou perdre ce client. Cela s’appelle un ensemble concurrentiel. En outre, l’hôtel Hilton
devrait exiger moins que des hôtels plus luxueux et davantage que ceux d’un standing
moindre. Sheraton utilise les prix pour positionner son offre par rapport aux autres dans
ces ensembles.
Pendant les périodes de faible demande, très peu de concurrents échappent à l’effet de
la faiblesse du marché. Ceux qui ont une base de clients solides et fidèles sont mieux
adaptés pour « surmonter » un tel marché. Dans de nombreux cas, les concurrents sont
enclins à répondre en baissant les prix plutôt que de chercher d’autres stratégies. Dans
ces conditions, « une compression des prix » peut se produire.
La compression des prix intervient lorsque la différence entre les tarifs de chambre pour
des hôtels 3, 4 et 5 étoiles n’est pas significative. Tel est le cas lorsque les hôtels à prix élevés
abaissent leurs tarifs pour maintenir leur taux d’occupation et devenir des concurrents
directs d’hôtels moins bien classés. Cela crée des problèmes de marge pour les hôtels du
secteur économique qui peuvent avoir moins de capacité pour baisser leurs prix.
Au moment de la fixation des prix, l’entreprise doit aussi considérer d’autres facteurs
dans l’environnement externe. Des facteurs économiques tels que l’inflation, un boom
ou une récession et le niveau des taux d’intérêt influent sur les décisions en matière de
tarification. Par exemple, lorsque le prix de l’essence augmente, le budget supplémentaire
consacré à l’achat de carburant réduit le budget discrétionnaire de nombreuses familles
et l’argent qu’elles ont à dépenser dans les restaurants. De nombreux restaurants ont dû
réduire leurs prix pour maintenir le nombre de clients. La plupart ne peuvent pas offrir
le même produit à un prix inférieur et survivre. Les restaurants proposent alors au menu
de nouveaux plats à moindre coût et pouvant être vendus à un prix inférieur.
9. M. Greene, Marketing Hotels and Restaurants into the 90’s, op. cit., p. 47.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 325
Certains éléments à coûts élevés, comme les steaks, peuvent avoir un coefficient inférieur
alors que les desserts ou les apéritifs maison ont un coefficient plus élevé. La plupart des
managers qui utilisent le coût comme un pourcentage du prix de vente utilisent cette
technique pour développer un prix cible. Ils ajustent les prix individuels des éléments du
menu en s'appyant sur des critères que le marché pourra supporter, le prix psychologique
et d’autres techniques de tarification abordées dans ce chapitre.
Le vin était généralement vendu dans les restaurants à environ trois fois le coût. Une
tendance croissante est de réduire la majoration lorsque les prix augmentent. Par
exemple, pour un coefficient de 3, les prix de vente de bouteilles de vin qui coûteraient 6,
25 et 50 euros seraient respectivement de 18, 75 et 150 euros. Une approche plus ration-
nelle consiste à vendre les bouteilles les moins chères avec un coefficient de 3 ou 4, et de
réduire progressivement le coefficient multiplicateur à 1,5 fois le coût pour les bouteilles
les plus onéreuses. En utilisant ce modèle, les prix des bouteilles de notre exemple
seraient de 22, 55 et 85 euros. L’augmentation de la marge sur les vins de prix inférieur
et la réduction des prix pour les vins qui coûtent plus cher permettent d’augmenter le
profit par bouteille. Ce type de tarification attire également les clients qui apprécient les
vins plus fins et qui ont aussi tendance à apprécier la cuisine fine, ce qui augmente le
montant moyen dépensé10.
Le coefficient multiplicateur reste populaire pour de nombreuses raisons. Tout d’abord,
les vendeurs sont plus certains des coûts que de la demande. Lier le prix à un coût
simplifie la fixation du prix, les managers n’ont pas à l’ajuster en fonction des modifi-
cations de la demande. Deuxièmement, comme de nombreuses opérations de F&B ont
tendance à utiliser cette méthode, les prix sont similaires et la concurrence sur les prix
est réduite au minimum.
10. J. Chung, “Cracking the Code of Restaurant Wine Pricing”, Wall Street Journal, 15 août 2008, www.wsj.com/
articles/SB121875695594642607.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 327
1 600
1 000
Euros (en milliers)
cible
800 (200 000)
600
400
200
0 10 20 30 40 50
Ventes en milliers d’unités (repas)
Au prix de 20 euros, l’entreprise doit vendre au moins 30 000 unités pour atteindre son
point mort. C’est à ce niveau de vente que les revenus totaux égaleront les coûts totaux de
600 000 euros. Si l’entreprise souhaite atteindre un bénéfice cible de 200 000 euros, elle
doit vendre au moins 50 000 repas ou 137 repas par jour. Ce niveau de ventes fournira
1 million d’euros de recettes et couvrira les coûts de 800 000 euros, plus 200 000 euros de
bénéfices cibles. En revanche, si l’entreprise fait payer un prix plus élevé, disons 25 euros
par repas, elle devra vendre seulement 33 334 repas, ou 92 par jour, pour atteindre son
objectif de profit. Plus le prix est élevé, plus le point mort de l’entreprise est bas. Le prix
de vente moins le coût variable représente le profit brut ou la contribution que la vente
apporte pour contrebalancer les coûts fixes. Voici la formule du point mort :
Point mort = Coûts fixes ÷ Contribution (Prix de vente – Coût variable)
Dans l’exemple précédent :
Point mort = 300 000 euros ÷ 10 euros (20 euros Prix de vente – 10 euros Coût
variable) = 30 000 repas
Les hôtels utilisent ce concept de marge sur coûts variables pour définir les tarifs lorsque
la demande diminue. Ils fixent des prix bas en pensant qu’ils couvriront au moins leurs
coûts variables. Cela peut être efficace si une demande supplémentaire est créée. Cepen-
dant, certains hôtels essayent de prendre des affaires pendant les bonnes périodes en
abaissant leurs tarifs. La figure 12.6 est une feuille de calcul qui montre l’augmentation
des taux d’occupation nécessaire pour compenser une réduction de tarif. Elle illustre la
difficulté de récupérer toute réduction importante de prix dans un marché inélastique.
328 Marketing du tourisme et de l’accueil
Pour un taux d’occupation de 70 %, un hôtel qui abaisse son tarif de 75 à 60 euros (20 %)
devra atteindre un taux d’occupation de 95,5 % pour compenser la baisse de prix11.
(Basé sur le coût de fonctionnement des chambres occupées, égal à 25 % du tarif actuel.)
Tout dépend de la relation entre le prix et la demande. Par exemple, supposons qu’une
entreprise calcule que, compte tenu de ses coûts fixes et variables, elle doit facturer un
prix de 30 euros pour le produit afin d’atteindre son profit cible. Dans ce cas, l’entreprise
doit réduire ses coûts pour abaisser le point mort afin de pouvoir facturer le prix infé-
rieur qu’attendent les consommateurs.
prix pour construire la valeur perçue dans l’esprit des acheteurs, en fixant le prix pour
correspondre à cette valeur.
Examinons les prix que différents restaurants facturent pour les mêmes plats. Un
consommateur qui veut une tasse de café et une part de tarte aux pommes peut payer
5 euros dans un restaurant familial, 6 euros dans le café d’un hôtel, 10 euros pour le
room-service d’un hôtel et 15 euros dans un restaurant de luxe. Chaque restaurant à
succès peut augmenter ses prix en raison de la valeur ajoutée qu’il apporte.
Toute entreprise qui utilise la tarification par la valeur perçue doit connaître la valeur
dans l’esprit des acheteurs pour les différentes offres concurrentes. Parfois, les chercheurs
demandent aux consommateurs combien ils paieraient pour chaque bénéfice ajouté à
l’offre. Cela nécessite l’utilisation d’une technique appelée « analyse des compromis ».
On demande aux acheteurs combien ils paieraient pour une chambre d’hôtel avec et sans
certaines commodités. Cette information donne une idée des fonctionnalités qui ajoutent
plus de valeur que le coût. Si le vendeur fixe un prix plus élevé que la valeur perçue par
les acheteurs, ses ventes en souffriront. De nombreuses entreprises surfacturent leurs
produits, ce qui aboutit à de faibles ventes. D’autres entreprises sous-facturent. Les
produits sous-facturés se vendent très bien, mais ils produisent moins de revenus que si
la société avait fixé ses prix au niveau de la valeur perçue.
Jack Welch, ancien PDG de General Electric, a déclaré : « La meilleure façon de conserver
vos clients consiste à constamment trouver comment leur donner plus pour moins12. »
De plus en plus de marketeurs ont adopté des stratégies de tarification de valeur. Ils
s’efforcent seulement d’offrir la bonne combinaison de qualité et de service à un prix
équitable. Cela peut entraîner un remaniement des marques existantes pour fournir plus
de qualité ou pour offrir le même niveau de qualité à un prix inférieur. Par exemple,
Holiday Inn a été développé pour les clients qui désiraient un hôtel sans restaurant.
L’hôtel est en mesure d’offrir des chambres à un prix inférieur en créant de la valeur
pour ce marché.
Comprendre la valeur qu’un segment accorde à un produit peut aider les marketeurs à
allouer leurs ressources parmi les différents segments. Le prix d’une chambre d’hôtel
peut varier selon le type de client. L’hôtel peut avoir un tarif pour les clients d’affaires, un
tarif de groupe pour dix personnes ou plus, et un tarif congrès pour les associations qui
veulent organiser de grandes réunions dans l’hôtel. Si un hôtel a l’objectif de maintenir
son taux d’occupation à 60 % à un tarif moyen de 180 euros, il doit définir son mix de
clients et le tarif moyen par segment. Par exemple, il pourrait développer le mix suivant
pour atteindre un tarif de 180 euros :
Entreprise 30 200
Groupe 40 180
Association 30 160
12. P. Kotler et G. Armstrong, Principles of Marketing, Upper Saddle River, Prentice Hall, 2001, p. 387.
330 Marketing du tourisme et de l’accueil
Pour atteindre son tarif cible, l’hôtel devrait vendre au-dessus du tarif moyen durant les
périodes de pointe afin de compenser les prix réduits en dehors de ces périodes. Il est
important de développer des tarifs cibles et de les conserver pour réaliser ces objectifs.
La réussite d’un mix de prix dépend de l’étude minutieuse du comportement des prin-
cipaux segments de clients. Pour la plupart des entreprises de l’accueil, cela commence
par une séparation des clients en segments d’agrément et d’affaires. La sous-segmenta-
tion de chaque catégorie peut fournir plus de renseignements sur ces grandes catégories
de clients. Sans aucun doute, la plus importante des caractéristiques distinctives de ces
deux principaux segments est leur degré relatif de l’élasticité des prix. En général, les
voyageurs d’affaires présentent un comportement d’inélasticité-prix, à l’inverse des
voyageurs d’agrément.
Le prix de prestige
Les hôtels ou restaurants cherchant à se positionner comme luxueux et élégants entrent
sur le marché avec un prix élevé. Les discothèques peuvent facturer des droits d’entrée
pour attirer un certain type de clientèle et créer une image d’exclusivité. Dans chacun
de ces cas, l’abaissement du prix repositionnerait l’entreprise, ce qui résulte en une inca-
pacité d’attirer le marché cible.
les concurrents remarqueront que les consommateurs sont prêts à payer des prix élevés
et entreront sur le marché, créant plus d’offre et éventuellement en réduisant les prix.
L’industrie de l’accueil est particulièrement touchée par ce phénomène, car l’entrée des
concurrents sur le marché est relativement facile.
13. W.J. Carroll, R.J. Kwortnik et N.L. Rose, “Cornell Hospitality Report: Travel Packaging: An Internet Frontier”,
The Center for Hospitality Research, vol. 7, n° 17, 2007, p. 7.
332 Marketing du tourisme et de l’accueil
réservation différents pour chaque produit. Ainsi, en groupant les produits, on peut
transférer l’excédent du prix de réservation d’un élément à un autre élément du forfait.
Un deuxième avantage du prix de regroupement est que le prix du produit de base peut
être masqué, pour éviter les guerres de prix ou la perception d’avoir un produit de faible
qualité.
de ces segments. La discrimination de prix telle qu’utilisée dans ce chapitre est légale et
considérée par beaucoup comme très bénéfique pour le consommateur.
Les entreprises ont souvent fixé les prix de base pour permettre des différences entre
les clients, les produits et les emplacements. Dans la fixation de prix discriminatoires,
l’entreprise vend un produit ou un service à deux prix ou plus, bien que la différence de
prix ne s’appuie pas sur les différences de coût.
Les tarifs de super-remises des compagnies aériennes exigent habituellement un achat
anticipé et un séjour le samedi soir. Le week-end élimine la plupart des voyageurs d’af-
faires tandis que l’achat à l’avance élimine les voyages d’agrément effectués au dernier
moment. Les compagnies aériennes savent que les voyageurs d’affaires sont moins
sensibles aux prix : ils présentent un comportement de prix inélastique. Les compagnies
aériennes offrent donc de faibles tarifs en ayant à l’esprit les voyageurs d’agrément. Les
touristes utilisent le revenu discrétionnaire pour le paiement des frais de voyage et par
conséquent sont plus sensibles aux prix que les voyageurs d’affaires. Une réduction de
prix se traduit souvent par une demande supplémentaire pour le segment des voyages
d’agrément.
Comme les compagnies aériennes, de nombreux hôtels discriminent entre les segments
d’agrément et d’affaires. Les hôtels d’affaires dans des quartiers d’affaires centraux
souffrent souvent d’un faible taux d’occupation pendant les week-ends. Bon nombre ont
développé des forfaits à prix réduit pour attirer les voyageurs d’agrément.
La faible variabilité des coûts, combinée à des fluctuations de la demande, fait de la
discrimination des prix un outil utile pour lisser la demande et apporter davantage de
recettes et de bénéfices pour la plupart des entreprises. Cette forme de facturation utilise
des prix plus bas pour attirer des clients supplémentaires, sans abaisser le prix pour tout
le monde.
