Skip to main content
Quelle est la portee politique du travestissement spectaculaire ? Le lien entre travestissement et homosexualite, saillant dans nombre de discours, est-il a reinterroger ou a minimiser? Pourquoi les travestissements masculins sont-ils... more
Quelle est la portee politique du travestissement spectaculaire ? Le lien entre travestissement et homosexualite, saillant dans nombre de discours, est-il a reinterroger ou a minimiser? Pourquoi les travestissements masculins sont-ils surrepresentes, et contribuent-ils ainsi a naturaliser la hierarchisation des genres ? Ludique, fonctionnel ou identitaire, transgressif ou spectaculaire : si le travestissement recouvre differents phenomenes, certains banalises et d’autres marginaux, il permet globalement d’interroger le lien entre genre, culture et performance. Il met d’une part en evidence les artifices du genre et les modalites de sa construction et de sa deconstruction comme pratique performative ; il temoigne d’autre part de pratiques historiquement, socialement et culturellement situees du genre. On propose ici un etat des lieux des reflexions actuelles sur les travestissements et leur fonction symbolique et/ou politique. L’ouvrage vise a historiciser les pratiques des travestissements et evite tout biais qui pourrait invisibiliser ou provincialiser des phenomenes non-occidentaux. Histoire culturelle, anthropologie, arts du spectacle et sociologie ; television, cinema, litterature, musique sont les domaines mobilises.
Pres de 10 ans apres son œuvre-phare Provincialiser l’Europe (2000), Dipesh Chakrabarty, l’un des fondateurs du collectif indien des Subaltern Studies, publie un article au titre intrigant : « Belatedness as possibility » (2011). Dans le... more
Pres de 10 ans apres son œuvre-phare Provincialiser l’Europe (2000), Dipesh Chakrabarty, l’un des fondateurs du collectif indien des Subaltern Studies, publie un article au titre intrigant : « Belatedness as possibility » (2011). Dans le langage de l’Occident, y interroge t-il avec ironie, l’Inde a-t-elle jamais ete debarrassee du spectre du retard ? Comme on a pu l’ecrire, les Subaltern Studies comme projet indigene de deconstruction historiographique ne temoignent-elles pas de ce retard quand elles visent a ecrire une histoire par le bas deja initiee par les travaux d’historiens europeens tels qu’Alexander Gerschenkron et son Economic Backwardness in Historical Perspective (1952) ou, pour la France, par ceux de Jules Michelet ? Au principe de « retard », Chakarabarty oppose pourtant celui de « possibilite » : possibilite d’ecrire une histoire « autrement », en provincialisant les modeles dresses par l’Occident ; possibilite d’eriger ce retard en « difference », concept largement p...
En 1974, Anis Kidwai, jeune veuve de la bourgeoisie intellectuelle musulmane d’Inde du Nord devenue travailleuse sociale, publiait Azadi ki chaon me (« Dans l’ombre de la liberté »), autobiographie bouleversante rédigée vingt ans plus... more
En 1974, Anis Kidwai, jeune veuve de la bourgeoisie intellectuelle musulmane d’Inde du Nord devenue travailleuse sociale, publiait Azadi ki chaon me (« Dans l’ombre de la liberté »), autobiographie bouleversante rédigée vingt ans plus tôt, dans le bruit et la fureur qui accompagnèrent en 1947 la Partition de l’Inde au moment de la décolonisation. Elle y raconte notamment le meurtre de son mari, alors administrateur local d’une petite ville des contreforts de l’Himalaya, puis son engagement auprès de Gandhi et des travailleurs sociaux investis dans l’accueil des centaines de milliers de réfugiés qui affluaient à Delhi, enfin et surtout sa participation aux vastes campagnes de récupération et réhabilitation des femmes kidnappées lors des violences qui accompagnèrent la Partition. Elle mettait ainsi en évidence l’ampleur des violences genrées pendant la Partition, violences largement bannies des histoires nationales jusqu’aux années 1990-2000 où elles furent réinvesties par les histori...
Le developpement d'un champ des Partition Studies, initie en Inde dans les annees 1990 dans differentes disciplines (histoire, sciences politiques, geographie, mais aussi histoire culturelle, etudes litteraires, etudes... more
Le developpement d'un champ des Partition Studies, initie en Inde dans les annees 1990 dans differentes disciplines (histoire, sciences politiques, geographie, mais aussi histoire culturelle, etudes litteraires, etudes cinematographiques 1) mobilisees autour de la redecouverte des evenements de 1947, invite a une reflexion globale sur les divisions territoriales. En dissociant leur reflexion des approches disciplinaires, les Partition Studies inciterent a considerer les partitions comme des paradigmes qui structurent en profondeur les identites, les imaginaires et leurs reseaux de representations. Elles offrirent ainsi une base critique inedite pour penser l'histoire comme les effets et les heritages des « longues » partitions du XX e siecle. Elles suggererent egalement les possibilites et la pertinence d'approches comparatistes quand, comme le souligne Anna Bernard dans ses travaux sur les partitions indienne, irlandaise et israelo-palestinienne, certains recents travau...
