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Chamane - L'éveil
Chamane - L'éveil
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Livre électronique307 pages4 heures

Chamane - L'éveil

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À propos de ce livre électronique

Un consultant du FBI avec des pouvoirs surnaturels. Un tueur en série insaisissable. Un mystère dans la Nation navajo.


Les cauchemars ne se calment jamais. Depuis l’enfance je me débats avec eux. Chaque nuit amène son propre lot d’horreurs. Je les vois prendre forme comme si j’y étais. Puis je me réveille en sueur, terrifié par ces horribles rêves. Je rêve d’un autre monde dans lequel j’essaie d’échapper à des créatures des plus étranges. Des créatures qui n’existent que dans les cauchemars mais qui ne sont que trop réelles à mes yeux.


Christian Sands est un consultant pour le FBI aux capacités spéciales. Lorsque l'unité ViCAP dont il fait partie est envoyée pour enquêter sur un tueur en série, ils se retrouvent rapidement confrontés à une affaire bien plus compliquée qu’ils ne le pensaient. Le tueur semble les devancer en permanence. L’enquête les mènera de Four Corners, au Nouveau Mexique jusqu’aux profondeurs de la Nation Navajo.


Chamane : L’éveil est un thriller surnaturel fascinant, empli de folklore amérindien et de descriptions aussi complètes qu’intéressantes.

LangueFrançais
ÉditeurNext Chapter
Date de sortie8 août 2025
Chamane - L'éveil

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    Aperçu du livre

    Chamane - L'éveil - VR McCoy

    Chamane - L’éveil

    VR McCoy

    © VR McCoy, 2025

    Conception de la mise en page © Next Chapter, 2025

    Publié en 2025 par Next Chapter

    Traduit par Iris Marie Loison

    Couverture illustrée par TCC

    Ceci est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et situations décrits dans ce livre sont purement imaginaires : toute ressemblance avec des personnages ou des événements existant ou ayant existé n’est que pure coïncidence.

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l’enregistrement, ou par tout système de stockage et de récupération d’informations, sans la permission de l’auteur.

    Table des matières

    DÉDICACE

    PROLOGUE

    Chapitre 1:

    Le don et la malédiction

    Chapitre 2 :

    Un Rêve dans un Rêve

    Chapitre 3 :

    Douce Nuit

    Chapitre 4 :

    Le carrefour

    Chapitre 5:

    Les changements de la nouvelle année

    Sous-chapitre :

    La note

    Chapitre 6:

    La terre des braves

    Chapitre 7:

    Disgrâce

    Chapitre 8:

    Le talisman

    Chapitre 9 :

    Les kachinas

    Chapitre 10 :

    L’ordre Jemez

    Chapitre 11 :

    La lune noire

    Chapitre 12 :

    Les Chacoans de Chaco Canyon

    DÉDICACE

    Je voudrais dédier ce roman à ma mère, Margaret Ann Gibson McCoy. Elle a été et sera toujours mon inspiration, mon guide et ma plus grande fan. C’est elle qui m’a fait découvrir le monde du mysticisme.

    J’aimerais remercier les frères de la fraternité Kappa Alpha Psi, en particulier le chapitre Xi de l’université d’Howard. Invictus pour toujours !

    Merci à ma sœur « Hé Trae, en voici un autre ! »

    Merci à mon acolyte et frère de cœur, J. George Mullins. « Yo Nupe, si nos souvenirs sont des trésors, nous avons un coffre de pirate bien rempli ! » Tu me manques, frangin.

    Je voudrais aussi remercier tous ceux qui m’ont soutenu tout au long de ce parcours et en particulier les personnes suivantes qui ont bien voulu apparaitre dans cette œuvre de fiction : le docteur Gregory Banks, Mme Gracie Mullins, Max Maurice, Joaquinna D. Green et mon frère éternel et ami, Carroll Hughes. J’aurais tant aimé que nous ayons plus de temps pour aller monter à cheval, frangin, mais nous en aurons encore l’occasion un jour. Repose en paix.