Les principaux secteurs de l’industrie de l’accueil, tels que les compagnies aériennes, les
hôtels, les croisiéristes et les entreprises ferroviaires, sont confrontés à d’énormes coûts
fixes. Ces entreprises sont contraintes de pourvoir des sièges ou des lits. Richard Hanks,
vice-président du revenue management pour l’entreprise Marriott, estime que son « plus
grand coût d’opportunité est une chambre vide ». Marriott et d’autres chaînes d’hôtels
emploient un système de tarification fondé sur des prix discriminatoires pour remplir
les chambres et maximiser les opportunités de revenus, à l’aide de barrières pour tenir
les clients inélastiques au prix éloignés de tarifs conçus pour les segments de prix élas-
tiques14.
Marriott a construit ses barrières en établissant des restrictions qui permettent aux clients
de sélectionner eux-mêmes le meilleur prix pour leur séjour. Ces barrières comprennent
les réservations faites à l’avance et les achats anticipés non remboursables. Ces politiques
permettent aux clients sensibles au prix de profiter de tarifs plus bas et aux segments
inélastiques de payer plein tarif sans restriction.
14. R.O. Hanks, R.G. Cross et P.R. Noland, “Discounting in the Hotel Industry: A New Approach”, Cornell Hotel
and Restaurant Administration Quarterly, vol. 33, n° 1, 1992, p. 23.
334 Marketing du tourisme et de l’accueil
Pour appliquer une discrimination par les prix avec succès, les critères suivants doivent
être réunis15 :
1. Différents groupes de consommateurs doivent avoir différentes réponses aux prix, c’est-
à-dire qu’ils doivent accorder une valeur différente au service.
2. Les différents segments doivent être identifiables et il doit exister un mécanisme pour
fixer différents prix.
3. Il ne devrait pas être possible pour les personnes d’un segment, qui ont payé un prix
inférieur, de vendre leurs achats à d’autres segments.
4. Le segment doit être suffisamment large pour rendre l’exercice valable.
5. Le coût de fonctionnement de la stratégie de discrimination par les prix ne devrait
pas dépasser les recettes supplémentaires obtenues. C’est partiellement une fonction du
critère n° 4.
6. Les clients ne devraient pas être perturbés par l’utilisation de prix différents.
Le revenue management
Une application du prix discriminatoire est le revenue management. Celui-ci implique la
montée en gamme, la vente croisée et l’analyse des marges et des volumes de vente pour
chaque ligne de produit. Un système de revenue management est utilisé pour maximiser
le rendement d’une entreprise de l’accueil ou la marge sur coûts variables. Dans le cas des
hôtels, ce sera par les tarifs qu’un hôtel facturera et par le nombre de chambres dispo-
nibles pour chaque tarif fixé sur la projection des taux d’occupation pour une période
donnée. Ces systèmes aident les hôtels à atteindre la marge sur coûts variables maximale
fondée sur la demande pour leurs chambres.
15. J.E.G. Bateson, Managing Services Marketing, Fort Worth, Dryden Press, 1992, p. 339.
16. “Survey Findings on Hotel Revenue Management”, Hotelmarketing.com, 16 septembre 2008.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 335
des tarifs plus élevés pour rester pendant une semaine ouvrable, avec peu ou pas de
réservations à l’avance.
La maximisation du rendement
La gestion des recettes implique le développement et l’utilisation de différentes classes
de tarif fondées sur les projections de la demande pour le service. Ces tarifs sont utilisés
pour maximiser le rendement.
Voici la formule du rendement :
(Chambres-Nuitées vendues) / (Chambres-Nuitées disponibles)
× (Tarif moyen réel pour une chambre) / (Tarif potentiel par chambre) = Rendement
Un hôtel avec un historique suffisant peut projeter un taux d’occupation basé sur ses habi-
tudes de réservations actuelles. Si un faible taux d’occupation est projeté, l’hôtel conserve
ouvertes les classes à tarif inférieur pour augmenter le taux d’occupation. Les tarifs infé-
rieurs utilisent généralement des techniques de prix discriminatoires qui favorisent les
voyageurs d’agrément. Le Sheraton, par exemple, dispose de 21 jours de tarifs dégriffés
à l’avance. L’idée est de créer une demande supplémentaire à faible tarif pour attirer les
clients que l’hôtel n’aurait pas autrement. Si le taux d’occupation est élevé, le tarif inférieur
sera fermé et seules les classes de tarif supérieur seront acceptées. Aujourd’hui sont dispo-
nibles divers systèmes informatisés qui projettent automatiquement le niveau d’occupation
à une date donnée et suggèrent les niveaux de prix pour chaque jour.
Il est commun pour un système de gestion du rendement d’accroître les revenus d’au
moins 5 %. Les réservations de l’étage des concierges à l’Hyatt Regency Club ont
augmenté de 20 % après que Hyatt eut mis en œuvre une gestion du rendement. Un
hôtel Hilton a augmenté son tarif de transit moyen de 7,50 dollars, sans aucune réduction
du taux d’occupation, le premier mois suivant l’installation d’un système de gestion du
rendement17.
17. E.B. Orkin, “Boosting Your Bottom Line with Yield Management”, Cornell Hotel and Restaurant Administra-
tion Quarterly, vol. 28, n° 4, 1988, p. 52-56.
336 Marketing du tourisme et de l’accueil
ensemble une table de quatre constitue une méthode en dehors du prix pour accroître
les recettes.
Le County Inn and Suites utilise les mesures de RevPAR pour comparer les hôtels
rénovés de la chaîne à ceux qu’elle considère comme pouvant servir d’étalons. Une
analyse des chambres rénovées a révélé un RevPAR favorable de 5,7 %, qui équivalait à
un montant de 140 000 dollars de revenus annuels supplémentaires pour un hôtel moyen
de 80 chambres18.
Cette chaîne utilise également un indice de RevPAR pour mesurer les hôtels non produc-
tifs. Les hôtels qu’elle a fermés avaient un score largement au-dessous des autres hôtels
de la chaîne.
Une autre utilisation par cette chaîne consiste à comparer sa progression de RevPAR
avec celle des hôtels concurrents. À titre d’exemple, si le RevPAR augmente de 10 % pour
cette chaîne mais de 13 % pour les concurrents, la conclusion est qu’elle ne fonctionne
pas aussi bien que la concurrence. Le RevPASH peut également fournir des données pour
faciliter la gestion des recettes19.
La projection des taux d’occupation
Les systèmes de revenue management doivent s’appuyer sur des études de marché. Ils
devraient être élaborés en gardant à l’esprit la valeur à long terme du client. Un des anciens
systèmes de yield management stoppait les réservations des agences de voyages lorsque
le taux d’occupation projeté pour une date donnée était élevé. Il s’agissait d’éliminer
les commissions des agences de voyages lorsque l’hôtel pouvait vendre les chambres.
Ce système a fait économiser de l’argent à court terme, mais, sur le long terme, l’hôtel
pouvait perdre une part importante des affaires envoyées par les agences de voyages.
Avec certains systèmes de gestion des revenus, les clients séjournant une longue période
peuvent payer plus cher que ceux séjournant quelques nuits. Normalement, on pourrait
s’attendre à une réduction pour les séjours plus longs. Parfois, le plus long séjour peut
amener le voyageur à rester durant une période de taux d’occupation élevé. Ces systèmes
de gestion de rendement font la moyenne du taux d’occupation pendant le séjour des
clients. Par exemple, si l’on tient compte des niveaux d’occupation du tableau ci-dessous,
un client qui s’enregistre le 8 mai et part le 10 mai paierait un tarif de 65 euros, qui est le
plus bas tarif disponible. Un client qui arrive le 8 mai et repart le 12 mai paierait 85 euros,
soit le tarif disponible le plus bas parce que l’hôtel peut vendre plus de chambres les 10
et 11 mai, à un tarif minimum de 105 euros la nuit. En vertu de ce système, le personnel
doit être bien formé pour expliquer les différences de prix au client.
18. Hotline: The Magazine of Carlson Hotels, GBC, 2011, Vision in Action, p. 38 et 41.
19. G.M. Thompson et H. Sohn, “Cornell Hospitality Report: Accurately Estimating Time-Based Restaurant
Revenues Using Revenue per Available Seat-Hour”, The Center for Hospitality Research, vol. 8, n° 9, 2008.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 337
20. Z. Schwartz et E. Cohen, “Hotel Revenue Management Forecasting: Evidence of Expert-Judgment Bias”,
Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 45, n° 1, 2004, p. 49.
21. W.H. Kaven et M. Allardyce, “Dalmahoy’s Strategy for Success”, Cornell Hotel and Restaurant Administration
Quarterly, vol. 35, n° 6, 1994, p. 87-88.
338 Marketing du tourisme et de l’accueil
précisément, lorsque les clients ont été informés que les tarifs varient selon le jour de
la semaine, la durée du séjour et la date de réservation, les perceptions d’équité ont été
améliorées22.
Focus 12.1
Les logiciels de revenue management
Alors que la gestion des recettes est possible grâce à un système manuel, l’utilisation
de logiciels spécifiques offre des avantages substantiels. Selon Isabelle Keiflin, direc-
trice du revenue management pour le Langham Hospitality Group, il est essentiel
aujourd’hui de gérer rapidement et efficacement tous les circuits de distribution afin
d’augmenter progressivement le volume d’affaires. Les affaires en ligne et les médias
sociaux ont créé un besoin pour les hôteliers de mieux analyser les affaires dans le
détail. Pour elle, « la possibilité de générer des revenus incrémentaux se situe dans
le détail23 ».
Focus 12.2
Le retrait de la franchise
L’exemple d’une décision stratégique qui influe directement sur la tarification et
le contrôle des coûts est l’abandon de la franchise. Les groupes d’hôtels privés à
travers le monde ont généralement une variété de propriétés sous contrat de fran-
chise dans leurs portefeuilles. Plusieurs de ces groupes reconsidèrent cette stratégie
et construisent leur propre franchise avec les propriétés qu’ils possèdent. Les raisons
qui expliquent ce phénomène sont les suivantes :
• L’élimination des coûts de licence. Typiquement, les franchiseurs facturent de 8
à 10 % des recettes.
• L’inflexibilité des franchiseurs. Les propriétaires d’hôtel se plaignent parfois que
les franchiseurs ont des règles désuètes qui interdisent les modifications qu’ils
pensent essentielles.
• L’évolution des standards de marque. Les conditions du marché changent : un
marché, qui peut avoir été sensible auparavant à la valeur/au prix, peut désormais
mieux soutenir des hôtels haut de gamme. Au lieu de changer les marques, les
propriétaires de l’hôtel peuvent préférer développer les leurs.
22. S. Choi et A.S. Mattila, “Impact of Information on Customer Fairness Perceptions of Hotel Revenue Manage-
ment”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 46, n° 4, 2005, p. 444-445.
23. T. McQuilken, “Revenue Management Software Makes the Grade”, Hotel Business, 2 avril 2011, p. 68.
24. Voir chapitre 13 consacré aux circuits de distribution.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 339
25. S.C. O’Connor, “Apple Core Hotels Continues on Boutique Path”, Hotel Business, 21 juin 2011, p. 14 et 42.
26. “White Blames Reactionary Rate Sloshing for Some of Industry’s Woes”, Hotel Business, 7 mars 2011, p. 26.
27. K.V. Rohlfs et S.E. Kimes, “Customers’ Perceptions of Best Available Hotel Rates”, Cornell Hotel and Restau-
rant Administration Quarterly, vol. 46, n° 2, 2007, p. 151.
28. A.M. Susskind, D. Reynolds et E. Tsuchiya, “An Evaluation of Guests’ Preferred Incentives to Shift Time-
Variable Demand in Restaurants”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, vol. 45, n° 1, 2004,
p. 82.
340 Marketing du tourisme et de l’accueil
Le prix de référence
Un autre aspect de la fixation du prix psychologique est le prix de référence. Il s’agit du
prix que les acheteurs ont à l’esprit et auquel ils se réfèrent lorsqu’ils regardent un produit.
Le prix de référence de l’acheteur pourrait être formé en notant les prix actuels, en se
souvenant des prix antérieurs ou en évaluant la situation d’achat. Les produits popu-
laires ont souvent des prix de référence. Pour un type donné de restaurant, la plupart
des consommateurs ont une idée préconçue du prix ou de la gamme de prix de certains
articles, comme une tasse de café, un steak ou un hamburger. Par exemple, une chaîne
de pizzérias peut communiquer sur le prix de sa pizza médium, qu’elle sait être moins
chère de 2 euros que la concurrence, pour établir un prix de référence pour les amateurs
de pizzas. Mais ses tarifs pour les boissons et autres éléments seront les mêmes que ceux
de la concurrence. L’article de référence crée la perception de la valeur. Par conséquent,
peu de gains seront issus d’une réduction du prix des autres éléments.
Focus 12.3
Les clients ont tendance à simplifier l’information de prix en ignorant les chiffres
après la virgule. Par exemple, il y a un plus grand écart perçu entre 6,9 et 7,1 euros
qu’entre 6,7 et 6,9 euros. Les consommateurs ont également tendance à arrondir
les chiffres et ils prennent en considération la distance psychologique entre ceux-
ci. Le saut de 0,99 à 1,00 euro (ou celui de 9,99 à 10,00 euros) peut être considéré
comme une augmentation significative, bien que ce ne soit que de 0,01 euro. Certains
psychologues affirment que chaque chiffre a des qualités symboliques et visuelles
qui devraient être considérées dans l’établissement des prix. Par exemple, parce que
le chiffre 8 est rond, il crée un effet apaisant, tandis que le 7 est anguleux, créant un
effet de déséquilibre.
pour lui. La promotion crée une image positive tandis qu’une réduction directe des prix
peut engendrer une image négative.
29. D.K. Hayes et L.M. Huffman, “Value Pricing: How Long Can You Go?”, Cornell Hotel and Restaurant Admi-
nistration Quarterly, février 1995, p. 51-56.
30. S.J. Hock, X. Drge et M.E. Park, “EDLP, Hi-Low, and Margin Arithmetic”, Journal of Marketing, n° 58, 1994,
p. 27.
342 Marketing du tourisme et de l’accueil
31. L. Canina et C. Enz, “Pricing for Revenue Enhancement in Asian Pacific Region Hotels: A Study of Relative
Pricing Strategies”, Cornell Hospitality Report, vol. 8, n° 3, février 2008.