The recent publication in France of two volumes on South Asian feminism and its reception in the West--Danielle Haase-Dubosc et al.'s Enjeux contemporains du feminisme indien (2002) and Martine Van Woerkens' Nous ne sommes pas des... more
The recent publication in France of two volumes on South Asian feminism and its reception in the West--Danielle Haase-Dubosc et al.'s Enjeux contemporains du feminisme indien (2002) and Martine Van Woerkens' Nous ne sommes pas des fleurs: deux siecles de combats feministes en Inde (2010)--has raised several key issues regarding the complex and somewhat ambiguous collusion between feminist thought and postcolonial theory.
En 1974, Anis Kidwai, jeune veuve de la bourgeoisie intellectuelle musulmane d’Inde du Nord devenue travailleuse sociale, publiait Azadi ki chaon me (« Dans l’ombre de la liberté »), autobiographie bouleversante rédigée vingt ans plus... more
En 1974, Anis Kidwai, jeune veuve de la bourgeoisie intellectuelle musulmane d’Inde du Nord devenue travailleuse sociale, publiait Azadi
ki chaon me (« Dans l’ombre de la liberté »), autobiographie
bouleversante rédigée vingt ans plus tôt, dans le bruit et la fureur qui accompagnèrent en 1947 la Partition de l’Inde au moment de la
décolonisation. Elle y raconte notamment le meurtre de son mari,
alors administrateur local d’une petite ville des contreforts de
l’Himalaya, puis son engagement auprès de Gandhi et des travailleurs
sociaux investis dans l’accueil des centaines de milliers de réfugiés qui
affluaient à Delhi, enfin et surtout sa participation aux vastes
campagnes de récupération et réhabilitation des femmes kidnappées
lors des violences qui accompagnèrent la Partition. Elle mettait ainsi en
évidence l’ampleur des violences genrées pendant la Partition, violences
largement bannies des histoires nationales jusqu’aux années 1990-2000
où elles furent réinvesties par les historien.nes des Subaltern Studies.
Cette autobiographie constitua à cet égard une source amplement
mobilisée par des historien.nes soucieux d’explorer les « consciences
subalternes », dont le récit de vie était de fait un véhicule privilégié. À
cet égard, bien que très documentée, l’autobiographie de Kidwai
constitue un choix peu anodin puisqu’il conjugue le témoignage et le
« littéraire », mobilise autant le mode du récit référentiel que celui de
l’expérience historique et le registre de l’émotion.
Restituant l’histoire comme l’historiographie des violences genrées pendant la Partition de l’Inde, cet article s’intéressera à cette autobiographie, sa redécouverte puis sa traduction dans les années
2000, comme témoin du changement radical de paradigme entrepris
par les Subaltern Studies. Je montrerai comment, dans son contenu mais également dans sa forme atypique (appropriation du littéraire et
valorisation de la subjectivité par la mobilisation du registre émotionnel), le texte d’Anis Kidwai parvient à rendre compte tant des violences genrées que de l’expérience du témoignage, et à tisser une histoire de la douleur et de la honte.
À l’heure où se banalisent les discours féministes et, avec eux, une conception universelle de l’émancipation ; à l’heure où les questions de différence et d’intégration deviennent cruciales pour penser les sociétés contemporaines dans le... more
À l’heure où se banalisent les discours féministes et, avec eux, une conception universelle de l’émancipation ; à l’heure où les questions de différence et d’intégration deviennent cruciales pour penser les sociétés contemporaines dans le Nord comme dans le Sud, il est urgent de conserver une réflexion dynamique sur la diversité comme sur l’hétérogénéité du genre et de ses formulations. Cet ouvrage propose donc une réflexion sur les corrélations et les négociations entre genre et nation (coloniale comme postcoloniale), sur la représentation fantasmée de l’« Oriental.e » et sur la cristallisation des identités nationales, religieuses et de genre. Il interroge ainsi les singularités culturelles et historiques du genre et de ses formulations, des subalternités et de leurs modes de résistance. Il s’intéresse enfin à la dimension genrée des migrations coloniales et postcoloniales. L’approche plurielle que ce volume propose de l’articulation entre identités de genre et débat postcolonial ...
