Michel Parazelli
Michel Parazelli est professeur-chercheur à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal. Membre du réseau interuniversitaire Villes Régions Monde (VRM), il est aussi directeur scientifique du Collectif Désisyphe, groupe québécois de sociopsychanalyse. Œuvrant principalement dans le champ de l'intervention sociale en milieu urbain, il s'intéresse aux rapports espace-sociétés dont les questions d'appropriation de l'espace public en situation de marginalité, ainsi qu’aux enjeux épistémologiques et théoriques des pratiques d'autonomie de l'action communautaire et de la prévention sociale.
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espaces publics, seraient légitimées par trois grands champs normatifs tendant à s’imposer comme un ordre moral urbain : l’utilitaire, le sanitaire et le sécuritaire. À partir de l’exemple
du centre-ville de Montréal, ces champs normatifs sont présentés autour de quatre pôles de représentations sociospatiales mises en tensions contradictoires : la saleté / propreté ; l’insécurité / sécurité ; l’incivilité / civilité ; et le sauvage / cultivé. L’imaginaire écosanitaire de la régulation de la rue deviendrait ainsi une morale positiviste de l’urbanité en réduisant les questions sociales de marginalisation à des déséquilibres environnementaux soulevant ainsi des inquiétudes sur le plan de la vie démocratique. Cette vision normalisée du monde de la rue
servirait aux villes désirant entrer dans le club sélect des villes globales ; notamment à occulter le politique inhérent à cette opération de transformation urbaine que constitue la spatialisation d’une urbanité consommatoire.
espaces publics, seraient légitimées par trois grands champs normatifs tendant à s’imposer comme un ordre moral urbain : l’utilitaire, le sanitaire et le sécuritaire. À partir de l’exemple
du centre-ville de Montréal, ces champs normatifs sont présentés autour de quatre pôles de représentations sociospatiales mises en tensions contradictoires : la saleté / propreté ; l’insécurité / sécurité ; l’incivilité / civilité ; et le sauvage / cultivé. L’imaginaire écosanitaire de la régulation de la rue deviendrait ainsi une morale positiviste de l’urbanité en réduisant les questions sociales de marginalisation à des déséquilibres environnementaux soulevant ainsi des inquiétudes sur le plan de la vie démocratique. Cette vision normalisée du monde de la rue
servirait aux villes désirant entrer dans le club sélect des villes globales ; notamment à occulter le politique inhérent à cette opération de transformation urbaine que constitue la spatialisation d’une urbanité consommatoire.
imaginaire autour du mythe de l’autonomie naturelle. Bien que le groupe puisse procurer un réel sentiment de protection nécessaire à l’adolescence, la projection familialiste opérée inconsciemment par ces jeunes constitue ce que le fondateur de la sociopsychanalyse, Gérard Mendel, appelle une « régression psychofamilialiste ». La société n’est pas une famille et les
projections familialistes peuvent verrouiller les rapports sociaux avec des adultes assimilés à l’autorité parentale, potentiellement menaçante pour la « famille de jeunes de la rue ». En 1998, une forme de médiation collective a été expérimentée à Montréal afin de développer l’autonomie sociale des jeunes de la rue par la voie d’un dialogue continu entre ceux-ci, des élus municipaux et des intervenants jeunesse. S’appuyant sur les recherches appliquées de la sociopsychanalyse, ce projet pilote a permis d’atténuer les projections familialistes et d’offrir ainsi aux jeunes de la rue d’autres positions identitaires.
d'espace transitionnel et de trajectoire géographique qu'il serait possible d'identifier un parcours géo-social des jeunes de la rue. Aussi, pour évaluer le potentiel de socialisation marginalisée des jeunes de la rue, il importe de considérer le contexte de revitalisation du centre-est de
Montréal.
conditions d'émergence et les fondements communautaires et
politiques spécifiques à l'action de la Coalition des organismes
communautaires du Québec, en privilégiant le mode de fonctionnement, les constats collectifs, la forme de pratiques démocratiques, les actions menées, les revendications et l'identificationde certains enjeux politiques. Dans un second temps, il dresse un bilan critique général de cette expérience présentée comme un événement unique de solidarité intersectorielle dans l'histoire du mouvement communautaire et populaire. Il s'agit d'une évaluation globale portant non seulement sur l'impact des principales actions réalisées par la COCQ, mais aussi sur le moment de rupture de la solidarité intersectorielle en 1991. À partir d'un point de vue critique, l'auteur formule certaines hypothèses afin d'expliquer ce retour aux pratiques stratégiques fragmentées en tables et en coalitions sectorielles.
