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Est-ce que le roi Arthur aimait la soupe aux Cèpes ?
Est-ce que le roi Arthur aimait la soupe aux Cèpes ?
Est-ce que le roi Arthur aimait la soupe aux Cèpes ?
Livre électronique322 pages4 heures

Est-ce que le roi Arthur aimait la soupe aux Cèpes ?

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À propos de ce livre électronique

Mon récit se déroule à Huelgoat, son lac, sa forêt et ses alentours. On est dans le Finistère, en pays breton. Ce lieu se situe dans le parc naturel d'Armorique. La forêt domaniale d'Huelgoat occupe une superficie de 1147 hectares. On est en plein cœur de l'Argoat, la Bretagne intérieure, par opposition à l'Armor, la Bretagne du littoral.

Merlin l'enchanteur

Le seul personnage de la légende arthurienne qui apparait dans mon récit est Merlin l'enchanteur. Une personne mystique de cet univers. Sa vie le lie à la forêt et aux lieux où l'homme ne s'aventure pas. Il est en fusion avec rythmes de la nature. Par moment, il redevient sauvage et emprunte les traits des hommes primitifs. Magicien, il se joue du cycle des âges. La légende nous apprend qu'au moment où il ouvrit les yeux pour la première fois, il fut capable de raisonner comme un homme âgé rempli de connaissances, il a révélé les secrets de la vie et le futur à ceux qui l'entouraient. Merlin peut prendre diverses formes, on le voit souvent métamorphosé en cerf, mais il apparait aussi sous les formes d'un paysan, d'un moine, d'un enfant. Peu importe sa forme, il est là pour aider les hommes.

Le récit

Les personnages de mon récit se nomment Elouan, Gwendal. Harvey, Jovan et Paol. Elouan est le principal personnage de cette bande de copains, ils fument des gitanes sans filtre et boivent des bières en jouant à la belote de comptoir. Elouan a une copine qui se nomme Maëlys, elle serait la fille d'un roi d'Écosse, il a régné, voilà bien longtemps, elle aurait connu le roi Arthur. Du moins, il le déduit d'une statue qu'il a découverte en forêt. Un drôle de vent le suit partout, peut-être est-ce un korrigan. Mais ont-ils existé ? Des légendes et des mythes vous attendent, la légende arthurienne, si l'on pense au Roi Arthur, on pense au Saint Graal, objet mystique, Perceval, Lancelot, Morgane, la dame du lac et Guenièvre. Les chevaliers de la Table ronde, c'est aussi une chanson :

"Chevaliers de la Table ronde

Goutons voir si le vin est bon

Chevaliers de la Table ronde

Goutons voir si le vin est bon"

La fée Viviane ou la dame du lac fait partie des légendes arthuriennes, elle donne l'Excalibur au roi Arthur, et elle le guide vers Avalon après la défaite de Camlaan. Les Korrigans et les fées accompagneront sans doute Elouan. La légende celtique vit en terre de Bretagne. Maelys a-t-elle connu Guenièvre ?

Ce roman est aussi un polar.

C'est une enquête policière essaye de démêler les fils d'une intrigue où le merveilleux trouble les esprits cartésiens. Un policier d'origine italienne qui ne comprend pas l'univers de la Bretagne en perd son latin. Sans le fantastique, ce monde n'a aucun sens. Par moments, ce fin limier perd pied, sa hiérarchie s'inquiète. Le procureur s'émeut en lisant les procès-verbaux. Ils mentionnent la présence de Merlin l'enchanteur en train de préparer une soupe aux cèpes, c'est la préférée du roi Arthur. La Bretagne est la région où le merveilleux peut se rencontrer à chaque instant. Dans la forêt de Brocéliande, tu peux te recueillir sur la tombe de Merlin l'enchanteur.

Tout le monde assure que la fontaine de Barenton possède une eau qui guérit tous les maux. Le val sans retour est le domaine de fée Morgane, la sœur du roi Arthur. Dans ces conditions, on ne doit pas s'étonner que le merveilleux corrompe la raison.

LangueFrançais
ÉditeurCarol Froment
Date de sortie26 févr. 2024
ISBN9798224587537
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    Aperçu du livre

    Est-ce que le roi Arthur aimait la soupe aux Cèpes ? - Carol Froment

    Est-ce que le roi Arthur aimait la soupe aux Cèpes ?

