Au fil du chapeau
Par Thérez Loquais
()
À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Thérez Loquais a débuté comme infirmière, incarnant compassion et empathie. Devenue responsable d’établissement de soins et formatrice, elle a enrichi les pratiques de santé. Aujourd’hui, elle explore l’écriture pour donner forme à sa vision du monde.
En savoir plus sur Thérez Loquais
- Le mirage des apparences Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Le jeune héritier de Briord Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Un gant de velours sur un chemin de faire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Au fil du chapeau
Livres électroniques liés
- La Dernière transhumance: Un roman de terroir sur le rêve américain Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Une page d'amour Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Lectures Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Un Héritage scellé sous la pierre: Un roman familial et rural Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- La Comédie humaine: Volume 4 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- 20000 lieues sous les mers Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
- Journal d'un homme de trop Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- Les Mystères du peuple: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- LA GROSSE VENGERESSE: Que fera-t-elle pour recommencer sa vie? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- De Peigne et de misère Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Un sujet brûlant: Burnout aux urgences Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Romans et Contes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- La Machine à explorer le temps Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Fort comme la mort Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- Guy de Maupassant: Intégrale des œuvres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- J’ai huit ans Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Oeuvres complètes de Maupassant Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Nana Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
- Le Maître et Marguerite Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Mariée au KGB Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Miss Harriet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- La Parenthèse: Roman familliale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Fumée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Les Aventures de Huckleberry Finn Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Le Jumeau Chinois Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Meurtres au château d'Amboise: La malédiction de Léonard de Vinci Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Madame Bovary: Mœurs de province Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Anna Karénine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Retour à la butte à Pétard Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Les jonquilles fleurissent en décembre Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Fiction sur l'héritage culturel pour vous
- Raison et Sentiments Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- Shuni: Prix littéraire des collégiens 2020 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Quand l'Afrique s'éveille entre le marteau et l'enclume: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Zykë l'aventure Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Au cœur de la Franc-Maçonnerie: L'art royal appliquée en 8 nouvelles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Nani Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Madame Chrysanthème: Récit de voyage au Japon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Contes et légendes du Cameroun Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- Nouvelles de Taiwan: Récits de voyage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Contes et légendes de Kabylie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Les petites maisons galantes de Paris au XVIIIe siècle: Folies, maisons de plaisance et vide-bouteilles, d'après des documents inédits et des rapports de police Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Fables et contes de Kabylie: Contes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Dictionnaire des proverbes Ekañ: Roman Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- Légendes du vieux Paris Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Le Trésor des Cathares: Rennes-Le-Château ou Montségur ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Petit manuel imparfait pour prendre soin de demain Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- Les charmes de Berthe: Littérature blanche Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
- Le dernier feu: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
- La douloureuse traversée: Perspective d’une Afrique débarrassée du néocolonialisme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Au fil du chapeau
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Au fil du chapeau - Thérez Loquais
Surtout, ne t’envole pas
Cette épopée s’annonce périlleuse, à l’image d’une excursion en montagne.
La route est longue, parsemée d’embûches et de péripéties.
Réunir toutes ses forces et rester concentré pour atteindre le sommet de la compréhension de cette affaire silencieuse qui traverse plusieurs générations.
Ne sors jamais sans ton borsalino, indispensable à l’habillement, marque d’admiration ou de personnalité.
La dernière de la fratrie, la quatorzième enfant, est un cas à part.
Pour retracer son histoire, il faut remonter aux débuts de la famille, comprendre les dynamiques familiales, les épreuves et les réussites, et voir comment chaque membre a contribué à façonner cette saga familiale.
Chaque document trouvé dans les archives ajoute une pièce au puzzle, rapprochant un peu plus de compréhension à cette affaire complexe et multigénérationnelle.
La naissance de Marguerite et les prémices d’un enfant qui raconte des histoires farfelues, en exagérant bien sûr.
« Mais tais-toi, tu ne sais pas ce que tu dis ! »
Très vite, cette expression s’imprime dans sa mémoire de manière indélébile, en toutes circonstances, et suscite en elle une envie irrésistible de raconter.
Ce postulat, d’abord inconscient, s’ancre profondément dans son esprit. Le langage et l’écriture deviennent alors ses armes puissantes, une belle façon d’exister et d’apprendre à les manier habilement tout au long de sa vie, sans nécessairement jouer les rebelles.
Surprise ! Elle était là, discrète, imprévisible, toujours là où on ne l’attendait pas.
« Ah, que fais-tu là ? Tu ne vois pas que tu gênes ? »
L’éternel refrain familial.
Le chapeau, accessoire indispensable, symbole de distinction ou de personnalité, camoufle bien des secrets.
Ainsi commence sa vie, un long parcours solitaire : écouter, entendre, comprendre, traduire, percevoir l’environnement, observer les éléments contextuels.
