À propos de ce livre électronique
10 heures, Hôtel Bar des Chalutiers
Un mystérieux message anonyme, il n’en faut pas plus à Muriel pour enfourcher sa moto en direction de la région de son enfance.
Un journaliste a été retrouvé mort dans la forêt de Penhoat-Lancerf, pas loin du manoir de Traou Nez. Accident ? Faut-il y voir un lien avec l’affaire Seznec dont il a réouvert le dossier avec son équipe d’investigation ?
En compagnie de ses nouveaux amis journalistes, Muriel mène l’enquête. De Paimpol à Pontrieux, de landes en estuaire, à moto ou en micheline, Muriel a rendez-vous avec son passé.
"L’affaire de la lande" est le 4e tome de cette série dont les trois premiers se sont déjà vendus à près de 12 000 exemplaires !
Ce roman émaillé d’anecdotes authentiques vous tiendra en haleine jusqu’à un dénouement plein de surprises. Nul doute que cette virée dans les ruelles pavées de Paimpol ravira tous les amateurs de polar, d’Histoire et de Bretagne.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Claire Connan est née en 1960 à Cherbourg.
Depuis plus de trente ans, elle vit à Paimpol.
Professeur des écoles à la retraite, elle partage son temps entre petits-enfants, danse et… écriture.
Auteure d’une saga familiale empreinte de légendaire breton et adaptatrice de contes, elle signe ici le quatrième tome de sa série de romans policiers, débutée avec "Le corbeau des lavoirs", "Les foudres du Jaudy" et "Le sang du calvaire".
En savoir plus sur Claire Connan
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Mystère historique pour vous
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Avis sur L'or de la lande
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Aperçu du livre
L'or de la lande - Claire Connan
PROLOGUE
Plourivo, forêt de Penhoat-Lancerf, fin août 1980
Œil assassin aux abois, il se retourna une dernière fois.
Personne ne le suivait.
L’homme, courbé en deux, s’engouffra dans le tunnel sombre.
Pieds dans l’eau, regard rivé vers l’issue de lumière, il avançait lentement dans le monde sou-terrain. Indifférent aux spectres errant sur le plafond de pierre.
Un sifflement, tel un glas, décuplé par l’écho, troubla un court instant l’insupportable quiétude du sous-bois et, bientôt, l’autorail roula au-dessus de la voûte vibrante. L’onde sonore se répercuta sur les parois et, pire que la foudre, traversa l’homme de la tête aux pieds. Il frissonna de stupeur et s’arrêta pour reprendre son souffle. Au bout du passage vers les Enfers, la brume crépusculaire les cueillit, lui et son fardeau de chair. Malgré sa faible corpulence, le mort pesait lourd sur l’épaule robuste.
À la faveur des lueurs déclinantes du soleil, l’homme grimpa péniblement le raidillon boueux et atteignit son but : le routoir à lin. Arc-bouté sur le muret, il laissa glisser le corps mou dans l’eau verdâtre. Le cadavre flotta puis s’enfonça lentement au cœur de l’épais tapis de plantes aquatiques. Bientôt ne surnagea plus que son visage, masque d’effroi crucifère aux yeux grands ouverts.
Il l’observa un moment, fier du devoir accompli.
Ensuite, sans le moindre remords, l’exécuteur des basses œuvres rebroussa chemin et retourna à son funeste ouvrage. Une autre mission l’attendait.
1. Irlande, années 1916 à 1920
Je m’appelle Seán Cornod. Mon prénom se prononce « Shawn ».
Je vais vous raconter ma triste histoire…
Ma vie est une lutte.
Ma vie est une tragédie.
Je suis né en Irlande, dans le comté de Dublin. J’aime mon pays, sa mer sauvage, ses murets de pierre, son brouillard, ses champs verts… J’aime aussi mes longs cheveux fauves, mon teint blanc et mes taches de rousseur. Plus tard, je serai menuisier, comme mon père. J’aime le bois, l’odeur miellée de résine. Le bruit des machines, raboteuse, scie, des frottements de poulie, des courroies… a bercé mon enfance. Je suis fan de football gaélique, et bien entendu, je supporte mon équipe de Dublin.
Ma mère dit que je suis un gentil garçon.
