PA
Ministère de la
R
Culture et de la Communication
T
IM
O
IN
E
pr
oté
gé
Phares du Languedoc-Roussillon
Eclairer la mer / signaler la terre
monuments historiques et objets d’art du Languedoc-Roussillon
D I R E C T I ON
R É G I ON A L E
D E S
A F FA I R E S
C U LT U R E L L E S
Auteurs
Yvon Comte [Y.C.]
Chargé d’études documentaires principal
CRMH, DRAC Languedoc-Roussillon
Michèle François [M.F.]
Chargée d’études documentaires
CRMH, DRAC Languedoc-Roussillon
Phares du Languedoc-Roussillon
« Eclairer la mer / signaler la terre »
Page précédente :
Port-Vendres, phare du Cap Béar :
spirale de l’escalier avec les murs
recouverts d’opaline.
« Le seul luxe permis dans un phare consiste dans la beauté des matériaux et
la perfection de leur mise en œuvre. Tout vain décor doit être proscrit »
Quinette de Rochemont
directeur des Phares et Balises, 1905.
PATRIMOINE
protégé
« Mais de mille regards ou perides ou vagues,
Son œil mobile mêle aux éclairs de périls
L’eau riante, et la danse inidèle des vagues. »
Paul Valéry
« La Naissance de Vénus », Album de vers anciens, 1933.
Inscription igurant sur le socle du phare du môle Saint-Louis à Sète.
L’inscription ou le classement au titre des monuments historiques
coïncident trop souvent avec la désaffectation du bâtiment : la perte
de sens (et d’utilité) provoque une déshérence que seuls l’intérêt pour
l’art et l’histoire et la passion de citoyens, souvent organisés et militants, parviennent, in fine, à neutraliser. Ce mécanisme a été maintes
fois vériié, qu’il s’agisse de bâtiments civils, religieux ou militaires.
Les phares y font partiellement exception.
Grande-Motte, créée par l’architecte et urbaniste Jean Balladur, le
Cap d’Agde conçu par Jean Lecouteur ou Gruissan par Raymond
Gleize et Pierre Hartané, sont de remarquables témoignages de l’art
de construire au 20e siècle et, à ce titre, ont reçu du ministère de
la culture le label « Patrimoine du XXe siècle ». La Grande-Motte
a d’ailleurs fait l’objet d’un ouvrage de cette collection, dédiée à la
mise en valeur du patrimoine languedocien.
Originellement œuvre d’ingénieurs, la ceinture de phares des 5 700 km
de côtes françaises a été décidée par l’Etat, pour compléter la quinzaine d’ouvrages des 17e et 18e siècle déjà construits, à la faveur d’une
conjonction entre le progrès technique – notamment la mise au point
par Augustin Fresnel (1788-1827) d’un système d’optique révolutionnaire ampliiant les signaux lumineux – et le développement du commerce maritime. Achevés à l’orée du siècle précédent, les phares de
cette ceinture ont eu à subir, outre ceux du temps, les assauts de la
dernière guerre qui ont entraîné d’importantes reconstructions. Mais,
progressivement, le développement de l’automatisation et surtout les
facilités offertes par la géo-localisation électronique ont fait perdre
leur fonction première à ces ouvrages d’art. Pourtant, le caractère
exceptionnel de ces constructions, dans des conditions souvent très
dificiles, a, tôt, justiié les premières mesures d’une protection aujourd’hui étendue à près de 80 édiices. Ainsi, la patrimonialisation
des phares n’est pas contradictoire avec leur maintien en activité, bien
au contraire ; et, longtemps encore souhaitons-le, leur lumière révèlera tant le génie des hommes qu’elle permettra aux marins et aux
amoureux de nos côtes d’y trouver une nécessaire stabilité alors que
le paysage littoral a subi, depuis un demi-siècle, un bouleversement
que tous s’efforcent aujourd’hui à maîtriser.
En Languedoc-Roussillon, la mer a souvent été vécue comme une
menace : celle des incursions sarrasines, mauresques puis, notamment, anglaises au 18e siècle. D’où la multiplication de fortiications
relativement légères (excepté sur la côte rocheuse du Roussillon) qui
n’ont laissé que peu de monuments importants. Ces forts et redoutes
ont également fait l’objet de plusieurs campagnes de protection au
titre des monuments historiques. La situation régionale est certes
bien différente de la bretonne ! Il n’y a pas en Languedoc-Roussillon,
de culture maritime vivace, à l’exception notable des ports de Sète
et Port-Vendres. La tradition de la pêche hauturière n’y est en rien
comparable aux autres littoraux et la navigation au long cours y est
limitée, jusqu’à l’arrivée du traic commercial avec l’Afrique du Nord.
Mais la présence de la mer a pourtant façonné de nombreux aspects
de notre patrimoine, notamment immatériel, dont les regards croisés
de l’ethnologue et de l’historien ont rendu compte (voir, dans la même
collection, Du négafol à la barraca, le patrimoine maritime en Languedoc-Roussillon).
Certes, le Languedoc-Roussillon est, aujourd’hui, le symbole du
développement du tourisme de masse avec ses stations balnéaires
arrachées à la lagune inhospitalière et aux étangs infestés par les
moustiques par le volontarisme inancier et politique de la mission interministérielle d’aménagement touristique du littoral du
Languedoc-Roussillon dite « Mission Racine ». Mais l’élan impulsé
voici une cinquantaine d’années n’a pas pour autant négligé la qualité architecturale : plusieurs de ces stations « historiques », telle la
4
Phares du Languedoc-Roussillon - Préface
Cette publication, qui complètera le grand ouvrage sur les phares protégés en cours de réalisation aux Editions du patrimoine, intervient au
terme d’une campagne nationale de protection des phares au titre des
monuments historiques, initiée conjointement par les ministères de la
culture et de la communication d’une part, de l’écologie, du développement durable et de l’énergie d’autre part.
Le patrimoine parfois négligé ou méconnu dont elle révèle la richesse
est, à n’en pas douter, l’une des composantes de la riche identité du
Languedoc-Roussillon.
Alain Daguerre de Hureaux
Directeur régional des affaires culturelles
Préface - Phares du Languedoc-Roussillon
5
Le môle Saint-Louis à Sète avec le
phare du 18e siècle dans son fortin
« à Cette 12 juillet 1827 », dessin
aquarellé par J.-M. Amelin (Médiathèque centrale d’agglomération
Emile Zola, Montpellier).
Phares de Méditerranée
Le 9 septembre 1825, la Commission des Phares, conduite
par le contre-amiral de Rossel (1765-1829), présente son
rapport sur un « Système pour éclairer les côtes de France ».
Ce travail ambitieux envisage la construction d’une cinquantaine de phares et d’une quarantaine de feux de port chargés
de sécuriser les abords des rivages français. Chaque phare
doit avoir une grande portée et posséder un code lumineux
différent pour interagir avec son voisin.
Ce programme fondateur reprend les différents plans de signalisation envisagés sous l’Ancien Régime et l’invention de l’ingénieur et physicien Augustin Fresnel (1788-1827) : les lentilles
à échelon. Ces imposants appareils optiques concentrent les
rayons lumineux pour augmenter leur puissance et leur portée.
Il est maintenant possible de concevoir une ceinture lumineuse
tout le long des 5 700 km des côtes françaises.
Le projet semble a priori pharaonique, car il demande la
construction d’une trentaine de tours de 20 à 50 m de hauteur, le
réaménagement d’une dizaine d’enceintes existantes, la fabri- Page de titre du rapport de Rossel
cation de près d’une centaine d’appareils optiques complexes. de 1825.
Il sera pourtant réalisé en moins de trente ans. Il sert encore
aujourd’hui de base à la signalisation maritime française. La
plupart des bâtiments construits à cette époque est encore visible
aujourd’hui sur nos côtes atlantiques ou méditerranéennes.
Premiers phares
Phare du Cap Béar, lentille de Fresnel.
6
Avant la Restauration, la France ne dispose que d’une signalisation maritime embryonnaire : une quinzaine de phares à
peine s’échelonnent sur le littoral. Certains ont été érigés pour
marquer les ports de la marine royale comme les Baleines
(1682) et Chassiron (1685) en Charente ou Saint-Mathieu (1692)
et le Stiff (1700) en Finistère. D’autres ont été construits pour
servir au commerce marchand comme Cap Fréhel (1702) en
Côtes-d’Armor, La Hève ou l’Ailly en Seine-Maritime (1775),
Barleur en Manche (1775). Enin, Cordouan en Gironde (1611),
« phare des rois », signale l’entrée de l’estuaire vers Bordeaux.
Avant-propos - Phares du Languedoc-Roussillon
7
Lanterne du phare Saint-Loup
d’Agde, papier imprimé et colorié.
(Musée agathois Jules Baudou).
En Méditerranée, on ne compte alors que celui de l’îlot Planier
(Bouches-du-Rhône), au large de Marseille, reconstruit en
1771-1774. La tour de 15 m de hauteur et de 6 m de diamètre
est érigée sur un platier rocheux aride, brûlé par le soleil et
décapé par le mistral. Deux gardiens y vivent dans un inconfort total pendant un mois avant d’être relevés. Le phare a été
équipé de 14 lampes à huile placées au foyer de rélecteurs
en cuivre argenté. Le combustible est un mélange d’huile de
colza et de spermacéti (blanc de baleine). A Port-Vendres
(Pyrénées-Orientales), la redoute construite par Vauban a été
modiiée pour abriter un fanal – une tour de 20 m de hauteur
– abritant 11 lampions. Le feu porte à 4 lieues de distance (15
km). A Cette (Sète, Hérault), la tour carrée de 18 m, construite
vers 1720 sur le môle principal, est équipée d’une lanterne
contenant 24 lampions à huile. L’édiice se dresse pendant
plus de 200 ans sur le port sétois avant d’être dynamité par les
Allemands à la in de la Seconde Guerre mondiale. Quelques
havres sont repérés par de simples feux d’entrée : Martigues
avec celui du fort de Bouc, Villefranche (Alpes-Maritimes) et
la Ciotat (Bouches-du-Rhône) avec un signal sur le môle.
en moyenne. Trois types de signaux distincts y sont installés : Phare du Mont Saint-Loup : façade
des feux ixes et tournants de huit ou seize lentilles qui présen- ouest avec son enceinte à meurtent des éclats différents plus ou moins rapides. Ils sont distri- trières.
bués de telle manière qu’il y ait toujours un feu ixe placé entre
un feu tournant pour éviter toute méprise. Le phare devient
alors un élément de repérage et d’orientation pour les marins
qui peuvent déinir approximativement où ils se trouvent en
fonction de la nature du signal lumineux.
Premiers chantiers
La signalisation maritime est, depuis 1792, une mission régalienne de l’Etat qui en est promoteur et garant. En tant que
symbole politique de l’égalité de tous, le programme de la
Commission des Phares prend alors la forme d’une chaîne
lumineuse, matérielle, organisée et hiérarchisée, répartie
uniformément sur tout le littoral. C’est ici la carte ou la géographie des côtes qui déinit l’emplacement des grands phares
(leur espacement, leur puissance, leur position, leur hauteur)
et non l’histoire locale ou l’analyse des naufrages. En Méditerranée, les édiices sont établis toutes les seize à dix-huit lieues
Le programme est rapidement mis en œuvre sur les côtes
métropolitaines. Dans le Nord, le fanal de Dunkerque est le
premier à être modiié en 1825. En Manche, la tour de Granville (1828) est construite sur les plans d’Augustin Fresnel. Le
premier phare du Pilier s’allume en 1829. Pendant une vingtaine d’années, deux à six phares sont construits chaque année.
La Méditerranée est aussi concernée : Le Planier et le Graudu-Roi s’allument dès 1829, le premier phare provisoire de
Faraman en Camargue en 1830, le Cap Béarn et le Mont d’Agde
en 1836, Porquerolles, le Titan, à Camarat, et la Garoupe en
1937. La Corse est équipée à partir de l’année 1844 avec les
phares de Punta-Revellata, des Sanguinaires, de Pertusato
et de la Chiappe puis la Giraglia en 1848. Les fanaux existants munis de rélecteurs de Port-Vendres et de Cette sont
conservés. Différentes fortiications sont réutilisées comme le
fort de Brescou qui reçoit une tourelle en 1836, celui de Port
de Bouc en 1843. Plusieurs ports sont aménagés, comme La
Ciotat, Marseille, Cassis. Entre 1825 et 1855, dix-neuf phares
d’atterrissage (sur les soixante construits en France) et dixsept feux de port sont implantés en Méditerranée. Après 1855,
la signalisation de proximité se concentre sur les ports de
Corse, Antibes, Port-Vendres, Saint-Tropez ou le Frioul.
8
Avant-propos - Phares du Languedoc-Roussillon
Un projet révolutionnaire
Phares du Languedoc-Roussillon - Avant-propos
9
Types et modèles
Les phares installés en Méditerranée possèdent les mêmes
types architecturaux que ceux des côtes Atlantique ou de la
mer du Nord. Il n’y a pas de particularismes locaux.
Le phare de Faraman (1840) est ainsi le jumeau de ceux de
Penmarc’h (1835) ou de l’Ile de Batz (1836) en Finistère. Le
phare de Vallauris (1909) ressemble étrangement à celui de
Roscoff (Finistère-1884). Les maisons-phares de Cap Cépet
(1851), du Grand Ribeau (1851), de Cap Couronne (1867)
rappellent les édiices de la Roque (Seine-Maritime,1838),
de Ploumenac’h (Finistère-1860) ou des Poulains à Belle-Ile
(Morbihan-1868). Les doublons sont nombreux. Les phares
du Mont d’Agde (1836), de Camarat (1837), de Porquerolles
(1837), du Titan (1837), de Punta-Revellata (1844), des Sanguinaires (1844), de Pertusato (1844) et de la Chiappa (1845) sont
tous conçus sur un soubassement carré surmonté d’une
tour également carrée. La standardisation des architectures
permet une meilleure maîtrise des dépenses.
Il existe pourtant quelques exceptions notables :
- le phare de Cap Ferrat-Villefranche semble directement
inspiré des « palazzi » italiens. Il faut dire qu’il a été construit
Phare de la Giraglia, à côté de la
par les ingénieurs de Piémont-Sardaigne, vers 1828, alors que
tour génoise, à la pointe du Cap
la ville était encore rattachée au royaume. Le logement sur
Corse.
deux niveaux, avec entrée monumentale, est toujours entouré
de vastes jardins en terrasses plantés d’essences méditerranéennes rares.
- le phare du Grau-du-Roi, construit en 1829, semble lui aussi
s’inspirer des bâtiments méridionaux aux tuiles romaines et
aux façades à oculus. Sa lanterne est surmontée d’un dôme
en cuivre repoussé caractéristique des premiers phares
comme Eddystone (Angleterre, 1759) ou le Four du Croisic
(Loire-Atlantique, 1821).
C’est en étudiant les parties communes ou les logements
que l’on distingue quelques spéciicités. Le besoin en eau
demandait la construction de citernes imposantes sous les
10
Phares du Languedoc-Roussillon - Avant-propos
bâtiments. Les cours sont alors agrandies, dallées, munies Phares du Grau-du-Roi, du Cap
de rigoles pour permettre le captage des eaux pluviales Béar et du Cap Leucate.
comme au Cap Camarat (1837) ou aux Sanguinaires (1844).
Le phare d’Aguay (1884) est l’un des rares à posséder un toit
en terrasse qui servait à la récupération des eaux.
Au Titan (1837), l’accès est tellement compliqué qu’il a nécessité la construction d’une corniche maçonnée et creusée à
lanc de falaise pour assurer l’acheminement des matériaux
à partir de la cale d’embarquement. Au phare du mont d’Agde
(1836), un vent lancinant pousse les ingénieurs à enserrer
l’édiice dans une enceinte munie de meurtrières qui lui
donne un air de fortin retranché. Au phare de Faraman, ce
sont les moustiques qui gâchent la vie des gardiens. L’isolement est complet dans ce désert horizontal de sel.
Un réseau complet
Après 1855, la signalisation des côtes méditerranéennes
est déjà en place. Elle sera complétée par la construction
d’une dizaine de phares entre 1860 et 1905 pour accompagner l’évolution des chenaux de navigation (Espiguette, 1869,
Mont Saint-Clair, 1903), éviter toute méprise entre les feux
(Gacholle, 1884, Beauduc, 1903) ou suivre l’accroissement du
transport maritime (Cap Couronne, 1867). A terme, la Méditerranée possèdera cent quatorze feux dont trente qualiiés de phares (pour six cent cinquante neuf établissements
relevés en France).
Francis Dreyer
Historien des techniques
Avant-propos - Phares du Languedoc-Roussillon
11
Installation de la lanterne
du Cap Leucate en 1951.
(Archives du service des
Phares et Balises).
La difficulté des chantiers
Même si la côte n’est pas
battue par les vagues comme
en Bretagne, construire un
phare en Languedoc est une
entreprise dificile, longue
et coûteuse. Les demandes
de dédommagements faites
par les entrepreneurs des
phares du Grau-du-Roi et
de l’Espiguette l’attestent,
ils se sont lancés dans ces
chantiers prestigieux avec
ardeur et désir de gloire
sans doute, mais les
conditions géographiques
et climatiques leur ont
causé bien des soucis.
