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Retour au menu VIROLOGIE Communication Premier isolement au Tchad du virus de la PPR et reproduction expérimentale de la maladie K. Bidjeh 1 P. Bornarel M. Imadine l R. Lancelot ‘* BIDJEH K., BORNAREL P., IMADINE M., LANCELOT R. Premier isolement au Tchad du virus de la PPR et reproduction expérimentale de la maladie. Revue Eh. Méd. vét. Pays trop., 1995, 48 (4) : 295-300 Des foyers de la peste des petits ruminants (PPR) ont été étudiés en 1993 et 1994 dans des troupeaux de chevres de race sahélienne au Tchad. Si le virus pu être isolé des premiers foyers de 1993, le sondage sérologique par le test ELISA de compétition portant sur 475 sérums récoltés dans la zone a montré une prévalence de 34 p. 100. Pour la première fois au Tchad, le virus fut isolé et des cas cliniques caractéristiques de la PPR furent observés sur les chèvres sahéliennes réputées peu sensibles à ce virus. La maladie a été reproduite expérimentalement par inoculation des chèvres avec des broyats de ganglions et de poumons, ces derniers ayant provoqué les symptômes les plus sévères. La réaction en gélose révélée positive vis-à-vis de rum anti-PPR avec les broyats de poumons et de ganglions mésentériques, mais pas avec ceux de ganglions préscapulaires. La caractérisation du virus isolé, en particulier sur le plan génomique, nécessaire. Mots-clés Sérologie : Bovin - Caprin - Morbillivirus - Infection - Test ELISA - Immunologie - Epidémiologie expérimentale Tchad. - Introduction La peste des petits ruminants (PPR) est une maladie largement répandue en Afrique et en Asie (Moyen Orient et Inde). Cette pathologie, proche de celle de la peste bovi1. Laboratoire de Recherches vétérinaires Farcha, BP 433, Tchad. *. Adresse actuelle Reçu le 28.2.95, Revue Élev. Méd. : ISRA/LNERV, accepté BP 2057, et zootechniques Dakar le 23.2.96. vét. Pays trop., 1995,48 (4) : 295-300 Hann, Sénégal. de ne au plan clinique, constitue un frein pour ment de des petits ruminants car les pertes économiques entraîne sont considérables. pathogène responsable est un virus appartenant au genre /VIorbi//ivirus, famille des Paramyxoviridas (8). Pendant longtemps, ce virus fut considéré comme un mutant du virus de la peste bovine adapté aux petits ruminants et ayant perdu tout pouvoir pathogène pour les bovins (4, 13). Ce des études approfondies que certains chercheurs (3, 5, 8, 9) ont affirmé de deux entités distinctes. Bien que tous les pays limitrophes, la Libye exceptée, aient déclaré la présence de la PPR, au Tchad son existence encore été révélée que par des enquêtes sérologiques (2, 14). Le présent article décrit des foyers de PPR dans plusieurs troupeaux de la zone périurbaine de et dans une localité située à 150 km au sud de la capitale néré) ainsi que du virus, son identification et la reproduction expérimentale de la maladie sur des sujets sensibles. Matériel et Méthodes Les animaux utilisés pour sont un bouvillon et huit chèvres toutes de race kirdimi reconnue hautement sensible au virus de la PPR (10). Tous les animaux sélectionnés sont séronégatifs vis-à-vis des virus de la PPR et de la peste bovine. Ils sont logés dans une étable composée de quatre boxes cloisonnés par un mur surmonté grillage, de façon à empêcher les animaux de se toucher. Trois compartiments abritent chacun deux chèvres. Le quatrième contient le bouvillon et les deux autres chèvres. Les sujets des trois premiers lots reçoivent par voie sous-cutanée 4 ml du broyat des poumons, des ganglions préscapulaires et mésentériques, respectivement. Ces prélèvements proviennent animal malade infecté naturellement. Ceux du quatrième lot reçoivent la même dose mais du broyat de ganglions préscapulaires desI deux sujets morts à la suite de expérimentale. A la fin des expériences (30 jours)! les sérums sont récoltés sur les animaux survivants et ceux pas réagi à du virus, pour la recherche des anticorps anti-PPR qui sont titrés par le test de séroneutralisation décrit par Taylor (16). Le virus utilisé pour ce test est celui de la souche vaccinale PPR 75/1 LK6 vero 67 (6). 