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 343
Un autre facteur entraînant des hausses de prix est la demande excédentaire. Lorsqu’une
entreprise ne peut pas satisfaire tous les besoins de ses clients, elle augmente ses prix ou
rationne les produits pour ses clients, ou elle fait les deux. Lorsqu’une ville héberge une
importante convention, les hôtels peuvent imposer des tarifs qui sont deux fois le tarif
moyen des chambres. Ils savent que la demande de chambres d’hôtel sera forte et qu’ils
peuvent en profiter.
Les hausses de prix dans l’industrie hôtelière peuvent être dangereuses, même lorsqu’elles
sont causées par l’inflation. Il faut se rappeler qu’à l’exception de certains voyages, tels
que les voyages d’affaires ou pour assister à des funérailles, en général, on est en présence
d’une courbe de demande élastique. Un couple peut fêter son anniversaire de mariage
avec des amis et des parents au restaurant ou dans un resort, mais si les prix augmentent
de façon spectaculaire, il peut organiser un repas à la maison ou même dans un parc à
proximité. L’industrie du voyage a appris que beaucoup de voyages d’affaires peuvent
être reportés ou remplacés par des moyens électroniques, y compris via des logiciels tels
que Skype et GoToMeeting qui permettent des échanges vidéo/audio par ordinateurs
personnels.
Il est préférable d’augmenter les prix lorsque les clients perçoivent cette hausse comme
justifiée. Les restaurants ont connu une période plus aisée pour appliquer une augmen-
tation des prix lorsque le prix du bœuf a grimpé, car leurs clients avaient remarqué cette
hausse dans les supermarchés. Si le prix des denrées alimentaires baisse alors que les
autres coûts de l’exploitation d’un restaurant augmentent, il est difficile de faire accepter
au client la nécessité d’une augmentation de prix. Les gérants de restaurant devraient
essayer de choisir le bon moment, notamment lorsque l’augmentation du prix des
aliments attire l’attention des médias, après une augmentation du salaire minimum, ou
lorsque l’inflation est d’actualité. Les augmentations de prix devraient être relayées par
un programme de communication pour informer les clients et les employés des raisons
de ces hausses.
frais d’entrée de 5 à 10 euros pourrait être perçue comme étant « l’endroit où il faut
aller ».
Segmenter les prix : le bon produit au bon client, au bon moment, pour le bon
Marketing en action 12.1
L’hypothèse sous-jacente de Cross est la suivante : il n’y a pas deux clients qui
Sources : S . Greco, “Are Your Prices Right?”, INC., janvier 1997, p . 88-89 ; R .G . Cross, Revenue Management:
Hard-Core Tactics for Market Domination, New York, Broadway Books, 1998 ; W .J . Quain, M . Sansbury
et D . Quinn, “Revenue Enhancement, Part 3: Picking Low-Hanging Fruit—A Simple Approach to Yield
Management”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly, avril 1999, p . 76-83 . Voir aussi
P . Desiraju et S .M . Shugan, “Strategic Service Pricing and Yield Management”, Journal of Marketing,
janvier 1999, p . 44-56 .
Chapitre 12 – Prix des produits : considérations, approches et stratégie en matière de fixation des prix 347
Synthèse
• Le prix est le seul élément du marketing mix qui génère des recettes. Des facteurs
internes et externes influent sur la fixation des prix de l’entreprise.
• Les facteurs internes comprennent les objectifs marketing de l’entreprise, la stratégie
de marketing mix, les coûts et des considérations organisationnelles. Les facteurs
externes sont notamment la nature du marché, de la demande, de la concurrence et
d’autres éléments de l’environnement.
• Le prix que l’entreprise facture se situe entre un prix trop faible pour produire un
bénéfice et celui trop élevé pour produire une demande suffisante. Les coûts des
produits fixent un plancher pour le prix. Les perceptions de la valeur du produit par le
consommateur fixent un plafond. L’entreprise doit examiner les prix des concurrents
et d’autres facteurs internes et externes afin de trouver le meilleur prix entre ces deux
extrêmes. Les prix peuvent être fixés en utilisant une approche fondée sur les coûts,
sur la valeur perçue ou sur la concurrence.
• Différentes stratégies de tarification peuvent être mises en œuvre pour un nouveau
produit, comme le prix de prestige, le prix d’écrémage et le prix de pénétration du
marché.
• Dans le cas de produits existants, le prix peut être fixé par lots. L’entreprise peut aussi
être contrainte d’ajuster ses prix en appliquant des remises sur volume ou en fonction
du moment de l’achat et des prix discriminatoires.
• Un système de revenue management sert à maximiser le rendement d’une entreprise
de l’accueil ou la marge sur coûts variables. Les revenue managers peuvent aussi utiliser
la politique de distribution pour déterminer la bonne combinaison des membres du
réseau de distribution. Le marketeur peut également mobiliser le prix selon le meilleur
tarif disponible, qui permet de proposer différents tarifs pour chaque produit. Même
si les techniques du revenue management ont convaincu beaucoup d’organisations, de
nombreux membres de l’industrie de l’accueil ont choisi de ne pas s’en servir.
• Plusieurs situations peuvent inciter une entreprise à modifier ses prix, soit à la
baisse, soit à la hausse. Le marketeur doit anticiper les réactions des acheteurs et des
concurrents aux changements de prix. Éventuellement, il doit lui-même se préparer à
répondre à des modifications de prix.
Activités
Questions de réflexion
1. De nombreux restaurants ont dégroupé leurs produits à des prix inférieurs. Par
exemple, des restaurants qui proposaient normalement un buffet pour tous les plats
offrent maintenant un buffet au prix d’un dîner et un menu à la carte, à un prix
inférieur qui n’inclut pas ce buffet. Pourquoi ces restaurants dégroupent-ils leurs
produits ? Quand le groupement de produits est-il efficace ?
2. Un hôtel ou un restaurant augmente-t-il ou maintient-il la satisfaction du client
après la mise en place de son premier programme de revenue management ? Expli-
quez votre réponse.
3. Les compagnies aériennes et les hôtels donnent des bonus miles pour les voyageurs
fréquents, des cadeaux et des billets gratuits pour les accompagnants afin d’attirer le
voyageur d’affaires. Ces promotions sont souvent fournies à la place d’une réduction
de prix. Le voyageur en bénéficie personnellement alors que sa société n’obtient pas
de tarifs moins élevés. Que vous inspire cette situation ?
Application
1. Une manière d’accroître le chiffre d’affaires consiste à utiliser la montée en gamme.
Donnez des exemples dans les industries de l’accueil et du tourisme qui montrent
que la montée en gamme peut augmenter la satisfaction client.
2. Vous venez d’être embauché comme manager de la salle du restaurant d’un hôtel. Le
directeur vous demande d’évaluer les prix du menu pour voir s’ils ont besoin d’être
ajustés. Comment feriez-vous ?
3. De nombreux facteurs qui influent sur la sensibilité au prix ont été traités dans
ce chapitre. Fournissez certains exemples de l’application de ces facteurs dans les
entreprises de l’accueil et du tourisme.
4. Donnez un exemple d’utilisation efficace de la discrimination des prix. Soutenez les
raisons qui vous font penser que votre exemple est bon.
Pour action
1. Comparez les prix de plusieurs hôtels ou restaurants de la même catégorie. Quelles
différences avez-vous trouvées ? Croyez-vous que les entreprises qui avaient le prix
le plus élevé pourraient le justifier en offrant des fonctionnalités supplémentaires ou
un produit de meilleure qualité ?
2. Choisissez un grand hôtel dans une ville de votre choix. Faites une recherche sur
Internet pour voir combien de prix différents vous pouvez trouver pour le même
type de chambre. Rédigez vos conclusions.
Chapitre 13
Les circuits de distribution
L’expression « chaîne d’approvisionnement » peut être trop limitée, car elle est axée sur
une optique production/vente. Une meilleure approche consisterait en un réseau de
délivrance de valeur mis au point par l’entreprise, ses fournisseurs, ses distributeurs et,
finalement, les clients qui scellent un « partenariat » pour améliorer la performance de
tout le système.
Gérer les participants de la chaîne d’approvisionnement d’une organisation est à la fois
un élément important et une tâche complexe.
Ce chapitre se concentre sur les circuits marketing, c’est-à-dire le côté aval du réseau
de livraison de valeur. Il faut toutefois se rappeler que ce n’est qu’une partie du réseau.
Pour apporter de la valeur aux clients, les entreprises ont autant besoin de partenaires
fournisseurs en amont que de partenaires de distribution en aval. De plus en plus, les
marketeurs participent aux activités de leur entreprise et les influencent aussi bien en
amont qu’en aval. Plus que des managers de circuits de distribution, ils deviennent des
managers d’un réseau de valeur.
1. E.R. Corey, F.V. Cespedes et V.K. Rangan, Going to Market, Boston, Harvard Business School Press, 1989, p.
xxvii ; Sunflowertravel.com, Ciclismoclassico.com.
2. Pour plus d’informations : www.rci.com
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 351
3. L.W. Stern et A.I. El-Ansary, Marketing Channels, 3e éd., Upper Saddle River, Prentice Hall, 1988, p. 3.
4. E.R. Corey, F.V. Cespedes et V.K. Rangan, Going to Market, op. cit.
352 Marketing du tourisme et de l’accueil
1
F C F C
2 4
1
3
4
5 2 5
F C F D C
6
7 8 3 6
F 9 C F C
Toutes ces fonctions ont trois choses en commun : elles utilisent des ressources rares,
elles peuvent souvent être mieux accomplies par le biais de la spécialisation, et elles
peuvent être transférées entre les membres du réseau de distribution. Le transfert des
fonctions à l’intermédiaire peut permettre au producteur de maintenir ses coûts et ses
prix à de faibles niveaux, mais les intermédiaires doivent ajouter des frais pour couvrir
le coût de leur travail.
Pour maintenir de faibles coûts, les fonctions devraient être assignées aux membres du
circuit qui peuvent les exécuter le plus efficacement. Par exemple, pour un voyageur,
une croisière peut représenter un achat coûteux, comprenant de nombreuses options.
Une agence de voyages, représentant toutes les principales compagnies de croisières,
répond aux questions au sujet de ces dernières, des itinéraires, des activités dans les ports
d’escale et à toutes celles, nombreuses, qu’un touriste peut se poser avant de se décider.
Les agences de voyages en ligne (Online Travel Agencies, OTA) ainsi que les agences de
voyages traditionnelles offrent un large réseau de distribution pour ce produit complexe
et dont l’achat est peu fréquent. Les produits fréquemment achetés, comme les nuitées
en chambres d’hôtel, sont moins complexes. Une fois que les personnes ont trouvé une
marque qu’elles aiment, elles préfèrent souvent passer leur réservation directement
auprès d’elle.
Circuit 2 Entreprise
Entreprise Distributeur Entreprise
industriel cliente
Représentant du
Circuit 3 Entreprise fabricant ou Entreprise
dép. de vente cliente
Frais de
Tarif Commission Coût total Tarif net
transaction
Marque .com 209 $ 0 0 0 209 $
Marque .com* 209 $ 17,77 $ (8,5 %) 0 17,77 $ 191,23 $
CRO-Téléphone 209 $ 0 3$ 3$ 206 $
GDS 209 $ 20,90 $ (10 %) 0 20,90 $ 188,10 $
OTA 209 $ 37,62 $ (18 %) 0 37,62 $ 171,38 $
Source : John Bowen, basé sur les coûts pour un établissement de marque . Le tarif pour les OTA varie
en fonction de l’agence . Après négociations, les marques importantes bénéficient de meilleurs prix
avec certains OTA par rapport aux hôtels indépendants . Les tarifs pour Marque .com et le CRO varient
en fonction des marques ; il s’agit de tarifs indicatifs .
Nous allons maintenant détailler les principaux acteurs de la distribution des produits
de l’accueil et du tourisme.
La vente directe, que ce soit par les réservations reçues à l’hôtel ou par Internet, permet
de se passer des agences de voyages traditionnelles. En réaction à l’importance prise
par les centrales de réservations comme Booking, Expedia ou Hotels.com, des hôteliers
français ont lancé le site Internet Fairbooking5 pour inciter à réserver directement auprès
de l’établissement, sans passer par une centrale.
8. R.C. Lewis, Marketing Leadership in Hospitality: Foundations and Practices, 3e éd., New York, Wiley, 2000.
9. « Les agences de voyages », op. cit.
10. Sur les voyages de familiarisation, voir How to Plan and Program Travel Agent Familiarization Tours, Wash-
ington, DC, Hotel Sales and Marketing Association, s.d.
11. J.R. Abbey, Hospitality Sales and Advertising, East Lansing, Educational Institute of the American Hotel and
Motel Association, 1989.
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 359
12. F. Golden, “Room for Growth”, Travel Weekly, vol. 53, n° 65, 1994, p. 118.
13. M. Visseyrias, « Les entreprises redynamisent les voyages d’affaires », Le Figaro, 17 mai 2011, http://www.
lefigaro.fr/societes/2011/05/16/04015-20110516ARTFIG00763-les-entreprises-redynamisent-les-voyages-d-
affaires.php
14. « Les agences de voyages », op. cit.
360 Marketing du tourisme et de l’accueil
voyages s’engage à revendre les voyages à hauteur d’un chiffre d’affaires minimal. À ce
jour, seuls Fram et Jet Tours ont mis en œuvre un tel type de contrat.
Tour-opérateurs et resorts
Avec l’augmentation du nombre de resorts internationaux, les tour-opérateurs deviennent
un membre puissant de la chaîne de distribution. Il est impossible pour les agences de
voyages de connaître chaque resort. Au lieu de cela, elles s’appuient sur des catalogues
fournis par des tour-opérateurs. Si un couple veut partir en vacances en Espagne, l’agence
15. M.M. Coltman, Tourism Marketing, New York, Van Nostrand Reinhold, 1989.
16. L.-A. Cholez, « Critère IATA : “La France n’a pas vocation à devenir le dinosaure du BSP” », Tour Mag,
29 avril 2015, www.tourmag.com/Critere-IATA-La-France-n-a-pas-vocation-a-devenir-le-dinosaure-
du-BSP_a73609.html
17. Pour plus d’informations : www.iata.org/services/finance/bsp/Pages/index.aspx
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 361
de voyages lui donnera le catalogue d’un tour-opérateur qui couvre ce pays. Le catalogue
contient une sélection de plusieurs hôtels de luxe, des hôtels 3 et 4 étoiles, et des hôtels de
tourisme. Le tour-opérateur décrit chacun d’eux. L’hôtel peut fournir de l’information,
mais le voyagiste décide de la description qui apparaîtra dans la brochure.
