C’est à la lumière du double territoire de ma pratique de l’art (création et médiation culturelle) que j’entreprends cette thèse en recherche-création par la mise en perspective de la notion de l’œuvre érigée en un système complexe. Je mets à contribution le corpus de pièces, produites et diffusées, sur lesquelles porte cette pratique artistique afin d’amorcer une réflexion sur les enjeux conceptuels, méthodologiques, procéduraux, technologiques et poétiques d’une conception de l’art qui s’établit au croisement des notions de système et de complexité. Le cadre conceptuel de cette thèse repose sur deux concepts centraux, architectonique et résonance, qui permettent de développer une nouvelle articulation de cette compréhension de l’œuvre comme système complexe.
L’architectonique s’offre comme le concept englobant. Je propose de considérer l’architectonique comme modèle afin de circonscrire l’ensemble des composantes actives du système complexe de l’œuvre ; l’architectonique comme méthode afin de cerner les bases de la méthodologie qui président à son assemblage ; et, finalement, l’architectonique comme pratique, en explorant la manière dont cette notion se transpose dans la singularité de ma pratique de l’art. Le recours à la notion de résonance (le concept émergent) permet de décrire les procédés de translation utilisés pour relier les idées, les langages et les codes du processus de création, ainsi que de cerner à la fois, le mode de pensée, la manière d’assembler et les caractéristiques physiques, mécaniques et technologiques d’une œuvre. Cette dernière dimension souligne le rapport étroit entre l’ingénierie et l’art.
Cette thèse se déploie dans deux projets de création complémentaires. Le premier, Miroir résonant, est un projet transdisciplinaire décrit dans sa phase initiale de conceptualisation qui témoigne de l’apport réciproque des procédés et des langages de la science et de l’art. Le deuxième, DRONE[s], se présente dans la phase ultime du processus créatif, au moment où le dispositif est déjà réalisé et s’amorce la modulation du système, entrepris par l’artiste pour révéler ses potentialités. Miroir résonant propose de considérer le laboratoire comme œuvre, et DRONE[s], avec le système ouvert qu’il déploie, invite à envisager l’œuvre comme laboratoire.
Cet ouvrage fut soutenu et reçu au printemps 2021 comme thèse de doctorat en étude et pratiques des arts (DEPA) à l'Université du Québec à Montréal. Il fut par la suite produit et publié en autoédition. L'ensemble des documents visuels auxquels ce texte réfère sont accessibles en suivant cet hyperlien ou utilisant son code QR correspondant (en page ii) :
https://www.emilemorin.me/doctorat-documents.