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L'île aux capitaines: Une enquête de Nazer Baron - Tome 26
L'île aux capitaines: Une enquête de Nazer Baron - Tome 26
L'île aux capitaines: Une enquête de Nazer Baron - Tome 26
Livre électronique252 pages2 heuresUne enquête de Nazer Baron

L'île aux capitaines: Une enquête de Nazer Baron - Tome 26

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À propos de ce livre électronique

La voiture de Lisa avait été découverte vide. Aucune trace de la jeune femme. Disparition volontaire ? Accident ? Suicide ?

Deux ans plus tard, le juge ordonne une contre-enquête, dernier espoir de découvrir la vérité avant de classer le dossier.

Nazer Baron débarque sur la confidentielle île d’Arz, l’un des joyaux du Golfe du Morbihan, qu’il va arpenter sans autre choix que de parler aux arbres et d’écouter le vent.

Entre un mari avec lequel elle ne s’entendait plus et un ex-amant qui avait choisi de rompre, Lisa menait là une vie qui ne lui convenait pas. Dépressive peut-être… Malade…

Et il y avait cet avocat, mort noyé sur son îlot privé tout proche…

L’enquête dérange sur ce bout de terre où tout le monde se connaît… mais où chacun garde pourtant ses secrets bien enfouis. Nazer Baron va devoir retrouver puis recoller les pièces du puzzle pour lever le voile sur un terrible mystère…

Un savoureux roman d’atmosphère d’Hervé Huguen, qui nous livre une fois de plus une excellente enquête, à la Simenon, où rien n’est laissé au hasard… Du travail d’orfèvre de la part de cet auteur dont les ouvrages se sont déjà écoulés à plus de 200 000 exemplaires.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Hervé Huguen - Ce nantais, avocat de profession, consacre aujourd’hui son temps à l’écriture de romans policiers et de romans noirs. Son expérience et son intérêt pour les faits divers, événements tragiques ou extraordinaires qui bouleversent des vies, lui apportent une solide connaissance des affaires criminelles.
Passionné de polar, il a publié son premier roman en 2009 et créé le personnage du commissaire Nazer Baron, enquêteur rêveur, grand amateur de blues, qui se méfie beaucoup des apparences…
LangueFrançais
ÉditeurPalémon
Date de sortie13 sept. 2024
ISBN9782385273798
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    Aperçu du livre

    L'île aux capitaines - Hervé Huguen

    I

    Après une courte escale à Port Anna, le bateau-bus avait repris son cabotage au milieu de la rivière.

    L’étrave fendait les eaux grises du goulet. Tout était silencieux. On eut dit que le temps retenait son souffle tant les contours du Golfe demeuraient immobiles, fondus dans une tranquillité rassurante.

    Il pleuvait depuis quelques minutes, mais une pluie si fine qu’on ne la percevait pas, dissipée par un reste de vent d’ouest qu’on eût dit à bout de forces. Même les goélands semblaient avoir renoncé à planer dans les risées. Ils se laissaient bercer au milieu du sillon tracé par les hélices, pointant leur bec hautain en direction de cette coque blanche qui leur tournait le dos.

    Le Boëdic 2 voguait vers le large.

    Debout sur le pont arrière, Nazer Baron regardait défiler la procession d’embarcations amarrées comme les perles d’un chapelet tout au long du passage. La côte, de part et d’autre du chenal, se nimbait d’un voile qui ne ternissait même pas les couleurs tant il était léger. Rien ne bougeait, la surface de l’eau se ridait à peine dans les déchirements de roches. C’était la marée basse, les grèves se dessinaient, la crique de Roguedas avait l’aspect d’un champ de goémon.

    Baron tourna la tête vers l’autre rive.

    Le navire atteignait l’embouchure, à l’extrémité de la presqu’île de Séné, signalée par une vaste bâtisse flanquée de deux ailes symétriques dont les murs roses faisaient office d’amer.

    Le bruit du moteur s’intensifia d’un coup. On sortait de la rivière. La vedette prenait de la puissance pour pénétrer dans le Golfe et contourner l’île de Boëdic en direction du sud. La mer bouillonnait désormais en nappes épaisses à l’arrière de la coque qui s’était mise à vibrer.

    Toujours accoudé au bastingage, le visage piqué par les éclaboussures rabattues par le vent, la tête baissée, Nazer Baron se remplissait les poumons, se contentant de se laisser porter, le regard absent.

    Il observait l’eau grasse en pleine ébullition, bousculé par les souvenirs.