S’il a fallu 14 ans en mer
d’Iroise pour construire le
célèbre phare d’Ar-Men,
il a fallu presque 4 ans
pour celui de l’Espiguette,
perdu dans les sables et les
marécages.
La société BBT :
fournisseur officiel
Créée en 1862 par Frédéric
Barbier et Stanislas
Fenestre, la société
devient Barbier Bénard
Turenne au début du
20e siècle. L’entreprise,
d’abord spécialisée dans la
fabrication d’optiques pour
phares, produit aussi les
mécanismes de rotation à
poids et sur cuve à mercure
associés à ses lentilles de
Fresnel. Très rapidement,
elle est la première
entreprise mondiale pour la
construction des phares et
diversiie ses fabrications :
tours métalliques, bouées,
sirènes de brume…
La construction
La méthode est toujours la
même : un ingénieur local
des Ponts et Chaussées
dépendant du préfet de
département, dessine les
plans qui sont revus puis
validés par le directeur
du service des Phares
et Balises, ensuite cet
ingénieur suit la construction
de la partie strictement
architecturale.
La partie technique,
l’éclairage proprement
dit, est pris en charge par
le service central à Paris,
qui fournit et monte en
régie échelles métalliques,
appareil et lanterne. Ses
fournisseurs sont toujours
parisiens, communs aux
différents phares français,
ce sont les entreprises
Henry-Lepaute, Sautter, puis
Barbier et Fenestre devenu
Barbier Bénard Turenne
(BBT). Un conducteur du
service central vient sur place
pour la pose des lanternes et
des appareils d’éclairage et
assure l’allumage.
L’alimentation en eau est
assurée au moyen de vastes
citernes souterraines, les
écoulements sont prévus
avec soin, dallés et pavés (à
l’Espiguette). Au Cap Béar,
la citerne est divisée en
deux compartiments pour
Les règles de construction
l’eau potable des toitures
sont la qualité, la sécurité
et le souci des conditions de des logements et pour les
vie des gardiens. La dificulté eaux pluviales provenant des
plates-formes et du glacis.
d’avoir des gardiensPlus récemment, l’eau était
allumeurs consciencieux et
iables est grande et à partir apportée chaque semaine
par camion-citerne depuis
de 1830, pour les attirer, le
Port-Vendres. Les conditions
soin apporté aux logements
de vie des gardiens sont
est manifeste. Ceux-ci sont
étudiées de près, par
prévus en toute proximité
exemple, dans les logements
mais bien séparés de la
et bâtiments annexes,
tour du phare, tandis que le
magasin où sont conservées des circulations d’air sont
établies sous les parquets.
l’huile et les lampes
Caves, bûchers, cabinet
nécessaires à l’allumage
d’aisance extérieur sont
du feu, est bien séparé
prévus. A Leucate, c’est
des logements.
la protection contre le vent
qui est organisée.
Au Cap Béar, très isolé, les
logements prévus comptent
deux chambres, une cuisine
et un salon, alors que ceux
du Grau-du-Roi, au siècle
précédent, ne comptaient
12
Phares du Languedoc-Roussillon
Phares du Languedoc-Roussillon
que chambres et cuisine. Un
bureau et des chambres de
réserve ou de passage sont
construits pour les ingénieurs
des Ponts et Chaussées qui
sont périodiquement amenés
à visiter et contrôler les
phares.
13
Surveiller la mer
et signaler la côte
Agde (Hérault), redoute et sémaphore abandonnés près du Mont
Saint-Loup, dessin par J.-M. Amelin, 1823 (Médiathèque centrale
d’agglomération Emile Zola, Montpellier).
Le Méditerranéen considère depuis toujours la mer comme
un danger à cause de la menace des incursions hostiles. De
plus, la longue côte basse, qui s’étire entre le Cap Leucate et
la Camargue, est délaissée à cause de l’enlisement des graus,
ces passages entre mer et terre qui transforment la région en
marécages insalubres, impropres à la navigation. Par l’observation plus ou moins organisée, comme les tours à signaux
du royaume de Majorque en Roussillon, à partir de postes de
surveillance stratégiques, de hauteurs ou de points défensifs,
on s’attache à signaler les mouvements de navigation suspects
pour prévenir la terre des risques de débarquement. Ce sont
les nombreux aménagements de feux installés sur des tours
Leucate (Aude), redoute de la Haute ou de simples podiums qui jouent ce rôle durant des siècles,
pour prévenir les razzias des Sarrasins au Moyen Age ou des
Franqui.
Mauresques jusqu’à l’époque moderne. L’exemple de la fortiication de l’îlot rocheux de Brescou au large du Cap d’Agde contre
une éventuelle menace protestante (soutenue par l’Espagne) à
la in du 16e siècle, et renforcée au début du 17e siècle, en est un
cas de igure inattendu. Cette fonction de défense se confond
ensuite très vite avec une autre, diamétralement opposée,
mais utilisant les mêmes moyens et les mêmes emplacements, la signalisation maritime comme aide à la navigation
et à l’approche des côtes. A la frontière entre pays catalan et
français, Leucate se protège, au 18e siècle, des dangers venant
de la mer par la construction de plusieurs redoutes et batteries à la Franqui, dont l’une, communément appelée fanal, sert
également pour les marins. L’étude des fanaux et des phares
de la côte languedocienne doit tenir compte à la fois de ces
deux rôles. La communication optique est opérée dans un sens
mer-terre puis terre-mer, comme à Agde où le relais se fait,
depuis le fort et le feu de Brescou, par la redoute du 18e siècle
dite « tour des Anglais », jusqu’au premier sémaphore du
sommet du Mont d’Agde. Ce dernier est complété, au début
du 19e siècle, par le grand phare majeur d’atterrissage, seul
point de référence alors entre Pyrénées et Provence. Plus tard
encore, ce phare est transformé en sémaphore.
14
Phares du Languedoc-Roussillon
Le fort Brescou par E. Bastide
(19e s.), huile sur toile : on aperçoit
le vieux phare sur le bastion ouest
(Musée agathois Jules Baudou).
Phares du Languedoc-Roussillon
15
Agde (Hérault), plan détaillé du
fort Brescou pour un projet de
travaux de 1898. Le phare est
mentionné en rouge.
On ignore souvent le réseau de défense et de communication établi à partir de 1740 par l’ingénieur militaire JacquesPhilippe Eléonore Mareschal (1689-1778) directeur des
fortiications du Languedoc pour faire face à la menace
anglaise apparue lors du débarquement de 1710. Appuyé sur
la seule île du littoral, Brescou, et les deux monts d’Agde et
de Sète, ce réseau est centré sur le point fort, enjeu majeur,
que constitue alors le port de Sète : le fort Richelieu et sa
défense avancée sur la corniche, le fort Saint-Pierre, pour
protéger le port, lui-même gardé par le fort du môle SaintLouis. Ce système de défense fonctionnait en relais avec une
ligne d’une douzaine de petits fortins édiiés plus tard en bord
de mer. D’allure très médiévale, ils sont dotés de créneaux
sur encorbellements et de meurtrières, conçus pour un petit
groupe de guetteurs chargés d’alerter l’arrière-pays par des
signaux. Ces fortins sont de petits édiices isolés de deux
étages avec terrasse et tourelle à feux. L’alarme est donnée
le jour par un système codé de drapeaux, précurseurs des
sémaphores. Plusieurs ont disparu totalement ou sont en voie
de disparition, comme la Vieille Nouvelle à Port-la-Nouvelle,
ou sont dénaturés comme la redoute de Ballestras à Palavas.
Plusieurs de ces redoutes ont été inscrites au titre des
monuments historiques : dès 1939 comme celles du Mont
Saint-Loup à Agde (dite « tour des Anglais ») et du Castellas
sur le mince cordon littoral entre Sète et Marseillan. Celle
du Grand-Travers à la Grande-Motte a été inscrite en 1996.
16
Phares du Languedoc-Roussillon
Phares du Languedoc-Roussillon
17
Port-Vendres (Pyrénées-Orientales),
fort Fanal : dans la fortiication, le
fanal de 1700, le logement du gardien dans l’ancienne caserne et le
poste allemand de 1940.
Les phares :
définition, chronologie,
typologie et historique
Il est important de déinir précisément ce que l’on entend ici
sous le terme de « phare ». En effet, on confond trop souvent
phare et simple « feu ». Le phare est une tour de signalisation maritime répondant à plusieurs critères dont le principal
est le suivant : il a une fonction d’atterrissage (atterrage) ou de
grande route, c’est-à-dire guider les navires qui croisent encore
loin des côtes. Pour cela, il doit avoir une portée d’au moins 20
milles nautiques (270 km) qui ne peut être obtenue que par une
certaine hauteur de la focale au-dessus du niveau de la mer, ce
qui signiie que la lanterne est placée à 15 m minimum du sol
(la tour est moins élevée lorsqu’elle est établie sur un relief).
De plus, il doit être habitable, ce qui nécessite un logement
pour le ou les gardiens et des magasins. Les simples feux, eux,
ne sont que des balisages d’entrée de port ou de chenaux.
Les phares sont classés à l’origine selon leur rôle et leur portée :
« 1er ordre » (60 km) : phare de pleine mer, guide la phase
d’approche de la côte ;
« 2nd ordre » (40 km) : phare ou feu indiquant les chenaux
d’accès ;
« 3e ordre » (28 km) : phare ou feu balisant l’entrée des ports.
Différents types de constructions correspondent aux quatre
grandes périodes de réalisation des phares :
- Sous l’Ancien Régime, l’éclairage est lié aux places fortes
maritimes, avec des implantations ponctuelles. La signalisation se borne généralement à allumer des feux dans une
fortiication : c’est par exemple le cas du fort fanal de PortLe Grau-du-Roi, phare de l’Espiguette.
Vendres et du premier feu du fort Brescou à Agde.
- Dès la in du 18e siècle, on se préoccupe de l’éclairage systématique des côtes de France. Le 19e siècle est marqué par la création, en 1811, de la Commission des phares. Elle est composée
de marins, savants, militaires, scientiiques et cartographes et
initie cette approche globale et cohérente propre à la France,
à la différence de l’Angleterre où seuls les endroits dangereux
sont signalés. Grâce à l’évolution de la cartographie maritime,
18
Phares du Languedoc-Roussillon
on peut envisager un réseau complet de relais lumineux évitant Feu du môle, Port-Vendres.
toute zone d’ombre pour les navigateurs. Ce grand programme,
véritable chaîne lumineuse continue, est mis en place à partir
du rapport de Rossel en 1825, qui prévoit la construction d’une
cinquantaine de phares et d’une quarantaine de petits feux de
port. Cela est rendu possible par les progrès dans la technique
de l’optique, notamment grâce à la lentille d’Augustin Fresnel,
innovation utilisée dès 1823 à Cordouan. Le service des Phares
et Balises est alors autonome et puissant avec son équipe d’ingénieurs des Ponts et Chaussées et compte jusqu’à six cents
gardiens. Léonce Reynaud, directeur du service, est auteur
d’un traité d’architecture ; son style, adapté à cette technique,
s’impose alors jusqu’en 1880 pour de nombreux phares à terre :
en Languedoc-Roussillon, ce sont les phares du Mont d’Agde, le
premier phare du Cap Béarn et ceux du Grau-du-Roi.
- Vers 1900, sont construits les derniers phares de prestige et
en 1903, l’ensemble du plan d’éclairage des côtes est terminé.
La in du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle (18801940) constituent une période de consolidation de cette longue
et vaste entreprise de signalisation, bénéiciant des avancées
techniques de l’éclairage (on passe de la lampe à huile au
pétrole puis à l’électricité) : des phares monumentaux sont
ajoutés ou viennent en remplacer de plus anciens comme au
Mont Saint-Clair à Sète et au Cap Béar à Port-Vendres.
- Enin, après la Seconde Guerre mondiale, s’ouvre une
phase de reconstruction (cent soixante-dix édiices détruits
en France lors de la retraite allemande doivent être reconstruits). Ceux-ci sont coniés à des architectes et non plus aux
ingénieurs du service. C’est à cette période que sont élevés
ceux du Cap Leucate et du môle Saint-Louis à Sète.
Phares du Languedoc-Roussillon
19
Lentille à échelons,
optique du Cap Leucate.
xxx
Optique du feu
du fort Brescou.
Page suivante :
Optique du phare
du Mont Saint-Clair.
Evolution des techniques des foyers lumineux
De l’Antiquité au 19e siècle,
les combustibles sont le bois,
le charbon, l’huile. A partir de
1839, l’huile végétale de colza
est obligatoire, remplacée
vers 1875 par l’huile minérale
de pétrole. Sont ensuite
utilisés les gaz d’éclairage,
acétylène, vapeur de pétrole
puis l’électricité et le gaz
butane. Aujourd’hui, les
énergies solaire et éolienne
sont également mises à
contribution.
Optique de Fresnel
Pour augmenter la portée de
la lumière, dès le 18e siècle,
à Cordouan (au large de
l’estuaire de la Gironde) des
rélecteurs paraboliques
(miroirs sphériques en cuivre)
sont ajoutés dans la lanterne.
Au début du 19e siècle,
l’optique mise au point par
Augustin Fresnel révolutionne
l’éclairage. Sa lentille à
échelons permet de multiplier
la puissance de la lumière.
Une autre innovation consiste
à jouer de la rotation du
système d’éclairage. Chaque
phare est alors caractérisé
par le rythme de ses éclats :
à la in du 18e siècle, on fait
tourner les rélecteurs autour
de la source lumineuse
grâce à un mécanisme
d’horlogerie à poids ;
l’accélération de la rotation
20
est rendue possible par le
dispositif d’optique lottant
sur une cuve de mercure
pour éliminer frottements et
usure (en voie de suppression
en raison de la nocivité de
cette substance). L’optique
de Fresnel évolue vers une
réduction de la taille des
appareils jusqu’en 1900 ;
il reste peu de dispositifs
d’origine.
Phares du Languedoc-Roussillon
Phares du Languedoc-Roussillon
21
La situation des phares
aujourd’hui et la politique
de protection au titre des
monuments historiques
Le réseau de phares français présente un intérêt historique,
architectural et technique de premier plan au niveau international, pour sa diversité et son maillage géographique
complet et précis. Cette vaste entreprise d’Etat couvre des
réalités très différentes : outre les grands phares emblématiques, des dizaines d’édiices plus modestes mais aussi
les feux, tourelles, amers ou bouées sont administrés par un
service centralisé depuis le début du 19e siècle.
La problématique de patrimonialisation des phares est
apparue il y a une trentaine d’années, initiée par la revue
Le Chasse-marée. L’engouement du grand public s’est développé grâce aux nombreux photographes qui ont révélé
l’aspect monumental et spectaculaire des phares à travers
le monde entier. Leur vision de terrien, et non plus celle
du marin, en a transformé la perception, en en faisant un
Phare de l’île Vierge (Finistère) support identitaire fort. Par ailleurs, l’aide à la navigation
revêtu d’opaline comme celui du par satellite (GPS) modiie profondément le rôle du service
des Phares et Balises, qui n’a plus les moyens d’entretenir
Cap Béar.
des bâtiments annexes désormais inoccupés et se consacre
L’ancien phare du Grau-du-Roi,
à la signalisation élémentaire. En effet, sur les 1800 équidevenu emblème de la ville.
pements de signalisation maritime (phares, feux, tourelles,
amers ou bouées) en France, un peu moins de 50 % sont
des marques actives : les quelque 150 bâtiments de phares
et « maisons-phares », ne représentent que 2 % du corpus
total du balisage lumineux.
Dans les années 2000, sous la pression des associations,
chercheurs et historiens, les ministères chargés de l’équipement et de la culture lancent conjointement une mission
d’inventaire des phares dont les notices sont consultables
sur internet (base MERIMEE). Cette vision plus historique et
technique a abouti à leur patrimonialisation alors qu’ils
étaient largement méconnus et que, jusqu’alors, seuls
quelques phares actifs étaient protégés. Pour assurer la
conservation des monuments sélectionnés dans des conditions compatibles avec leur fonction première, la campagne
22
Phares du Languedoc-Roussillon
Phares du Languedoc-Roussillon
23
Feu solaire de Cerbère, conçu
par l’architecte Lucien Guerra
en 1981.
de protection au titre des monuments historiques a été
réalisée sur plusieurs années. En 2013, 80 phares sont
protégés au titre des monuments historiques en France :
38 classés et 40 inscrits.
En Languedoc-Roussillon, certains phares étaient déjà
inscrits car inclus dans des monuments protégés : le fort
Brescou à Agde (Hérault) et le fort Fanal à Port-Vendres
(Pyrénées-Orientales). La commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 14 juin 2011 a proposé l’inscription de l’ancien phare du Mont Saint-Loup à Agde (Hérault),
du phare du Mont Saint-Clair à Sète (Hérault) et du feu
métallique du môle à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales).
Dans un deuxième temps, après examen par la commission nationale des monuments historiques (CNMH) le 18 juin
2012, l’ancien phare du Grau-du-Roi et le phare de l’Espiguette au Grau-du-Roi (Gard) ainsi que celui du Cap Béar à
Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) ont été classés au titre
des monuments historiques. Seuls ceux du Cap Leucate à
Leucate (Aude) et du môle Saint-Louis à Sète (Hérault) n’ont
pas été retenus.
