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Le domaine des innocents
Le domaine des innocents
Le domaine des innocents
Livre électronique228 pages3 heures

Le domaine des innocents

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À propos de ce livre électronique

"Un jeune maître de l'horreur francophone. À découvrir d'urgence !"

Un complexe en ruines gigantesque, perdu au fond des bois. 

Derrière ses murs de béton lézardés se déploie un labyrinthe étrange, aux méandres mystérieux.

Victoire se doit d’y pénétrer, pour retrouver sa nièce disparue. 

On sait quand on y entre. On ne sait jamais quand on en sort…

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Né en 1990 dans les Hauts de France, Thomas Thilliez a toujours aimé raconter des histoires. Passionné de cinéma, il commence par réaliser des courts métrages aux ambiances proches de ses futurs écrits. Mais, avec le temps, l’écriture devient plus captivante que la réalisation et il finit par délaisser la caméra pour la plume.
LangueFrançais
ÉditeurLe Héron d'Argent
Date de sortie16 août 2024
ISBN9782386180224
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    Aperçu du livre

    Le domaine des innocents - Thomas Thilliez

    Le Domaine des Innocents

    thomas thilliez

    Mentions légales

    Copyright © SARL Le Héron d’Argent

    Tous droits réservés

    © Le Héron d’Argent 2023

    Illustration de couverture : Consuelo Parra

    Mise en page de la couverture et de l’intérieur: J. Robin Agency (J. Robin)

    Correctrice : Clémence Chanel

    Collection Imaginaire

    Gérante et directrice de collection : Vanessa Callico

    EISBN : 978-2-38618-022-4

    Dépôt légal : décembre 2023

    SARL Le Héron d’Argent

    27 rue de la Guette, 77210 Samoreau

    Instagram : Editions le Héron d’Argent

    Tiktok : @editionsleherondargent

    Page Facebook : Éditions Le Héron d’Argent

    Site internet : www.editions-leherondargent.com

    Mail : contact@editions-leherondargent.com

    Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5 (2o et 3o a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Table des matières

    Chapitre 1 : Le Grand Hall

    Chapitre 2 : La maintenance

    Chapitre 3 : Lucas Bernard

    Chapitre 4 : L’inconnue

    Chapitre 5 : Angélique

    Chapitre 6 : La fosse

    Chapitre 7 : Camp de base

    Chapitre 8 : L’ascension

    Chapitre 9 : Balcon et couloir

    Chapitre 10 : Lamentations et néant

    Chapitre 11 : Une famille

    Chapitre 12 : Le brasier

    Chapitre 13 : La rotation

    Chapitre 14 : La maison

    Chapitre 15 : Les remords

    Chapitre 16 : Les yeux dans les yeux

    Chapitre 17 : Agonie

    Chapitre 18 : L’avenir

    AVERTISSEMENT

    Cher lecteur, chère lectrice,

    vous vous tenez actuellement sur le seuil crépusculaire du Domaine des Innocents.

    Entre ses murs ?

    Des scènes de violence, de meurtre, de viol, de mutilation, envers adultes et enfants.

    Sont également évoquées les thématiques du suicide, de la grossophobie, ainsi que celles de la santé mentale et de la folie.

    Cet ouvrage de fiction relevant du registre de l’horreur n’est, bien évidemment, point rédigé dans l’intention de cautionner les agissements de ses personnages.

    L’auteur, tout comme la maison d’édition, sont solidaires des victimes et de leurs familles.

    Bonne chance…

    chapitre 1 : Le Grand Hall

    Les pins immenses obstruaient le ciel et ressemblaient à des crocs géants, prêts à vous broyer.

    — Marion ! Marion, tu es là ?

    Ma voix semblait se perdre parmi les arbres de la forêt, tandis

    que j’avançais le long du sentier boueux.

    Mon Dieu que je détestais cette région ! Ce n’était pas pour rien si je m’en étais enfuie, sitôt que j’en avais eu l’âge. Nous n’étions qu’en octobre et pourtant je me gelais déjà les os.

    Une fine pluie fouettait mon visage alors que je m’époumonais à hurler le prénom de ma nièce. À peine perceptibles, les minuscules gouttes d’eau parvenaient cependant à me glacer la peau. Tant bien que mal, j’évitais les flaques brunâtres qui jonchaient le sol, afin de préserver ce qu’il restait de mes chaussures de randonnée humides. Par chance, le large blouson de Charles protégeait une grande partie de mon corps, et je pouvais me réchauffer les mains dans les larges poches. Dommage que la capuche ne soit pas assez grande pour accueillir l’intégralité de ma tête. Tandis que ma frange trempée me collait au front, je m’étonnai qu’un homme aussi précieux que mon beau-frère ait pu acheter un manteau aussi peu esthétique.

