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Vampires et poudre aux yeux: Série sasha urban, #7
Vampires et poudre aux yeux: Série sasha urban, #7
Vampires et poudre aux yeux: Série sasha urban, #7
Livre électronique390 pages4 heuresSérie sasha urban

Vampires et poudre aux yeux: Série sasha urban, #7

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À propos de ce livre électronique

A conclusion épique de l'histoire de Sasha Urban

 

J'ai trouvé ma famille et mon amour. Je me suis retrouvée moi-même.

 

Mais ce n'est pas terminé.

 

Malgré tous mes alliés, je ne peux échapper à ma destinée.

 

La fin du monde approche et je suis la seule à pouvoir l'arrêter.

LangueFrançais
ÉditeurMozaika Publications
Date de sortie6 janv. 2025
ISBN9781631429958
Vampires et poudre aux yeux: Série sasha urban, #7
Auteur

Dima Zales

Dima Zales is a full-time science fiction and fantasy author residing in Palm Coast, Florida. Prior to becoming a writer, he worked in the software development industry in New York as both a programmer and an executive. From high-frequency trading software for big banks to mobile apps for popular magazines, Dima has done it all. In 2013, he left the software industry in order to concentrate on his writing career.Dima holds a Master's degree in Computer Science from NYU and a dual undergraduate degree in Computer Science / Psychology from Brooklyn College. He also has a number of hobbies and interests, the most unusual of which might be professional-level mentalism. He simulates mind-reading on stage and close-up, and has done shows for corporations, wealthy individuals, and friends.He is also into healthy eating and fitness, so he should live long enough to finish all the book projects he starts. In fact, he very much hopes to catch the technological advancements that might let him live forever (biologically or otherwise). Aside from that, he also enjoys learning about current and future technologies that might enhance our lives, including artificial intelligence, biofeedback, brain-to-computer interfaces, and brain-enhancing implants.In addition to his own works, Dima has collaborated on a number of romance novels with his wife, Anna Zaires. The Krinar Chronicles, an erotic science fiction series, has been a bestseller in its categories and has been recognized by the likes of Marie Claire and Woman's Day. If you like erotic romance with a unique plot, please feel free to check it out, especially since the first book in the series (Close Liaisons) is available for free everywhere.Anna Zaires is the love of his life and a huge inspiration in every aspect of his writing. Dima's fans are strongly encouraged to learn more about Anna and her work at http://www.annazaires.com.

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    Aperçu du livre

    Vampires et poudre aux yeux - Dima Zales

    CHAPITRE UN

    — Nero, dis-je en chuchotant assez fort.

    Je m’extirpe de ses bras et le secoue.

    — Réveille-toi.

    Il ouvre brusquement les paupières, puis fronce les sourcils en s’asseyant.

    Il a dû remarquer ma panique.

    — Tu as fait un autre cauchemar ? demande-t-il.

    J’écarquille les yeux, momentanément distraite.

    — Un autre cauchemar ? Quand ai-je fait le premier ?

    — Tu ne t’en souviens pas ?

    Il lève la main et caresse l’arrière de ma tête comme si j’étais un chat.

    — Tu as gémi et poussé de petits cris au milieu de la nuit. Je me suis réveillé deux fois.

    Sérieusement, des cauchemars ? Comment se fait-il que je ne m’en souvienne pas ?

    Ai-je rêvé de l’apocalypse à venir avant d’avoir ma vision éveillée ? Impossible. Les visions basées sur les rêves disparaissent quand je reprends le contrôle de ma conscience. Il devait s’agir de cauchemars ordinaires… et ils ne sont certainement pas à la hauteur de la terrible réalité.

    Nero baisse la main.

    — Alors, qu’est-ce qui ne va pas ?

    J’inspire profondément et lutte contre l’envie de replacer sa paume où elle était.

    — Je viens d’avoir deux visions affreuses.

    Il fronce les sourcils.

    — Des visions ? Quelles visions ?

    J’inspire encore et lui confie que Tartarus – le Conscient extrêmement puissant capable de se nourrir de mondes entiers – vient sur Terre pour un buffet à volonté.

