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Les ombres d’Uzès : Les fils de Soie
Les ombres d’Uzès : Les fils de Soie
Les ombres d’Uzès : Les fils de Soie
Livre électronique267 pages3 heures

Les ombres d’Uzès : Les fils de Soie

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À propos de ce livre électronique

À Uzès, une ancienne filature de soie dissimule des mystères aussi obscurs que son passé fastueux. Axel, jeune historien en quête de vérité, tombe sur un indice qui ébranle l’héritage des familles les plus puissantes de la ville. Aux côtés d’Emma, sa collègue passionnée, il plonge dans un tourbillon de trahisons, meurtres et expériences interdites, tous liés à l’industrie de la soie. Leur investigation dévoile un complot séculaire où se croisent soif de pouvoir, rancune et manipulations. Pris dans les rets d’un passé ténébreux et confrontés à des choix dévastateurs, ils devront défier des forces bien plus terrifiantes qu’ils ne l’imaginaient.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Passionné d’histoire et grand voyageur, Sergio Gonzalez trouve dans le Gard une source d’inspiration où passé et légendes s’entrelacent. Sa plume allie rigueur scientifique et passion méditerranéenne. Cet ouvrage naît de cette fusion, révélant un monde oublié prêt à ressurgir.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie10 sept. 2025
ISBN9791042284459
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    Aperçu du livre

    Les ombres d’Uzès - Sergio Gonzalez

    Avertissement

    L’histoire présentée dans ce livre est entièrement fictive. Bien que certains bâtiments et lieux mentionnés existent réellement, toute ressemblance avec des événements réels ou des personnes ayant existé serait fortuite. Les noms des personnages sont également fictifs, et ont été créés ou modifiés afin de préserver l’intimité et le respect des familles qui pourraient être liées, de près ou de loin, aux lieux évoqués. De plus, toute ressemblance avec des noms de famille existants dans la ville n’est que le fruit du hasard. Il est donc important de préciser que cette œuvre n’a aucune vocation historique ou documentaire et doit être considérée comme une pure fiction, née d’un récit inventé.

    Prologue

    Moulin à farine, Uzès 1820

    La nuit était tombée sur la vieille ville d’Uzès, enveloppant les rues d’un silence pesant. Dans la vallée où l’eau de l’Alzon serpentait autour des anciennes pierres du moulin, l’atmosphère semblait figée, comme suspendue dans le temps. L’air frais de l’automne s’engouffrait dans les fissures des murs du bâtiment, apportant avec lui une légère odeur de mousse et de terre humide. Le moulin, jadis le cœur battant d’une communauté de meuniers, se dressait maintenant comme un géant solitaire, ses roues hydrauliques immobiles, figées par l’oubli. Pourtant, ce soir, un homme y pénétrait pour la première fois depuis de nombreuses années, son regard scrutant les ruines du passé avec une lueur d’ambition froide.

    Frédéric Chauverac, nouvellement propriétaire du lieu, avançait lentement parmi les pierres usées et les poutres qui semblaient se tendre vers le ciel. La lueur faible des lampes à huile qui éclairaient ses pas projetait des ombres inquiétantes sur les murs de l’ancien moulin. Les bruits de la rivière, d’abord si rassurants, avaient désormais quelque chose de sinistre, un murmure incessant qui semblait parler de secrets enfouis dans le sol, de fantômes du passé cherchant à revenir à la surface.

    Frédéric s’arrêta, posant son regard sur les grandes roues du moulin. Autour de lui, l’obscurité semblait se resserrer, comme si le temps lui-même retenait son souffle. À ses pieds, un petit ruisseau serpentait lentement, effleurant les racines des arbres centenaires et emportant avec lui tout ce qu’il rencontrait. Il tourna son regard vers la lointaine ville d’Uzès, brillant sous la lueur de la lune, et un sourire discret se dessina sur ses lèvres.

