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Le Yagour , dans le Haut Atlas de Marrakech, est un haut lieu de transhumance estivale qui fait l’objet d’une gestion communautaire reposant sur la mise en défens saisonnière du territoire pastoral (l’Agdal). L’Agdal est le produit d’une construction patrimoniale endogène porteuse d’une mémoire vivante, un monument pastoral contribuant au maintien de l’autonomie et de l’identité communautaire par la sécurisation des usages pastoraux sur le temps long. Au cours des dernières décennies, le patrimoine communautaire du Yagour est menacé et fragilisé par la conjonction d’un ensemble de facteurs. La « dé-patrimonialisation locale » s’accompagne de l’émergence de nouvelles formes de « patrimonialisation globale » visant la préservation de la biodiversité, des paysages et des gravures rupestres. Les deux visions patrimoniales, « locale » et « globale », semblent a priori difficilement compatibles. Contrairement à la première, socio-écologique et holistique, la seconde repose sur une vision du monde consacrant la séparation des éléments de nature et de culture. La reconnaissance de l’Agdal permet cependant d’envisager leur conciliation, dans une perspective de « conservation participante » et de « co-management patrimonial » reposant sur un concept local qui fait sens pour la population.
Notre problématique de recherche porte sur les mutations, durant le dernier siècle, de la relation à l’environnement d’une petite communauté d’agro-pasteurs du Haut Atlas de Marrakech, les Aït Ikis. Cette population montagnarde d’environ 700 habitants dépende de plusieurs espaces mais très spécialement du Yagour, un pâturage de 70 km² étagé entre 2.000 m et 3.600 m. L’institution coutumière de l’agdal qui gère tous les espaces en question et participe fortement aux rapports à l’environnement, consiste en la mise en défens saisonnière des espaces, dont la date exacte d’ouverture est décidée par toute la communauté d’usagers. Le but est d’assurer un repos minimal aux espèces végétales et la durabilité de son utilisation. Dans ce contexte, nous avons essayé de répondre à trois hypothèses : 1- Le système traditionnel de l’agdal était globalement durable, mais mis en crise notamment par son contact croissant avec les sociétés industrielles. 2- Dans le monde actuel, l’agdal aurait des potentialités de développement et de conservation. 3- Une approche profondément transdisciplinaire, qui utilise à la fois les disciplines individualisées, est nécessaire pour bien comprendre des problématiques éco-anthropologiques complexes de ce genre. Nous sommes partis d’une étude du contexte géographique, écologique, social et historique. Ensuite, nous avons analysé le système agro-économique et la culture symbolique qui accompagne ce système, ainsi que l’état de l’environnement au sein d’importants processus de changement. Pour conclure, nous avons corroboré nos hypothèses, et affirmé spécialement notre soutien à « une transdisciplinarité qui combine des approches disciplinaires spécialisées ».
At first sight, the agdal consists of banning grazing each year for a given period, allowing a resting period to the vegetation, the establishment of young seedlings and thus the continuity of the ecosystem and of the pastoral activity. Our primary aim is to put into perspective the pastoral production systems and the cultural representations of the population of the Ayt Ikiss in the High Atlas of Marrakesh, on the basis of an analysis of the system of tagdalts (combined system of several small agdals) and of the functioning of the pastoral Agdal of Yagour. Secondly, we analyse the main transformations with which the local agro-pastoral society is confronted. Our position is that we can only understand the concept and the practice of the agdal within the framework of a holistic and total approach that takes into account the bioecological, technical, legal, economic and symbolic systems. The agdal is a key factor of the economic system and of the local agro-pastoral system. But it also includes a fundamental cultural dimension. The religious institutions and the ritual practices are the mainstay of the rules of the agdal and occupy a central position in the management of the pastoral territory ofYagour, the maintenance of biodiversity and the long term conservation of communal pastoral resources.
Le patrimoine sous ses diverses manifestations matérielles et immatérielles est actuellement considéré comme une ressource territoriale mobilisable par les acteurs pour construire le territoire (Gumuchian et Pecqueur, 2007) et explique l’intérêt croissant qui, de par le monde, est accordé à sa valorisation. L’articulation entre patrimoine et développement territorial est par ailleurs démontré par de nombreuses expériences réussies au Maroc et ailleurs. (Campagne et Pecqueur, 2012) L’article explore le potentiel de développement territorial des ‘’paysages culturels agropastoraux du Haut-Atlas’’ en apportant des éléments en faveur de sa patrimonialisation (Mahdi, 2010). Pour ce faire, il fait appel à la notion de ‘’ paysage culturel’’ reconnu comme composante du patrimoine de l’humanité par la convention de 1992 de l’UNESCO et dont le paysage culturel agropastoral des Causses et Cévennes (France) fournit un exemple récemment reconnu par l’UNESCO (juin 2011). Il valorisera ensuite les acquis de la recherche sur la question (S/D Auclair et Al Ifriqui. 2012). Il s’appuie aussi sur une expérience personnelle en tant que membre du groupe d’experts chargés de la préparation du dossier d’inscription des paysages culturels de l’agropastoralisme des Causses et Cévennes au patrimoine mondial, puis du suivi du « Bien » inscrit (UNESCO). Le constat de départ est que cette notion est encore peu présente dans la communication publique et territoriale de valorisation des patrimoines et des stratégies de développement les concernant. En s’appuyant sur l’exemple du « paysage culturel agropastoral du Haut-Atlas», l’artcile insiste de façon particulière sur le concept de l’Agdal qui est une composante singulière et centrale de ce patrimoine mais sans toutefois s’y réduire. L’exemple de l’Agdal de l’Oukaïmeden a servi pour démontrer et justifier sa place parmi les éléments matériels et immatériels du patrimoine marocain et faire ressortir les attributs pour sa reconnaissance et les possibilités de son inscription dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO d’une part, et de l’autre, montrer que le paysage culturel agropastoral est une ressource territoriale authentique qui s’inscrit dans le cadre des problématiques de développement durable des territoires du Haut-Atlas. L’article attire à la fin l’attention sur les menaces qui pèsent sur ce patrimoine. (Mahdi et Dominguez, 2009, Lebaudy, 2014)
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