À quel moment le conflit entre la Grande-Bretagne et l’Irlande a-t-il démarré ? En réalité, il a toujours existé, depuis le pillage des Normands au XIIe siècle, bien avant les rivalités entre protestants et catholiques.
Ma vie bascule ce jour de 1916. Le jour de Pâques précisément. Les Pâques Sanglantes. Une insurrection, menée par les républicains, éclate à Dublin. La loi martiale est déclarée. Barrages, blindés, bombardements, barricades… Ma maison tremble. Les explosions, la fumée, le sang, les larmes…
La mort…
Mes parents et mes grands-parents ne survivent pas au soulèvement. Orphelin… à seize ans. Quelle douleur ! Mon cœur est rempli de haine, mon esprit est vengeur. Je m’engage aux côtés de Michael Collins, et rapidement, je deviens un de ses bras droits. Je bats la campagne pour créer des antennes locales de la Fraternité républicaine irlandaise.
Moi, le gentil garçon, j’apprends à me servir d’un fusil.
La République irlandaise est proclamée, mais les autorités britanniques écrasent la révolte dans le sang. Nos leaders sont jugés, condamnés à mort et exécutés.
En janvier 1919 naît l’IRA¹, « Óglaigh na hÉireann » dont je suis. Nous promulguons la déclaration d’indépendance de la République d’Irlande qui n’est bien entendu pas reconnue par la Couronne britannique.
L’engrenage infernal se met en route… Pas une simple guérilla, non, une véritable guerre ! Contre nous, des milices, les Black and Tans qui font partie de la police…
Le sang appelle le sang… et la haine la vengeance.
1 En anglais : Irish Republican Army.
1
Il y a trop d’ailleurs qui m’attirent,
encore et plus loin,
et puis mon cœur est plus changeant qu’un ciel d’équinoxe.
Pierre Loti
Paimpol, fin octobre 1980
Fidèle à son habitude, droite comme la justice sur sa Kawasaki 750 H2 bleu canard, Muriel effectua une arrivée pétaradante, très remarquée, sur les quais de Paimpol. Le voyage depuis Saint-Brieuc n’avait pas été de tout repos. Sa moto, la prunelle de ses yeux, avait présenté quelques signes de faiblesse : une perte de puissance soudaine et un panache de fumée à chaque accélération. Très inquiétant. Ce n’était pourtant pas faute de l’entretenir, de la chérir presque.
Depuis sa dernière enquête à Tréguier, son pote Jean-Marc l’hébergeait gracieusement dans son appartement de Saint-Brieuc. Ce matin, elle l’avait quitté à regret en pleine préparation pour une expédition à Plogoff, en compagnie de son groupe de motards. Sur fond de manifestations contre l’implantation d’une centrale nucléaire. Muriel comptait bien les rejoindre très vite.
Mais un mystérieux message trouvé dans sa boîte aux lettres allait bouleverser ses plans.
Tapé à la machine, envoyé de Rennes.
Pas signé.
Laconique.
Rendez-vous sur les quais à Paimpol, 10 heures,
Hôtel Bar des Chalutiers.
La prudence lui aurait conseillé de ne pas s’y rendre. Jean-Marc, lui, n’avait même pas essayé de l’en dissuader : Muriel n’en faisait toujours qu’à sa tête. Une vraie caboche comme il disait avec tendresse. Un jour ici, un autre là, Muriel ne savait jamais où elle serait le lendemain. « Tu ne peux pas comprendre ! » lui répétait-elle. Si, il comprenait… qu’il n’y avait rien à comprendre. Un électron libre : son amie était comme ça, il l’acceptait comme ça, il l’aimait sans doute pour ça. Il représentait son point d’ancrage, son amer dans la tempête. Toujours là pour elle.
Bien souvent, l’entêtement de la rebelle la mettait en danger. La curiosité, un vilain défaut ? Un principe de vie plutôt. Et que diable risquait-elle à Paimpol dans cet endroit fréquenté sur les quais ?
Muriel se gara le long du bassin. Sa moto toussota, lâcha un panache de fumée grise pas vraiment engageante, avant de caler pour de bon. Muriel soupira et éprouva soudain une envie irrépressible de fumer. Elle acheta un paquet de tabac à rouler Samson au tabac-presse sur les quais, puis s’installa en terrasse aux Chalutiers et, vu l’heure, commanda un sage café crème plutôt qu’un ballon de rouge.