295 Retour au menu Communication Ceux récoltés sur le terrain sont traités qualitativement au CIRAD-EMVT par la méthode ELISA de compétition mise au point par Libeau et coll. (12). Par cette méthode, un sérum est considéré positif si le pourcentage de compétition est supérieure à 50 p. 100. du virus à partir des broyats des organes est fait sur des cellules de rein de mouton au deuxième passage. Le milieu de culture est constitué de MBE (Laboratoire Eurobio, France) additionné aminés, de vitamines, de sérum de veau fœtal (10 p. IOO), de pénicilline (100 ug/ml) et de streptomycine (0,05 mg/ml). Une fois que le tapis cellulaire est complet dans la boîte de culture, le milieu est remplacé par un autre contenant 1 p. 100 de sérum (milieu des gencives, érosions recouvertes enduit pultacé blanchâtre saignant au moindre contact (figures 2 et 3). Des cas de mortalité sont enregistrés. Dans des élevages atteints, les prélèvements suivants sont effectués sur des animaux malades : frottis des larmes, des muqueuses buccale et nasale, sang sur anticoagulant. Un chevreau est sacrifié et à nous observons une congestion du mésentère et des ganglions environnants, des foyers rouge des lobes apicaux des poumons. Les tentatives du virus et de reproduction expérimentale de la maladie sur des animaux sensibles se sont soldées par un échec. En revanche, la recherche dans les frottis lacrymaux par la méthode Les organes prélevés sur les animaux morts sont aussi testés par la réaction dans un milieu gélifié (IDG) avec un antisérum anti-PPR gracieusement offert par le Dr Diallo (CIRAD-EMVT, France). La mise en évidence des antigènes PPR par la méthode capture (11) est réalisée au CIRAD-EMVT. Résultats Dans les foyers de la maladie En mars 1993, 15 cas de PPR dans sept troupeaux appartenant à cinq villages différents sont signalés dans le troupeau de Djékémé, village situé sur na- Djermaya. Les animaux atteints sont surtout des chevreaux de race sahélienne, âgés de 3 à 6 mois. On observe les signes cliniques suivants : jetage, toux, larmoiement, diarrhée profuse et profonde atteinte de général (figure 1). Certains sujets présentent des lésions de la cavité buccale : ulcères, liseré congestif à la base Figure 296 1 : Jetnge mucopurulent et larmoiement. Figure 2 : LGsions buccales : enduitpultucé Figure 3 : Lésions buccales : érosion. blnnchûtre. Retour au menu VIROLOGIE avérée positive sur un des échantillons. Les résultats sérologiques effectués sur 475 échantillons par le test ELISA de compétition PPR ont montré 33,7 p. 100 des sérums positifs et 3,8 p. 100 douteux. En avril 1994, à Djénéré, localité située à 150 km au sud de dans un troupeau de 36 chèvres de race sahélienne, il y a une morbidité de 85 p. 100 et une mortalité de 47 p. 100. Les animaux malades présentent les signes suivants : hyperthermie (41,3”C en moyenne), larmoiement, jetage abondant et mucopurulent (figures 1, 4, 5), dyspnée, diarrhée profuse et lésions buccales. Un des animaux malades est sacrifié sur place. Figure 4 : Larmoiement Figure 5 : Congestion bilatéral. de la conjonctive. A on retrouve les mêmes lésions décrites lors du foyer de 1993. Des ganglions, des lésions de la langue, des poumons