À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Arrivé en France à l’adolescence, Facinet se consacre à la poésie et aux contes après le lycée et les classes préparatoires. Reparti en Guinée durant l’épidémie d’Ebola, il devient attaché de cabinet au ministère de la Jeunesse. De retour en France, il achève son doctorat et s’engage dans une association d’aide aux migrants. Ses écrits reflètent les révoltes et émerveillements d’une condition noire partagée entre Afrique et Europe, exil et migration.
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Avis sur Le greffier du tribunal
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Aperçu du livre
Le greffier du tribunal - Facinet
Facinet
Le greffier du tribunal
Roman
© Lys Bleu Éditions – Facinet
ISBN : 979-10-422-5955-6
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Je suis le greffier du tribunal, infatigablement droit dans l’assemblée comme un tableau, je transcris les plus objectives lignes qui résonnent ici et là entre quatre murs.
C’est moi le gratteur de papiers carreaux, l’unique individu qui ne tremble pas dans la mêlée austère et le tohu-bohu plus triomphant.
Et devant l’amertume et devant l’effroi, j’ai été celui qui ne pense jamais à l’horizon qui pleure au-delà des parpaings ici présents.
Monsieur, je suis bel et bien l’homme invisible n’est-ce pas ? Solennellement installé derrière sa machine et ses dossiers, tapant maladivement comme un marteau frappe l’enclume.
Inlassablement sous le climatiseur qui ronronne, je donne vie à des lettres et des chiffres, témoignages gris et plats de toutes sortes de crimes et d’opprobres dictés au milieu des foules aux aguets, de la foule impatiente qui tend l’oreille sur la probité infernale des gouvernants et des gouvernés.
Personne ne me regarde pourtant.
Ici, la seule personne qui ne parle pas, c’est bien moi. La seule personne qui ne prend pas parti c’est bien moi. La seule personne sur qui rien ne paraît, c’est encore bien moi. Vous ne trouvez pas que c’est philosophique ?
Je ne suis rien d’autre qu’une ombre jetée entre l’encre et le blanc de l’œil.
Avant chaque audience, comme vous le constatez, je suis en charge matinalement de la préparation et de la gestion des dossiers du Président, c’est un gentil Monsieur, le Président, comme vous le verrez ; il ne va plus tarder, il s’arrange au moment où je vous parle avec une jeune fille de passage tôt dans son bureau dès les premières lueurs ; ce n’est pas pour un dossier rassurez-vous, c’est une tradition chez nous ces visites matin et soir pour les commis de l’État, on appelle ça le « deuxième bureau ». Puisque vous en avez certainement entendu parler chez d’autres, je ne vais pas rentrer dans les détails si vous voulez bien ; derrière chaque rideau que vous voyez là-bas, se jouent quotidiennement des scènes que votre esprit trouverait dérangeantes et obscènes.
Des secrets, oui, j’en compte beaucoup, Monsieur ; le droit est fait de secrets judiciaires, n’est-il-pas ? Et certains silences ont leur pesant d’or.
Monsieur, dans une chambre, située certes à l’ouest de ma mémoire, sont empilés des milliers de succions et de concussions, des procès-verbaux, des enquêtes folles et affolantes ainsi que des actes de justice aussi bien que l’indémontrable.
S’il fallait commencer à accuser, j’accuse d’abord notre ersatz commun, notre je profond, notre moi livide, y compris ma propre personne, témoin intègre des confessions les plus monstrueuses pour ce peuple et démissionnaire de par la conscience : Monsieur, on a mis l’uniforme au fauteur, il faut se l’avouer, la camisole au juge et la cravate au marabout. C’est la République des Guirlandes, pour de vrai, même pas besoin de forcer le trait en portrait faux, tout le monde le sait dans le monde, mêmes les enfants sourds et muets qui attendent le père Noël connaissent ce secret de polichinelle : les africkains sont des vilains visages…
Monsieur, 60 ans de parquet, un océan de chefs d’accusation, une pyramide de dossiers d’instructions, une cathédrale de faux complots et un building de délibérés, de réquisitoires, de plaidoiries et de sentences et de grâces, tout est passé entre mes dix doigts experts, offerts à l’utilité et la cause publiques, mes dix petits doigts résignés, figés au-dessus la foule hystérique et tout aussi lâche, mes doigts courbés comme des réverbères sur des histoires à couper le souffle, à dormir debout et à courir dans l’eau, des légendes d’argent et de vies bafouées, les récits dignes d’un beau western ardent et leurs dénouements négociés au rabais, sous le manteau, quelque part autour de nous, de manière fataliste et assumée : nous sommes chez l’épicier Monsieur, tout est à vendre, et la liberté, et la prison, tout se vend et s’achète, il paraît même, hors-les-murs, que la position et la fortune aussi s’achètent : il suffit d’avoir le pot ou l’entrain qu’il faut.
Monsieur, croyez-moi ou non, malgré l’état de délabrement général des lieux où nous sommes, avec ses suintures de pluies un peu salissantes qui glissent le long du crépi de granite mort, il y a plus d’étés, de trafic, de terre et d’or dans ce tribunal que vos yeux ne pourront couvrir toute votre vie, avec en échange un tas de corruptions nauséabondes que n’en contiennent de corps les mers les plus ingrates de ce monde.
Ici je pense que les tribunaux ne devraient pas exister, car ils débordent Monsieur : tous y passeraient, et tout y passe : prêtres, imams, dignitaires du régime, forces de défense et de sécurité, bandits et cols blancs, officiers de police judiciaire, péripatéticiennes bien établies, si tous devaient se confesser on déclencherait l’apocalypse avant le retour du Christ promis par Mahomet lui-même.
Mon bon Monsieur, bien sûr, écrire les faits et gestes des protagonistes, oui, telle a été ma charge pendant 60 longues années assis au service de la République : péniblement installé sur le dur bois de ma chaise proprement vernie, la tête lamentablement baissée, je n’ai jamais regardé personne non plus : mon travail à moi était musculaire, mes phalanges restaient parfois enfoncées sur une touche de ma machine comme un aimant, mes nerfs craquaient parfois et sautaient par terre pour rattraper les aveux ou les horreurs qui se délattent dans la musique sourde du tribunal que j’étais le seul à pouvoir entendre vraiment : d’éternels regrets insuffisants qui sifflotent encore dans mon crâne sans en perdre une miette, d’éternels mea culpa qui n’arrangent surtout rien au destin de nos ventres qui ronronnent comme la machine et le climatiseur, d’éternels atermoiements de gros crocodiles qui ne réparent pas nos vies qu’ils assomment chaque jour, d’éternelles négociations qui ne
