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METHODE POUR INJECTER DES COMPOSES ACIDES DANS UN RESERVOIR SOUTERRAIN
La présente invention concerne l'injection de composés acides, notamment le dioxyde de carbone (CO2) et le sulfure d'hydrogène (H2S), dans un réservoir souterrain. La combustion des ressources fossiles de pétrole, gaz naturel, ou charbon, produit en contrepartie du dioxyde de carbone, qui s'accumule ensuite dans l'atmosphère. Or, le dioxyde de carbone est le principal des gaz dits à « effet de serre ». Il empêche le rayonnement infrarouge solaire de repartir vers l'espace, contribuant ainsi à réchauffer la surface de la terre dans des proportions qui pourraient s'avérer bien plus importantes que tout ce qui a été observé jusqu'à présent au cours des temps géologiques. Comme il ne semble pas possible dans un avenir prévisible de se passer des combustibles fossiles pour l'approvisionnement des économies, un grand nombre d'actions sont envisagées ou engagées pour essayer de diminuer les quantités de CO2 libérées dans l'atmosphère ou d'en diminuer les effets. Parmi ces actions, la séquestration du CO2 dans des couches géologiques adéquates (anciens gisements pétroliers ou gaziers, aquifères salins étanches, mines de charbon...) est largement envisagée. Le CO2 pourrait être capturé dans les rejets des unités industrielles grosses consommatrices et émettrices telles que les centrales thermiques ou les raffineries d'hydrocarbure, ou dans les rejets d'unités de fabrication d'hydrogène à partir de gaz naturel ou de pétrole, qui produiraient un effluent concentré en CO2. II est également potentiellement intéressant d'injecter dans le sous-sol, l'ensemble des composés acides, tels que le CO2 et H2S, provenant d'une unité de traitement de gaz naturel. Ceci permet d'éviter de transformer I1H2S produit en soufre, cette transformation nécessitant des unités de conversion coûteuses et produisant du soufre, pour lequel les débouchés actuels sont limités.
Entre le site de capture et le site d'injection à fin de séquestration, le CO2 peut être transporté sous forme gazeuse, par exemple supercritique, sous forme liquide, ou sous forme solide. Le document FR 2 844 028 propose de transporter ce dioxyde de carbone sous forme liquide réfrigérée. L'intérêt d'un tel mode de transport est de permettre des pressions de service moins élevées mais aussi d'avoir un liquide de densité plus élevée, permettant ainsi une capacité de transport plus élevée pour une section de conduite donnée. Enfin, un tel transport en phase liquide permet de réduire la puissance de recompression nécessaire pour compenser les pertes de charge.
La présente invention propose une méthode pour injecter des composés acides sous forme liquide dans un réservoir souterrain qui est accessible par un puits.
Un obstacle est le risque de réchauffement des composés acides en phase liquide par échange de chaleur avec les terrains environnants le puits, la température de ces terrains étant sensiblement plus élevée que la température des composés acides. La formation d'une phase gazeuse dans le puits peut être préjudiciable à de nombreux titres : remontée d'effluents gazeux dans le puits du fait de la différence de densité entre les phases gazeuse et liquide, présence d'un système diphasique impropre à un éventuel pompage, etc. Ce problème de changement de phase apparaît, d'une part, dans le puits d'injection et, d'autre part, en fond de puits au droit de la zone d'injection dans le réservoir. La température des terrains environnants le puits augmente avec le gradient géothermique terrestre qui est habituellement de 3°C par centaine de mètres et qui peut être dans certains cas plus élevé. Le réchauffement risque
de provoquer un changement de phase des composés acides circulant dans le puits. Si du CO2 liquide se retrouve en présence du milieu poreux, à une température inférieure à la température critique des composés acides, c'est à dire 310C pour le CO2, et à une pression inférieure à la pression critique, soit 70 bars environ pour le CO2, il va se former un mélange diphasique et une phase vapeur peut remonter dans le puits. De la même façon, si en cours d'injection, la température en un point de la veine fluide de CO2 dépasse la température d'ébullition, une phase vapeur peut remonter dans le puits.
Par ailleurs, un autre risque concerne la possibilité d'un refroidissement local du milieu poreux constituant le réservoir souterrain, entraînant le risque de formation d'une phase solide de glace ou d'hydrates. Cette phase solide de glace ou d'hydrates limiterait ou empêcherait la diffusion des composés acides dans le réservoir.
