[go: up one dir, main page]

Academia.eduAcademia.edu

Une medaille maconnique de 1871

Une médaille maçonnique en relation avec la Commune de Paris J'ai fait tout récemment l'acquisition de la médaille ci-dessus reproduite ; en dépit de son état moyen (elle a été trouée pour être portée à l'aide d'une chaînette), elle m'a intéressé par l'inscription qu'elle porte au centre du revers : Souvenir du 29 avril 5871. 5871, c'est 1871 ans après les 4000 qui, croyait-on jadis, ont été la durée du monde depuis sa création jusqu'à la naissance du Christ. L'événement que cette médaille commémore est une démarche faite par des francs-maçons auprès de la Commune de Paris pour tenter de parvenir à la paix. On trouvera plus loin des textes et des documents sur cet événement, qui ne fut pas couronné de succès. Un mois plus tard, du 21 au 28 mai, eut lieu la « semaine sanglante » qui marqua la fin de la Commune. En ce qui concerne les symboles figurant sur cette médaille, mains jointes, bonnet phrygien, équerre et compas, couronne faite de branches d'acacia, s'ils sont tous utilisés par les francs-maçons, ces derniers n'en ont pas été les seuls utilisateurs. Les mains jointes, que l'on désigne par le terme de « foi », figuraient déjà sur plusieurs monnaies de la Rome antique ; elles peuvent symboliser l'union, la bonne foi, la fidélité, etc. L'équerre et le compas trouvaient leur place dans les emblèmes de plusieurs corporations. Le bonnet phrygien, symbole de la liberté, a été souvent utilisé par les graveurs de monnaies sous les 1° et 2° républiques.

Jean-Louis Charvet Une médaille maçonnique en relation avec la Commune de Paris J’ai fait tout récemment l’acquisition de la médaille ci-dessus reproduite ; en dépit de son état moyen (elle a été trouée pour être portée à l’aide d’une chaînette), elle m’a intéressé par l’inscription qu’elle porte au centre du revers : Souvenir du 29 avril 5871. 5871, c’est 1871 ans après les 4000 qui, croyait-on jadis, ont été la durée du monde depuis sa création jusqu’à la naissance du Christ. L’événement que cette médaille commémore est une démarche faite par des francs-maçons et des compagnons auprès de la Commune de Paris pour tenter de parvenir à la paix. On trouvera plus loin des textes et des documents sur cet événement, qui ne fut pas couronné de succès. Un mois plus tard, du 21 au 28 mai, eut lieu la « semaine sanglante » qui marqua la fin de la Commune. En ce qui concerne les symboles figurant sur cette médaille, mains jointes, bonnet phrygien, équerre et compas, couronne faite de branches d’acacia, s’ils sont tous utilisés par les francs-maçons, ces derniers n’en ont pas été les seuls utilisateurs. Les mains jointes, que l’on désigne par le terme de « foi », figuraient déjà sur plusieurs monnaies de la Rome antique ; elles peuvent symboliser l’union, la bonne foi, la fidélité, etc. L’équerre et le compas trouvaient leur place dans les emblèmes de plusieurs corporations. Le bonnet phrygien, symbole de la liberté, a été souvent utilisé par les graveurs de monnaies sous les 1° et 2° républiques. La médaille est signée à l’avers par les initiales F.T., celles de Frédéric Thouet, qui a réalisé plusieurs médailles sur les événements de 1870-1871 On peut trouver plusieurs médailles de ce graveur sur le site Internet du Palais des Beaux-arts de Lille. . Je pense que celle reproduite ci-dessous est de sa main. Je donne ci-dessous quelques photos de monnaies en rapport avec le symbolisme de ces médailles. Jean-Louis Charvet, mai 2024 Monnaie de l’an 4 Médaille en l’honneur du baron de Stassart (Malines 1780 – Bruxelles 1854), homme d’Etat belge qui fut aussi préfet de Vaucluse sous le Premier Empire, et, à ce titre, président de l’Académie de Vaucluse Monnaie frappée sous plusieurs régimes, de la I° république à la V° : Hercule entre la Liberté et l’Egalité Denier de l’empereur romain Vitellius (69 après Jésus-Christ) Légende du revers : Fides exercitum, la foi (la fidélité) des armées Extraits