    L’écran de mon smartphone indiquait quinze heures quarante, et pourtant je peinais à voir à plus de vingt mètres. Passée cette distance, le monde se résumait à une bouillie sombre où disparaissait toute lumière.

    ***

    D’aussi loin que me permettait de remonter ma mémoire, cette forêt me semblait lugubre. Ces pins étouffants cherchaient à vous isoler du reste du monde en obstruant le ciel et en empêchant les téléphones portables de fonctionner.

    Enfant, Liz me traînait parmi ces arbres pour rejoindre ses amis et faire tout ce que des adolescents pouvaient faire, dans un coin paumé comme ici. Ma grande sœur héritait, à toutes les vacances, de la triste tâche de me surveiller. Nos parents se dévouant pleinement au bon fonctionnement de leur gîte, ils n’avaient pas beaucoup de temps à me consacrer. Je devais donc attendre ma sœur, de longues heures, au pied d’un arbre en jouant avec mes poupées et en priant pour que le loup ne vienne pas me manger. Évidemment, cinq ans plus tard, j’avais reproduit les mêmes erreurs que Liz. Cependant, je n’avais aucune petite sœur à qui faire promettre de ne rien répéter aux parents.

    ***

    La pluie sembla s’arrêter tout à coup, me permettant enfin d’enlever ma capuche. À la différence de mon visage, mes cheveux étaient secs et le vent en profita pour les ébouriffer. Frange courte et carré court, telle était la coupe de cheveux des trentenaires qui, à l’époque, cherchaient à prouver qu’elles étaient encore à peu près potables. La veille, un gars m’avait affirmé que je ressemblais à Winona Ryder dans Alien, la résurrection. Mais, à ce moment précis, transie de froid et dégoulinante de pluie et de boue, j’avais davantage Strangers Things en tête.

    — Marion, reviens, s’il te plaît !

    Il y avait fort à parier que ma nièce avait croisé un groupe d’adolescents de son âge et les avait suivis dans la forêt, pour découvrir les choses de la vie. Ainsi donc, les bêtises familiales se répétaient. Si Liz apprenait cela, elle tuerait sa fille sur-le-champ – et moi avec, par la même occasion.

    Mais, fort heureusement, ma sœur était remontée à Paris pour aider son mari, dans leur boutique bio. Il ne restait plus que la Super Tata Victoire, dans la maisonnette familiale, pour retrouver cette gamine de quinze ans et lui expliquer les notions de contraception.

    ***

    Alors que la pluie recommençait à m’agresser, tout mon corps se mit à trembler. J’avais froid, mais je savais que l’automne éternel qui régnait ici n’y était pour rien. Ce qui me donnait la chair de poule était l’ombre gigantesque qui apparaissait lentement devant moi : cette même chose qui terrifiait tous les habitants de la région : le Domaine des Innocents. Je m’immobilisai devant le vieux grillage qui apparaissait devant moi. Un jour, j’avais entendu mon père expliquer qu’un couple avait tenté d’y mettre le feu. Mais comment vouliez-vous brûler un amas de béton et de métal pareil ?

    — Marion, t’es là-dedans ?

    Priant pour qu’elle n’y soit pas, je me résignai à franchir la grille entrouverte. Le sol était un mélange de cailloux et de boue, m’obligeant à fixer mes pieds pour ne pas glisser sur les pierres humides. Pressant le pas, maintenant que la pluie s’était remise à tomber généreusement, j’approchai du porche d’entrée.

    Depuis midi, j’avais traversé ce cher village de Bourg-ces-Mesdames en long en large en travers, à la recherche de ma nièce. J’avais toujours su que j’étais une piètre cuisinière, mais mes nouilles au jambon ne valaient pas la peine de disparaître ainsi. En interrogeant le groupe d’adolescents qui traînait toujours sur la place de la mairie, j’avais pu apprendre qu’elle était partie avec deux gamines de son âge rejoindre un gars dans la forêt. Dieu seul savait ce que ce petit monde avait prévu. Et, bien que m’efforçant de rester dans mon rôle de Super Tata, je ne parvenais pas à réprimer les pulsions meurtrières envers Marion. J’avais retourné toute la forêt et hurlé son nom durant deux heures, sans le moindre résultat. Il fallait se rendre à l’évidence, il ne restait plus qu’un lieu à inspecter. Un lieu maudit.