La présente invention propose d'injecter des composés acides en phase liquide en évitant les problèmes mentionnés précédemment. L'injection est réalisée de sorte que les composés acides passent progressivement d'un état de phase liquide à un état de phase dense, puis à un état supercritique.
La présente invention concerne une méthode d'injection d'un fluide comportant des composés acides dans un réservoir souterrain accessible par un puits, le fluide étant injecté sous forme liquide en tête de puits et séquestré dans le réservoir, dans laquelle on effectue les étapes suivantes : a) on sélectionne un réservoir à une profondeur donnée et on détermine la pression d'injection du fluide en tête de puits, de manière à ce que le fluide entre dans le réservoir à une pression supérieure au cricondenbar du fluide,
b) on détermine les conditions d'isolation thermique du puits et la température d'injection du fluide en tête de puits de manière à ce que, lors de la circulation du fluide dans le puits, la température du fluide à la paroi du puits reste inférieure à la température de bulle du fluide, tant que la pression du fluide est inférieure au cricondenbar du fluide.
Selon l'invention, on peut notamment prendre en compte la densité du fluide, la température des terrains environnants le puits, l'isolation thermique du puits, et le débit du fluide injecté. A l'étape b), on peut déterminer les conditions d'isolation en déterminant au moins une longueur de puits thermiquement isolée et en choisissant un matériau d'isolation thermique. De plus, selon l'invention, on peut effectuer l'étape : c) on détermine les conditions d'isolation thermique du puits de manière à ce que le fluide entre dans le réservoir à une température supérieure à 100C. On peut également effectuer l'étape : d) on détermine les conditions d'isolation thermique du puits de manière à ce que le fluide entre dans le réservoir à une température inférieure à 600C. En cas d'arrêt de l'injection, on peut fermer le volume intérieur du puits. En cas d'arrêt de l'injection, on peut également recueillir en tête de puits la vapeur de fluide formée dans le puits, puis on peut condenser par refroidissement la vapeur et, enfin, on peut réinjecter, dans le puits, la vapeur condensée. Selon l'invention, les composés acides peuvent être du CO2 et/ou de 1'H2S. Le réservoir souterrain peut être un gisement pétrolier ou gazier, un aquifère salin étanche, ou une mine de charbon.
L'injection en phase liquide de gaz acides permet en principe de réduire la pression en tête de puits, du fait de la présence d'une hauteur de colonne
liquide de densité élevée de l'ordre de celle de l'eau. Ceci permet de réduire la taille et la puissance des installations de compression, qui pénalisent le développement de l'injection de gaz acides dans des réservoirs souterrains.
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention seront mieux compris et apparaîtront clairement à la lecture de la description faite ci-après en se référant aux dessins parmi lesquels : - la figure 1 schématise une installation d'injection d'un liquide dans un réservoir souterrain, - la figure 2 représente le diagramme d'équilibre thermodynamique du CO2 pur.
Sur la figure 1, le fluide à injecter arrive par le conduit 1. Le fluide peut être gazeux ou liquide. Le fluide peut consister en un mélange comportant du CO2 et/ou de 1'H2S, provenant par exemple du traitement d'un gaz naturel. Le fluide peut également être du CO2 obtenu par un procédé de décarbonatation de fumées de combustion, ou pour tout autre procédé. Le fluide peut avoir été transporté dans des conteneurs, par exemple par bateaux. Par exemple, le fluide est du CO2 contenu dans des réservoirs sous pression supérieure à 10 bars et à basse température inférieure à -100C. Le fluide peut avoir été transporté dans des conduites, par exemple sous forme réfrigérée telle que divulguée par le document FR 2 844 028.
Le fluide arrivant par le conduit 1 peut être introduit dans l'échangeur de chaleur El afin d'adapter la température du fluide avant l'injection. Le fluide peut être refroidi ou chauffé dans El, en fonction notamment des conditions d'injection du fluide dans le puits. Dans le cas où le fluide arrive sous forme gazeuse par le conduit 1, grâce au refroidissement effectué par El,
ce gaz peut être liquéfié. Le fluide sort sous forme liquide de l'échangeur El par le conduit 2.
Le fluide sous forme liquide circulant dans le conduit 2 est pompé par la pompe Pl. Par exemple, la pompe Pl augmente la pression du fluide jusqu'à une pression comprise entre 2 bars et 50 bars. Le fluide sous pression est évacué par le conduit 3, puis injecté dans un puits au niveau de la tête de puits T.