Au cœur de la ville, le port, lieu de départ, de passage, d’arrivée, s’animait. Les coques se frôlaient, se frottaient. Petits et grands, de toutes formes et de tous gréements, se côtoyaient chalutiers, voiliers, vedettes… Un joyeux bazar ! La vie quoi…, pensa Muriel. Installée dans un confortable fauteuil en rotin, la motarde, fascinée, observait les allées et venues, les échanges, les brassages de ces mondes différents, comme autant de promesses d’évasion, d’appels à l’aventure, de multiplication des possibles.
Le vrombissement d’un moteur l’arracha à sa rêverie. Une Audi 100 jaune moutarde se gara juste devant le bar au ras du bac de fleurs, cachant à Muriel la vue sur les bateaux et… sur sa chère moto. Elle râla sec et changea de table. Guetta du regard la personne qui s’extirpa avec difficulté de l’habitacle. Une dame assez corpulente s’installa elle aussi en terrasse et commanda un grand crème avec un croissant. Muriel agita ostensiblement dans sa direction le papier du rendez-vous et attendit que sa voisine engage la conversation. Aucune réaction.
Pourquoi son rendez-vous ne pointait-il pas le bout de son nez ?
De l’autre côté de la rue, les plaisanciers s’affairaient sur leur vedette. Il faisait beau et plusieurs d’entre eux se préparaient à larguer les amarres à la faveur de la marée haute pour une virée en mer dans l’archipel de Bréhat.
Muriel s’intéressa aux allées venues incessantes sur le trottoir devant la boucherie attenante. Captivée par l’hypnotique ballet des poulets à la broche dans la rôtissoire, elle autorisa son esprit à… ne plus penser à rien. Mais cette pause fut de courte durée. Une question l’obsédait :
Mais pourquoi son rendez-vous ne pointait-il pas le bout de son nez ?
Pour calmer l’agacement qui sourdait en elle, Muriel balança sa mèche rebelle de l’autre côté de son visage, ouvrit son blouson de cuir noir, et se roula une clope, bien serrée. Elle la téta lentement en appréciant chaque bouffée. Son sablier de fumée ayant terminé sa course, elle écrasa rageusement de ses rangers le mégot sur le trottoir, reboutonna sa veste d’un geste nerveux et se leva.
Très inquiète pour son engin, la motarde décida de solliciter l’expertise d’un réparateur de cycles.
La concession ne se trouvait pas loin de là, derrière la gare. Muriel enfourcha sa bécane et la fit rouler au ralenti. À sa grande surprise, elle reconnut Germain, un des mécanos, qu’elle avait rencontré pendant sa jeunesse à Pontrieux. Il essuya ses mains couvertes de cambouis sur son bleu de travail, dégagea du poignet sa mèche blonde de devant son visage et s’occupa tout de suite d’elle avec empressement.
— Muriel ! Ma motarde préférée ! Depuis l’temps ! Toujours passionnée par les grosses bécanes on dirait ? Tu te souviens de moi ?
Comme prise en faute, Muriel bredouilla :
— Germain… Oui, oui…
— Tu te rappelles quand on matait les Harley sur les quais ?
— Bien sûr… Mais tu n’es pas capitaine au long cours ?
— Logiquement, oui, je devais le devenir. Mais tu vois, je me suis reconverti : tout mène à tout, même à la mécanique, ma passion… La mer, ce n’était pas pour moi ! En plus, je ne sais pas nager ! Mes parents rêvaient d’un autre avenir pour leur fils unique. Ils ont menacé de me couper les vivres… Mais j’ai tenu bon.
— C’est tout à ton honneur ! Il faut toujours réaliser ses rêves.
— Tu te souviens du « Bal des Candidats » ?
Muriel avait vieilli. Ces années insouciantes lui paraissaient si loin maintenant. Nostalgique ? Sans doute, même si sa règle de vie lui imposait de se projeter vers l’avenir. Pour se libérer des jougs du passé.
