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Sur les traces des Black Panthers à Alger

2020

Entre 1962 et 1974, Alger constitue un carrefour pour les mouvements anticolonialistes et antifascistes. De l’Amérique latine au fin fond de l’Asie en passant par l’Afrique et le monde arabe, les opprimés, les exilés ainsi que les membres de mouvements de libération sont invités à s’installer et à s’organiser dans la capitale algérienne. C’est dans cette « chakchouka » culturelle que les révolutionnaires des quatre coins du monde se rencontrent et plaident leur cause devant les dirigeants du tiers monde. C’est aussi ici que décide de s’établir une poignée de révolutionnaires afro-américains qui ne passeront pas inaperçus.

Qd q Sur les traces des Black Panthers à Alger Kareem El Hidjaazi La saga des Black Panthers à Alger S ur le tarmac de l’aéroport de Miami, la porte d’un avion de ligne s’ouvre lentement. Une corde est lancée au sol à laquelle des hommes en caleçon attachent une valise contenant un million de dollars. Il s’agit d’officiers américains du FBI auxquels les pirates de l’air ont exigé de ne pas se vêtir pour s’assurer qu’ils ne soient pas armés. Durant les négociations préalables, les négociateurs du FBI avaient dit qu’ils n’avaient pu trouver qu’un demi-million de dollars. Les pirates de l’air avaient alors rétorqué qu’ils repartiraient dans ce cas avec la moitié des otages. Le FBI finit par céder et fournit la somme complète demandée. moment-là, était le mouvement de pouvoir noir le plus puissant des États-Unis. L’ALGERIE OUVRE SES PORTES À l’époque, l’Algérie a payé un prix lourd pour sa liberté après une guerre meurtrière contre un ennemi barbare sans âme ni pitié dans laquelle près de 1,5 million d’Algériens sont tués. Plusieurs millions d’autres sont incarcérés dans des camps de concentration et d’innombrables personnes sont violées et torturées par l’armée française. Au moment de l’indépendance, le pays compte près de 10 millions d’habitants, 2,5 millions enfants souffrent de tuberculose ou de rachitisme, l’économie est en ruine et 90 % de la population est analphabète. C’était le résultat de plus d’un siècle de colonisation brutale ayant pour mission de civiliser les indigènes et moderniser le pays1. Une fois la rançon montée à bord et comptée, les 86 passagers du vol 841 de Delta Air Lines sont libérés. L’avion repart aussitôt en direction de l’Algérie. À son bord se trouvent trois hommes, deux femmes et trois enfants en bas âge — Le 31 juillet 1972, un officier américain du FBI en caleçon remet une valise un million de dollars à des pirates de l’air afro-américains qui tous afro-américains — contenant souhaitent rejoindre le siège algérien du Black Panther Party. Étant parvenus à qui ont décidé de chasser l’occupant colonial, les Algériens estiment traverser l’Atlantique pour s’y établir et ne plus qu’il est maintenant de leur devoir de soutenir les jamais revenir aux États-Unis. autres mouvements de libération à travers le monde. Ils souhaitent également récompenser ceux Lorsqu’ils atterrissent à Alger, l’avion est encerclé qui les ont soutenus durant la guerre. Boumediene par des soldats. Un fonctionnaire algérien gravit les envoie ainsi des médecins à Cuba, en Chine et au marches de l’escalier d’embarquement de l’avion Liban. Il va jusqu’à offrir un soutien militaire et un et déclare solennellement : « Soyez les bienvenues salaire mensuel aux membres de groupes armés qui chez vous ! ». Les pirates de l’air sont bien souhaitent renverser leurs maîtres coloniaux. accueillis et l’asile politique leur est accordé. Nous sommes le 31 juillet 1972 et c’est la deuxième fois en un peu plus d’un mois que des pirates de l’air afro-américains tentent de rejoindre le siège algérien du Black Panther Party qui, à ce Il s’agit d’une certaine manière de montrer au monde que l’Algérie est toujours à l’avant-garde de la résistance et du mouvement de libération anticolonial. Le peuple algérien avait suffisamment d’expérience, de vécu et de compétences pour 1 n’était avant de les connaitre ». (Alexis de Tocqueville, « Rapport sur l’Algérie. ») Alexis de Tocqueville finira par avouer que les Français « avaient rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnée, plus ignorante et plus barbare qu’elle 2 La saga des Black Panthers à Alger transmettre au reste du continent africain et au-delà comment expulser les puissances coloniales. De nombreux combattants arabes, africains et sudaméricains sont ainsi entrainés en Algérie et au Maroc par le FLN. À partir de 1962, le pays reconnaît officiellement tous les mouvements de libération luttant contre un État impérialiste et ouvre ses portes aux damnés de la terre. UNE CHAKCHOUKA REVOLUTIONNAIRES CULTURELLE DE à être accueilli à Alger est l’ANC de Nelson Mandela qui bénéficie de bureaux en plein centreville. En 1962, Mandela a été formé militairement à Oujda par des combattants algériens du FLN et n’a, depuis, jamais oublié le soutien de l’Algérie dans sa lutte contre l’apartheid. Il disait que c’était l’armée algérienne qui avait fait de lui un homme. En mai 1990, trois mois après sa libération des prisons sud-africaines, l’Algérie est le premier pays dans lequel il se rend après 27 longues années d’incarcération. Devant une foule immense, il remercie le peuple algérien pour son aide et proclame à voix haute « l’Algérie est mon pays ! ». Entre 1962 et 1974, Alger constitue un carrefour pour les mouvements anticolonialistes et Un grand nombre de mouvements antiantifascistes. De l’Amérique latine au fin fond de impérialistes suivent les traces de l’ANC. Tout est l’Asie en passant par l’Afrique et le monde arabe, facilité par le gouvernement en place qui prend en les opprimés, les exilés charge tous les frais ainsi que les membres (billets d’avion, de mouvements de logement, visas, libération sont invités à dépenses, etc.). s’installer et à s’organiser dans la Alger est alors un haut capitale algérienne. lieu du Des profils très divers multiculturalisme. On viennent y trouver y trouve par exemple : refuge : chefs d’États, des Afro-Américains dirigeants recherchés par le FBI, révolutionnaires, plusieurs milliers de déserteurs, Palestiniens du Fatah, kidnappeurs et pirates des dirigeants de de l’air. Tous sont mouvements de reçus à bras ouverts par Eldridge Cleaver, ici dans les rues d’Alger en 1970, était l’un des premiers libération africains, des le nouveau dirigeants du Black Panther Party. Après une tentative de meurtre par guérilleros, des la CIA, il obtient l’asile politique en Algérie. gouvernement en officiers cubains, des place. militants vietnamiens, des déserteurs de l’armée portugaise et des exilés politiques d’Amérique À travers une mobilisation internationale et son latine. La capitale héberge même un mouvement soutien aux luttes anticoloniales, l’Algérie espère, des îles Canaries qui souhaite mettre fin à la une fois pour toutes mettre fin à l’idéologie domination espagnole. coloniale. Dans un discours de 1963, Ben Bella appelle tous les peuples africains à former un front C’est dans cette « chakchouka » culturelle que les populaire contre le colonialisme. Le 21 juillet révolutionnaires des quatre coins du monde se 1969, son gouvernement organise le premier rencontrent et plaident leur cause devant les festival culturel panafricain auquel participent plus dirigeants du tiers monde. C’est aussi ici que de 4000 personnes venues de 22 pays. décide de s’établir une poignée de révolutionnaires afro-américains qui ne passeront pas inaperçus. L’Algérie invite aussi des organisations politiques et militaires. Le premier mouvement de libération 3 La saga des Black Panthers à Alger FANON FAIT DECOUVRIR L’ALGERIE AUX BLACK PANTHERS Le Black Panthers Party (BBP) était l’un des groupes contestataires les plus redoutés par le gouvernement américain, car il avait réussi à consolider des liens de coopération entre la lutte nationale pour la libération des Noirs aux ÉtatsUnis et le mouvement mondial anti-impérialiste. En juillet 1969, le directeur du FBI, John Edgar Hoover, décrit le BBP comme « la plus grande menace pour la sécurité intérieure des ÉtatsUnis ». Un mois après son arrivée à Alger, Cleaver tient une conférence de presse. « Nous faisons partie intégrante de l’histoire de l’Afrique », déclare-t-il. « L’Amérique blanche nous a appris que notre histoire commence sur les plantations et que nous n’avons pas d’autre passé. Nous devons nous réapproprier notre culture. » Avant leur arrivée en Algérie, les Black Panthers avaient appris à connaitre le pays à travers Les damnés de la terre de Frantz Fanon qui, selon l’ancien chef d’étatmajor du parti David Hilliard, était une référence absolue pour le mouvement : Eldridge Cleaver était l’un des premiers dirigeants du Black Frantz Fanon c’était la Panther Party. En 1958, Bible, son livre nous il a été reconnu l’appelions la Bible coupable de viol et a dû noire. Grâce à lui nous purger une peine de huit avons appris la ans de prison où il révolution algérienne, devient un disciple de nous nous sommes président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat avec Eldridge Malcolm X. C’est aussi Le familiarisés avec Cleaver et d’autres membres du Black Panther Party. là qu’il écrit ses d’autres peuples qui se mémoires Soul on Ice battaient pour le qui est nommé comme l’un des 10 meilleurs livres contrôle de leur destinée. Nous nous sommes en de 1968 par le New York Times. quelque sorte mis à imiter ce qui se passait dans son livre et en Algérie. Notre communauté En tant que rédacteur en chef du journal officiel du ressemble à celle décrite par Fanon. L’oppression BBP, il gagne de l’influence et la CIA est à ses subie par les Afro-Américains ressemble à trousses. C’est l’époque où les membres des Black l’oppression des Algériens par les Français, et cela Panthers sont l’objet d’assassinats ciblés par les bien avant l’exemple vietnamien.2 services gouvernementaux américains. L’auteur, poète et ancien membre des Black En 1969, lors d’une embuscade organisée par la Panthers Jamal Joseph explique qu’en regardant le police d’Oakland, Cleaver est blessé, mais réussit film « La Bataille d’Alger », il reconnaissait chez à prendre la fuite. Il part en exil à Cuba, puis en les Algériens les « Nègres des champs » de chez Algérie avec son épouse Kathleen Cleaver. Le eux. Les Algériens utilisaient peut-être d’autres couple est parmi les premiers membres des Black termes, mais le langage qui exprimait leur état Panthers à s’installer à Alger. Très tôt, une cohorte d’oppression était universel. Ce qui s’était produit d’autres membres les suivront. Presque tous sont en Algérie était pour lui un présage de ce qui allait activement recherchés par les autorités advenir des Afro-Américains : « Ce qui s’est passé américaines. dans la Casbah algérienne avec les Français est similaire à ce que les Noirs subissent dans les ghettos avec leur gouvernement raciste »3. 2 Michaël Prazan, « Une histoire du terrorisme ». 3 Malek Bensmail, “From the battle of Algiers, a film within history 2017” 4 La saga des Black Panthers à Alger Au procès des 21 Panthers soupçonnés d’avoir conspiré à commettre des attentats à la bombe à New York, le film « La Bataille d’Alger » fut présenté comme une pièce à conviction par le procureur. Le film aurait servi à organiser une guérilla. DES PANTHERS LIBRES DANS LES RUES D’ALGER À Alger, les Black Panthers sont accueillis comme la délégation d’un État indépendant. Le gouvernement algérien leur accorde des privilèges diplomatiques, une allocation mensuelle et la liberté de voyager à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, tout en fermant les yeux sur certaines de leurs activités douteuses. En effet, Cleaver et sa bande sèment souvent le trouble dans un pays qui bascule entre traditions musulmanes et austérité révolutionnaire. exhorte les soldats afro-américains à tuer leurs commandants. La villa devient le siège de la Section internationale des Black Panthers et une base étrangère de lutte contre la ségrégation américaine. Avec son épouse, Cleaver y accorde des interviews à des journalistes occidentaux, qu’il facture1 500 $. Les Panthers profitent de leur stabilité pour coopérer avec d’autres mouvements de libération. Leur siège devient l’ambassade des Noirs américains à une époque où les États-Unis n’ont même pas d’ambassade en Algérie4. Ils tissent des liens étroits avec les membres des autres luttes révolutionnaires, qu’ils soient noirs ou arabes. Ils ont, entre autres, eu des entretiens diplomatiques avec la délégation palestinienne ou encore avec Wei conseiller à Pao Chang, l’ambassade de Chine. Les Panthers s’installent dans l’ancien pâté de maisons d’un Dans une rue principale au centre pied noir qui a fui le pays. d’Alger, les Panthers ont installé Certains d’entre eux préfèrent un centre culturel afro-américain. s’installer à Bab el-Oued, un C’est là que de jeunes Algériens quartier balnéaire au nord du découvrent les États-Unis à La Une du journal officiel des Black Panthers centre-ville, où de nombreux en 1969 était consacrée à l’exil de Leroy travers le combat des Noirs révolutionnaires résident pour Eldridge Cleaver en Algérie. américains. profiter des plages à proximité. Les Panthers ont aussi été aperçus en train de faire Les Black Panthers sont accueillis comme des stars du surf à Pointe Pescade, une plage très appréciée de l’anti-impérialisme à Alger qui est alors la par l’élite coloniale française. « capitale du tiers monde ». Pour organiser leurs activités, les Panthers ont même reçu une villa de deux étages à El Biar, un quartier aisé de la capitale. La propriété leur a été offerte par le Vietcong, également présent à Alger, qui venait de déménager. Cleaver était proche du groupe et avait visité le nord du Vietnam pour une mission de bons offices. En échange de la villa, Cleaver a accepté de faire plusieurs émissions sur la radio nord-vietnamienne dans lesquelles il DES AFRO-AMERICAINS PRETS A MOURIR POUR LA PALESTINE En 1968, un autre Panther du nom de Stokely Carmichael trouve également refuge en Algérie. Il souhaite développer une conscience révolutionnaire auprès de tous les Africains pour contrer l’impérialisme américain. Il n’y a d’ailleurs selon lui « pas beaucoup de différences entre les L’Algérie avait rompu ses relations diplomatiques avec les États-Unis après la guerre de six jours en 1967. 4 5 La saga des Black Panthers à Alger Algériens et les Afro-Américains », les deux étant « des peuples colonisés »5. Il affirme que le peuple algérien a été « déchu de son langage et contraint de parler la langue de son oppresseur ». Tant qu’il parlerait et étudierait en français, la décolonisation ne pourrait être réalisée. En juillet 1969, Stokely Carmichael et Eldridge Cleaver se rencontrent à Alger et se disputent sur des questions politiques et culturelles. Cette division interne annonce la fin de la présence des Black Panthers en Algérie. LES BLACK SURVEILLEE PANTHERS SOUS RESIDENCE Stokely souhaitait promouvoir la langue et la culture arabes dans les universités américaines pour que son peuple comprenne davantage ce que les Arabes ont subi de la part des impérialistes. Il se sentait très proche des commandos en Palestine. « Nous sentons que c’est le groupe qui est le plus en droit de notre soutien », disait-il lors du congrès The Black American and Palestinian Revolutions. La saga des Black Panthers dans la capitale algérienne ne dure que quelques années. Eldridge Cleaver et sa femme, déjà en conflit avec la branche officielle du parti aux États-Unis, n’avaient en réalité pas plus de pouvoir que des rois en exil. 5 6 Le 10 aout 1972, tout bascule. La police algérienne entoure le siège des Black Panther et place tous ses Selon lui, beaucoup de Noirs américains étaient membres sous résidence surveillée. Ceci a lieu prêts à défendre la après que Cleaver ait Palestine et l’Égypte, publiquement « la mère patrie de demandé à l’homme noire », de Boumediene de rendre leur vie : le million de dollars qui avait été ramené Nous sommes du côté par le groupe de pirates du tiers monde. Peu de l’air dix jours importe ce que dit le auparavant. Les Département d’État autorités avaient américain, la CIA ou confisqué l’argent le président Johnson. alors que la somme Tant que nous aurons était destinée à des jambes, personne En juillet 1969, les Black Panthers reçoivent une délégation de l’Autorité financer le Black ne nous empêchera palestinienne dans leur ambassade à Alger. Panther Party. d’aller en Algérie ou en Syrie. Tant qu’on Le schisme entre les Black Panthers américains et nous y invite nous partirons. Nous sommes des la Section internationale n’a fait qu’aggraver la hommes. Nous irons là où nous voulons, nous situation des Panthers à Alger qui deviennent alors apprendrons ce que nous voulons, nous verrons qui presque apatrides. À leur tour, les branches du parti nous voulons, nous parlerons avec qui nous aux États-Unis se fragilisent et se divisent. voulons et nous nous battrons avec qui nous voulons. Vous nous invitez, nous viendrons !6 Aujourd’hui, nous savons que le traitement barbare du gouvernement américain a poussé les Panthers Stokely avait deux rêves dans sa vie : prendre un dans une situation de retranchement les café avec sa femme en Afrique du Sud et boire un encourageant à prendre les armes. Ce faisant, bien thé à la menthe en Palestine. que leurs revendications étaient légitimes, ils ont Voir aussi Kareem El Hidjaazi, « Nègres & islamistes, les convergences d’une lutte culturelle. » Stokely Carmichael, « The Black American and Palestinian Revolutions », Organization of Arab Students (O.A.S.), August 25-31, 1968. 6 La saga des Black Panthers à Alger donné aux autorités une bonne raison de les éliminer tout en perdant le soutien de l’opinion publique afro-américaine. New York, il publie en 2006 son premier livre Soul on Islam, qu’il présente ainsi : Mon père était un soldat, un combattant et un écrivain. Durant les turbulentes années 1960, il courrait avec les troupes paramilitaires du Black Panther Party sur les lignes de front des ghettos américains. C’est à cette époque que de jeunes Noirs, autrefois chassés par la police, étaient devenus eux-mêmes des chasseurs de policiers racistes qui aimaient voir couler le sang afro-américain. Mon père et ma mère faisaient partie de la direction du « Parti des Black Panthers pour la légitime défense ». Ils s’appelaient Eldridge et Kathleen Cleaver. La voix de mon père a été entendue par beaucoup dans « Soul on Ice », la mienne dans « Soul on 7 Rencontre entre Stokely Carmichael, le premier ministre honoraire des Islam ». Le groupe avait aussi d’autres problèmes. De nombreux membres étaient connus pour être des personnes narcissiques, extrêmement intransigeantes et corrompues dans leur vie personnelle où viols, drogues dures et meurtres étaient souvent au rendez-vous. Le FBI profite largement de tout cela pour affaiblir le mouvement. Le programme de contreespionnage COINTELPRO permet à l’agence de surveiller, infiltrer et même assassiner les membres des Black Panthers. Ayant recours au harcèlement policier et aux faux témoignages devant Panthers, et Eldridge Cleaver à l’Hôtel Saint George à Alger, le 23 plusieurs juges, le FBI Black juillet 1969. Comme beaucoup de réussit à saper le Black Panthers et leurs enfants, Ahmad s’est leadership du mouvement qui, suite à des tensions converti à l’islam et fait partie d’une nouvelle internes préexistantes, finit par s’effondrer en génération de personnes racisées, très cultivées et 1982. Dans le reste du monde, les autres fières d’être ce qu’ils sont aujourd’hui. mouvements anti-impérialistes suivront un par un. LES TRACES D’UN PASSE OUBLIE A ALGER Après 7 ans d’exil, Cleaver retourne en 1975 aux États-Unis où il devient accro à la cocaïne. Il se fait encore arrêter à plusieurs reprises et meurt en 1998. Néanmoins, il laisse derrière lui un fils exemplaire qui, à sa manière, continuera la lutte de son père. Né en 1969 à Tissemsilt en Algérie, Ahmad Maceo Eldridge Cleaver a bénéficié d’un double héritage. Il a beaucoup été influencé par le combat que menait son père contre l’impérialisme américain. Diplômé de la Cornell University de 7 Ahmad Maceo Eldridge Cleaver, « Soul on Islam ». Ahmad est né dans une Algérie qui était alors l’épicentre de la mouvance anti-impérialiste. Entre-temps beaucoup de choses ont changé, mais tout n’a pas été oublié. Aujourd’hui à Alger, il y a toujours un grand boulevard « Che Guevara », des boulevards et hôpitaux « Frantz Fanon », une place « Patrice Lumumba », des places « al-Quds », des rues « Nelson Mandela », « Arafat », etc. Ce sont là des traces d’une époque révolue qui aujourd’hui inspirent de nouvelles générations8… Kareem El Hidjaazi 8 Article écrit pour la Revue Antipodes (ITECO) 7