Research Interests:
Longtemps dans l’ombre d’une Histoire inféodée à la glorification nationale, la Partition de l’Inde (1947) connaît depuis une trentaine d’année un regain d’intérêt, qui vise à faire « toute la lumière » sur cette tragédie populaire et ses... more
Longtemps dans l’ombre d’une Histoire inféodée à la glorification nationale, la Partition de l’Inde (1947) connaît depuis une trentaine d’année un regain d’intérêt, qui vise à faire « toute la lumière » sur cette tragédie populaire et ses histoires subalternes. Bien que tardive, l’histoire des femmes fut l’un des chantiers de ce projet, et l’historiographie des Subaltern Studies permit de mettre en lumière le rôle des femmes, mais aussi les stratégies d’invisibilisation comme d’instrumentalisation dont elles firent l’objet. En atteste la prolifération de publications d’historien.ne.s qui mobilisèrent nombre de sources alternatives : témoignages, récits de vie mais aussi littérature ou cinéma, aptes à faire entendre les voix tues de la Partition. Mais au-delà de la lecture historienne de la fiction, une lecture littéraire peut montrer certaines ambiguïtés dans les stratégies visant à donner voix aux personnages subalternes, et notamment aux femmes : la littérature permit-elle vraiment de dérouler une histoire des femmes ? Quel recours apporta-t- elle aux initiatives féministes, quel prisme historique en émerge ? À la lumière de textes littéraires écrits aux lendemains de la Partition, cet article vise à interroger le rôle paradoxal du texte littéraire dans la fabrication des grands récits de l’histoire de la Partition et dans la restitution d’une histoire des femmes.
Le développement d’un champ des Partition Studies, initié en Inde dans les années 1990 dans différentes disciplines (histoire, sciences politiques, géographie, mais aussi histoire culturelle, études littéraires, études... more
Le développement d’un champ des Partition Studies, initié en Inde dans les années 1990 dans différentes disciplines (histoire, sciences politiques, géographie, mais aussi histoire culturelle, études littéraires, études cinématographiques1) mobilisées autour de la redécouverte des événements de 1947, invite à une réflexion globale sur les divisions territoriales. En dissociant leur réflexion des approches disciplinaires, les Partition Studies incitèrent à considérer les partitions comme des paradigmes qui structurent en profondeur les identités, les imaginaires et leurs réseaux de représentations. Elles offrirent ainsi une base critique inédite pour penser l’histoire comme les effets et les héritages des « longues » partitions du xxe siècle. Elles suggérèrent également les possibilités et la pertinence d’approches comparatistes quand, comme le souligne Anna Bernard dans ses travaux sur les partitions indienne, irlandaise et israélo-palestinienne, certains récents travaux en histoire, littérature et études culturelles mettent en évidence une expérience partagée du traumatisme, que les Trauma Studies ou les Holocaust Studies avaient déjà identifiée2. Mais l’approche comparative, continue Bernard, permet également de mettre en évidence ce que la littérature (ou, plus largement, toute production esthétique) peut apporter aux Partition Studies, ce qu’elle peut enseigner des effets à long terme des partitions, au-delà du témoignage brut, qui n’en est que l’un des aspects, suggérant une véritable méthodologie des partitions qui placerait au premier plan l’analyse des formes esthétiques. Ce qu’Anna Bernard déplore est non tant l’absence de travaux sur les partitions (en témoignent ceux de J. Cleary ou G. Hoschberg3, qu’elle cite, mais aussi V.F.Y. Zamindar et G. Pandey4 pour l’Inde, S. Epstein ou B. Joinau5 pour la Corée ou X. Bougarel6 pour la Yougoslavie), que la pénurie de véritables études comparatives. L’objet de ce dossier thématique est justement de consolider ce champ d’études en y contribuant par un prisme pertinent et éclairant, celui du genre, dont témoignent de façon frappante les productions culturelles.
Cet article vise à retracer la reconstruction récente, par les Subaltern Studies, d’une histoire sociale et populaire de la Partition, en montrant que cette démarche ne put se faire sans la mobilisation de différentes méthodes et... more
Cet article vise à retracer la reconstruction récente, par les Subaltern Studies, d’une histoire sociale et populaire de la Partition, en montrant que cette démarche ne put se faire sans la mobilisation de différentes méthodes et différentes approches, réputées non-historiques ou discutées par les historien.ne.s : la mémoire, la littérature, les émotions. Je montrerai donc comment ces trois matériaux ont pu contredire et/ou enrichir une histoire « traditionnelle », « rationnelle » ou élitiste et de la Partition de l’Inde, considérée comme incomplète ou contrefactuelle, en révélant notamment les histoires subalternes (et notamment, l’histoire des femmes) ; enfin, je montrerai quels ont pu en être les écueils et les dangers.