Le puits, composé des trois parties A, B et C, comporte un tubage 3, ou bien autrement dit un tube ou conduit d'injection 3, qui relie la tête de puits T jusqu'au réservoir R. Le tubage 3 est maintenu par un revêtement cimenté 4 qui constitue l'extérieur du puits. La partie C du puits communique directement avec le réservoir R, par exemple au moyen de perforations pratiquées dans le tubage 3. Le fluide injecté au niveau de la tête de puits T circule dans le tubage 3 jusque dans le réservoir R. La partie A du puits s'étend sur une longueur Ll. Sur la partie A, la paroi du puits comporte un isolant thermique qui limite les échanges thermiques entre le fluide circulant dans le tubage 3 et les terrains environnants le puits. Par exemple l'isolation de la partie A du puits peut consister à disposer un espace annulaire 5 entre le tube 3 et le revêtement cimenté 4. Cet espace annulaire réalise une isolation thermique. Pour améliorer l'isolation, l'espace annulaire 5 peut être rempli de gaz thermiquement isolant tel que de l'air ou du dioxyde de carbone. Le di oxyde de carbone est en effet peu conducteur de chaleur et meilleur isolant thermique que l'air. Par exemple, l'espace annulaire 5 est rempli de dioxyde de carbone, sous faible pression. C'est une solution qui présente l'avantage d'être facile à mettre en œuvre. Il est également possible de remplir l'espace annulaire 5 avec de l'argon qui est
également un gaz inerte, très faiblement conducteur de la chaleur. Pour limiter les effets de la convection naturelle qui s'établit en raison des variations de température, on peut remplir l'espace annulaire avec des éléments de garnissage qui limite les mouvements du gaz dans cet espace annulaire 5. Par exemple, on peut utiliser des éléments de garnissage tels que des appuis en matériaux polymères qui évitent les ponts thermiques. En présence de vapeur d'eau, le dioxyde de carbone devient toutefois corrosif. Pour éviter la corrosion du tubage 3, on peut disposer un revêtement anti-corrosif sur la surface extérieure du tubage 3. Une autre manière d'isoler le tubage 3 consiste à disposer un revêtement thermiquement isolant sur la surface extérieure du tubage 3. En outre ce revêtement thermiquement isolant peut avoir également des propriétés anti-corrosion. Par exemple le revêtement peut être en trois couches classiques avec une mousse de polypropylène syntactique. La partie B du puits s'étend sur une longueur L2. Sur la partie B, le puits peut ne pas être thermiquement isolé. Les échanges thermiques entre le fluide circulant dans le tube 3 et les terrains environnants le puits ont lieu à travers le tube 3 et le revêtement cimenté 4. De manière générale, le puits peut être thermiquement isolé sur une partie de sa longueur ou sur plusieurs portions de sa longueur, les différentes portions étant réparties sur une partie ou sur toute la longueur du puits. Les caractéristiques de l'isolation thermique, c'est à dire le type d'isolation, les matériaux d'isolation, l'épaisseur de l'isolation, peuvent varier d'une portion à l'autre, et peuvent également varier le long d'une portion de la longueur du puits thermiquement isolée.
Selon l'invention, la pression du fluide entrant dans le réservoir souterrain, c'est à dire la pression du fluide dans la partie C du puits, est au moins égale au cricondenbar ou à la pression critique, du fluide injecté. Ainsi,
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au niveau de l'introduction du fluide dans le réservoir, tout risque de vaporisation, c'est à dire de coexistence de deux phases liquide et vapeur est écarté. Par exemple dans le cas de l'injection de CO2 pur, la pression du CO2 entrant dans le réservoir R doit être supérieure à environ 8 MPa. En tenant compte de la variation de pression hydrostatique du CO2 liquide, si le CO2 est introduit en tête du puits sous forme liquide à la pression atmosphérique, la partie C du puits, c'est à dire le réservoir R doit être situé à une profondeur d'au moins 800 mètres. Dans les mêmes conditions, pour injecter de H2S, la pression de H2S à l'entrée du réservoir doit être supérieure à environ 9 MPa, ce qui correspond à une profondeur d'au moins 900 mètres. Pour un réservoir R situé à une profondeur donnée, la pression du fluide dans la partie C dépend, d'une part, de la pression d'injection du fluide au niveau de la tête de puits T et, d'autre part, de la pression engendrée par la colonne de fluide située dans les parties A et B du puits. Pour que la pression du fluide entrant dans le réservoir souterrain, soit au moins égale au cricondenbar du fluide injecté, on sélectionne un réservoir à une profondeur donnée et on ajuste la pression du fluide injecté par la pompe Pl. On sélectionne le réservoir et on détermine la pression du fluide injecté au niveau de la tête de puits en tenant compte notamment de la densité du fluide injecté.