    ***

    La vieille porte en fonte se lamenta tandis que je la poussais pour entrer dans le bâtiment. Sol en acier rouillé, murs en béton défoncés, vitraux explosés et odeur de moisi, le Grand Hall n’avait pas changé depuis ma tendre enfance – quand j’échappais à la surveillance de mes parents pour aller jouer avec mes camarades. Et dire que jusqu’à mes huit ans, je trouvais ces lieux accueillants.

    — Bonjour madame.

    Être traitée de « madame » avait le don de m’irriter au plus haut point. J’avais l’horrible impression qu’une « madame » ne pouvait être qu’une vieille acariâtre de quatre-vingts balais, vivant seule avec ses chats. Je n’en étais pas encore là quand même ?

    — Bonjour, m’efforçai-je de répondre de la manière la plus neutre possible.

    En y réfléchissant un peu, la gamine qui venait de me saluer n’avait rien de bien méchant et, à ses yeux, je devais être une ancêtre. Elle me dévisageait avec ses grands yeux noirs, tout en dégageant ses longues mèches brunes de son front. À côté d’elle, les deux autres fillettes devaient être des jumelles, tant elles semblaient identiques avec leurs couettes rousses et leurs imperméables jaunes. Toutes les trois étaient assises à même le sol, au milieu de la pièce, et ne devaient pas avoir plus de huit ans. Vraisemblablement, la tradition des enfants du coin de venir jouer dans ce bâtiment pourri se perpétuait.

    — Vous êtes perdue, Madame ?

    — Et vous ? lançai-je, en dissimulant mal mon énervement face à ce second « Madame ».

    — Eux… non, bredouilla l’une des jumelles. On joue…

    Comme pour prouver ses dires, la petite fille me montra les trois cartes qu’elle tenait entre ses petits doigts ainsi que la dizaine d’autres posées sur le sol. Ces trois enfants semblaient en pleine bataille de cartes à l’effigie de monstres japonais.

    — Je cherche ma nièce, ajoutai-je enfin en pianotant sur mon téléphone portable. Vous ne l’avez pas vue ?

    Les fillettes regardèrent chacune, un long moment, la photo de Marion sur mon smartphone avant de s’échanger des regards étranges.

    — Alors ? lançai-je sèchement. Vous l’avez vue ou non ?

    Il était assez difficile de dire si ces gamines étaient impressionnées par la « Madame » devant elles ou simplement timides. À moins qu’elles ne soient simplement débiles. Commençant réellement à perdre patience, je décidai de leur mettre un petit coup de pression pour les faire réagir.

    — Vos parents sont au courant que vous traînez ici ?

    En voyant leurs visages s’empourprer violemment, j’en déduisis que non. Évidemment, aucun parent ne savait que ses enfants allaient jouer dans cette ruine. Et pourtant, chaque génération l’avait fait en son jeune temps, trop consciente qu’aucun adulte ne viendrait la déranger ici. Le Domaine des Innocents était une sorte d’oasis pour les gamins, la cabane secrète la plus connue de la région.

    — Je crois que je l’ai vue, hésita la petite brune.

    — Mais par contre, on veut quelque chose en échange, la coupa l’une des jumelles.

    — Ah oui ? Et quoi donc ? lui demandai-je.

    — Ça !

    — Quoi ? Mon portable ?

    Cette rouquine ne manquait pas de culot. Même les adolescents de la place de la mairie n’avaient pas osé un tel chantage. Non mais pour qui elle se prenait, cette pisseuse ? D’une gifle, je pouvais l’envoyer voler à un mètre, sans forcer !

    — Tu rêves, gamine !

    — Tant pis, me répondit l’autre jumelle en imitant le même air supérieur que sa sœur.