    Me zo ganet e kreis ar mor… avait écrit le poète bretonnant originaire de Groix¹. Il était né au milieu de la mer…

    Baron, les traits un peu flous, songeait que c’était bien le même océan, celui sur les bords duquel il avait lui aussi grandi…

    Il rêvassait, les yeux fixés sur cette fermentation qui le projetait loin en arrière. La mémoire lui faisait défaut. Depuis quand n’était-il plus venu ici ? … Entraîné hors de chez lui par des courants auxquels on ne résistait pas, par des torrents dont les graviers avaient le pouvoir de générer l’oubli…

    Il redressa la tête en direction de la côte qui s’éloignait. Il y revenait parfois, mais les heures lui étaient comptées. Il était toujours temps de repartir. Les navires qu’il aurait pu prendre étaient restés à quai…

    L’île d’Arz…

    Son regard pivota vers tribord.

    L’horizon n’était pas bouché, les rafales se contentaient de lui caresser impunément la peau en y déposant une pellicule humide qui aidait à respirer. Il ne faisait pas froid.

    Seulement tout était gris, à l’image de la lumière du jour…

    L’île aux Capitaines…

    Ils approchaient. Les contours du gros rocher se dessinaient nettement.

    Baron contourna les bancs alignés sur le pont, et se pencha au-dessus de l’eau. La cabine ne le protégeait plus du vent qui forcissait. L’île était là, à portée de main. La jetée de pierre grise émergeait des flots. Il distinguait les constructions au milieu de la place minuscule, salles de départ et d’arrivée, un dépôt de matériaux débarqués d’une barge et que des artisans venaient charger. Une queue s’était formée le long d’une barrière d’acier. Des passagers en transit pour le continent.

    L’allure ralentissait à l’approche de la cale de Béluré.

    Il resta attentif. Le navire achevait les manœuvres d’accostage, parallèle à la digue à laquelle il finit par se coller.

    Baron, la vue brouillée, observait toujours la cale exiguë, au fond de laquelle quelques lumignons étaient allumés à la façade des petits bâtiments aux toits pointus. On eut dit que le jour commençait déjà à décliner, avec son ciel couvert et ses nuages couleur de cendre. Il n’était pourtant que onze heures à peine…

    Un marin avait sauté à terre pour accrocher un bout.

    Le commissaire redressa le col de sa veste de cuir et se baissa pour saisir l’anse de son sac de voyage. La porte de la cabine était ouverte. Il la parcourut sans hâte, se mêlant à la colonne de voyageurs qui attendaient leur tour, rabattit les bords de son chapeau avant d’enjamber la marche et de poser enfin le pied sur les pavés du quai.

    Ils étaient plusieurs dizaines à bord du bateau, des randonneurs pour la plupart, venus passer la journée sur l’île, et qui ne tardèrent pas à s’éloigner à pied vers le Vieux Bourg ou en direction de la navette qui patientait sagement sur la place.

    Baron suivit le mouvement mais ignora le transport en commun. Son hôtel faisait face au port, l’unique hôtel de l’île. Il traversa l’esplanade, encombrée par les palissades de travaux en cours et quelques véhicules garés à la va-vite, dans l’attente de marchandises qu’on allait probablement débarquer. Tout ici sentait l’iode, le varech, la terre humide, les embruns déferlant depuis le large.

    Il grimpa les trois marches menant à la vaste terrasse orientée vers l’océan.

    L’Escale en Arz.

    Il n’y avait pas d’enseigne lumineuse pour signaler l’établissement, mais une simple plaque noire fixée à la pente du toit d’ardoises.

    Baron poussa la porte. L’accueil se trouvait en face, à l’extrémité du comptoir, au fond de l’immense salle de restaurant éclairée par des baies vitrées. Il avait réservé. Chambre 9 au premier étage. Il se fit d’abord servir un café, avant d’emprunter le vieil escalier de bois. Pas de carte magnétique ici, ni de code à pianoter, mais une grosse clé à laquelle pendait une boule tressée.

    Il pénétra dans une pièce aux murs blancs, simplement décorés d’un écran de télévision fixé en hauteur. Les rideaux étaient maintenus ouverts, offrant une vue sur la cale dont le Boëdic 2 s’apprêtait à s’éloigner, après avoir embarqué ses passagers pour le continent. Le filtre du crachin floutait la pointe de l’île de Drénec posée sur la ligne d’horizon.