    ––––––––

    Carol Froment

    Table des matières

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 1

    Elouan Kervah habite à Plouescat. Sa maison est située à une centaine de mètres de l’océan. Au-devant de celle-ci, le jardin s’arrête à une falaise, une dizaine de mètres plus bas, on découvre le grand pré houleux. Une chambre, une cuisine, une salle à vivre et un bureau, le tour du propriétaire se termine.

    Il écrit des histoires invendables, alors le besoin alimentaire l’incite à exercer le métier de rédacteur freelance.

    Depuis trente-cinq ans, il traine ses chausses en cette petite ville, il y est né.  

    Mars a ouvert ses portes, mais, qu’importe le mois de l’année, le soir, il se promène à travers les rues du village. Par habitude, il s’arrête à une auberge, le « Menhir d’or », ce nom s’attache à une légende du pays, un tel monument aurait existé voilà des siècles. Depuis un temps lointain, on le recherche sans succès.

    Gwendal gère cet établissement, si on le décrit en tant que grand homme roux doté d’une allure imposante, il rectifie ce propos en affirmant qu’il n’est pas gras. En été, la clientèle est plus importante, elle se compose en grande partie de vacanciers. En hiver, seuls les habitués usent leurs manches sur le zinc. Le soir, Elouan aime boire des Cervoises Lancelot, dont il apprécie le gout de l’orge maltée, la saveur du miel et les senteurs des épices viennent l’adoucir, un charme d’amertume se promène en bouche sans y demeurer.

    À la tombée de la nuit, il rejoint d’autres consommateurs. Ils boivent trois ou quatre bières tout en jouant une partie de 421 ou de belote de comptoir. Des rires gras parsèment chaque soirée. Le noyau dur de ce groupe se compose de trois personnes au cas où l’on ne comprendrait ni Elouan ni Gwendal. Harvey, Jovan et Paol représentent trois hommes âgés d’une trentaine d’années. Harvey exerce le métier de doreur sur métal, tandis que Jovan fabrique des tresses pour la pêche, quant à Paol, il gagne sa vie en étant consignataire de navires à Brest. Il parcourt de nombreux kilomètres tous les jours, il ne pourrait pas vivre loin de Plouescat.

    Tout en s’amusant à la belote de comptoir sur le rade, ils discutent la légende du menhir d’or.

    — Ce conte possède-t-il une réalité ? demande Elouan.

    — On a cherché partout, aucune trace de ce monument n’existe, il ne vit que dans notre imaginaire, soutient Paol.

    — Peut-être une idée de roman, souligne Jovan.

    — La bière aide à voir apparaitre de telles chimères, suggère Gwendal.

    Personne ne réplique. À l’heure de la fermeture de son établissement, Gwendal éructe bruyamment en rangeant le jeu de cartes, en guise d’excuse, il offre une dernière tournée.

    Elouan rentre chez lui, en cheminant à pied, il pense à ce conte. Les causeurs et anecdotiers animent les soirées depuis quelques siècles en s’y référant.

    Le lendemain, il se réveille, le mythe ne l’a pas quitté. Après son petit-déjeuner et un brin de toilette, il s’installe derrière son ordinateur. Une intrigue policière occupe ses journées. Il s’interrompt, son esprit est parti ailleurs, il a rejoint la fable.

    Les korrigans, des nains malicieux, habitaient la forêt, celle-ci recouvrait tout le pays. Ils auraient amené le menhir d’or. Les druides le vénéraient. Il représentait une offrande à un dieu d’une époque si reculé qu’on a oublié son nom. À l’arrivée de la religion chrétienne, les prêtres ont gravé des inscriptions dédiées à leur croyance sur les dolmens et autres monuments, en réaction contre ces profanations, les korrigans ont emporté ce menhir au sein de la forêt de Huelgoat.

    Sa tête entre ses mains, il s’interroge si quelqu’un a eu la possibilité d’en apercevoir un de ces êtres.

    — Qu’est-ce que ses yeux lui auraient dévoilé ? s’écrie-t-il en levant les bras en l’air.

    Les légendes les décrivent gentils ou féroces. Ils peuvent être des esprits malfaisants, sinon, ils ne sont que des nains, ou peut-être est-ce des fées qui se travestissent ainsi. Au-delà de la Bretagne, on les nomme les lutins.

    Debout, il va chercher une bière rousse. Sa montre lui rappelle qu’il n’est que neuf heures du matin, alors il allume une cigarette. La mauvaise conscience d’ingurgiter une telle boisson si tôt ne persiste pas au-delà du temps de décapsuler la bouteille.