et du caecum sont prélevés (figure 6). Dans le troupeau, certains animaux avaient des signes cliniques moins prononcés (figure 7). Les moutons ne semblent pas être atteints de même que les autres espèces présentes (bovins, camelins, équins et asins). Selon les éleveurs, la maladie serait apparue dans le village pour la première fois en 1993, probablement après contact avec des troupeaux transhumants venant au puits du village. En juillet 1994, trois mois plus tard, les auteurs retournent sur les lieux et constatent seul chevreau présente les signes cliniques relatifs à la PPR (exceptées les lésions buccales). Onze sérums sont col- Figure 6 : Pér&/~ies sui- le cmcum. Figure 7 : Arlimnrrx atteirlts de PPR dons un troupeau. 297 Retour au menu Communication TABLEAU~ Reproduction à partir * Provenant de malade issu du foyer expérimentale de la PPR chez les chèvres kirdimi tchadiennes animal malade, infecté naturellement, sacrifié naturel lectés au hasard sur les animaux et sérologique par le test de séroneutralisation montre que tous hébergent des anticorps anti-PPR à des titres variant entre 1132et 11516. Reproduction expérimentale de la maladie 8 39.2 à ;ii 39 .z E 38.8 ; 36.6 38.41 1 2 Les broyats des organes (poumons, ganglions mésentériques et préscapulaires), prélevés de sacrifié lors de 1994, sont inoculés à des chèvres sensibles. Du tableau 1, on peut remarquer que tous les animaux qui ont reçu le broyat de poumons sont morts au 9” et 11e jour après avoir présenté tous les signes cliniques de la maladie. Aucun signe clinique relatif à la PPR été observé chez les sujets ayant reçu le broyat des ganglions préscapulaires (figure 8 et tableau 1). En revanche, ces animaux ont fait une séroconversion au 30” jour après (titre de 1/2 048 et 1/4 096 en séroneutralisation). Tous les signes cliniques ne sont pas observés chez les chèvres qui ont reçu le broyat de ganglions mésentériques (tableau 1) : ainsi, les lésions buccales sont absentes, le jetage et la diarrhée sont remarqués chez des deux sujets ; aucune mortalité enregistrée dans ce groupe. Les deux chèvres survivantes ont fait une séroconversion (titre de 1/2 048 et 114 096) comme dans le cas précédent. Chez tous les animaux ayant réagi positivement à de différents organes, on constate une 298 3 4 5 6 7 6 9 101112131415161716 Jours Figure 8 : Courbes thermiques ganglion préscapulaire. Inoculation à partir de broyat de hyperthermie variant entre 39,9” et 41,6X (figures 9 et lO), hyperthermie qui amorce toujours le début de la maladie. La durée a été de 3 à 11 jours suivant le cas. Dans le but la peste bovine, le broyat de ganglions des sujets mort de expérimentale est inoculé à un bouvillon et à deux chèvres. Comme ,on peut le constater sur le tableau 1, les deux chèvres ont réagi à avec tous les signes cliniques de la PPR (exceptées les lésions buccales). est morte le 8” jour après infection. Aucun symptôme clinique relatif à la PPR ni à la peste bovine observé chez le bouvillon (figure 11). Le bouvillon et la chèvre qui a survécu à expérimentale ont fait une séroconver- Retour au menu VIROLOGIE Discussion et Conclusion 42 - Figure poumon. 