— Du Bal des Candidats ? Vaguement…
Les « candidats » étaient les gars de « l’Hydro ». L’école d’État avait formé des générations de marins de commerce, en particulier des officiers de la marine marchande. Le bal annuel de l’Hydro était l’occasion de rencontres et de fiançailles avec les jeunes Paimpolaises.
Muriel se souvenait bien sûr de Germain, élève de l’école d’hydrographie : un grand blond aux yeux trop bleus. Peut-être que lors de cette soirée paimpolaise assez épique ils avaient flirté ? Peut-être qu’ils s’étaient retrouvés derrière la salle des fêtes dans un coin sombre ? Peut-être même… qu’ils avaient couché dans le fond d’un bateau sur le port. Une aventure éphémère, sur fond de punchs corsés.
Muriel évita de le regarder dans les yeux. Changer de sujet : une urgence…
— Ma moto n’indique aucun voyant moteur. Je l’éteins, je la redémarre, elle repart au quart de tour. Elle tient le ralenti. Mais à chaque accélération, une fumée apparaît au niveau du silencieux. J’ai fait la synchro, mais c’est pas encore ça. J’espère que tu peux faire quelque chose… Elle tourne vraiment sur deux pattes !
— Je vais l’examiner, promis, donne-moi quelques jours.
— Quelques jours ? Tu ne peux pas faire un effort ? Je ne suis pas d’ici…
— À toi de voir, cocotte. Ta moto roule. Si tu veux risquer ?
Cocotte ? Muriel bouillait intérieurement. Elle se retint de planter là l’avorton. Mais elle avait besoin de lui…
— Non, non, mercredi, c’est bon ?
— J’espère, j’ai pas mal de boulot. C’est pas moi le patron. Dès que j’aurai mis un peu d’argent de côté, je compte bien acquérir mon propre garage. À bientôt, Muriel. On pourra aller boire un coup un de ces quatre ?
L’infâme bouillie de mots que Muriel grommela ne signifiait ni oui ni non, mais plutôt d’aller voir ailleurs.
Par acquit de conscience, elle repassa à pied par le port. Personne en vue devant les Chalutiers. On lui avait donc bien posé un lapin… Elle réfléchit. Que décider ? Rentrer à Saint-Brieuc ? Jean-Marc et son groupe de motards étaient déjà partis. Pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour rendre une petite visite à sa tantine de Pontrieux ? Depuis bientôt deux ans, Muriel n’avait pas pris de ses nouvelles. Elle en ressentait de la culpabilité. Pas de moto ? Qu’importe… Elle voyagerait en train, comme au bon vieux temps. Sa tantine ne refuserait pas de l’héberger quelques jours, le temps de la réparation de son engin.
Muriel acheta son billet au guichet, et en attendant l’arrivée du train, se roula une seconde cigarette bien serrée qu’elle fuma en faisant les cent pas devant la gare.
Dans son dos, une femme la héla soudain. Muriel se retourna vivement et demeura bouche bée devant l’apparition auréolée d’un rayon de soleil.
— Bonjour. Excusez-moi pour le retard ! J’aurais dû venir en voiture. J’ai franchi l’écluse, je vous ai aperçue de loin devant le bar, j’ai marché rapidement, mais quand je suis arrivée, vous aviez déjà disparu !
Muriel ne pipait mot. Les gens en retard l’exaspéreraient toujours. Et plus encore quand ils se confondaient en plates excuses ! Mais cette femme-là ne ressemblait pas aux autres. Vêtue d’une veste blazer rouge brique à épaulettes et d’un jean près du corps, subtil mélange entre femme enfant et femme d’affaires, la belle inconnue irradiait.
— J’ai tenté de vous suivre, mais vous marchez vraiment très vite ! Je vous ai perdue de vue, mais par chance… vous voilà ! Je…
— Écoutez, l’interrompit Muriel en reprenant ses esprits, je viens d’acheter un billet. Une vieille tante habite à Pontrieux. Ma dernière visite remonte à bientôt deux ans. La micheline va partir. Je vais rester dans le coin pour quelques jours. Donnons-nous un autre rendez-vous !
— Euh… Oui…
La femme réfléchit un instant, rajusta le foulard qui glissait de sa chevelure bouclée, et se ravisa.
— Je vais vous accompagner, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. Même si je déteste les trains… Je souffre d’agoraphobie.
— Avec
