Calme-toi, Werther !
Par Guy Marchand
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À propos de ce livre électronique
À pied et en métro, sur les traces de l’assassin, dans le milieu de l’Art, dans le monde du cinéma, Morrigane nous entraîne dans un Paris oublié, peuplé de souvenirs, en une course folle qui va l’amener au Festival de Cannes. Lors de ses investigations, il découvre une petite pièce de monnaie italienne qui le met sur une nouvelle piste. À l’avers de la pièce, le portrait d’une jeune femme datant de la Renaissance, Simonetta Vespucci qui ressemble étrangement à Simone Vitelli, l’actrice décédée.
Coïncidence ? Elles sont mortes le même mois, le même jour…
Avec Calme-toi, Werther ! Guy Marchand nous livre pour notre plus grand bonheur, sur fond de polar, un roman insolite et tendre, cynique et désinvolte.
EXTRAIT
Quand le commissaire Blondeau appelait Maurice ou le convoquait 36 quai des Orfèvres, ce dernier ressentait toujours le même malaise, la même inquiétude d’enfant, quand à l’école communale de la rue des Bois, il devait se présenter devant le surveillant général pour une bêtise quelconque. Un sentiment entre la paranoïa et la rébellion. Quand il montait les vieilles marches usées qui menaient au bureau de Blondeau et qui avaient vu passer tout ce qu’il y a de pire dans la nature humaine, il croisait des fonctionnaires au teint blême, qui ne sortaient jamais de ce mausolée administratif, et qui jugeaient le vice et le crime dans des petits bureaux avec vue sur la Seine des deux côtés ; il se demandait comment on pouvait comprendre les drames de l’humanité depuis cet îlot…
« Même si tu ne vas jamais au cinéma, tu connais l’acteur Fred Morange, lui dit Blondeau.
– Non, répondit Maurice.
– Hé bien tu vas le connaître… dans son dernier rôle… Un rôle de mort car on l’a envoyé dans l’au-delà, assez sauvagement je dois dire. Fais-moi plaisir et rends-toi sur le décor avant que ça coagule. C’est à Neuilly, au 101 boulevard du Château, je te préviens, c’est assez barbare… »
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
On l'aura compris, cette histoire policière est plus un prétexte à narrer une histoire douce-amère, à plonger dans une ambiance bien rendue de décontraction élégante et de nostalgie. - En lisant en voyageant
Un livre plaisant, dans lequel apparaissent des personnages typiques [par] leur vécu, croisés au hasard de ses traversées des rues de Paris. - Myriam, Un jour un livre
À PROPOS DE L'AUTEUR
Guy Marchand est né à Paris en 1937. Acteur français associé par tous à son rôle dans la série Nestor Burma, il est avant tout un amoureux des mélodies latines, du tango et du jazz. Calme-toi, Werther ! est son quatrième livre.
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Avis sur Calme-toi, Werther !
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Aperçu du livre
Calme-toi, Werther ! - Guy Marchand
Chapitre I
En ce vingt-huit avril deux mille, à quatre heures de l’après-midi, le ciel s’était tellement assombri qu’on aurait dit qu’il faisait déjà nuit, comme pendant une éclipse, une panne de l’univers. L’orage se faisait attendre comme une diva. La foule regardait passer tous ces gens célèbres, tous ces artistes à lunettes noires qui se pressaient maladroitement dans ce cimetière comme d’étranges aveugles qui cachent leurs larmes ou leur indifférence. De belles dames en hauts talons trébuchaient sur les vieux pavés du Père-Lachaise ; tels des flamants roses en deuil. Toute cette troupe bringuebalante suivait un corbillard de luxe, Cadillac amortie, douce, silencieuse, et qui emmenait une des plus jolies, des plus jeunes et des plus prometteuses actrices du cinéma français, vers le trou béant de l’éternité, pour une place au box-office éternel.
Oh ! il en avait vus d’autres sur ses vieux pavés le Père-Lachaise, lui, le cinq étoiles de la mort, depuis qu’on avait enterré une petite fille de cinq ans en 1804, et que tout ce qui était mort de plus célèbre après l’avait suivie… Elle était morte dans son sommeil, sans aucune raison, la veille ; et le médecin légiste qui avait autopsié ce corps superbe en transpirant comme s’il avait touché le corps de Cléopâtre, n’avait rien trouvé qui eût pu expliquer ce décès ; une autopsie blanche selon le jargon de la profession. Elle était morte comme Ophélie, en pleine jeunesse et en pleine beauté ; elle allait descendre la rivière entourée des larmes d’Hamlet et d’un public avide d’histoires vécues.