9 : Courbes thermiques C(203) à par! ‘ir de broyat Inoculation Pour la première fois au Tchad, des cas cliniques caractéristiques de la PPR sont observés sur les chèvres sahéliennes réputées peu sensibles à ce virus (10). Toutefois de la maladie a été peu fréquente et ne révélée grave voire alarmante que dans deux élevages. de -CC(2M) - 38.51 1 i 2 3 4 5 5 7 8 8 9 10 11 12 : 13 : 14 75 16 17 C(201) / 18 jours Fifure ganglion 10 : Courbes mésentérique thermiques - Inoculation à partir de broyat de Les symptômes observés sur le terrain chez ces chèvres sahéliennes pendant les deux dernières années sont similaires à ceux déjà décrits par différents auteurs, dont Gargadennec en 1942 (7), Rowland en 1970 (15) et Abu el Zein en 1990 (1). A partir de broyats prélevés animal sacrifié au cours épidémie, la maladie a été reproduite expérimentalement par inoculation des chèvres kirdim,i, bien que ces dernières, chèvres naines, soient réputées très sensibles à la PPR (10). Tous .les signes cliniques évoqués ci-dessus pas été exprimés par ces animaux hormis deux cas. Ainsi, le jetage, la diarrhée et les lésions érosives de la muqueuse buccale ont été les symptômes les plus inconstants chez les sujets ayant reçu les broyats de ganglions. Aucune mortalité été notée avec les ganglions mésentériques et préscapulaires. Cependant les titres anti-PPR sont très élevés après 30 jours En revanche, les animaux inoculés avec le broyat de poumon ont fait une forme sévère de la maladie et-sont morts. La réaction positive des broyats des organes avec sérum anti-PPR en immunodiffusion, la réussite de la reproduction expérimentale de la maladie chez des chèvres avec une forte séroconversion chez les survivants, de réaction du bouvillon à du matériel infectieux sont des résultats qui plaident en faveur de la présence de la peste des petits ruminants. Pour la première fois au Tchad, les auteurs ont réussi à isoler le virus en cause. Sa caractérisation, en particulier sur le plan génomique, maintenant nécessaire. Figure 11 : Courbes thermiques préscapulaire de la chèvre 202. Inoculation ti pnrtir de ganglion sion avec des titres anti-PPR respectivement de 1/64 et l/l 024. Par ailleurs, la réaction fusion en gélose révélée positive vis-à-vis de sérum anti-PPR avec les broyats de poumons et de ganglions mésentériques, mais pas avec les ganglions préscapulaires. A partir des broyats de poumons, un virus a été isolé sur les cellules de rein de mouton en culture. cytopathogène a été constaté à partir du 7” jour après inoculation. II se caractérise par de cellules multinuclées avec une couronne des noyaux réfringents et une masse cytoplasmique amorphe. Bibliographie 1. ABU EL ZEIN E.M.. HASSANIEN M.M., AL AFALEQ SAWI F.M.. 1990. Isolation of “peste des petits ruminants” Saudi Arabia. Ver. Rec.. 127 : 309-310. AI., HOUSfrom goats in 2. BIDJEH K.. IDRISS A.O.. DIGUIMBAYE C., GANDA K., MAURICE Y.; 1989. Incidence des anticorps peste bovine chez les petits ruminants au Tchad. Bull. Cent. Rech. oppl. 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Pays trop., 1995,48 (4) : 295-300 In Chad, in 1993.1994, investigations into “peste des petits ruminants” (PPR) outbreaks were carried out in flocks of Sahelian goats. Although in the early 1993 outbreaks the virus had not been isolated yet, a serological prevalence (34 %) was observed using ELISA test in 475 sera collected in the infested area. The virus was then isolated for the first time in Chad and typical PPR cases were observed in Sahelian goats, known to be little sensitive to the virus. TO experimentally induce the disease, goats were inoculated with suspensions of lymph nodes or lungs, collected from sick animals. Lung suspensions induced the most serious symptoms. Suspensions of lungs and mesenteric lymph nodes were positive by agar-gel immunodiffusion test against PPR anti-serum, while prescapular lymph nodes remained negative. Characterization of the isolated virus, in particular with regard to its genomic identity, should be investigated. Key words: Cattle - Goat - Moubillivirus Experimental logy - ELISA Immunology - Epidemiology - Chad. infection - Sero-