    Paul Simcard, le principal personnage de son livre, après avoir tué une dizaine de quidams, s’affale sur une page blanche. Ses idées se sont échappées en imitant la fumée d’une gitane. Une cinquantaine de feuillets va finir au milieu de la corbeille, le chagrin de cette perte ne tiendra pas la huitaine.

    Il est obligé de trouver un client, son portemonnaie crie famine à l’exemple de la cigale de la Fontaine.

    — Dénicher le menhir d’or m’aiderait beaucoup ! soupire-t-il.

    Une idée lui sourit : écrire un ouvrage policier où les korrigans interviendraient en tant que méchants. Une deuxième bière devant lui, une autre cigarette entre les doigts, sa main passe au sein de ses cheveux. Si l’on a fouillé la forêt de fond en comble depuis des siècles à la recherche de ce trésor, sa superficie supérieure à mille hectares recèle toujours des endroits oubliés des promeneurs. Que les nains ne soient pas intervenus lors des explorations précédentes se révèle surprenant. Son mégot s’écrase. Il sort une nouvelle cigarette, il ne l’allume pas, ses doigts s’amusent nerveusement autour d’elle. Ses pensées s’envolent rejoindre son père, Loïc. Il est parti conquérir le paradis des fumeurs de gitanes maïs. À l’âge de 60 ans, un cancer tout bête l’a embarqué loin de l’océan. Marin-pêcheur, il a passé la plus grande partie de sa vie en pleine mer.

    Il se souvient d’avoir bu un verre en compagnie d’Ervan, un de ses amis, brestois, à Saint-Malo, à l’intérieur d’un bar, rue de la soif. Ils plaisantaient et riaient. Ervan ingurgitait une Guinness, lui, il dégustait une Cervoise.

    — Je sors cinq minutes le temps de fumer une clope ! s’exclama Elouan.

    — J’espère que ce sera plus rapide que de te faire brouter la tige ! s’esclaffa Ervan.

    Elouan reste indécis pendant cinq minutes. Le sens de cette phrase lui échappait. Son ami se gaussa de son attitude. D’un seul coup, il saisit sa signification, en se tordant de rire, il sortit se griller les poumons.

    Cet épisode graveleux lui remémore le visage de Maëlys. Ils avaient construit une histoire sentimentale, puis il l’avait laissée en suspens. Sa résidence à quelques centaines de mètres de la forêt de Huelgoat l’inciterait à sa renaissance. Il s’interroge si elle est restée célibataire. Lui est demeuré sans attache. Il tentera de la contacter à l’aide de Facebook. Si Maëlys lui répond, tout deviendrait possible. Au contraire, le mutisme équivaudrait à la fin de l’histoire. En envoyant ce message anodin, il imite un pêcheur d’eau douce au lancer de sa ligne, il ne sait pas si le poisson a envie de croquer à l’hameçon. La première fois qu’il l’a aperçu, ses longs cheveux blonds frisés et ses formes appétissantes l’ont fasciné.

    Maëlys est friande du monde virtuel, elle traine ses guêtres sur les réseaux sociaux. Voilà cinq ans, presque par hasard, une relation est née.

    Un soir, il s’ennuyait, l’envie de discuter le titillait. Le temps ne permettait pas d’aller boire une bière, une tempête sévissait sur l’océan. Les vagues se fracassaient contre la falaise, un vent fort soufflait en direction des terres, il pleuvait. Il se réconfortait en sachant que sa maison résistera aux intempéries. Il se rappelait qu’enfant, lorsque son père était en mer, et que les flots se déchainaient, sa mère en regardant l’océan murmurerait que Dieu seul lui vendrait en aide, cette conviction la rassurait. Derrière le clavier de son ordinateur, il se connecta sur un site où les gens parlaient et échangeaient entre eux. Le nom de tchat écorchait sa langue, il prononçait ce mot de la manière de dire chat. La perte d’une lettre l’agaçait. En temps normal, l’anonymat de son interlocuteur le paralysait. Ce soir-là, il discutait avec Maëlys comme s’il l’avait toujours connu.

    Ils se rencontrèrent et entamèrent un bout de chemin à deux.

    À l’apparition de la lune, Maëlys lui répond en lui demandant les raisons de ce long silence. Penaud, ses arguments peu convaincants essaient de justifier son absence. Il n’avait pas pris conscience que depuis un an, il n’avait pas donné signe de vie. Le soir, en buvant des bières, il a oublié les joies de l’amour. Quand il y pense, cette phrase le fait sourire, il ne l’aimait pas. Mais sa beauté et ses formes l’ont toujours rendu fou. Aujourd’hui, son seul attrait consiste en sa proximité avec cette forêt. Cette dernière est devenue son obsession. Il ira chez elle samedi prochain.