    PROLOGUE

    Les cauchemars ne se calment jamais. Depuis l’enfance je me débats avec eux. Chaque nuit amène son propre lot d’horreurs. Je les vois prendre forme comme si j’y étais. Puis je me réveille en sueur, terrifié par ces horribles rêves. Je rêve d’un autre monde dans lequel j’essaie d’échapper à des créatures des plus étranges. Des créatures qui n’existent que dans les cauchemars mais qui ne sont que trop réelles à mes yeux.

    Il y a des nuits où je redoute de m’endormir, comme si j’étais dans l’un de ses films, traqué par Freddy Krueger, « Les griffes de la nuit », sauf que je ne ramène aucune de ses horreurs avec moi. Cela fait maintenant des années que je survis à chaque rencontre. Au moins, ces gamins ont pu enfin se reposer loin des cauchemars à un moment ou à un autre.

    Chapitre 1:

    Le don et la malédiction

    J’étais seul, assis à une table dans un coin de la salle de jeu, devant un jeu d’échec. Les autres patients jouaient aux cartes ou à des jeux de société, certains regardaient la télévision, qui semblait bloquée sur New York, Police Judiciaire dès que j’étais dans la pièce. J’avais appris à l’ignorer.

    Nous souffrions tous de problèmes mentaux ou dépressions nerveuses et étions là pour recevoir une aide psychiatrique quelconque. Ce n’était pas un asile psychiatrique mais l’un de ses établissements où l’on se rend volontairement. Il s’agissait en effet d’un établissement privé, réservé aux patients aisés ou de familles aisées.

    Ce n’était pas le premier endroit où j’avais été interné. Enfant, j’ai fait de multiples séjours dans ce genre d’endroits. Les psychologues et docteurs ont tenté de soigner mes problèmes de sommeil et mes cauchemars étranges. J’ai été palpé, piqué et placé sous haute surveillance tel le rat de laboratoire moyen. J’ai été humilié et traité comme un sous-humain, quelqu’un qui n’avait si sentiment ni âme.

    Comme vous pouvez le voir, tout leur jargon psychiatruc ne m’a pas beaucoup aidé.

    J’ai ce don ou cette malédiction, peu importe le nom qu’on peut bien lui donner, qui fait partie de mon héritage familial et passe de génération en génération. Ma grand-mère, une indienne Cherokee, avait le don et son père, un homme-médecine, l’avait lui aussi. Il l’avait reçu de sa mère et ainsi de suite.

    Ma mère n’avait pas le don, mais sa sœur, si. Pour moi, il s’agit plutôt une malédiction qui me tourmente depuis des années. Son nom Cherokee signifie « quête de vision » en français : la capacité de voir l’avenir dans les rêves, de les lire mais aussi de les manipuler.

    Les historiens et savants l'appellent chamanisme.

    Ces rêves n’étaient que des rêves tant que j’étais gamin. En devant adulte et en apprenant à contrôler les cauchemars, la manipulation des rêves est devenue autre chose. J’ai pendant des années travaillé avec le docteur Gregory Banks, un psychologue de renom. Il m’a guidé et aidé à me focaliser sur mes cauchemars pour les changer en rêves positifs.

    Si je rêvais d’elles dans certains scénarios romantiques, des femmes qui ne m’auraient normalement jamais regardé commençaient à s’intéresser à moi. On aurait dit que mes rêves ou mes suggestions subconscientes dans leurs têtes, mais c’était en réalité bien plus que ça. C’était comme si les actions ou scénarios arrivaient réellement. Je les surprendrais à rougir le jour suivant, comme si elles avaient fait le même rêve. Bien entendu je ne pouvais pas les confronter directement, mais tout d’un coup les voir devenait extrêmement facile ! Le docteur Banks appelait cela le voyage onirique.

    Il y a un moment où je pouvais avoir toutes les femmes que je désirais… et je l’ai fait. J’ai eu des aventures avec deux, trois femmes. Des femmes mariées et heureuses abandonnaient leur maris à 15h pour une partie de jambes en l’air avec moi. Et puis, d’un seul coup, les cauchemars sont revenus. J’avais fini par me lasser des jeux sexuels parce que j’avais l’impression de tricher… non, je trichais vraiment ! Ces femmes auraient-elles vraiment voulu être avec moi sans mes implants de rêves ?