    L’endroit était parfait. Il avait fallu des mois de négociations pour acquérir ce moulin délaissé, mais il savait qu’il était maintenant maître de l’un des lieux les plus stratégiques pour son entreprise. L’industrie de la soie avait explosé dans la région, et Frédéric en avait vu l’opportunité. Uzès et toute la vallée environnante avaient besoin de cette nouvelle révolution industrielle, et il allait être celui qui en profiterait. Ce moulin, si vieilli et fatigué, allait être l’épicentre de ce grand changement. Il allait le transformer en une filature de soie prospère dans quelques mois, d’où sortirait le fil précieux qui enrichirait tous ceux qui en tireraient profit.

    Un bruit de pas le fit sursauter, le tirant de ses pensées. Il se tourna et aperçut un jeune ouvrier, le regard inquiet, presque timide. Celui-ci s’approcha, son manteau noir flottant dans la brise nocturne, ses mains pleines de suie et d’huile.

    — L’installation peut commencer, monsieur Chauverac, dit-il d’une voix basse, presque comme s’il craignait que le lieu ne réponde à son appel.

    Frédéric hocha la tête, son regard acéré observant les premières machines qui commençaient à être installées sur place, prêtes à creuser et renforcer les fondations de la future filature dans quelques mois.

    — Ce n’est pas un simple moulin, c’est un empire en devenir, murmura-t-il plus pour lui-même que pour l’ouvrier, qui s’inclina légèrement.

    Les premières lueurs de l’aube pointaient à l’horizon, et l’installation des machines brisait le silence de la nuit. Frédéric observa la scène, son esprit calculateur anticipant les heures de travail à venir.

    — Nous allons transformer la soie, murmura-t-il. Nous allons rendre l’impossible possible. Et tout cela… tout cela commence ici, dans ce moulin. 

    Mais, au moment où il prononçait ces mots, une étrange sensation s’insinua en lui, comme un froid glacial qui traversait sa poitrine. Un frisson inexplicable le parcourut, et il se tourna à nouveau, comme si quelqu’un l’observait. Dans les ombres, il crut apercevoir une silhouette se mouvoir furtivement, une ombre filant entre les pierres et les machines. Son cœur se serra un instant, mais il balaya la sensation d’un geste de la main. Il n’avait pas de place pour les peurs ou les superstitions dans son empire en devenir.

    Un cri perça le silence. Frédéric sursauta. Un des ouvriers, debout près des premières machines, se tenait maintenant immobile, les yeux écarquillés. Le cri, à peine audible, semblait venir des entrailles mêmes du moulin. L’ouvrier se précipita à l’extérieur, les yeux fous, comme s’il venait de voir un spectre.

    Frédéric, les mains serrées autour de la lampe à huile, s’approcha, son cœur battant plus vite.

    — Que s’est-il passé ? demanda-t-il, sa voix calme, mais tranchante.

    L’ouvrier secoua la tête, une lueur de terreur dans les yeux.

    — Je… je n’ai rien vu, monsieur. Mais j’ai entendu quelque chose. Quelque chose dans les murs. Une voix.

    Frédéric le regarda intensément.

    — Rien de plus, n’est-ce pas ? Juste votre imagination ?

    L’ouvrier balbutia, incapable de répondre. Frédéric sentit une irritation monter en lui, mais il la réprima rapidement. Ce n’était pas le moment pour des superstitions. Il tourna le dos à l’ouvrier et s’avança seul dans les profondeurs du moulin. Là, tout n’était que bruits, lumières tamisées et odeurs de métal et de bois. Il savait qu’il avait pris une décision difficile en décidant de restaurer ce lieu, mais cette voix… ce cri… qu’est-ce que cela signifiait ?

    — Je ne suis pas superstitieux, se dit-il à voix basse, mais un sentiment étrange l’envahit à mesure qu’il s’avançait dans l’ombre. Une sensation persistante qu’il n’était pas seul, que le passé l’observait.

    Au moment où il se détourna, une brise glacée traversa le bâtiment, éteignant brusquement la flamme de sa lampe. Dans le noir, un cri s’éleva à nouveau. Un cri qui, cette fois, semblait être celui de l’histoire elle-même.