Le « Grenelle de la Mer » (2009) prévoit des actions de valorisation en coopération entre l’Etat, les associations et les
collectivités. Plusieurs phares ont été, ou vont être, transférés au Conservatoire du littoral ain de les intégrer dans
la gestion de sites naturels sensibles (caps, îles). Malgré
leur obsolescence technique, les phares sont des repères
majeurs qui continuent à signaler la terre aux marins et la
mer aux terriens. Comme le rappelle en 2008 une circulaire conjointe des ministères chargés de l’équipement et
de la culture, « le classement n’est que la première étape
d’un processus de mise en valeur fédérant l’ensemble des
acteurs concernés » : directions interrégionales de la mer,
Conservatoire du littoral, communes et directions régionales des affaires culturelles.
24
Phares du Languedoc-Roussillon
Service des Phares et Balises
Ce service est actuellement
rattaché à la direction des
affaires maritimes et aux
directions interrégionales
de la mer (DIRM) au sein du
ministère de l’écologie, du
développement durable et
de l’énergie. Le LanguedocRoussillon est rattaché à la
DIRM Méditerranée dont le
siège se trouve à Marseille,
avec une antenne à Sète.
L’évolution technologique
des nouveaux moyens de
positionnement électronique
a bouleversé son rôle dans
les dispositifs d’aide à la
navigation ; par ailleurs,
l’automatisation a conduit
à la disparition totale du
gardiennage.
En Languedoc-Roussillon,
dès 1998, un inventaire des
équipements maritimes et
portuaires a été réalisé dans
une optique ethnologique.
Il s’appuie sur des enquêtes
de terrain, destinées à repérer
les éléments maritimes
et portuaires du littoral
languedocien devant
être sauvegardés (lieux
traditionnels d’habitat, grues,
phares…), les pratiques
(prud’homies, lieux de
raccommodage des ilets…) et
les lieux d’exploitation (salins,
Phares du Languedoc-Roussillon
25
ateliers de charpenterie de
marine…). De nombreux
équipements ont déjà disparu
dès la in des années soixante
mais d’autres, en voie de
disparition, sont encore
présents dans la mémoire
de ses anciens acteurs.
Notices sur les phares*
du Languedoc-Roussillon
(par ordre géographique d’ouest en est, selon le plan de la
Commission des phares de 1825, puis par ordre chronologique)
9
8
10
7
Pyrénées-Orientales
1
5
Port-Vendres, feu du fort Fanal
Port-Vendres, phare du Cap Béar
3 Port-Vendres, feu métallique du môle
28
32
38
2
6
Aude
4
Leucate, phare du Cap Leucate
40
Hérault
Agde, ancien phare puis feu du fort Brescou
Agde, ancien phare du Mont Saint-Loup
7 Sète, ancien phare puis feu du môle Saint-Louis
8 Sète, phare du Mont Saint-Clair
42
46
50
52
5
4
6
Gard
9
10
1
2
Grau-du-Roi, ancien phare du Grau
Grau-du-Roi, phare de l’Espiguette
58
62
3
* Les phares ne sont
pas ouverts au public.
classé
inscrit
non protégé
Carte des premiers phares, rapport de 1825.
26
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
27
Port-Vendres
Pyrénées-Orientales
Feu du fort Fanal
Un document rare, conservé aux archives
départementales des Pyrénées-Orientales,
dresse un inventaire du phare le 25 octobre
1830 par l’ingénieur ordinaire J. Brue :
Vue du fort depuis la redoute Béar.
Si la permanence des fortiications sur la côte
rocheuse du Roussillon est dictée par la topographie, à Port-Vendres, le fanal existait bien
avant la construction d’une fortiication. Cette
redoute du Fanal fait partie des ouvrages
réalisés par Vauban entre 1673 et 1700 pour
assurer la défense de la côte. Elle possède
dans son enceinte une tour munie d’un feu,
aujourd’hui signal lumineux d’entrée de port.
En 1776-1777, à la suite d’observations des
capitaines de bateaux, le comte de Mailly
décide de réparer le vieux fanal. La lanterne
est conservée, quelques châssis de bois sont
garnis de verre de Bohème et onze réverbères, qui consomment chacun deux onces
d’huile, sont installés. Le vitrage de l’ancien
fanal est demandé par les Dominicains de
Collioure pour réparer leur église.
En 1829, Becquey, directeur du service des
Phares, informé du mauvais état de la lanterne et l’appareil, demande au préfet de
faire les réparations urgentes en attendant
l’installation d’un nouveau phare au Cap
Béarn, ajournant ainsi le renouvellement de
l’appareil du fanal.
28
« Le phare est situé au nord de l’entrée du port
dans un petit fort où il n’existe pas de local pour
l’habitation d’un gardien allumeur, ni de magasins pour les objets nécessaires à l’entretien
de la lanterne et de l’éclairage. La lanterne est
portée par un prisme de maçonnerie en mortier
de chaux et sable enveloppant un escalier en
vis auquel on arrive par un escalier extérieur
en bois peint à l’huile. La base du prisme est un
carré de 3 m 25 cm de côté, couronné par des
pierres de taille en saillie de 48 cm portant une
balustrade en fer de 1 m de hauteur qui forme
une galerie à l’entour de la lanterne. Deux
contreforts ayant une base de 2 m 50 assurent
la stabilité du prisme dont la hauteur depuis le
sol jusqu’au niveau de la galerie est de 18 m 35.
L’escalier en vis a un diamètre de 1 m 75 dont
25 cm pour le noyau. Il est composé de marches
d’une seule pièce en pierre basaltique d’Agde et
s’élève jusqu’à 17 m 70 au-dessus du sol. … La
galerie porte un octogone en maçonnerie de 1
m 5 cm de coté et 1 m 22 cm de hauteur ... On
arrive au plancher de la lanterne à l’aide d’une
échelle ordinaire formée de 6 échellons (sic).
La lanterne repose sur l’entourage intérieur de
la galerie et sur 8 poteaux encastrés dans les
angles intérieurs de la maçonnerie … La hauteur totale de la lanterne est de 3 m 53…
La lanterne est octogonale, chacun de ses
côtés de 83 cm de largeur est formé d’un
châssis vitré ferré sur des montants dormants portant 12 carreaux en verre double
de 32 cm de hauteur sur 30 de largeur, un
de ces châssis peut être ouvert et permet
ainsi de descendre dans la galerie à l’aide de
2 marches. La couverture de la lanterne en
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
La tour du fanal, côté sud.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
29
forme de dôme hexagonal est en tôle peinte
à l’extérieur, elle pose sur des fermes circulaires en fer au droit des angles et sur
4 cercles horizontaux qui font l’office de
pannes. La lanterne est maintenue par 4
arcs-boutans en fer… Le fanal est supporté
par une tige en fer scellée d’une part dans
le noyau de l’escalier en vis et maintenue
dans son extrémité supérieure au niveau de
la naissance du dôme par des traverses en
fer ; la tige en fer porte 4 cercles espacés
verticalement entre eux de 35 cm au-dessus
du plancher de la lanterne, ils ont ensemble
11 réverbères à mèches plates garnies de
réflecteurs en fer blanc et de cheminées
aboutissant toutes vers une couverture
conique en tôle. Les égouts des réverbères
sont reçus dans un réservoir semi circulaire
en cuivre suspendu au cercle inférieur du
fanal. »
En 1830, l’éclairage se fait toujours à l’huile
d’olive. Le dépôt d’huile est situé loin du phare,
chez le délégué de l’entreprise d’éclairage Jarlier dont un domestique fait ofice de gardien
allumeur ! Il est demandé aux nouveaux entrepreneurs de l’éclairage des côtes de la Méditerranée, Pelais ils et Lieutaud, d’employer
de l’huile de colza, de trouver un gardien, de
le loger dans un local muni d’un magasin et de
remplacer les rélecteurs en fer blanc plat par
des rélecteurs paraboliques en plaques de
cuivre argentées (matériau d’origine).
En 1841, les becs à mèche plate sont remplacés par un appareil à feu ixe. En 1859, comme
les militaires souhaitent déplacer le fanal pour
établir une batterie, le ministère des travaux
publics écrit au préfet : « La Commission des
phares a considéré que la tour du fanal est un
précieux amer de jour, que ce fanal sert de feu
d’atterage
dans
les
circonstances
A gauche, dessin signé de l’ingénieur Figaret, 1813.
Dans la tour, une cavité est creusée pour faire coulisser le poids moteur, qui faisait tourner l’appareil
d’éclairage.
L’optique actuelle.
malheureusement trop fréquentes où le phare du
Cap Béar est masqué par la brume et qu’il ne
pourrait plus remplir ce double office si la hauteur
au-dessus du niveau de la mer était réduite ainsi
que le proposent les services de l’artillerie et du
génie, d’où résulterait un très grave préjudice
pour les intérêts de la navigation. La commission
a en conséquence été d’avis qu’il y avait lieu d’étudier une disposition de batterie qui permette le
maintien du fanal dans sa position actuelle et que
dans le cas où il serait reconnu que les intérêts de
la défense exigent impérieusement le déplacement, cette opération devrait être subordonnée à
la construction de la citadelle de la Mirande ou
d’un amer équivalent et à la translation du phare
du Cap Béar en un point où il se trouverait à l’abri
des brumes ».
En 1855, l’aménagement d’un logement pour
le gardien est réalisé.
Technique
Lorsque le 1er août 1884 la signalisation de l’entrée du port de Port-Vendres est modiiée par
la construction du feu métallique sur le môle,
le feu ixe du Fanal est transformé en appareil
à feu clignotant de Henry-Lepaute ils. C’est
aujourd’hui un feu vert tribord d’entrée de port.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée.
Protection
Inscrit au titre des monuments historiques
par arrêté du 6 juin 1933 : la redoute du fort
Fanal avec son phare en totalité.
[M.F.]
30
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
31
Pyrénées-Orientales
Port-Vendres
Phare du Cap Béar
Un premier phare fut allumé le 1er mai 1836,
installé sur le Mont dit alors Béarn à 800 m au
sud-est de Port-Vendres à l’intérieur du fort. Le
foyer, qui se trouvait à une altitude trop élevée,
était souvent masqué par la brume. Les navigateurs se plaignaient de son ineficacité et du
danger qu’il leur faisait courir. Après avoir étudié diverses modiications et devant la dificulté
d’entretenir un phare dans une enceinte militaire, le service central décide de construire un
nouveau phare à la pointe du cap. L’ancien est
éteint en 1905, lors de l’allumage de l’actuel.
L’emplacement, plus en avant sur la pointe du
cap, est déterminé dès 1901, mais il faut au
préalable construire un chemin d’accès, réalisé
en 1902. Le 2 août 1902, la décision ministérielle
est prise : le nouveau phare d’une portée de 29
milles, dont le foyer doit se trouver à 79 m audessus de la mer, sera une tour carrée au bas
de laquelle on ménagera une plate-forme pour
les bâtiments des gardiens et les magasins.
C’est Marcel Garau, ingénieur ordinaire des
Ponts à Perpignan, qui dessine les plans, sous
la direction de Georges de Joly du service central puis du directeur des Phares et Balises,
Quinette de Rochemont lui-même, qui suit
les travaux de près, corrigeant, expliquant,
conseillant l’ingénieur de Perpignan. Cap Béar
est en effet une des grandes réalisations du
service en ce début du 20e siècle, un des derniers phares monumentaux dans le style du
19e (comme celui de Sète construit au même
moment). Les matériaux, le soin apporté à
leur mise en œuvre, les prouesses techniques
témoignent de la maîtrise et de la puissance du
corps des ingénieurs des Ponts. On emploie des
matériaux solides et riches : granit, marbre,
opaline, chêne. L’habillage de l’intérieur de la
tour en carreaux d’opaline a été expérimenté
aux phares d’Ailly (Seine-Maritime), d’Eckmull
(Finistère) en 1897, de l’île Vierge (Finistère)
en 1900, de la Coubre (Charente-Maritime)
en 1905. Ce revêtement permet le ruissellement de la condensation et doit résoudre les
problèmes d’humidité inhérents à la situation
physique des phares. Joly pousse donc Garau à
envisager la même solution à Béar. La fourniture et la pose de l’opaline sont assurées par la
Compagnie de Saint-Gobain.
Le 15 octobre 1905, le phare est allumé, mais
les travaux ne sont pas terminés et le retard
est attribué à l’entrepreneur Bringer. Le 14
novembre 1905, restent à poser les lambris
des deux chambres, la rampe d’escalier et
des iltres de la citerne pour l’approvisionnement en eau des logements. « Le revêtement
en opaline est terminé à l’exception d’une vingtaine de plaques qui se sont brisées en cours de
route. Celles que la Société de Saint-Gobain va
envoyer pour les remplacer seront posées en
même temps que le plafond. ». En juin 1906,
les travaux sont achevés. En 1931, un radiophare de brume est installé en ixant des
câbles entre le magasin du phare et le soubassement de la lanterne. L’électriication
Photographie de 1906 (Archives Nationales).
32
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
33
date de 1946. En 1950, on reconstruit le radiophare, le bâtiment des machines, un logement pour le personnel de passage, le portail
et le mur de clôture.
Au Cap Béar, la création de deux plates-formes
permet d’isoler de la tour les logements et
les annexes, situés en contrebas. Ici, les
gardiens doivent monter l’escalier du glacis
avant celui du phare. Mais nous sommes loin
des 300 marches de certains phares bretons !
La tour, haute de 27 m, est pyramidale à section carrée. Son soubassement monumental
en pierre de taille est construit en granit de
Roquefort (Aude), le fût en moellons roses et
les chaînes d’angle en granit. Comme à Sète
ou à l’Espiguette, la partie supérieure forme
un encorbellement : de faux mâchicoulis supportent une balustrade en pierre de taille. La
particularité de l’édiice réside dans son fût
circulaire totalement recouvert de carreaux
d’opaline jusqu’au plafond sous la chambre de
veille. L’atmosphère marine que l’on y ressent
est accentuée par les relets incertains de la
lumière sur les parois bleu ciel. Le sol du vestibule est recouvert d’une mosaïque, fournie
par la maison Fourcade Abblard de Perpignan,
ornée d’une étoile, d’une frise de grecques et
d’un cartouche marquant le seuil de la date de
construction « 1905 ». L’escalier à vide central
s’élève en spirale contre la paroi de la tour,
avec ses marches en marbre incarnat de Villefranche-de-Conlent et sa rampe en laiton.
La chambre de service avait reçu un « revêtement en chêne à grand cadre » sur toute
la hauteur et un parquet de chêne à point de
Hongrie. Elle est éclairée par des lucarneaux.
Un escalier en bois permet d’accéder à la
chambre de l’appareil, où se trouve la cuve à
mercure portée par 3 colonnes qui fait tourner l’optique. Un escalier métallique donne
accès au niveau de la lanterne. La tourelle est
construite en maçonnerie de granit, le couronnement et la plinthe sont en pierre de taille.
La partie métallique s’élève de 4,50 m au-dessus de ce couronnement, elle y est encastrée
par douze montants verticaux descendant
jusqu’au plancher (constitué de poutrelles IPN,
supportant l’optique). C’est une lanterne de la
maison Barbier Bénard et Turenne de 3 m de
diamètre. Son vitrage cylindrique comporte 3
niveaux de carreaux. Elle est terminée par une
coupole à boule et décorée de gueules de lions
en jets d’eau, selon le modèle très en vogue
dans la deuxième moitié du 19e siècle, comme
au Mont Saint-Clair.
Plan, coupe et élévation (Archives du service des
Phares et Balises).
Détails de la marqueterie de la chambre de veille
(Archives du service des Phares et Balises).
Opaline et marbre rose.
34
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
35
xxxmontage de l’appareil
Le
D’août à octobre 1905,
Huet, le monteur dépêché
par le service central pour
l’installation de l’appareil
d’éclairage, informe Paris :
« le soubassement de
l’appareil est en place depuis
le 31 juillet. Le montage de
la lanterne a été commencé
le lendemain mais nous
avons eu cette semaine 3
journées de vent violent
qui ont empêché d’avancer
le travail. Je me suis mis
d’accord avec M. Garau sur
le parcours à faire suivre aux
ils des sonneries d’appel
des gardiens ; je vais sauf
contre-ordre commander
directement à M. Esquerré
qui les livrera au Dépôt,
les sonneries, ils, etc.
nécessaires pour cette
communication électrique.
Je porterai la dépense sur
mon carnet et je transmettrai
la facture à M. l’ingénieur.