    Dès l’instant où j’ai arrêté de rêver de toutes ces femmes, mon esprit a commencé à visiter d’autres lieux pendant la nuit. Le docteur Banks disait que mon esprit subconscient était inhabituel, plus puissant que la normale. Les docteurs ne pouvaient cependant trouver aucune différence physiologique entre mon cerveau et celui des personnes dites normales, si ce n’est que j’utilisais plus mon lobe frontal plus qu’elles. Le docteur Banks m’a aussi expliqué que la nuit, lorsque le reste de mon cerveau dort, mon lobe frontal entre en suractivité.

    J’ai toujours eu des pulsions scopiques, toujours préféré observer plutôt que participer. Cela dit, je me considère plus comme un voyeur avec permission que comme un pervers. Bien sûr, je passais beaucoup de temps à regarder les journaux télévisés, qui me donnaient accès à la vie des autres. C’est cet intérêt qui m’a lancé dans la quête dont le résultat fut mon séjour dans cette maison de fous.

    J’ai commencé à rêver d’assassinats. À la différence des cauchemars que je faisais enfant, j’avais à présent des visages et des événements que je pouvais utiliser pour créer un rêve. Je pouvais me concentrer comme le docteur Banks me l‘avait appris. J’ai alors essayé de contacter la police pour les aider dans leurs enquêtes pour finir par être leur principal suspect, jusqu’à ce qu’ils attrapent les vrais criminels grâce à mon aide.

    Une fois de plus j’étais examiné sous toutes les coutures et le sujet de leurs techniques d’interrogations sans fin, ou « entretiens » comme ils aimaient les appeler. Il s’agissait d’une forme de torture légère. Ils ne valaient pas mieux que les psychologues qui avaient tenté de faire la même chose lorsque j’étais gamin. Je me sentais comme un prisonnier d’Abou Ghraib alors que tout ce que voulais était les aider. Il y a encore des gens qui pensent que je suis complice de certains de ces crimes. Ils sont incapables de comprendre le fait que quelqu’un ait des capacités telles que les miennes.

    Ce don qui est le mien existe depuis des centaines d’années sous différentes formes et dans différentes cultures. L’homme-médicine des amérindiens, les chamanes, les druides des celtes, les sorcières et tous les autres ont mis cette capacité en avant depuis à nuit des temps, mais l’homme moderne la voit comme une menace. Certains ne peuvent pas croire qu’il existe un pouvoir plus grand que le leur et considèrent tous ceux qui ont des capacités plus avancées qu’eux comme une menace. Ce qui explique que l’on ait de tout temps brûlé des sorcières.

    Dès que mon aide a commencé à avoir de la valeur pour les autorités locales, le FBI s’est lui aussi intéressé à mes capacités. Ils m’ont alors engagé en tant que consultant au NCAVC, le Centre National pour l’Analyse des Crimes Violent de Quantico, en Virginie, qui comprend plusieurs départements. La section avec laquelle je travaillais était une Force spéciale répondant au nom de ViCAP, ou Programme d’appréhension des criminels violent, qui faisait partie de l’unité de l’analyse comportementale. Nous avions pour mission de résoudre les kidnappings, enlèvements et meurtres en série impossible à résoudre.

    Au début, j’ignorais s’ils désiraient m’étudier ou simplement me garder à l’œil. Peut-être voulaient-ils juste m’empêcher de continuer à être impliqué dans d’autres cas médiatisés. Il y avait toujours des gens qui voulaient me voir enfermé quelque part et détruire a clef plutôt que la jeter. J’étais une anomalie que de nombreuses autorités et personne en général n’était prêt à accepter cela. Le FBI gardait donc au secret mes capacités.

    Le FBI m’a placé dans une section de ViCAP qui contenait d’autres personnes aux dons spéciaux, que la plupart du Bureau appelait X Files et les autres « le cirque ». Il faut dire qu’elle était remplie de personnages hauts en couleur. Ils pouvaient cependant penser ou dire ce qu’ils voulaient sur nous, notre section faisait partie de celles avec le plus grand nombre d’affaires classées du Bureau. Nous n’étions ni félicités ni exhibés à causes de nos méthodes peu orthodoxes, mais les chiffres ne mentent jamais. Nous étions des consultants de valeur même si aucun critère habituel ne pouvait être appliqué à notre section.