    La légende au sujet du menhir se contente de signaler son existence. Cette carence aiguise sa curiosité.

    Le soir chez Gwendal, l’équipe de joueurs habituels de belote s’est réuni autour de pintes de bière. Ils évoquent ce monument façonné grâce à l’or. Ils aimeraient le dénicher, mais cette tâche a l’air irréalisable. Paol remarque que parfois un mythe ne se construit de presque rien. Tandis que Jovan émet l’hypothèse que peut-être ce n’est qu’une pièce en or, personne ne conteste sa suggestion. Le silence s’abat. Puis la discussion reprend, ils s’aperçoivent que le cacher a dû soulever des difficultés. Les korrigans ont eu plusieurs alternatives à cette fin. Ils l’ont sans doute rendu invisible. Ils ont pu aussi le plonger au fond d’un étang, le nombre de mares multiplie les possibilités. Même sans le dissimuler, si la mousse le recouvre, elle lui offre un camouflage presque parfait. Toutefois, ils n’ont pas pu l’enfouir au fin fond de la forêt, puisque les racines des arbres auraient créé un obstacle au creusement d’une fosse. Elouan et les autres n’oublient pas qu’une rivière traverse la masse feuillue, son lit aurait pu l’accueillir. Gwendal remarque que le lac au bord de la ville de Huelgoat serait susceptible de lui offrir un havre de paix.

    Elouan leur révèle qu’il va rejoindre Maëlys, il tentera d’obtenir des renseignements ou indices sur les lieux. Des yeux hébétés le fixent. Il les attribue au fait qu’ils sont tous allés se promener un jour là-bas sans apercevoir la moindre trace de la présence d’un tel trésor. Harvey, sans quitter du regard Elouan, rappelle que ces lieux possèdent un côté enchanteur à l’instar de la mare aux fées. Les korrigans ont la faculté d’intervenir à tout moment. En outre, le chaos rocheux démontre l’immixtion d’une personne aux pouvoirs magiques. Gwendal rapporte que si l’on observe l’emplacement où se nichent les menhirs lorsque les nains se désaltèrent, on découvre un trésor, mais à leur retour, on rejoint le royaume des morts.

    Ils se remettent à une partie de belote de comptoir la tournée à celui qui perd. Elouan boit sa bière en silence, il pense au monde de la Bretagne d’avant.

    Le samedi, il se rend au domicile de Maëlys. Les moments de retrouvailles passés en quelques acrobaties sur le lit ont comblé les instants perdus. Ensuite, il l’interroge à propos de la forêt et de la légende qui lui tient à cœur. Elle lui narre son savoir au sujet du chaos rocheux. Un nombre important d’énormes blocs au sol donnent l’impression qu’on les a jetés comme un quidam le ferait de dés sur un tapis vert lors d’une partie de 421. Néanmoins, le plus surprenant, ils suivent le cours d’une rivière.

    De la coalition barbare qui s’est abattue sur la Bretagne en 368, mille hommes semèrent la terreur en vue d’acquérir ce monument en or. Après qu’ils l’eurent déniché, les korrigans furieux les encerclèrent, apeurés, ils fuirent. Puis d’une formule magique, les nains les transformèrent en cailloux gigantesques. Figés sur place avec leurs armes, leurs chevaux, et tout leur équipement, en les contemplant, ils témoignent de leur défaite devant l’éternité. Les êtres facétieux mirent le trésor en sureté à l’intérieur de la forêt. Ils chargèrent les fées et divinités de le veiller.

    Elouan, à la fin de son récit, lui indique qu’il connaissait une version semblable au lieu et place des barbares, on découvre Gargantua. Ce dernier transforma les habitants en pierre, car ils l’avaient mal reçu. Maëlys lui réplique que les tribus germaniques ont existé, mais ce géant n’a vu le jour que sous la plume de Rabelais, et qu’en outre on ne mentionne pas la présence de ce métal précieux en ce qui le concerne.

    Chapitre 2

    Le dimanche, Elouan et Maëlys décident de partir se promener dès le lever du soleil. Elouan prend sa voiture, une fiat 500, en emportant de quoi casser la croute à midi. Cette recherche a ravivé les liens entre eux. S’il ne s’en plaint pas, il ne doute pas de son caractère éphémère en raison de l’absence de sentiment. Toutefois, il s’interroge si elle l’aime.