services sociaux interpelle à plus d'un point les organismes communautaires autonomes au Québec. Depuis plus de vingt ans, les intérêts dominants de décideurs politiques semblent plutôt privilégier le pouvoir techno-médical et l'approche commerciale du social et ce, malgré les avertissements répétés de nombreux groupes communautaires au sujet des conséquences sociales désastreuses qui découlent
de ces orientations. Mais outre les effets sur la population, en
particulier chez les jeunes, ce projet de réforme pourrait avoir des
répercussions dangereuses sur la vie démocratique au Québec.
Les concepts clés d’espace transitionnel (Winnicott), de socialisation marginalisée et de représentation topologique permettent de reconnaître un potentiel de socialisation des jeunes de la rue qui varie selon leur parcours personnel. Les résultats d’une recherche empirique auprès de trente jeunes de la rue à Montréal sont présentés à l’aide de nombreux extraits d’entretiens semi-dirigés. Leurs pratiques d’appropriation sociospatiale sont examinées dans le contexte de revitalisation urbaine du centre-ville de Montréal. Finalement, des pistes d’orientation de l’intervention sont proposées dans une perspective critique du concept d’exclusion.
Cadre de la recherche : La prévention précoce prédictive des troubles de comportement et d’apprentissage oriente progressivement depuis plus de 20 ans des politiques sociales et éducatives en petite enfance au Québec. Un exemple frappant est le récent programme, Agir tôt, dont l’existence est justifiée par les résultats de l’Enquête québécoise sur le développement des enfants de maternelle (EQDEM) qui utilise l’Instrument de mesure du développement de la petite enfance (IMDPE).
Objectif : Cet article se veut une invitation au débat en interrogeant les soubassements normatifs de ces programmes gouvernementaux.
Méthodologie : Notre démarche scientifique repose sur une posture épistémologique critique et utilise une méthodologie inductive qui s’inscrit dans un courant critique de la recherche qualitative. À partir des textes décrivant l’IMDPE et le programme Agir tôt, nous avons interrogé les concepts et les valeurs idéologiques mobilisés pour orienter a) la compréhension du développement de l’enfant et de ses difficultés et b) la finalité visée par ces intentions programmatiques et politiques.
Résultats : Notre analyse a révélé des biais théoriques et méthodologiques et a identifié une normativité spécifique sous-jacente à ces pratiques préventives controversées, dont le choix d’interpréter les faits à partir d’une biologie des comportements.
Conclusions : Ce programme s’inscrit en droite ligne avec la rationalité biomédicale de la prévention précoce prédictive en considérant comme des vérités absolues, d’une part des hypothèses sur le développement du cerveau, et d’autre part une interprétation béhavioriste de la normalité.
Contribution : Notre recherche démontre que ces biais sont largement ignorés non seulement par les parents, mais par les gestionnaires et les professionnels de la petite enfance. Une conséquence est de confisquer la responsabilité et la parole des parents contraints de devoir apprendre par des experts ce que devraient être leurs besoins.
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Title: "Why is the Quebec program “Agir tôt” controversial?"
Abstract
Research framework: In Quebec, social and educational policies in early childhood have been gradually guided for more than 20 years by early predictive prevention of behavioural and learning disorders. A striking example is the recent program “Agir tôt”, whose existence is justified by the results of the Quebec Survey of Child Development in Kindergarten (QSCDK) which uses the Early development instrument (EDI).
Objective: This article invites debate by questioning the normative foundations of these governmental programs.
Methodology: Our scientific approach is based on a critical epistemological posture, as well as inductive and part of a critical trend of qualitative research. By analyzing the texts describing the EDI and “Agir tôt” program, we questioned the concepts and ideological values used to guide a) the understanding of the development of the child and its difficulties and b) the purpose of these intentions and policies.
Results: Our analysis revealed theoretical and methodological biases and identified a specific normativity underlying these controversial preventive practices, including the choice to interpret the evidence from the stance of behavioural biology.
Conclusions: This program is in line with the biomedical rationality of predictive early prevention by considering as absolute truths: on the one hand, hypotheses about brain development and, on the other hand, a behaviourist interpretation of normality.
Contribution: Our research shows that these biases are largely ignored not only by parents, but by early childhood managers and professionals. A consequence is to take away the responsibility and the voice of parents that are then forced to learn from experts what their needs should be.