(Pour l’Ailly les fournitures de
même nature ont été prises
en charge par le service
central) »
désireux de bien faire ; je
crois qu’il pourra assurer
le service dans de bonnes
conditions. »
de rotation mais ils ne sont
pas assez avancés pour que
je puisse proposer une date
pour l’allumage. L’opaline est
arrivée à pied d’œuvre. »
28 août 1905
« La lanterne est achevée et
le montage de l’optique est
commencé. Le menuisier
chargé de préparer les
menuiseries de la chambre
de la lanterne et de la
chambre de service m’a
prévenu qu’il ne les posera
qu’à la in de septembre,
il doit au contraire poser
prochainement les croisées
de la tour. L’opaline doit
arriver ces jours-ci en gare
de Port-Vendres. »
20 septembre 1905
« Les essais de rotation ayant
donné de bons résultats
j’ai écrit à M. Garau pour
lui demander s’il verrait
un inconvénient à ce que le
phare soit mis en route le
15 octobre, le délai lui paraît
un peu court… Les travaux
de menuiserie et de pose
de l’opaline ne seront pas
terminés et pourront causer
une certaine gêne ; il sera
surtout dificile de mettre la
machine et l’appareil à l’abri
de la poussière mais je crois
7 septembre 1905
qu’avec des précautions le
« Le montage est terminé
phare pourra fonctionner
sauf la mise en place du
pendant l’exécution de ces
mercure et du poids moteur.
Les essais de l’incandescence travaux. »
sont commencés. La pose
des menuiseries de la tour
n’étant pas commencée j’ai
dû pour mettre les appareils
à l’abri de la poussière et du
vent, faire faire un plancher
provisoire dans la chambre de
14 août 1905
« Le montage de la lanterne la lanterne, avec des planches
est poussé aussi activement provenant des caisses
d’emballage, et fermer par
que possible mais le vent
une trappe la pénétration de
nous oblige souvent à
abandonner le travail ; depuis l’escalier dans cette chambre.
L’opaline n’est pas encore
le 3 août nous perdons
arrivée à Port-Vendres. »
plus d’un jour sur deux ! Il
reste à poser les fuseaux,
16 septembre 1905
le piédouche etc. et les
glaces. Le futur chef gardien « Le montage est terminé.
J’ai commencé les essais
est intelligent ; il est très
36
Phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares
Un talus fait le lien entre la plate-forme supérieure, où se trouve le phare, et la plate-forme
inférieure où sont construits les bâtiments annexes. Un escalier droit est situé dans l’axe de
la maison des gardiens et de la porte du phare.
Le service de l’ancien phare du Cap Béar étant
assuré par 3 gardiens (Raynal, Badie, Fajal), le
projet comportait donc 3 logements. Finalement, seuls deux sont construits dans un long
bâtiment en rez-de-chaussée, aux façades enduites, avec chaînages d’angle et encadrement
de baies en pierre de taille. Le même traitement
soigné est donné au bureau des gardiens, où
sont aujourd’hui installés machines informatiques (DGPS) et accumulateurs, et au magasin,
devenu salle des machines puis radiophare.
[M.F.]
Technique
D’une portée de 30 milles, le phare du Cap
Béar est équipé d’une lentille à 3 panneaux
créant 3 éclats blancs successifs toutes les
15 secondes. Elle est mue par sa cuve à
mercure d’origine. Le brûleur à vapeur de
pétrole, mis en place à l’origine, fut remplacé par un brûleur à acétylène puis par une
lampe incandescente électrique. Pendant
l’Occupation, en 1944, le phare est électriié
grâce à un groupe électrogène, puis en 1947
l’électricité est amenée de Port-Vendres par
une ligne de 3,2 km. Les lampes de 6 000
watts ont été remplacées par des ampoules
halogènes de 1 000 w. En 2004, le remplacement complet de l’armoire de commande,
des batteries, des moteurs de rotation et des
groupes électrogènes a permis la mise en
service d’une ampoule de 400 w.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement
durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée.
Protection
Classé au titre des monuments historiques
par arrêté du 9 octobre 2012 : le phare en
totalité, les logements et les bâtiments techniques (façades et toitures), le mur de clôture,
le sol de la cour ainsi que le terrain d’assiette.
Cuve à mercure.
Lentille.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
37
Pyrénées-Orientales
Port-Vendres
Feu métallique du môle du port
L’entrée du port de Port-Vendres a toujours
été dificile. Plusieurs feux y sont installés.
Le plus ancien est celui de la redoute du Fanal, dans la fortiication de Vauban construite
vers 1700. Vers 1880, à la demande de la
compagnie générale transatlantique dont les
paquebots venant d’Algérie font leur entrée
de nuit et trouvent la passe mal signalée,
le service des Phares décide de modiier
les différents feux et d’en installer un nouveau sur le musoir du môle. Pour éviter les
conséquences d’un tassement à prévoir dans
les fondations du môle, établies simplement
sur des blocs artiiciels, le phare doit être le
plus léger possible. Le mode de construction en maçonnerie est donc écarté au proit de l’utilisation du fer. Il existe alors des
phares métalliques entièrement assemblés
à Paris, transportés en pièces détachées,
puis remontés comme le phare Amédée en
Nouvelle-Calédonie, haut de 45 m présenté à
l’Exposition universelle de Londres en 1862,
ou le phare breton des Roches-Douvres à
l’Exposition universelle de Paris de 1867. Ici,
le parti est différent, les ingénieurs des Ponts
et Chaussées décident d’élever le feu et la
chambre de veille au sommet d’une charpente métallique : il s’agit d’une tourelle assez légère et non d’un phare monumental. Le
plan général de construction est dressé le 27
juillet 1881 par l’ingénieur ordinaire local F.
Cutzach, vériié par l’ingénieur en chef Parlier. Mais c’est Léon Bourdelles, ingénieur en
chef de l’inspection des Phares et Balises à
Paris qui propose neuf planches de dessins,
signées le 15 mai 1882, présentant un projet
très proche de ce qui sera exécuté 3 ans plus
tard. La tourelle métallique était prévue sur
plan carré reposant sur quatre piliers, alors
qu’elle a été construite sur plan hexagonal à
six piliers. Dans un premier temps, la maison
38
Barbier et Fenestre, rue Curial à Paris, doit
fournir uniquement un appareil de 0,375 m de
diamètre à feu ixe et une lanterne circulaire
de 1,60 m de diamètre avec soubassement en
fer pour 5 673, 92 francs (paiement approuvé
par le ministre des Travaux publics le 10 septembre 1884, transmis à l’ingénieur en chef
Lucas le 6 octobre 1884). Puis en mars 1885,
l’ensemble de la construction du feu avec la
tourelle métallique devant supporter la lanterne est adjugé à Barbier et Fenestre. L’intérêt de ce petit feu métallique réside dans
sa rareté en France, puisque seul subsiste le
phare en mer de Walde, près de Calais, mais
qui est constitué de montants inclinés entretoisés et est éteint depuis 2001.
Installé au bout de la jetée, haut de 16,30 m,
ce feu métallique est posé sur un massif de
maçonnerie de 3 m de haut, de forme hexagonale en pierre de taille et remplissage de
petits moellons. La tourelle est constituée de
six piliers en fonte soutenant une partie pleine
où se trouve la chambre de veille, à laquelle on
accède par un escalier en colimaçon ixé par
d’épais colliers en fer sur un axe central montant de fond jusqu’à la chambre. Les marches
de cet escalier, ajourées et repliables, sont
conçues pour être escamotables en cas de
forte tempête. Un article de La Science illustrée, en 1890 explique que « les contremarches
sont en fonte évidée et mobiles autour du noyau,
elles reposent chacune sur quatre tenons qui
permettent de les faire pivoter sans que le
poids des contremarches supérieures fasse
un obstacle au mouvement. Les marches et la
rampe sont démontables. Le gardien du phare
peut les enlever rapidement et orienter les
contremarches suivant la direction des lames
prévues. » Malheureusement, cette précaution ayant disparu, en décembre 2008, les
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Dessin de l’ingénieur Bourdelles (Archives Nationales).
Tourelle dépourvue de son escalier central.
vagues ont projeté des rochers avec une telle
force que l’escalier s’est littéralement vrillé
et déchiqueté. Une nacelle est désormais
nécessaire pour réaliser l’entretien, l’escalier
enlevé jusqu’à ses derniers vestiges laisse un
ventre vide au centre de l’édicule. Une marche
conservée dans le fort Fanal grâce à la vigilance de J.-L. Conte, technicien de la DIRM,
permettra sans doute d’envisager une restauration à l’identique.
La chambre de service hexagonale, à parois
intérieures métalliques, sol et plafond en bois,
est vide, à l’exception de l’armoire électronique
ixée au centre. Une fenêtre l’éclaire au sud ;
un escalier intérieur permet l’accès à l’appareil
sous la coupole métallique. La lanterne est entourée d’une galerie extérieure à garde-corps.
Technique
Le 1er avril 1885, un feu ixe rouge Barbier
est installé, remplacé le 1er novembre 1906
par un appareil Luchaire, de mêmes caractéristiques : feu permanent à 3 occultations
rouges, d’une portée de 11 milles. Après la
tempête de 2008, il est modernisé par le passage au solaire.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée, gestion par le Conseil général des
Pyrénées-Orientales.
Protection
Inscrit au titre des monuments historiques
par arrêté du 12 octobre 2011 : en totalité.
[M.F.]
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
39
Aude
Leucate
Phare du Cap Leucate
Longtemps, entre le Mont d’Agde et le Cap
Béar, le seul guide lumineux pour les navires
venant de Marseille est le feu de La Nouvelle,
près de Narbonne. Sa portée et sa puissance
insufisantes nécessitent son transfert qui
est envisagé dès 1888 au sommet de la falaise du Cap Leucate. L’approbation ministérielle de la création d’un phare de 1er ordre
au Cap Leucate date du 11 mars 1889, mais
il faut attendre la destruction du feu de la
jetée de La Nouvelle par les Allemands lors
de leur départ pour que le transfert soit décidé le 4 septembre 1945. Le 26 avril 1946,
la commune cède à l‘Etat un terrain de 30 m
par 20 sur le plateau de Leucate. Le 29 mai
1946, le service central des Phares et Balises
établit un programme destiné à l’architecte,
mentionnant de construire « en moellons
ordinaires sans dépenses proprement architecturales importantes ». Comme tous les
phares de la Reconstruction, c’est en effet
40
un phare d’architecte construit par Henri
Gibert (1895-1951), installé à Narbonne et
associé à Georges Legendre. Cet architecte a
construit les caves coopératives de Luc-surOrbieu (1933), Argeliers (1933), Narbonne
(1935), Montredon (1939), Cuxac (1936),
Gruissan (1947) et des demeures privées
dont un bel immeuble à mosaïque au 27 bd
Général-de-Gaulle à Narbonne, ainsi que le
monument aux morts de Fabrezan (1927) et
le monument commémoratif au Dr Ferroul
à Narbonne en 1933. Son projet est daté du
26 juillet 1848. La construction a débuté en
1949. A la suite d’une erreur de calcul de la
cote de nivellement du terrain naturel, pour
que le plan focal soit bien à 66 m au-dessus
de la mer, le service des Phares et Balises
décide la surélévation de la tour de 5 m (sur
projet du 4 février 1949). La pose de la lanterne a lieu en février 1951, le phare est mis
en service en 1951.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Composé classiquement d’une tour et de
bâtiments annexes, ce phare offre une masse
assez compacte destinée à résister au vent
violent qui sévit 300 jours par an. Une tour
pyramidale haute de 19 m 40 est construite
en moellons avec chaînes d’angles en pierres
de taille de Lapalme. A l’intérieur se trouve
un escalier hélicoïdal en béton, à marches
préfabriquées en ciment armé. C’est le noyau
de l’escalier qui porte une plate-forme en
béton sur laquelle est posée la lanterne. Des
consoles en pierre de taille supportent une
rambarde métallique. Au pied de la tour, un
bureau hexagonal est placé en avancée, en
façade. La porte d’entrée et les fenêtres sont
au sud. Les bâtiments annexes sont groupés
au pied de la tour : magasin, salle des machines, salle d’accumulateurs. Ils sont couverts de charpentes en béton. Légèrement
à l’écart, le logement du gardien est conçu
pour cinq personnes, pourvu d’un impluvium
et d’un réservoir, car, comme à l’Espiguette
en 1869 ou à Cap Béar en 1905, il n’y a pas
d’eau à l’emplacement choisi pour le phare.
Il est, par contre, équipé de dépendances :
buanderie, bûcher, cellier et poulailler. Les
bâtiments sont disposés de façon à créer des
espaces protégés du vent pour le confort du
gardien. L’ensemble est très homogène et
caractéristique de l’architecture des années
1950, malgré la touche néo-médiévale de la
partie haute de la tour.
Situé dans le site inscrit du Cap Leucate et
le parc naturel régional de la Narbonnaise,
le phare bénéicie d’un emplacement exceptionnel le long d’un sentier de randonnée très
fréquenté en bordure de falaise.
Technique
La lanterne métallique rouge à vitrage cylindrique et l’optique Sautter-Harlé d’origine
sont toujours en place. Le feu est tournant,
à deux panneaux en forme de V. Il émet deux
éclats réguliers blancs toutes les dix secondes. Sa focale est de 0,25 m, sa portée de
20 milles.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement
durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée.
[M.F.]
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Escalier de la tour.
41
Hérault
Agde
Ancien phare du fort Brescou
Le site de l’antique ville d’Agde, l’Agathé
grecque, point névralgique des communications de toute cette région, se trouve au bord
du leuve Hérault en retrait dans les terres.
L’avancée volcanique du Cap se prolonge en
mer par l’îlot rocheux basaltique de Brescou.
Sur tout ce littoral lagunaire languedocien,
c’est le seul point stratégique en mer fortiiable. Dans le dernier quart du 16e siècle, le
Maréchal Guillaume de Joyeuse, lieutenant
général du Languedoc, établit là un point fort
contre la menace protestante. Au début du
17e siècle, Henri Ier de Montmorency renforce
ce dispositif mais, en 1632, après l’exécution
d’Henri II de Montmorency, Richelieu donne
l’ordre de raser le fortin. Cette destruction
n’est apparemment que partielle car, en
1634, dans le cadre d’un vaste projet de port
(non réalisé), sa jonction avec la terre par une
longue jetée avait été envisagée.
Le rôle de Brescou comme véritable signalisation maritime n’apparaît qu’à partir du
18e siècle, avec l’ingénieur militaire Mareschal qui en fait un point fort dans le réseau
de contrôle des côtes, échelonné de l’Aude
jusqu’au Gard, pour surveiller la mer après
le débarquement anglais de 1710. Brescou
communiquait avec les redoutes relais :
notamment la tour dite « des Anglais » sur
le Mont Saint-Loup. II s’agit alors d’une
simple plate-forme installée sur le bastion
sud-est pour allumer un foyer. Au 19e siècle,
le programme d’éclairage des côtes de
France ne prévoit, entre le Roussillon et la
Camargue, pour tout le Languedoc, qu’un
seul phare de 1er ordre. Il est installé sur le
secteur d’Agde. Balthazar Jordan, dans son
Histoire de la ville d’Agde écrit « Le rocher
même de la Lauze, caché dans l’eau à l’est
et à 1200 m du fort Brescou pourrait offrir
un emplacement convenable pour élever
42
un phare ». En 1826, le rapport des Ponts
et Chaussées indique qu’on doit établir
à Brescou ou sur la « butte d’Agde » un
phare tournant à huit lentilles de 1er ordre.
Le choix se porte en fait sur le Mont SaintLoup où le grand phare est édiié en 1836,
étroitement associé à celui de Brescou qui
devient un simple feu ixe et mis en service
simultanément en 1836. Il est amélioré en
1860 (10 m de haut et 10 milles de portée).
Le bâtiment actuel est reconstruit en 1900
par l’entreprise de travaux publics Auguste
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Aujourd’hui, la tourelle du vieux phare a perdu son couronnement.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
43
Le dernier gardien de Brescou
Du premier feu du 19e siècle, il subsiste
une simple tourelle cylindre tronconique,
en maçonnerie de basalte (à l’origine d’une
hauteur de 18 m pour une portée de 3 lieues
ou 9 milles) qui a perdu son couronnement
en galerie encorbellée. Sur la terrasse
circulaire de la grosse tour sud, vraisemblablement vestige du fort primitif, la tour
cylindrique actuelle, peinte en blanc, est
couronnée d’une galerie en encorbellement avec sa lanterne peinte en rouge. Elle
mesure une douzaine de mètres de hauteur
(22 m au-dessus de l’eau).
[Y.C.]
Technique
Les deux tours : ancien phare en basalte et actuel
au second plan.
Tarnaud d’Agde avec Jules Aroles comme
ingénieur ordinaire et Pierre Elie Guibal
pour ingénieur en chef (mise en service le
1er mars 1901). Le fort, utilisé comme prison
d’Etat, dépend de l’armée puis devient civil
à partir de 1889. Il est désaffecté, à l’exception du feu toujours utilisé par le service des
Phares et Balises.
Les rochers volcaniques de Brescou, partie
émergée de dangereux hauts-fonds, forment
un petit îlot de 0,5 ha à quelques encablures
au large du Cap d’Agde, à 3 milles marins de
l’embouchure du leuve Hérault.
44
Le feu est blanc émettant des éclats rouges
toutes les 5 secondes pour une portée de 13
milles pour le secteur blanc et 10 milles pour
le rouge. En 1970, un aérogénérateur est mis
en service : le feu devient à deux éclats toutes
les 6 secondes, secteurs blanc et rouge.
Comme toutes les lanternes avec leur équipement technique, celle-ci est coniée à une
entreprise nationale (une plaque mentionne
« Barbier et Ménard, constructeurs, Paris »).