    Baron resta quelques instants immobile, toujours troublé par la vague de mélancolie qui l’avait saisi à bord du bateau…

    Il était venu ici autrefois, lors d’un temps qui semblait remonter à une éternité. Dans ses souvenirs, la mer miroitait d’un bleu plus intense sous les rayons de soleil d’un été très chaud et tellement lumineux. Il y avait de la musique, mais ce n’était pas la même musique. Et tout n’était pas encore interdit à cette époque ancienne…

    L’océan aujourd’hui étalait une couleur presque brune, qui se confondait avec les nuances gris souris qui vernissaient le ciel. On était en mars, dernier mois d’un hiver trop doux marqué par les tempêtes et les inondations.

    Baron soupira en agrippant finalement son sac posé sur le lit. Il en défit la sangle avant de sortir un dossier qu’il rangea sur la table.

    Des lettres noires, tracées au marqueur gras, avaient été soulignées d’un trait vif, comme une ponctuation.

    Lisa Saliou.

    Deux années de procédure auraient pu s’entasser entre les renforts crème de la chemise cartonnée. Il n’avait emporté avec lui qu’une copie des pièces essentielles…

    Il ne serait pas seul pour y réfléchir. Hubert Arneke devait le rejoindre dans la soirée. Ils disposeraient alors de quelques heures, quelques jours peut-être, pour procéder à l’ultime analyse d’un dossier sans issue. Le dernier examen pour essayer de comprendre ce qui s’était passé. Ensuite… Le juge prendrait sa décision…

    Baron pénétra à l’intérieur de la salle de bains, s’observa un instant par le biais du miroir tout en avalant un verre d’eau. Le désordre dans ses cheveux n’était pas dû aux embruns essuyés pendant la traversée, mais à cette manie qu’il avait de se recoiffer distraitement à l’aide de ses doigts en râteau. Les pattes d’oie, au coin de son regard sombre, s’étaient un peu creusées, lassées par ce temps de pénitence qui noyait tout depuis des semaines sous des averses interminables. Il rêvait de soleil…

    Il repassa dans la chambre. Il avait le temps. Il voulait d’abord refaire connaissance avec l’île, la parcourir comme autrefois, revoir l’étang auprès duquel tout avait commencé… Et traquer les empreintes laissées derrière elle par Lisa Saliou…

    Il ressortit dans le couloir totalement silencieux. Les chambres occupées ne devaient pas être nombreuses. Il regagna l’accueil et préleva sur un présentoir un plan de l’île avant de pousser la porte extérieure.

    Le môle était pratiquement désert. L’arrivée de la prochaine navette du bateau-bus reliant l’île au continent n’était pas prévue avant une bonne heure. Il s’orienta.

    L’île aux Capitaines était comme un gros rocher plat de quatre kilomètres de long à peine, entre le Béluré et la pointe de Liouse. Il devait suivre la côte vers le sud, le long de la plage de la Falaise, avant d’atteindre les rives de l’étang du Moulin. La pointe de Berno se situait de l’autre côté. C’était là qu’il voulait aller.

    Un service de location de vélos était proposé sur le port. La bicyclette restait encore la meilleure façon de se déplacer ici.

    Il s’en procura une et se mit à pédaler sans hâte sur la route désertée, en légère pente. Le vent souffla plus fort lorsqu’il longea le muret en bordure de l’estran. Il pleuvait toujours, la même ondée fine et vaporeuse que les remous de l’air déposaient sur des tapis d’ajoncs frémissant à peine. Une colonie de bernaches prenait possession de la plage abandonnée. La plupart des habitations éparpillées le long du littoral avaient les volets fermés.

    La voie finit par tourner le dos à l’océan, filant vers le Vieux Bourg, au centre de l’île. Baron ignora l’intersection qui menait à l’étang par un sentier côtier interdit aux bicyclettes. Il voulait contourner le plan d’eau en traversant le village, en direction de l’ouest, avant de remonter de l’autre côté.

    Il parcourut le Vieux Bourg. Il approchait. La pointe de Berno était sur sa droite. Il bifurqua encore. Son trajet formait une boucle en U. Cette fois il filait vers le nord. Il posa le pied au sol en atteignant de nouveau l’océan, à l’entrée de la route qui remontait la pointe. Le chemin à partir de cet endroit n’était plus goudronné. Il traçait une sorte de long croissant boueux incurvé sur sa gauche, sur une mince bande de terre large de quelques mètres, séparée de la grève sur sa gauche par un mur de pierre, jusqu’au bouquet d’arbres plantés dans le lointain, au milieu des flots. Une maison blanche était érigée au bord de la lande rabattue par le vent du large, coincée entre l’océan et les marais de l’étang du Moulin.