    Chaque équipe était constituée autour d’un consultant dote d’une capacité spéciales. Elles contenaient généralement cinq ou six personnes y compris le consultant et un SAC (ou agent spécial responsable). Pour notre équipe, cette personne était Steven Weiss, un agent hautement cérébral et calculateur qui avait de grandes capacités d’analyses. C’était quelqu’un qui savait faire plusieurs choses à la fois et les faire bien. Enfant, il avait été un prodige des échecs avant d’être diplôme de l’université de Stanford à tout juste 15 ans, l’âge où la plupart des ados entre au lycée. Le FBI avait de la chance lorsqu’ils l’avaient recruté.

    Les parents de l’agent Weiss ont été assassinés lorsqu’il était jeune et leur tueur n’avait jamais été identifié. C’était leur mort qui l’avait amené au FBI. Sans doute s’agissait-il d’une croisade personnelle, ce qui ne l’empêchait aucunement de faire partie des meilleurs agents du bureau. Les autres agents de l’équipe étaient Dianna Samboro, Amber Carson, Max Maurice, Paul Woodward et moi, le consultant aux capacités spéciales, Christian Sands.

    L’agent Dianna Samboro était une ancienne tireuse à l’arc qui avait participé aux jeux olympiques. Italo-américaine (sa famille était originaire de Sicile), elle était née et avait grandi à Sacramento, en Californie et était diplômée d’une licence en psychologie. Elle avait choisi de rester à Washington après avoir obtenu son diplôme. Sa spécialité était le tir à arme à feu.

    L’agent Max Maurice était une star du football américain, qui avait joué en tant que linebacker pour l’université de Louisiane, jusqu’à ce qu’il se déchire un ligament du genou. Il avait aussi obtenu deux licences, une en psychologie et une en sciences sociales. Une fois ses diplômes en poche, il s’était engagé en tant qu’officier dans les Marines puis avait rejoint le FBI. Sa famille était originaire de La nouvelle Orléans, en Louisiane.

    L’agent Paul Woodward avait reçu une licence en justice criminelle et un master en jurisprudence de l’université du Texas. Il était issu d’une famille influente de Houston. Ses parents n’avaient pas soutenu son choix de carrière. Il était en effet censé devenir avocat et reprendre l’affaire familiale. Paul était marie à une superbe femme et était père de cinq enfants.

    Quant à Amber Carson, elle était originaire de Washington. Elle avait un diplôme de l’université d’Howard et pouvait exercer la loi à Washington, dans le Maryland et en Virginie. Elle avait choisi de marcher dans les traces de son père, mort dans l’exercice de ses fonctions d’agent FBI. Elle était aussi la détentrice d’un diplôme de premier cycle en psychologie. Divorcée, elle avait un jeune fils, né avant ses études universitaires.

    J’étais le dernier membre de l’équipe. Ma famille est originaire de la ville de Clinton, en Caroline du Nord. Détenteur d’une licence en musique de l’université de Caroline du Nord, je me retrouvais au milieu de tous ces experts en psychanalyse. Étant donné que j’avais été maintes fois examiné sous toutes les coutures par des experts psychiatres, je suppose que l’on pouvait dire que j’avais moi aussi une expérience longue et variée de techniques psychanalytiques.

    Au début, tout nous semblait surréaliste. La plupart des autres équipes ne nous prenaient pas au sérieux et m‘appelaient Freddie Kreuger dans mon dos. Lorsque les résultats de mon travail de consultant ont commencé à porter leurs fruits, ils ont dû se mettre à me prendre au sérieux. Au fur et à mesure de l’augmentation des cas, les crimes sont devenus de plus en plus violents et mes rêves aussi. C’est à ce moment-là que les choses sont vraiment devenues bizarres et malsaines.

