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Les cendres de l’ombre
Les cendres de l’ombre
Les cendres de l’ombre
Livre électronique234 pages1 heure

Les cendres de l’ombre

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À propos de ce livre électronique

Dans les entrailles incandescentes de Marseille, Kaïs, adolescent écorché par l’abandon, se bat pour préserver l’innocence de son jeune frère et se frayer un chemin dans un univers gouverné par la loi du plus fort. Soutenu par Elias, son frère d’armes, il gravit les strates d’un empire souterrain, jusqu’à en devenir l’un des maîtres les plus redoutés. Mais derrière chaque conquête se cache une dette. "Les cendres de l’ombre" déploie une fresque où l’amitié vacille entre fidélité et trahison, et où chaque décision pèse comme un destin. Un récit intense, sans concession, au cœur d’un chaos urbain aussi brutal qu’humain.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Ziad Arfa considère l’écriture comme un acte de résistance – une façon d’explorer les replis obscurs de l’âme, de réparer les fêlures invisibles, de lutter contre l’oubli. "Les cendres de l’ombre" est né d’un besoin urgent : dire la complexité des choix et la beauté fragile des liens dans un monde en ruine. À travers Kaïs, l’auteur prête sa voix à ceux qu’on oublie, qu’on préfère taire.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie10 sept. 2025
ISBN9791042285319
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    Aperçu du livre

    Les cendres de l’ombre - Ziad Arfa

    Prologue

    Le vent soufflait avec douceur sur les rues ensoleillées de Marseille. Le soleil, haut dans le ciel, baignait les ruelles d’une lumière chaleureuse, faisant scintiller la mer qui s’étendait non loin de là. Ce fut à cet endroit vibrant que tout commença.

    Ce jour-là, un jeune garçon courait à travers les ruelles étroites, le visage marqué par l’ardeur et l’énergie propre aux âmes indomptables. Il se nommait Kaïs. Un enfant au regard ardent, d’un courage presque démesuré pour son âge.

    Son souffle court résonnait contre les murs de pierre, accompagnant les rires qu’il lançait à chaque virage, comme s’il défiait le monde lui-même. Il connaissait ces rues par cœur : le vieux quartier du Panier, ses escaliers abrupts, ses murs tagués, ses odeurs mêlées de sel et de suie. C’était son royaume. Et malgré la dureté de la vie, ici, il se sentait vivant.

    Kaïs et son petit frère Adam n’avaient connu que trop tôt la douleur de la perte. Le destin, cruel et implacable, leur avait arraché leurs parents dans un accident de voiture alors qu’Adam n’avait que quatre ans. Kaïs, lui, en avait huit. Depuis ce jour, ils avaient été ballottés de foyer en foyer, passant de famille d’accueil en famille d’accueil, sans jamais trouver un vrai foyer.

    Chaque chambre qu’ils occupaient avait la même odeur : celle du renfermé, du temporaire, du désespoir silencieux. Les murs changeaient, mais le froid restait. Les adultes qui les prenaient en charge avaient tous ce regard éteint, ce sourire de façade, cette routine dans la voix quand ils disaient : « Ici, vous serez bien. » Kaïs n’y croyait plus. Il savait que tout ça n’était qu’un passage. Une énième escale avant le prochain abandon.

    Kaïs avait grandi avec cette certitude : il ne pouvait compter que sur lui-même. Il était le seul rempart entre son frère et un monde qui ne leur avait offert que des coups. Ce besoin de protéger Adam, cette rage silencieuse contre l’injustice, avaient forgé en lui une force brute et un courage hors du commun. Il n’avait peur de rien. Ni des ombres des bâtiments anciens, ni des tempêtes grondantes, ni même des adultes qui élevaient la voix. Il était ce genre d’enfant qui s’élançait le premier sans réfléchir, toujours prêt à défendre ce qui lui semblait juste. Mais plus encore, il était d’une gentillesse rare, d’une loyauté sans faille pour ceux qu’il aimait.

    Il se souvenait d’une nuit, dans un des foyers, où Adam s’était réveillé en pleurs. Il avait couru jusqu’à son lit, l’avait serré contre lui et lui avait promis, les yeux pleins de larmes qu’il cachait dans l’obscurité, qu’il ne laisserait plus personne les séparer. C’était ce genre de promesse silencieuse qui faisait de Kaïs un enfant pas comme les autres. Il portait sur ses épaules un poids que bien des adultes n’auraient pas supporté.

    Ce fut alors qu’il le vit. Un autre enfant, assis au pied d’un vieux muret, les bras repliés autour de ses jambes, observant distraitement les vagues danser au loin. Il semblait seul, perdu dans ses pensées, comme un étranger dans un monde qui ne lui appartenait pas. Ses vêtements étaient un peu trop grands, ses cheveux en bataille. Son regard portait une lueur de tristesse, une solitude que Kaïs reconnut instantanément. Sans hésiter, il s’approcha.

    — Tu es nouveau ici ? demanda-t-il d’un ton enjoué.

    L’autre leva les yeux, hésitant. Il n’avait pas l’habitude qu’on l’aborde ainsi, encore moins avec tant d’assurance. Il hocha la tête.

    — Je m’appelle Kaïs. Et toi ?

    Un silence. Puis une réponse murmurée :

    — Elias.

    — Elias, répéta Kaïs avec un sourire. Ça sonne bien.

    Il s’installa à côté de lui sans se soucier de savoir s’il était le bienvenu ou non. Pendant un moment, ils restèrent là, à écouter le murmure du vent et le bruit lointain des vagues. Puis, brusquement, Kaïs se leva d’un bond.