    Il observa les lieux. La maison blanche était la propriété de Lisa Saliou et de son mari. C’était par cette voie que la jeune femme était arrivée le dernier matin, venant de chez elle.

    Baron consulta la carte. Sur sa droite, la digue qui fermait l’étang dessinait un trait noir au-dessus de l’étendue d’eau. Les pierres centenaires du moulin à marée, au milieu du barrage, se détachaient dans la brume.

    Plusieurs bateaux avaient été posés sur l’herbe grasse le long de l’accès, comme des marqueurs de couleur étalés sur le bord de la route, en hivernage.

    Lisa Saliou avait emprunté ce chemin pour rejoindre le Vieux Bourg.

    Baron se retourna, se fit plus attentif. Une vaste construction isolée était dressée face à la mer, une bâtisse en granit dont on ne pouvait apercevoir que l’étage au-dessus d’une haie touffue. Une immense baie vitrée ouvrait sur un balcon-terrasse. De là, on disposait d’une vue parfaite sur la pointe de Berno, sur le passage le long de la plage, sur le bosquet dressé à l’horizon. Une voiture remontant la piste depuis la maison blanche ne pouvait échapper au regard d’un observateur installé à l’étage de la villa de granit.

    Et c’était bien ce qui s’était passé.

    Le seul témoin affirmait que Lisa Saliou était partie de chez elle aux alentours de sept heures. Il faisait encore nuit. La conductrice avait aperçu la silhouette d’un homme derrière la baie vitrée et avait adressé un long appel de phares, auquel le propriétaire des lieux avait répondu d’un signe de la main. Ils étaient voisins, ils se connaissaient depuis longtemps.

    Ensuite… Le mystère restait entier.

    Baron fit demi-tour, remontant l’étroite rue de Berno en direction du centre du village qu’il avait traversé quelques minutes plus tôt. Une camionnette d’artisan était stationnée sur le bas-côté, des travaux de rénovation étaient en cours dans l’une des maisons. Exactement comme deux années auparavant. Peut-être la même maison. Peut-être le même artisan…

    Ce dont on était sûr, c’était que Lisa Saliou avait bien suivi ce chemin. Il n’y en avait pas d’autre. Elle arrivait de chez elle et n’avait pas une longue route à faire, il n’avait pas été difficile de reconstituer son parcours. Martial Bouédo l’avait aperçue depuis la véranda qui lui servait d’atelier, au travers de son immense baie vitrée ouverte sur l’océan, à l’étage de la maison de granit. Il avait salué Lisa au passage d’un geste amical.

    Ensuite l’artisan qui venait de pénétrer sur son chantier ne s’était pas très bien souvenu. Peut-être en effet qu’il avait entendu une voiture remontant la rue de Berno. Les véhicules étaient rares sur l’île. Il n’était pas très précis sur l’heure, mais il faisait encore nuit. Entre sept heures et sept heures quinze…

    Peut-être… Les témoignages humains prêtaient parfois à caution.

    L’artisan ne pouvait pas dire si Lisa Saliou était bien à bord, si c’était bien la sienne. Une Renault ? Une voiture à moteur thermique en tout cas… Une Renault bleue. Celle-là même qu’on avait retrouvée deux rues plus loin.

    Le trajet s’était arrêté ici.

    Baron resta un long moment immobile, mains aux poches à observer le croisement où il s’était immobilisé. Il était en limite du bourg, le dos tourné à l’église de la Nativité de Notre-Dame, et contemplait les façades serrées de maisons aux volets colorés.

    Lisa Saliou avait probablement viré à cet endroit, sur sa gauche pour rejoindre le promontoire du musée qui dominait l’étang. Ce n’était pas tout à fait sa route, mais elle avait un rendez-vous deux ruelles plus loin, un rendez-vous auquel elle n’était jamais arrivée.

    Baron pédala dans cette direction, jusqu’au bâtiment du musée dont il emprunta la passerelle pour en faire le tour. Les marins et les capitaines d’Arz avaient fait la réputation de l’île pendant des siècles, ils avaient parcouru les mers du monde sur des long-courriers et des caboteurs dont ils étaient souvent les armateurs. Ils étaient restés fidèles à l’île, ils y avaient fait construire de vastes demeures… Mais le musée Marins & Capitaines était fermé. Exactement comme deux années auparavant, le jour où s’était évanouie Lisa Saliou.

    Les voisins, témoins potentiels, n’avaient rien

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