Propriétaire
Commune.
Protection
Inscrit au titre des monuments historiques
par arrêté du 10/05/1996 : le fort, y compris
son phare.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
1958, Julien Ricard prend
naturellement sa succession
car il connaît le métier, ayant
exercé déjà comme auxiliaire
durant les vacances de son
prédécesseur.
Il s’installe alors sur l’île avec
sa femme Jeannine dans la
maison du gardien durant
presque deux ans. Leurs
deux ils, Alain et Robert, sont
coniés aux grands-parents
tantôt à Marseillan, tantôt à
Clermont-l’Hérault. La maison
est grande mais spartiate :
« trois chambres, deux
cuisines, un poêle à charbon
pour chauffer le tout en hiver,
mais pas de douche. Le toit de
la maison récupérait l’eau qui
était entreposée dans la citerne
et il y avait toujours le puits… Il
y avait une pompe qui assurait
l’approvisionnement en eau
courante. Une fois par semaine
A cette époque, le phare
fonctionne à l’électricité fournie on allait au ravitaillement en
par trois groupes électrogènes barque et on ramenait les
vivres, des légumes, du pain
et des batteries de secours
mais surtout des biscottes
automatiques. Néanmoins,
parce qu’elles se conservent
il faut encore qu’un homme
reste sur place pour remonter plus longtemps ». Deux poules
fournissent les œufs. Julien
le mécanisme à la manivelle
comme une pendule car c’est pêche aussi pour améliorer
un poids suspendu qui assure l’ordinaire des repas :
le mouvement de l’installation. langoustes (nombreuses à
C’est un phare blanc côté mer l’époque), loups, muges, etc. Il
n’y a que peu de distractions :
et rouge côté terre. Le travail
la radio pour correspondre
du gardien consiste, outre
avec Sète, parfois, durant l’été
les vériications de l’engin,
quelques touristes venant du
à remplir les réservoirs des
groupes et surtout à veiller sur Grau d’Agde ou la famille qui
vient passer quelques jours.
l’ampoule. Lorsque l’ancien
« Le plus dur, c’était l’hiver,
gardien, Jean Hirailles,
il nous est arrivé de rester
part pour le Grau d’Agde en
Julien Ricard est patron
pêcheur depuis 1941. En
1954, il s’établit au cap d’Agde,
alors lieu isolé où habitent
seulement cinq familles, sur
la falaise au-dessus de la
Plagette dans la « maison du
passeur ». Il amène au gardien
du phare, qui communique
avec lui par mouvements de
drapeaux, tout ce qui lui est
nécessaire, le plus souvent
les bidons de 50 litres de
pétrole qu’il doit, après les
avoir descendus du haut de la
Plagette, mis dans la barque et
débarqués sur l’îlot, faire rouler
jusqu’au pied de la tour. « Il y
avait heureusement un treuil
à côté de l’embarcadère de
Brescou qui aidait à remonter
la barque sur des rails ain de
pouvoir transvaser… ».
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
45
bloqués toute une semaine,
mais je n’ai jamais langui… »
déclare Jeannine. Au bout de
deux années, le progrès arrive
avec l’éclairage au gaz.
La famille se réunit à nouveau
dans la « maison du passeur »
mais Julien reste le gardien
du phare, car si le gaz est un
progrès, il ne règle pas tout.
Il faut être présent lors de la
livraison du gaz par le bateauciterne de Marseille, toujours
entretenir la machinerie et
surtout surveiller l’allumage
depuis la côte. « Il sufisait
qu’un papillon entre dans la
lanterne pour faire sauter le
manchon d’éclairage ». Dans
ce cas, et par n’importe quel
temps, Julien prend son bateau
et rejoint Brescou pour réparer.
Ce « sacerdoce » dure jusqu’en
1989, lorsqu’il prend sa retraite
au moment de l’automatisation
complète du phare.
Entre temps, avec ses enfants,
il est retourné à son premier
métier, passeur, mais, cette
fois, de touristes. C’est en
effet avec sa famille qu’il crée
la première compagnie de
bateaux de promenade avec
le « Jacqueline », bateau qui
emmenait, depuis le Cap d’Agde,
ses trente-cinq passagers à la
découverte de Brescou.
D’après un article de
Laurent Gheysens, service
communication de la ville
d’Agde, publié dans le journal
de la ville d’Agde, n° 39.
Hérault
Agde
Ancien phare du Mont Saint-Loup
Ce site stratégique, constitué par l’embouchure du leuve côtier Hérault, est protégé
depuis le 16e siècle par le fort et signalé par
le feu de l’îlot Brescou ; le système de signalisation et de fortiication est complété, au
18e siècle, par un fanal en retrait de la côte,
sur le cône basaltique du Mont Saint-Loup
(tour inscrite au titre des monuments historiques). Ce complexe fortiié d’Agde est un
des maillons du programme de surveillance
des côtes établi par l’ingénieur Mareschal.
Dans le programme de Rossel de 1825,
instituant le réseau cohérent d’ensemble
des 49 phares, figurent deux grands projets pour le Languedoc-Roussillon : le
« Cap Béarn » (Cap Béar à Port-Vendres,
reconstruit en 1905) et la « butte » ou le
« mont » d’Agde, qui est le seul des deux
subsistant de cette époque, bâtis sur le
même modèle. Ils font partie des dix premiers grands phares d’atterrissage de 1er
ordre de France.
Décidée en 1829, la construction débute en
1832 avec un premier bâtiment, initialement
implanté plus à l’ouest de l’ancien ermitage, et
la tour en 1834, sous la direction de l’ingénieur
Lemoyne, de Sète. Sur place, le conducteur
des travaux se nomme Nègre ; il travaille avec
l’entreprise adjudicataire Alexandre Armand
ils et l’entrepreneur Corone pour la fourniture
de la pierre de la carrière Notre-Dame. La
mise en service a lieu le 1er mai 1836 comme
l’indique la date portée au fronton. Lors de la
mise en service du phare du Mont Saint-Clair à
Sète en 1903, le phare du Mont Saint-Loup est
transformé par la marine nationale en sémaphore (un premier sémaphore avait déjà été
ajouté dans l’enceinte sud-ouest dès 1860 et
un électro-sémaphore nouveau est adossé à
l’extérieur de l’enceinte en contrebas, au sud).
Désarmé, utilisé par les Affaires Maritimes à
partir de 1970, rénové en 1988, il est fermé en
2000. Toujours propriété de la Marine, le lieu
est utilisé par le service des Phares et Balises
et par la police municipale.
En retrait de la côte, le cône basaltique du
Mont Saint-Loup domine de ses 115 m la
plaine agathoise et l’embouchure de l’Hérault au niveau de l’actuelle cité balnéaire du
Cap d’Agde. Alentour, le Conservatoire du littoral contrôle d’importantes zones humides
autour de la réserve naturelle du Bagnas.
Le phare du Mont Saint-Loup est un témoin du
modèle des premiers grands phares de Méditerranée (comme Cap Camarat à Ramatuelle,
Porquerolles et les phares corses ajoutés plus
tard au programme initial ; c’était également le
plan du premier phare du Cap Béar, disparu).
46
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Elévation et coupe (Archives Nationales) : noter la
citerne en sous-sol.
Carte postale, années 1900 : la lanterne domine
encore la tour.
Porte d’entrée avec la date de 1836 gravée dans le
basalte du linteau.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
47
salle des machines (la lanterne jadis équipée
d’une lentille de Fresnel a disparu). Les coupoles plates appareillées séparant les niveaux
de la tour sont traversées par une étroite vis
d’escalier. L’architecture, d’une remarquable
qualité de mise en œuvre, en est simple, fonctionnelle et solide avec des murs épais, talutés
et des structures soulignées en pierre de taille
de basalte (corniche, corbeaux, parapet, chaînages et arêtes des voûtes).
[Y.C.]
Technique
A l’origine, le feu est tournant de minute en
minute, alors équipé d’une lentille de Fresnel
(disparue) ; sa portée était de 27 milles.
Propriétaire
Etat, marine nationale.
Protection
Inscrit au titre des monuments historiques
par arrêté du 12 octobre 2011 : en totalité.
Cette maison-phare est entourée d’une enceinte munie de fausses meurtrières, rappelant
l’architecture fortiiée des redoutes militaires,
qui cache en son centre la tour carrée massive,
car élevée de seulement 14 m par rapport au sol
mais dressée sur une hauteur dégagée, culminant à 126 m au-dessus du niveau de la mer. Le
sous-sol abrite une citerne ; le rez-de-chaussée se divise symétriquement en huit salles,
avec cuisine et réfectoire, voûtées sur croisées
d’arêtes. Le hall ouvre sur un escalier menant
à l’étage de la salle de veille, surmontée de la
48
Intérieur du hall central, chaînage en basalte.
Tour carrée centrale : au-dessus, la cage en verre
du dernier sémaphore (abandonné).
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
49
Hérault
Sète
Ancien phare, feu du môle Saint-Louis
La ville de Sète est créée en 1666 à l’initiative de
Colbert. Paul Riquet cherche un débouché sur la
Méditerranée pour le Canal du Midi et Louis XIV
a besoin d’établir une rade pour les galères
royales et un port d’exportation des produits du
Languedoc. Le Chevalier de Clerville identiie le
Cap de Sète comme le site le plus approprié. Les
travaux du port commencent par le môle SaintLouis avec les premiers enrochements : la jetée
de 650 m protège l’entrée du vieux port, ferme
le côté sud-ouest du nouveau bassin et un large
chenal mène à l’étang de Thau. Une tour fanal
ronde est élevée dès 1684 selon le projet de 1673
des ingénieurs Delafeuille et Morgues. Le môle,
mal conçu, doit être reconstruit, surmonté d’un
bastion avec batterie de canons. Cette première
tour est rasée en 1690 puis reconstruite selon
un projet d’Antoine Niquet, ingénieur du Roi :
elle s’élève de 7 toises (environ 14 m) et est
munie de lampes à huile logées dans une petite
lanterne en métal.
Vers 1720, une nouvelle tour, carrée, de 18 m
de haut, est établie dans l’enceinte du fort : elle
est accompagnée d’un corps de garde avec un
magasin à poudre. Elle est remplacée par une
autre tour carrée plus haute, en retrait, à l’angle
de l’ancien corps de garde, dégageant la batterie à l’avant (subsistance d’un pont-levis) :
la construction rustique en gros moellons de
pierre de taille traverse les siècles ; elle est restaurée plusieurs fois, surélevée à 25 m. Le phare
de 1771 est le premier en France à être équipé
avec une haute lanterne vitrée comme un réverbère, abritant une lampe à huile, à rélecteurs
en cuivre argenté, par la compagnie TourvilleSangrain (24 rélecteurs sur 3 rangs), qui obtient
à cette époque la concession de tous les phares.
En 1830, un phare à feu ixe de 25 m de hauteur, portant à 12 milles, est installé à l’extrémité orientale sur le musoir du môle. En 1861,
une nouvelle tour est bâtie sur un projet de
1859, sur le modèle de Léonce Reynaud : elle
est cylindrique, en pierre de taille de Cassis
de 30 m de hauteur, exceptionnelle en France
pour un tel feu, surélevée de huit marches sur
une vaste esplanade circulaire. Elle est de
style néo-classique avec un portail à fronton
triangulaire (avec maison de gardien sur la
jetée). La puissance de son feu est augmentée
par une nouvelle lentille de Fresnel.
Cette dernière tour est détruite le 19 août
1944 par fait de guerre. Un feu provisoire est
mis en place dès 1945 mais sa reconstruction
à l’identique dure de 1946 à 1948, à partir des
fondations demeurées intactes en partant de
la 3e assise (les autres bâtiments sont démolis). Le feu fonctionne dès 1949. Les auteurs
en sont Favier, architecte, Deyme, ingénieur
en chef, Molo ingénieur subdivisionnaire,
R. G. de Loubresse, ingénieur d’arrondissement, avec pour entrepreneurs Guinet et
Mazza Ricardo (exploitant des carrières de
basalte de Saint-Thibéry mais qui va prospecter pour le matériau dans l’Isère, aux carrières de calcaire de Montalieu).
Il s’agit aujourd’hui d’un simple feu d’entrée
de port, circulaire et légèrement tronconique, la tour en pierre de taille mesure
6,50 m de diamètre à sa base et 4,75 m à
son sommet qui culmine à 33,5 m (35,85 m
au-dessus de la mer avec une focale à 29,8
m). Elle comprend une chambre de service
et une chambre pour les appareils, plus la
lanterne, desservies par un escalier hélicoïdal de quatre-vingt-quatorze marches avec
rampe en ferronnerie de bronze et laiton
(des établissements E. Borderel et Robert à
Paris) poursuivie par une échelle de fonte.
La galerie extérieure de 1 m de large avec
balustrade est soutenue sur un encorbellement. L’ensemble, y compris l’escalier, est
en pierre. La porte à l’ouest et le perron de
huit marches sont idèlement copiés sur
l’ancien phare néo-classique ; la tour est
éclairée par quatorze fenêtres dont dix pour
le fût et quatre pour la chambre à lambris de
chêne. A l’étage, le plafond est en coupole
plate en bois ; la salle de veille présente un
plancher à lattes rayonnantes.
[Y.C.]
Entrée monumentale avec porte à fronton néoclassique daté 1948.
Technique
La première optique de 1861 est un feu ixe
blanc puis, en 1902, le feu devient à 3 occultations toutes les 18 secondes ; la focale de 0,50 m
est à secteur blanc et rouge ; en 1933, le feu
passe à 3 occultations toutes les 15 secondes ;
en 1948-49, le feu est à 4 éclats groupés normaux toutes les 12 secondes ; la lanterne rouge
répond au standard Sautter-Harlé. L’optique
est en verre taillé de focale 0,25 m sur support
à entretoises métalliques. La portée est de 11 à
15 milles. Le combustible est successivement
l’huile végétale (1861), puis minérale (vers
1875) avant de passer à la vapeur pétrole en
1908. En 1770, pour éviter que le vent n’éteigne
les lammes des lampes à huile, une lanterne
vitrée est ajoutée à la manière d’un réverbère.
L’électriication date de 1933.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement
durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée.
Escalier avec rampe en ferronnerie.
50
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
51
Hérault
Sète
Phare du Mont Saint-Clair
à l’ouest du port, dans l’alignement du môle
Saint-Louis et du feu de l’épi oriental du briselames. Il faut attendre 1898 pour que le projet prenne forme et les années 1899 et 1900
pour que la décision de construire soit effectivement validée. Ce n’est qu’au début du 20e
siècle que le phare Saint-Clair de 1er ordre
remplace celui du Mont Saint-Loup d’Agde.
Situé à mi-hauteur sur le lanc méridional du
Mont Saint-Clair, en arrière du port de pêche
et de commerce, juste à l’ouest de la citadelle
Richelieu, au-dessus du cimetière marin, ce
phare est l’œuvre de l’ingénieur ordinaire Abel
Le port de Sète n’a été longtemps signalé que
par le phare d’entrée de port du fort du môle
Saint-Louis. En effet, ce secteur du littoral
dépendait du grand phare principal d’atterrissage du Mont Saint-Loup d’Agde. En 1832,
l’éclairage de Sète se limite à deux « réverbères » sur le Mont Saint-Clair et, en 1838, à
deux fanaux complétant l’amer du fort Richelieu. Pourtant, le besoin se fait sentir dans la
deuxième moitié du 19e siècle d’établir ici un
phare d’atterrissage pour guider les navires,
non seulement vers le port qui devient alors
d’une importance majeure, mais encore pour
tout ce littoral lagunaire de l’Hérault où seule
émerge cette quasi-île au milieu de l’étang
de Thau. Dès 1853, puis en 1878, paraissent
les décrets décidant ce nouvel équipement
La tour et ses bâtiments annexes sur la colline du
Mont Saint-Clair.
Coupe de la lanterne abritant la lentille et son mécanisme (Archives du service des Phares et Balises).
Sommet de la tour avec la lanterne sur son couronnement à encorbellement.
52
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
53
Herrmann supervisé par Pierre Marie Elie Guibal comme ingénieur en chef, tous deux installés dans l’Hérault. L’entreprise Massol réalise
d’abord les fondations puis, après le décès de
ce dernier, la poursuite du chantier est attribuée à Paul Troglia. Les travaux durent trois
ans : la lanterne est montée en avril 1902 et la
mise en service date du 23 avril 1903. Le phare
du môle Saint-Louis est alors modiié.
La tour d’une hauteur de 23 m culmine à 92,70
m au-dessus du niveau de la mer (la focale est
à 18,90 m). Elle est de type octogonal isolée,
légèrement pyramidale, en maçonnerie de
pierre de taille, y compris son soubassement,
avec chaînes d’angle. L’encorbellement de
la plate-forme est sur consoles assemblées
par des arcs supportant une balustrade à dés
ajourés (murette maçonnée en pierre) formant
galerie en forme de chemin de ronde. L’épaisseur moyenne des murs est de 0,90 m réalisée
par deux rangées de pierres posées en parement intérieur et extérieur. La lanterne est
une cage de verre abritant le dispositif d’éclairage : la structure métallique, d’un diamètre
de 4 m, est décorée de mules de lions et de
feuilles d’acanthe, couverte d’une coupole
en cuivre avec boule et piédouche ; le vitrage
cylindrique est sur 3 niveaux. A l’arrière du
phare, plusieurs bâtiments abritent le logement des 3 gardiens et des salles techniques.