Pichla Varka (« Le dernière page », 2018), un film de Priyanka Chhabra. À première vue, rien de nouveau. Plus de 70 ans après la « Grande Partition » qui accompagna l'indépendance de l'Inde et la création du Pakistan en août 1947, sa... more
Pichla Varka (« Le dernière page », 2018), un film de Priyanka Chhabra. À première vue, rien de nouveau. Plus de 70 ans après la « Grande Partition » qui accompagna l'indépendance de l'Inde et la création du Pakistan en août 1947, sa mémoire est toujours vive et son héritage complexe pour les jeunes générations. Avec quelque 10 millions de déplacés entre les deux nouvelles frontières et plusieurs centaines de milliers de morts, la Partition (à qui l'on consacre une majuscule) marqua au fer rouge la modernité en Asie du Sud, constituant un véritable cataclysme populaire que, pourtant, les historiens ne prirent que tardivement en charge. Plus précisément, ce qui de 1947 resta longtemps inscrit dans la mémoire nationale fut l'accession à l'Indépendance et la création du Pakistan, la division du pays constituant un mal nécessaire à la préservation (ou la restauration) de l'harmonie intercommunautaire ; la mémoire collective des témoins et des survivants, quant à elle, restait marquée par le spectacle de l'exil et des violences de masse. Les années 1990 virent cependant s'opérer un tournant radical dans l'historiographie de la Partition, et ce qui était resté dans les poubelles de l'histoire nationale devient précisément le moyen de tisser une histoire sociale de la modernité en Asie du Sud. Au moment même où les derniers témoins pénétraient dans les méandres de la vieillesse, voire de la sénilité, la mémoire devint l'objet d'un intérêt croissant de la part des historiens : en témoignent les nombreux recueils d'entretiens, parfois très peu édités, qui fleurirent et continuent à fleurir dans les rayons d'histoire des librairies et des bibliothèques 1. La mémoire de la Partition constitue donc un terrain bien balisé, et les ruelles (métaphoriques ou non) qu'emprunte Priyanka Chhabra dans son documentaire Pichla Varka (« La dernière page », 2018) ont certainement déjà été foulées du pied par historiens et artistes, parfois en quête d'une histoire familiale. En 2018 au Panjab et dans ses diasporas, rares sont encore ceux qui peuvent prétendre avoir véritablement « échappé » à la Partition, ne pas avoir hérité de la mémoire flottante ou refoulée d'un oncle ou d'une grand-mère, d'un voisin exilé, d'une maison incendiée, d'un ami disparu. Pourtant, dans sa tentative presque désespérée de faire surgir la mémoire ou la nostalgie, c'est leur disparition et la confusion que le documentaire fait apparaître : la grand-mère a oublié, l'oncle s'embrouille, la vieille voisine trouve le temps long en attendant la mort. Le projet de Priyanka Chhabra semble certainement voué à l'échec, dès les premières scènes où la caméra s'installe dans le coin d'une maison trop sombre et vaguement délabrée. De « Dadi », sa grand-mère, dont Chhabra filme longuement le quotidien fait de lassitude, de quelques vagues souvenirs, de parties de cartes entre vieillardes et de lents déplacements domestiques, la réalisatrice n'obtiendra que des bribes confuses qui ne nous apprennent rien que l'on ne sait déjà : l'exil fut douloureux et frustrant, la situation fut perçue comme injuste, les gens se réinstallèrent dans des maisons qu'ils firent leurs. La réalisatrice elle-même travaille avec mollesse, n'insiste pas, dirige peu l'entretien ; elle laisse plutôt se formuler par le silence ou l'éparpillement ce qui, en 2018, subsiste de ces témoignages : les souvenirs chancelants, la lassitude, les stéréotypes comme résultat d'une mémoire trop sollicitée. C'est précisément dans cet échec que réside la qualité du film de Priyanka Chhabra : elle y signale l'urgence d'un changement de paradigme dans la construction de l'histoire de la Partition, à l'heure où la mémoire immatérielle décline et impose, en contrepoids, celle de la mémoire matérielle : les objets, les images, les documents, les bâtiments. De fait, on comprend ainsi peu à peu dans ce documentaire troublant la valeur de ces grosses maisons qui sont au coeur du travail de la réalisatrice, dès les premières images : intérieurs sombres et silencieux ; photos d'édifice en ruine, en plan fixe ; documents d'attribution de logements pour les réfugiés ; exploration de rues et d'immeubles dont on en sait rien ; broderies de petites maisons colorées, placées çà et là sur les murs et les meubles de l'appartement ; contenu des sacs à main exposé sur les lits.
D'un abord insaisissable, c'est dans la pluralité que se déclinent les littératures indiennes, des grandes épopées sanskrites et des récits des héros de la mythologie hindoue aux poèmes du Nobel Rabindranath Tagore et au réalisme magique... more
D'un abord insaisissable, c'est dans la pluralité que se déclinent les littératures indiennes, des grandes épopées sanskrites et des récits des héros de la mythologie hindoue aux poèmes du Nobel Rabindranath Tagore et au réalisme magique du très cosmopolite Salman Rushdie. À la mesure d'un territoire presque aussi vaste que l'Europe où cohabitent autant de traditions que de langues, ce que l'on nomme plus volontiers le sous-continent indien (qui englobe l'Inde, mais aussi les États frontaliers du Pakistan à l'ouest, du Bangladesh à l'est, du Népal et du Bhoutan au nord, et du Sri Lanka et des Maldives au sud) est un espace où le littéraire côtoie, prolonge et même nourrit l'histoire, le politique et le social, depuis ses premières formulations au IIe millénaire avant JC. Si le paysage éditorial français donne la part belle à la modernité, elle-même foisonnante et par ailleurs largement diasporique, celle-ci se fait pourtant l'écho, volontaire ou non, de traditions parfois millénaires, aussi riches qu'iconoclastes. Quelques éclaircissements ne sont donc pas inutiles. Multilinguisme La comparaison européenne n'est pas inappropriée, bien qu'elle minimise largement la réalité linguistique indienne contemporaine : la Constitution indienne reconnaît 2 langues nationales, 22 langues officielles et plus de 400 langues minoritaires, dont certaines (comme le bhojpuri ou le rajasthani) comptent plusieurs dizaines de millions de locuteurs. Les premières (l'anglais et le hindi) comme les secondes (bengali, télougou, sindhi…) et les troisièmes ont produit une littérature féconde, souvent mal connue du lecteur français : si l'on a pu lire les anglophones Salman Rushdie, Amitav Ghosh et Arundhati Roy, ou leurs prédécesseurs R.K. Narayan ou Raja Rao, le grand romancier hindi Premchand (1880-1936), gandhien et père du réalisme social en Inde, reste méconnu en dépit de son rôle majeur dans le mouvement nationaliste comme dans le développement de la prose en hindi. Des auteurs comme Mahasweta Devi pour le bengali, Saadat Hasan Manto pour l'ourdou, Amrita Pritam pour le panjabi, le dramaturge Girish Karnad pour le kannada ou le poète K. Satchidanandan pour le malayalam ont pourtant marqué l'histoire littéraire moderne du Sous-continent, tant par l'originalité de leur style que par le discours qu'ils ont pu produire sur l'histoire et la société indiennes. Une langue régionale dite « minoritaire » comme le rajasthani...