    Leurs premiers pas les conduisent à traverser un terrain accidenté. Le bruit de la faune, les différents cris ou chants d’oiseaux démontrent la diversité du monde animal présent. L’apparence féérique de cet endroit résulte des blocs rocheux éparpillés ici et là, ils prennent la forme de choses familières. Il se demande s’il n’est pas en dehors du temps. Persuadé que le roi Arthur et ses chevaliers vont déboucher au prochain virage, il se tient sur le qui-vive.

    Après avoir décidé de ne plus emprunter les principaux sentiers, ils cheminent à travers des voies à peine frayées. Les fougères remplissent chaque espace, la mousse grimpe sur les cailloux, sur les feuillus et les résineux. Le sol bosselé leur offre des montées et des descentes, elles se succèdent sans se fatiguer. La présence de grottes creusées sur des flancs de collines les étonne. Soudain, vers un arbre qui donne l’impression d’avoir connu les bâtisseurs de dolmens, se tient un homme habillé de vêtements noirs d’un autre temps. Ses longs cheveux et sa barbe ont emprunté la couleur de la neige. Il remue une grande cuillère à l’intérieur d’un chaudron d’une circonférence qui mesure au moins deux mètres et d’une hauteur d’un mètre. Cette marmite repose sur un feu de bois. Ils échangent un bonjour. Ce cuisinier leur apprend qu’il prépare un velouté aux cèpes destiné au roi Arthur et à ses compagnons. Ce regretté souverain l’adorait. Il les informe que depuis des générations, un membre de sa famille veille à ce que ce potage soit confectionné chaque jour, puisqu’eux, seuls, connaissent cette recette. Elouan hume le fumet. Après l’avoir jugé excellent, ils s’éloignent de lui et continuent leur route.

    Au moment, où ils ont tourné leurs regards du vieil homme, un être bizarre sort du chaudron. Haut de soixante-dix centimètres, sa tête imposante emprunte la forme d’une olive, il a revêtu un juste au corps de couleur noir et une tunique verte. Ses yeux ont volé la teinte du rubis. Debout, il observe Elouan et Maëlys, au bout de cinq minutes il les suit. Eux ne se rendent pas compte de sa présence.

    Arrivés près d’un cours d’eau, à l’aperçu d’un pont constitué de granites roses, Elouan croit que tout ici surgit d’un univers irraisonné. Les légendes prennent corps et vie, la nature n’a pas eu la capacité de tout agencer ainsi. Des fées et des dieux ont surement construit ce lieu.

    Après l’avoir traversé et avoir cheminé à travers d’un pré, ils rencontrent une vieille femme bossue à la peau ridée. Elle s’est habillée d’une robe noire si grande qu’elle balaie le sol. Un chapeau de feutre foncé lui confère un air de paysanne. Un panier d’osier tenu à la main contient de belles pommes rouges, leur grosseur parait invraisemblable.

    — J’apporte une Braeburn à la princesse des bois jolis, elle vit en recluse, sept nains la protègent, la reine, sa belle-mère, ne l’aime pas, car elle est plus belle qu’elle. Elle en choisira une qui contient un poison mortel, s’exclame-t-elle.

    Elouan et Maëlys se demandent si cette femme appartient au monde réel, car elle semble jaillir d’un conte d’enfants. Le plus étonnant, elle ne possède aucun lien avec cette forêt et la Bretagne. Elle donne une pomme rouge à Maëlys en l’assurant que la reine ne l’a pas empoissonnée. Leurs yeux rivés sur son éclat impossible, il oublie le monde extérieur. Ils relèvent la tête, la dame s’est évaporée au sein d’un nuage de poussière. Le fruit se flétrit au milieu de sa main, il se gâte, si bien que des dizaines d’asticots sortent de toutes parts. Elle la lâche. D’une feuille d’une fougère, elle s’essuie les doigts. Le cadeau de la nature se décompose au sol.

    La magie s’est transformée en sorcellerie. Ils accélèrent le pas. La peur a succédé à l’émerveillement. Ils courent. S’échapper de cet endroit devient obsessionnel. Arrivés à une clairière, ils s’arrêtent et se reposent. Le nain les épie toujours. À la fin de la journée, ils rentrent. Le fruit du bouillon de champignons se mue en un vent léger.

    À bord de la mini voiture italienne, Maëlys demande à Elouan de fermer les vitres, puisqu’elle a senti un courant d’air froid. Il acquiesce. Mais ce souffle glacial sous le soleil agréable du printemps ne le perturbe pas.