    Chapitre 1

    Les rives du moulin

    Filature de soie Chauverac, Uzès 1821

    Le soleil déclinait lentement sur la vallée de l’Eure, caressant les pierres du Duché d’une lueur ambrée. Le chant inlassable des cigales emplissait l’air, se mêlant au clapotis régulier de l’Alzon. La rivière serpentait paresseusement au pied de l’ancien moulin, dont la roue de bois fatiguée grinçait sous le faible courant.

    Frédéric Chauverac se tenait sur la rive, les bras croisés, contemplant avec une satisfaction mêlée d’appréhension l’acquisition qu’il avait faite quelques mois auparavant. Il avait investi toutes ses économies dans ce projet, convaincu que l’avenir se tissait dans la soie et non plus dans la farine ou l’huile d’olive. L’ancien moulin était en train de devenir une filature, un lieu où l’on transformerait les cocons de vers à soie venus des Cévennes en fils précieux. Il y voyait non seulement un moyen de faire fortune, mais aussi d’imprimer son nom dans l’histoire d’Uzès.

    Un bruissement derrière lui attira son attention.

    — Monsieur Chauverac ?

    Il se retourna et fit face à Louis Fabre, son contremaître, un homme robuste d’une quarantaine d’années, au visage buriné par le soleil et les années de labeur. Une goutte de sueur perla sur son front.

    — Oui, Louis ?

    — Les hommes ont fini de vider l’intérieur du moulin. Il ne reste plus que quelques poutres à renforcer avant que l’on puisse installer les bassines.

    Frédéric hocha la tête, le regard toujours fixé sur le bâtiment de pierre aux murs épais.

    — Bien. Nous devons être prêts pour la première livraison de cocons l’été prochain. Je veux que les ouvriers soient à pied d’œuvre dès l’aube.

    Louis hésita, jetant un regard inquiet vers le sol. Puis, d’une voix prudente, il murmura :

    — Certains des anciens meuniers disent que les fondations sont instables. Qu’il vaudrait mieux rebâtir une partie plutôt que d’essayer de faire tenir tout ça avec des étais.

    Il marqua une pause avant d’ajouter à mi-voix :

    — Et les ouvriers… ils disent que les caves du moulin sont maudites.

    Frédéric haussa un sourcil.

    — Maudites ?

    Louis acquiesça, les yeux fuyants.

    — Elles datent du Moyen Âge, peut-être même d’avant. Un vrai labyrinthe sous nos pieds, avec des galeries qui s’enfoncent profondément sous la terre. Certains disent qu’il y a des salles oubliées, des passages condamnés… Des ouvriers affirment avoir entendu des bruits étranges, des chuchotements, des coups sourds dans la pierre.

    Frédéric soupira et posa une main ferme sur l’épaule de son contremaître.

    — Écoute-moi bien, Louis. Ce moulin a traversé les siècles, ses caves sont encore debout, intactes malgré le temps. Elles sont solides, bien plus solides que ces histoires à dormir debout. Ce seront elles qui porteront la filature. Tout tiendra, et nous bâtirons sur ces fondations robustes.

    Louis ne répondit pas. Il jeta un dernier regard vers l’entrée des caves, où l’ombre semblait s’étirer comme une gueule béante.

    Louis haussa les épaules, mais son expression demeurait soucieuse.

    — Comme vous voulez, monsieur Chauverac. Je vais dire aux hommes de poursuivre les travaux.

    — Bien. Et dis-leur aussi que ceux qui ne veulent pas travailler peuvent partir. Je ne veux pas de pleurnichards.

    Le contremaître hocha la tête et s’éloigna en direction du moulin. Frédéric le regarda disparaître sous l’arche du bâtiment, puis reporta son attention sur l’eau sombre qui serpentait sous la roue immobile.

    Il était un homme de raison et de chiffres, pas de contes à dormir debout. Pourtant, alors que la brise du soir s’élevait et que l’ombre du moulin s’étirait sur la rivière, il ne put s’empêcher de frissonner.