    — J’ai vu mes deux parents sous forme d’enveloppes desséchées, dis-je avec un tremblement du menton. Tous ceux que nous avons connus vont mourir.

    Nero me regarde, puis il me serre contre son torse puissant, en sécurité dans ses bras. Bien que ce soit apaisant, cela ne me calme pas… d’autant plus que je me rends compte qu’il ne commente pas mon histoire.

    J’espérais une réaction du genre « courons jusqu’à la Terre et sauvons tout le monde tout de suite ».

    Il embrasse ma tempe en passant la main sur mon dos.

    — Tu es sûre que ce n’était pas un cauchemar ? murmure-t-il en continuant à me caresser comme si j’étais un chinchilla.

    Je m’écarte brusquement.

    — Bien sûr que j’en suis sûre !

    Il m’observe, puis hoche la tête.

    — D’accord. Étant donné les circonstances, il fallait que je pose la question.

    — J’étais réveillée et entièrement sobre, dis-je en grognant. Et il y a eu deux visions consécutives. Je suis certaine que cet Armageddon est réel.

    Je me lève d’un bond, attrape mes vêtements et les enfile furieusement, puis je fourre l’épée du portail dans l’arrière de mon pantalon.

    — Très bien.

    Nero se lève, pas du tout gêné par sa nudité. En même temps, il n’a pas de vêtements, car il est arrivé ici en volant, sous sa forme de dragon. Il s’avance vers moi et déclare :

    — Je veux que tu me dises exactement ce qui est arrivé depuis que j’ai quitté la Terre. Plus spécifiquement, comment tu as fini par devenir une vampire. Tu l’as brièvement mentionné au château, mais je veux…

    — Quoi ? Je te dis que la Terre est sur le point d’être détruite, et tu veux que je te raconte une histoire ?

    Il serre la mâchoire.

    — Je dois tenir compte de toutes les variables.

    Je réplique sèchement :

    — Et moi, j’ai besoin de connaître notre plan d’action.

    Nero se penche vers moi.

    — Je voudrais comprendre une chose : tu ne trouves pas suspect que Tartarus apparaisse juste après Lilith et Nostradamus, deux personnes qui sont obsédées par lui ?

    Je le regarde fixement.

    — Je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir.

    Nero lève les sourcils, l’air d’attendre calmement, et je cède avec un soupir. Je lui raconte tout, à commencer par l’attaque des chorts contre Felix et comment ils auraient tué papa et maman si je ne m’étais pas rendue. Quand j’arrive à la partie où ils m’ont torturée, le visage de Nero est si effrayant que les chorts ont de la chance d’être déjà morts, à mon avis. Je lui parle alors des souvenirs de Nostradamus et de sa quête pour venger sa famille – qui a été tuée par Tartarus –, et de la prophétie qu’il a faite à Lilith en affirmant que Tartarus causerait sa perte.

    — Ensuite, Felix a utilisé son pouvoir pour me transmettre les conversations téléphoniques de Lilith, et j’ai découvert le piège. C’est elle qui a envoyé les chorts contre moi, et c’est à cause de ça que je suis une vampire. On peut faire quelque chose, maintenant ? Nous devons…

    — Réfléchir avant d’agir, termine Nero.

    En russe, il ajoute :

    — On mesure sept fois pour couper une seule fois.

    — À supposer qu’il reste encore quelque chose à couper après tous ces calculs, je grommelle en reconnaissant le proverbe de l’un des manuels que j’ai étudiés récemment.

    — Tu veux être proactive ? Et si tu demandais quoi faire à tes pouvoirs de voyance ?

    Je le regarde, bouche bée.

    — Comment ça ?

    — Quand je consulte des voyants, je leur explique mon but et ils regardent l’avenir pour trouver une voie qui me conduira jusqu’à l’objectif en question.

    Je me mords la lèvre.

    — Oh. Je n’ai jamais rien essayé d’aussi direct.

    — Fais-le maintenant, ordonne Nero en regardant ma bouche.