    Au début, j’étais juste un observateur omniscient de rêves qui n’étaient que des reconstitutions mais j’ai fini par commencer à communiquer avec les tueurs et à voir des choses qui ne pouvaient être décrites que comme surnaturelles. Même mon équipe me regardait comme si j’étais malade et avait besoin d’être interné. J’étais officiellement devenu au mieux bizarre, au pire complètement fou. Après ce dernier cas inhabituel, le FBI m’a abandonné et m’a placé ici pour que je me fasse traiter, bien qu’ils sachent pertinemment que je n’étais pas un malade mental. Ils ne pouvaient simplement pas accepter les choses qui s’étaient passées. Je ne pouvais pas leur en vouloir : plus je repensais aux évènements, plus je me disais qu’ils sembleraient plus qu’un peu étranges et que j’aurais bien du mal à y croire s’ils étaient arrivés à quelqu’un d’autre que moi.

    Chapitre 2 :

    Un Rêve dans un Rêve

    C’était le début de l’hiver à Washington. Le froid et la neige étaient arrivés tôt cette année-là. Toute la ville disait que le réchauffement climatique avait tout faux. Apparemment, les habitants de Washington avaient eu la chance d’avoir des hivers doux depuis plusieurs années, où le froid ne semblait pas apparaître avant la mi-janvier voire fin février. Cette année-là, le froid était arrivé début novembre, et il y avait de la neige sur le sol avant Thanksgiving.

    Une tempête du Cap Hatteras été arrivée début décembre, amenant la neige avec elle dans tout le nord-est des États-Unis. Ce temps était réellement dans la moyenne pour cette époque de l’année dans la région. La vérité est que nous aurions dû être contents qu’il ne fasse pas chaud, puisque c’est le réel signe du réchauffement climatique et de la fonte des pôles.

    J’étais le propriétaire d’un condo agréable à Fogg Botton, à l’ouest de Georgetown. Il s’agissait d’un vieil immeuble tout juste rénové. L’appartement comptait deux étages, une cheminée et un balcon, le tout sur parquet. J’adorais avoir une cheminée : la chaleur, les craquements des bûches, les odeurs… mais ce que je préférais restait regarder le feu brûler. Comment ne pas apprécier l’hiver dans ces conditions ?

    Je n’avais pas beaucoup de meubles mais plusieurs instruments : un petit piano à queue dans le salon, une guitare, une basse acoustique et un violoncelle. Avant de me retrouver à travailler avec la police, j’enseignais la musique. Le piano trônait au milieu du salon, sur le parquet et la basse acoustique se tenait debout dans un coin de la pièce. Son archer était à côté. Le violoncelle, que j’adorais et dont je jouais souvent, était accroché au milieu du mur. Il y avait ensuite ma guitare vintage, une Les Paul, qui mettait en valeur l’autre coin de mon mur musical. Un salon où chaque instrument disposait de sa propre rampe d’éclairage, ce qui lui donnait des airs de musée. Il faut dire que j’avais dépensé beaucoup d’argent pour mes instruments, qui étaient des œuvres d’art à part entière.

    Le reste du salon était constitué d’un canapé en cuir et d’un fauteuil assorti ainsi que d’une table basse, qui se trouvait sur un tapis rond devant la cheminée. À droite du manteau de la cheminée se trouvait une bibliothèque. De l’autre côté du mur de musique se trouvait un lecteur cd et une table Vinyle pour écouter les nombreux vinyles de ma collection, le tout complété par un système stéréo Bose.

    Je n’avais ni peinture, ni sculpture. Bien qu’amateur d’art et visiteur régulier de musées, je ne pouvais choisir un artiste, une période ou un genre pour décorer mes murs car j’aimais de nombreux styles différents. J’étais cependant partial envers l’impressionnisme aux formes abstraites et indistinctes. Mes docteurs étaient unanimes : il s’agissait d’une influence de mon subconscient. J’avais presque l’impression d’être le docteur Jekyll à cause de la manière dont ils parlaient de mon état de rêve ou subconscient, comme s’il s’agissait d’un être entièrement séparé, mon monsieur Hyde.

    J’aimais le réconfort offert par l’hiver. Il y avait moins de gens dans les rues et moins crimes. La neige était apaisante et pure, pouvant transformer n’importe quel endroit, même les rues les plus horribles de la ville. Elle recouvrait de nombreux problèmes, embellissant la cité pour un court instant. Tout semblait plus serein en hiver.

