À propos de ce livre électronique
Porté par une langue où affleure une pointe lyrique, Hôtel de la houle embrasse le destin d'un homme vulnérable confronté aux dénis qui dominent son existence depuis son enfance. La rencontre avec une femme serait elle son seul salut?
Eloge de la fuite. Etonnante collision entre les personnages et la puissance de la nature, questionnée au travers des thèmes abordés: la solitude, la résurgence du passé et l'absolue nécessité de regarder le monde autrement.
Cécile Oliva
Cécile Oliva est née à Paris d'une mère Bretonne et d'un père Sicilien. Très attachée à la quête esthétique, elle multiplie les supports d'écriture. Scénarios, romans, poèmes. En 2017, elle écrit son premier roman, Sous la lune marine. La construction du récit autour du souvenir est toujours questionnée dans son travail autant que la quête de soi, les notions de vérité individuelle et familiale.
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Avis sur Hôtel de la houle
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Aperçu du livre
Hôtel de la houle - Cécile Oliva
A ceux qui fuient.
Sommaire
1ère partie
Premier jour
Lieu de prodige
Au comptoir du Brise-lames
Deuxième jour
Les premiers pas de Jean
La femme en feu
L’art discret de Samuel
Le noir et blanc d’une photo
Troisième jour
Le regard de cyclope de Salvatore
Le temps des marées
Une main coupable
2ème partie
Quatrième Jour
Pourquoi attendre
Côte à côte
Les maillons d’une seule chaîne
Pourquoi le feu
La traversée d’Annette
La main sur la poignée de la porte
L’impatience de Solange
La valise de Veronica
A la lueur de la mélancolie
Un cocktail pour tous
Le spectacle d’Annette
La mauvaise mémoire de Salvatore
Le silence de Solange
Les flammes de Veronica
3ème partie
Cinquième jour
Le souvenir de la dame blanche
Changement de temps
Le seul regret
Les souvenirs de Veronica
Le baiser d’eau salée (Jean)
Le baiser d’eau salée (Veronica)
Le baiser d’eau salée (Le retour de Jean)
Concordance sensorielle
Avant que la tempête se lève
Terra nostrum
Seuls à deux
La teinte originelle
Le dernier souffle
Hôtel de la Houle.
Si j’avais dû donner un nom à un lieu, je n’aurais pas trouvé mieux. Il correspondait parfaitement à celui que j’étais, ce jour-là, lorsque je suis arrivé à Saint-Briac. Un mouvement d’ondulation qui agite la mer sans faire déferler les vagues. La première chose que j’ai faite en descendant de ma voiture a été de vomir. J’aurais pu regarder au loin, respirer l’air marin en ouvrant grand les bras, je me suis contenté de vomir sur mes pieds sans avoir eu le temps de me mettre à genoux. Même ça je n’avais pas réussi à le faire.
La route ne m’avait pas semblé longue pour arriver jusqu’ici. J’avais pris le volant sans savoir où aller ni quelle direction prendre. J’avais décidé au dernier moment de rouler vers l’ouest sans savoir à quel moment je pourrais m’arrêter.
Avant de prendre la route, j’étais resté longtemps assis dans ma voiture, tétanisé par ce qui venait de se passer. Je n’arrivais plus à bouger. Je n’entendais plus aucun son provenant de la rue. Tout était opaque et sourd autour de moi comme cela l’est souvent après une explosion. Je ne sais plus combien de temps je suis resté ainsi immobile et muet. Je ne sais plus à quel moment j’ai repris mes esprits ni à quelle heure précise j’ai enfin allumé le contact du véhicule. Je me souviens juste que j’avais décidé de m’enfuir.
Rouler le plus loin possible jusqu’à rencontrer la mer. Une étendue d’eau où laver mes péchés et ceux des autres.
Quittant ma grande ville de province, dont le nom n’a plus d’importance, j’avais décidé de rouler vers l’ouest. Pour me guider sur la route je ne m’étais fié qu’aux noms des panneaux. Certains m’avaient donné envie de les suivre, d’autres de m’en éloigner sans que je sache réellement pourquoi.
J’avais roulé tard dans la nuit. Les feux de ma voiture n’avaient peut-être pas su en éclairer certains.
Ce fut lorsque j’aperçus, à la lumière crue du matin, celui indiquant Barrage de la Rance, que je sus que j’avais enfin trouvé un endroit. Car il me fallait franchir une ligne, un obstacle, un mur, une frontière ou un pont, pour continuer de vivre et ne pas me laisser à la tentation de me foutre en l’air.
Je ne connaissais pas la Bretagne. J’avais quarante-cinq ans et aucune envie ni occasion ne m’avaient encore permis de m’y rendre. Il y avait beaucoup de choses que je n’avais pas encore faites jusqu’à ce jour-là.