    — Très bien.

    Je ferme les yeux, puis je fais de mon mieux pour me calmer suffisamment et passer dans l’espace mental.

    Il me faut quelques secondes avant d’atteindre la concentration requise, mais dès que j’y parviens, je me retrouve à flotter, entourée par les formes de mes visions.

    Des formes qui ne semblent pas être intéressantes, car leur musique évoque celle des ascenseurs.

    Il est impossible que ces visions aient un rapport avec Tartarus. Au hasard, je dirais plutôt qu’il s’agit de Fluffster expliquant notre budget annuel d’essuie-tout ou de Felix chantant les louanges de son algorithme informatique préféré.

    Mais si ce n’est pas ce dont j’ai besoin, comment faire ce que Nero a suggéré ? Comment « ordonner » à mes pouvoirs de me donner une vision de ce qui empêchera l’arrivée de Tartarus sur Terre ?

    Eh bien, comme tout le reste dans l’espace mental implique l’essence des concepts et des gens, pourquoi ne pas essayer ça ?

    D’une façon ou d’une autre.

    Toujours en flottant, je fais de mon mieux pour atteindre l’essence du problème. Je canalise le chagrin que j’ai ressenti en voyant les enveloppes vides de mes parents. Pour faire bonne mesure, j’ajoute aussi mon irritation contre Nero et son manque de réactivité, et mon angoisse quant à l’énormité de la tâche qui nous attend.

    Même si je ne sais pas trop ce que je fais, cela semble fonctionner. De nouvelles formes apparaissent autour de moi et elles sont aussi déstabilisantes que les autres étaient ennuyeuses. À cause de la musique qu’elles émettent, je me demande si je suis sur le point de voir un avenir dans lequel j’écorche moi-même tous les chatons de la Terre pour un rituel qui ferait partir Tartarus.

    Ou bien je fais de la soupe avec Fluffster et Lucifer.

    On peut toujours compter sur le destin pour transformer quelque chose de bien – comme empêcher l’apocalypse – en quelque chose de mauvais.

    Je frissonne métaphoriquement et flotte un moment, sans être sûre d’oser toucher les formes en question.

    Bon, je ne peux pas faire autrement. Il faut que je sache.

    Je rassemble mon courage et m’étire vers la forme la plus proche en me préparant au pire.

    CHAPITRE DEUX

    Je me réveille au bruit de voix familières.

    — Batman v Superman devrait avoir un score plus élevé sur les sites de cinéma, râle Ariel quelque part. Même le dernier Matrix – celui que tu aimes le moins – a de meilleures notes.

    — Pourquoi dois-tu toujours ramener Matrix sur le tapis ? grommelle Felix. C’est parce que tu es jalouse que le premier Matrix ait eu de meilleures notes que n’importe quel Batman ?

    — Je ne vais pas repartir là-dedans, rétorque Ariel, que je vois presque lever les yeux au ciel. Tu dois au moins être d’accord pour affirmer qu’Armageddon – un autre film avec Ben Affleck – ne devrait pas avoir un score plus élevé que Batman v Superman.

    Le mot Armageddon déclenche une poussée d’adrénaline en moi, chassant le sommeil qui subsistait.

    Je m’assieds et me frotte les yeux.

    Felix et Ariel me regardent tous les deux avec inquiétude. En chœur, ils demandent :

    — Comment tu te sens ?

    — J’ai connu des jours meilleurs, dis-je en essayant de comprendre où nous sommes.

    La chambre ennuyeuse ne contient aucun meuble hormis mon lit et elle n’a pas de fenêtres. Il règne aussi une vague odeur de médicaments… C’est peut-être le bureau d’une infirmière ou une chambre d’hôpital ?

    La porte grise derrière mes amis se fracasse bruyamment.

    À quelques centimètres au-dessus du sol, je vois flotter Lilith – ma mère biologique et une déesse diabolique sur un des Autremondes.

    Les yeux transformés en miroir, elle vole à l’intérieur de la chambre.

    Ariel se retourne.