Elle absorbe tout comme une éponge ; la tronche de celle-ci après plusieurs années !
Elle se prépare à défendre la justice, la liberté, la veuve et l’orphelin.
Est-elle destinée à une reconnaissance hors du commun ?
Pour grandir rapidement, elle adopte cette posture : faire de son mieux, avancer pas à pas, tout en imaginant demander à un escargot de se déplacer rapido presto et d’envisager cette réponse :
« Seule dans sa petite coquille, la prudence est de mise pour éviter l’écrasement. »
Tel cet escargot avançant lentement, elle progresse à son rythme, avec ses peurs, ses impatiences, ses colères.
Déterminée à percer les mystères coûte que coûte, ses rêves et ses désirs jalonnent joyeusement son existence, l’engageant sur le chemin de la réussite.
Elle éprouve une folle envie de découvrir, avide de tout ce qui lui est inconnu. Elle désire mener une vie singulière et se démarquer.
Un défi dans ce groupe qui semble s’y opposer.
Surtout, ne t’envole pas avant d’établir le secret de ce chapeau à plusieurs bosses.
« Si vous aviez réglé les problèmes avec votre père beaucoup plus tôt, vous n’en seriez pas là ! »
Le décor est posé, en une minute. Le temps de le dire, il résume trente-sept années de son histoire.
Elle aime bien la psychologie. C’est franc, direct et il faut du caractère pour ne pas sombrer. Elle a de la chance, car elle en a plein à craquer.
Elle part finalement du principe, après avoir épuisé son stock de larmes et une boîte de mouchoirs, qu’il s’agit d’un message salutaire qui va lui permettre de passer du statut de survie à celui d’acteur de sa vie.
Elle s’équipe et part pour une longue randonnée sur le chemin de la découverte de soi.
Elle éprouve un immense plaisir à vous ouvrir les portes de sa belle saga familiale.
Elle commence froidement, dans l’austérité, principalement dans un village qui se nomme Saint-Hichéons.
Son père, Ambroise, fils aîné, vit pauvrement dans la campagne paysanne. Son papa alcoolique meurt très jeune.
Il laisse une famille de 13 enfants.
Ambroise sera contraint de reprendre la ferme.
Ses deux sœurs cadettes partent dans les ordres. C’est plus simple de se sentir rappeler, dans ces moments douloureux, par les voix du seigneur et de s’y consacrer.
Pour subvenir au besoin quotidien de la famille, il sera également jardinier au château Dubois situé à quelques kilomètres. Il a une passion pour les arbres, notamment pour les chênes qu’ils plantent dans cette propriété, sans oublier sa belle parcelle de jardin.
C’est un homme courageux, robuste et plutôt beau.
Sa mère, Jeanne, pupille de la nation, vit dans une maison attenante au château Dubois avec sa mère.
Elle bénéficie d’une éducation plutôt de nature bourgeoise.
Femme belle et brillante, elle est promise à un bel avenir. En tout cas, une idée très claire lui trotte toujours dans la tête :
« Si je me marie, je ferai beaucoup d’enfants. Je souffre trop de solitude et d’être dans l’obligation de découper des personnages dans les magazines pour jouer. »
Ambroise, homme intègre et solitaire, rêve d’une cinquantaine plus tranquille.
Dans ce joyeux contexte, Marguerite arrive sonnante et pleine de vie !
Le livret de famille est déjà complet et il faut rajouter un feuillet pour le numéro quatorze.
Le cru est exceptionnel. Elle est différente des treize autres.
Elle parle, rit, proteste et « veut… »
Aie aie aie, elle est mal barrée cette petite !
D’autant plus qu’elle doit faire face à seize personnes qui se relaient, immanquablement, sans pour autant lui apporter une attention particulière, sauf Maggy, sa marraine, son frère Jean, son amour de Caramel, la professeure Pandore et son parrain Julien.
Les autres ont peu d’impact sur sa vie.
À l’approche de la préadolescence, des belles-sœurs viennent s’ajouter à son quotidien. Souvent, elles s’immiscent dans des affaires qui ne les concernent pas. Inutile d’en dire davantage.
Ce genre de situation, où la méchanceté et l’autorité s’exercent sur un enfant, est malheureusement courant et banal.
C’est triste, quoi qu’il en soit.
Son idée n’est pas de vous raconter un malheur d’enfance, mais plutôt, au regard d’un contexte d’indifférence, comprendre comment cet espace de liberté, dans le silence et la solitude, va être résilient.
Elle navigue dans une dualité : Elle veut bien plaire, toutefois, tant pis si elle n’y arrive pas. Sa force est de se sentir dans un bateau, en solitaire, pas pour gagner, mais arriver à bon port.