du journal « Le messager de Paris » Samedi 29 avril 1871 On lit dans le Journal de Paris : Ce matin, on ne l’ignore pas, devait avoir lieu la manifestation de la franc-maçonnerie en faveur de la Commune. Le rendez-vous était dans la cour du Louvre. Dès neuf heures du matin, une foule nombreuse se porte aux abords du Louvre. Il s’y trouve beaucoup de femmes et d’enfants. Pour eux, c’est un spectacle comme un autre. On regarde passer, dans des voitures découvertes, les hauts dignitaires de la maçonnerie, couverts de leurs insignes. Les vénérables F.F. paraissent tout fiers d’étaler sur leurs poitrines des rubans bleus en écharpe, qui les font ressembler à des grand’croix de l’ordre d’Isabelle-la-Catholique. De la place du Louvre, la manifestation doit se rendre à l’Hôtel-de-Ville, où elle sera reçue par les membres de la Commune. Il y aura naturellement des discours. Puis on ira planter sur les remparts l’étendard de la franc-maçonnerie. A dix heures et demie, une délégation de la Commune, escortée d’un bataillon de la garde nationale, avec musique en tête, vient recevoir les francs-maçons pour les conduire à l’Hôtel-de-Ville. Le cortège se met en route. Après avoir passé par la place du Carrousel, il débouche par la rue de Rivoli et se dirige vers l’Hôtel-de-Ville. Sur le passage, des cris de : Vive la Commune ! se font entendre. Nous nous souvenons d’avoir entendu à cette même place, le soir du 31 octobre 31 octobre1870 : date d’une manifestation contre Trochu, président du gouvernement de la Défense nationale depuis la proclamation de la République, le 4 septembre de la même année. , les cris de : Vive Trochu, au moment où le président du gouvernement de la défense nationale venait d’être délivré par les bataillons de MM. Ibos et Langlois. La procession défile devant nous. Nous comptons plus de cinquante bannières maçonniques appartenant aux différentes loges représentées dans la manifestation. Bulletin politique … Ce matin a du avoir lieu la répétition de la petite comédie jouée l’autre jour à l’Hôtel-de-Ville par un certain nombre de membres des loges maçonniques. Tous les membres de la Commune étaient convoqués pour accompagner la franc-maçonnerie aux remparts. Avons-nous besoin de faire remarquer qu’il ne s’agit nullement ici d’une manifestation du grand Orient, dont le grand-maître et les principaux dirigeants sont absents, dont la majorité condamnera comme elle le mérite une aussi grave dérogation aux lois de la fraternité maçonnique, mais seulement d’une manifestation d’un groupe de maçons dissidents qui foulent aux pieds de la façon la plus audacieuse le premier principe inscrit dans leur code et qui consiste à interdire toute immixtion dans le domaine politique. En agissant ainsi, les dissidents compromettent sérieusement une institution séculaire. … Dimanche 30 avril 1871. Bulletin politique … Mensonges aussi les manifestations de la province, les proclamations de la Commune dans les grandes villes, les défections dans l’armée et les apparences politiques que les despotes de l’Hôtel-de-Ville ont prétendu, avec l’aide de quelques complices, donner aux manifestations maçonniques. Quant à ces dernières, dont le compte rendu s’étale en partie dans les colonnes de l’Officiel, ainsi que nous l’avons déjà dit, tout se borne à une démarche conciliatrice. Le citoyen Tirefocq Emile Thirifocq (1814-1900), occupa d’importantes fonctions dans la franc-maçonnerie. (quel nom !) a bien pris en main le drapeau rouge de la Commune et parle de faire appel à « toutes les Vengeances » ; mais, en résumé et pendant la route vers les remparts, les vrais francs-maçons ont supprimé le drapeau de la guerre civile et même forcé les délégués de l’Hôtel-de-Ville à renoncer à leurs insignes. Ils ont planté sur les remparts la bannière de la franc-maçonnerie, bannière de paix et de fraternité, pavillon purement parlementaire ; et tout s’est borné là, car l’assemblée en loges des francs-maçons a décidé que son intention avait