    — Reste là et ne bouge pas, ordonne Lilith d’une voix mielleuse.

    Le corps d’Ariel se raidit lorsque l’ensorcellement la transforme en mannequin de vitrine.

    — Toi aussi, susurre Lilith à Felix, qui devient immédiatement une statue.

    Elle félicite mes amis pour leur coopération avant de retrouver un regard normal et de m’observer.

    — Sasha, ma chère, comment te sens-tu ?

    — Qu’est-ce que tu fais ici ?

    Je saute du lit et la défie du regard.

    Son sourire béat dévoile ses canines.

    — Je suis là pour voir comment tu vas. Ton bien-être est très important pour moi.

    — Mais bien sûr. C’est la raison pour laquelle tu as appelé les chorts et leur as dit de me poser des questions sur Raspoutine. Comptes-tu faire semblant de ne pas t’être attendue à ce qu’ils me tuent ?

    Son sourire disparaît sans laisser de traces.

    — Je travaillais avec un voyant, donc je savais que tu allais te transformer. N’importe quelle mère veut que ses enfants atteignent leur véritable potentiel. Tu devrais me remercier.

    — Ha ha, bien sûr. Merci beaucoup. La torture, c’était génial.

    Fronçant les sourcils, Lilith descend jusqu’à ce que ses pieds touchent le lino gris.

    — Si tu te comportes comme une petite ingrate, je vais arrêter de jouer à la maman gentille avec toi.

    Je la regarde sans comprendre. Tous les gens qu’elle a brutalement tués devant moi, toutes ses tentatives pour me forcer à achever les chorts blessés, c’était la version gentille ?

    — Ça fait beaucoup à digérer, dis-je, car je préfère qu’elle n’arrête pas d’essayer de me charmer.

    C’est trop tard. Elle plisse les yeux et annonce :

    — Comme tu sembles me détester sans aucune raison valable, je vais t’en donner une… et ce faisant, te rendre beaucoup plus forte.

    Elle regarde Ariel, puis Felix, et chantonne :

    — Plouf, plouf.

    Une sensation horrible me tord l’estomac quand son regard atterrit sur Felix.

    — C’est décidé, dit-elle avec un sourire carnassier. Je veux que tu tues celui-ci.

    Je la contemple, stupéfaite, mais elle attend simplement, comme si elle pensait qu’il existe un univers dans lequel je tuerais mon ami juste parce qu’une psychopathe me le demande.

    — Écoute, je ne suis pas ingrate, c’est juste que…

    — Ne l’ai-je pas dit assez clairement ?

    Elle se frotte le menton.

    — Et comme ceci, alors ? Je t’ordonne de lui arracher le cœur.

    Le mot « ordonne » frappe mon cerveau comme un camion, et j’ai l’impression de tomber.

    Sauf que je ne tombe pas vraiment. C’est mon libre arbitre et ma conscience qui sont bannis loin au fond de moi.

    Une fraction de seconde après cette étrange sensation, je me sens comme enfermée dans un bunker souterrain secret à l’intérieur de mon propre cerveau… et mon corps commence à bouger avec la détermination d’un zombie.

    — Voilà, susurre Lilith. Je sais que ça peut être compliqué, au début.

    Loin dans mon exil, j’ai envie que ma bouche hurle avec horreur, mais aucun son ne franchit mes lèvres.

    Je cherche désespérément à arrêter mon corps, sans succès.

    Avant que je comprenne ce qui se passe, ma main droite se soulève comme celle d’une marionnette, puis plonge dans le torse de Felix avec une vitesse et une force dont je ne me savais pas capable.

    Même s’il est sous l’influence d’un ensorcellement, Felix pousse un cri de douleur, mais seulement pendant une seconde. Ensuite, il s’affaisse autour de ma main, sans connaissance.

    Qu’est-ce que je fais ? Que fait mon corps ? Comment est-ce possible ?

    « Non. Arrête, s’il te plaît ! » aurais-je crié si ma bouche fonctionnait.

    Sans tenir compte de ma volonté, mon corps saisit le cœur de Felix qui ne bat plus, l’arrache et le jette aux pieds de Lilith.