    ***

    Le crépuscule étendait son voile violet sur la ville, et la fraîcheur du soir s’installait lentement. La brise caressait doucement les champs alentour, portant avec elle l’odeur de la terre humide et du bois fraîchement coupé.

    À la lueur des torches, les ouvriers du moulin s’étaient regroupés dans la cour, formant un cercle autour du feu qui crépitait doucement. Les ombres dansantes sur leurs visages burinés par le travail leur donnaient des airs de fantômes.

    Frédéric Chauverac sortit de la maison principale et s’arrêta net en voyant leurs visages tendus. Il jeta un coup d’œil vers Louis Fabre, son contremaître, qui se tenait les bras croisés, l’air grave.

    — Qu’est-ce que c’est encore ? grogna Frédéric en avançant vers eux.

    Les hommes échangèrent des regards nerveux, comme s’ils hésitaient à parler. Ce fut finalement Jean Roux, le plus ancien des ouvriers, qui prit la parole.

    — On a entendu des bruits, patron, murmura-t-il.

    Frédéric haussa un sourcil.

    — Des bruits ?

    — Oui, la nuit dernière. Dans le moulin.

    Un silence s’abattit sur l’assemblée. Seul le feu continuait à crépiter doucement, projetant des ombres mouvantes sur les visages.

    — Et quels genres de bruits ? demanda Frédéric d’un ton impatient.

    Jean échangea un regard avec les autres, puis baissa légèrement la voix :

    — Des pas… Et un chant.

    Frédéric fronça les sourcils.

    — Un chant ?

    — Une voix de femme, précisa Antoine, un jeune ouvrier, dont le teint blême trahissait l’angoisse. Une voix qui… qui semblait flotter, mais venir d’en bas.

    — D’en bas ? répéta Frédéric.

    Jean acquiesça lentement.

    — Des anciennes caves. Les vieilles fondations du moulin, celles qu’on dit médiévales. Personne n’y va jamais. Trop profond, trop humide… trop de choses oubliées là-dessous.

    L’incrédulité se peignit sur le visage de Frédéric.

    — Vous vous moquez de moi ?

    — Non, patron, répliqua Jean d’un ton grave. Je travaille ici depuis plus longtemps que vous, et je sais faire la différence entre un rat dans les poutres et… autre chose.

    Frédéric secoua la tête, exaspéré.

    — Vous êtes des ouvriers, pas des enfants qui ont peur du noir !

    Jean soutint son regard.

    — Il y a bien longtemps, un meunier travaillait ici avec sa femme, dit-il lentement. C’était une belle femme, à ce qu’on raconte, avec une voix si douce qu’elle ensorcelait ceux qui l’entendaient chanter. Mais un jour, son mari a disparu. Parti sans laisser de traces.

    Antoine frissonna.

    — Et la femme ?

    — Elle a continué à chanter. Mais son chant n’était plus le même. Il était… hanté.

    Jean marqua une pause avant d’ajouter :

    — Jusqu’au jour où on l’a retrouvée flottant dans l’Alzon. Morte.

    Un silence pesant s’installa.

    — Alors, vous pensez que son esprit hante le moulin ou les anciennes caves ? railla Frédéric.

    Jean ne répondit pas, mais un frisson parcourut l’assemblée.

    Soudain, un hurlement retentit dans la nuit.

    Un cri déchirant.

    Les ouvriers sursautèrent, et l’un d’eux lâcha sa lanterne, qui s’écrasa dans la terre meuble.

    — Mon Dieu… balbutia Antoine.

    Sans attendre, Frédéric s’élança vers le moulin, suivi de près par Louis et quelques autres. La grande porte de bois était entrouverte, laissant filtrer une ombre mouvante dans l’obscurité du bâtiment.

    Ils pénétrèrent dans le moulin, et, aussitôt, une étrange sensation les enveloppa. L’air y était plus froid, plus lourd. Les flammes des torches vacillèrent comme sous l’effet d’un souffle invisible.