été de rester exclusivement dans les vues de la conciliation ; que les conclusions de la réunion du Châtelet n’avait eu qu’un sens essentiellement pacifique ; qu’aucune voix ne s’est élevée pour soutenir l’idée d’un appel aux armes ; en fin de compte, la majorité de la réunion a considéré que l’assemblée du Châtelet n’avait eu, en droit maçonnique comme en fait, qu’un caractère purement individuel n’engageant, en aucune manière, le corps de la franc-maçonnerie ; Qu’en l’absence de toute décision formelle soit du Grand Orient de France, soit du suprême conseil, soit même des loges considérées isolément, la réunion de la cour du Louvre se trouverait dans le même cas ; Qu’en conséquence, la responsabilité des faits pouvant survenir devait rester purement individuelle. Voilà une déclaration conforme au principe maçonnique ; mais celle-là, la seule vraie, le compte-rendu communal se garde bien de la mentionner. Pour notre part, nous suivons avec intérêt l’intervention de la franc-maçonnerie dans l’œuvre difficile de l’apaisement entreprise avec tant de courage par les conseils municipaux de plusieurs villes et la ligue républicaine des droits de Paris, aidés dans leur tache par plusieurs journaux tels que le Temps, la Nation souveraine, la France, etc. …
Jean-Louis Charvet Une médaille maçonnique en relation avec la Commune de Paris J’ai fait tout récemment l’acquisition de la médaille ci-dessus reproduite ; en dépit de son état moyen (elle a été trouée pour être portée à l’aide d’une chaînette), elle m’a intéressé par l’inscription qu’elle porte au centre du revers : Souvenir du 29 avril 5871. 5871, c’est 1871 ans après les 4000 qui, croyait-on jadis, ont été la durée du monde depuis sa création jusqu’à la naissance du Christ. L’événement que cette médaille commémore est une démarche faite par des francs-maçons auprès de la Commune de Paris pour tenter de parvenir à la paix. On trouvera plus loin des textes et des documents sur cet événement, qui ne fut pas couronné de succès. Un mois plus tard, du 21 au 28 mai, eut lieu la « semaine sanglante » qui marqua la fin de la Commune. En ce qui concerne les symboles figurant sur cette médaille, mains jointes, bonnet phrygien, équerre et compas, couronne faite de branches d’acacia, s’ils sont tous utilisés par les francs-maçons, ces derniers n’en ont pas été les seuls utilisateurs. Les mains jointes, que l’on désigne par le terme de « foi », figuraient déjà sur plusieurs monnaies de la Rome antique ; elles peuvent symboliser l’union, la bonne foi, la fidélité, etc. L’équerre et le compas trouvaient leur place dans les emblèmes de plusieurs corporations. Le bonnet phrygien, symbole de la liberté, a été souvent utilisé par les graveurs de monnaies sous les 1° et 2° républiques. La médaille est signée à l’avers par les initiales F.T. L’artiste a réalisé plusieurs médailles sur les événements de 1870-1871. Je pense que celle reproduite ci-dessous est de sa main. Je donne ci-dessous quelques photos de monnaies en rapport avec le symbolisme de ces médailles. Jean-Louis Charvet, mai 2024 Monnaie de l’an 4 Monnaie frappée sous plusieurs régimes, de la I° république à la V° Denier de l’empereur romain Vitellius (69 après Jésus-Christ) Légende du revers : Fides exercitum, la foi (la fidélité) des armées Extraits du journal « Le messager de Paris » Samedi 29 avril 1871 On lit dans le Journal de Paris : Ce matin, on ne l’ignore pas, devait avoir lieu la manifestation de la franc-maçonnerie en faveur de la Commune. Le rendez-vous était dans la cour du Louvre. Dès neuf heures du matin, une foule nombreuse se porte aux abords du Louvre. Il s’y trouve beaucoup de femmes et d’enfants. Pour eux, c’est un spectacle comme un autre. On regarde passer, dans des voitures découvertes, les hauts dignitaires de la maçonnerie, couverts de leurs insignes. Les vénérables F.F. paraissent tout fiers d’étaler sur leurs poitrines des rubans bleus en écharpe, qui les font ressembler à des grand’croix de