À la lumière de textes littéraires de la Partition en hindi et en ourdou, et où les personnages féminins sont centraux, cette contribution vise à montrer comment la littérature prend en charge la politisation du féminin dans le projet... more
À la lumière de textes littéraires de la Partition en hindi et en ourdou, et où les personnages féminins sont centraux, cette contribution vise à montrer comment la littérature prend en charge la politisation du féminin dans le projet national, et dont les questions de genre gouvernent l’écriture de l’Histoire de la guerre et de la violence quand des facteurs territoriaux sont en jeu. Si la fiction comme source historique alternative parvient à tisser une histoire sociale de la Partition, comme l’écrivent Bhasin et Menon (1998) mais également Hasan (1995), Pandey (2001), Das (1996), Bhalla (2006), cette contribution montre que le récit littéraire participe activement à l’écriture d’un grand récit de la nation inféodé aux projets nationalistes, mais également à sa contre-écriture.
This article aims to highlight the significance of the gendering of the emerging nation that literature in India’s nationalist period generated, nurtured and reinforced. This article focuses on what Judith Brown (1985) identified as the... more
This article aims to highlight the significance of the gendering of the emerging nation that literature in India’s nationalist period generated, nurtured and reinforced. This article focuses on what Judith Brown (1985) identified as the ‘decisive decade’ (1930–1940) of the nationalist movement, when nationalist vision and imagery extensively penetrated people’s imagination. It will examine two contexts (Hindi and Bengali), which are certainly different but in some ways interestingly similar, through the works of two poets, both ‘independent’ of both literary movements and political parties. Besides having been published the same year, Harivansh Rai Bacchan’s Hindi collection Madhuśālā (1935) and Jibanananda Das’ Bengali poem Banalatā Sen (1935) are romantic works, somewhat distinctive to most literary production of this period, and both exploit in a rather similar way an evanescent female figure who continues to fertilize Hindi and Bengali imaginations. The purpose of this paper is to question the practice and the function of these romantic figures in nationalist imagination and to examine the issues of differences and similarities they raise regarding the vision of the utopian nation in both Hindi and Bengali contexts.
L’objet de cet article est de repenser les subalternités en les extirpant du cadre historiographique et sociologique auxquelles elles sont souvent assignées ; par-là même, de concevoir l’hégémonie dans une perspective qui inclut tous les... more
L’objet de cet article est de repenser les subalternités en les extirpant du cadre historiographique et sociologique auxquelles elles sont souvent assignées ; par-là même, de concevoir l’hégémonie dans une perspective qui inclut tous les modes de domination basés sur une hiérarchisation arbitraire mais naturalisée : la race, la classe, le genre, la caste, la religion, mais aussi l’âge, la condition physique, la taille, le lieu d’habitation, la localisation géographique, l’éducation, la langue, et enfin l’espèce. Nous nous interrogerons ainsi sur les « diverses modalités d’être au monde » (Chakrabarty 2000) en nous intéressant aux langages et aux univers sémiotiques non-humains, dans un but à la fois militant et de défi épistémologique : face au plus « autrui des autrui » (Levi-Stauss, 1973) qu’est l’animal, qu’il soit domestique, d’élevage ou sauvage, quelle est la limite de l’hégémonie de l’espèce humaine, perçue comme opprimante par de nombreux mouvements antispécistes ? Un tel détournement de la question subalterne, spécifique à l’oppression de classe et l’oppression coloniale, est-il légitime dans le cas de la question de l’espèce, comme elle fut légitimée, bien que de manière marginale, dans le cas de la question du genre ? Comment, enfin, mener une réflexion où la question du langage est cruciale dans un contexte où les langages sont inintelligibles, où le subalterne peut certes parler mais ne peut pas être compris ? En d’autres mots, jusqu’où peut-on concevoir la subalternité et penser la différence ?
