Le cartographe des vents perdus
Par Hichem Karoui
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À propos de ce livre électronique
Dans le Tunis de la fin des années 1970, une ville prise entre tradition et modernité, le traducteur Karim Mansour est engagé pour déchiffrer les documents perdus d'un érudit disparu. Il découvre rapidement qu'il ne s'agit pas de notes scientifiques, mais d'un guide vers un art oublié : la cartographie des Anemoi , une
Hichem Karoui
Writer /Journalist/ Senior Researcher Published over 30 books and counting, (translations not included). Authored co-authored, edited, and published hundreds of daily/ weekly/ monthly briefings, reports and analyses, peer-reviewed articles, monographs, and books, about MENA region and international politics. Participated in many international conferences, either on the panel, as a member of the organizing team, or as a journalist. Has been involved with the media since his early career, thus serving in different posts: reporter, investigation journalist, copy editor, cultural journalism, political journalism, editorialist, and Executive Editor. Translated several books/documents. Also reviewed translations for publishers. Member of several academic boards. Veteran columnist and commentator for the media. Ranking in the top 10%of Authors by all-time downloads on Social Science Research Network.
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Aperçu du livre
Le cartographe des vents perdus - Hichem Karoui
Le cartographe des vents perdus
Roman
Hichem Karoui
Global East-West LTD
Droits d'auteur © 2025 par Hichem Karoui.
Global East-West, LTD.
Tous droits réservés.
Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans l'autorisation écrite de l'éditeur ou de l'auteur, sauf dans les cas prévus par la loi sur les droits d'auteur.
Table
Dédicace
Épigraphe
1.Les murmures du passé
2.La villa oubliée
3.Cartes de l'esprit
4.Le labyrinthe de la médina
5.Les énigmes de Selma bin Hazm
6.La marée et le temps
7.Les ombres des personnages oubliés
8.L'art de l'obsession
9.Le mirage de la réalité
10.Le lien entre les connaissances
11.Convergence des vents
12.Le point de décision
13.Le seuil de la réalité
14.Le destin du cartographe
15.Le souffle de la ville
À mes sœurs bien-aimées — Latifa, Lilia, Faten et Awatef —
Les premières cartographes de mon cœur.
Et au peuple de Tunis, avec qui j'ai partagé des années qui ont façonné mon cœur et ma mémoire.
À la ville dont les rues, les parfums et les silences respirent comme une âme vivante.
La ville, cependant, ne raconte pas son passé, mais le contient comme les lignes d'une main, écrites dans les coins des rues, les grilles des fenêtres, les rampes des escaliers, les antennes des paratonnerres, les mâts des drapeaux, chaque segment marqué à son tour de rayures, d'entailles, de volutes.
— Italo Calvino, Les villes invisibles
Un homme se met à dessiner le monde. Au fil des ans, il peuple un espace d'images de provinces, de royaumes, de montagnes, de baies, de navires, d'îles, de poissons, de pièces, d'instruments, d'étoiles, de chevaux et d'individus. Peu avant sa mort, il découvre que ce patient labyrinthe de lignes trace l'image de son propre visage.
— Jorge Luis Borges, Le créateur
1
Les murmures du passé
Tunis. Fin des années 1970
Karim Mansour se plongeait dans les pages déchirées d'un recueil de poésie soufie étalé sur sa petite table en bois. Chaque vers résonnait d'une élégance à laquelle il ne pouvait prétendre socialement, mais il ressentait un lien profond avec les émotions contenues dans ces mots. La danse délicate des mots lui offrait un réconfort, une échappatoire à sa propre réalité, où les tentatives de connexion humaine se soldaient souvent par un silence guindé. La poésie soufie, avec sa profonde compréhension de la condition humaine, devint son refuge, une source de réconfort et de compréhension dans sa vie solitaire. Alors que l'encre coulait sous ses doigts, il se sentait comme un traducteur silencieux, un interprète des âmes, mais jamais tout à fait lui-même.
Ses traductions étaient méticuleuses, capturant l'essence du mysticisme et du désir qui imprégnaient les textes, révélant des couches qu'il craignait d'exprimer dans la chair.
Tard dans la nuit, alors que la lune projetait des ombres fantomatiques à travers sa fenêtre, illuminant les manuscrits devant lui, il se retrouvait enlacé dans les échos de leurs sentiments. Les vers dégoulinaient d'une mélancolie poignante : un rappel de la chaleur de l'humanité partagée, une chaleur qu'il évitait maladroitement, craignant la vulnérabilité qui accompagnait les relations authentiques.
Même lorsque ses lèvres bougeaient pour prononcer les rimes en silence, son cœur se serrait à la pensée que ces vers parlaient d'amour et d'appartenance. Des concepts qu'il gardait secrets. Chaque strophe lui semblait être un fil qui tirait sur les bords de sa solitude, lui murmurant des promesses d'intimité dont il se détournait instinctivement. Traduire, c'était contrôler une essence intangible ; communiquer, c'était renoncer à ce contrôle, et c'est là que se trouvait le gouffre qu'il n'osait pas franchir, un gouffre rempli de la peur de la vulnérabilité.
Pourtant, ce soir-là, il se sentait différent. Alors que sa plume glissait sur le parchemin, son esprit dérivait vers un souvenir profondément enfoui. Une rencontre fugace avec la gentillesse, il y a des années, qui l'appelait maintenant. Le rire d'amis lointains résonnait dans sa conscience, se mêlant à la poésie qui coulait dans ses veines. Peut-être pouvait-il puiser dans ces vestiges, les laisser se déverser sur ses pages et redonner vie à son cœur désolé.