De plus, selon l'invention, il est nécessaire de prévenir de la formation de phase vapeur par élévation de température au cours de la descente du fluide dans les parties A et B du puits. Ceci peut se produire dans la partie supérieure du puits où la pression est inférieure au cricondenbar ou à la pression critique, du fluide injecté. En effet, si le réchauffement du fluide, notamment par échange de chaleur avec le milieu environnant le puits est suffisant, une partie du fluide peut être vaporisée.
Pour éviter cette vaporisation, le tubage 3 du puits est thermiquement isolé sur la longueur Ll, de manière à ce que la température à la paroi reste inférieure à la température de saturation dans le cas d'un corps pur ou à la température de bulle dans le cas d'un mélange, à la pression du point considéré. Ainsi, pour éviter la vaporisation du fluide injecté, on refroidit dans El le fluide injecté et on prévoit une isolation thermique de la paroi du puits, de manière à ce que, dans le puits, la température du fluide injecté reste inférieure à la température de bulle du fluide à la pression du fluide au point considéré. De préférence, on refroidit dans El le fluide injecté de manière à ce que, dans le puits, la température du fluide injecté reste inférieure à la température de bulle du fluide à la pression du fluide, diminuée de 5 bars ou 10 bars, au point considéré. On détermine la température du fluide au niveau de la tête de puits et les conditions d'isolation du puits, en tenant compte notamment de la température de saturation ou de bulle du fluide injecté, de la température de la formation, c'est à dire du terrain environnant le puits, et du débit du fluide injecté. Plus précisément, déterminer les conditions d'isolation thermique du puits signifie que l'on détermine la longueur ou les portions de longueurs du puits qui sont thermiquement isolées et on détermine les caractéristiques (type d'isolation, matériau isolant, épaisseur...) de l'isolation thermique. La température du fluide en tête de puits et les conditions d'isolation du puits peuvent être déterminées simultanément, la température du fluide en tête du puits pouvant servir de paramètre pour déterminer les conditions d'isolation et vice versa. Le rôle de l'isolation thermique du puits est particulièrement important dans les régions chaudes, notamment au Moyen-Orient, où les couches supérieures du sous-sol peuvent être à une température relativement élevée, par exemple de l'ordre de 500C.
Selon l'invention, il est préférable que la température d'injection dans le réservoir R, c'est à dire la température du fluide dans la partie C du puits, soit au moins égale à 100C, de préférence supérieure à 200C. Ainsi, on évite tout risque de formation de glace ou d'hydrates, qui pourraient colmater les pores du réservoir R et empêcher l'injection du fluide dans ce réservoir. Par ailleurs, l'injection du fluide dans le réservoir R à une température supérieure à 100C, de préférence 200C, présente l'avantage que la viscosité du fluide est relativement faible. Ainsi, l'introduction et la diffusion du fluide dans le réservoir R sont plus aisées. On peut déterminer les conditions d'isolation thermique du puits de manière à ce que la température du fluide en fond de puits soit supérieure à 100C, de préférence supérieure à 200C. On peut déterminer ces conditions d'isolation thermique en tenant compte notamment des échanges de chaleur entre le fluide et le terrain environnant le puits, et du débit du fluide. Cependant, au-delà de 600C, la densité du dioxyde de carbone liquide décroît fortement et provoque une diminution du poids de la colonne de fluide malgré l'augmentation de pression. Si le poids de la colonne hydrostatique devient insuffisant, il risque d'apparaître des phénomènes de refoulement de fluide au niveau du réservoir. Donc, de préférence, dans le puits, la température du fluide injecté reste inférieure à 6O0C. On peut déterminer les conditions d'isolation du puits de manière à ce que la température du fluide en circulation dans le puits soit inférieure à 600C. On peut déterminer les conditions d'isolation en tenant compte notamment des échanges de chaleur entre le fluide et le terrain environnant le puits, et du débit du fluide.