Research Interests:
This article explores the use of emotions as a narrative strategy within literary writing of Partition's short memory as the means for a kind of subaltern expression.
Research Interests:
Research Interests:
Introduction à l'ouvrage Ecrire et penser le genre en contextes postcoloniaux (Peter Lang, 2017) (Avec Elodie Gaden).
Research Interests:
Research Interests:
À la lumière de Provincialiser l’Europe, ce chapitre a pour ambition d’interroger la déconstruction des modèles universalistes des Lumières et du marxisme par les Subaltern Studies, pour produire des pistes alternatives de lecture de... more
À la lumière de Provincialiser l’Europe, ce chapitre a pour ambition d’interroger la déconstruction des modèles universalistes des Lumières et du marxisme par les Subaltern Studies, pour produire des pistes alternatives de lecture de l’histoire, puisées dans le patrimoine culturel indigène de l’Inde. Il propose ainsi de fournir un matériel littéraire supplémentaire aux démonstrations de Chakrabarty, au regard d’un corpus poétique et narratif moderne de langue hindi et bengali, deux des langues principales d’Inde du Nord. Ce chapitre vise ainsi à réaliser un renversement méthodologique à l’approche opérée dans Provincialiser l’Europe en signalant comment, par son lexique, sa configuration, ses métaphores et ses stratégies narratives, le texte littéraire parvient à déployer un mode alternatif d’écriture de l’histoire et de la culture, se faire le lieu d’émergence et d’expression de langages subalternes et déployer la signifiance des « particularismes culturels ». Il permet dès lors de repenser l’histoire, l’hégémonie et les modes de résistance dans leur pleine singularité, de « poursuivre ce qui résiste aux grands efforts de traduction dans les systèmes culturels et autres systèmes sémiotiques, de sorte que l’on puisse imaginer la radicale hétérogénéité du monde » (Chakrabarty, 2009 : 92) et « poser des nouveaux principes pour penser l’histoire et sa futurité » (Chakrabarty, 2009 : 60).
Voir l'article dans: « Subaltern Studies : De la provincialisation de l’Europe au langage de la différence », in Maxime Cervulle, Nelly Quemener, Florian Voros (dir.), Matérialismes, culture et communication. Tome 2 : Cultural Studies, théories féministes et décoloniales , Presses des Mines, Septembre 2016.
Au regard de trois corpus littéraires d’Inde du Nord, de langues, de genre et d’époques différents (Les Chants de Mira Bai; le roman Pinjar d’Amrita Pritam; le roman Sārā ākāś de Rajendra Yadav), cet article a pour ambition de montrer la... more
Au regard de trois corpus littéraires d’Inde du Nord, de langues, de genre et d’époques différents (Les Chants de Mira Bai; le roman Pinjar d’Amrita Pritam; le roman Sārā ākāś de Rajendra Yadav), cet article a pour ambition de montrer la façon dont l’exil féconde le discours et la représentation du féminin en Asie du Sud et dont, en conséquence, s’opère une sexuation de l’exil dont témoignèrent par exemple les violences genrées de la Partition de 1947. Il vise ainsi à mettre en évidence un déplacement imaginaire, nourri tant par les mythes que par leur interprétation, de l’exil et de la dépossession vers le domaine du féminin, qui justifie les déportations et les dépossessions réelles comme condition sociale des femmes.
India : pour une histoire littéraire des femmes », in Laetitia Zecchni et Claire Joubert (dir.), Problèmes d'histoire littéraire indienne, Revue de Littérature Comparée LXXXIX, n° 4, octobre-décembre 2015 (pp. 473-484). Anne Castaing... more
India : pour une histoire littéraire des femmes », in Laetitia Zecchni et Claire Joubert (dir.), Problèmes d'histoire littéraire indienne, Revue de Littérature Comparée LXXXIX, n° 4, octobre-décembre 2015 (pp. 473-484). Anne Castaing CNRS/THALIM C'est au terme d'années de travaux et de prospections diverses que les critiques et militantes féministes Susie Tharu et K. Lalita publient en 1991 une anthologie magistrale, Women Writing in India 1 , qu'elle dédient « à toutes les auteures [qu'elles n'ont] pu inclure, et à toutes celles [qu'elles] ne connaiss[ent] pas encore » 2 : ce projet monumental, visant à dévoiler les voix et les talents littéraires féminins de l'Inde, de leurs premières traces (évaluées à 600 avant J.C. selon les auteures) à la période contemporaine, interroge à de nombreux égards les fondements même du « genre » (histoire littéraire ou anthologie ?), comme il interroge ceux, plus complexes encore, de littérature indienne et d'écriture féminine. De ces deux volumes massifs composés d'une préface et d'une longue introduction, d'articles d'histoire littéraire (« Literature of the Ancient and Medieval Period : Reading against the Orientalist Grain » ; « Literature of the Reform and Nationalist Movements » ; « Twentieth Century : Women Writing the Nation »), d'entrées conséquentes classées par auteures et de traductions inédites de textes littéraires, émerge de fait un sentiment de foisonnement : foisonnement des auteures (140, sélectionnées, écrivent Tharu et Lalita, à partir d'une liste initiale de 600), qui témoigne de l'ambition explicite de Tharu et Lalita de révéler des oeuvres et une histoire littéraire méconnues, parfois découvertes au terme de quêtes épiques et effrénées ; foisonnement des langues (onze au total, dont l'anglais), qui témoigne de