l’ordre d’Isabelle-la-Catholique. De la place du Louvre, la manifestation doit se rendre à l’Hôtel-de-Ville, où elle sera reçue par les membres de la Commune. Il y aura naturellement des discours. Puis on ira planter sur les remparts l’étendard de la franc-maçonnerie. A dix heures et demie, une délégation de la Commune, escortée d’un bataillon de la garde nationale, avec musique en tête, vient recevoir les francs-maçons pour les conduire à l’Hôtel-de-Ville. Le cortège se met en route. Après avoir passé par la place du Carrousel, il débouche par la rue de Rivoli et se dirige vers l’Hôtel-de-Ville. Sur le passage, des cris de : Vive la Commune ! se font entendre. Nous nous souvenons d’avoir entendu à cette même place, le soir du 31 octobre 31 octobre1870 : date d’une manifestation contre Trochu, président du gouvernement de la Défense nationale depuis la proclamation de la République, le 4 septembre de la même année. , les cris de : Vive Trochu, au moment où le président du gouvernement de la défense nationale venait d’être délivré par les bataillons de MM. Ibos et Langlois. La procession défile devant nous. Nous comptons plus de cinquante bannières maçonniques appartenant aux différentes loges représentées dans la manifestation. Bulletin politique … Ce matin a du avoir lieu la répétition de la petite comédie jouée l’autre jour à l’Hôtel-de-Ville par un certain nombre de membres des loges maçonniques. Tous les membres de la Commune étaient convoqués pour accompagner la franc-maçonnerie aux remparts. Avons-nous besoin de faire remarquer qu’il ne s’agit nullement ici d’une manifestation du grand Orient, dont le grand-maître et les principaux dirigeants sont absents, dont la majorité condamnera comme elle le mérite une aussi grave dérogation aux lois de la fraternité maçonnique, mais seulement d’une manifestation d’un groupe de maçons dissidents qui foulent aux pieds de la façon la plus audacieuse le premier principe inscrit dans leur code et qui consiste à interdire toute immixtion dans le domaine politique. En agissant ainsi, les dissidents compromettent sérieusement une institution séculaire. … Dimanche 30 avril 1871. Bulletin politique … Mensonges aussi les manifestations de la province, les proclamations de la Commune dans les grandes villes, les défections dans l’armée et les apparences politiques que les despotes de l’Hôtel-de-Ville ont prétendu, avec l’aide de quelques complices, donner aux manifestations maçonniques. Quant à ces dernières, dont le compte rendu s’étale en partie dans les colonnes de l’Officiel, ainsi que nous l’avons déjà dit, tout se borne à une démarche conciliatrice. Le citoyen Tirefocq (quel nom !) a bien pris en main le drapeau rouge de la Commune et parle de faire appel à « toutes les Vengeances » ; mais, en résumé et pendant la route vers les remparts, les vrais francs-maçons ont supprimé le drapeau de la guerre civile et même forcé les délégués de l’Hôtel-de-Ville à renoncer à leurs insignes. Ils ont planté sur les remparts la bannière de la franc-maçonnerie, bannière de paix et de fraternité, pavillon purement parlementaire ; et tout s’est borné là, car l’assemblée en loges des francs-maçons a décidé que son intention avait été de rester exclusivement dans les vues de la conciliation ; que les conclusions de la réunion du Châtelet n’avait eu qu’un sens essentiellement pacifique ; qu’aucune voix ne s’est élevée pour soutenir l’idée d’un appel aux armes ; en fin de compte, la majorité de la réunion a considéré que l’assemblée du Châtelet n’avait eu, en droit maçonnique comme en fait, qu’un caractère purement individuel n’engageant, en aucune manière, le corps de la franc-maçonnerie ; Qu’en l’absence de toute décision formelle soit du Grand Orient de France, soit du suprême conseil, soit même des loges considérées isolément, la réunion de la cour du Louvre se trouverait dans le même cas ; Qu’en conséquence, la responsabilité des faits pouvant survenir devait rester purement individuelle. Voilà une déclaration conforme au principe maçonnique ; mais celle-là, la seule vraie, le compte-rendu communal se garde bien de la mentionner. Pour notre part, nous suivons avec intérêt l’intervention de la franc-maçonnerie dans l’œuvre difficile de l’apaisement entreprise avec tant de courage par les conseils municipaux de plusieurs villes et la ligue républicaine des droits de Paris, aidés dans leur tache par plusieurs journaux tels que le Temps, la Nation souveraine, la France, etc. …