Détaillons ce paradoxe intrigant.
D’un côté, il y a une grande solitude et une timidité qui caractérisent cette personne. Cette solitude lui offre un espace pour se construire de manière autonome, comme si elle évoluait seule sur un terrain de jeu personnel.
Cela signifie qu’elle se développe intérieurement, forgeant son identité et ses compétences sans dépendre des autres, cultivant ainsi une indépendance remarquable.
En contraste, cette même personne possède un culot extraordinaire qui la pousse à avancer audacieusement, ouvrant toutes les portes de la curiosité. Cela indique qu’elle n’hésite pas à explorer de nouveaux horizons, à s’aventurer dans l’inconnu et à saisir les opportunités qui se présentent à elle, même si cela requiert de sortir de sa zone de confort.
Ce double aspect de sa personnalité se manifeste comme une course en solitaire.
Elle progresse de manière indépendante, guidée par un sens aigu de l’observation silencieuse.
Son attention aux détails et sa capacité à analyser son environnement sans intervenir directement lui permettent d’apprendre et de grandir de manière subtile, mais efficace.
En somme, ce paradoxe crée une dynamique unique où la solitude et la timidité nourrissent une audace et une curiosité qui l’entraînent toujours plus loin.
Peut-être a-t-elle croisé dans les premières années de sa vie cette femme tout en bleu ?
Elle a un grand privilège : celui d’être toujours trop petite à leurs yeux !
Alors elle classe dans un des tiroirs de son cerveau deux énigmes :
Pourquoi cette folle envie d’aventure et de voyage pour rechercher, entre autres, l’odeur de la cacahuète grillée chez les p’tits noirs ?
Que recèle le secret du chapeau ?
Un petit détour pour comprendre la famille dans cette ferme dénommée Crachefor, à Saint-Hichéons.
Maggy, sa sœur aînée, a déjà vingt ans. Elle travaille avec son père au milieu des travaux de la ferme dans la joie et la bonne humeur. Ils s’entendent bien, ces deux-là ! Ce n’est pas au goût de sa mère, sans doute un peu jalouse de cette relation.
Aussi, lorsqu’elle arrive à la maison en méritant un repos, les tâches ménagères l’attendent : vaisselle, ménage et la lessive.
Les jolies mains de cette jeune Maggy se transforment en machine à laver, pour rendre propre le linge de seize personnes.
La technique est dure et laborieuse. Maggy, dans le froid de l’arrière-cuisine, trie puis met le linge dans une grande lessiveuse en fer, posée sur un trépied. Elle allume le feu pour le faire bouillir.
Inutile de préciser que celui-ci ne se lave pas toutes les semaines !
Maggy peste intérieurement… Puis s’exécute… A-t-elle vraiment le choix ?
Et puis, il y a ces moments passés dans le jardin avec son père, surtout au moment des récoltes des pommes de terre. C’est un temps de silence partagé, mais aussi de complicité, ponctué de rires joyeux qui éclatent comme des bulles de bonheur dans l’air frais. Ils travaillent côte à côte, les mains plongées dans la terre.
Ah, voilà que son petit frère, Jean, arrive en courant, le visage illuminé par un sourire espiègle.
Quelle chance ! Elle va en profiter pour papoter un peu avec lui. C’est sa distraction préférée, un moment de légèreté dans une journée bien remplie. Avec Jean, les discussions fusent, les histoires s’échangent et le temps semble suspendu. Les éclats de leurs rires résonnent à travers le jardin, ajoutant une touche de vivacité à ce tableau familial.
Très rapidement, il dévoile l’ordre donné par sa Maman. Le curé attend à la maison son père, pour discuter, entre autres, de la scolarité des enfants et notamment celle de Jean.
— Dis-lui que je suis absent, je ne veux pas le voir, celui-là.
— D’accord papa, répond Jean avec un sourire de complicité !
Maman crie de la maison :
— Ambroise, veux-tu bien venir ? Tu dois t’entretenir avec monsieur le curé !
Voilà encore un bel après-midi de loupé. Quel dommage, Maggy a tant de choses à partager !
Maggy, un beau jour, disparaît pour aller travailler comme cuisinière dans une école.
Elle trouve enfin un espace où elle peut s’épanouir. En cuisine, Maggy découvre une véritable passion pour la préparation des repas. Elle s’initie aux secrets des recettes, apprend à manier les couteaux avec dextérité et à jongler avec les casseroles et les poêles. Chaque jour, elle prépare des plats avec soin, veillant à ce qu’ils soient non seulement nourrissants, mais aussi délicieux.
Elle planifie les menus avec attention, cherchant toujours à innover et à surprendre les papilles des enfants.
La cuisine devient son refuge, un lieu où elle peut enfin être elle-même.