Je venais de commettre la pire. J’avais frappé un homme. De toutes mes forces, j’avais appuyé sa tête contre un mur jusqu’à ce que le sang coule. Jusqu’à ce que je lise dans ses yeux que si je n’arrêtais pas, il allait mourir. C’était la première fois. Je n’avais jamais frappé personne. Il y a des premières fois terribles. Celle-ci était la plus effroyable de ma vie et je n’avais envie de demander pardon à personne. J’avais juste envie d’essuyer le vomi sur mes chaussures.
L’air était doux. Un vent léger soulevait le bas de ma chemise sortie de mon pantalon. Je ne pouvais pas me présenter à l’hôtel ainsi, le regard éteint et la gueule puante. J’avais besoin de faire bonne impression pour éviter les remarques ou pire les questions. Reporter à plus tard tout ce qui aurait fait, peut-être, de moi un lâche ou un salaud aux yeux des autres.
Je suis descendu vers le rivage. A cette heure du matin je ne pouvais croiser que des hommes habitués au silence. La mer était d’un calme gris et vert. Le ciel chargé de nuages blancs ne permettait pas d’éclairer la surface de l’eau. On ne devinait pas sa profondeur. Elle semblait dure et solide comme la terre. Je me suis avancé au plus près tenté d’y pénétrer. Je m’imaginais m’enfuir en courant jusqu’à ce que je rencontre un autre pays. Un nouveau refuge pour m’accueillir. L’Angleterre ne me faisait pas envie. J’aurais dû rouler jusqu’à Brest, j’aurais pu alors pousser un sprint jusqu’au New Hampshire.
J’avais fui le dimanche des Rameaux. J’étais en avance sur la semaine sainte. J’ai laissé une petite vague baigner mes pieds, les laver comme Jésus avait lavé ceux de ses apôtres avant de se mettre à table pour la dernière cène. Le dernier repas avant la trahison. J’en étais, moi, au lendemain. Au lendemain de ce qui m’avait poussé hors de moi, en dehors de tout ce je pensais de moi. Je ne savais pas qui j’étais avant de frapper cet homme. La violence des coups m’avait fait naître une seconde fois. J’avais sans doute dû battre des poings pour sortir du ventre de ma mère et je m’en étais soudain souvenu.
1ère partie
Premier jour
Lieu de prodige
Posé au milieu du boulevard de la houle, telle une pierre sacrée selon un axe sud-ouest/nord-ouest, l’hôtel se trouvait à la croisée des chemins de toutes les croyances religieuses et païennes qui avaient forgées cette région il y a bien des siècles. Il était difficile de le dater mais la taille modeste des fenêtres indiquait que la structure en pierre appartenait à une époque lointaine.
On accédait à l’intérieur par un perron côté rue, donnant sur une baie vitrée attenante à la façade. Un étroit auvent protégeait de la pluie si un moment d’hésitation empêchait les voyageurs de franchir le seuil de la porte directement.
Le hall était minuscule. La réception n’en était pas vraiment une. Un bureau destiné à l’accueil des clients était installé au pied des escaliers donnant ainsi l’impression que le plus important se trouvait au-dessus, parmi les huit chambres que comptait l’établissement. Toutes étaient meublées à la manière de l’intérieur d’un bateau. Simplicité et fonctionnalité à l’honneur. Aucun tableau aux murs. Cependant deux d’entre-elles possédaient un cadre suspendu sur une des cloisons accueillant une simple photo en noir et blanc que la plupart des résidents ne prenaient pas le temps de regarder.
Heureux celui qui croit sans voir (d’après l’Evangile de Saint Jean 20,19-29) était le verset que le directeur de l’hôtel avait décidé de suivre depuis qu’il s’était installé à Saint-Briac.
Outre une allergie inexpliquée aux documents officiels indiquant l’identité de tout individu recensé auprès du service public, Thomas, car c’était son nom, ne demandait jamais aux clients de son établissement la moindre preuve des noms et prénoms indiqués sur son registre. La seule vue d’une carte d’identité ou d’un passeport le rendait malade. Il développait alors une épouvantable crise d’urticaires, suivi d’un gonflement des yeux et parfois même des mains s’il avait le malheur d’en saisir un exemplaire. Aucun médecin n’avait réussi à poser un diagnostic. Il y était allergique. Point.
En dix ans d’activité il n’avait jamais eu le moindre problème et s’appliquait à ne changer aucune des habitudes héritées de ses parents qui avaient tenu, jusqu’à leurs décès, un hôtel à Brighton, une station balnéaire du sud de l’Angleterre.