    Ce qui reste de Felix s’effondre en un tas de chair sanguinolente.

    Au fond de mon esprit, je hurle d’horreur et de chagrin, mais mon corps reste immobile, calme comme la pierre.

    — Très bien, observe Lilith. Maintenant, en guise de récompense, tu peux boire celle-là.

    Elle hoche la tête vers Ariel.

    Il s’agit d’un des cauchemars mentionnés par Nero. C’est obligé. Il est impossible…

    Mon corps bondit vers Ariel.

    Je lutte pour échapper à son emprise, mais mes canines s’enfoncent dans la gorge d’Ariel et son sang inonde mon corps, provoquant en moi un plaisir malvenu et ignoble.

    — Finis ton repas, ordonne Lilith.

    Je suis horrifiée de voir que je continue à boire jusqu’à ce qu’Ariel n’ait plus une goutte de sang à me donner.

    — Tu es prête ?

    Lilith me sourit quand le cadavre d’Ariel s’effondre à côté de celui de Felix.

    Elle tourne les talons et se dirige vers la porte. Mon corps, ce traître, la suit.

    CHAPITRE TROIS

    Je suis de retour dans le monde des dragons, debout dans le cratère que Nero et moi avons créé hier soir au bord de la clairière. Je respire bruyamment, ce qui signifie que je suis à nouveau maîtresse de mon corps.

    Nero me saisit par le bras.

    — Que s’est-il passé ? Est-ce que ça va ?

    — C’était une vision. Une vision horrible, horrible.

    Le regard de Nero me transperce.

    — Qu’est-ce que tu as vu ? Que faut-il faire pour arrêter Tartarus ?

    Arrêter Tartarus.

    J’étais si submergée par l’horreur dont je venais d’être témoin que j’en avais oublié que la vision était censée me montrer comment empêcher l’apocalypse.

    Comment la mort de mes amis pouvait-elle contribuer à…

    Le regard de Nero s’assombrit.

    — Sasha. Parle-moi.

    Le cœur battant à la vitesse d’une gerbille dans une roue d’exercice, je relate péniblement ce que je viens de prévoir.

    À mesure que mon récit avance, les anneaux cornéo-limbiques de Nero deviennent immenses.

    — Quand tu as mentionné Lilith au château, je craignais précisément ce scénario, déclare-t-il sombrement quand j’ai terminé. Elle t’a donné son sang pour avoir une emprise sur toi quand tu t’es transformée.

    Une emprise.

    Évidemment.

    Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

    Lucretia a bu le sang de Gaius, et quand elle s’est transformée en vampire, il a pu lui faire faire ce qu’il voulait, parce qu’il était devenu son seigneur… jusqu’à ce qu’il se fasse tuer par nous, en tout cas.

    J’aurais dû penser à cette histoire de lien du seigneur dès que je me suis transformée, mais j’étais trop occupée à sauver la vie de Nero, puis à profiter de ma récompense.

    Engourdie, je me frotte la nuque.

    — Lilith a donc du pouvoir sur moi. Je dois lui obéir.

    — Oui, mais il faut qu’elle puisse te parler pour utiliser ce pouvoir… précise Nero d’un ton menaçant.

    Je l’imagine presque arracher la langue de Lilith pour éviter ce scénario, sauf qu’il ne réussirait pas nécessairement. Avec tout le pouvoir acquis par Lilith parce qu’elle est vénérée dans son monde, elle pourrait le tuer s’il essayait d’agir pour m’aider.

    Comme s’il lisait dans mes pensées, Nero grogne :

    — Arrête d’y songer. Ce que tu as vu n’arrivera pas. Je ne la laisserai pas s’approcher de toi. Je préfère encore voir mourir la Terre.

    La Terre.

    J’avais presque oublié.

    Quand j’ai demandé à mes pouvoirs de voyance comment sauver tout le monde, ils ont répondu par « deviens l’esclave de Lilith ».

    Mais pourquoi ?

    En quoi ça peut aider ?