l'amplitude de la zone géographique couverte ; foisonnement enfin des contextes, des époques et des situations, étrangement découpés en trois « périodes » clés de l'histoire littéraire de l'Inde (Périodes ancienne et médiévale ; Mouvements réformateurs et nationalistes ; XX e siècle). Cette caractéristique fait certes là état d'un rapport quelque peu problématique à la périodisation, figurant à la fois des déséquilibres et des ruptures qui peuvent obturer la continuité de certaines traditions. Mais elle témoigne surtout d'une valorisation extrême de l'objet de cette anthologie : l'écriture féminine, dont les caractéristiques (marginalité, expression de la révolte, incarnation de la douleur comme condition du féminin) se soumettent peu, dans le discours de Tharu et Lalita, au contexte au sein duquel elles sont formulées, et semblent échapper aux mutations historiques et sociales qui président pourtant à l'élaboration des canons, aux sources, selon les auteures, de la marginalisation des écrits de femmes dans l'histoire littéraire. Aussi discutable qu'il puisse être, ce constat interroge néanmoins la complexité de la relation entre histoire littéraire et histoire des femmes, alors que l'histoire culturelle et l'histoire sociale se nourrissent et se forgent mutuellement. Si le sentiment de révolte gouverne nombre d'entrées de l'anthologie, Tharu et Lalita ne manquent pas de signaler le rôle politique majeur que certaines auteures ont pu jouer, au coeur du mouvement nationaliste par exemple 3. Loin d'être minimisée dans ces deux volumes, la « capacité d'agir »
Traductions d'extraits choisis et introduction
Research Interests:
Research Interests:
Cet article a pour ambition d’interroger la représentation du féminin en contexte postcolonial et d’examiner les singularités culturelles et historiques du genre telles qu’elles se manifestent dans l’expression littéraire. Celle-ci se... more
Cet article a pour ambition d’interroger la représentation du féminin en contexte postcolonial et d’examiner les singularités culturelles et historiques du genre telles qu’elles se manifestent dans l’expression littéraire. Celle-ci se révèle comme un espace privilégié des négociations qui s’opèrent dans la formulation complexe de l’identité, où les catégories de “genre”, de “postcolonialité” et de “culture” ne cessent de se croiser et de se chevaucher. L’article repense le genre dans un contexte d’identités hybrides, sur le terrain du sous-continent indien et de sa littérature, terrain qui a par ailleurs donné naissance et nourri certains travaux fondamentaux sur la question postcoloniale, sur le genre en contexte non-occidental et sur son traitement par la critique occidentale. Il vise enfin à souligner la pertinence d’une lecture contextualisée et non pas globale du sujet, du genre, de l’histoire et de la culture au prisme du texte littéraire. S’y élabore une “sémiotique indigène” qui indissocie les articulations féminines des permutations sociales, et historiques.
Research Interests:
Récitation poétique, théâtre de rue, danse, performance musicale : quelle que soit son expression, la performance est, en Asie du Sud, indissociable de la littérature, et participe à sa production comme à sa transmission. Des... more
Récitation poétique, théâtre de rue, danse, performance musicale : quelle que soit son expression,
la performance est, en Asie du Sud, indissociable de la littérature, et participe à sa production comme
à sa transmission. Des performances du Kūṭiyāṭṭam au Kérala à la danse Bharatanāṭyam, des musha’ira
de la tradition persane à la poésie de cour au Népal ou dans le royaume de Gwalior (Madhya Pradesh),
cet ouvrage s’intéresse tant à la valorisation du spectaculaire qu’à la mobilisation du spectateur et aux
usages de cette mobilisation, par la représentation théâtrale, la récitation, la danse, la performance
musicale et chantée.
Quelle est la portée politique du travestissement spectaculaire ? Le lien entre travestissement et homosexualité, saillant dans nombre de discours, est-il à réinterroger ou à minimiser ? Pourquoi les travestissements masculins... more
Quelle est la portée politique du travestissement spectaculaire ? Le lien entre travestissement et homosexualité, saillant dans nombre de discours, est-il à réinterroger ou à minimiser ? Pourquoi les travestissements masculins sont-ils surreprésentés, et contribuent-ils ainsi à naturaliser la hiérarchisation des genres ? Ludique, fonctionnel ou identitaire, transgressif ou spectaculaire : si le travestissement recouvre différents phénomènes, certains banalisés et d’autres marginaux, il permet globalement d’interroger le lien entre genre, culture et performance. Il met d’une part en évidence les artifices du genre et les modalités de sa construction et de sa déconstruction comme pratique performative ; il témoigne d’autre part de pratiques historiquement, socialement et culturellement situées du genre. On propose ici un état des lieux des réflexions actuelles sur les travestissements et leur fonction symbolique et/ou politique. L’ouvrage vise à historiciser les pratiques des travestissements et évite tout biais qui pourrait invisibiliser ou provincialiser des phénomènes non-occidentaux. Histoire culturelle, anthropologie, arts du spectacle et sociologie ; télévision, cinéma, littérature, musique sont les domaines mobilisés.
