Chartreux

RACF Tome 53 Varia. La Corroirie est un ensemble médiéval bien conservé, qui constituait le coeur économique de la chartreuse du Liget, près de la ville de Loches. Ses bâtiments et son église viennent de faire l'objet d'une étudu du bâti et historique menée par une équipe pluridsciplinaire et pluri-institutionnelle. Elle a permis de retracer la génèse et l'histoire de ce lieu, depuis le modest établissement de la toute fin du XIIe siècle jusqu'a sa transformation en minoterie au XVIIe siècle.

Examen des datations jusqu'ici proposées pour les plus anciens actes de la Grande Chartreuse (1086-1133) avec propositions de nouvelles datations (1086-1097 à v. 1147), sur la base d'une analyse de la tradition de ces actes, de la forme des originaux encore existants, de leur teneur. Esquisse des enseignements que l'on peut tirer à propos des premiers temps de la Chartreuse et des autres ermitages ayant adopté les coutumes de la Chartreuse.

Sylvain EXCOFFON, « Les chartreuses et les évêques dans les Alpes du Nord (XIIe et début du XIIIe siècle) », dans Noëlle DEFLOU-LECA et François DEMOTZ (dir.), Établissements monastiques et canoniaux dans les Alpes du nord, Ve-XVe siècle. Actes du colloque international du Château de Ripaille, 5-6 novembre 2015, Rennes, Presses universitaires de Rennes (art & société), 2020, p. 163-182.

Bruno, originaire de Cologne, chanoine à Reims, après avoir mené une première expérience érémitique à Sèche-Fontaine, sur les terres de l'abbaye bourguignonne de Molesme, rejoint avec six compagnons le massif de Chartreuse en 1084, à l'initiative de l'évêque de Grenoble Hugues I er (1080-1132). Il établit là une petite communauté érémitique, la Chartreuse (Cartusia). Selon la plus ancienne chronique de la Chartreuse, dite Magister, il la dirige pendant six ans avant de la quitter pour rejoindre dans la péninsule italienne le pape Urbain II, à la demande de celui-ci. Dans ce contexte Bruno effectue, en présence d'Hugues I er , une donation du lieu de la Chartreuse à l'abbé de la Chaise-Dieu, Seguin. Le 17 septembre 1090 il est procédé à la restitution du lieu de la Chartreuse par l'abbé. Ultérieurement, Bruno participe à la fondation d'un nouvel ermitage en Calabre, où il meurt le 6 octobre 1101 1. Ces faits sont bien connus mais Beate Schilling est revenue, dans un article très détaillé, sur les événements qui entouraient le départ de Bruno de la Chartreuse 2. Elle critique tout d'abord l'interprétation historiographique qui consiste à voir en Bruno, à l'égal d'autres fondateurs de son temps, un personnage charismatique ayant le souci de préserver sa création, à caractériser son départ pour la curie comme une crise habituelle dans les itinéraires de fondateurs religieux de l'époque, qui se résoudrait par la désignation d'un successeur ou la mise par écrit des genres de vie qu'ils ont initiés 3. Selon elle,

http://www.scielo.br/pdf/rs/v36n1/0100-8587-rs-36-1-00056.pdf

Moment of a major urban and economic expansion, the twelfth century was also marked by voices crying from the European deserts. This was a time marked by the tension between a reorganization of the community life and the search for isolation. The appearance of the Carthusian monks occurred precisely at this context. It offers a major opportunity for a closer study of ecclesial process that I have called “the monopolization of loneliness” (the control of isolation by the Ecclesia). I intend to demonstrate how writing and silence (linked to the studium and the notion of communication “per litteras”) constitute a true “regime of speech” dialectically responsible for solving the contradiction between the hermit propositum abandonment of the world and their insertion on the ecclesial community.

Momento de importante expansão urbana e econômica, o século XII foi também marcado por vozes que clamavam pelos desertos europeus. Social e religiosamente, esse foi um tempo marcado pela tensão entre a reestruturação da vida em comunidade e a valorização do isolamento eremítico. O aparecimento dos monges cartuxos (talvez a mais importante ordem eremítica medieval), ocorrido nesse contexto, oferece uma ocasião privilegiada para o estudo do que venho chamando de “monopólio da solidão” (o controle do isolamento pela Ecclesia). Pretendo aqui demonstrar como a escrita e o silêncio (ligados ao studium e à noção de comunicação “per litteras”) constituem um verdadeiro “regime de discurso” responsável por solucionar dialeticamente a contradição existente entre o propositum eremítico de abandono do mundo e sua inserção na comunidade eclesial.