Au moment de l’inhumation, le cercle des proches ne comportait que des gens de cinéma : producteurs, metteurs en scène, acteurs, attachés de presse, envoyés spéciaux dont la spécialité était surtout de prendre en photo les larmes des vivants et le sourire des morts. Le cimetière se vida par petits groupes de simples promeneurs dans cette jolie petite ville où les maisons ne sont que les lotissements de la mort. Bientôt tous les journaux et les magazines évoquant le décès de Simone Vitelli se retrouveraient chez les coiffeurs et dans les salles d’attente des dentistes pour quelques mois encore ; puis d’autres stars, d’autres drames les remplaceraient et la star se chiffonnera comme une poupée de papier, figée dans son sourire, au Festival de Cannes de l’année d’avant… avant…
Chapitre II
L’inspecteur Morrigane, Maurice Morrigane, reposa son bol de café, pensif. Cet air hébété et cette démarche égarée ne le quittaient jamais, depuis qu’une fatale passion avait dévasté son passé, lui laissant comme un tatouage ineffaçable. Elle s’appelait Elena, une femme de l’Est, genre Dostoïevski, Tolstoï et compagnie, à consommer avec modération et sans garantie. D’ailleurs, il pensait toujours à cet autre imbécile, quand il passait devant les Invalides, qui avait voulu envahir la Russie en hiver ; comme lui, il n’était pas loin de la retraite, seule issue à ce genre de conneries. Sa vie désormais était dominée par ce visage de madone, dont la douceur cruelle le tuait à petit feu. Il faisait ses enquêtes machinalement, comme s’il empruntait des chemins sans savoir vraiment où aller ; pourtant cette désinvolture était souvent couronnée de succès, car il est évident qu’il est plus simple de trouver les choses, comme par exemple ses lunettes, sans les chercher vraiment. Elena était grande et changeante ; elle pouvait passer pour une Asiatique quand elle laissait ses beaux cheveux noirs tomber sur son dos de déesse brune et pourtant blanche. Mais quand elle sortait de chez le coiffeur, et que ses cheveux ondulaient avec légèreté, elle était une star italienne ou sud-américaine. Au début, il avait eu la suffisance de croire qu’il était le maître du jeu, car elle avait cette simplicité, cette douceur, cette timidité des femmes amoureuses. Mais plus tard, il sut qu’il avait été intoxiqué par cette bouche bien dessinée qui lui faisait chaque fois se demander qui lui avait appris à embrasser comme ça. Maurice caressait son souvenir comme ces croyants qui usent les pieds des statues de la Sainte Vierge dans les églises italiennes.
Maurice Morrigane faisait un mètre soixante-quinze. Ses cheveux s’étaient envolés avec ses illusions, mais son visage rond lui donnait un côté juvénile, tel un vieil enfant, un jeune vieux qui ferait sûrement un mort souriant. Pourtant la mort il la rencontrait souvent, dans tous les faits divers qui encombraient son quotidien. Il avait fait le stage d’acclimatation depuis longtemps, et puis la mort elle s’en fout qu’on soit prêt ou non : elle vient sans prévenir comme quelqu’un qui n’a pas été invité à un repas d’anniversaire. Alors s’il vous plaît, pas de trop longue agonie, un bon dernier soupir, un joli râle comme un dernier reproche au Bon Dieu, comme « Bon, ben d’accord, maintenant qu’est-ce qu’on fait ? »
Maurice se dit qu’il allait pleuvoir, mais que ce n’était tout de même pas une raison pour se suicider aujourd’hui. Il se débarrassa de son pyjama de forçat pour une brève toilette et enfila le costume gris qu’il portait depuis la nuit des temps, et dont les poches aux genoux lui remémoraient le tailleur d’origine anglaise lui confiant un jour qu’un pantalon sur mesure ne devait être repassé qu’une fois l’an, et seulement par son tailleur personnel, le pli du pantalon étant le signe de la confection et du prêt-à-porter, dû à l’empilement desdits pantalons, destinés à la grande consommation et au peuple. Maurice mit son chapeau, qui comme chaque année, rétrécissait un peu plus à la pluie, car il était en lapin et non en castor, comme les chapeaux d’avant-guerre de son père. Aujourd’hui on protège les castors plus que les lapins ou les chapeliers. Il avait l’air d’un rabbin de la rue des Rosiers. Les ultrasons félins et irritants et le miaulement plaintif et autoritaire de son chat Marlowe le firent se lever doucement et douloureusement et remplir le bol qui lui avait servi pour son café, de croquettes au saumon malodorantes. Le petit fauve se jeta dessus en abandonnant son travail de séduction, le résultat désiré ayant été obtenu. Son portable sonna. Il répondit avec lassitude : « Oui, Morrigane… »
Quand le commissaire Blondeau appelait Maurice ou le convoquait 36 quai des Orfèvres, ce dernier ressentait toujours le même malaise, la même inquiétude d’enfant, quand à l’école communale de la rue des Bois, il devait se présenter devant le surveillant général pour une bêtise quelconque. Un sentiment entre la paranoïa et la rébellion. Quand il montait les vieilles marches usées qui menaient au bureau de Blondeau et qui avaient vu passer tout ce qu’il y a de pire dans la nature humaine, il croisait des fonctionnaires au teint blême, qui ne sortaient jamais de ce mausolée administratif, et qui jugeaient le vice et le crime dans des petits bureaux avec vue sur la Seine des deux côtés ; il se demandait comment on pouvait comprendre les drames de l’humanité depuis cet îlot…
« Même si tu ne vas jamais au cinéma, tu connais l’acteur Fred Morange, lui dit Blondeau.
– Non, répondit Maurice.
– Hé bien tu vas le connaître… dans son dernier rôle… Un rôle de mort car on l’a envoyé dans l’au-delà, assez sauvagement je dois dire. Fais-moi plaisir et rends-toi sur le décor avant que ça coagule. C’est à Neuilly, au 101 boulevard du Château, je te préviens, c’est assez barbare… »
Chapitre III
L’inspecteur Morrigane habitait dans le 19e arrondissement, au 35 rue du Pré-Saint-Gervais et n’avait jamais eu de voiture. Il prenait le métro et l’autobus où il avait l’habitude de réfléchir à son travail, à