    Je n’ai peut-être pas correctement formulé ma question.

    Cela mérite une deuxième opinion. Et une troisième, si nécessaire. Et une quatrième.

    Je lutte pour retourner dans l’espace mental, mais je n’arrive pas à me concentrer. Je dois être trop stressée.

    Avec un énorme effort, j’inspire profondément et réunis encore une fois mes forces mentales. Et encore une.

    À la cinquième tentative, j’avoue ma défaite. Ce n’est pas le stress. Je n’ai plus de pouvoir parce que je viens d’avoir deux visions concernant une période ciblée… et elles sont particulièrement coûteuses. Mais…

    Avant que je puisse terminer ma pensée, Nero fait un pas en arrière, se met à luire, puis se transforme en dragon.

    Waouh.

    Tendant doucement la patte, il me saisit et me dépose sur son dos gigantesque. Puis, sans même rugir que je dois me préparer à foncer, il bondit dans le ciel et file vers le château.

    Si j’étais sujette aux crises cardiaques, j’en aurais eu une ici et maintenant. Chevaucher à dos de dragon est stressant par une journée calme, et comme je suis déjà paniquée, mon cœur me semble capable de sauter de ma cage thoracique pour me donner un coup de poing.

    En un clin d’œil, nous passons au-dessus du champ de bataille… qui a été nettoyé, surtout près de l’entrée du château où atterrit Nero.

    Pozoj – le dragon au nez crochu de l’autre jour – est là pour nous accueillir. Calmement, il regarde Nero me déposer à côté de lui et reprendre sa forme humaine.

    Je n’ai que très légèrement chaud en voyant Nero tout nu, preuve que je suis dans un état d’angoisse extrême.

    — Voici Sasha, grogne Nero à l’autre dragon. Veille sur elle. Je dois aller me recharger.

    Il disparaît dans le château en filant comme un éclair.

    — Ravi de te rencontrer, Sasha, déclare Pozoj. Claudia vient de me parler de toi.

    J’essaie de stabiliser ma respiration.

    — Ah bon ? Que des compliments, j’espère.

    — Je lui expliquais combien j’étais impressionnée, annonce Claudia en sortant du château avec un immense sourire. Je lui disais aussi que je suis heureuse de savoir que mon frère a été entre de bonnes mains tout ce temps.

    — Oh, euh… il n’était pas entre mes mains.

    Je me balance d’un pied sur l’autre, gênée.

    — En parlant de ton frère, sais-tu où il vient de partir ? Nous devons parler de quelque chose et…

    — J’imagine qu’il est allé profiter de son nouveau magot, explique Pozoj d’un ton légèrement envieux. Tu as entendu. Il a dit avoir besoin de se recharger.

    — Se recharger ?

    Je regarde Claudia, puis Pozoj.

    — Qu’est-ce que ça veut dire ?

    — Que sais-tu exactement au sujet des dragons ? demande Claudia.

    Je ne peux m’empêcher de remarquer qu’elle se tient proche de Pozoj, et qu’ils donnent l’impression de vouloir se toucher la main. Claudia a fréquenté des gens sans attendre, pendant notre absence, à Nero et moi.

    — Je sais que Nero peut guérir des blessures majeures en s’allongeant sur son trésor sur Terre. Et qu’il a plus d’énergie et moins besoin de dormir après ça.

    — Effectivement, mais se recharger, c’est bien plus que ça, indique Claudia. Tout ce qui fait de nous ce que nous sommes est augmenté : la rapidité, le temps de réaction, l’endurance…

    — J’ai vraiment besoin de lui parler, dis-je en devinant déjà ce que l’on va me répondre.

    — Il vaut mieux ne pas déranger un dragon sur son trésor, affirme Pozoj d’un ton pragmatique, confirmant mon inquiétude.

    — Laisse au moins quelques heures à mon frère, ajoute Claudia. Ensuite, je te conduirai moi-même auprès de lui.

    — Mais je suis pressée. Je suis voyante et…

    — Une voyante et une vampire ? s’exclame Claudia alors que Pozoj et elle me dévisagent avec un regain d’intérêt soudain.