    Sans doute mon introversion jouait aussi un rôle mineur dans mon opinion sur l’hiver. J’étais presque devenu un ermite. Je me sentais toujours gêné, comme si j’étais jugé. Sans oublier que lorsque j’avais peu de contacts avec les gens, j’avais aussi moins de rêves à propos desquels je devais m’inquiéter. Parfois, si j’étais vraiment fatigué, ma concentration sur les rêves pouvait se perdre. Je dormais donc au moins quatre heures par nuit lorsque je ne travaillais pas sur des cas compliqués. Je me renfermais alors sur moi-même, loin du monde.

    Je ne alors regardais pas la télévision ni n’écoutais la radio. Je préférais écouter mes vinyles de jazz, jouer aux échecs, lire de la poésie, jouer du piano ou du violoncelle. La musique m’aidait à me détendre. Lorsque je travaillais sur des affaires, je passais des journées entières sans vraiment dormir. On pourrait penser que mon état de rêve me permettrait de me reposer. Ce n’était pas le cas. Une partie de mon cerveau faisait des heures supplémentaires et mon corps tout entier, système nerveux et muscles compris, régissait à tout ce qui se passait dans mon esprit. Un peu comme lorsque que l’on bouge ou parle dans son sommeil mais en plus intense.

    Lorsque j’étais plus jeune, je faisais des crises de somnambulisme lors de ces trances oniriques. Ma mère avait dû utiliser des serrures à double panneton pour m’empêcher de sortir pendant mon sommeil. J’ai appris à contrôler tout cela depuis.

    Je n’avais pas d’amis, seulement des collègues, l’équipe. C’était mieux comme ça car c’était moins compliqué pour moi, moins bizarre. Les membres de l’équipe m’appelaient de temps en temps pour vérifier que tout allait bien. Parfois le SAC, Steven Weiss, venait me rendre visite. J’avais aussi souvent des nouvelles de Dianna Samboro. Elle m’appréciait plus que les autres membres de l’équipe. Dans d’autres circonstances, nous aurions pu être un couple, mais cela aurait été trop délicat pendant que nous travaillions ensemble, sans oublier toutes les choses qu’elle savait sur moi. Elle n’avait néanmoins pas l’air de s’en préoccuper ou de me traiter comme un animal de foire. Elle ne semblait pas m’être indifférente, mais on ne sait jamais ce qu’il se trouve sous les apparences. Et personne n’a besoin de capacité spéciale pour savoir ça !

    Je passais donc une soirée normale chez moi, cuisinant sur fond de jazz, lorsque le téléphone sonna. Je m’attendais à ce que soit Weiss qui ait besoin de moi. Mais c’était la voix de Dianna à l’autre bout du fil.

    — Salut, Chris, je te dérange ? demanda-t-elle.

    — Non, je cuisine.

    — J’étais dans le coin et me demandais si je pouvais passer ?

    — Oui, bien sûr. Viens ! l’exhortai-je.

    Elle arriva une quinzaine de minutes plus tard.

    — Tu étais vraiment dans le quartier ! m’exclamai-je en lui ouvrant la porte.

    — Oui, j’avais du shopping de dernière minute à faire à Georgetown. As-tu déjà fini tes cadeaux ? me demanda-t-elle.

    — Oui, le peu que j’avais à faire.

    — Tu sais, je suis simple, comme fille. J’espère que tu ne m’as rien acheté de trop cher ! répondit-elle avec un sourire pendant que je prenais son caban.

    — Oh, tu as l’air complètement différent sans tes lunettes à la Clark Kent, Chris. Tu devrais montrer ses superbes yeux verts plus souvent ! dit-elle en me regardant droit dans les yeux.

    Je n’y avais pas vraiment pensé, mais elle était habituée à me voir avec mes lunettes cerclées de noir pendant le travail, lunettes que je ne portais presque jamais une fois à la maison.

    — Donc, je suis à l’heure pour le diner ajouta-t-elle, souriante. Dianna était quelqu’un de franc et direct,

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