Si un couple veut séjourner dans un hôtel de luxe, la brochure n’inclura peut-être que
trois hôtels de cette catégorie. Les autres, non pris en compte, ne seront pas envisagés par
le couple, lequel choisira un resort semblant offrir la meilleure valeur à partir de l’infor-
mation fournie par le tour-opérateur. Ainsi le tour-opérateur bénéficie d’un pouvoir
élevé sur les resorts, particulièrement sur les marchés internationaux.
Les compagnies aériennes peuvent également servir de tour-opérateurs. Presque toutes
les grandes compagnies proposent des forfaits vacances dont la promotion est assurée
par des brochures et des sites Internet.
Logis de France est une association de plus de 3 200 petits hôtels, 1, 2 ou 3 étoiles en
France. Les hôtels sont identifiés comme membres de l’organisation grâce à une signalé-
tique sur l’hôtel ainsi que sur les panneaux de signalisation routière. Utell travaille avec
plus de 3 000 hôtels par l’intermédiaire de centres régionaux répartis dans le monde.
Utell génère des réservations résultant en plus de 9,6 millions de nuitées pour 1,4 milliard
de dollars de ventes.
En tant que société de représentation, Utell fournit plus de services de marketing qu’une
entreprise de réservation, mais moins qu’un consortium18.
Les régions sont également en train d’élaborer des consortiums pour promouvoir leur
secteur du point de vue touristique. Par exemple, les attractions touristiques dans la région
de Bath, au Royaume-Uni, ont formé l’Association of Bath Leisure Enterprises (ABLE).
Ce type de coopérative permet aux petits organismes d’accueil de développer et de
distribuer du matériel promotionnel. Les agences de voyages ont formé des consortiums
pour négocier de meilleurs tarifs pour les chambres d’hôtel, les compagnies aériennes
et d’autres produits touristiques. L’un des plus grands consortiums d’agences de voyages
est Woodside Management Systems. Les consortiums peuvent également développer des
systèmes de commercialisation verticaux en négociant des prix spéciaux sur les fourni-
tures que les membres sont susceptibles d’utiliser. Les consortiums et les systèmes de
réservation, combinés avec les OTA, ont permis aux hôtels indépendants de concur-
rencer efficacement les établissements de grandes marques19.
18. F. Martin, “Consortia Extend Hotels’ Regional, Global Reach”, Hotels, vol. 25, n° 9, 1991 ; C. Baum, “How Utell
Reacts to the Market”, Hotels, vol. 25, n° 9, 1991, p. 73-74 ; J. Carper, “The New Brand of SRS”, Steigenberger
Hotels, vol. 25, n° 10, 1991, p. 72-74.
19. Voir J.C. Holloway et R.V. Plant, Marketing for Tourism, Londres, Pitman, 1992, p. 124-126.
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 363
produit final est conclu entre le client et une agence immatriculée. Ils ne disposent donc
pas d’immatriculation20.
Focus 13.1
L’Office du tourisme et des congrès de Paris a été créé en 1971, à l’initiative conjointe
de la municipalité et de la chambre de commerce et d’industrie de Paris. Cette
association à but non lucratif regroupe 2 220 professionnels parisiens, dont plus
de 550 sont adhérents au tourisme d’affaires. L’office accueille et informe plus de
750 000 visiteurs à Paris, grâce à cinq bureaux permanents, et plus de 9 millions
sur son site Internet. Il assure la promotion de la capitale en France et à l’étranger.
Les membres du personnel collaborent pour faire venir des réunions et conventions
à Paris, en mettant en avant les installations et commodités que la ville offre. Le
bureau des congrès propose également des supports publicitaires aux professionnels
du tourisme pour les aider à promouvoir leur réunion dans la capitale. Par exemple,
il fournit des vidéos promotionnelles de Paris, des cartes postales, des diapositives
pour des présentations. Le bureau aide aussi les organisateurs d’événements à trouver
les installations qui correspondent à leurs attentes, y compris les lieux de réunion,
l’hébergement, et des idées pour des activités uniques. Le bureau des congrès de
Paris propose près de 600 professionnels parisiens référencés pour l’organisation
d’événements, tels que des hôtels avec salles, des centres de congrès et d’exposition,
des locations de salles de réunion, des lieux événementiels, des musées et restaurants
privatisables, des locations de bateaux, etc.
restaurants, tels que TripAdvisor. Cela permet aux clients de consulter les choix proposés
par le restaurant puis de réserver par le biais d’OpenTable22.
La commission qu’OpenTable prélève peut être élevée pour certains restaurants. En effet,
un restaurant indépendant peut ne faire que 5 à 10 % de profit. Ainsi une taxe de 1 dollar
représente la marge dégagée par 20 dollars de ventes. Les restaurants ayant un faible
ticket moyen peuvent vouloir examiner d’autres options en ligne. De même, un restau-
rant qui connaît des périodes où le ticket moyen est faible, comme le petit-déjeuner, peut
vouloir fermer cette période aux réservations passées par OpenTable.
En France, le site Internet La Fourchette23, ouvert depuis 2006, a maintenant dépassé les
10 millions de réservations et a généré, entre mai 2011 et mai 2012, plus de 120 millions
d’euros de chiffre d’affaires pour les 7 000 restaurants qu’il référence. Le record du site
est de 4 500 couverts envoyés en un mois dans un restaurant. Les prix moyens des plats
sont de 12,5 euros pour les entrées, 19,5 euros pour le plat principal et 7,5 euros pour le
dessert.
22. M. Marshall, “OpenTable Seats 3M Diners a Month, Releases a Mobile Version”, VentureBeat.com, 29 juin
2008.
23. Pour plus d’informations : http://quisommesnous.bloglafourchette.com
366 Marketing du tourisme et de l’accueil
circuit dépendent les uns des autres, ils agissent souvent seuls dans leur propre intérêt à
court terme. Ils sont fréquemment en désaccord sur les rôles que chacun devrait jouer
ou sur qui doit faire quoi pour quelle récompense. Ces désaccords au sujet des objectifs
et des rôles génèrent des conflits de circuit.
Le conflit horizontal oppose les entreprises d’un même niveau de la chaîne. Par exemple,
des franchisés de Pizza Inn peuvent se plaindre d’autres franchisés Pizza Inn qui, selon
eux, tricheraient sur les ingrédients et fourniraient un service médiocre, portant ainsi
atteinte à l’image générale de l’enseigne.
Le conflit vertical survient entre différents niveaux de la même chaîne. Il est encore plus
répandu. Au cours des dernières années, par exemple, Burger King a eu des conflits
constants avec ses franchisés sur à peu près tous les sujets. Cela allait de l’augmentation
des dépenses de publicité, et leur caractère offensif, au prix facturé pour les cheesebur-
gers. Tout cela soulevait la question du droit pour une chaîne de dicter à des franchisés
les politiques à appliquer.
Certains conflits dans le circuit prennent la forme d’une concurrence saine, considérée
comme une émulation qui pousse chacun à se surpasser. En effet, une telle concurrence
peut être profitable, car, sans elle, le circuit pourrait devenir passif et arrêter d’être inno-
vant.
Dans un SMV intégré, la coordination et la gestion des conflits s’effectuent par une
propriété commune à tous les membres, à différents niveaux dans le circuit. Dans un
SMV contrôlé, le leadership est assumé par un ou plusieurs membres dominants du
circuit. Dans un SMV contractuel, le leadership et la puissance sont déterminés par des
accords contractuels entre les membres du circuit.
Fabricant Fabricant
Grossiste
Grossiste
Détaillant
Consommateur Consommateur
5.3. La franchise
La franchise traditionnelle
Un type de commerce en croissance
« La franchise est une méthode pour faire des affaires par laquelle un franchisé se voit
accorder le droit d’offrir, de vendre ou de distribuer des biens ou des services sous un
format de marketing conçu par le franchiseur. Le franchiseur autorise le franchisé à
utiliser sa marque commerciale, son nom et sa publicité24. »
La franchise est la forme de commerce de détail ayant connu la plus forte croissance
durant ces dernières années. Un analyste de ce secteur, Stephen Rushmore, a établi que
les hôtels franchisés représentent plus de 65 % de l’offre de chambres aux États-Unis25.
L’une des raisons de cette popularité réside dans le fait que la franchise est la voie la plus
sûre pour démarrer une nouvelle entreprise26 :
• créer une nouvelle entreprise : 20 % de chances de survie ;
• acheter une entreprise existante : 70 % de chances de survie ;
• adhérer à une franchise : 90 % de chances de survie.
Les franchises constituent des formes populaires de distribution pour les hôtels et les
restaurants. On peut citer les hôtels Hyatt Place, Holiday Inn Express, Hilton Garden
Inn, Fairfield Inn by Marriott, Ibis, Kyriad. Les franchises de restaurant comprennent
les McDonald’s, Burger King, KFC, Pizza Hut, Subway, Courtepaille, Buffalo Grill. Les
franchises ont été responsables du passage de l’entreprise de restauration par opérateurs
individuels à des multi-unités. Les entreprises de restaurants franchisés comptent pour
plus de la moitié de toutes les ventes de restaurants.
Le fonctionnement de la franchise
Pour avoir le droit d’utiliser le nom, les méthodes d’exploitation et d’autres avantages
liés à une franchise, le franchisé paie une redevance initiale, des royalties et des frais
de marketing au franchiseur. Dans le cas des hôtels, une redevance pour l’utilisation
du système central de réservation est également facturée. Radisson facture une rede-
vance initiale de 50 000 dollars au minimum. La redevance est de 4 % du produit brut
des recettes de location de chambres, les frais marketing sont de 1,75 % du produit brut
des revenus provenant de la location de chambres, et les frais de réservation sont de
2 % du produit brut des recettes de location de chambres27. Il convient de noter que ces
pourcentages sont bruts. Le franchiseur peut vérifier les recettes brutes en utilisant les
déclarations fiscales.
24. A. Kostecka, Franchising in the Economy, Washington, DC, U.S. Government Printing Office, 1987, p. 2.
25. S. Rushmore, “Hotel Franchising: How to Be a Successful Franchisee”, Real Estate Journal, été 1997, p. 56,
cité dans J.R. Brown et C.S. Dev, “The Franchisor–Franchisee Relationship”, Cornell Hotel and Restaurant
Administration Quarterly, décembre 1997, p. 30-31.
26. M. Levy et B.A. Weitz, Retailing Management, Homewood, Richard D. Irwin, 1995, p. 29-35.
27. D. Fraboutta, “The Price of Franchising”, Hotel and Motel Management, 21 mai 2001, p. 23-32.
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 369
Les frais initiaux et les redevances dépendent du capital de marque de la franchise. Par
exemple, McDonald’s est connu partout dans le monde comme un restaurant de fast-
food.28
De nos jours, il est pratiquement impossible de se promener en ville ou dans un centre
commercial sans voir un restaurant McDonald’s, KFC ou Pizza Hut.
En France, le secteur de la restauration compte près de 9 300 unités de chaînes de restau-
ration et représente un chiffre d’affaires de près de 12 milliards d’euros. Les enseignes
de franchise occupent une part de plus en plus grande. Tous segments confondus, près
de 4 000 points de vente seraient ainsi exploités par des franchisés. Ces chiffres incluent
également ceux des spécialistes de la livraison, parmi lesquels on retrouve les spécia-
listes de la pizza (Domino’s Pizza, Pizza Hut, La Boîte à Pizza, Speed Rabbit Pizza, Pizza
Sprint…), de la cuisine japonaise et du sushi (Planet Sushi, Sushi Shop, Matsuri, Eat
Sushi...), soit un total de 991 unités au 1er janvier 2014, selon le cabinet Gira Conseil. Son
directeur général, Bernard Boutboul, affirme que la part des enseignes de franchise est
vouée à poursuivre sa progression28. L’une des franchises les plus connues et fructueuses,
McDonald’s, a plus de 33 000 restaurants desservant plus de 64 millions de clients dans
une centaine de pays.
28. S. Burner, « La franchise pèse de plus en plus lourd en restauration commerciale », Observatoire de la Fran-
chise, 26 juin 2014
370 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les frais de lancement comprennent la location des locaux, du matériel et des acces-
Marketing en action 13.1 (suite)
Une autre plainte concerne le taux d’échec. Subway, en particulier, a été critiqué pour
Marketing en action 13.1 (suite)
Sources : www .yum .com ; www .subway .com ; www .tgifridays .com ; www .applebees .com ; www .
aboutmcdonalds .com ; http://discoverarbys .com ; www .worldfranchising .com
La sous-franchise
Une variante de la franchise est la sous-franchise : le franchiseur vend le droit de distri-
buer une concession à une tierce partie, qui la vend ensuite aux franchisés31. Par exemple,
un franchiseur vend le droit de distribuer et de gérer les franchises à un sous-franchi-
seur. Le sous-franchiseur reçoit un paiement de la franchise qu’il a vendue et reverse
une partie de ces frais au franchiseur. Le sous-franchiseur offre aussi un soutien en
gestion pour ses franchisés. Un chercheur estime qu’aux États-Unis 31 % des enseignes
de restauration rapide et 37 % des restaurants familiaux utilisent des contrats de sous-
franchise32. Cela permet au franchiseur de se développer en profitant des ressources d’un
agent pour la gestion et le marketing.
31. Voir Y.S. Roh et W.P. Andrew, “Sub-franchising”, Cornell Hotel and Restaurant Administration Quarterly,
décembre 1997, p. 39-45.
32. R. Bond, Source Book of Franchise Opportunity, Homewood, Dow Jones-Irwin, 1993, p. 216-301.
374 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les alliances
Les alliances, autre forme d’accord contractuel, sont développées pour permettre à deux
organisations de profiter mutuellement de leurs points forts. Elles sont utilisées dans les
secteurs de l’hôtellerie et de la restauration comme par les compagnies aériennes. Par
exemple, dans le cas de l’alliance entre le groupe Welcome et les hôtels Sheraton (vue en
début de chapitre), il aurait été difficile, sinon impossible, pour Sheraton de s’implanter
en Inde par ses propres moyens, en raison des lois sur les entreprises étrangères. L’al-
liance avec Welcome a permis à Sheraton de bénéficier de la bonne réputation et de la
connaissance du marché de son partenaire local. Sheraton a offert à Welcome un nom
connu du voyageur d’affaires international, des services de formation et des systèmes de
soutien au management. Ainsi les deux partenaires ont profité de l’alliance.
