L'enfant maudit
Par Honore De Balzac
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À propos de ce livre électronique
Le mari jaloux soupçonne à tort sa vertueuse épouse et ne se reconnaît pas dans l'enfant qui naît de leur union, mais avant terme, chétif et mignon - il deviendra en grandissant poète, amateur de fleurs et musicien -, tout le contraire de ce qu'il est. Le malheur s'installe : Etienne vit hors du monde dans une maison de pêcheur en intime correspondance avec l'Océan. La naissance d'un second fils, Maximilien, cette fois-ci tout à l'image antipathique du père, ne modifiera pas le cours du destin.
La mère morte, le frère mort, tout l'amour d'un père de 76 ans qui entend voir continuer sa lignée se reporte sur lui. Le « rebouteur » Beauvouloir qui a obtenu de le préparer à sa façon au mariage lui fait rencontrer sa propre fille, un miracle de délicatesse et de beauté, dont la constitution et le sort lui paraissent analogues. Le plan réussit trop bien : les deux jeunes gens s'aiment éperdument dès le premier regard.
Cependant le vieux duc, qui a jeté son dévolu pour Etienne sur une héritière de la famille de Grandlieu, se laisse aller à la dernière extrémité : il lève un « fer » sur Gabrielle ; le coeur d'Etienne cède sous l'emprise de la terreur, et son amie tombe morte avec lui.
Honore De Balzac
Honoré de Balzac nació en 1799 en Tours, donde su padre era jefe de suministros de la división militar. La familia se trasladó a París en 1814. Allí el joven Balzac estudió Derecho, fue pasante de abogado, trabajó en una notaría y empezó a escribir. Fue editor, impresor y propietario de una fundición tipográfica, pero todos estos negocios fracasaron, acarreándole deudas de las que no se vería libre en toda la vida. En 1830 publica seis relatos bajo el título común de Escenas de la vida privada, y en 1831 aparecen otros trece bajo el de Novelas y cuentos filosóficos: en estos volúmenes se encuentra el germen de La comedia humana, ese vasto «conjunto orgánico» de ochenta y cinco novelas sobre la Francia de la primera mitad del siglo XIX, cuyo nacimiento oficial no se produciría hasta 1841, a raíz de un contrato con un grupo de editores. De este célebre ciclo son magníficos ejemplos El pobre Goriot (1835; ALBA CLÁSICA núm. CXXII), La muchacha de los ojos de oro (1835; ALBA BREVIS núm. 8), Grandeza y decadencia de César Birotteu, perfumista (1837), La Casa Nuncingen (1837) (ambas publicadas en un solo volumen en el núm. XXIX de ALBA CLÁSICA MAIOR) y La prima Bette (1846; ALBA CLÁSICA núm. XXI; ALBA MINUS núm. 13). Balzac, autor de una de las obras más influyentes de la literatura universal, murió en París en 1850.
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Aperçu du livre
L'enfant maudit - Honore De Balzac
L'enfant maudit
Honoré de Balzac
Page de copyright
Honoré de Balzac
(1799-1850)
Études philosophiques
L’enfant maudit
À madame la baronne James Rothschild.
Comment vécut la mère
Par une nuit d’hiver et sur les deux heures du matin, la comtesse Jeanne d’Hérouville éprouva de si vives douleurs que, malgré son inexpérience, elle pressentit un prochain accouchement ; et l’instinct qui nous fait espérer le mieux dans un changement de position lui conseilla de se mettre sur son séant, soit pour étudier la nature de souffrances toutes nouvelles, soit pour réfléchir à sa situation. Elle était en proie à de cruelles craintes causées moins par les risques d’un premier accouchement dont s’épouvantent la plupart des femmes, que par les dangers qui attendaient l’enfant. Pour ne pas éveiller son mari couché près d’elle, la pauvre femme prit des précautions qu’une profonde terreur rendait aussi minutieuses que peuvent l’être celles d’un prisonnier qui s’évade. Quoique les douleurs devinssent de plus en plus intenses, elle cessa de les sentir, tant elle concentra ses forces dans la pénible entreprise d’appuyer sur l’oreiller ses deux mains humides, pour faire quitter à son corps endolori la posture où elle se trouvait sans énergie. Au moindre bruissement de l’immense courtepointe en moire verte sous laquelle elle avait très peu dormi depuis son mariage, elle s’arrêtait comme si elle eût tinté une cloche. Forcée d’épier le comte, elle partageait son attention entre les plis de la criarde étoffe et une large figure basanée dont la moustache frôlait son épaule. Si quelque respiration par trop bruyante s’exhalait des lèvres de son mari, elle lui inspirait des peurs soudaines qui ravivaient l’éclat du vermillon répandu sur ses joues par sa double angoisse. Le criminel parvenu nuitamment jusqu’à la porte de sa prison et qui tâche de tourner sans bruit dans une impitoyable serrure la clef qu’il a trouvée, n’est pas plus timidement audacieux. Quand la comtesse se vit sur son séant sans avoir réveillé son gardien, elle laissa échapper un geste de joie enfantine où se révélait la touchante naïveté de son caractère ; mais le sourire à demi formé sur ses lèvres enflammées fut promptement réprimé : une pensée vint rembrunir son front pur, et ses longs yeux bleus reprirent leur expression de tristesse. Elle poussa un soupir et replaça ses mains, non sans de prudentes précautions, sur le fatal oreiller conjugal. Puis, comme si pour la première fois depuis son mariage elle se trouvait libre de ses actions et de ses pensées, elle regarda les choses autour d’elle en tendant le cou par de légers mouvements semblables à ceux d’un oiseau en cage. À la voir ainsi, on eût facilement deviné que naguère elle était tout joie et tout folâtrerie ; mais que subitement le destin avait moissonné ses premières espérances et changé son ingénue gaieté en mélancolie.