Jean-Louis Charvet Une médaille maçonnique en relation avec la Commune de Paris J’ai fait tout récemment l’acquisition de la médaille ci-dessus reproduite ; en dépit de son état moyen (elle a été trouée pour être portée à l’aide d’une chaînette), elle m’a intéressé par l’inscription qu’elle porte au centre du revers : Souvenir du 29 avril 5871. 5871, c’est 1871 ans après les 4000 qui, croyait-on jadis, ont été la durée du monde depuis sa création jusqu’à la naissance du Christ. L’événement que cette médaille commémore est une démarche faite par des francs-maçons et des compagnons auprès de la Commune de Paris pour tenter de parvenir à la paix. On trouvera plus loin des textes et des documents sur cet événement, qui ne fut pas couronné de succès. Un mois plus tard, du 21 au 28 mai, eut lieu la « semaine sanglante » qui marqua la fin de la Commune. En ce qui concerne les symboles figurant sur cette médaille, mains jointes, bonnet phrygien, équerre et compas, couronne faite de branches d’acacia, s’ils sont tous utilisés par les francs-maçons, ces derniers n’en ont pas été les seuls utilisateurs. Les mains jointes, que l’on désigne par le terme de « foi », figuraient déjà sur plusieurs monnaies de la Rome antique ; elles peuvent symboliser l’union, la bonne foi, la fidélité, etc. L’équerre et le compas trouvaient leur place dans les emblèmes de plusieurs corporations. Le bonnet phrygien, symbole de la liberté, a été souvent utilisé par les graveurs de monnaies sous les 1° et 2° républiques. La médaille est signée à l’avers par les initiales F.T., celles de Frédéric Thouet, qui a réalisé plusieurs médailles sur les événements de 1870-1871 On peut trouver plusieurs médailles de ce graveur sur le site Internet du Palais des Beaux-arts de Lille. . Je pense que celle reproduite ci-dessous est de sa main. Je donne ci-dessous quelques photos de monnaies en rapport avec le symbolisme de ces médailles. Jean-Louis Charvet, mai 2024 Monnaie de l’an 4 Monnaie frappée sous plusieurs régimes, de la I° république à la V° : Hercule entre la Liberté et l’Egalité Denier de l’empereur romain Vitellius (69 après Jésus-Christ) Légende du revers : Fides exercitum, la foi (la fidélité) des armées Extraits du journal « Le messager de Paris » Samedi 29 avril 1871 On lit dans le Journal de Paris : Ce matin, on ne l’ignore pas, devait avoir lieu la manifestation de la franc-maçonnerie en faveur de la Commune. Le rendez-vous était dans la cour du Louvre. Dès neuf heures du matin, une foule nombreuse se porte aux abords du Louvre. Il s’y trouve beaucoup de femmes et d’enfants. Pour eux, c’est un spectacle comme un autre. On regarde passer, dans des voitures découvertes, les hauts dignitaires de la maçonnerie, couverts de leurs insignes. Les vénérables F.F. paraissent tout fiers d’étaler sur leurs poitrines des rubans bleus en écharpe, qui les font ressembler à des grand’croix de l’ordre d’Isabelle-la-Catholique. De la place du Louvre, la manifestation doit se rendre à l’Hôtel-de-Ville, où elle sera reçue par les membres de la Commune. Il y aura naturellement des discours. Puis on ira planter sur les remparts l’étendard de la franc-maçonnerie. A dix heures et demie, une délégation de la Commune, escortée d’un bataillon de la garde nationale, avec musique en tête, vient recevoir les francs-maçons pour les conduire à l’Hôtel-de-Ville. Le cortège se met en route. Après avoir passé par la place du Carrousel, il débouche par la rue de Rivoli et se dirige vers