33. Voir L. Adler, “Symbiotic Marketing”, Harvard Business Review, novembre-décembre 1966, p. 59-71 ; P. Vara-
darajan et D. Rajaratnam, “Symbiotic Marketing Revisited”, Journal of Marketing, janvier 1986, p. 7-17.
34. Voir R. Weigand, “Fit Products and Channels to Your Markets”, Harvard Business Review, janvier-février 1977,
p. 95-105.
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 375
ont intenté des procès contre des franchiseurs qui avaient conçu des opérations concur-
rentes dans leur zone de chalandise.
jugés non rentables parce qu’ils ne couvraient pas leurs frais directs. Un autre coût direct
engendré par le fait de travailler avec des intermédiaires réside dans le soutien dont
ils auront besoin de la part de l’entreprise. Les intermédiaires ont besoin de brochures
et d’autres documents connexes, de formations, de voyages de familiarisation et d’une
communication régulière. Une entreprise devrait limiter la taille de son circuit de distri-
bution à celle qu’elle est en mesure de soutenir.
À l’ouverture du MGM Grand Hotel de Las Vegas, des tour-opérateurs ont été utilisés
pour remplir bon nombre de ses chambres. Ils ont engendré un faible tarif de chambre
mais ce prix a plus que couvert le coût variable de la chambre, créant ainsi un béné-
fice d’exploitation. Au fur et à mesure que la demande pour les chambres de l’hôtel a
augmenté, MGM a pu vendre ses chambres directement par les agences de voyages et a
ainsi bénéficié d’un tarif par chambre plus élevé. Ainsi il y avait un coût d’opportunité
associé au tour-opérateur, représenté par la différence entre les deux tarifs (tour-opéra-
teur et agences de voyages). Un coût d’opportunité est créé lorsqu’un produit est vendu
à un prix inférieur à sa valeur marchande, notamment lors de remises sur des produits
pour lesquels on finit par découvrir qu’ils pourraient être vendus à un prix plus élevé.
Dans notre exemple, pour réduire le coût d’opportunité, l’hôtel a diminué son attribu-
tion de chambres aux tour-opérateurs et augmenté les crédits alloués aux agences de
voyages.
L’évaluation de la performance
Une entreprise doit évaluer régulièrement la performance de ses intermédiaires. Comme
le monde des affaires change, la valeur d’un intermédiaire peut changer – tel fut le cas
pour MGM. L’intermédiaire peut ne pas fonctionner comme prévu. L’entreprise doit
alors travailler avec l’intermédiaire pour essayer d’obtenir le rendement souhaité ou l’éli-
miner s’il devient non rentable.
Le contrôle des intermédiaires est un processus délicat. Parfois, les problèmes peuvent
être dus à un mauvais soutien du fournisseur. Les entreprises doivent évaluer l’aide
qu’elles offrent aux membres de leur circuit et apporter les ajustements nécessaires. Les
intermédiaires moins performants ont besoin d’être conseillés. Ils peuvent avoir besoin
de plus de formations ou de motivation. S’ils n’y arrivent pas, il peut être préférable de
mettre un terme à leur participation au circuit.
La question du contrôle
Un point important à considérer dans le choix des circuits est le contrôle. L’utilisation de
représentants des ventes permet un contrôle moindre que celui autorisé avec sa propre
force de vente. Les représentants des ventes peuvent préférer vendre les chambres d’autres
hôtels parce que cela nécessite moins d’efforts. Ils peuvent éviter les petits clients, préfé-
rant plutôt faire appel à de grandes sociétés qui peuvent utiliser la plupart des hôtels
qu’ils représentent.
Dans cet exemple, il se pourrait que les petits clients soient effectivement plus rentables
que les grands. Cela souligne l’importance de disposer de données qui montrent le degré
de profit ou de perte provenant de différents groupes de clients et de tous les intermé-
diaires. En l’absence d’informations, les managers marketing/commerciaux sont obligés
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 377
de prendre des décisions fondées sur des hypothèses, des conjectures ou des préférences
personnelles. Aucune d’entre elles ne constitue une base saine pour la prise de décision.
Malheureusement, les services comptables de la plupart des entreprises d’accueil
n’offrent pas ce type d’aide. Par conséquent, le service marketing peut être dans l’obli-
gation d’embaucher son propre analyste pour qu’il fournisse cette information vitale.
Le contrôle est également une considération importante en matière de franchise et dans
le choix des membres de circuits multiples. Un problème de la franchise est qu’une entre-
prise sacrifie un certain contrôle pour acquérir une distribution plus large. L’entreprise
peut avoir des difficultés à faire en sorte que les franchisés ajoutent de nouveaux produits
ou participent à des promotions, voire à ce qu’ils répondent aux normes de contrôle
qualité.
Lorsqu’une entreprise ajoute des canaux multiples, elle doit prendre en considération les
droits des membres des canaux existants. Souvent ces derniers limitent leurs activités
avec les nouveaux membres de son circuit de distribution.
Chaque canal comprend un engagement à long terme et une perte de flexibilité. Il y
a souvent un compromis à faire entre les avantages créés par le développement d’une
alliance à long terme et la perte de flexibilité qui accompagne souvent une telle alliance.
La compréhension des compromis et de l’évolution possible du marché peut aider un
manager à prendre des décisions concernant la durée des accords contractuels avec les
membres du circuit de distribution.
8. Le choix de l’emplacement
L’un des aspects les plus importants de la distribution pour les organisations de l’accueil
est l’emplacement. Les entreprises dont les clients viennent à elles doivent être situées
dans un endroit pratique.
Il n’y a pas de formule unique pour choisir un emplacement. Un bon emplacement pour
un hôtel Ritz-Carlton est différent de celui d’un Formule 1 ou d’un Burger King. Les
emplacements de restaurants ont tendance à être évalués sur la capacité de la zone à
fournir des affaires. Les sites hôteliers sont évalués quant à l’attrait de leur emplacement
pour les personnes qui s'y rendent. Dans les deux cas, l’emplacement dépend de la stra-
tégie marketing de l’entreprise. Chaque entreprise a son propre ensemble de critères
d’évaluation d’un emplacement.
35. Voir A. Gosh, Retail Management, Fort Worth, Dryden Press, 1990, p. 216-249.
Chapitre 13 – Les circuits de distribution 379
Synthèse
• Pour fabriquer un produit ou service et le mettre à la disposition des acheteurs, il faut
établir des relations non seulement avec les clients, mais aussi avec les principaux
fournisseurs et les revendeurs appartenant à la chaîne d’approvisionnement de l’en-
treprise. Cette chaîne d’approvisionnement comprend des partenaires « en amont »
comme « en aval ».
• Les systèmes de distribution offrent un flux constant de clients. Un système de distri-
bution bien géré peut faire la différence entre un leader en part de marché et une
société qui lutte pour sa survie. De nombreuses sociétés du secteur de l’accueil font un
meilleur usage des circuits de commercialisation que leurs concurrents et cet élément
constitue l’un de leurs avantages concurrentiels.
• Un circuit de distribution est un ensemble d’organisations indépendantes impliquées
dans le processus de fabrication d’un produit ou service disponible pour le consom-
mateur ou l’utilisateur professionnel. Il est important de comprendre pourquoi les
intermédiaires marketing sont utilisés et quelles sont les fonctions des circuits de
distribution. Il est possible de distinguer les circuits de distribution par le nombre de
niveaux qui les composent.
• De nombreux circuits de distribution sont à la disposition des entreprises de l’accueil
et du tourisme. En dehors des réservations directes, les circuits peuvent être organisés
au niveau mondial. Concernant la vente des produits touristiques, il est possible de
travailler avec des agences de voyages en ligne (OTA), des agents de voyages tradi-
tionnels, des tour-opérateurs, des grandes surfaces alimentaires, grandes surfaces
spécialisées et grands magasins, et d’autres acteurs comme les offices du tourisme et
les syndicats d’initiative.
• Les circuits de distribution sont des systèmes complexes dans lesquels les personnes et
les entreprises interagissent pour atteindre les buts fixés. Les systèmes de distribution
évoluent vers de nouveaux types de surface et de nouveaux systèmes de distribution.
L’un des plus grands développements a été l’émergence de systèmes marketing verti-
caux (SMV). La franchise représente un type de SMV contractuel. C’est la forme de
commerce de détail qui a connu la plus forte croissance durant ces dernières années.
Un autre circuit en développement est celui des systèmes marketing horizontaux
(SMH), où au moins deux entreprises d’un même niveau s’associent pour suivre une
nouvelle opportunité marketing. Aujourd’hui, de plus en plus de sociétés ont adopté
une distribution marketing multicircuits.
• La sélection des membres d’un circuit de distribution implique un certain nombre
de facteurs, notamment les besoins du client, la capacité de l’entreprise à attirer des
membres de son réseau de distribution, la viabilité économique du membre du circuit
et la part de contrôle qui pourrait être abandonnée pour rallier un membre.
• L’un des aspects les plus importants de la distribution pour les organisations de
l’accueil est l’emplacement. Les entreprises dont les clients viennent à elles doivent
être situées dans un endroit pratique. En général, il y a quatre étapes dans le choix
d’un emplacement. La première est la compréhension de la stratégie marketing et du
marché cible de l’entreprise. La deuxième étape est l’analyse régionale, qui comprend
la sélection des zones de marché géographiques. Une fois que la société a choisi une
région, elle doit sélectionner une zone en son sein. Enfin, l’entreprise déterminera les
sites individuels.
Activités
Questions de réflexion
1. Quelles sont les différences majeures entre le circuit de distribution d’une entreprise
qui commercialise des produits tangibles et celui d’une entreprise qui propose des
produits de l’accueil et du tourisme ?
2. Une entreprise peut-elle avoir trop de membres dans son circuit de distribution ?
Expliquez votre réponse.
3. Pourquoi la franchise est-elle une forme de distribution en plein développement ?
Application
1. Présentez comment, selon vous, la technologie modifiera les circuits de distribution
dans les secteurs de l’accueil et du tourisme dans les cinq prochaines années.
2. Expliquez comment le développement des voyages internationaux a modifié les cir-
cuits de distribution dans les secteurs de l’accueil et du tourisme.
3. Selon l’Association internationale de la franchise, entre 30 et 50 % des nouveaux
candidats à la franchise sont des personnes qui travaillaient dans de grandes entre-
prises et ont perdu leur travail à cause d’une réduction de masse salariale. Comment
pensez-vous que ces cadres intermédiaires s’adapteront à la vie de propriétaires de
franchise ? Comment leur expérience professionnelle antérieure peut-elle les aider ?
Comment celle-ci peut leur causer du tort ?
Pour action
1. Visitez un restaurant qui propose un service à emporter. Qu’a-t-il mis en œuvre
pour faciliter ce service ? Par exemple, dispose-t-il d’une zone de commande ou de
livraison spéciale, propose-t-il des menus imprimés que les clients peuvent emporter
chez eux, accepte-t-il les commandes par téléphone, par fax ou via Internet, utilise-
t-il un emballage spécial pour les repas à emporter ? Notez ce que vous avez trouvé
ainsi que toute suggestion d’amélioration du service proposé.
2. Recherchez des franchises disponibles dans les secteurs de l’accueil ou du tourisme.
Choisissez une franchise que vous jugez être un bon investissement à partir de ce
que cette franchise propose et des frais que le franchisé facture. Justifiez votre choix
dans un rapport de deux ou trois pages.
3. Choisissez une entreprise de l’industrie de l’accueil ou du tourisme qui permet à ses
clients de réserver directement sur son site Internet. Quel sera le segment de clients
qui réservera par Internet ? Pensez-vous que la manière dont est conçu le site le rend
efficace ? Expliquez votre réponse.
Chapitre 14
La politique de communication
Objectifs
1 . Discuter des processus et des
L a construction d’un bon relationnel avec les
clients demande le développement d’une
bonne offre, la fixation d’un prix attractif et
avantages des communications une commercialisation pertinente auprès des
marketing intégrées dans la consommateurs ciblés. Les entreprises doivent
communication de la valeur également communiquer leurs offres. Toutes
client . leurs communications doivent être planifiées
2 . Définir les outils de communi- et soigneusement incorporées dans des poli-
cation et discuter des facteurs tiques de communication marketing intégrées
à considérer dans la création (Integrated Marketing Communication, IMC)1.
du mix de communication L’un des fondements de la communication
marketing intégrée .
d’une marque est son identité visuelle. Ainsi
3 . Décrire les étapes d’élaboration la marque Ibis du groupe AccorHotels a redé-
des communications marketing fini son identité visuelle en 2012 (création de
intégrées efficaces.
l’agence W&Cie du groupe Havas2), entraînant
4 . Définir les rôles des différentes la mise aux normes des 1 600 hôtels répartis
techniques dans le mix de dans 56 pays.
communication .
5 . Décrire les principales décisions
quant au mix de communication
marketing intégrée et les tech- 1. Le mix de communication
niques de communication .
ou politique de communication
La politique de communication d’une entre-
prise se compose du mix spécifique de
l’ensemble des techniques de communication :
publicité-médias, publicité événementielle,
publicité digitale, relations publiques, vente
personnelle, promotion des ventes et marketing
direct. Dans le même temps, la communication
marketing va au-delà de ces outils classiques.
Le savoir-être et la manière de s’habiller du
personnel en contact, la décoration des locaux
d’une entreprise, tout communique un message aux acheteurs. Chaque rencontre avec
la marque délivre une impression qui peut renforcer ou affaiblir l’image de l’entreprise
auprès du client potentiel.
Par exemple, l’uniforme dans les transports, surtout dans les avions, est de mise et
concourt à la communication de l’enseigne. Les pilotes, hôtesses de l’air et stewards, de
manière générale, ont des uniformes particulièrement soignés qui reflètent une image de
sérieux, donnant ainsi confiance aux passagers. L’uniforme des employés d’Air France a
été pensé par Christian Lacroix en 2005. Il est porté par 36 000 employés. Une centaine
d’uniformes ont été créés pour couvrir les 17 métiers d’Air France en contact avec la
clientèle. La couleur de base de l’uniforme est le bleu marine qui allie identité, élégance,
fonctionnalité, mais aussi rigueur et professionnalisme. Le rôle du rouge présent sur les
tenues est de dynamiser l’ensemble. L’apparence du personnel en contact doit toujours
être soignée, car la première impression des clients est déterminante pour la suite de la
relation.