La chambre était une de celles que, de nos jours encore, quelques concierges octogénaires annoncent aux voyageurs qui visitent les vieux châteaux en leur disant : – Voici la chambre de parade où Louis XIII a couché. De belles tapisseries généralement brunes de ton étaient encadrées de grandes bordures en bois de noyer dont les sculptures délicates avaient été noircies par le temps. Au plafond, les solives formaient des caissons ornés d’arabesques dans le style du siècle précédent, et qui conservaient les couleurs du châtaignier. Ces décorations pleines de teintes sévères réfléchissaient si peu la lumière, qu’il était difficile de voir leurs dessins, alors même que le soleil donnait en plein dans cette chambre haute d’étage, large et longue. Aussi la lampe d’argent posée sur le manteau d’une vaste cheminée l’éclairait-elle alors si faiblement, que sa lueur tremblotante pouvait être comparée à ces étoiles nébuleuses qui, par moments, percent le voile grisâtre d’une nuit d’automne. Les marmousets pressés dans le marbre de cette cheminée qui faisait face au lit de la comtesse, offraient des figures si grotesquement hideuses, qu’elle n’osait y arrêter ses regards, elle craignait de les voir se remuer ou d’entendre un rire éclatant sortir de leurs bouches béantes et contournées. En ce moment une horrible tempête grondait par cette cheminée qui en redisait les moindres rafales en leur prêtant un sens lugubre, et la largeur de son tuyau la mettait si bien en communication avec le ciel, que les nombreux tisons du foyer avaient une sorte de respiration, ils brillaient et s’éteignaient tour à tour, au gré du vent. L’écusson de la famille d’Hérouville, sculpté en marbre blanc avec tous ses lambrequins et les figures de ses tenants, prêtait l’apparence d’une tombe à cette espèce d’édifice qui faisait le pendant du lit, autre monument élevé à la gloire de l’hyménée. Un architecte moderne eût été fort embarrassé de décider si la chambre avait été construite pour le lit, ou le lit pour la chambre. Deux amours qui jouaient sur un ciel de noyer orné de guirlandes auraient pu passer pour des anges, et les colonnes de même bois qui soutenaient ce dôme présentaient des allégories mythologiques dont l’explication se trouvait également dans la Bible ou dans les Métamorphoses d’Ovide. Ôtez le lit, ce ciel aurait également bien couronné dans une église la chaire ou les bancs de l’œuvre. Les époux montaient par trois marches à cette somptueuse couche entourée d’une estrade et décorée de deux courtines de moire verte à grands dessins brillants, nommés ramages, peut-être parce que les oiseaux qu’ils représentent sont censés chanter. Les plis de ces immenses rideaux étaient si roides, qu’à la nuit on eût pris cette soie pour un tissu de métal. Sur le velours vert, orné de crépines d’or, qui formait le fond de ce lit seigneurial, la superstition des comtes d’Hérouville avait attaché un grand crucifix où leur chapelain plaçait un nouveau buis bénit, en même temps qu’il renouvelait au jour de Pâques fleuries l’eau du bénitier incrusté au bas de la croix.