Plus loin, se trouvent les garages, le puits, le
jardin, le terrain, le tout entouré d’une clôture
à grille sur murette.
[Y.C.]
Détail de la couverture de la lanterne : mule de lion.
Détail des moulures du socle de la tour.
54
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
55
Technique
Phare d’atterrissage de 1er ordre, il possède une
optique avec lentille de Fresnel à quatre faces
de 2 m de hauteur, l’une des plus récentes de
ce modèle et des plus importantes de France
pour un phare à terre. L’optique est tournante
sur bac à bain de mercure et alimentée à l’origine par le procédé de vapeur de pétrole puis, à
partir de 1938, par deux moteurs électriques.
Le caractère de son signal est un feu à un éclat
blanc toutes les 5 secondes. Le phare signale
l’entrée du port de Sète en alignement avec le
môle Saint-Louis. La lampe de 1000 w est équipée d’un changeur de lampe pour une portée
de 29 milles.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement
durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée.
Protection
Intérieur de la cage de verre de la lanterne :
on aperçoit les pentes du Mont Saint-Clair
et le cordon littoral vers Agde.
Inscrit au titre des monuments historiques
par arrêté du 12 octobre 2011, en totalité, y
compris les aménagements annexes.
Espace intérieur de la lentille monumentale.
56
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
57
Gard
Le Grau-du-Roi
Ancien phare du grau d’Aigues-Mortes
1879. Il est donc appelé « phare d’AiguesMortes » dans les documents d’archives, et
« vieux phare » par les habitants du Grau. Situé
en ville à l’extrémité du canal de Beaucaire à Aigues-Mortes, destiné à remplacer le feu allumé
depuis le 13e siècle sur la tour de Constance, il
fonctionne pendant quarante ans avant d’être
remplacé à son tour par celui de l’Espiguette.
Vendu par l’Etat à la commune en 2005, il sert
toujours d’amer aux navigateurs et fait partie du
paysage architectural du port et de la ville. Il est
exceptionnel que ce phare et sa lanterne, sans
usage depuis 140 ans, nous soient parvenus.
Le Grau-du-Roi possède deux phares. En effet,
la côte s’est déformée et comblée au point que
le premier, situé à l’entrée du chenal d’AiguesMortes, trop lointain et trop bas, est rapidement ineficace et que le service central des
Phares et Balises décide de le remplacer par
un phare plus visible à la pointe de l’Espiguette.
Le vieux phare du Grau-du Roi, en activité de
1829 à 1869, est le phare du port d’AiguesMortes, la commune du Grau-du-Roi n’ayant
été détachée de celle d’Aigues-Mortes qu’en
58
Dès 1820, au moment où le tout nouveau service des Phares se forme à Paris et répond aux
sollicitations des armateurs, c’est la préfecture
du Gard qui prend l’initiative de faire construire
un phare. Pour répondre aux plaintes des
navigateurs sur le mauvais éclairage du port
d’Aigues-Mortes, le préfet sollicite François
Stanislas Victor Grangent, ingénieur en chef
des Ponts et Chaussées du Gard. En 1825,
l’affaire se concrétise : le plan dressé par l’ingénieur ordinaire Pierre Courant et validé par
Grangent, est modiié et approuvé par le directeur général des Ponts et Chaussées Becquey, le 25 février 1825. L’adjudication a lieu le
29 novembre 1825 au proit d’un entrepreneur
nîmois, Michel Astier pour 30 700 francs.
Les travaux, lents et dificiles, durent 3 ans.
L’appareil d’éclairage est installé le 29 novembre 1828, le phare allumé le 1er mars 1829.
En 1829, Astier se plaint d’un surcoût important du fait que la taille des pierres, non connue
au moment de l’adjudication, a entraîné de
grandes dificultés : le maniement des blocs a
exigé plus d’ouvriers que prévu, le transport l’a
obligé à construire un char à 4 roues qui a par
ailleurs endommagé les routes de Saint-Laurent-d’Aigouze, qu’il a dû réparer à la demande
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
du maire. Il compare la qualité de la taille exécutée à celle des pierres utilisées au même
moment pour la construction des fontaines
de l’Esplanade et de la place de la Couronne
de Nîmes. Il se plaint aussi « des maladies qui
ont régné dans le pays pendant toute la durée
des travaux » l’obligeant « pour empêcher que
le chantier devenu semblable à un hôpital ne
demeura totalement désert à augmenter exorbitamment le prix des journées pour y attirer de
nouveaux ouvriers ».
Des ajustements se font en cours de chantier
entre ingénieurs locaux et service central :
ainsi l’ingénieur Courant n’avait pas prévu le
creusement d’une goulotte pour le passage du
contrepoids dans l’épaisseur de la tour. Le 18
août 1928, Grangent insiste pour recevoir de
Paris la colonne en fonte avec ses accessoires
et des instructions pour la mettre en place
avant la construction de la voûte de la chambre
de service : plutôt que de monter la colonne
extérieurement, il faut construire la voûte en
perçant à la clef un trou cylindrique de 0,20 m :
« Le pavé au-dessus de la voûte en brique de
la chambre de service sera établi à 3,17 m en
contrebas au-dessous de la deuxième entretoise
de la lanterne, vous pourrez disposer votre appareil en conséquence. Les cercles intérieurs des
3 barres de fer verticales formant le support de
la clef de la voûte en brique laisseront dans leur
milieu un vide circulaire de 0,18. »
Cette construction prestigieuse a attiré les
curieux avant même la in du chantier. Aussi,
l’ingénieur des Ponts et Chaussées a dû soumettre l’accès à une autorisation oficielle :
« aux capitaines de navires, aux savants et aux
étrangers de distinction …refusée formellement
aux désœuvrés ou curieux soit de la ville d’Aiguesmortes ou des environs, afin de prévenir la rupture
des carreaux de la lanterne et le dérangement de
l’appareil très compliqué de cet éclairage. »
Dessin de 1829 (Archives Nationales).
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
59
a demandé qu’elle comprenne un étage supplémentaire. Le diamètre de la tour est de
4 m, elle est occupée par un escalier en vis en
pierre, de 2 m 20 de diamètre, à noyau plein,
donnant accès à la chambre de l’appareil. La
lanterne a été faite à Paris et fournie avec
l’optique, elle est coiffée d’un toit en forme de
dôme. Si les vitres sont cassées aujourd’hui,
elle conserve sa structure métallique scellée
dans la maçonnerie. Depuis la lanterne, on
accède à une plate-forme circulaire extérieure de 4 m 50 de diamètre, entourée d’un
garde-corps métallique.
Coupe de la lanterne par Charles Dombres,
1852 (Archives Nationales).
En 1831, le marché de la construction de
la couverture en cuivre rouge de la lanterne est attribué. En 1853, sur un projet de
Charles Dombres, le logement des gardiens
est agrandi par la construction, à l’arrière,
de la maison d’enceinte, d’une citerne et de
deux cuisines entre le mur ouest et le mur
de soutènement des dunes (sur la plage actuelle). En 1854, le service central des Phares
projette de remplacer la lanterne de 1828
par une autre en bronze avec têtes de lion,
modèle fréquent (à Sète et Port-Vendres) ;
cependant en 1860, si l’on renouvelle l’appareil optique, fourni par Henry Lepaute, on
ne change pas la lanterne qui est toujours
en place aujourd’hui. Une fois désarmé, le
phare continue à abriter les familles de gardiens dont les conditions de vie à la pointe de
l’Espiguette étaient particulièrement dificiles en hiver. En 1946, le service des Phares
et Balises accède à la demande de la mairie
d’utiliser les dépendances de l’ancien phare
60
pour abriter le canot de sauvetage et à celle
du syndic des gens de mer pour la concession de la cour sud pour établir une fosse à
carburant. Aujourd’hui, le phare n’est plus
occupé et la ville, propriétaire, a le projet d’en
faire un lieu ouvert au public.
Le phare est composé d’une tour construite
à l’intérieur d’un bâtiment comportant logement et magasin. La tour cylindrique s’élève
au centre d’un soubassement massif. Ce soubassement, appelé « maison d’enceinte », est
constitué d’un rez-de-chaussée saillant de
3 m 40, dont les quatre façades forment un
pignon triangulaire. L’ensemble est construit
en grand appareil de pierre de taille de Roquemaillère (carrière située à Nîmes). Les
oculi, percés ultérieurement (ils ne sont pas
portés sur les dessins de 1825), ont entraîné
des désordres dans la maçonnerie, en particulier sur la façade sur le quai. Les toitures
sont à deux pentes reliées par des noues, en
tuiles canal. La hauteur de l’ouvrage est de
19 m. La tour est éclairée par quatre fenêtres.
Dans le projet de Courant, son élévation n’en
comptait que 3, mais le service des Phares
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Propriétaire
Commune.
Protection
Classé au titre des monuments historiques par
arrêté du 9 octobre 2012 : la tour en totalité, les
façades et les toitures du soubassement carré,
le terrain d’assiette à l’exclusion des agrandissements des logements situés à l’ouest et des
constructions situées dans les deux cours.
Le soubassement d’inspiration néo-classique avec ses frontons triangulaires absolument symétriques et la tour qui s’élève
au-dessus, sommée d’une lanterne à l’anglaise, confèrent à ce phare une élégance
Ancien Régime, qui le rapproche davantage
des constructions néo-classiques que des
modèles mis en place sur le plan national par
le service central des Phares. Nîmes, toute
proche, connaît au début du 19e siècle une
importante activité architecturale revisitant
l’Antiquité. Grangent, ingénieur des Ponts,
qui a publié avec Durand une Description des
monuments antiques de Nîmes en 1819, est à
la fois aménageur de quais, routes et canaux
(Beaucaire, Aigues-Mortes) et acteur du néoclassicisme gardois avec la construction du
palais de Justice de Durand, le dégagement
de la Maison Carrée et du Temple de Diane.
Le programme technique du phare est traité
avec un soin esthétique dans la composition
et la mise en œuvre de la pierre de taille, qui
témoigne de la vitalité de la culture antique
de la région, qui cèdera tardivement devant
l’éclectisme historiciste général.
[M.F.]
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
61
Gard
Le Grau-du-Roi
Phare de l’Espiguette
Isolé, à la pointe de l’Espiguette, en petite Camargue, le phare de l’Espiguette est construit
pour remplacer celui de l’entrée du grau d’Aigues-Mortes. En effet, en 40 ans, l’ensablement
très important du golfe d’Aigues-Mortes a rendu ineficace le phare placé à l’entrée du port.
La commission des phares du 14 avril
1860 prescrit l’établissement d’un phare de
3e ordre à la pointe de l’Espiguette. Le 16 mai
1860, une note est envoyée sur les dispositions
à adopter avec « à titre de document une feuille
de dessin qui représente un phare de 3e ordre
récemment construit à la pointe de Grave et dont
les dispositions paraissent très convenables sous
tous rapports ». C’est l’ingénieur ordinaire des
Ponts et Chaussées à Nîmes, Charles Lenthéric, qui établit un premier projet le 21 août
1861, approuvé par le préfet le 15 juin 1865.
L’adjudication a lieu le 13 juillet 1865, la dépense prévue, 133 000 francs, n’est pas imputée sur le crédit spécial des phares mais prise
par décret. L’entrepreneur est Charles Dupuy
d’Aigues-Mortes, qui s’était déjà proposé 40
ans plus tôt pour construire le premier phare
du Grau. Les conditions du chantier sont extrêmement dificiles et les déboires de Dupuy font
l’objet de nombreux documents conservés aux
archives. Il s’était engagé à établir un chemin
de fer de 8 km sur la plage pour l’acheminement des matériaux, mais l’ensablement ou
l’inondation selon les saisons en ont rendu la
réalisation impossible. Finalement, il fait venir
les matériaux par bateau, des gabarres tirées
par des chevaux. Pendant ce temps, le service
est obligé de commander une embarcation
(une yole « le Tamaris ») à Toulon pour assurer la surveillance des travaux. Comme cela
a été le cas au vieux phare, des modiications
du projet sont apportées en cours de chantier. Début 1866, la hauteur de la tour doit être
62
augmentée de 4 m 32 ; en février 1867, alors
que le parement intérieur de la tour devait
être recouvert de deux couches de peinture à
l’huile, il est décidé de piquer les moellons à
la boucharde ine : « le smillage ordinaire des
parements vus des moellons circulaires pour
l’intérieur de la tour transformés et convertis en
parements vus de petite pierre de taille de choix,
par assises bien réglées, avec arêtes vives, ciselures polies au ciseau et bouchardés très fin ». Le
4 août 1868, l’ingénieur Lenthéric signale que
« des maladies occasionnées par l’excessive chaleur et surtout par le manque d’eau douce sur la
pointe de l’Espiguette ont complètement désorganisé le chantier du phare pendant la majeure
partie de la campagne actuelle ». 25 ouvriers
sont nécessaires dont 12 tailleurs de pierre.
En octobre 1868, le bâtiment est prêt à recevoir les éléments proprement liés à l’éclairage,
qui arrivent de Paris : les échelles métalliques
sont fournies par Rigolet, les menuiseries de la
chambre de veille par Alaine, le revêtement en
marbre et dallage de la chambre de la lanterne
par Duchesne. Les travaux sont terminés in
1868, le phare allumé le 1er janvier 1869. Dupuy
fait appel à l’administration pour dédommagements à la suite des dificultés du chantier,
faisant imprimer une brochure de 166 pages
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Photographies prises par Charles Lenthéric pendant les travaux
et à leur achèvement (Ecole Nationale des Ponts et Chaussées).
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
63
pour sa défense contre l’Etat en 1878. Bien qu’il
afirme être ruiné par la construction de cet
édiice qui a demandé un travail considérable,
il n’obtient qu’une faible indemnité.
Par ailleurs, « la situation spéciale du phare de
l’Espiguette qui n’est relié par aucun chemin à la
voirie vicinale et est séparé du village du Grau-duRoi par une plage mobile et fréquemment submergée de plus de 6 km d’étendue » ne facilite
pas le service des gardiens : en 1891, le gardien
Achille Labrousse demande une indemnité
pour loger ses enfants au Grau-du-Roi pendant
la période scolaire hivernale car l’accès est le
plus souvent impossible. Dès 1872, le service
s’inquiète de l’ensablement qui nuit à l’optique,
abîme les maçonneries de la tour et envahit la
cour et les logements. La construction d’une
dune de défense est préconisée : palissade
et plantation de tamaris devant faire barrage
au vent au nord du phare. Les conditions de
l’entretien du phare sont particulièrement dificiles : dès 1885, les toitures des logements
sont à refaire. Pourtant, la grandeur de l’entreprise et la réussite technique et esthétique
de la construction sont manifestes : en 1882,
pour la reconstruction du sémaphore voisin, la
commission chargée d’en déterminer l’emplacement estime que placé au nord-est du phare
« en ce qui concerne l’effet architectural, situé à
90 m du phare, le sémaphore ne pourrait nuire à
l’effet de ce bel édifice ».
En 1907, le progrès entraîne la transformation
de l’éclairage : en vertu de la décision ministérielle du 19 février 1906, on installe un appareil
à éclats groupés par 3 avec brûleur à incandescence par la vapeur de pétrole du fournisseur
oficiel parisien Barbier Bénard et Turenne. Le
vitrage polygonal de la lanterne est remplacé
par un vitrage circulaire avec pièces en bronze.
Le 30 avril 1912, un incendie dans la lanterne
dû à un défaut d’entretien du gardien Palanque
endommage l’optique : réparée par Barbier
Besnard et Turenne les constructeurs, elle
n’est remontée que le 13 janvier 1913. Toujours
en 1912, est installé le téléphone dans le phare
pour faciliter l’alerte en cas de naufrage en mer.
Entre 1876 et 1883, des travaux sont engagés
pour lutter contre l’ensablement en créant une
dune artiicielle. En 1924, l’ensablement étant
toujours préoccupant, un rapport est demandé à Max Nègre, inspecteur des eaux et forêts
connu pour le reboisement des Cévennes, qui
constate que la dune ixée par la plantation de
gourbets, oliviers de bohème, blanquettes et
tamaris, continue de s’élever (de 10 m depuis
1872). Il propose la création de dunes entre le
Coupe de la tour, une citerne est située sous les
logements (Archives départementales du Gard).
64
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Sol du vestibule.
Etude du revêtement en marbre de la chambre de
la lanterne (Archives Nationales).
Escalier à rampe en fer forgé avec main courante
en noyer.