    Leur camarade semblait mal à l’aise et se contentait de fixer le sol, en touchant nerveusement ses cheveux. Malgré ses longues mèches, deux excroissances dépassaient de chaque côté de son visage. La pauvre gamine avait des oreilles décollées et était très certainement l’héritière du sobriquet de « Dumbo » parmi ses camarades de classe. Les enfants pouvaient être particulièrement cruels entre eux – encore plus que les adultes –, et je ne devinais que trop facilement à quel point cette pauvre fille, malgré son visage adorable, devait être la coqueluche de l’école. Durant un instant, un nœud se forma dans ma gorge, et je pus même sentir une larme se frayer un chemin jusqu’à mes yeux. Cependant, cette pitié n’était pas suffisante pour me forcer à céder mon portable aux deux petites sorcières. Je me penchai alors vers leur camarade et, alors que je tendais la main vers elle, je repoussai mes cheveux de l’autre. En faisant cela, mes doigts effleurèrent la fine cicatrice qui se cachait derrière mon oreille.

    — Viens, on va faire un tour, annonçai-je calmement en attrapant la main de la gamine.

    Celle-ci m’obéit et commença à me suivre sous le regard inquisiteur des deux autres. Le Grand Hall étant un gigantesque cube de trente mètres de long, nous eûmes tout le loisir de déambuler quelques minutes dans le silence. J’attendis que la gamine cesse de fixer ses pieds et de recoiffer ses cheveux, en évitant toujours soigneusement de toucher ses oreilles – comme si le contact avec ces dernières la dégoûtait –, pour entamer la discussion :

    — Tu aimes bien venir ici ? osai-je enfin.

    — Oui, répondit-elle sans grande conviction. Maryse et Claire aiment bien venir ici. Et comme elles m’ont proposé de venir jouer avec elle, je suis venue.

    — Maryse et Claire, ce sont les deux sorcières, là-bas ?

    — Ha ha ha, oui, c’est ça.

    Le rire de cette gamine avait quelque chose d’à la fois charmant et maladroit. Comme si elle n’avait que trop rarement l’occasion d’être heureuse et ne savait pas comment s’y prendre.

    — Ce sont tes copines Maryse et Claire ?

    — Oui… répondit-elle à mi-voix.

    Sûrement que les deux rouquines n’avaient pas plus d’amies qu’elle et, à défaut d’être seules, l’avaient recrutée dans leur petit groupe.

    — Tu sais, ça passe avec le temps.

    — Pardon ? lança-t-elle en relevant la tête dans ma direction.

    — Les problèmes d’enfants. Ça s’arrête au bout d’un moment.

    — Et comment ça s’arrête ?

    — Comme ça, répondis-je en claquant des doigts. Un jour, ça disparaît tout seul.

    « Pour être remplacé par des soucis encore plus grands », m’abstins-je bien de poursuivre.

    — Tous les problèmes ? me demanda-t-elle en effleurant ses oreilles.

    — Pour certains problèmes, c’est à toi de t’en débarrasser seule.

    Un nouveau nœud m’étrangla tout à coup et des gouttes de sueur dégoulinèrent dans ma nuque, qui se crispa nerveusement.

    Mais la fille, elle, arbora un sourire radieux et me lança un regard brillant, empli d’espoir. J’avais le sentiment de lui avoir appris que la Terre était ronde et, pourtant, je faisais uniquement cela pour gagner sa confiance. Elle pencha alors la tête et reprit calmement sa respiration.

    — J’ai vu Marion, votre nièce. Elle était avec un garçon et ils sont allés là-bas.

    Elle me désigna une petite porte en bois dans le coin de la pièce.

    — Elle était toute seule avec le garçon ?

    — Oui, me répondit simplement la fille.

    À l’annonce de cette nouvelle, ma casquette de Super Tata sembla disparaître en un éclair. Durant mon adolescence, j’avais suffisamment traîné dans la forêt, avec d’autres jeunes de mon âge, pour savoir qu’il y avait une énorme nuance entre « être partie avec deux filles rejoindre un gars dans la forêt » et « être toute seule avec un garçon ». Les mecs de quinze ans avaient tous la même chose en tête, mais éprouvaient toujours une peur quand ils se retrouvaient face à plusieurs filles. Mais, bizarrement, leur courage renaissait quand ils parvenaient à se retrouver seuls avec l’une d’entre nous. Malheureusement, ces soucis se posaient aussi avec les gamines de cet âge qui, soyons honnête, avaient les mêmes préoccupations que les personnes du sexe opposé. Si je ne les retrouvais pas assez vite, ce n’était pas de contraception que la Super Tata allait devoir parler, mais directement de pilule du lendemain.

    Je me précipitai donc vers la porte que la petite brune m’avait indiquée tandis que celle-ci rejoignait ses camarades. « Bon sang, Marion ! Mais qu’est-ce qu’il t’a pris de suivre ce type

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