    Elouan accompagne Maëlys chez elle. La nuit agitée permet d’oublier les troubles de la journée. Transformés en acrobates sans filet, ils sont devenus les vedettes d’un cirque, aucune protection ne les a sauvegardés d’une glissade. Offusqué, le petit vent s’est camouflé à l’intérieur de la salle de bain.

    Le lendemain, au milieu de la forêt, ils découvrent que les résineux se battent contre les feuillus de façon à imposer leur présence, que les fougères et la mousse restent ubiquistes qu’importe l’arbre qui les entourent. Par moment, un bloc rocheux apparait doté d’une forme anormale. L’étrange devient la norme, il ne les déconcerte plus. Là devant eux, un énorme caillou imite une boule d’une circonférence d’au moins cinq mètres, la nature l’a creusé à l’intérieur à leur offrir un habitacle. Un marionnettiste d’un autre monde a surement guidé les mains qui l’ont foui. Ils y entrent et s’assoient. Ils dégustent un café sorti d’un thermostat, car Maëlys a emporté un sac en osier doté d’une bandoulière, commode, il permet d’apporter un sandwich et de la boisson. Elouan en profite pour griller une Gitane. Cet abri leur suggère des idées coquines, mais au moment de l’accouplement, la roche vibre, un tourbillon emporte feuilles et brindilles, si bien qu’ils se sauvent à l’intérieur de la forêt en toussant à l’égal de tuberculeux. 

    Chemin allant, leurs pas suivent les voies peu fréquentées, une enfant d’une douzaine d’années les hèle. Ils se tournent. Ils la voient, habillée d’une cape rouge et d’une casquette de la même couleur. Elle les interroge s’ils sont en mesure de l’aider, car un loup la poursuit. Elle leur montre un panier d’osier en leur apprenant qu’elle amène un pot de miel et une galette à sa grand-mère. Maëlys lui demande où habite son aïeule. Elle lui explique que sa demeure se situe au milieu de la forêt sombre à l’intérieur d’une chaumière. Des hurlements les figent sur place. L’adolescente les informe que c’est un loup désireux de lui dérober certainement les sucreries prévues en faveur de sa grand-mère. Ils l’accompagnent, une légère appréhension monte, la visibilité diminue du fait de l’opacité des arbres et des feuillages, soudain sans prévenir une maison apparait au milieu d’une clairière, l’enfant court au-devant d’elle en criant mamie. Tout disparait au sein d’un écran de fumée. Devant eux, surgit une mare gigantesque, où des pierres de granite rouge sans doute posées sur l’eau imitent des nénufars. Ils se regardent, et lisent l’incompréhension de l’autre au fond de ses yeux. Ils franchissent cet obstacle en sautant à clochepied sur chacune d’elles. Celles-ci en s’enfonçant légèrement dans l’eau émettent un bruit semblable au coassement des grenouilles. Les éclaboussures engendrent des ricochets que des poissons à la couleur de l’argent gobent. 

    Elouan se persuade qu’ils ne sont pas près de dénicher le trésor si des mirages apparaissent sans cesse. Il rejette avec force l’idée d’une implication d’un monde en dehors de la normalité.

    Ils s’enfoncent au sein de la forêt. Des cris aigus et prolongés semblables à des hurleries des loups les incitent à accélérer leur pas sans se soucier de leur destination. Sans crier gare, une vieille maison délabrée qui emprunte l’aspect d’une cabane oubliée jaillit en copiant un champignon. Ils s’en approchent, ils perçoivent une odeur melliflue, elle devient de plus en plus puissante au fur à mesure que la distance qui les sépare se réduit. Une émanation de pain d’épice s’imprègne partout. Si l’on a constitué les murs et le toit de cet ingrédient, à l’aide de sucre, on a façonné les fenêtres, les volets et la porte. Elouan s’étonne de leur plongée au sein d’un conte. Maëlys est surprise que les frères Grimm visitent la Bretagne, elle note que cette présence iconoclaste ne possède pas de raison d’être.

    Soudain, un grand bruit les force à se boucher les oreilles, ils se retournent, rien n’en semble responsable, si ce n’est que la demeure s’est envolée. Un rire tonitruant les effraie. Quelqu’un ou quelque chose marche au sein d’un fracas épouvantable. La terre tremble. Ils se mettent à courir autant qu’ils peuvent. Ce monde insensé les apeure. Ils slaloment entre les arbres, tombent, se relèvent. Épuisés, ils se cachent au milieu des fougères, couchées à même le sol, main dans

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