Grau et le phare et leur ixation et boisement
par semis à la volée de graines de pins maritimes. D’après lui, seul Charles Flahaut, professeur à l’Université, peut préparer ce travail
de boisement. En 1926, ces travaux sont exécutés. L’ensablement continue cependant et
le phare, construit à 150 m du rivage, se situe maintenant à 1500 m de la mer. Pendant
la Seconde Guerre mondiale, 30 soldats et 2
sous-oficiers allemands sont installés dans
les locaux disponibles du phare, les gardiens
conservant leur logement. En août 1944, les
Allemands procèdent au démontage complet
de la lanterne et des appareils, emportant le
paratonnerre, la coupole avec ses cinq boules
d’aération, les gueules de lions d’écoulement
des eaux et les 30 entretoises en laiton. Mais
grâce au gardien, l’optique, évacuée du phare
en temps utile, est restée intacte. En 1946
pour le rétablissement déinitif du phare, une
nouvelle lanterne est installée. Le phare est
électriié en 1964 et automatisé en 1975.
Le phare est composé d’un ensemble de bâtiments protégé par un mur d’enceinte : la tour
et le magasin encadrés par les logements des
gardiens, et un bâtiment en appentis au sudest qui délimite une cour. Haute de 27 m, la
tour pyramidale à base carrée est construite
en maçonnerie de pierre apparente (moellons smillés ou rustiques de Frontignan) avec
chaînes d’angle en pierre de taille. La base de
la tour a un caractère très majestueux : haute
de 2 m 25, composée d’un socle et de moulures
elle s’avance fortement en saillie par rapport à
l’élévation. Un escalier extérieur en pierre de
Roquemaillère donne accès à un vestibule, 3
marches permettent de descendre dans le magasin situé en prolongement de celui-ci. L’attention est portée sur le sol orné de l’étoile du
service des Phares et Balises, dessinée par la
bichromie des dalles de marbre. Sur la droite,
s’élève l’escalier de la tour, construit en pierre
de Barutel et remarquablement appareillé. Il
était recouvert, à l’origine, d’un « tapis chemin »
de 45 m de long. Les murs sont en pierre taillée
en assises bien réglées. En haut de l’escalier,
on accède à la chambre de veille par une première échelle de meunier en fonte. La chambre
de veille repose sur une voûte en pierre de taille
avec une calotte sphérique de 3 m de diamètre,
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
65
couverte d’une voûte percée en son centre pour
accueillir l’appareil d’éclairage. Dans cette
chambre, où le gardien s’installe la nuit, une
échancrure est aménagée dans la paroi ouest
pour un lit. Une deuxième échelle de meunier
métallique permet de monter à la chambre de
la lanterne. La partie supérieure de la tour est
traitée en encorbellement, dans le goût néomédiéval, avec un entablement composé de
20 consoles, surmontées d’une frise plate formant des petits arcs. La terrasse est entourée
d’un garde-corps en pierre de taille de 90 cm de
haut, décoré aux angles de motifs en pomme
de pin. La lanterne cylindrique primitive, élevée
sur une murette maçonnée, de 2 m 40 de diamètre, était à 10 pans à 2 niveaux de vitrage.
Elle a été remplacée en 1907 par un vitrage circulaire avec pièces de bronze, emportées par
les Allemands en 1944. De part et d’autre de la
tour, se trouvent les logements pour deux gardiens. Chacun comprend deux chambres et une
cuisine, donnant sur la cour. Celle-ci, fermée
par un mur haut de 3 m 85 et par un bâtiment
rectangulaire parallèle à l’édiice principal, est
dotée d’un puits central et d’un pavage très
soigné en moellons taillés, organisé à 4 pans
se déversant vers des oriices d’évacuation
alimentant la citerne souterraine par des
conduites en poterie. Cette citerne recouverte
de carreaux vernissés se trouve sous le magasin et sur toute la largeur du bâtiment, légèrement en avant des logements. L’ensemble des
bâtiments est orné d’une corniche moulurée en
pierre de taille de Frontignan.
Technique
D’une portée de 24 milles, le phare est
actuellement équipé d’une optique BBT
et d’une cuve Sautter Harlé. Son feu est
tournant à 3 éclats blancs groupés toutes les
12 secondes. En 1932, le haut du phare est
peint en noir pour améliorer sa visibilité de
jour.
Propriétaire
Etat, Ministère de l’écologie, du développement
durable et de l’énergie, DIRM Méditerranée.
Protection
[M.F.]
La cour, derrière le puits, l’entrée du magasin.
A l’intérieur de l’optique : l’ampoule et le manchon
d’éclairage.
66
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
Classé au titre des monuments historiques
par arrêté du 9 octobre 2012 : la tour (en
totalité), logements et bâtiments annexes
(façades et toitures), murs de clôture, cour
avec pavage et puits, et terrain d’assiette.
Notices sur les phares du Languedoc-Roussillon
67
La vie d’un gardien de phare au début du 19e siècle
Instruction pour le service des gardiens du phare du Grau d’Aigues-Mortes
établie en 1834
observera d’enlever les
anciennes huiles avant d’en
mettre de nouvelles.
Les huiles à employer sont
celles de pieds de bœuf.
Les axes et pivots de la
machine de rotation doivent
être souvent visités et huilés.
L’on doit apporter la même
attention dans ceux des
poulies de moulage.
La rainure en bois sous la
Quand les tâches sont trop
machine de rotation doit être
invétérées pour disparaître
bien savonnée.
par l’effet d’un simple linge,
l’on y passera un peu d’esprit L’on ne doit pas oublier le
matin, aussitôt l’extinction du
de vin ou d’essence de
feu, de garnir intérieurement
térébenthine. Ces lentilles
la lanterne de ses rideaux.
et ces miroirs doivent être
nettoyés tous les mois avec le La lampe qui éclaire
rouge d’Angleterre. A cet effet l’appareil et d’après le
système de Carcel est à deux
on délaie le rouge dans de
l’eau bien propre et puis avec mèches concentriques :
un pinceau lexible on l’étend elle doit être placée bien au
légèrement sur la surface du centre de l’appareil et à 20
millimètres en contrebas du
verre ; quand il commence
plan horizontal passant par
à sécher l’on frotte la pièce
le milieu des lentilles.
avec une pièce de peau de
chamois ; et enin l’on termine Les lignes indiquant ce niveau
ont été tracées, il sufit de
l’opération en frottant toutes
tendre 2 icelles formant un
les pièces avec une autre
peau de chamois parfaitement diamètre dont la rencontre
donne le centre du bec : centre
séchée d’avance.
que l’on obtient au moyen des
écrous et contre écrous du pied.
Les vitres de la lanterne
La lampe étant mue par un
doivent être tenues dans un
mouvement d’horlogerie,
état de propreté complet et
les axes et pivots de ce
surtout après les pluies.
mécanisme devront, comme
Les axes des galets doivent
ceux de la machine de
être graissés très souvent
rotation, être soigneusement
ainsi que les cercles sur
nettoyés et huilés.
lesquels ils frottent. On
« Les glaces courbes et les
lentilles ixes et mobiles étant
invariablement posées par
le conducteur des Ponts et
Chaussées ne doivent pas
être déplacées. Ces lentilles
et ces miroirs doivent êtres
époussetés et nettoyés avec
des linges propres et presque
neufs tous les jours.
68
Les soupapes et valvules
changées au besoin.
Les mèches devront être
soigneusement mouchées
et les conduits d’air bien
nettoyés.
Après l’extinction du feu,
la cheminée doit être
enveloppée parfaitement
dans un linge bien sec et
on doit avoir la précaution,
quand elle est froide, de la
bien essuyer, et observer
dans toutes ces opérations
de n’employer que des linges
dépourvus d’humidité.
Les huiles qui ont servi
doivent être vidées dans
un vase particulier, et on
les laisse reposer pendant
12 heures ; puis on les jette
sur le iltre en réservant le
dépôt pour les lampes de nuit
disposées pour les allées et
venues des gardiens.
L’on observera de nettoyer
tous les 4 jours le tuyau
aspirateur de la lampe, ainsi
que le seau.
La lampe hors de service doit
être munie de son couvercle.
Pour le meilleur effet
possible la lampe doit
monter, non en activité,
2 livres d’huile à l’heure.
La hauteur du coude de la
cheminée ayant une inluence
sensible sur la lamme, la
hauteur de 6 ou 7 cm audessus du niveau du bec a été
observée la meilleure.
Phares du Languedoc-Roussillon
La mèche en activité doit
dépasser le niveau du bec
de 7 mm.
Les mèches une fois
montées, on ne doit pas
y toucher de la nuit ;
l’obturateur seul doit vers les
dernières heures de la nuit,
faire activer la lamme. Dans
le cas où son action est nulle,
il faut alors moucher.
Il doit toujours se trouver dans
le phare et à proximité des
gardiens, une lampe toute
prête avec de l’huile ainsi
qu’une cheminée de rechange.
Une veilleuse doit être
constamment allumée dans
le soubassement.
La lampe d’allumage doit
toujours être prête au besoin.
La grande machine de rotation
doit être réglée pour faire
faire à l’appareil tournant
5 révolutions par heure.
Au lever du soleil, la lanterne
doit être garnie de ses
rideaux.
La lampe de l’appareil sera
changée tous les 8 jours, et
remplacée par une de celles
de rechange.
Service de jour
Le gardien de service pour
le jour devra commencer
par vider les huiles de la
lampe qui a servi la nuit, et
les remplacer par des huiles
neuves ou iltrées.
Moucher les mèches et
s’assurer s’il y en a encore
en sufisance pour la nuit,
nettoyer la lampe avec les
linges disposés exprès et ne
laisser aucune ordure qui
pourrait nuire au jeu
des pompes.
S’assurer si les conduits
d’air du bec sont propres .
La lampe ainsi nettoyée doit
être recouverte jusqu’au soir.
La cheminée parfaitement
nettoyée et munie de
son obturateur doit être
enveloppée dans un linge
et se placer à proximité de
la lampe.
Le gardien de service
époussettera les lentilles et
les miroirs avec un plumeau
disposé pour cet usage.
Ces miroirs et lentilles seront
ensuite essuyés avec un linge
bien propre et ne laissant
pas de ilandres. Si quelques
tâches sont trop invétérées
l’on emploiera l’esprit de vin
ou l’essence de térébenthine
pour les enlever.
Les vitraux de la lanterne
doivent enduite être nettoyés.
La table de service, la galerie
de service et la chambre du
soubassement ainsi que les
escaliers doivent être balayés
tous les jours.
Il devra ensuite préparer les
lampes d’allumage ainsi que
le veilleuse.
Ces opérations terminées,
la trappe du soubassement
Phares du Languedoc-Roussillon
69
devra être fermée ainsi que
la porte d’entrée de la tour
dont la clef restera dans la
chambre du chef gardien.
Service de nuit
La lampe devra être allumée
en toute saison une demiheure avant le coucher du
soleil et éteinte à son lever.
Le gardien aura toujours à
sa proximité une veilleuse
allumée toute la nuit ; et sa
lampe d’allumage ainsi que
les objets nécessaires pour
moucher prêts au besoin.
Une cheminée et une lampe
seront à sa disposition en
cas d’accident.
Il devra rester dans la
chambre du soubassement
pendant le 1er quart jusqu’à
ce que sa lampe soit bien
en combustion ; après quoi
il peut redescendre en bas,
ayant toujours le soin de
monter d’heure en heure
pendant le 1er quart et plus
souvent pendant le dernier.
En cas d’accidents majeurs
pendant la nuit, qui
demanderaient une réparation
laissant le phare dans
l’obscurité pendant une heure
ou plus, le gardien de quart
les notera ainsi que l’heure à
laquelle ils auront eu lieu.
Dans des cas semblables,
les gardiens doivent se porter
un mutuel secours pour y
parer promptement. »
Témoignage sur l’évolution du métier de gardien de phare
Laurent Simons, ancien contrôleur, technicien supérieur du développement durable,
DIRM MED/DSM/SPB/Ouest Méditerranée/Sète
« Depuis l’Antiquité, les
phares éclairent les côtes
de France et du monde. Il y
a toujours eu des gardiens
pour veiller et entretenir
cette lumière dans la nuit.
Elle était l’exemple même du
service gratuit et collectif de
la solidarité d’hommes qui
veillent sur d’autres hommes
totalement inconnus.
Dans les années 1990 les
phares s’automatisent,
s’équipent d’ordinateurs, de
calculateurs, de panneaux
solaires, les lampes sont
remplacées par des diodes.
Ils sont à la pointe de
l’innovation scientiique et
technique. Les métiers aussi
ont évolué : les gardiens ont
été débarqués pour devenir
électromécaniciens de
phares et de nos jours
contrôleurs des phares
et balises, désormais
techniciens supérieurs.
Ils sont regroupés dans
des centres d’exploitations
et d’interventions (CEI)
disséminés le long des côtes
françaises. Ces agents ont en
charge un certain nombre
d’établissements de
signalisation maritime (ESM)
dont ils assurent la maintenance
préventive et curative sur terre
comme sur mer.
Leurs missions principales
consistent à visiter chaque
ESM au moins deux fois par
an, à contrôler la partie
active (batteries, lampes,
panneaux solaires) mais
également la partie passive
(génie civil, peinture,
marque de jour). Certains
de ces établissements
sont équipés de balises de
télécontrôle qui permettent
à distance d’avoir un état
général des feux, ce qui
aide souvent à anticiper les
pannes. Ils effectuent aussi
les modernisations et le
dépannage. Sur ce dernier
point, ils assurent un service
d’astreinte et sont en veille
7 jours sur 7 et 24 heures
sur 24. Ils diffusent les avis
urgents aux navigateurs
et interviennent dès que
possible. Ils ont en charge et
remplissent plusieurs bases
de données dont ALADIN
(Administration littorale des
aides et des informations
nautiques) et pour terminer,
ils assurent le suivi et la
gestion du patrimoine
des Phares et Balises.
Les tâches n’ont cessé
d’évoluer avec le temps et la
signalisation maritime est un
élément majeur et indissociable
de la sécurité maritime. Elle est
complémentaire des nouvelles
technologies telles que le GPS
permettant à tous les marins
du monde de naviguer en toute
sécurité. »
Vue depuis la galerie du feu du
Fort Brescou, équipé de panneaux
solaires.
Balise au large du Cap d’Agde :
opération d’entretien.
Feu de la pointe des Onglous, balisant le débouché du Canal du Midi
dans l’étang de Thau, Marseillan.
Phares du Languedoc-Roussillon
71
Notices biographiques
Beautemps-Beaupré
Charles François
(1766-1854)
Ingénieur hydrographe et cartographe, membre de l’Académie
des sciences et du Bureau des
longitudes, « père » de l’hydrographie moderne, chargé du
levé des côtes et de la reconnaissance du littoral français,
membre de la commission des
phares dès 1826, il aide à positionner au mieux les ouvrages.
Son buste igure dans les phares
importants à côté de celui de
Fresnel.
Becquey de Beaupré
François Louis Marie
(1760-1849)
Homme politique et haut fonctionnaire français, il est directeur des Ponts et Chaussées et
des Mines de 1817 à 1830. Il met
en application le « Plan Becquey » et donne une vive impulsion aux travaux de navigation
intérieure et à l’exécution des
canaux. Charles X, transformant
la Direction des Ponts et Chaussées en ministère à part entière,
le nomme Ministre d’Etat.
Fresnel Augustin Jean
(1788-1827)
En 1809, ingénieur aux Ponts et
Chaussées, il travaille sur les interférences lumineuses. En 1819,
il est nommé à la commission
des Phares et Balises. Il est
considéré comme le fondateur de
l’optique moderne (théorie ondulatoire de la lumière). Il invente la
lentille à échelons, révolutionnant
ainsi la signalisation maritime :
une lentille de taille sufisante
étant impossible à fabriquer, il la
découpe en plusieurs échelons
assemblés. Ce système combine
la rélexion et la réfraction de
la lumière. Le premier appareil
lenticulaire est installé en 1823
à Cordouan. En 1825, pour mieux
différencier les signaux émis par
les phares, il crée le feu ixe varié
par des éclats. A sa mort en 1827,
son frère Léonor poursuit son
œuvre.
Reynaud Léonce
(1803-1880)
Architecte et ingénieur, directeur
de l’Ecole des Ponts et Chaussées, inspecteur général des
phares, directeur du service des
Phares et Balises de 1846 à 1878,
il supervise la construction de
nombreux phares français.
Rossel Elisabeth Paul Edouard de
(1765-1829)
Astronome et contre-amiral, membre de l’Académie des sciences
en 1811, nommé au Bureau des
longitudes, puis directeur du dépôt de la Marine, il est l’auteur du
fameux rapport de la commission
des Phares de 1825.
72
Ingénieurs ayant
travaillé sur les phares
du Languedoc-Roussillon
Aroles Jules Jacques
(1864)
Ingénieur ordinaire, actif jusqu’en
1926, pour le phare du fort Brescou.
Bourdelles Léon
(1836-1899)
Ingénieur polytechnicien, puis
ingénieur en chef des Ponts
et Chaussées, construction du
phare des grands cardinaux entre
1877 et 1879, directeur du service
des Phares et Balises de 1893 à
1899, il a dessiné le feu métallique de Port-Vendres.
Courant Pierre
(1790-1838)
Elève à l’ecole polytechnique en
1809, à l’école des Ponts et Chaussées en 1811, en poste à Aubenas
de 1817 à 1819, à Chateaugontier
(Mayenne) en 1820, ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées à
Nîmes de 1822 à 1826, ingénieur de
1re classe à Rouen de 1827 à 1833,
a dessiné le phare du Grau-du-Roi.
