Héros fusion - Fourmi McCool

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— Qu’est ce qui se passe, Mart ? Pourquoi t’arrêtes de jouer ?

— Désolé Rémi, j’viens de briser une baguette. C’était ma dernière paire, va falloir que j’aille m’en acheter d’autres si on veut continuer de pratiquer.

Déçu, Rémi range sa guitare basse dans son étui. C’est la deuxième fois ce mois-ci qu’une pratique de musique se termine plus tôt que prévu.

— Au moins cette fois, c’est pas une panne d’électricité. Ça veut dire qu’on va quand même pouvoir brancher la console et faire une partie de NHL !

Étrangement, l’idée ne semble pas tellement réjouir Rémi, qui se contente de répondre sans trop de conviction :

— Ouin… On pourrait.

Rémi n’a pas envie de jouer à son jeu vidéo favori ? C’est louche ! Mais Martin comprend tout de suite. La seule chose que les deux amis aiment plus que les jeux vidéo, c’est la musique ! Malgré leur jeune âge, ils caressent déjà le rêve de devenir des vedettes rock et savent que pour y arriver, ils doivent pratiquer aussi souvent que possible.

— Tu sais quoi, Rémi ? On devrait plutôt aller faire un tour chez « Casserole Musique ». J’vais m’acheter une nouvelle paire de baguettes et on va pouvoir pratiquer tout le reste de l’après-midi. T’en penses quoi ?

Aussitôt, le visage de Rémi s’illumine. Là, son meilleur ami lui fait plaisir.

— Tu vas voir, un jour, on va être célèbres ! On va faire des tournées partout dans le monde. Toutes nos chansons vont jouer à la radio ! Crois-moi Rémi, y’a pas un seul autre groupe de musique qui va arriver à la cheville des « Fous Fêteurs » ! On va gagner des millions de dollars ! ! !

— Ouais ! Et peut-être même des milliers ! ! !

— Euh… Des millions, c’est beaucoup plus que des milliers, tu le sais ?

— Ah ? Ah oui, c’est vrai… J’avais oublié.

— Bon, j’ai pas d’argent sur moi, change rapidement de sujet Martin. Ça te dérange si on fait un détour par la banque en allant au magasin ?

— Non, non ! Aucun problème !

Pendant que Rémi se dirige vers la porte de la garçonnière où il vit, Martin tapote ses poches et s’assure qu’il a son portefeuille sur lui. Les deux amis sortent ensuite, sans jamais se douter que dans quelques heures à peine, leurs vies basculeront complètement…

***

Dehors, la journée est magnifique. Le soleil brille et réchauffe les habitants de la ville d’Excentri Cité. En route vers la banque, Martin et Rémi croisent monsieur Lapointe, qui profite du temps exquis pour arroser son terrain. Il remarque les deux complices et les salue de la main.

— Bonjour, les gars ! Alors, ça avance ce groupe de rock ?

— Oh, bonjour monsieur Lapointe ! Oui, on travaille fort là-dessus !

— Vous n’oubliez pas de me mettre un CD de côté lorsque vous serez des stars, n’est-ce pas ?

— On vous en garde un sans faute, monsieur Lapointe. Bonne journée !

Les deux amis s’apprêtent ensuite à traverser la rue lorsque des cris de panique se font entendre. Ils regardent leurs montres et comprennent que l’autobus numéro 33 s’approche, toujours à l’heure, comme à son habitude. Mais ils n’utiliseront pas ce moyen de transport. Oh que non ! Car ce vieil autobus est conduit par Gaétan, le mort-vivant ! Bien que ce dernier effectue son trajet de façon continue (on ignore toujours comment et pour quelles raisons), jamais il ne prend la peine de s’arrêter pour faire monter ou descendre des passagers. Encore moins pour éviter les piétons affolés, qui traversent la rue au moment où il passe par là ! La seule façon d’y monter, c’est de sauter à bord !

— Recule un peu, Rémi. On va le laisser passer.

— Excellente idée ! J’ai pas tellement le goût de mourir écrabouillé !

***

Arrivés à la banque, les deux amis sont aussitôt découragés par la file de gens qui attendent devant le seul comptoir ouvert. En tout, une quinzaine de personnes au moins.

— Oh zut ! fait Rémi, déconfit. On en a pour un sacré bout de temps à poireauter en ligne…

— Si seulement on avait des super pouvoirs, comme dans ce film de Blatte-Man qu’on a regardé hier, tu te souviens ? Un seul claquement de doigts, et ZAP !