3. Source : www.e-commercons.com
4. Source : www.lexpansion.com
Chapitre 14 – La politique de communication 385
segmentation plus affinée permet une meilleure adéquation de l’offre de Marmara aux
différents groupes de clients potentiels.
Enfin, les progrès des technologies de la communication engendrent des change-
ments importants dans la façon dont les entreprises et les clients communiquent. L’ère
numérique a donné naissance à une foule de nouveaux outils d’information et de
communication – des smartphones et tablettes aux systèmes de télévision par satellite et
par câble, jusqu’aux nombreuses utilisations d’Internet (e-mail, réseaux sociaux, blogs,
sites Web de la marque…). Ainsi un tour-opérateur comme FRAM communique à la
télévision mais aussi par e-mail avec ses clients.
5. J. Neff, “P&G Chief: We Need New Model Now”, Advertising Age, 15 novembre 2004.
6. J.-M. Décaudin et A. Bouguerra, La Communication marketing intégrée, 4e éd., Paris, Economica, 2011.
386 Marketing du tourisme et de l’accueil
La campagne Whopper Freakout de Burger King illustre l’intérêt d’une IMC. Pour célé-
Marketing en action 14.1
Publicité-médias Personnel
en contact
Messages de la marque
Promotion ou enseignes clairs,
cohérents et incontestables Relations publiques
des ventes
Marketing direct
7. “Integrated Campaigns”, Advertising Annual 2008, Communication Arts, p. 72-73 ; E.B. York, “‘Whopper
Freakout’ Wins Grand Effie”, Advertising Age, 4 juin 2009, http://adage.com/article?article_id=137066
Chapitre 14 – La politique de communication 387
Média
Bruit
Réponse Rétroaction
Pour obtenir un message efficace, le processus de codage du message doit concorder avec
le processus de décodage du récepteur. Ce modèle souligne plusieurs facteurs clés dans
une bonne communication. Les émetteurs ont besoin de connaître les attentes des cibles
pour construire leurs messages8 et, en particulier, d’identifier leur culture, leur mode
d’expression et la symbolique de leur langage.
Tableau 14.2 – Les étapes d’élaboration d’un plan de communication marketing intégrée
Tableau 14.2 – Les étapes d’élaboration d’un plan de communication marketing intégrée (suite)
Le format du message
Il faut définir un format approprié pour
le message : quadrichromie ou noir et
blanc pour une photo, musique connue
ou non pour un spot, utilisation d’un
mannequin inconnu ou d’une star…
12. Voir L.G. Schiffman et L.L. Kanuk, Consumer Behavior, 4 e éd., Upper Saddle River, Prentice Hall, 1991,
chap. 10 ; F.R. Kardes, “Spontaneous Inference Processes in Advertising: The Effects of Conclusion Omission
and Involvement on Persuasion”, Journal of Consumer Research, septembre 1988, p. 225-233.
13. Campagne conçue par l’agence BETC.
390 Marketing du tourisme et de l’accueil
Tableau 14.2 – Les étapes d’élaboration d’un plan de communication marketing intégrée (suite)
14. J. Bloom, “The Truth Is: Consumers Trust Fellow Buyers Before Marketers”, Advertising Age, 13 février 2006.
15. S. Kusumasondjaja, T. Shanka et C. Marchegiani, “Credibility of Online Reviews and Initial Trust: The Roles
of Reviewer’s Identity and Review Valence”, Journal of Vacation Marketing, n° 18, 2012, p. 185.
16. “Sheraton Wakes Up”, Hotels, janvier 2004, p. 20.
Chapitre 14 – La politique de communication 391
Stratégie push
Stratégie pull
Actions marketing
de l’enseigne
Focus 14.1
La communication de crise
Les secteurs du tourisme et de l’accueil sont sujets à de nombreuses crises. Qu’il
s’agisse de problème de destination (pays en guerre ou politiquement instables)
ou d’enseigne (un adolescent mort après avoir mangé chez Quick, rumeurs sur la
qualité des produits chez McDonald’s), toute crise engendre un questionnement sur
la communication à mettre en œuvre. Que faire, que dire lorsqu’on est touché par ce
problème ? Un certain nombre de recommandations peuvent être formulées.
En premier lieu, toute organisation devrait se préparer aux crises possibles et à la
communication de crise. Un restaurant spécialisé dans la viande, par exemple, peut
envisager les différentes crises susceptibles de le toucher : problème sanitaire sur
la viande, intoxication alimentaire, manifestation de groupes végétariens… Pour
chacune de ces crises, la direction doit étudier le plan de communication adéquat.
Si, malheureusement, une crise survient, l’entreprise aura déjà beaucoup d’éléments
pour réagir. Il est toutefois difficile d’être exhaustif dans le recensement des crises
éventuelles. De nouvelles formes peuvent apparaître à tout moment. Néanmoins,
l’apprentissage dû à la préparation de divers dossiers de communication de crise
renforce la réactivité de l’entreprise.
Dès que la crise se déclare, l’entreprise doit prendre un certain nombre de décisions.
La première d’entre elles est de choisir un porte-parole. Pour contrôler les messages
et éviter les multiples points de contact avec des journalistes, une personne unique
est la solution à adopter. Son choix mérite réflexion car on évalue l’importance de la
crise au niveau hiérarchique du porte-parole.
La crise subie par l’enseigne de restauration Buffalo Grill est révélatrice des
problèmes issus d’une absence de préparation. L’enseigne a été soupçonnée, fin
2002, d’avoir importé de la viande britannique après l’embargo de 1996 lié à la vache
folle. Logiquement, c’était au PDG, Christian Picart, qu’il revenait de communi-
quer. Toutefois, mis en examen, il ne put s’exprimer et s’est fait représenter par son
avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi. En parallèle, François Picart, le frère du
fondateur et président du conseil de surveillance, et son avocat, Me Emeric Ernoult,
prirent également la parole. Cette situation fut créatrice de troubles, d’autant plus
que les discours n’étaient pas homogènes.
La deuxième décision concerne le timing de la communication. Celle-ci doit
démarrer dès la révélation de la crise. Il ne faut pas laisser d’espace libre pour des
communications non maîtrisées par l’entreprise et provenant de sources multiples.
Cette communication doit, lorsque cela est possible, s’accompagner d’actions
directes montrant la détermination de l’entreprise à trouver de vraies solutions. Par
exemple, en 2014, les clients d’un luxueux hôtel sur l’île de Rhodes ont été victimes
d’une violente intoxication alimentaire ; 150 Français faisaient partie de ces clients
qui avaient réservé leur séjour par l’intermédiaire du tour-opérateur FRAM. Ce
dernier, bien que non responsable de cette intoxication, a réagi immédiatement en
promettant une indemnisation à ses clients.
Chapitre 14 – La politique de communication 393
18. Voir M.L. Rothschild, Advertising, Lexington, D.C. Heath, 1987, chap. 20.
394 Marketing du tourisme et de l’accueil
Toutefois la méthode du pourcentage des ventes se justifie mal. Elle considère à tort les
ventes comme la cause de la communication et non comme son résultat. Elle décourage
les augmentations de dépenses, parfois nécessaires pour inverser une chute des ventes.
Enfin, la méthode ne fournit pas de critère logique pour le choix d’un pourcentage précis,
en dehors du passé de l’entreprise ou de ce que font les concurrents.
4. La publicité-médias
La publicité est une bonne technique d’information et de persuasion. Très utilisée par
les entreprises, elle est gérée de différentes manières suivant les secteurs (tourisme,
restauration, hôtellerie…), la taille et l’organisation de l’annonceur. Le marketing doit
prendre cinq décisions importantes pour la création d’une campagne publicitaire (voir
figure 14.5).
19. The Hospitality Research Group of PKF Consulting, cité dans Hotel and Motel Management, 15 mai 2000,
p. 44.
Chapitre 14 – La politique de communication 395
Média-planning
20. L. Story, “Anywhere the Eye Can See, It’s Likely to See an Ad”, New York Times, 15 janvier 2007, p. A12 ;
J. Othmer, “Persuasion Gives Way to Engagement”, Vancouver Sun, 20 août 2009, p. A13.
396 Marketing du tourisme et de l’accueil
comme une visualisation, une phrase, ou une combinaison des deux. Il guidera le choix
des arguments spécifiques qui seront utilisés dans une campagne publicitaire.
Les arguments publicitaires ont trois caractéristiques :
• Tout d’abord, ils doivent être significatifs, soulignant les avantages qui rendent le
produit plus désirable ou intéressant pour les consommateurs.
• Deuxièmement, ils doivent être crédibles. Les consommateurs doivent croire que
l’offre ou le service délivrera les avantages promis. Toutefois, les bénéfices les plus
crédibles pour les consommateurs peuvent ne pas être les meilleurs à présenter dans
une publicité. Créer des arguments de message crédibles est difficile, de nombreux
consommateurs doutant de la véracité de la publicité.
• Les arguments devraient également être distinctifs. Ils devraient dire en quoi l’offre
est meilleure que celle des concurrents et ce, en adoptant un ton particulier (humo-
ristique, sérieux...).
Tirant profit des technologies interactives, de nombreuses entreprises demandent des
idées de messages directement aux consommateurs, en pratiquant le crowdsourcing avec
une certaine efficacité.
Les hôtels, resorts, B&B et croisiéristes doivent affronter un obstacle inhérent à une
communication efficace avec le client : l’intangibilité de l’offre. L’expérience d’un hôtel
est seulement faite au moment de l’achat ou après. Cette caractéristique générale des
services pose de véritables défis pour la création d’un message. « Une publicité peut
décrire un produit – un aliment, un bureau, un appareil d’exercice –, mais comment
fait-on pour illustrer un séjour à l’hôtel21 ? »
Style d’exécution du
Commentaires
message
Présenter une ou plusieurs personnes consommant l’offre dans un
contexte normal . Les restaurants Courtepaille ont montré dans des
La tranche de vie
annonces-presse des consommateurs qui partageaient un repas
agréable .
Montrer comment une offre correspond à un style de vie . Par
exemple, une compagnie aérienne qui fait de la publicité pour sa
classe affaires met en scène un homme ou une femme d’affaires
Le style de vie assis(e) dans un fauteuil dans un salon, buvant un verre et lisant un
journal . L’autre côté de la publicité présente la même personne dans
la même position de détente, avec un verre et un journal, dans l’un
des sièges de la classe affaires de la compagnie aérienne .
Le rêve Créer un monde étonnant autour de l’offre ou de sa consommation .
Construire une image autour de l’offre, telle que la beauté, l’amour ou
L’ambiance la sérénité. Aucune affirmation n’est faite au sujet de l’offre, sauf par
le biais de suggestions .
21. G. Withiam, “Hotel Advertising in the 80’s: Surveying the Field”, Cornell Hotel and Restaurant Administration
Quarterly, vol. 27, n° 1, 1986, p. 33-34.
Chapitre 14 – La politique de communication 397
Style d’exécution du
Commentaires
message
Certaines cultures semblent particulièrement réceptives à l’utilisation
de chansons à thème et à des mélodies dans la publicité . Les
Australiens utilisent souvent des mélodies simples mais accrocheuses
La musique
dans leurs publicités . Les Brésiliens utilisent souvent des adaptations
de musique de samba, particulièrement populaire pendant le
carnaval .
Le porte-parole Personnage créé ou choisi par la marque, tel Ronald McDonald ou,
de l’offre désormais, Happy de McDonald’s .
Le discours sur l’expertise joue sur la crédibilité du message .
L’expertise technique American Airlines utilise souvent l’expertise et insiste, en particulier,
sur celle de ses pilotes et mécaniciens .
Présentation d’une enquête ou d’une preuve scientifique de la
La preuve scientifique
supériorité de la marque .
Utilisation d’une source crédible (célébrités ou consommateurs
anonymes) . McDonald’s a choisi Yao Ming en Chine parce qu’il était
Le témoignage dynamique, amusant et bienveillant . L’entreprise a également plus
de 700 restaurants en Chine, où Yao Ming a été élu la personnalité la
plus populaire du pays22 .
Les créatifs ont différentes façons de développer des messages publicitaires. Bon nombre
d’entre eux commencent par parler aux consommateurs, à des experts et aux concur-
rents. D’autres imaginent les consommateurs qui utilisent le produit et déterminent les
bénéfices qu’ils recherchent.
22. “Celebrity Sweepstakes: In Advertising, the Answers Don’t Necessarily Lie in the Stars”, Nation’s Restaurant
News, 1er mars 2004, p. 24.
23. P. Malaval et J.-M. Décaudin, Pentacom, op. cit.
398 Marketing du tourisme et de l’accueil
doivent être achetés. Si 1 000 contacts qui ont cet impact coûtent 10 euros, le budget
publicitaire doit être de 31 500 euros (3 150 × 10 euros). En général, plus la couverture, la
fréquence et l’impact que l’annonceur recherche sont importants, plus le budget publi-
citaire doit être conséquent.
Le Gross Rating Point (GRP) représente la couverture brute d’une campagne de publicité.
Il correspond à l’indice de pression d’une campagne publicitaire. Les GRP sont déter-
minés en multipliant le taux de couverture par la fréquence. Dans l’exemple précédent,
une publicité diffusée dans un média qui dispose d’un taux de couverture de 70 % auprès
d’une certaine cible de consommateurs et d’une fréquence de trois expositions produi-
rait un GRP de 210. Chaque GRP est égal à 1 % du marché.
Les media planners tiennent compte de nombreux facteurs au moment du choix des
supports, en particulier des habitudes des consommateurs ciblés à l’égard des médias.
Internet, les réseaux sociaux, la radio et la télévision, par exemple, sont les meilleurs
supports pour atteindre les adolescents. La nature de l’offre affecte également ce choix.
Les destinations touristiques sont mieux mises en valeur dans des magazines en couleur.
Les publicités des fast-food ciblant les jeunes enfants sont plus efficaces à la télévision.