Mais alors que la lune atteignait son zénith, un son vint troubler sa rêverie : un murmure terriblement familier, qui se faufilait dans le silence de son appartement. Il leva la tête, tendant l'oreille, la sainteté de sa solitude brisée par l'écho d'une voix qu'il croyait oubliée depuis longtemps. Les mots flottaient dans son esprit comme une marée, impossibles à saisir mais impossibles à ignorer. Qui était-ce qui l'appelait depuis les couloirs de sa mémoire, le mettant au défi de dévoiler les liens obscurs de sa vie solitaire et d'entrer dans le potentiel de connexion qui se trouvait au-delà ?
Poussé par un mélange de curiosité et de peur, il mit ses traductions de côté, l'odeur du papier vieilli se mêlant à la légère odeur de jasmin qui flottait à travers sa fenêtre ouverte. Ces murmures délicats ne parlaient pas seulement des transgressions passées, mais aussi des chemins qu'il avait abandonnés. Les fils qui le reliaient au monde extérieur, au-delà de ces quatre murs familiers. La poésie était toujours là, devant lui, mais un besoin grandissant d'explorer au-delà des limites de la traduction surgit en lui, un besoin qui le tiraillait hors de sa zone de confort. Qu'est-ce qui l'attendait dehors, dans le labyrinthe de la médina, s'il osait s'aventurer dans l'inconnu ?
Alors qu'il s'aventurait dans la nuit, le poids de ses traductions inachevées pesait sur son cœur, et le silence profond de son appartement devint un lointain souvenir. Chaque pas qu'il faisait faisait écho à des promesses de liens perdus et de désirs inassouvis, laissant entendre que son silence n'était peut-être pas son seul compagnon. La douce étreinte de l'air du soir suggérait que le destin lui-même était tissé dans la trame même de la nuit, le poussant vers ce qu'il avait longtemps évité : la connexion.
Il ne savait pas encore que le chemin qui s'ouvrait devant lui le mènerait plus profondément dans le labyrinthe, où les murmures du passé s'entremêleraient aux courants d'un destin qu'il ne comprenait pas encore, un destin tissé à partir des fils de ses souvenirs et de ses choix présents.
***
Les vers dansaient sur les pages vieillies comme des spectres surgis de rêves oubliés. Karim se pencha vers les mots, laissant les cadences de la poésie soufie l'envelopper comme un voile vaporeux, doux et insaisissable. Chaque métaphore s'infiltrait dans les recoins de son esprit, insufflant la vie à l'existence solitaire qu'il menait. Une vie passée à se retirer du monde, préférant l'étreinte de l'encre et du parchemin à la complexité désordonnée des relations humaines.
Alors qu'il traduisait des vers complexes sur le divin et le désir de l'âme, il sentit qu'ils résonnaient avec une profondeur qu'il avait longtemps évité d'affronter. Les poètes parlaient d'amour et de désir comme s'il s'agissait de vagues se brisant contre les rivages de leur cœur, et dans leurs mots, il reconnut son propre isolement. Les rimes coulaient comme de l'eau, creusant des sillons dans la roche dure de sa solitude, laissant derrière elles l'écho d'émotions qu'il avait enfouies au plus profond de lui-même. À chaque coup de plume, Karim découvrait le sens des vers, aussi bien que le reflet de son propre parcours mélancolique.
Cependant, alors que les poèmes approfondissaient son paysage émotionnel, ils faisaient également naître en lui un sentiment d'urgence. Ce qui avait autrefois été un sanctuaire était devenu une prison de mots. Magnifique, certes, mais confinée.
Des fragments de sa vie en dehors de l'appartement s'infiltraient dans sa conscience, indisciplinés et perturbateurs. Les rires des enfants jouant dans le quartier de Halfaouine, les arômes alléchants qui flottaient dans les souks voisins, les couleurs vives du marché. Ces souvenirs refaisaient surface comme des échos lointains, noyés sous le poids des vers qu'il traduisait.
Karim se sentait pris au piège d'un paradoxe : la poésie lui offrait un réconfort, mais le rapprochait du précipice d'un monde qu'il avait abandonné. Étaient-ce simplement des murmures du passé, ou l'appelaient-ils vers quelque chose de plus tangible ? Il se demandait si chaque mot traduit était un pas vers la compréhension de lui-même, ou une invitation à s'aventurer dans le chaos vivant qu'il avait longtemps fui.
Alors que le coucher de soleil baignait la ville d'une teinte dorée, la lumière filtrait à travers les fenêtres poussiéreuses de son appartement, illuminant la calligraphie délicate qui ornait les murs. Chaque phrase ornée scintillait comme les sables mouvants du temps, lui rappelant à la fois le caractère éphémère et permanent de son existence.
Le tonnerre grondait au loin, le son ressemblant à des murmures dans une langue qu'il pouvait presque comprendre. Une ligne oubliée d'un poème qu'il avait appris autrefois résonnait en lui :
« Chaque battement de cœur renferme le pouls de l'univers. »
Une décharge électrique le parcourut et Karim comprit que la nuit à venir ne serait pas simplement un autre chapitre consumé dans la solitude. Il sentait l'arrivée de quelque chose de profond, prometteur, mais chargé d'incertitude.
Il ferma les livres