l’Hôtel-de-Ville. Sur le passage, des cris de : Vive la Commune ! se font entendre. Nous nous souvenons d’avoir entendu à cette même place, le soir du 31 octobre 31 octobre1870 : date d’une manifestation contre Trochu, président du gouvernement de la Défense nationale depuis la proclamation de la République, le 4 septembre de la même année. , les cris de : Vive Trochu, au moment où le président du gouvernement de la défense nationale venait d’être délivré par les bataillons de MM. Ibos et Langlois. La procession défile devant nous. Nous comptons plus de cinquante bannières maçonniques appartenant aux différentes loges représentées dans la manifestation. Bulletin politique … Ce matin a du avoir lieu la répétition de la petite comédie jouée l’autre jour à l’Hôtel-de-Ville par un certain nombre de membres des loges maçonniques. Tous les membres de la Commune étaient convoqués pour accompagner la franc-maçonnerie aux remparts. Avons-nous besoin de faire remarquer qu’il ne s’agit nullement ici d’une manifestation du grand Orient, dont le grand-maître et les principaux dirigeants sont absents, dont la majorité condamnera comme elle le mérite une aussi grave dérogation aux lois de la fraternité maçonnique, mais seulement d’une manifestation d’un groupe de maçons dissidents qui foulent aux pieds de la façon la plus audacieuse le premier principe inscrit dans leur code et qui consiste à interdire toute immixtion dans le domaine politique. En agissant ainsi, les dissidents compromettent sérieusement une institution séculaire. … Dimanche 30 avril 1871. Bulletin politique … Mensonges aussi les manifestations de la province, les proclamations de la Commune dans les grandes villes, les défections dans l’armée et les apparences politiques que les despotes de l’Hôtel-de-Ville ont prétendu, avec l’aide de quelques complices, donner aux manifestations maçonniques. Quant à ces dernières, dont le compte rendu s’étale en partie dans les colonnes de l’Officiel, ainsi que nous l’avons déjà dit, tout se borne à une démarche conciliatrice. Le citoyen Tirefocq Emile Thirifocq (1814-1900), occupa d’importantes fonctions dans la franc-maçonnerie. (quel nom !) a bien pris en main le drapeau rouge de la Commune et parle de faire appel à « toutes les Vengeances » ; mais, en résumé et pendant la route vers les remparts, les vrais francs-maçons ont supprimé le drapeau de la guerre civile et même forcé les délégués de l’Hôtel-de-Ville à renoncer à leurs insignes. Ils ont planté sur les remparts la bannière de la franc-maçonnerie, bannière de paix et de fraternité, pavillon purement parlementaire ; et tout s’est borné là, car l’assemblée en loges des francs-maçons a décidé que son intention avait été de rester exclusivement dans les vues de la conciliation ; que les conclusions de la réunion du Châtelet n’avait eu qu’un sens essentiellement pacifique ; qu’aucune voix ne s’est élevée pour soutenir l’idée d’un appel aux armes ; en fin de compte, la majorité de la réunion a considéré que l’assemblée du Châtelet n’avait eu, en droit maçonnique comme en fait, qu’un caractère purement individuel n’engageant, en aucune manière, le corps de la franc-maçonnerie ; Qu’en l’absence de toute décision formelle soit du Grand Orient de France, soit du suprême conseil, soit même des loges considérées isolément, la réunion de la cour du Louvre se trouverait dans le même cas ; Qu’en conséquence, la responsabilité des faits pouvant survenir devait rester purement individuelle. Voilà une déclaration conforme au principe maçonnique ; mais celle-là, la seule vraie, le compte-rendu communal se garde bien de la mentionner. Pour notre part, nous suivons avec intérêt l’intervention de la franc-maçonnerie dans l’œuvre difficile de l’apaisement entreprise avec tant de courage par les conseils municipaux de plusieurs villes et la ligue républicaine des droits de Paris, aidés dans leur tache par plusieurs journaux tels que le Temps, la Nation souveraine, la France, etc. …