Lorsque les budgets de communication sont suffisamment importants, l’agence de
communication de l’annonceur utilise un logiciel de médiaplanning pour optimiser
l’efficacité de sa campagne de publicité.
peuvent sur les annonceurs et les offres. Les scores de mémorisation indiquent le pouvoir
d’une publicité à être remarquée et mémorisée.
Dans les tests de reconnaissance, il est demandé aux lecteurs, par exemple d’un numéro
de magazine en particulier, de signaler ce qu’ils ont vu. Les scores de reconnaissance
peuvent être utilisés pour évaluer l’impact de la publicité sur différents segments du
marché et pour comparer les publicités de l’entreprise à celles des concurrents.
La meilleure mesure de l’efficacité de la publicité serait sa contribution à l’évolution des
ventes de l’entreprise. Cette mesure reste extrêmement difficile à réaliser.
Une fois que le manager des RP a identifié les opportunités, les objectifs et priorités
peuvent être définis. Des objectifs spécifiques sont fixés pour chaque campagne de RP.
Les relations publiques peuvent servir à :
• construire la notoriété : les RP peuvent recourir au storytelling dans les médias pour
attirer l’attention sur le produit, le service, l’organisation ou une idée ;
• construire la crédibilité : les RP ajoutent de la crédibilité en communiquant un
message dans un contexte éditorial ;
• stimuler la force de vente et les intermédiaires du circuit de distribution : les RP
peuvent aider à motiver la force de vente et les franchisés. Les histoires positives à
propos d’un nouveau plat feront bonne impression sur les clients, les employés et les
franchisés d’une chaîne de restaurants ;
• diminuer les coûts de communication : les coûts des RP sont inférieurs à ceux du
marketing direct et de la communication média. Plus le budget publicitaire de l’entre-
prise est faible, plus il lui faut utiliser les RP pour gagner de la notoriété.
Pour assurer le succès d’une campagne de RP, il faut qu’un message cohérent soit délivré
à une cible par un moyen approprié. Les professionnels des RP identifient soigneusement
les publics qu’ils souhaitent atteindre. Ils les étudient et trouvent les médias permettant
de délivrer leur message. Ils cernent les questions importantes pour le public et forment
le message afin qu’il semble naturel et logique pour l’audience cible.
Les responsables des RP sont désormais prêts à identifier et développer des histoires
intéressantes (storytelling) au sujet de l’enseigne et de l’offre. Le challenge est de créer
l’actualité plutôt que de la trouver. Il peut s’agir d’accueillir des conventions académiques
importantes, d’inviter des orateurs célèbres, de tenir des conférences d’actualité. Chaque
événement représente une opportunité pour développer une multitude d’histoires pour
différentes cibles.
La mise en œuvre du plan de RP doit prendre en compte la question du placement des
messages dans les médias. Une information passionnante est facile à placer. Toutefois,
la plupart des articles de presse sont loin d’être géniaux et n’attireront certainement pas
l’attention des éditeurs. Un atout essentiel des publicitaires tient dans leurs relations
personnelles avec les professionnels des médias. Les professionnels des RP sont souvent
d’anciens journalistes dont le carnet d’adresses est la garantie de la qualité du travail.
Les RP demandent un soin particulier lorsqu’elles impliquent l’organisation d’évé-
nements spéciaux tels que des banquets, des conférences d’actualité ou des concours
nationaux. Les professionnels doivent prêter attention aux détails et rapidement trouver
des solutions lorsque les choses vont mal. La plupart des hôtels ont un plan de gestion de
crise inclus dans leur plan de RP. Ils y définissent qui peut parler aux médias et qui ne
devrait pas leur parler. Ces plans précisent généralement que le personnel ne devrait pas
répondre aux médias et que toute question doit être redirigée vers le directeur des RP.
La mesure la plus facile de l’efficacité des RP est le nombre d’expositions dans les médias.
Les publicitaires fournissent à leurs clients des books répertoriant les coupures de presse,
qui montrent tous les médias ayant véhiculé l’information à propos du produit, et un
résumé tel que celui-ci : « La couverture média est de 3 500 articles et photographies dans
350 publications avec une diffusion combinée de 79,4 millions ; 2 500 minutes d’antenne
sur 290 stations de radio et une audience estimée de 65 millions ; 660 minutes d’antenne
sur 160 chaînes de télévision pour une audience estimée de 91 millions. Si ce temps et
cet espace avaient été achetés au tarif publicitaire, le montant aurait été de 1 047 000
dollars24. »
Cette mesure de l’exposition n’est pas suffisante. Il n’y a aucune indication à propos du
nombre de personnes qui ont réellement lu le message, en ont entendu parler ou s’en
souviennent. Il n’y a pas d’information sur l’audience nette atteinte parce que les publi-
cations se chevauchent dans le lectorat. Comme l’objectif de la communication via les
RP est atteint, pas la fréquence, il serait utile de connaître le nombre d’expositions non
dupliquées. Il est aussi important que cette communication atteigne les marchés cibles.
Une faiblesse commune aux communications via les RP est que les personnes exposées
ne font pas partie du marché cible de l’entreprise.
Une meilleure mesure est le changement de notoriété, de compréhension ou d’attitude
qui résulte d’une campagne. Par exemple, combien de personnes se souviennent d’avoir
entendu parler du nouveau menu ? Combien en ont parlé à d’autres (une mesure du
bouche à oreille) ? Combien ont changé d’avis après en avoir entendu parler ?
L’impact sur les bénéfices est la mesure la plus satisfaisante. Une campagne de RP correc-
tement planifiée fait généralement partie d’une campagne de communication intégrée.
Il est donc très difficile d’isoler l’impact de la campagne de RP.
24. D. Carter, The Final Frontier: The Rise and Fall of the American Rocket State, Londres, Verso, 1988 ;
C.D. Coffman, Marketing for a Full House, Ithaca, School of Hotel Administration, Cornell University, 1975 ;
J. Trux, The Space Race, from Sputnik to Shuttle: The Story of the Battle for the Heavens, Londres, New English
Library, 1985.
402 Marketing du tourisme et de l’accueil
Sélectionner
Fixer les objectifs Trouver les idées
les techniques
créatives
promotionnelles
Les objectifs de promotion des ventes varient largement : augmenter les ventes à court
terme, essayer une nouvelle offre, éloigner les consommateurs de la concurrence,
retenir et récompenser les clients fidèles… La promotion des ventes devrait contribuer à
construire l’attachement des consommateurs à la marque, à communiquer le position-
nement de l’offre et à inclure un message de vente.
6.2. Le budget
Enfin, le marketeur doit décider du budget à consacrer à la promotion. Il peut être déve-
loppé de deux manières. Le marketeur peut choisir les promotions et estimer le coût total,
ou utiliser un pourcentage du budget total de communication. Une étude a montré que les
principaux problèmes rencontrés par les entreprises pour fixer leur budget de promotion
Chapitre 14 – La politique de communication 403
des ventes tiennent à ce qu’elles ne prennent pas en compte l’efficacité des coûts, et qu’au
lieu de prévoir leurs dépenses pour atteindre les objectifs, elles reportent tout simplement
les dépenses de l’année précédente ou prennent un pourcentage des ventes attendues.
25. G.H. Lucas, Jr., A. Parasuraman, R.A. Davis et B.M. Enis, “An Empirical Study of Salesforce Turnover”,
Journal of Marketing, juillet 1987, p. 34-59.
26. Voir C. Garfield, Peak Performers: The New Heroes of American Business, New York, Avon Books, 1986 ;
“What Makes a Supersalesperson?”, Sales and Marketing Management, 23 août 1984, p. 86 ; “What Makes a
Top Performer?”, Sales and Marketing Management, mai 1989 ; T.J. Trow, “The Secret of a Good Hire: Profi-
ling”, Sales and Marketing Management, mai 1990, p. 44-55.
27. D. Moyer et H.A. Greenberg, “What Makes a Good Salesman?”, Harvard Business Review, juillet-août 1964,
p. 119-125.
28. Voir G.A. Churchill, Jr., N.A. Ford et O.C. Walker, Jr., Sales Force Management: Planning, Implementation,
and Control, Homewood, Richard D. Irwin, 1985.
404 Marketing du tourisme et de l’accueil
Les entreprises utilisent des incitatifs pour stimuler la force de vente. Elles instaurent
des concours de vente pour motiver les personnels en contact. Les directeurs des ventes
d’hôtel offrent parfois aux lauréats des vacanwces dans des propriétés du groupe.
Quand les gagnants visitent une propriété, ils sont présentés au service commercial et
apprennent souvent de nouvelles techniques. À son tour, cette information est trans-
mise aux autres commerciaux quand, à leur retour, les lauréats font un rapport lors
d’une réunion de vente.
8. Le marketing direct
La plupart des outils de marketing et de communication examinés précédemment ont
été élaborés dans un contexte de marketing de masse : cibler de grands marchés avec
des messages standardisés et les diffuser par des médias. La tendance actuelle est à un
marketing plus ciblé. Dans cette perspective, de nombreuses entreprises adoptent le
marketing direct comme principale approche de communication.
Il consiste à mettre directement en contact l’entreprise avec des consommateurs indi-
viduels ou acheteurs professionnels soigneusement ciblés, à la fois pour obtenir une
réponse immédiate et pour cultiver des relations clients durables. Par le marketing direct,
les marketeurs communiquent directement avec les clients, de manière individuelle et
interactive. À l’aide de bases de données clients, ils adaptent leurs offres marketing et
leurs communications aux besoins de segments étroitement définis ou même d’ache-
teurs individuels. De plus, les entreprises interagissent directement sur leur site Internet,
les forums et les réseaux sociaux pour développer les relations avec les consommateurs,
attirer de nouveaux clients, prendre les commandes et réservations, et fournir un service
à la clientèle. Les compagnies aériennes, les hôtels et d’autres entreprises construisent
des relations solides par l’intermédiaire de programmes de récompenses. Elles utilisent
leur base de données clients pour faire correspondre plus précisément leur offre à leurs
clients. Elles approchent un stade où les offres sont envoyées uniquement aux clients et
prospects qui ont le pouvoir d’achat et le désir d’acheter le produit. Les taux de réponse
obtenus sont en général plus élevés qu’avec de la publicité classique. Le marketing direct
est ainsi largement utilisé dans les industries du tourisme et de l’accueil.
Par exemple, les hôtels peuvent développer une offre unique destinée aux particuliers en
proposant un forfait spécial week-end pour l’anniversaire de mariage du client, si cette
information est dans la base de données marketing. McDonald’s, Burger King et d’autres
restaurants de fast-food élaborent des clubs anniversaire et envoient des avis de rappel
aux parents, proposant que l’anniversaire de leur enfant ait lieu dans leur restaurant. Ces
deux exemples montrent que le timing est un autre avantage du marketing direct pour
toucher le client au bon moment.
La communication digitale (e-mail, SMS…) renforce l’impact du marketing direct et son
intérêt pour les entreprises du tourisme et de l’accueil.
29. P. Kotler, K. Keller et D. Manceau, Marketing Management, 15e éd., Montreuil, Pearson, 2015.
30. M.J.A. Berry et G. Linoff, Data Mining Techniques, New York, Wiley, 1997.
31. R. Groth, Data Mining, Upper Saddle River, Prentice Hall, 1999.
406 Marketing du tourisme et de l’accueil
Note : Le marketing traditionnel est aussi envisagé comme un marketing transactionnel dans
lequel chaque vente est considérée comme un événement particulier .
L’e-mailing
Le mailing est remplacé de plus en plus par l’e-mailing, rapide à mettre en œuvre, écono-
mique et écologique. L’e-mail de marque fonctionne sur le principe de l’opt-in (accord
formel de l’internaute pour le recevoir)32, ce qui évite, a priori, son caractère intrusif.
C’est le principe du « permission marketing 33 ». John Martin a dressé une liste des carac-
téristiques d’un e-mail efficace :
• Le message d’accueil doit être personnalisé et les autres destinataires du message ne
doivent pas être visibles.
• Le nom de l’entreprise qui envoie le message est identifié.
• L’objet doit être pertinent pour l’internaute et correspondre à ses centres d’intérêt.
• Les messages électroniques doivent être courts. Ils ne devraient pas utiliser plus
de soixante-cinq caractères par ligne. Certains navigateurs coupent les lignes trop
longues, créant un problème de formatage.
• Le message textuel est le format à privilégier, certains navigateurs n’acceptant pas les
messages HTML-amélioré34.
La souplesse d’utilisation des e-mails autorise une très grande réactivité. Un propriétaire
de gîtes peut ainsi décider d’une promotion et la proposer à son fichier clients en moins
de 24 heures s’il constate une baisse dans les réservations.
Une technique d’e-mailing permettant de soigner la relation avec le client est la news-
letter. Néanmoins, la multiplication de ces newsletters impacte négativement le taux
de lecture. Pour attirer l’attention de l’internaute, l’information diffusée doit être de
qualité, intéressante pour lui et présentée dans un format court et percutant. Le contenu
de la lettre doit être le plus personnalisé possible et tenter de faire interagir le lecteur.
Enfin, le contenu de la newsletter doit être connecté aux réseaux sociaux.
32. Il est obligatoire de proposer l’opt-out (demande de l’internaute afin d’être supprimé des fichiers).
33. S. Godin, Permission marketing, Paris, Maxima, 2011.
34. J. Martin, “How to Use E-Mail Marketing to Increase Occupancy”, HSMAI Marketing Review, été 2001, p. 27-29.
408 Marketing du tourisme et de l’accueil
35. Symantec, “The State of Spam and Phishing: Home of the Monthly Report”, www.symantec.com/business/
theme.jsp?themeid=state_of_spam.
36. Source : Syndicat national de la communication directe, Mobile Marketing Attitude, édition 2013.
37. G. Baillie, “Why the Travel Industry Needs to Wake Up to Mobile”, EyeforTravel, 7 juillet 2011.
Chapitre 14 – La politique de communication 409
9. La communication digitale
Environ 97 % des Français possèdent un mobile. Coca-Cola dispose de près de 60 millions
de fans à travers le monde. Plus d’un tiers de la population mondiale a accès à Internet.