D’un côté de la cheminée était une armoire de bois précieux et magnifiquement ouvré, que les jeunes mariées recevaient encore en province le jour de leurs noces. Ces vieux bahuts si recherchés aujourd’hui par les antiquaires étaient l’arsenal où les femmes puisaient les trésors de leurs parures aussi riches qu’élégantes. Ils contenaient les dentelles, les corps de jupe, les hauts cols, les robes de prix, les aumônières, les masques, les gants, les voiles, toutes les inventions de la coquetterie du seizième siècle. De l’autre côté, pour la symétrie, s’élevait un meuble semblable où la comtesse mettait ses livres, ses papiers et ses pierreries. D’antiques fauteuils en damas, un grand miroir verdâtre fabriqué à Venise et richement encadré dans une espèce de toilette roulante, achevaient l’ameublement de cette chambre. Le plancher était couvert d’un tapis de Perse dont la richesse attestait la galanterie du comte. Sur la dernière marche du lit se trouvait une petite table sur laquelle la femme de chambre servait tous les soirs, dans une coupe d’argent ou d’or, un breuvage préparé avec des épices.
Quand nous avons fait quelques pas dans la vie, nous connaissons la secrète influence exercée par les lieux sur les dispositions de l’âme. Pour qui ne s’est-il pas rencontré des instants mauvais où l’on voit je ne sais quels gages d’espérance dans les choses qui nous environnent ? Heureux ou misérable, l’homme prête une physionomie aux moindres objets avec lesquels il vit ; il les écoute et les consulte, tant il est naturellement superstitieux. En ce moment, la comtesse promenait ses regards sur tous les meubles, comme s’ils eussent été des êtres ; elle semblait leur demander secours ou protection ; mais ce luxe sombre lui paraissait inexorable.
Tout à coup la tempête redoubla. La jeune femme n’osa plus rien augurer de favorable en entendant les menaces du ciel, dont les changements étaient interprétés à cette époque de crédulité suivant les idées ou les habitudes de chaque esprit. Elle reporta soudain les yeux vers deux croisées en ogive qui étaient au bout de la chambre ; mais la petitesse des vitraux et la multiplicité des lames de plomb ne lui permirent pas de voir l’état du firmament et de reconnaître si la fin du monde approchait, comme le prétendaient quelques moines affamés de donations. Elle aurait facilement pu croire à ces prédictions, car le bruit de la mer irritée, dont les vagues assaillaient les murs du château, se joignit à la grande voix de la tempête, et les rochers parurent s’ébranler. Quoique les souffrances se succédassent toujours plus vives et plus cruelles, la comtesse n’osa pas réveiller son mari ; mais elle en examina les traits, comme si le désespoir lui avait conseillé d’y chercher une consolation contre tant de sinistres pronostics.
Si les choses étaient tristes autour de la jeune femme, cette figure, malgré le calme du sommeil, paraissait plus triste encore. Agitée par les flots du vent, la clarté de la lampe qui se mourait aux bords du lit n’illuminait la tête du comte que par moments, en sorte que les mouvements de la lueur simulaient sur ce visage en repos les débats d’une pensée orageuse. À peine la comtesse fut-elle rassurée en reconnaissant la cause de ce phénomène. Chaque fois qu’un coup de vent projetait la lumière sur cette grande figure en ombrant les nombreuses callosités qui la caractérisaient, il lui semblait que son mari allait fixer sur elle deux yeux d’une insoutenable rigueur. Implacable comme la guerre que se faisaient alors l’Église et le Calvinisme, le front du comte était encore menaçant pendant le sommeil ; de nombreux sillons produits par les émotions d’une vie guerrière y imprimaient une vague ressemblance avec ces pierres vermiculées qui ornent les monuments de ce temps ; pareils aux mousses blanches des vieux chênes, des cheveux gris avant le temps l’entouraient sans grâce, et l’intolérance religieuse y montrait ses brutalités passionnées. La forme d’un nez aquilin qui ressemblait au bec d’un oiseau de proie, les contours noirs et plissés d’un œil jaune, les os saillants d’un visage creusé, la rigidité des rides profondes, le dédain marqué dans la lèvre inférieure, tout indiquait une ambition, un despotisme, une force d’autant plus à craindre que l’étroitesse du crâne trahissait un défaut absolu d’esprit et du courage sans générosité. Ce visage était horriblement défiguré par une large balafre transversale dont la couture figurait une seconde bouche dans la joue droite. À l’âge de trente-trois ans, le comte, jaloux de s’illustrer dans la malheureuse guerre de religion dont le signal fut donné par la Saint-Barthélemy, avait été grièvement blessé au siège de la Rochelle. La malencontre de sa blessure, pour parler le langage du temps, augmenta sa haine contre ceux de la Religion ; mais, par une disposition assez naturelle, il enveloppa aussi les hommes à belles figures dans son antipathie. Avant cette catastrophe, il était