    — Viens avec moi !

    Elias le regarda, perplexe.

    — Où ça ?

    — À l’aventure, évidemment !

    Et sans attendre de réponse, Kaïs lui tendit la main. Elias hésita, un instant seulement. Puis, lentement, il glissa sa main dans celle de Kaïs. Et ce fut ainsi que tout commença.

    Ils coururent longtemps, traversant les ruelles animées, croisant les vendeurs de glaces, les touristes égarés, les commerçants qui râlaient à haute voix. Kaïs montra à Elias son endroit préféré : une vieille terrasse abandonnée sur les hauteurs, avec vue sur la mer. Là, ils s’assirent, essoufflés, riant pour rien.

    Dès ce jour, ils devinrent inséparables. Ils se partageaient tout : leurs jeux, leurs rêves, leurs espoirs. Elias trouvait en Kaïs une lumière qu’il n’avait jamais connue, une chaleur qui lui manquait. Et Kaïs voyait en Elias un frère, un compagnon d’armes prêt à le suivre partout, même dans les pires folies.

    Il y eut des après-midi entiers passés à imaginer des mondes où ils étaient invincibles, des soirées à observer les étoiles depuis les toits, des nuits à se promettre qu’ils changeraient le monde. Kaïs aimait la force tranquille d’Elias. Et Elias admirait la témérité farouche de Kaïs.

    Kaïs vivait toujours avec Adam dans leur famille d’accueil, un couple vieillissant qui les supportait plus qu’il ne les aimait. Leur seule vraie famille, c’étaient eux deux. Kaïs veillait sur Adam comme un lion sur son petit, faisant toujours en sorte qu’il ne manque de rien. Mais la misère de leur quotidien lui pesait, et très vite, il comprit qu’ils devraient se battre pour survivre.

    Elias, lui, était fils unique. Abandonné par son père, élevé par une mère trop occupée à survivre pour réellement s’occuper de lui, il avait appris à compter sur lui-même. Mais avec Kaïs, c’était différent. Il trouvait en lui quelqu’un qui ne l’abandonnerait jamais.

    Ce lien devint leur force. À deux, ils formaient un duo redoutable, complémentaire. Kaïs, le leader naturel, le protecteur, celui qui n’avait peur de rien. Elias, plus discret, plus réfléchi, celui qui suivait, mais qui, dans l’ombre, comprenait mieux le monde que quiconque.

    Un après-midi, alors qu’ils exploraient les quais animés de la ville, un groupe d’enfants plus âgés les interpella. D’abord moqueurs, ils commencèrent à pousser Elias du bout des doigts, riant de ses vêtements défraîchis et de son air réservé. Kaïs, d’abord amusé, se figea en voyant l’expression apeurée de son ami. Ce fut un instant fugace, un frisson qui parcourut son échine, une pulsation sourde au creux de son être.

    — Laissez-le tranquille, lança-t-il d’une voix calme.

    Les rires cessèrent. L’un des garçons, plus grand et sûr de lui, s’avança.

    — Sinon quoi ? Tu veux nous arrêter ?

    Kaïs ne répondit pas immédiatement. Son regard s’était assombri, sa respiration s’était ralentie. Puis, sans prévenir, il fit un pas en avant, son corps tendu comme un prédateur sur le point de bondir. Son poing partit, précis et rapide. Le garçon en face de lui recula sous l’impact, titubant. Les autres, stupéfaits, s’éloignèrent d’un pas.

    Elias, lui, vit autre chose. Ce n’était plus seulement son ami qui se tenait là, mais une force, une présence sombre et impitoyable. Kaïs respirait fort, les poings serrés, comme s’il se battait contre lui-même. Puis, aussi rapidement que la tempête était venue, elle s’apaisa. Il tendit une main à Elias et lui adressa un sourire rassurant.

    — On rentre ?

    Elias hocha la tête, sans dire un mot. Il savait, désormais, que Kaïs n’était pas comme les autres. Et il savait aussi que leur amitié venait d’entrer dans une nouvelle dimension, où l’ombre et la lumière s’entremêlaient d’une manière qu’il ne comprenait pas encore.

    Chapitre 1

    Délinquance

    Les années passèrent, et l’innocence de l’enfance laissa progressivement place à une réalité plus dure. Marseille, avec ses ruelles animées et ses horizons de mer infinie, était aussi une ville où la misère et la violence imprégnaient le quotidien. Pour Kaïs et Elias, l’insouciance des premières années s’effaçait peu à peu, laissant place à un monde où les choix étaient dictés par la nécessité.

    Ils grandirent dans un quartier où l’avenir semblait tracé d’avance, où les opportunités étaient rares et où la loi du plus fort régnait en maître. Leur quotidien était rythmé par les petits boulots mal payés, les tensions familiales et la présence omniprésente des gangs locaux. Kaïs et Elias savaient que personne ne viendrait leur tendre la main. Ils n’étaient que deux jeunes livrés à eux-mêmes, trouvant refuge dans leur amitié indéfectible.

    Le matin, ils traînaient dans les cours de lycée techniques, esquivant les heures de cours dès qu’ils le pouvaient. L’après-midi, ils déambulaient dans les rues, à l’affût de quelque chose à faire, n’importe quoi, pour ne pas avoir à rentrer trop tôt. À la maison, Adam faisait ses devoirs dans le silence d’un foyer sans amour, pendant que Kaïs s’efforçait de lui ramener de quoi manger.

    Les petits larcins commencèrent presque par jeu : chaparder un paquet de bonbons, subtiliser un

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