Ces quelques chiffres montrent l’importance du digital aujourd’hui 38 et ouvrent des
perspectives nouvelles de service. Ainsi McDonald’s permet à ses clients de commander
en ligne via un ordinateur, une tablette ou un smartphone. Outre le service rendu au
client (suppression de l’attente aux comptoirs de commande) et l’amélioration de la logis-
tique du restaurant, cette possibilité permet de mieux connaître les clients et leurs goûts,
facilitant la personnalisation des programmes promotionnels.
Les évolutions technologiques rendent cette technique de plus en plus efficace et de plus
en plus riche en contenus. Par exemple, le podcasting et le vodcasting sont des techno-
logies mobiles à la demande. Les consommateurs peuvent télécharger des fichiers audio
(podcasts) ou vidéo (vodcasts) par Internet sur un appareil mobile, puis les écouter ou
les regarder quand et où ils le souhaitent. Les entreprises du tourisme et de l’accueil
intègrent maintenant des podcasts et des vodcasts dans leurs programmes de marketing.
Par exemple, le Walt Disney World Resort propose chaque semaine des podcasts sur
divers sujets, notamment des visites dans les coulisses, des interviews, des événements à
venir et des informations à propos de nouvelles attractions39.
La communication B to C, B to B et C to C
La communication digitale B to C initie un processus d’échange avec les internautes.
Alors que la publicité-médias cible une audience passive, la communication digitale cible
des personnes en fonction des sites visités, des informations recherchées.
Le marketing digital B to B est utilisé pour envoyer des e-mails, pour présenter des cata-
logues de produits en ligne, des réseaux d’échanges commerciaux en ligne, et d’autres
ressources disponibles sur Internet pour atteindre de nouveaux clients organisation-
nels, pour servir les clients actuels plus efficacement et pour acheter de manière plus
efficace et à de meilleurs prix. Selon le SNCD40, après avoir reçu un e-mail publicitaire,
44 % des destinataires professionnels visitent le site de l’expéditeur, 20 % remplissent un
formulaire de contact, 17 % font une demande de devis et 12 % contactent directement
l’entreprise par téléphone.
La communication C to C intervient entre consommateurs intéressés par les mêmes
thématiques. Le site TripAdvisor permet aux internautes intéressés par un voyage de
s’informer des expériences vécues par d’autres.
La communication C to B
Le dernier domaine est la communication C to B, consommateur vers organisation/
entreprise. Grâce à Internet, les consommateurs d’aujourd’hui peuvent facilement
communiquer avec les entreprises. La plupart des entreprises invitent maintenant les
prospects et les clients à leur envoyer leurs suggestions et leurs questions via leurs sites
Internet. Les consommateurs peuvent aussi utiliser des sites tels que PlanetFeedback.
com pour poser des questions, proposer des suggestions, déposer des réclamations ou
féliciter des entreprises. Ce site vise à aider les consommateurs à « faire entendre leur
voix » et à aider les entreprises à « ouvrir leurs oreilles ». Il fournit des modèles de lettre
que les consommateurs peuvent utiliser en fonction de leur humeur et des raisons pour
lesquelles ils veulent communiquer avec l’entreprise. Le site transmet ensuite les lettres
au manager du service client au sein de chaque entreprise et aide à obtenir une réponse.
40. Source : étude « E-mail Marketing Attitude 2014 : le comportement des professionnels face à l’e-mailing de
prospection ».
Chapitre 14 – La politique de communication 411
Élaborer un concept clair sur la façon dont l’entreprise devrait tirer parti d’Internet
Une entreprise peut développer une présence sur Internet de plusieurs manières. Elle
peut utiliser Internet pour faire des recherches, fournir de l’information, mener des
forums de discussion, offrir des programmes de formation qui traitent de l’achat et de
la vente en ligne (c’est-à-dire du e-commerce), proposer des enchères ou des échanges en
ligne, et même livrer des « octets » aux clients.
Le site Internet de l’entreprise doit être attrayant, pertinent, si elle souhaite que les inter-
nautes reviennent. Les entreprises doivent utiliser un graphisme moderne, du son et
des vidéos. Elles doivent ajouter des actualités hebdomadaires ou spécifiques (ex. : « La
semaine prochaine : les recettes d’été du chef Lambert »). Le site peut être développé
pour fournir une aide précieuse, comme un lien vers une carte montrant l’emplacement
de l’hôtel ou du restaurant.
L’entreprise doit regarder son site d’un œil critique et se poser un certain nombre de
questions : pourquoi vouloir surfer sur notre site ? Le site se charge-t-il rapidement ou un
visiteur quittera-t-il le site du fait d’une trop grande lenteur d’affichage ? Qu’est-ce qui est
intéressant dans notre site ? Pourquoi vouloir revenir sur notre site ?
41. M. Slatalla, “Toll-Free Apology Soothes Savage Beast”, New York Times, 12 février 2004, p. G4, et www.
planetfeedback.com/consumer
412 Marketing du tourisme et de l’accueil
Développer la présence
sur les réseaux sociaux Utiliser l’e-mail
Mise en place
du marketing en ligne
Les vidéos diffusées sur YouTube, les web-séries et autres spots disponibles sur Facebook
permettent la diffusion de messages très complets pour des coûts faibles. Ainsi Ibis, lors
de la rénovation de ses hôtels, a lancé quatre spots sur Internet pour montrer la qualité
des nouvelles chambres.
Selon les résultats d’une enquête parrainée par la National Restaurant Association, 69 %
des managers de restaurant utilisent les médias sociaux pour promouvoir leurs restau-
rants. C’est le taux le plus élevé parmi tous les types de supports, suivi par les bons de
réduction (58 %), l’e-mail (56 %), les journaux (45 %) et les annonces en ligne (45 %). Les
hôtels recrutent maintenant des community managers à temps plein. Une participation
réussie aux réseaux sociaux en ligne soulève des défis. Les communautés Internet sont en
grande partie contrôlées par l’utilisateur. L’objectif de l’entreprise est de faire en sorte que la
marque occupe une partie des conversations et de la vie des consommateurs. Toutefois, les
marketeurs ne peuvent pas s’immiscer dans les interactions en ligne entre consommateurs,
ils ont besoin de gagner le droit d’être là. Selon un spécialiste, « il s’agit de conversations
entre groupes d’amis et une marque n’a aucun droit d’être dans ces conversations, à moins
que la conversation ne traite déjà de cette marque ». Un autre expert dit : « Ētre confronté
à un contenu non pertinent alimenté de force ou se sentir trompé par une marque ruine
tous les efforts de marketing via les médias sociaux. » Plutôt que d’être intrusifs, les marke-
teurs doivent apprendre à devenir membres à part entière de l’expérience en ligne. L’un des
objectifs du plan « réseaux sociaux » d’une entreprise devrait être de créer un dialogue avec
ses clients. Écouter ce que les gens disent au sujet d’une entreprise est l’un des avantages que
les réseaux sociaux fournissent, notamment pour les managers.
Les sites suivants offrent aux consommateurs des avis au sujet d’hôtels ou de restau-
rants : TripAdvisor.com, LaFourchette.com, Local.yahoo.com, CitySearch.com, Yelp.
com, HotelChatter.com, OpenTable.com, Expedia.com, Booking.com.
Écouter ses clients est positif, mais s’engager dans le dialogue est encore mieux. Il est
souvent possible de participer à la réparation d’un service défaillant lorsque quelqu’un
poste une plainte. Les managers hésitent généralement à répondre aux commentaires
négatifs : certains considèrent que l’ensemble du personnel fait tout son possible pour
offrir des services de qualité ; d’autres se plaignent qu’ils n’ont tout simplement pas le
temps de s’en occuper. C’est pourquoi le poste de manager des médias sociaux est en
train d’émerger.
43. Voir P. Han et A. Maclaurin, “Do Consumers Really Care About Online Privacy?”, Marketing Management,
janvier-février 2002, p. 35-38.
414 Marketing du tourisme et de l’accueil
En réponse à ces préoccupations, les gouvernements mettent en place des mesures légis-
latives pour réglementer la façon dont les opérateurs Internet obtiennent et utilisent les
informations à propos des consommateurs.
En France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) veille à ce
que « l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité
humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou
publiques44 ».
La CNIL :
• a un pouvoir de conseil, de contrôle sur site et de sanction administrative ;
• anime le réseau des correspondants « Informatique et Libertés » ;
• analyse les conséquences des nouveautés technologiques sur la vie privée ;
• travaille en étroite collaboration avec ses homologues européens et internationaux.
En 2014, la CNIL a reçu 11 071 demandes de la part de citoyens dont 5 825 plaintes, soit
3 % de plus qu’en 2013, et 5 246 demandes d’accès indirect aux fichiers de police et de
gendarmerie. 39 % des plaintes concernent des problématiques d’e-réputation : suppres-
sion de textes, photographies, vidéos, coordonnées, commentaires, faux profils en ligne,
réutilisation de données publiquement accessibles sur Internet, etc.
À l’occasion de l’adoption de la loi du 17 mars 2014 relative à la consommation, la CNIL
s’est vu reconnaître la possibilité d’effectuer des contrôles en ligne, lui permettant de
constater à distance, depuis un ordinateur connecté à Internet, des manquements à la
loi Informatique et Libertés. En 2014, le débat public s’est fortement structuré autour de
la protection des données personnelles et des libertés numériques en France et ailleurs.
La commission a publié en janvier 2015 ses propositions, qui comptent notamment un
droit à l’oubli pour les mineurs, des sanctions renforcées, la saisine systématique de la
CNIL dans le cadre des propositions de loi. Le projet de règlement européen sur les
données personnelles sera un enjeu central, de même que les mesures visant à une lutte
coordonnée de l’Europe contre le terrorisme (Passenger Name Record, etc.).
Si les usagers ne font pas confiance aux services de l’économie numérique, ils ne les utili-
seront pas. Cette exigence de confiance est fondamentale, mais elle est encore loin d’être
satisfaite, à en croire plusieurs études menées par la Commission européenne : ainsi
plus de 90 % des Européens s’inquiètent du fait que des applications mobiles collectent
leurs données sans leur consentement45. De nombreuses entreprises ont répondu aux
préoccupations des consommateurs à l’égard de leur vie privée et en matière de sécu-
rité en prenant des mesures qui leur sont propres. Des entreprises comme Expedia ont
effectué des vérifications volontaires de leurs politiques en matière de confidentialité et
de sécurité. Il est important de protéger la vie privée et les droits des consommateurs. La
confiance est l’un des actifs les plus importants d’un manager et d’une entreprise.
Synthèse
• La communication est une variable essentielle du marketing mix d’une entreprise de
l’accueil ou du tourisme, en raison de l’importance de l’image des marques dans les
processus d’achat des consommateurs.
• La définition d’un plan de communication doit tenir compte de l’évolution de
l’environnement et, en particulier, de la digitalisation des comportements des
consommateurs. Dans le cadre d’une communication marketing intégrée, le mix de
communication donne de plus en plus de poids aux techniques digitales, au détriment
des techniques traditionnelles. Le principe de la communication marketing intégrée
repose sur la diffusion d’un message unique à travers une multiplicité de techniques.
• Il existe quatre grandes méthodes de définition d’un budget de communication :
utiliser les ressources disponibles, calculer un pourcentage des ventes, s’aligner sur la
concurrence, l’établir à partir des objectifs et des moyens.
• La publicité-média reste encore très importante dans le mix de communication, en
particulier pour sa capacité à développer la notoriété et à améliorer les images. Les
principales questions à traiter sont la création du message publicitaire et le média-
planning. Les campagnes doivent être pré- et post-testées pour en mesurer l’efficacité.
• Les relations publiques contribuent à créer la réputation de l’enseigne en jouant sur
des relais d’information tels que des journalistes.
• La promotion des ventes : il s’agit d’une incitation à court terme à l’achat, reposant
souvent sur une offre prix. L’intérêt de la promotion des ventes est son efficacité à
court terme qui en fait un outil de communication très réactif.
• Comme dans tous les secteurs des services, le rôle du personnel en contact est celui
d’une vraie technique de communication. Responsable de la communication directe
avec le client, la force de vente doit être managée par la direction de la communication
pour optimiser son efficacité.
• Fondé sur la gestion des bases de données, le marketing direct s’exprime de plus en
plus à travers l’e-mailing. L’évolution de cette technique permet de s’orienter vers un
marketing relationnel garant de la qualité de la relation client.
• La communication digitale est la technique de communication qui s’est le plus déve-
loppée ces dernières années. À côté d’investissements indispensables tels qu’un site
Internet, un blog, des actions de display, etc., la communication C to C est certai-
nement le phénomène le plus intéressant à analyser et à intégrer dans la stratégie de
communication d’une enseigne du tourisme ou de l’accueil.
Activités
Questions de réflexion
1. La majorité des internautes consulte les avis avant de choisir un restaurant ou un
hôtel. Il semble que de nombreux avis soient faux, diffusés par exemple par des
concurrents. Quelle est votre opinion sur la question ? Faut-il interdire les avis ?
2. Un hôtel de luxe dont l’offre comprend l’organisation de séminaires professionnels
peut-il se contenter d’une communication exclusivement digitale ?
3. Quel est le rôle du personnel en contact et de la force de vente dans la construction
de l’image de la marque d’un tour-opérateur ?
4. Les cibles de communication sont-elles toujours identiques aux cibles marketing ?
5. Une enseigne de tour-opérateur doit-elle utiliser la même communication dans tous
les pays où elle commercialise son offre ?
Application
1. Prenez l’exemple de la communication du Club Med et expliquez-la en vous appuyant
sur le modèle de communication marketing intégrée.
2. Comment faire pour retenir l’attention des consommateurs dans les publicités dif-
fusées à la télévision ?
3. Les mailings et les e-mails sont souvent critiqués par les consommateurs. Comment
faire pour les rendre attractifs ?
4. Quelle est la véritable concurrence de la SNCF et comment doit-elle communiquer
pour lui résister ?
5. Quel est le rôle de Facebook dans la communication d’un hôtel ou d’un restaurant ?
Pour action
1. Rencontrez le directeur ou la directrice des ventes d’un hôtel, d’une agence de
voyages ou d’un restaurant et demandez-lui de vous présenter son plan de commu-
nication. Demandez-lui de vous expliquer le processus qu’il ou elle a utilisé pour le
développer.
2. Choisissez le site d’un tour-opérateur. Trouvez de l’information sur Internet qui
vous serait utile si vous aviez à développer la communication de cette société. Expli-
quez comment vous exploiteriez cette information.
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