Tous s’accordaient à dire que Thomas, sous son allure de goéland marin, au cou aussi long que large, possédait un flair infaillible qu’il utilisait, non pas pour repérer des éventuelles proies, mais pour protéger ceux qui, justement, cherchaient à échapper à la fatalité de leurs espèces.
Elevé dans la confiance et le partage, il n’avait eu cesse de prolonger ces enseignements au sein de son activité professionnelle. Il voyait ses clients tels des brebis égarées rentrant dans une église. Car son hôtel avait une particularité. Aucune installation n’était prévue pour accueillir une famille avec enfants. Les chambres, plutôt petites, à part celle possédant la grande terrasse, ne permettaient pas de loger une clientèle familiale. D’ailleurs le site internet de l’hôtel avait été conçu pour décourager toutes réservations en ce sens.
Thomas considérait que les familles heureuses désirant séjourner à Saint-Briac pouvaient se loger dans un autre établissement que le sien et que chacun y trouverait son compte. Economiquement Thomas s’y retrouvait, car son hôtel, comme par miracle était toujours complet. Comme par enchantement, un voyageur solitaire en remplaçait systématiquement un autre suivant un rythme régulier qui aurait intrigué n’importe quel scientifique digne de ce nom.
Une force lunaire ou tellurique, à l’image d’un aimant, devait attirer un certain type de clients vers son hôtel sans qu’il comprenne précisément pourquoi.
Croire sans voir, croire sans chercher à comprendre était sa philosophie et donnait sens à tout ce qu’il faisait.
Malgré ses convictions qu’il définissait athées, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’un esprit invisible, plus grand que l’homme, régentait l’univers. Son établissement n’en était qu’un point de repère. Une force énergétique émanait de cette côte.
Il était convaincu qu’un courant électrique inhabituel circulait sous la croûte terrestre de son hôtel qui permettait aux évadés en tous genres de venir s’installer dans son établissement. Un axe à la croisée des chemins de la vie. La plupart du temps quelques jours suffisaient à les rétablir, à leur redonner confiance afin qu’ils puissent poursuivre leur existence autrement.
Thomas était fier et heureux que son hôtel existe de cette façon au bord d’une mer de prodige et sous un ciel de mystère. Un astre solaire prêt à accueillir tous les désaxés de la terre.
Au comptoir du Brise-lames
Plonger mes mains sous l’eau fraîche du robinet, laver mon visage, laisser les gouttes glisser le long de ma nuque furent les seuls moments de bien-être depuis mon départ. J’avais remarqué un bar attenant à l’hôtel. L’essentiel de cette première journée, loin de tout ce que je venais de quitter, tenait dans l’envie suprême d’un café serré que je bus en un seul geste. Une simple gorgée que je tins dans ma bouche quelques secondes comme si elle était la première de ma vie. L’amertume persistante de son arôme était telle que je n’eus pas besoin d’en commander un deuxième.
L’endroit paraissait désert. J’étais le seul client du bar comme je serais le seul client à me présenter à l’hôtel. « Ouvert de mars à novembre » était indiqué sur la porte. Nous étions le 15 mars. La fermeture annuelle courait du jour des morts à la semaine de la passion. Pâques était dans une semaine. Les Chrétiens fêteraient la résurrection du Christ. Moment idéal pour commencer une autre vie que la mienne.
L’allure Art Déco façon bord de mer de la façade, à l’humilité rassurante, transportait dans un autre temps, une autre dimension, rien qu’en la regardant. L‘établissement ne comportait que deux étages à l’image des autres maisons qui longeaient la rue baptisée boulevard de la houle. Qu’un village puisse posséder des rues appelées boulevard ou avenue m’apparaissait toujours un peu étrange.
Installé derrière le pupitre qui lui servait de réception, le directeur de l’hôtel ressemblait à une mouette posée sur son rocher. Il ne cessait de lever et baisser la tête d’un coup sec comme le font les oiseaux lorsqu’ils doivent évaluer ce qui se trouve devant eux. Même le gris argenté et le volume de ses cheveux rappelaient l’aspect de ce volatile. Coiffés très courts ils faisaient ressortir le bleu de ses yeux dominé par une teinte autant perçante qu’impénétrable. Sa stature m’impressionna davantage que les radars croisés sur ma route. Heureusement il ne posa aucune question sur la raison de mon séjour. Il se contenta de noter sur son carnet la durée d’une semaine prévue pour le moment. D’un regard franc et appuyé, il me rassura sur la possibilité de prolonger si cela était « nécessaire ».
Le vocabulaire utilisé par certains hôteliers avait, parfois, le pouvoir de s’adapter autant aux clients qu’à l’établissement.
La chambre, composée d’un petit salon et d’un coin nuit, était bien plus grande que ce petit hôtel pouvait le suggérer. La simplicité de la décoration me convenait. Une large terrasse offrait une