La figure 2 représente les conditions thermodynamiques auxquelles est soumis un fluide constitué de CO2 lors de l'injection dans un réservoir, selon
l'invention. Le CO2 est injecté dans conditions figurées par le point 21, c'est à dire à 40 bars et -100C. Il circule dans la partie A du puits jusqu'à une profondeur de 800 mètres en atteignant les conditions représentées par le point 22, c'est à dire 110 bars et 00C. Ensuite, le fluide circule dans la partie B du puits jusqu'à atteindre le réservoir R situé à la profondeur de 1500 m, à 180 bars et 300C , conditions représentées par le point 23 du diagramme. Dans le milieu poreux R, la température et la pression du fluide rejoignent progressivement les conditions du réservoir, c'est à dire 150 bars et 700C représentées par le point 24. Dans les conditions thermodynamiques illustrées par la figure 2, on observe que la veine fluide est maintenue dans un état monophasique sur toute la hauteur du puits, en passant d'un état liquide à un état supercritique, permettant d'éviter toute remontée de phase vapeur.
II est également possible de régler les problèmes liés au démarrage et à l'arrêt de l'injection. En période de démarrage, il faut pouvoir atteindre en tête de puits une pression qui est beaucoup plus élevée que lorsque le puits est rempli d'un fluide en phase liquide et dense. Le dispositif d'injection peut donc être équipé d'une pompe d'injection permettant d'injecter à une pression plus élevée, mais dont le débit peut être beaucoup plus faible que le débit en régime permanent. Ainsi, en référence au schéma de la figure 1, au cours de la phase de démarrage, le liquide peut être pompé par le conduit 10 à l'aide de la pompe P2 et il est ensuite injecté par le conduit 11, à une pression compatible avec la pression en tête de puits au cours de la phase de démarrage. La pompe P2 permet d'injecter à une pression plus élevée que la pompe Pl, mais le débit de la pompe P2 peut être beaucoup plus faible que le débit de la pompe Pl. Par ailleurs à l'arrêt, ou lorsque le débit de fluide injecté devient très faible, l'isolation thermique peut devenir insuffisante pour empêcher une
vaporisation partielle du liquide injecté. On peut dans ce cas prévoir deux options. Une première option, en cas d'arrêt prolongé, consiste à actionner une vanne de fermeture en tête de puits. On laisse dans ce cas la pression remonter en tête de puits. L'augmentation de pression permet de maintenir le fluide en phase monophasique dense ou supercritique malgré l'élévation de température. Une deuxième option, en cas d'arrêt de courte durée, consiste, pour maintenir les conditions en tête de puits, à recueillir la phase vapeur, à la refroidir pour la liquéfier et à la recycler vers la tête de puits au moyen de la pompe d'injection. A l'arrêt, deux procédures différentes peuvent être considérées. En référence au schéma de la figure 1, une première procédure, en cas d'arrêt prolongé, consiste à fermer la vanne Vl. Dans ce cas, on laisse la température remonter au sein de la veine fluide contenue dans le tubage 3. Ainsi, la vaporisation d'une partie du fluide provoque une augmentation de pression dans le volume clos du tubage 3. Le redémarrage implique d'utiliser la pompe P2 qui permet d'atteindre des niveaux de pression plus élevés que la pompe Pl. Une deuxième procédure consiste au cours de la phase d'arrêt, à recueillir la vapeur formée par le conduit 12, à la condenser en la refroidissant par la machine à froid MF et à la recycler vers la pompe Pl par le conduit 13. Le fluide pompé par la pompe Pl est injecté dans le puits.
L'invention est illustrée par l'exemple numérique présenté ci-après. On souhaite injecter un million de tonnes par an de dioxyde de carbone pur dans un réservoir R situé à une profondeur de 2000 mètres. Le puits qui permet d'accéder au réservoir a un diamètre intérieur d'environ 20 cm. Le dioxyde de carbone est injecté en tête de puits T sous forme liquide à environ -25°C et sous une pression de l'ordre de 30 bars. La température moyenne de
la formation sur les 800 premiers mètres de la partie A du puits est de l'ordre de 600C. Si la partie A du puits n'est pas thermiquement isolée, les échanges thermiques entre le fluide et les terrains environnant le puits risque de provoquer une vaporisation du fluide à une profondeur de 100 mètres. Si la partie A du puits est munie d'un revêtement présentant une faible conductivité thermique de l'ordre de 0,5W/m°K (par exemple une mousse syntactique en polypropylène), l'augmentation de température à la profondeur de 800 mètres est inférieure à 1O0C. Par conséquent, le risque de vaporisation du CO2 n'existe pas compte tenu de l'augmentation de pression liée à la colonne hydrostatique de CO2.