L’inconscient de Marguerite enregistre le mot angoisse et peur de perdre. C’est insupportable une disparition sans explication. C’est le début d’une grande absente dans son univers de poupon de quatorze mois.
Marguerite résume ses premières années ainsi.
Sûrement qu’elle bénéficie de l’allaitement maternel. Elle ne sait même pas à cette époque s’il existe du lait de substitution, donc pas vraiment le choix.
Par ailleurs, étant la dernière de quatorze enfants, inutile de vous dire que son prénom ne se prononce pas « Désiré. »
Cependant, elle a le grand honneur d’être baptisée par l’évêque. Le journal Ouest France fait un cadeau à la famille : un radiateur électrique !
Attention, les résistances sont à découvert, on pourrait presque y griller des tartines de pain.
Dans ses souvenirs, l’agencement de la maison est spartiate.
Elle se souvient d’occuper la chambre de ses parents, son petit lit placé au pied du leur, où les nuits sont ponctuées des murmures de leurs conversations. Elle croit qu’il y a aussi d’autres sœurs partageant l’espace, des présences chaleureuses malgré le manque d’intimité.
Une grande bassine, située dans un coin adjacent à la cuisine, leur sert de baignoire. Il y a toujours quelqu’un pour la récurer, rendant ce moment de bain un peu festif avec quelques éclats de rire.
À côté, une autre cuve est utilisée pour faire bouillir les marmites, dégageant une chaleur réconfortante et une vapeur odorante qui envahit la pièce.
Les murs sont simples, sans décoration superflue, mais le foyer est animé par la chaleur humaine et l’entraide, orchestrées de manière où chacun connaît son rôle. L’oisiveté ne fait pas partie de cet univers.
L’ensemble est rudimentaire et rustique, avec des sols carrelés et une cheminée où crépite un feu bien entretenu. Les fenêtres, bien que petites, laissent entrer juste assez de lumière pour éclairer les journées.
Malgré la simplicité de ce cadre, elle ne souffre pas du froid, mais plutôt d’un manque d’attention de ceux qui l’entourent.
Elle fouille à ses heures perdues, cherchant des fragments de son passé.
Un jour, alors qu’elle explore le fond d’un vieux tiroir, ses doigts rencontrent une photographie oubliée. Sur cette photo, elle est dans les bras de son père, un sourire rayonnant illuminant leurs visages.
Cette image est la preuve tangible qu’au moins une fois, il a partagé une proximité intime et réconfortante.
La photo capture un moment de tendresse, peut-être lors d’une fête ou d’un simple après-midi en famille. Son père la tient avec douceur, et leurs regards croisés témoignent d’un lien fort et sincère.
Cette découverte réveille en elle des souvenirs et des émotions enfouies, rappelant qu’il y a eu des moments où l’affection et la complicité ont existé entre eux, malgré les années de distance et de silence qui suivirent.
Au milieu de cette maison, sa grand-mère cohabite dans un espace privatif joliment rangé et décoré avec soin.
L’endroit est empreint d’une chaleur et d’un charme d’antan, contrastant avec l’austérité du reste de la maison. Sur une petite table en bois trône une boîte à bonbons, remplie de berlingots colorés.
Lorsqu’elle coud, Marguerite ne peut s’empêcher de lui en voler un, particulièrement les rouges au goût de framboise, ses préférés.
Ces petits moments de douceur apportent un répit bienvenu dans un environnement souvent froid et peu propice à la communication.
Chaque bonbon volé est une petite échappée sucrée, un instant de plaisir et de réconfort qui illumine sa journée.
C’est comme une petite rébellion discrète et savoureuse contre l’austérité ambiante, une manière de s’offrir un fragment de bonheur simple et authentique.
Pourquoi réside-t-elle dans notre maison, la belle et chic Solange ?
Elle ne quitte jamais la maison sans porter son chapeau assorti à sa tenue du jour.
Solange est née en 1892 dans une famille de gendarme.
Elle a deux sœurs : France, de deux ans sa cadette, et Marie la dernière.
Ses parents vivent dans la caserne. Il s’agit d’une grosse bâtisse qui abrite une collectivité humaine. Sur cet espace se partagent des terres agricoles et des règles de vie propres à cette microsociété.
Ces trois filles séjournent avec leurs parents, ni pauvres ni riches, dans cet univers clos près de la grande ville de Nantes.
C’est, à l’époque, un vrai privilège.
Elles convolent le plus souvent sur place avec les filles de commerçants, d’artisans et/ou de cultivateurs aisés.
Deux de ces filles ont appris des métiers très différents : l’une couturière et l’autre infirmière.
Marie, se marie très jeune à un riche pharmacien et partage, de ce fait, moins de complicité et d’intimité