Garau Marcel
(1871-1939)
Elève ingénieur des Ponts et
Chaussées en 1893, ingénieur
ordinaire en 1897 du chemin de
fer de l’Aude, ingénieur en chef de
la construction des lignes nouvelles à la Compagnie du Midi, il
a construit le phare du Cap Béar.
Grangent Victor
(1768-1843)
Elève de l’école des Ponts et
Chaussées de Montpellier en
1783, sous-ingénieur de la province du Languedoc en 1786, ingénieur ordinaire dans l’Aude, le
Gers, puis dans le Gard en 1795,
ingénieur en chef puis directeur
des Ponts et Chaussées du Gard
de 1827 à 1832. Il a travaillé avec
Charles-Etienne Durand sur
de nombreux projets nîmois. Il
dirige les travaux du canal de
Beaucaire à Aigues-Mortes, de
ponts sur l’Hérault, le Gardon et
le Rhône, de digues, d’amélioration du port d’Aigues-Mortes. Il
a construit le premier phare du
Grau-du-Roi.
Joly Georges de
(1864-1919)
Lentheric Charles Pierre Marie
(1837-1914)
Ingénieur polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, il
réalise la jetée de l’île de Groix,
Port Navalo, la machinerie du
phare de Belle-Ile. Nommé oficier d’académie en 1895 pour ses
œuvres architecturales, il entre
au service des Phares et Balises,
se consacre à la construction de
phares (Ouistreham, Ile Vierge)
et participe à la mise en place
de machines motrices pour les
phares électriques (Calais, GrisNez), il intervient pour le Cap Béar.
Elève de l’école polytechnique à
19 ans, ingénieur des Ponts et
Chaussées en 1862, il est envoyé
à Nîmes où il étudie plus spécialement le littoral de la Méditerranée. Il construit le phare
de l’Espiguette, est nommé
ingénieur en chef de 2e classe
en 1880 et attaché aux travaux
du Canal du Rhône à Sète. Il a
publié de nombreux ouvrages
dont Les villes mortes du Golfe de
Lyon, paru en 1876, réédité 8 fois
jusqu’à 1910.
Bustes de Augustin Fresnel et de Charles Beautemps-Beaupré (objets
mobiliers inscrits au titre des monuments historiques) à l’intérieur de
la tour du phare Saint-Clair.
Guibal Pierre Marie Elie
(1854-1914)
Ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées en 1876 à Montpellier,
il a construit le phare du Mont
Saint-Clair à Sète.
Herrmann Abel
(1865-1941)
Ingénieur polytechnicien, puis
ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées, installé à Sète, mort
à Paris en 1941, il a construit le
phare du Mont Saint-Clair à Sète.
73
Bibliographie et sources
Fresnel (Augustin), Mémoire sur un nouveau système d’éclairage des
phares lu à l’Académie des sciences, le 29 juillet 1822. Paris : Imprimerie
royale, 1822.
Fresnel (Léonor), L. Sautter et Cie, constructeurs de phares lenticulaires... Instruction donnée par l’administration des phares de France,
pour le service des phares lenticulaires. Belleville : imprimerie de Galban, 1853.
Reynaud (Léonce), Mémoire sur l’éclairage et le balisage des côtes de
France. Paris : Imprimerie impériale, 1864.
Ministère des travaux publics. Ponts et chaussées. Phares et balises,
Etat de l’éclairage des côtes de France. Paris : Imp. Nationale, publications annuelles.
Allard (Émile), Les Phares, histoire, construction, éclairage. Paris :
J. Rothschild, 1889
Fichou (Jean-Christophe), Le Henaff (Noël), Mevel (Xavier), Phares :
histoire du balisage et de l’éclairage des côtes de France. Douarnenez,
Chasse-marée-ArMen, 1999.
Guigueno (Vincent), Au service des phares : la signalisation maritime en
France XIXe-XXe siècles, préf. Antoine Picon, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2001.
Guigueno (Vincent), Les phares : Gardiens des côtes de France, Découvertes Gallimard, 2012.
Dreyer (Francis), Les phares : pour un programme de protection des
phares en France, Monumental, 2003, p. 48-53.
Dreyer (Francis), « Phares en péril ? Vers un programme de valorisation », dans Chasse-Marée, mai 2004, n° 169, p. 33-41.
Dreyer (Francis), Fichou (Jean-Christophe), Desachy (Margot) collab.,
L’histoire de tous les phares de France. Rennes, éd. Ouest-France, 2005.
Dossier Patrimoine maritime, Monumental, 2003, pp. 7-93.
Laulhère-Vigneau (Catherine) dir., Phares de Méditerranée, Grenoble,
Chasse-marée, col. Mer, histoire et traditions, 2009.
Jourdan (Blandine), Giraud (Marie-Odile), « La protection des phares
au titre des monuments historiques », / Lettre d’information des
patrimoines, DRAC PACA/, n° 11, mai 2013, consulté sur http://www.
infos-patrimoinespaca.org/, le 03/07/2013
A paraître
Les phares protégés monuments historiques en France, éditions du
patrimoine, 2013
Internet
http://www.cordouan.culture.fr
http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/VISITES/phares/
phares-frame.htm
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Quel-role-pour-lesphares-aujourd.html
http://www.affaires-maritimes.mediterranee.equipement.gouv.fr/ladirm-mediterranee-r11.html
Sur le Languedoc-Roussillon
Comte (Yvon), « Sète, les forts », dans Le guide du patrimoine Languedoc-Roussillon, Paris, Hachette, 1996, pp.534-535.
Faucherre (Nicolas), « Les bastions de la mer », dans Etudes rurales
n°133-134 1994, pp. 77-86.
Blanchard (Anne), Les Ingénieurs du roy de Louis XIV à Louis XVI. Montpellier 1979.
Dictionnaire des ingénieurs du militaires 1641-1791. Montpellier, 1981.
Catarina (Didier), La défense de la côte du Languedoc à l’époque moderne, mémoire de maîtrise UPV, 1987 ;
Les fortifications du littoral héraultais, étude inédite pour la DRAC L.-R., 1990.
Pajot (Serge), Inventaire des équipements maritimes et portuaires en
Languedoc-Roussillon, Narbonne, Conservatoire maritime et luvial
des Pays narbonnais, rapport pour la DRAC L.-R., 1998.
Jacquelin (Christian), Palouzié (Hélène), Descossy (Michel), Du négafol
à la barraca, le patrimoine maritime en Languedoc-Roussillon, collection
DUO DRAC Languedoc-Roussillon, Montpellier, 2011.
Sur le phare du Fort Fanal
Archives nationales F/14/17525, F/14/20206
Archives départementales des Pyrénées-Orientales 11Sp5, C1159
Médiathèque du patrimoine 2003/017/0008/247
74
75
Chèle (Annick), Port-Vendres à l’époque moderne, mémoire de maîtrise
UPV, 1986
Sur les phares du môle Saint-Louis et du Mont Saint-Clair (Sète)
Ayats (Alain), Louis XIV et les Pyrénées catalanes : de 1659 à 1681, frontière politique et frontières militaires, Canet, Trabucaire, 2002.
Archives du service des Phares et Balises Ouest Méditerranée, Centre
de Sète, en cours de traitement aux Archives départementales de
l’Hérault.
Faucherre (Nicolas) (sous la direction de), La route des fortifications en
Méditerranée, Paris, 2007, collection « Les Etoiles de Vauban ».
Sur le vieux phare du Grau-du-Roi
Archives départementales du Gard 4S 7
Sur le phare du Cap Béar (Port-Vendres)
Archives nationales F/14/20204, F/14/20205, F/14/17525 : Plan,
F/14/18370/40 et 41 : photographie.
Sur le phare du feu du môle (Port-Vendres)
Archives nationales F/14/20206
La Science illustrée, n° 26, 20 avril 1890.
Bernadac (Bernard), « Un phare unique au monde », dans Des navires
et des hommes, revue de l’Association Port-Vendres des Paquebots,
n°4, 2010, p. 146-150.
Guigueno (Vincent), Vattier (Valérie), Lumière de Paris et de NouvelleCalédonie : le phare Amédée , Nouméa : Musée de l’histoire maritime
de Nouvelle-Calédonie, 2010.
Archives nationales F/14/17514, F/14/20215, LH/609/45
Sur le phare de l’Espiguette (Grau-du-Roi)
Archives départementales du Gard 4S8a et 4S8b
Archives nationales F/14/17514, F/14/20214, F/14/20215
sur Lenthéric : Archives nationales F/14/11576, L1590035
Lentheric (Charles), Littoral d’Aiguesmortes : Le phare de l’Espiguette.
Nîmes : imprimerie J. Roumieux et C., 1872, 8 p.
Dupuy (Charles), Instance du sieur Charles Dupuy d’Aiguesmortes entrepreneur de la construction du phare de l’Espiguette contre l’Etat [texte
imprimé], Nîmes : Clavel, 1878.
Sur le phare du Cap Leucate (Leucate)
Eppe (Guillaume), Les forts côtiers de Leucate au XVIIIe siècle. Histoire et
archéologie sur le Chemin des Forts, AVL Diffusion, Montpellier, 2012.
Archives départementales de l’Aude 2756 W 293
Archives nationales F/14/20209
Sur les phares de Brescou et du Mont-Saint-Loup (Agde)
Jordan (Balthazar), Histoire de la ville d’Agde, Montpellier, imprimerie
Isidore Tournel, 1824.
Archives départementales de l’Hérault 4S 4-13, 4S 10
Archives nationales F/14/2265 et F/14/11513
Sarret de Coussergues (Germaine de) Une prison d’état en Languedoc au
milieu du 18e siècle, Le Fort de Brescou en Languedoc. Presses continentales, 1949 ; éd. de La Grande Revue, 1997.
76
77
Glossaire
Amer :
repère ixe dans le paysage pour la navigation maritime (clocher,
tour,…).
Attérage, atterrage ou atterrissage :
approche des côtes. Les phares de grand atterrissage marquent les
tournants des routes de navigation. Les phares et feux d’atterrissage
secondaire ou de jalonnement des côtes précisent le tracé d’une route
très fréquentée. Les phares et feux d’entrée de port balisent les estuaires et les ports.
Chambre de veille :
pièce située sous la lanterne, consacrée à la permanence du gardien
durant la période d’activité de la lampe, avant l’automatisation.
Feux :
autres installations de signalisation maritime ne remplissant pas les
critères nécessaires pour être qualiiés de phares.
Lanterne :
partie sommitale vitrée installée sur une plate-forme, qui abrite le
système optique et l’éclairage dans une coupole ou un dôme.
Lentille :
masse circulaire bombée en verre, permettant de concentrer la lumière (en remplacement des miroirs utilisés précédemment). La lentille simple n’est pas assez lumineuse et elle est trop lourde car de
trop grand diamètre. Augustin Fresnel invente un lentille découpée en
échelons, ensemble de sections annulaires concentriques, en réduisant le volume de verre nécessaire : au lieu d’une épaisseur bombée
unie, on obtient une surface discontinue mais globalement plus plate
et plus légère, constituée de plusieurs segments de lentilles annulaires de même courbure, séparés les uns des autres.
Mille marin international :
unité de mesure de distance utilisée en navigation maritime et aérienne
(1 852 m).
Tour à signaux :
tours de surveillance des côtes à relais optiques par feux, souvent
aménagées en tours de signalisation (tour-fanal) puis parfois en sémaphores.
Tour-fanal :
tour à signal maritime muni d’une torchère ou d’un foyer.
Salle des machines ou de l’appareil :
pièce abritant le mécanisme originel mû par un système de contrepoids assurant la rotation de la lentille autour de l’ampoule ou plus anciennement de la lampe à pétrole, remplacé par un moteur électrique.
Sémaphore :
au début du 19e siècle, poste de guet côtier à système de signalisation optique mécanique puis, dans la deuxième moitié du siècle, relais
de communication télégraphique (aujourd’hui poste de surveillance
maritime).
Optique :
dispositif d’éclairage pivotant constitué de lentilles et mécanismes permettant de concentrer et de diffuser la lumière.
Redoute :
petit réduit fortiié désignant les tours de guet et tours-fanal de
défense du littoral languedocien.
78
79
Image d’Epinal, Pellerin, in 19e s.1918 : maquette papier fort à découper (30 x 23,2 cm) « Sémaphores et
phare d’Agde ».
Ouvrage publié par la Direction
Crédits photographiques
régionale des affaires culturelles
Tous les clichés photographiques sont de Yvon Comte et Michèle
François, Conservation régionale des monuments historiques,
Direction régionale des affaires culturelles Languedoc-Roussillon, à
l’exception des pages suivantes, avec l’autorisation des auteurs :
p. 5 et 14 : Médiathèque centrale d’agglomération Emile Zola,
Montpellier.
p. 8 et 15 : Laurent Uroz, ville d’Agde.
p. 10 : Aurélie Harnequaux, STAP de l’Hérault.
p. 19 et 25 g Jean-Louis Conte, DIRM Méditerranée.
p. 22 : Josette Clier, CRMH, DRAC LR.
p. 43 et 47 : cartes postales anciennes, collection du journal « Hérault
tribune ».
p. 63 : Charles Lenthéric.
(DRAC) du Languedoc-Roussillon
Conservation régionale des
monuments historiques (CRMH)
5, rue de la Salle l’Evêque - CS 49020
34967 Montpellier Cedex 2
Tél. 04 67 02 32 00 / Fax 04 67 02 32 04
Directeur de la publication
Alain Daguerre de Hureaux, directeur
régional des affaires culturelles
Rédacteur en chef
Delphine Christophe, conservateur
régional des monuments historiques
Coordination éditoriale
Jackie Estimbre, chargée de la
valorisation du patrimoine, CRMH
Diffusion
publicationspat.drac-lr@culture.gouv.fr
Tél. 04 67 02 32 61
Conception graphique et réalisation
Charlotte Devanz
Photogravure et impression
Impact imprimerie
Achevé d’imprimer
Août 2013
Dépôt légal
Septembre 2013
ISBN
n° 978-2-11-138375-3
Remerciements
tout particulièrement à Claude Roblin de la DIRM Méditerrannée,
et pour leur disponibilité et aide précieuse à André Grémillet,
Laurent Simons et Jean-Louis Conte des Phares et Balises Ouest
Méditerranée, Centre de Balisage de Sète,
à Francis Dreyer, qui a bien voulu contribuer à cet ouvrage par un
avant-propos sur les phares de la Méditerranée, Vincent Guigueno,
Frantz Schoenstein, Olivier Poisson, Olivier Liardet,
Josette Clier, Fabienne Tuset, Jean-Louis Vayssettes (Direction
régionale des affaires culturelles Languedoc-Roussillon),
Samuel Villevielle (Conseil général Pyrénées-Orientales), Magali Rieu,
Annick Chèle (Archives départementales des Pyrénées-Orientales),
Adrien Aitanti (Archives départementales de l’Aude), l’Association
Port-Vendres des Paquebots,
Sophie Banny, Olivier Chambon, Laurent Gheysens, ville d’Agde,
Didier Denestebe, journal Hérault Tribune,
Catherine Masteau (Ecole des Ponts ParisTech)
Créée par la direction régionale des affaires culturelles du
Languedoc-Roussillon (conservation régionale des monuments
historiques), la collection « Duo »
propose au public de découvrir
des chantiers de restauration du
patrimoine monumental et mobilier, des édiices labellisés
« Patrimoine du XXe siècle » ou
encore des immeubles et objets
d’art protégés au titre des monuments historiques, dans l’ensemble de la région.
Phares du Languedoc-Roussillon
Eclairer la mer / signaler la terre
Des feux allumés dans des fortiications ou sur les
plages ont longtemps été l’unique secours des navigateurs. En 1825, un vaste programme pour l’éclairage du littoral français est lancé, facilité par
l’invention de la lentille de Fresnel. Aujourd’hui, le devenir des phares, que l’aide électronique à la navigation a rendu moins utiles, est devenu un objet
d’inquiétude qui justiie l’intérêt public pour leur protection, car ils ont une place majeure dans l’imaginaire collectif.
Une campagne de protection nationale des phares a
été lancée par le Ministère de la Culture et de la Communication. En Languedoc-Roussillon, six phares ont
été protégés au titre des monuments historiques,
parmi lesquels trois en activité : l’Espiguette au Graudu-Roi (Gard), le Mont Saint-Clair à Sète (Hérault) et le
Cap Béar à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales). Les
feux situés dans les anciens forts de Brescou à Agde
et Fanal à Port-Vendres et l’exceptionnel feu métallique du môle de Port-Vendres sont aussi protégés,
ainsi que deux phares éteints : le vieux phare du Graudu-Roi et celui du Mont Saint-Loup à Agde (Hérault).
Le feu du môle Saint-Louis à Sète et le phare du Cap
Leucate (Aude) bien que non protégés monuments
historiques sont présentés ici en raison de leur intérêt
patrimonial.
Traditionnellement gérés par le Service des phares
et balises de la direction interrégionale de la mer
(DIRM Méditerranée), ces édiices ne sont pas ouverts
au public.
Direction régionale des affaires culturelles du Languedoc-Roussillon (DRAC-L.-R.)
ISBN : 978-2-11-138375-3
Diffusion gratuite - NE PEUT êTRE VENDU