    Je me demande si je peux les attraper par le col et les secouer pour leur faire comprendre l’urgence sans trop les fâcher.

    — Oui. Peux-tu me conduire à Nero, maintenant ?

    — Je suis désolée, répond Claudia. Je ne veux pas le contrarier alors que nous venons de nous retrouver.

    Je regarde Pozoj.

    — Je ne sais pas où se trouve le trésor impérial, dit-il. Et surtout, je ne suis pas suicidaire.

    — Très bien. Pouvez-vous au moins me conduire aux Conscients qui viennent de la Terre ?

    — Avec plaisir, lance Claudia en attrapant enfin Pozoj par la main. Suis-nous.

    Elle entre dans le château en se pavanant, traînant le dragon derrière elle, et je m’empresse de les suivre.

    Pendant que nous marchons, Claudia commence à flirter avec Pozoj et j’apprends qu’il vient de la famille de dragons la plus riche et la plus noble de ce monde… ce qui est sans doute la raison pour laquelle Nero lui a donné un poste moins dangereux dans le conflit d’hier. Au bout d’un moment, je n’écoute plus leurs bavardages et tente d’entrer dans l’espace mental.

    Raté.

    Bon, je n’ai pas besoin d’une vision pour prédire l’avenir proche. Je peux le faire en me basant sur les événements passés.

    Pour commencer, Nero va sans doute vouloir m’enfermer et jeter la clé dans le but de me protéger. Et c’est peut-être un des rares cas où je devrais le laisser faire. Après tout, si je ne vais pas sur Terre, je ne peux pas tuer Felix et Ariel.

    En supposant que c’est sur Terre que je les tue.

    Bien sûr, il existe d’autres moyens, plus simples, d’empêcher cette vision de se réaliser. Par exemple, je peux éviter les hôpitaux et les autres bâtiments médicaux… et c’est exactement ce que je vais faire.

    Il est hors de question que je ne me rende pas sur Terre. Bien que je n’aie plus de pouvoir de voyance, une intuition puissante m’indique que si je n’essaie pas de gérer personnellement le problème de Tartarus, mes parents vont mourir.

    Maintenant, la question à un million de dollars est celle-ci : Nero va-t-il m’aider à empêcher l’apocalypse ?

    Il a affirmé qu’il préférait voir mourir la Terre plutôt que de laisser Lilith me reprendre.

    Est-il possible qu’il se contente de régner ici, sur son monde de dragons, et qu’il laisse les habitants de la Terre gérer la menace par eux-mêmes ?

    — Les voilà, annonce Claudia quand nous entrons dans une grande salle à manger plus bruyante qu’une boîte de nuit.

    Presque tous ceux que Nero a conduits ici pour l’aider à se battre sont assis à une énorme table au milieu de la pièce. Seuls les géants – à l’exception de Colton – et les centaures sont absents.

    Tout le monde se régale de diverses spécialités gastronomiques, sauf Vlad, qui sirote une boisson ressemblant à du sang.

    — Sasha ! s’exclame Kit avec enthousiasme en adoptant mon apparence.

    Avec ma voix, elle continue :

    — Je me demandais si Nero t’avait rejointe.

    Elle agite ses/mes sourcils d’un air suggestif, et je dois me battre contre deux réflexes : rougir et l’étrangler.

    — Pas le temps pour les commérages, dis-je de mon ton le plus urgent. J’ai des informations que tous ceux qui viennent de la Terre doivent savoir.

    Vlad, Kit, Colton, Albina, le grand loup-garou, la femme qui peut contrôler les animaux et celui que je soupçonne d’être un elfe me dévisagent avec différents degrés de curiosité.

    — C’est Tartarus. Il arrive sur Terre.

    La pièce est plongée dans le silence.

    Maintenant que j’ai leur attention, je leur explique ce que j’ai prédit et – improvisant une idée diabolique – finis par :

    — Nero vous doit une faveur pour votre aide dans le monde des dragons. Si vous craignez ce qui arrivera chez vous, demandez-lui de

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