    — Là-haut ! cria Louis en pointant l’escalier.

    Frédéric grimpa deux par deux les marches qui montaient à la nouvelle filature, son cœur battant à tout rompre.

    Dans la grande salle vide, une silhouette était recroquevillée dans un coin.

    — Jules ! s’écria Louis en reconnaissant le jeune ouvrier.

    Le garçon tremblait comme une feuille.

    — C’est… c’est là-bas, murmura-t-il d’une voix tremblante en pointant du doigt une trappe entrouverte, dissimulée sous un tas de planches.

    — C’est l’accès aux anciennes caves, dit Jean d’une voix sombre. Elles datent du Moyen Âge et elles sont toujours là, sous nos pieds.

    Frédéric fixa l’ouverture béante. Un courant d’air glacial s’en échappait, portant un faible écho… un chant. Lointain, mélodieux, presque irréel.

    Il descendit sans un mot, la torche à la main.

    Les marches de pierre étaient étroites, usées, couvertes de mousse. Plus il s’enfonçait, plus l’air devenait humide, chargé d’un parfum de moisissure et de vieille pierre.

    Le chant, lui, se précisait. Une voix féminine, douce, triste et pourtant envoûtante.

    Il atteignit enfin le bas. Un vaste couloir voûté s’ouvrait devant lui, creusé dans la roche. Des arches de pierre soutenaient le plafond bas. L’eau suintait des murs, et les échos de ses pas résonnaient étrangement, comme si le lieu avait gardé en mémoire tous ceux qui y étaient passés.

    Au fond de la galerie, une lumière vacillante dansa un instant, puis disparut.

    Frédéric s’arrêta, le souffle court. Il leva sa torche et avança lentement.

    — Qui est là ? lança-t-il d’une voix forte.

    Aucune réponse. Mais le chant recommença. Plus proche. Plus clair.

    Il déboucha dans une salle plus vaste, sans doute une ancienne crypte ou réserve du moulin médiéval. Au centre, une silhouette floue semblait l’attendre, dressée au-dessus d’un bassin oublié, dans lequel l’eau stagnait, noire comme l’encre.

    Le chant cessa d’un coup. La torche vacilla. Une voix, presque inaudible, murmura tout près de lui :

    — Il est revenu…

    Frédéric se figea. Il tourna la tête. Il n’y avait personne. Mais au fond du bassin, sous la surface trouble… quelque chose bougea.

    Il recula d’un pas, le cœur battant à tout rompre. Puis, dans un souffle presque imperceptible, le silence se fit. Plus de chant. Plus de murmure. Rien qu’un vide oppressant, et cette certitude glaciale : quelque chose dormait là-dessous.

    Chapitre 2

    Les secrets du moulin

    Filature de soie Chauverac, Uzès 1851

    Trente ans s’étaient écoulés, et pourtant, l’industrie de la soie à Uzès n’avait jamais été aussi prospère. Dans l’ombre des mûriers et des ateliers bourdonnants, un homme avait su lire l’avenir et s’emparer de son destin : Eugène Viarès. Doué d’un instinct rare pour les affaires et d’une ambition insatiable, il avait racheté la filature à soie Chauverac construite en 1821, transformant ce lieu de labeur en un empire de soie dont les étoffes luxueuses et les bas de soie habillaient désormais les plus grandes cours d’Europe. Mais Eugène Viarès ne se contentait pas d’accumuler les richesses ; il avait une obsession, il voulait laisser une empreinte indélébile dans le monde. Adjacente à la filature, il fit élever un château, pierre après pierre, comme on scelle un serment avec le temps.

    Cette nouvelle bâtisse, appelée château de Viarès, devint bien plus qu’une simple demeure : un château de pouvoir et de silence, érigé à la gloire de son maître et de sa famille. Elle abritait, derrière ses murs épais, les secrets de la soie et les ambitions dévorantes d’Eugène. On murmurait que les pierres elles-mêmes avaient une mémoire, une mémoire des serments

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