Le 15 août 1947, au moment où l’Inde obtenait son indépendance, l’Asie du Sud donnait naissance à un nouvel État, le Pakistan, disloqué entre l’extrême ouest et l’extrême est du Sous-continent. Cette partition à grande échelle... more
Le 15 août 1947, au moment où l’Inde obtenait son indépendance, l’Asie du Sud donnait naissance à un nouvel État, le Pakistan, disloqué entre l’extrême ouest et l’extrême est du Sous-continent. Cette partition à grande échelle s’accompagna d’un exode massif des deux côtés des nouvelles frontières, donnant lieu entre communautés hindoue, musulmane et sikhe, à des massacres d’une violence inouïe perpétrés par des populations paniquées et désorientées. On parle de près d’un million de morts et de dix à douze millions de personnes déplacées, sans parler des viols, des incendies, des pillages et des dizaines de milliers de femmes kidnappées, qui entachèrent durablement l’histoire du sous-continent indien.

Il ne s’agit pas dans cet ouvrage de s’interroger sur les causes des événements tragiques de la Partition, mais plutôt d’en examiner les conséquences à long terme et de percevoir, à travers la production littéraire et artistique massive qui a suivi les années 1947-1948 et continue à la documenter et à la discuter, l’impact majeur suscité par cette fracture historique, culturelle et sociale. Cet ouvrage, composé d’articles critiques, d’entretiens et de textes littéraires en traductions inédites, propose ainsi d’examiner la Partition comme « paradigme esthétique », en identifiant tant les récurrences de sa représentation, de ses conséquences et de sa mémoire, que la variété des genres et des modes dans laquelle cette mémoire se formule. Enfin, il s’agit d’examiner les enjeux de ces représentations, tant au niveau de la culture qu’au niveau de l’Histoire et de son écriture.

Cet ouvrage, de nature inédite en France, fait écho à de nombreux travaux entrepris ces dernières décennies en Inde et dans les universités anglophones, qui visent à reconstruire l’Histoire de l’Inde au regard d’une histoire sociale et culturelle restée longtemps inexplorée.
Ce livre de référence permettra à tous les amoureux de l'Inde de découvrir ou de situer les différentes littératures de l'Inde tout en mesurant l'importance et la richesse des œuvres écrites en langues vernaculaires (bengali, hindi,... more
Ce livre de référence permettra à tous les amoureux de l'Inde de découvrir ou de situer les différentes littératures de l'Inde tout en mesurant l'importance et la richesse des œuvres écrites en langues vernaculaires (bengali, hindi, kannada, malayalam, marathi, ourdou, panjabi, tamoul, télougou), moins connues que les œuvres anglophones. Des extraits sont donnés de différents ouvrages publiés en traduction française.
Research Interests:
À l’heure où se banalisent les discours féministes et, avec eux, une conception universelle de l’émancipation ; à l’heure où les questions de différence et d’intégration deviennent cruciales pour penser les sociétés contemporaines dans le... more
À l’heure où se banalisent les discours féministes et, avec eux, une conception universelle de l’émancipation ; à l’heure où les questions de différence et d’intégration deviennent cruciales pour penser les sociétés contemporaines dans le Nord comme dans le Sud, il est urgent de conserver une réflexion dynamique sur la diversité comme sur l’hétérogénéité du genre et de ses formulations. Cet ouvrage propose donc une réflexion sur les corrélations et les négociations entre genre et nation (coloniale comme postcoloniale), sur la représentation fantasmée de l’« Oriental.e » et sur la cristallisation des identités nationales, religieuses et de genre. Il interroge ainsi les singularités culturelles et historiques du genre et de ses formulations, des subalternités et de leurs modes de résistance. Il s’intéresse enfin à la dimension genrée des migrations coloniales et postcoloniales.

L’approche plurielle que ce volume propose de l’articulation entre identités de genre et débat postcolonial dérive d’une valorisation de la circulation des disciplines et des méthodes (histoire, anthropologie, histoire littéraire, poétique, esthétique cinématographique, philosophie), toutes préoccupées par des questions de représentations. Elles mobilisent de même des terrains divers, au Nord comme au Sud (Afrique du Sud, Antilles, Inde, Viêtnam, Canada, Nouvelle-Calédonie, Maroc), colonisés comme décolonisés, certains demeurant peu sollicités par la critique postcoloniale.
Research Interests: