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Pierre SERKINE master EFC Économie des Hydrocarbures LE PRIX DU PÉTROLE, DU GAZ NATUREL, COMMENT SE FORMENT-ILS ? COMMENT SONT-ILS LIÉS ? B ien que gaz et pétrole soient tous deux des hydrocarbures, le pétrole est liquide et le gaz naturel est gazeux, ce qui fait que le gaz est beaucoup moins commode à transporter. Le marché du premier est donc mondial, tandis qu'il existe trois marchés régionaux pour le gaz : l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie. Néanmoins, il existe aujourd'hui de plus en plus de terminaux de liquéfaction et regazéification du gaz (Gaz Naturel Liquéfié), permettant des échanges entre ces trois marchés, par l'intermédiaire de méthaniers. Le prix des hydrocarbures n'est pas simplement le résultat de la rencontre d'une offre et d'une demande physiques, pour 2 raisons majeures : l'inégale répartition des réserves et la grande dépendance des pays, producteurs comme consommateurs. Par ailleurs, on trouve des centaines de pétroles bruts différents. On utilise des bruts de référence suivant les régions (WTI en Amérique du Nord, Brent en Europe, Oman et Dubai au Moyen-Orient) qu'on appelle des markers, auxquels on ajoute des différentiels (de qualité, de transport) pour fixer les prix. Le prix du pétrole est en fait celui de ces markers. R elativement à l’offre, elle dépend de la découverte de champs pétrolifères (et est donc corrélée à la quantité de puits d’exploration), et de la mise en production de ces derniers. Lorsque l'on découvre du pétrole, on trouve généralement du gaz, et vice versa, ce qui explique le premier lien entre les deux. À mesure que le prix augmente, il devient rentable d'exploiter des gisements plus coûteux (offshore au Brésil, Mer du Nord dans les années 70). Ainsi, les réserves prouvées (et techniquement récupérables) dépendent du prix des hydrocarbures. Néanmoins, il arrivera un moment où ces hydrocarbures deviendront moins rentables que d'autres sources d'énergie, aujourd'hui moins compétitives (peak oil). Les réserves sont très concentrées : pour le pétrole conventionnel, le Moyen-Orient détient 54.4% des réserves prouvées, l'OPEP 77.2%. Pour le gaz conventionnel, le Moyen-Orient détient 40.5% des réserves prouvées et la Fédération de Russie, 23.9%. Cette grande concentration alliée à une zone politiquement à risques (Irak, Iran, détroit d'Ormuz...) aboutit à une grande volatilité sur les marchés. Pour limiter cette volatilité tout en assurant un prix du pétrole suffisamment élevé, les pays de l'OPEP ont mis en place des quotas de production. Cependant, il ne faut pas que le prix des hydrocarbures soit trop élevé, sinon cela peut profiter aux autres sources d'énergie. Ainsi, il leur est tout de même intéressant, soit de maintenir le prix à un niveau modéré, soit de ne pas trop le stabiliser pour décourager les investissements dans les autres sources d'énergie. U ne fois la question de l’offre traitée, reste à s’intéresser à la demande. La demande d'hydrocarbures est très inélastique, en particulier pour le pétrole, dont le transport est un marché quasi-captif. La croissance économique, et particulièrement celle des BRICS, est ce qui tire cette demande. Comme la croissance chinoise est plus rapide que la mise en production des champs pétrolifères, les marchés se tendent. 2010 a été l'année où la consommation de gaz mondiale a le plus crû depuis 1984 (+7.4%). Cette augmentation de la consommation d'hydrocarbures n'est pas compensée par la réduction de celle des pays développés adoptant des politiques de diversification du mix et d'efficacité énergétique. Les stocks (spéculatifs, industriels et de précaution) de pétrole impactent également les prix. Lorsque les anticipations sur le niveau de ces stocks sont différentes des publications de l'AIE, le marché réagit. Les fluctuations du prix peuvent alors avoir des conséquences dramatiques, en particulier dans les pays d'Afrique, comme au Nigéria récemment, ou pour les pays insulaires extrêmement dépendants des importations de pétrole (et plus rarement de gaz). Pour les pays producteurs, ce sont les exportations, et donc les finances des états, qui dépendent des fluctuations du prix. Enfin, offre comme demande peuvent subir des chocs (cyclones, crises économiques, récessions, découvertes de grands gisements…). T ant que le gaz et le fioul domestique étaient substituables et substitués, les prix du premier étaient historiquement indexés sur ceux du second dans les contrats long terme. Mais avec le basculement récent d'importateur net à exportateur net de gaz des États-Unis grâce à la découverte de grandes réserves de gaz non conventionnel, et le développement des terminaux de GNL, il est probable que les prix des 3 marchés gaziers s'unifient peu à peu. On observe déjà un décrochage du prix du gaz et de celui du pétrole, avec l'augmentation du marché spot du gaz.